Sorcière Cycy : ne t'en fais pas, Shanks n'aura rien ! Enfin, il m'a pour sœur, mais c'est tout (comment ça c'est déjà pas mal ?) tout cas, voilà la suite !

Chapitre 14

Dès que les flèches cessèrent de pleuvoir, Luffy se redressa pour contempler le désastre. Pas un seul membre de son équipage n'avait échappé à la pluie sanglante, même Nemo avait été touché, mais au moins, ils semblaient tous vivants. Seule Morty semblait en bon état, Nemo l'ayant visiblement poussé à terre dès qu'il avait sentit les flèches arriver.

Cela changeait totalement la situation naturellement. S'ils pouvaient vaguement envisager de continuer avec trois personnes légèrement blessées, c'était désormais du suicide, aussi Luffy prit-il la seule décision qu'il puisse raisonnablement prendre.

-Vous allez repartir, annonça-t-il. Morty va trouver quel chemin mène à la sortie, et moi je vais continuer tout seul.

Malgré la douleur, il y eut quelques tentatives de protestation, mais le garçon élastique n'écouta pas.

-Je suis le capitaine, et c'est ce que j'ai décidé ! De toutes façons, dans votre état, vous ne servirez à rien.

-Mon état à moi est parfait, objecta Morty. Et crois-moi, élastic-boy, tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça ! La mouette ramènera les autres à la surface, mais moi je viens avec toi ! Et la seule façon dont tu pourras m'en empêcher, ce sera de me tuer, pigé ?

Luffy lui jeta un regard surpris –cette fille était encore plus difficile à comprendre que Nami ! –puis il acquiesça. De toutes façons, elle ne lui laissait pas vraiment le choix… et pourtant, en voyant son sourire triomphant, il se demanda s'il n'avait pas fait une plus grande bêtise encore qu'en entrant dans la grotte maudite.

Cela faisait plusieurs minutes qu'Anna marchait avec juste la lumière de se lampe comme compagnie, et elle commençait à sérieusement regretter d'être partie à la recherche de Zorro. D'accord, l'escrimeur était l'un des plus beaux spécimens de l'espèce humaine qu'elle ait jamais vu, mais il y avait des araignées dans ce maudit couloir ! Certaines faisaient même deux centimètres, mais elle continuait à avancer, c'était dire si elle y tenait, à retrouver cet idiot ! Parce que pour ne pas remarquer qu'on n'allait pas dans le même direction que les autres, il fallait être carrément débile !

La jeune fille sentit soudain quelque chose se déplacer dans son dos. Se dévissant la tête pour voir de quoi il s'agissait, elle poussa un cri de terreur pure. Une mygale ! Une vrai de vraie, d'au moins un mètre vingt avec pleins de pattes, de poils et d'yeux qui la regardaient d'un air mauvais, qui voulait la dévorer ! Puisant tout le courage qu'elle avait, Anna parvint à lui donner un coup d'une main tremblante, faisant tomber l'horrible créature par terre. Le monstre la dévisagea un instant et l'adolescente, incapable de soutenir ce regard cruel, s'enfuit à toutes jambes, les yeux fermés, criant de toutes ses forces dans l'espoir d'alerter un Zorro qui viendrait la sauver de ce péril et la consoler.

Courir les yeux fermés n'est pas une bonne idée. Courir dans une grotte non plus. Réunir ces deux éléments revient donc à s'assurer au moins une bosse mémorable. Anna le réalisa lorsqu'elle rencontra un mur. Rouvrant courageusement les yeux, elle fit deux autres découvertes. Tout d'abord, elle s'était fait une belle entaille au front qui saignait assez pour l'inquiéter un peu. Ensuite, elle était arrivée dans une nouvelle pièce, et ce qu'elle y vit lui coupa le souffle.

Disséminé un peu partout se trouvaient une dizaine de statues, la plupart en pierre, et quelques unes en bronze, qui représentaient des jeunes hommes et des jeunes femmes d'une beauté et d'une grâce à couper le souffle. Chacun d'eux était d'un réalisme incroyable, et cette perfection fit se demander à la jeune fille quel genre d'homme avait bien pu réaliser des œuvres aussi sublimes. L'une des sculptures en particulier attira son attention, un beau garçon de pierre d'un an ou deux de plus qu'elle, qui tenait à la main un sabre et dont le visage lui rappelait un peu celui de Zorro par la détermination qu'il affichait. Mais il avait aussi quelque chose en plus qu'elle ne parvenait à exprimer clairement qui faisait que cette statue était infiniment plus attirante qu'un garçon de chair et de sang. Incapable de résister plus longtemps à la tentation, Anna tendit la main et, du bout des doigts, effleura la joue minérale avec douceur. Et la statue lui sourit.

Paniquée, la jeune fille fit un pas en arrière. Le jeune homme de pierre fit un pas en avant, et souleva son sabre, près à la frapper. Incapable de se défendre, elle voulut s'enfuir, mais un rapide coup d'œil alentour lui révéla que toutes les statues s'étaient elles aussi animées, ne lui laissant d'autres options que le combat. Une pensée inquiétant traversa alors son esprit. Zorro aurait dû être là, dans cette pièce ! Etait-il possible qu'ils l'aient… ? Cette idée repartit comme elle était venue. L'escrimeur n'avait pas le droit de mourir tant qu'elle ne l'aurait pas embrassé, et il en aurait encore moins le droit après !

-A L'AIDE ! ZORRO, SI TU M'ENTENDS, J'AI BESOIN DE TOI ! JE T'EN PRIES !

Aucune réponse ne lui parvint, et tandis qu'elle criait ses ennemis s'étaient rapprochés dangereusement. Consciente qu'elle n'avait pas la moindre chance de s'en sortir en restant entre eux, Anna se glissa entre les jambes d'une femme de bronze en tenue d'écuyère et partit en courant jusqu'au mur. Se retournant, elle vit que ses adversaires commençait tout juste à se tourner dans sa direction. Visiblement, leur vitesse, et plus précisément leur absence de vitesse devait être leur point faible, il fallait qu'elle en profite. Si seulement elle avait quelque chose, une arme, un bout de bois… n'importe quoi qui lui permette de leur taper dessus ! Paniquée, elle regarda désespérément autour d'elle, et ses yeux tombèrent sur quelque chose de longs et fin qui brilla d'une lueur froide lorsqu'elle l'éclaira. Une barre de fer visiblement, qui n'avait absolument pas la moindre raison d'être là, à part à cause d'une panne d'idée de l'auteur.

Décidant de ne pas chercher à comprendre ce qui se passait, Anna se précipita et attrapa l'arme improvisée, puis regarda autour d'elle, mais pour chercher à apercevoir Zorro cette fois, sans succès. Il ne lui restait plus qu'à tenter le tout pour le tout et à se battre.

Rassemblant une nouvelle fois tout son courage, elle se jeta sur la statue de pierre la plus proche et abattit sur le haut de son crâne son arme improvisée, faisant voler en éclat une partie de son visage parfait. Son adversaire parut quelque peu surpris, mais ne s'arrêta pas pour autant et Anna eut à peine le temps d'esquiver le coup de poing qu'il voulut lui mettre. La jeune fille repartit donc à l'assaut, frappant encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de la statue qu'un petit tas de cailloux enfin immobiles. Bien que réjouie par sa victoire, elle n'oublia pas qu'il restait encore six autres sculptures de pierre grise, et elle repartit à l'attaque, bien décidée à se battre jusqu'au dernier moment.

Etonnement, il ne lui fallut que quelques minutes pour vaincre tous ses ennemis de roche, mais cette nouvelle ne provoqua chez elle qu'une joie très limitée. Désormais, il lui fallait affronter les hommes de bronze, et eux avaient peu de chance d'être sensible à une simple barre de fer…

-ZORRO ! Je t'en prie, je t'en supplie, si tu es vivant, j'ai besoin de toi ! Je t'en prie…

Sa voix se brisa tandis qu'elle réalisait l'absurdité de ce qu'elle faisait. Si Zorro était encore vivant, le bruit qu'avait fait son combat contre les statues l'aurait forcément alerté ! Mais non, elle rejeta une nouvelle fois cette idée ridicule. Il était forcément vivant, il n'avait pas le droit d'être mort… elle ne le permettait pas ! Peut être était-il gravement blessé, incapable de s'exprimer et dans un profond coma, mais il ne devait pas être mort ! Parce que sinon, elle n'aurait aucune chance de s'en sortir, parce que sinon, elle perdrait encore une fois quelqu'un auquel elle tenait…

-Maudites statues, qu'avez-vous fait de lui !

Pour toute réponse, l'une des statues dégaina un sabre de bronze et, avant qu'elle ne parvienne à réagir, la frappa avec, blessant la jeune fille à la hanche. A nouveau paniquée, Anna recula précipitamment et, trébuchant sur une pierre, tomba sur le sol. Et elle se mit à pleurer. Voilà, tout était fini. Elle n'avait pas retrouvé Zorro, elle allait mourir, et comme ils n'avaient pas l'escrimeur avec eux, les autres allaient forcément mourir aussi… C'était si injuste, pourquoi les choses devaient-elles se terminer ainsi ?

-Zorro, murmura-t-elle entre d'eux sanglot d'une voix brisée. N'importe qui…

L'homme de bronze qui l'avait déjà blessé leva à nouveau son arme et l'abattit à nouveau sur la jeune fille… Mais son sabre grossier fut tranché en deux avant de pouvoir la toucher.

-On ne t'a jamais appris qu'il ne faut pas attaquer quelqu'un à terre ?

Anna tourna la tête, refusant de croire ses oreilles, mais ses yeux embués de larmes ne firent que lui confirmer ce qu'elle avait entendu : Zorro était derrière elle, et il venait de lui sauver la vie. Pour un peu, elle se serait jetée à son cou et l'aurait embrassé, mais elle jugea plus prudent d'attendre qu'il ai fini de s'occuper des méchants pour ça.

Et il s'occupa des méchant, naturellement. A la grande surprise d'Anna, le fait qu'ils soient fait de métal ne parut pas le déranger outre mesure, et il les coupa en petits morceaux comme s'ils étaient de beurre. Seul celui qui avait blessé la jeune fille lui prit plus de temps, mais ce fut uniquement parce que l'escrimeur apporta un soin tout particulier à le couper en morceaux aussi petits que nombreux. Une fois son travail terminé, il se tourna vers l'adolescente et lui tendit une main pour l'aider à se relever.

-Ça ira ?

Si ça allait ? Bien sûr que ça allait ! En plus de l'avoir sauvé, il s'inquiétait pour elle, comment est-ce que ça aurait pu ne pas aller ?

-O… oui, je crois…

Elle se remit en position verticale, puis se jeta à son cou en pleurant de plus belle, ce qui fit rougir le pauvre jeune homme tout surpris.

-J'ai eu tellement peur ! J'ai appelé, et appelé, mais tu ne répondais pas, tu ne venais pas, je croyais que tu étais mort ! Me refais jamais une peur pareille, tu entends ! Qu'est ce que j'aurai fait si tu étais mort !

-Tu te serais fait tué j'imagine. Mais il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Si je dois mourir un jour, c'est pas face à des trucs aussi minables.

Anna se décolla légèrement de lui, et lui lança un regard accusateur.

-Et on peut savoir ce que tu faisais au juste pendant tout ce temps ?

-M'étais endormi.

Ne pas frapper, ne pas frapper, ne pas frapper… D'un coup de poing, Anna fit voler le pauvre escrimeur à l'autre bout de la salle.

-Crétin ! Comment peut-on s'endormir dans un moment pareil ?

-En fermant les yeux. Bon, on en a fini avec cette salle, non ? C'est par où la sortie ? Et au fait, où sont passés les autres ?

-Ils ont pris l'autre chemin, idiot ! Et moi, je suis venue te chercher ! Mais le chemin par lequel je suis arrivée a disparu, il va falloir continuer par cette voie on dirait…

Le jeune homme acquiesça, et ils partirent à la recherche de la sortie, qu'ils ne mirent pas longtemps à trouver d'ailleurs. Ils se mirent donc en route, et un silence pesant s'installa rapidement qu'aucun d'eux ne savait comment briser.

-Dis donc, je t'ai un peu vu te battre, signala finalement Zorro. Tu te débrouilles plutôt bien tu sais ! Ça m'a un peu surpris je dois dire.

-Qu'est-ce que tu crois ? Mon père était un pirate, il m'a appris à me battre ! D'après lui, une fille doit pouvoir se sortir de n'importe quelle situation sans avoir besoin de l'aide de qui que se soit. Je n'en suis certainement pas à ce stade puisque tu as dû m'aider, mais la plupart du temps je m'en sors quand même !

-Bizarre.

-Quoi ?

-Je pensais que de vous deux, Morty était la seule à vraiment savoir se battre, admit le jeune homme. Peut être parce que toi, tu te comportes plus comme une fille.

-On peut être une fille et savoir se battre ! protesta Anna.

Il y eut un court instant de silence, et Zorro soupira.

-C'est pas moi qui dirait le contraire. Enfin, ce que je voulais te dire à la base, c'est que tu devrais de mettre à l'escrime. Vu ce que tu arrives à faire avec une barre de fer, tu devrais pas trop mal t'en sortir avec un sabre.

Anna remercia le ciel d'être dans l'obscurité, sans quoi la rougeur qui venait d'envahir ses joues se serait vue. C'était une impression où il la complimentait ? On brûlait les étapes…

-M… merci…

Le silence se réinstalla ensuite, plus pesant que jamais, et Zorro se força à regarder dans n'importe quelle direction sauf celle d'Anna. Le remarquant, celle-ci rougit de plus belle en même temps qu'un sourire malicieux naissait sur ses lèvres. Sans trop savoir ce qu'elle faisait, elle tendit une main vers celle du garçon et la saisit timidement. Il se raidit à se contact inopiné, mais ne chercha pas à se dégager.