Auteur: Zif'
Titre : Non mais ça va pas ? (chapitre 2)
Base: i'll
Genre : sens unique, shônen aï
Pairing : takaiwa x minowa
Disclaimer : …et si je kidnappais ses bishos, et demandais à Asada les droits d'auteur à la place d'une rançon ?
Note : comment un one-shot se transforme en une série…
Note bis : le fouteur de merde nouveau est arrivé ! Savourez-le
Non mais ça va pas ?
« Dis, tu serais pas le sosie de Otoha par hasard ? Nan parce que tu lui ressembles vachement ! »
La jeune fille pouffa alors que Satoru Takaiwa se redressait fièrement, sûr de la réussite imminente de son plan drague infaillible. Une main passa soudainement autour de sa taille alors qu'une tête se posait simultanément sur son épaule.
« Je trouve aussi, tu pourrais passer des castings, t'es mignonne… ne, Sato-kun ? »
La demoiselle ouvrit des yeux exorbités avant de filer en bavouillant un prétexte quelconque. Le blond se retourna rageusement vers l'intrus.
« Naruse, t'abuses ! ça te fait marrer de faire foirer tous mes coups ou bien t'es jaloux ? »
Le brun ricana.
« Allez, Don Juan de pacotille, c'est l'heure d'aller faire semblant de préparer son avenir.
-Gnuh ?
-Faut aller en cours.
-Ah. »
Ils marchèrent un moment en silence avant que Takumi, brûlant intérieurement de curiosité, ne se risque à poser la question qui le démangeait depuis deux jours.
« Dis-moi, Takaiwa…
-Hum ?
-Comment… enfin, avec Minowa…
-…
-Je veux dire, tu… est-ce que…
-…
-… Mais aide-moi un peu, bon sang ! »
Satoru se mit à rire franchement, il ne pouvait même pas faire semblant d'être outré de la curiosité débordante du brun, au contraire, il se faisait vertement engueuler. Naruse avait une fierté du tonnerre, il n'aimait pas montrer qu'il s'inquiétait pour les autres. Mieux valait répondre avant de le voir filer en râlant.
« En fait, je crois qu'on a tous les deux compris qu'on avait poussé le bouchon un peu loin, la dernière fois.
-A savoir ?
-J'ai fini par comprendre que je nourrissais trop d'espoirs, qu'inconsciemment je devais le harceler et par conséquent lui faire peur et nourrir son agressivité. Et lui a dû comprendre qu'il avait été trop injurieux, puisque… il m'a envoyé un sms pour s'excuser. »
Naruse sourit. Finalement, son capitaine n'était pas aussi stupide qu'il en avait l'air.
« Tu te rends compte ? Un texto d'excuse ! C'était limite une déclaration d'amour ! « excuse-moi d'avoir été aussi violent, j'ai eu peur parce que j'ai réalisé que j'étais fou de toi, etc »… oui ! il y a encore de l'espoir ! Je peux le faire, un jour, il sera mien. »
Le sourire de Takumi se perdit en une moue désespérée, et il décida de laisser le blond en plan au milieu du couloir dans une pose théâtrale, poing en l'air, yeux larmoyants et remplis d'étoiles (Gaï). S'il voulait se taper la honte il le ferait tout seul. Il était vraiment trop con.
Le garçon n'était pas en uniforme, pourtant, personne ne l'avait remarqué, tous étant focalisés sur le one-man show de la coqueluche du lycée. Il fila dans la direction de la salle des profs, un sourire aux lèvres et un plan en tête.
La journée avait été dure, Minowa détestait franchement le jeudi avec ses deux heures de maths, insupportable torture où on lui faisait faire des choses qu'il détestait –réfléchir et compter. Heureusement qu'il lui restait le meilleur moment de la journée, l'entraînement, vers lequel il se dirigeait d'un pas alerte.
« Eh ! Minowa ! »
Il stoppa net, se demandant qui l'appelait d'une voix aussi furtive. Il ne reconnut la voix d'aucun de ses partenaires de sport, aussi fronça-t-il les sourcils. Ca sentait la merde, qu'est-ce qu'on lui voulait encore ?
« Minowa, je suis là. »
Il distingua une silhouette sombre dans le préau à vélos à côté du gymnase. Se dirigeant vers elle, il la reconnut assez rapidement.
« Toi ! Qu'est-ce que tu fais là ?
-Rien de spécial, je venais me remettre de vieux souvenirs en tête, et j'ai découvert des choses qui devraient t'intéresser.
-A savoir ?
-Hum… je ne sais pas si ce que je vais te dire va te plaire ou pas, mais autant que tu le saches.
-Mais c'est quoi, bon Dieu ?
-Tu n'es peut-être pas au courant, mais le bruit court depuis ce matin que tu aurais envoyé une déclaration d'amour torride à Takaiwa par sms.
-Quoi ! Mais…
-A ta réaction, je constate que ce n'est qu'une rumeur.
-Evidemment ! Tu me prends pour quoi ? Qui… qui a balancé cette ânerie ?
-Ca, j'en sais rien.
-Je suis sûr que c'est lui ! Ce connard a dû prendre ses désirs pour des réalités ! Putain, si j'avais su !
-Comment ça ? Qu'est-ce qui s'est réellement passé ?
-Pas grand-chose, je lui avait juste envoyé un message pour m'excuser d'avoir dit un truc pas cool mardi soir…
-Et tu crois que ça lui aurait suffi pour se faire des idées ?
-Y a pas, y a que lui qui est capable de raconter des conneries pareilles ! Putain, je vais le buter !
-Attends, tu peux pas faire ça ?
-Et pourquoi pas ? Maintenant, lâche-moi s'il te plait Takuya-san, que je le retrouve ! »
Minowa donna un violent coup de bras et partit en courant direction les vestiaires. Il allait y avoir prise au col et poings dans le nez. Takuya sourit. C'était vraiment trop facile. A ce train-là, la semaine prochaine, Takaiwa ne pourrait plus approcher à 10 mètres du châtain et il se retrouverait dans son lit à lui.
Takaiwa couina. L'infirmière avait appuyé un peu trop fort sur la plaie. Il fallait dire que Minowa n'y était pas allé de main morte, il lui avait même carrément explosé l'arcade sourcilière. Et ça n'en finissait plus de pisser le sang. Le blond avait réussi à éviter l'application d'alcool à 90° de la part de la femme en blanc légèrement sadique, et concédé celle d'un coton imbibé d'eau oxygénée. Maintenant avec son gros pansement, il ressemblait à… à rien. Il s'allongea sur le lit en soupirant. Dire qu'il n'avait pas compris ce qu'il lui était arrivé tenait de l'euphémisme, il se sentait plutôt projeté dans la quatrième dimension. Minowa était arrivé dans les vestiaires comme un fou, et lui avait décoché une droite sans prononcer un seul mot d'explication autre que « connard ». Il se tourna vers le mur en geignant.
Pour se réveiller brutalement cinq petites minutes plus tard, réveil dû au fracas qui emplit l'infirmerie. Un pion –un géant, sûrement un descendant de Gargantua- tenait Naruse et Minowa par le col, un dans chaque main, et tous deux étaient dans un état qui dénonçait une apparente baston. L'infirmière soupira, ces jeunes étaient décidément intenables, même la pratique d'un sport ne réussissait pas à calmer leur énergie. Elle sortit son coton et sa bouteille d'eau oxygénée et installa Naruse d'un côté de la pièce et Minowa de l'autre.
Satoru s'assit et se mit à observer avec curiosité les ondes meurtrières qui traversaient d'un bout à l'autre l'infirmerie alors que la soignante se livrait à une interrogation en règle.
« Vous vous êtes encore battus tous les deux ?
-Ce dégénéré m'a sauté à la gorge sans que je sache pourquoi !
-C'est pas ce que tu as fait y a pas un quart d'heure à Takaiwa par hasard ? Pour la énième fois, ne reproche pas aux autres ce que tu fais toi-même !
-Ah ! D'accord, j'ai pigé, tu protèges et venges princesse Satounette ! Tu es vraiment un chevalier des plus servants, mon cher ! »
L'infirmière retenait difficilement le brun qui se relevait pour sauter à la gorge de son vis-à-vis, qui ricanait tout en se méfiant d'un éventuel lâcher de Takumi –celui-ci lui avait quand même au préalable esquinté le menton et compacté son système digestif d'une bonne dizaine de centimètres. Takaiwa sentit alors que le moment était venu d'intervenir.
« Ca suffit vous deux. Vous vous battez pour moi, c'est trop mignon !
-Qu… ?
-Sérieusement. Minowa, je ne sais pas pourquoi tu m'en veux à ce point, je t'ai rien fait de mal à ce que je sache, à part avoir offensé ta bonne morale. Alors, à partir de maintenant, je te fous la paix, tu m'ignores, on ne s'en portera que mieux. Et toi Naruse, je t'ai pas demandé de jouer mon garde du corps. Je vais m'occuper de moi tout seul si ça ne vous dérange pas. »
Joignant le geste à la parole, il se leva, prit ses affaires et sortit de la pièce, laissant les trois autres personnes qui s'y trouvaient totalement éberluées.
Le couloir était désert, les lycéens étant soit dans leur club respectif, soit chez eux, soit à un petit boulot quelconque. Un doux soleil orangé de fin d'après-midi traversait les vitres et caressait le visage de Satoru. Celui-ci soupira de bien-être et s'étira de tout son long, le bout de ses doigts touchant le plafond. Il aimait bien de temps en temps soulever les petits carrés gris, du moins il aimait ça jadis, jusqu'à ce qu'une araignée logée par là lui tombe en plein sur le visage, suscitant de sa part gesticulations et hurlements destinés à gagner le combat engagé contre la bête sans nom. Il rit doucement à l'évocation de ce vieux souvenir. C'était à l'époque où Naruse ne rejouait pas encore au basket, où il passait son temps à le poursuivre dans les couloirs et à le harceler pour qu'il reprenne, où Minowa était encore dans le groupe deux, l'époque enfin où il n'avait pas l'impression de vivre un mauvais épisode de Melrose Place.
Il sortit de ses rêveries en constatant que quelqu'un était appuyé sur une fenêtre et l'observait, bras croisés.
« Takuya-san ? »
Takuya se redressa avec un petit salut de la main et s'approcha.
« Salut Takaiwa. Ben alors, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? » demanda-t-il en effleurant du pouce le gros pansement au-dessus de l'œil. Le blond fit la grimace et tenta de sourire en même temps, ce qui rendit au final un petit rictus grotesque.
« J'ai embrassé un coin de casier, c'est con hein ? »
Takuya esquissa un sourire crispé. Il aurait préféré que sa proie se mette à lui parler de ses petits malheurs avec Minowa, mais il n'en avait visiblement pas l'intention. Et il ne pouvait pas lui faire avouer la vérité, lui dire qu'il mentait revenait à lui faire savoir qu'il avait connaissance ce qui s'était réellement passé, et peut-être même pourquoi ça s'était passé –alors que même le blond l'ignorait. Il fallait lui poser des questions qui l'amèneraient à parler de Minowa.
« Et la HBT, ça roule ?
-Ca roule.
-Pas de soucis entre partenaires ? C'est souvent le cas dans une équipe, les tensions, tout ça…
-Ca va, on a pas à se plaindre. »
Takuya se renfrogna franchement. Takaiwa était plutôt d'une nature bavarde, il n'y avait habituellement même pas besoin de forcer pour lui tirer les vers du nez. Une vraie commère. Alors pourquoi aujourd'hui était-il si discret ? Etait-ce à cause de ce qu'il s'était passé avec Minowa ? Il déprimait sûrement et ne voulait parler à personne. Takuya grinça des dents, il n'aurait peut-être pas dû pousser le châtain à la violence aussi rapidement. Pas grave, il avait le temps, il pouvait changer de tactique et s'y prendre autrement.
« Pas de petite amie en ce moment ?
-Pas vraiment.
-Un petit ami alors ? »
Takaiwa se troubla et son aîné esquissa un sourire victorieux.
« Si tu as besoin de conseils, je suis là, fit-il en lui tapotant la main sur l'épaule et en lui faisant un clin d'œil. Allez, bonne soirée ! »
Il dépassa le blond et prit la direction du bureau de son père. Il n'avait pas perdu la partie, loin de là. Avec un peu de patience, il aurait ce qu'il voulait. Il adorait ces jeux de piste, avec des retournements de situation, des impasses, des demi-tours, et autres passages secrets. Un vrai labyrinthe où l'objectif était Takaiwa. Certes, une fois consommée la viande n'aurait plus la même saveur mais pour le savoir il fallait la goûter. Et si le blond avait des sentiments pour Minowa, qu'importait, il savait bien que le châtain ne rendrait jamais la réciprocité effective. Alors, autant s'amuser : il n'était pas du genre à avoir des remords.
Takaiwa resta songeur un moment. Il se traîna jusqu'à un banc dans la cour et sans trop savoir pourquoi, y resta jusqu'à la fin du crépuscule. De petites chauves-souris descendant des montagnes à l'arrière de la ville de Hayama, configurée en pente, passaient en virevoletant à la recherche d'insectes juteux et appétissants. On entendait rien que le silence, entrecoupé par moments par des cris venant du gymnase ou de rares voitures qui passaient devant le lycée. L'adolescent réfléchissait à sa condition présente. Il aimait ces moments de tranquillité où il n'avait pas à écouter les autres, ni à paraître quoi que ce soit. Il poussa un soupir lourd de tourments et, se levant, se décida finalement à prendre le chemin du retour.
Naruse regardait défiler les poteaux électriques à une vitesse folle. Bientôt il ne verrait plus que le reflet de l'intérieur du train, la lumière intérieure du moyen de transport prévaudrait sur l'obscurité nocturne. Sa joue lui faisait encore mal, Minowa était certes un nain mais il avait une sacré force dans les bras. Force dont il avait été l'instigateur, en quelque sorte, puisque c'est la ramonée qu'il avait filée au châtain qui avait déclenché le réveil de ce dernier, le poussant à s'entraîner pour devenir le meilleur –tout en restant le pire. Ca lui faisait mal au bide de voir que son capitaine portait autant d'intérêt à un nabot névrosé et psychopathe tel que Minowa.
D'ailleurs, la version des faits du power forward était plus que contestable. Qu'est-ce que c'était que cette histoire de déclaration d'amour par sms ? Takaiwa s'était bel et bien étendu sur la réception d'un texto du châtain, certes, mais il n'avait parlé que d'excuses. Minowa lui-même savait bien ce qu'il avait envoyé. Qui dans le scénario obscur de ce quiproquo avait perverti les informations parvenues à Minowa, c'était là le grand mystère qui taraudait Takumi –car lui seul avait l'air de se soucier de la question. Car il devait bien y avoir quelqu'un derrière tout ça. Et le nabot, s'il le savait, ne le dirait pas ; sur ce point le brun devait reconnaître que Minowa était tout sauf une balance.
Il fit le vide un moment, regardant discrètement autour de lui. Les gens dans le train avaient tous l'air fatigué, vidés par une longue journée de travail. Pourquoi est-ce que le monde semblait aussi monotone et lugubre… était-ce la vision qu'il avait des choses, parce qu'il était un asocial notoire, grincheux et misanthrope, ou était-ce la réalité. Tout avait l'air d'aller de travers. Et lui, il mettait son grain de sel dans une affaire qui ne le regardait en rien. Le rapport ? Eh bien, si le monde allait de travers, n'était-ce pas à cause de tous ces petits drames qui se passaient dans chaque personne et entre les personnes ? Individuellement, ils étaient insignifiants, mais quand on les regroupait, ils formaient une masse énorme qui handicapait le bon fonctionnement d'une société établie comme équilibrée. Il se disait que, s'il se mêlait d'un problème le touchant de près, peut-être que le monde sous sa vision changerait un peu en mieux –même si en réalité rien n'aurait changé à grande échelle, un grain de sable en moins, tout au plus.
Mais pourquoi voulait-il justement arranger les choses ? S'il fermait les yeux, ça irait mieux pour lui … seulement, il ne pouvait pas, il ne voulait pas. Ce n'était pas Minowa, ni le mystérieux élément perturbateur, qui le préoccupaient, c'était Takaiwa. Le blond était quand même la seule personne à être venue spontanément à sa rencontre, et il avait forgé avec lui des liens sociaux solides –peut-être les seuls de sa vie jusqu'à présent. Alors, il ne pouvait pas le laisser tomber. Takaiwa semblait comme aveugle, il n'avait pas l'air de se soucier de qui ou quoi ou comment, le problème était arrivé, juste du fait qu'il avait été frappé par Minowa. Pour Takaiwa, c'était plus la conséquence qui le marquait. Pour Takumi, c'était la cause qui l'intriguait.
Il sursauta en entendant la voix mécanique préenregistrée d'une nana payée à nasillarder les noms des stations de la ligne de train. Merde, c'était son arrêt, il valait mieux descendre avant de se retrouver à 10 bornes de chez lui –quoi que, ça lui aurait fait faire son footing, il se ramollissait ces derniers temps.
A suivre …