Auteur: Zif'
Titre : Non mais ça va pas ? (chapitre 1)
Base: i'll
Genre : sens unique, shônen aï
Pairing : takaiwa x minowa
Disclaimer : …si la Terre était plate, j'aurai pas peur d'aller au Japon pour demander à Asada de m'accorder les droits sur ses personnages… (comment ça, vous voyez pas le rapport )
Note : dans quoi je m'embarque...
Non mais ça va pas ?
Naruse stoppa. Alors qu'il s'attendait à recevoir la balle entre les mains comme prévu selon le plan tactique du coach –du tout cuit-, il ne lui parvint qu'un vent glacial et il dût constater avec humiliation l'inutilité absolue de sa course –dans laquelle il s'était pourtant investi au possible. Heureusement qu'il ne s'agissait que d'un entraînement. Fort agacé, il se tourna vers la personne qui aurait donc dû lui faire la passe décisive et avait lamentablement failli à sa mission : son capitaine et accessoirement point guard Takaiwa.
Celui-ci restait misérablement figé et fixait le ballon, qu'il tenait entre les deux mains, d'un regard vide et abattu.
Naruse se risqua à lui adresser la parole, quitte à lui asséner un choc psychologique en le tirant aussi brutalement du monde «au-delà des sphères parallèles des confins de l'univers magnétique» dans lequel il semblait plongé.
« Takaiwa… sans vouloir te brusquer, à l'origine tu es censé avancer une fois que tu as la balle et me faire la passe… »
Aucune réaction de la part du concerné.
« Non mais ça va pas ? A quoi ça sert que je me casse le cul à récupérer la balle à ces cons et te le filer, à toi, en plus, alors que je pourrai aller péter un dunk de la mort en fin de course, si tu te comportes comme une limace ? T'es trop naze, putain de blondinet ! »
Cette fois, le dit blondinet se crispa à l'interpellation quelque peu agressive de Minowa, et le regarda d'un air de reproche que le châtain remarqua et ne s'expliqua pas, ne chercha pas le moins du monde à s'expliquer ; il s'en foutait, et le fit voir clairement d'un haussement d'épaules. De toute façon, il se fout de tout… sauf de lui, songea le PG. Tout le monde savait ça, comme tout le monde sait que 1 et 1 font 2 (mis à part Hiramoto peut-être). Seulement, cela blessait profondément Satoru. Il souffrait du dédain et de l'indifférence de l'attaquant.
D'une part, pour la collectivité, car il avait pour concept de base « une bonne entente commune, l'acceptation et le respect de tous entre tous ». Règle qu'il appliquait envers tout le monde, d'où sa réputation de personne ultra sociale, excepté, il fallait bien le reconnaître, envers Hiramoto qui le gonflait sévèrement par moments.
D'autre part, pour lui-même. Il ne se le cachait pas, il ne se le cachait plus, il avait de plus en plus de mal à voir Minowa se comporter comme tel avec lui, le traitant d'enfoiré et de saleté, le tout accompagné de « tsss » sifflant à ses oreilles comme autant de vipères hautaines et représentatives du peu de considération du châtain à son égard.
Tetsuro était certes d'une agressivité peu commune, couplée à un égoïsme latent et à une vantardise affirmée, mais il n'y avait pas que ça. Le personnage ne pouvait pas se cantonner à une telle addition de reproches, et Takaiwa avait raisonné et avait su voir par-delà les défauts ; il y avait vu les aussi nombreuses qualités. La fidélité dont le châtain faisait preuve, en particulier auprès de son camarade Takashi : il avait beau le traiter publiquement d'une façon bien brutale, il n'en était pas moins un ami sincère, qui s'était mis à son chevet quand le géant avait attrapé une mauvaise grippe l'hiver précédent. Il y avait aussi ses principes sur l'égalité et la justice pour tous ; son courage et sa détermination face à ses convictions.
Toutes ces valeurs que Minowa ne voulait pas montrer –peut-être par virilité- étaient décelables en creusant le personnage. Ainsi, Takaiwa en était venu à ressentir du respect pour lui, respect auquel s'était peu à peu ajouté un sentiment plus doux.
Le blond aurait aimé faire part de son admiration à Tetsuro, mais il se doutait bien qu'il ne recevrait rien d'autre qu'une réaction violente de déni –sûrement afin de dissimuler une gêne et/ou un étonnement certains-.
Quant à lui déclarer sa flamme, il ne fallait pas y penser, il se ferait proprement démonter. Le concerné connaissait les préférences sexuelles de son capitaine, trouvait ça dégueulasse et le lui faisait clairement savoir dès que l'occasion se présentait en le traitant de « sale pède » ; ce à quoi l'insulté répondait par un clin d'œil aguicheur qui faisait s'insurger le châtain.
« Bon, t'attends quoi, le déluge ? »
Takaiwa sortit de sa rêverie pour s'apercevoir que tout le monde autour de lui attendait, poings sur les hanches, et que le coach avait adopté une couleur se mariant à merveille avec sa veste de jogging –à savoir, pourpre-, à force de s'époumoner dans son sifflet. Le PG s'excusa en bafouillant -ce qui fit hausser un sourcil à Naruse- et relança le match d'entraînement.
« Quelque chose te préoccupe en ce moment ?
- Hmmm ? Comment ça ?
- Je sais pas, tu as des soucis ? Tu as l'air plutôt dans la lune ces derniers temps…
- Bof, c'est rien, t'inquiète. »
Naruse dévisagea son ami à travers les gouttes d'eau qui lui dégoulinaient sur la figure. Ce dernier restait immobile sous la douche, face au mur, les bras tendus et les mains à plat sur le carrelage mural, la tête basse. Ses cheveux détrempés tombaient en une masse collée et cachaient ainsi la lassitude qui le gagnait et s'inscrivait sur son visage. L'eau qui lui battait le dos le soulageait, comme un massage lui dénouant les muscles et les nerfs.
« Ben alors Takaiwa, c'est quoi cette position ? Tu veux te faire enfiler ou quoi ? »
A cette interjection sarcastique succéda une cascade de rires moqueurs. Naruse, un sourcil levé pour la deuxième fois dans la journée –sa spécialité en termes d'extériorisation-, vit successivement le blond sursauter, le châtain virer sa serviette et se coller à poil sous une douche, le blond choper la serviette et s'en entourer la taille avant de sortir précipitamment de la salle d'eau, et enfin le châtain fanfaronner en ricanant, fier d'avoir humilié son rival.
Takumi rabaissa son sourcil et fronça les deux. Attrapant à son tour sa serviette, il fila vers les vestiaires et trouva Takaiwa pas encore sec et pourtant tentant à grand-peine de se rhabiller.
« Mais… qu'est-ce que tu fais ?
- Ca se voit non, je mets mes fringues et je me casse !
- Attends, ne me dis pas que c'est la pique de Minowa qui te met dans cet état !
- Et pourquoi pas ? »
Satoru était dans un état de nervosité incroyable, tel que Naruse ne l'avait jamais vu.
« Je croyais que tu étais devenu imperméable à ses attaques, depuis le temps, tu le connais…
- Peut-être, mais là ça commence à devenir plus que lourd. Désormais, si je peux faire en sorte de le voir le moins possible, ça m'arrangera.
- Tu vas te mettre à le fuir ?
- Autant que je le pourrai.
- Je te signale juste en passant que vous êtes dans le même lycée, le même club, la même équipe.
- Merde, et tu crois que ça me plaît à moi aussi, cette proximité-là ? J'en ai ma claque moi, je supporte plus qu'il… qu'il me traite de cette manière.
- Mais pourquoi maintenant ? Avant, ça te laissait de glace…
- Avant oui, mais désormais ça me fait trop de m… »
Il stoppa net, conscient de ce qu'il était sur le point de dire, alors que Naruse le fixait d'un air hébété, les yeux et la bouche grand ouverts. Il saisit son sac et sortit des vestiaires en filant comme une ombre.
Le brun resta immobile un moment, avant de murmurer :
« Ca alors… j'aurais jamais cru que… »
Quand il réussit à sortir de sa stupéfaction, ce qui lui prit à vrai dire un bon quart d'heure –entre temps ses réflexions avaient dévié sur des choses diverses et variées, telles que la liste des courses, valait-il mieux investir dans un aspirateur ou un balai Swiffer pour le ménage, thé au citron ou thé à la menthe ? -, il se rendit compte que Takaiwa était déjà loin et que le rattraper et parler avec lui afin de trouver une solution –conclusion à laquelle il était arrivé à terme- était désormais impossible.
Il décida alors d'attendre Minowa à la sortie du gymnase pour lui toucher un mot au sujet de son comportement envers Satoru.
Ce dernier se rua hors du gymnase, comme à son habitude, en ouvrant la porte d'un grand coup de pied, à croire que ses mains ne comportaient pas l'option « pousser un obstacle », suivi de près par Takashi qui lui, était équipé de celle qui consistait à « contrôler le retour d'une porte dégommée par Tetsuro pour éviter de se la manger dans le menton ». Naruse s'avança.
« Minowa.
- Ouais ?
- Je voudrais te parler une minute.
- Quoi, qu'est-ce que tu me veux ?
- Te parler une minute.
- Tu te fous de ma gueule ou quoi ?
- Pas du tout.
- Bon ben accouche !
- Takashi…
- Bah quoi, tu peux parler devant lui, y va pas te bouffer !
- Soit. J'aimerais que tu te calmes un peu vis-à-vis de Takaiwa.
- Quoi ?
- Tu crois pas que tu y vas un peu fort ces derniers temps ?
- Nan, pas plus ces derniers temps qu'avant, pourquoi ?
- Disons que ça commence à devenir un peu lourd pour lui.
- Oooooh, j'ai heurté la sensibilité de la demoiselle ?
- Arrête avec ça, Minowa. »
Naruse avait parlé d'un ton glacial, que le châtain n'aimait pas car il savait qu'il allait se prendre une réflexion désobligeante à laquelle il ne trouverait pas de réponse. Ce ton et le regard qui l'accompagnait le mettaient mal à l'aise, et dans ce seul cas-là, il se sentait éminemment dominé par le brun –ce qu'il détestait au plus haut point-.
« Je me rappelle l'année dernière, quand tu t'étais fritté avec des deuxième année, parce qu'ils avaient réclamé de la glace et qu'en tant que membres du groupe 2, vous deviez obéir et vous soumettre à ceux du groupe 1. Tu te souviens ? Tu n'aimes pas l'injustice, Minowa, l'inégalité sociale. Et pourtant, c'est ce que tu fais subir à Takaiwa en le traitant comme une sous-merde, parce qu'il n'a pas les mêmes inclinaisons que toi. Ce que tu lui balances à la figure ne vaut pas mieux que ce que les cravatés bien-pensants disaient au sujet des punk et en particulier des Sex Pistols que tu adores tant : des êtres inférieurs, stupides et débauchés. »
Dire que Minowa resta con après le discours de Naruse est un euphémisme. Il eut un moment d'absence totale, puis réagit de la seule manière qu'il connaissait : l'agressivité. Il essaya d'envoyer un coup de poing dans le nez du brun qui esquiva, le but étant moins de l'atteindre que de faire diversion face à son embarras.
« Mais, ta gueule ! Je t'ai pas demandé de me faire une leçon de tolérance ! Les Sex Pistols, ils étaient homophobes, j'te signale ! Alors même s'ils étaient dénigrés comme tu le dis, ils valaient bien plus que ça et ils pouvaient bien se permettre de cracher sur ces mecs pas normaux ! »
Il se tut brutalement, conscient du paradoxe total de ses paroles. Il était en train de défendre son groupe favori comme Naruse le faisait avec Takaiwa. Au bord de la crise de nerfs, il décida de partir avec une dignité relative.
« Pfff, viens Takashi, on s'arrache ! J'veux plus entendre ce connard de mes deux ! »
Sans même attendre le géant, il prit à grands pas la direction des grilles du lycée. Naruse avait raison, il ne supportait pas que l'on critique ce qu'il aimait (en l'occurrence ici, les Sex Pistols) alors qu'il disait là les mêmes choses que ceux qui crachaient sur le mouvement auquel il adhérait. Ce n'était pas parce qu'il ne comprenait pas qu'il pouvait se permettre de traiter de cette façon. Mais c'était plus fort que lui, Takaiwa lui filait la chair de poule, tous ses poils se hérissaient quand le blond s'approchait de lui.
Au bout de deux cent mètres, il revint à la réalité et constata que Takashi n'était pas à ses côtés. Il se retourna pour voir son ami tenter de le rattraper à grandes enjambées, suant et soufflant.
« Tetsuro… attends… moi… »
La scène ne manqua pas de faire ricaner le châtain qui oublia du coup les petits désagréments qui venaient de lui arriver, il ne lui en fallait pas beaucoup plus. Ce genre d'incident le faisait réfléchir cinq minutes, pas plus. Ca rentrait dans une oreille, ça ressortait par l'autre peu de temps après.
Il attendit Inoue en le charriant « cours, Takashi, cours ! » puis les deux garçons prirent le chemin de la gare.
Naruse soupira. Décidément, ce gars était une vraie teigne. Qu'est-ce qu'il pouvait l'énerver ! Ramassant son sac, il haussa les épaules et prit la direction de la supérette. Du thé à la menthe, un balai Swiffer, des ramen…
Il ne remarqua pas la silhouette qui observait la scène depuis le début, dissimulée derrière le coin du mur du gymnase. Un mince sourire se profila sur le visage du voyeur qui n'en avait pas perdu une miette, et avait ainsi recueilli de précieux renseignements. Il ne venait pas ici tous les jours, malgré les beaux morceaux qui s'y trouvaient… savoir qui était quoi, surtout parmi ceux qu'il avait en vue, c'était le genre d'info à ne pas négliger, s'il ne voulait pas se casser les dents –ou se les faire casser.
Takaiwa balança plus qu'il ne posa son sac dans l'entrée. Sa mère l'accueillit de la cuisine en beuglant.
« Satoru, je t'ai déjà dit mille fois de pas faire valdinguer ton sac ! »
Ne prenant même pas la peine de répondre, le blond monta les escaliers et s'enferma dans sa chambre. Il se vautra proprement sur son lit et se mit à cogiter.
Il n'avait jamais caché son attirance pour le sexe masculin, mais ne souhaitait pas non plus le hurler et le faire grandement savoir au lycée, ni en dehors d'ailleurs. Sa réputation de dragueur accompli était sacrément ancrée chez la gent féminine. Il privilégiait donc les relations hétérosexuelles mais ne refusait jamais une liaison plus ou moins brève avec un garçon. Cela dit, il n'était jamais tombé amoureux d'un homme –jusqu'à maintenant.
D'autant plus que l'homme en question était farouchement hétéro, ce qui ne lui facilitait pas la tâche.
Il avait envie de laisser tomber, mais il avait toujours cet espoir en lui, quand il voyait Minowa, de se dire « peut-être un jour, il fera attention à moi ».
Mais quand il se prenait ce genre d'envolée d'injures à travers la figure, venant du châtain, cela le décourageait totalement et il n'avait envie que d'une chose, l'oublier. Mais il n'y parvenait pas, et tout ce qu'il arrivait à faire, c'était pleurer.
Pensant à tout cela, sa gorge se noua, et il enfouit sa tête blonde profondément dans son oreiller, à s'en étouffer.
Rentré chez lui, Minowa claqua les portes, laissant le soin à sa mère de trier ses affaires de sport trempées et puantes de sueur, poussa le volume de sa sono à fond et s'étala les bras en croix au milieu de sa chambre, fixant le plafond.
Les paroles de Naruse revenaient malgré lui dans sa tête. Il tenta de se mettre à la place de Takaiwa, en imaginant qu'on le descende en permanence par rapport à ses convictions. Lui qui voulait aller plus haut, être le meilleur, que dirait-il si quelqu'un passait tout son temps à le traiter de nul, de moins que rien, qui n'arriverait jamais à s'améliorer ? A vrai dire, il avait vécu ça par le passé, au collège, et c'était ce qui lui avait donné envie de se battre. La défaite que lui avait infligé Naruse avait été un choc, il s'était rendu compte que ce n'était pas qu'en ouvrant sa gueule qu'il deviendrait plus fort. Depuis, il montait les échelons un par un.
Il était en train de prendre conscience de quelque chose d'important.
Les défaites passées renforcent les convictions et donnent envie de se battre pour arriver jusqu'au bout et assumer la position à laquelle on parvient finalement.
Pour lui, comme pour Takaiwa.
Alors peut-être qu'à ce niveau-là, ils étaient semblables.
Comme lui, le blond avait fait preuve de courage, et en faisait encore preuve. Mais peut-être qu'il y a des limites à ne pas franchir, des limites qui une fois dépassées n'aident plus, mais détruisent.
Et Minowa avait soudainement l'impression qu'il avait largement piétinées celles de son capitaine.
Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait un peu coupable. Il attrapa son portable et tapota un bref sms. Le texto envoyé, il balança l'appareil au loin et monta un peu plus le son en râlant. Il n'allait pas en faire trop non plus, sinon cet abruti serait capable de croire qu'il était tombé amoureux de lui. Rhaaaaa, quelle horreur !
Takaiwa s'était endormi, le nez dans son oreiller humide. Il n'entendit pas son portable biper dans la poche de sa veste. Sans doute le matin à venir lui apporterait-il un peu de réconfort…
FINNote de l'auteur : mouahahahahahahahah vous avez eu peur ? Naaan c'est pas la fin, je déconne XD
En fait, je pensais faire un one-shot, mais apparemment ça va être plus long que prévu…
See you on next chapter !
A SUIVRE
