Chapitre II : Rendez-vous, Square Grimmaurd

On n'entendit alors que le murmure monotone du vent parmi les feuilles des arbres parfaitement taillés bordant Privet Drive. Comme bercé par cet air lancinant, chaque foyer semblait dormir d'un paisible sommeil, et la lumière incertaine des réverbères longeant ces jardins géométriques ne tarderait pas à s'éteindre à son tour, plongeant alors la ruelle déserte dans les ténèbres d'un ciel d'encre.

Mais c'est dans la plus petite chambre du numéro 4 que débute réellement notre histoire. Bien que peu meublée, son contenu était pour le moins curieux : d'énormes livres d'aspect ancien, aux pages jaunies et reliures d'or superbes s'entassaient au coin d'une vieille table bancale, faisant office de bureau ; dans l'armoire à côté de l'entrée, dont une des portes refusait obstinément de se fermer, dépassait le tissus noir d'une longue robe légèrement froissée, et contre la fenêtre entrouverte, les rideaux oscillant faiblement sous les courants d'air laissaient apparaître, à intervalle régulier, le manche luisant d'un balai soigneusement entretenu.

Seule la respiration régulière d'un jeune homme, étendu sur le lit trop étroit pour lui, troublait le silence alentour. Mais ses yeux mi-clos, deux émeraudes éclatantes, trahissaient le fait qu'il soit toujours éveillé.

Bien sur, ceux qui ne connaîtrait pas le programme scolaire du collège Poudlard ne verrai sûrement pas là des devoirs de vacances pour une matière optionnelle particulièrement fastidieuse : l'occlumancie. Il s'agit à proprement parler de faire le vide dans son esprit pour empêcher toute intrusion dans ses pensées, et plus particulièrement ses rêves. . . Bien qu'Harry Potter n'ait jamais eu d'affinités particulières avec cette matière, probablement parce qu'il en avait encore moins avec celui qui la lui enseignait, un évènement tragique, s'étant déroulé quelques semaines auparavant, lui avait apporté la motivation nécessaire pour faire des progrès spectaculaires en peu de temps. Aussi, avait-il appris à mieux cerner son inconscient pour parvenir à des résultats étonnants : Des souvenirs, aussi bien primordiaux que sans intérêt, avaient ainsi refait surface, bien qu'il ne se rappela même pas de les avoir jamais vécu. Parmi eux, celui du tristement connu Halloween de l'année 1981 était récurrent. Malgré tout, ce souvenir qu'il croyait avoir oublié ne l'emmenait jamais plus loin que l'instant du départ de son parrain, et ce malgré les efforts qu'il fournissait pour l'approfondir.

Mais une telle concentration ne dure jamais longtemps, et ce fut la sonnerie suraiguë de son réveil qui l'arracha de cette torpeur. Essayant de faire taire le bruit insupportable à coups d'oreiller répétés, de peur d'éveiller les Dursley dans une rage folle, s'il était toutefois possible qu'ils fussent plus désagréables qu'à l'accoutumé, il ne réalisa pas immédiatement la signification de cette alarme : depuis maintenant vingt-sept secondes, il avait seize ans.

Cela ne faisait que quelques années seulement que son anniversaire était devenu un jour à part pour lui, car jusqu'alors il ne se trouvait personne pour le lui souhaiter. Ainsi, ce fut presque sans surprise, mais toujours avec le même plaisir, qu'il ne tarda pas à distinguer trois. . . non, quatre silhouettes volantes se dessiner à l'horizon, avant de se lever d'un bond pour les accueillir. Les quatre volatiles s'engouffrèrent par la fenêtre dans une bourrasque de plumes, chacun piaillant plus fort que l'autre pour réclamer la priorité. Mais ce fut l'atterrissage pour le moins acrobatique du plus jeune qui attira les regards, succombant au poids de sa charge, trois fois plus grosse que lui. Il dépassait à peine la taille d'un vif d'or et possédait sans aucun doute la même vivacité, voletant autour du visage de Harry en poussant de petits cris joyeux, visiblement très fier de sa performance.

Se fut ensuite le tour d'une chouette majestueuse, dont le plumage d'une blancheur immaculée n'avait rien à envier à la plus belle fourrure d'hermine : après avoir lancé un hululement de reproche à l'intention de son prédécesseur survolté, elle déposa sur le lit son paquet avant de se percher dignement sur l'épaule de son maître, lui mordillant affectueusement le lobe de l'oreille. Enfin, les deux derniers arrivés étaient de la même espèce : il s'agissait de deux Moyens Ducs cendrés, dont l'un portait également ce qui semblait être un cadeau, quoique maladroitement enrubanné, et le second un parchemin d'aspect officiel si on en croyait le sceau pourpre qui y était apposé.

- Quelle chance ! Marmonna Harry d'un ton sarcastique. Les résultats des BUSE et la liste des fournitures scolaires ! Rien ne pouvait me faire plus plaisir !

Détachant la lettre de sa patte pour lui rendre la liberté, il l'observa un instant sans oser l'ouvrir, se contentant d'observer l'adresse du destinataire :

Mr Harry Potter

3ème chambre à gauche, premier étage

4, Privet Drive

Little Whinging, Surrey

Puis la déposant sans y accorder un second regard, il se retourna vers le premier paquet, accompagné d'une petite carte dont il reconnu immédiatement l'écriture irrégulière

Salut Harry,

Bon anniversaire vieux !

Plus qu'un an à attendre avant de passer le permis de transplanage ! Si ces deux idiots de Fred et George ont pu l'avoir du premier coup, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement pour nous, pas vrai ? Enfin, je dis ça, mais je suis tellement nerveux pendant les examens que je serai capable d'atterrir sur la tête d'un moldu ou en Roumanie. . . Enfin, j'en profiterai pour aller voir Charlie !

En parlant de ça, mes parents ont pu économiser suffisamment cette année pour lui rendre visite cet été. Ils avaient vraiment besoin de vacances. . . Maman était plutôt réticente, à l'idée de me laisser seul avec Ginny, mais quand je lui ai dit que j'étais quand même avec mes trois grands frères adultes, bizarrement elle était encore moins rassurée !

Enfin, quatre grands frères. Bien qu'il y ait toujours une certaine tension, Percy a décidé de revenir vivre à la maison après avoir marmonné ce qui ressemblait à des excuses à Papa. Je crois qu'il t'en doit aussi et aimerait que je te les transmette, mais tu sais comment il est ! Son égo a atteint des proportions pouvant rivaliser avec celles de ce crétin de Lockhart !

Sinon, le magasin de « Farces et Attrapes pour Sorciers Facétieux » est un vrai succès depuis son ouverture ! Mes frangins commencent déjà à faire des bénéfices, même Maman a du le reconnaître ! Ils voulaient d'ailleurs t'en remercier, le second paquet c'est de leur part : je serais toi, je l'ouvrirai avec précaution, on sait jamais !

A bientôt ! Peut-être plus tôt qu'on ne le croit !
Ron

Dans le plus gros des deux colis, il trouva effectivement un ensemble d'échantillons des nouvelles inventions des deux Weasley. Il examina chaque article avec un intérêt amusé, quoiqu'il n'eut aucune idée de l'usage du petit flacon turquoise au liquide douteux, de la sphère orangée aux lueurs chatoyantes, ou encore d'une boite de bonbons gélatineux qu'il ne serait sûrement pas prudent de goûter ! Seul indice, un mot des jumeaux : « A notre client privilégié, fais-en bon usage (particulièrement sur ton cousin primate !) »

Il eut un petit rire en imaginant sa tante Pétunia hystérique, découvrant à son réveil le couloir du premier étage transformé en marécage ! Peut-être était-ce là une de leurs plus brillantes créations, au grand dam d'une certaine employée du ministère de la Magie !

Lorsqu'il ouvrit le second paquet, il eut la surprise d'y trouver une montre à l'aspect des plus. . . moldu ! Ayant cassé la sienne lors du tournoi des trois sorciers, l'idée était bien trouvée : elle était certes bon marché, mais il n'en fut pas moins touché, d'autant qu'il devait s'agir d'une véritable merveille aux yeux d'Arthur Weasley. . . Et d'ailleurs, en y regardant de plus près, on reconnaissait bien sa signature ! N'indiquant pas seulement l'heure, son mécanisme était semblable à celui de l'horloge de grand-mère, située dans la salle de séjour du Terrier : une aiguille pour chacun de ses proches, lui indiquant où ils se trouvaient à l'instant même, ce qui l'avait toujours fasciné !

Il remarqua avec étonnement que seule son aiguille était pointée sur Home.

Ron et Ginny était sur Guest

Hermione sur Abroad

Et Hagrid, bien entendu sur School

La carte attachée au paquet apporté par Hedwige était, en revanche, écrite d'un style plus mature et d'une propreté irréprochable :

Cher Harry,

Je te souhaite un très bon anniversaire, (chestit rozhden den en Bulgare), ainsi que tout ce que tu peux souhaiter de mieux, particulièrement la réussite pour tes BUSE ! Comme tu dois t'en douter, j'ai accepté cette année l'invitation de Viktor à passer quelques semaines chez lui ! Lorsque je l'ai annoncé à Ron, il m'a répondu par une beuglante cet idiot !

Enfin, j'apprends des choses absolument passionnantes ici !! Tu te rends compte que les Dragwolves à crêtes existent toujours dans ce pays ?! C'est incroyable !

Sinon, est-ce que tu t'es décidé pour la filière à suivre cette année ? Je ne comprends pas qu'ils nous obligent à limiter nos choix à 6 matières, c'est révoltant ! Je n'arrive pas à me résoudre à abandonner l'une d'elle !

Enfin. . . Je rentre vers le 15 Août, tu penses que l'on pourrait se voir durant la dernière semaine des vacances, pour aller chercher nos fournitures ensemble sur le chemin de traverse ? J'ai cru comprendre que Ron était d'accord entre deux hurlements !

Excuse-moi de ne pas t'avoir renvoyé Hedwige plus tôt depuis ta dernière lettre, mais je ne savais pas comment te faire parvenir ton cadeau alors. . . J'ai hésité longtemps avant de choisir, mais finalement, j'ai opté pour quelque chose qui te serais sûrement plus utile qu'un simple gadget : « L'histoire de Poudlard » ! Vous ne pourrez plus dire que je suis la seule à la connaître dans l'établissement !

Je t'enverrai une nouvelle lettre très prochainement, si la famille Krum veut bien me laisser emprunter leur hibou, mais d'ici là, ne fais pas de bêtises hein ? Passe de bonnes vacances Harry !

Hermione

Il lança un coup d'œil méfiant au colis qui y était joint : son volume laissait supposer que l'ouvrage devait faire dans les 2000 pages. . . Il l'ouvrit néanmoins sans grand empressement. . . Sa mine déconfite laissa alors place à une expression stupéfaite bien plus enthousiaste : inscrit en lettres capitales brillantes, il pouvait lire l'intitulé de l'œuvre : « Wizardplayer : la référence sportive à travers le monde et les âges » au dessus d'un petit mot écrit rapidement « Je t'ai bien eu ! »

Le feuilletant précautionneusement, il découvrit qu'il existait bien plus de sports sorciers qu'il ne l'imaginait, et à vrai dire, à l'exception du Quidditch, il ne connaissait aucun de ceux présentés à chaque chapitre, quoique leurs règles s'apparentent souvent à celles des jeux Moldus : Il découvrit entre autre les courses aériennes d'Hippogriffes, le Maho Tsukaido, d'origine asiatique, mêlant arts martiaux et sortilèges, ou encore le Swimshot, un sport collectif ressemblant légèrement au Handball, mais se déroulant entièrement sous l'eau. Les joueurs avaient-ils recours aux branchiflores avant chaque match ? C'est ce qu'il lui sembla en observant les illustrations d'un stade bondé : les joueurs se mouvaient avec grâce dans une sorte d'aquarium géant bordé par des gradins immenses d'où les spectateurs leur adressaient de grands gestes d'encouragement.

Ce fut le hululement agacé du troisième hibou qui le sorti de sa lecture, faisant claquer son bec d'un air indigné. A cet instant seulement, il se souvint du dernier colis. Il y découvrit un énorme gâteau aux couleurs acidulées, dont la consistance laissait sérieusement penser que la farine avait été malencontreusement remplacée par un sac de ciment plâtre ! L'identité de l'expéditeur ne faisait aucun doute.

Mon cher Harry,

J'espère que cette lettre t'arrivera en temps et en heure pour te souhaiter de tout cœur, un très joyeux anniversaire !

J'ai eu du mal à me procurer cette chouette, c'est un peu le branle-bas de combat à Poudlard ! Tout le personnel s'active pour remettre un peu d'ordre au sein de l'établissement depuis le passage de la tornade Ombrage

Dumbledore doit revoir entièrement la législation concernant les relations entre l'école et le Ministère. Il parle de faire une institution indépendante, ou quelque chose dans le style, je ne suis pas très callé en droit !

J'espère te retrouver dans ma classe cette année, ton correcteur m'a fait part de tes excellents résultats dans ma matière, je suis fier de toi !

N'hésite pas à m'écrire si tes Moldus te font encore des misères !

Bien à toi,

Hagrid

L'épreuve de Soins aux Créatures Magiques avait été plutôt simple, il aurait espéré avoir aussi bien réussi dans les autres matières. Mais il n'y avait qu'une seule façon de le savoir. . . D'une main légèrement tremblante, il saisit le parchemin scellé. . . Pourquoi recevait-il ses résultats aussi tard ? Etait-ce mauvais signe ? Se décidant enfin à détacher la cire écarlate, il déroula lentement le papier rugueux.

Candidat N°49856255

Nom: Potter

Prénoms: Harry, James

Date de Naissance: 31/07/1980

Domicile: 4, Privet Drive, Little Whinging, Surrey.

Correcteur : Professeur Marchebank

EPREUVE DU BREVET UNIVERSEL DE SORECELLERIE ELEMENTAIRE

Astronomie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .A

Botanique : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E

Défense contre les forces du Mal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .O

Divination : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .D

Histoire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P

Métamorphose : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E

Potions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . O

Soins aux créatures Magiques : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . O

Sortilèges : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E

Interdit, il relut une dizaine de fois ses résultats pour être sur de ne pas mélanger les lignes, en reliant du bout du doigt le nom de la matière à la note correspondante. Les D et P en Divination et Histoire n'avaient rien d'étonnant. Les cours du professeurs Binns avait le don de le faire rentrer dans un état second au bout des cinq premières minutes de cours, habitude qu'il n'abandonna pas le jour de l'examen lorsqu'il s'assoupit sur sa copie en cherchant l'inspiration. Pour ce qui était de Trelawney, on pouvait dire qu'elle enseignait une matière dans laquelle ses aptitudes étaient très discutables, son « troisième œil » ne s'étant ouvert que deux fois dans une quinzaine d'années.

Concernant sa note d'Astronomie, il avait l'excuse d'avoir été aux premières loges de l'agression de deux professeurs par des représentants du Ministère.

En réalité, ce qui lui paraissait absolument incroyable était la note attribuée à l'épreuve de Potions. . . Etait-ce bien un O ? Ou peut-être était-ce un zéro pointé, ce qui se rapprochait davantage de sa moyenne annuelle dans cette matière ! Et pourtant. . . C'était bien la note maximale qu'il avait sous les yeux. Cela ne signifiait qu'une chose : bien que la perspective de devoir supporter les railleries de Rogue pendant deux ans était rageante, ses ambitions de devenir Auror lui semblèrent plus accessibles que jamais. Peut-être aurait-il le talent de ses parents ou. . . de son parrain ?

A cette pensée, bien qu'il éprouvait une grande fierté en se remémorant leur brillante carrière, une tristesse insondable voilât son regard, ressentant comme un vide douloureux dans sa poitrine. . .

Il était reconnaissant à Ron, Hermione et Hagrid d'avoir éviter d'aborder le sujet dans leurs correspondances, mais il lui serait impossible de le contourner indéfiniment. Chaque fois qu'une personne avait tenté d'en discuter avec lui, il avait feint l'indifférence ou s'était emporté violemment, avant de se réfugier dans ses souvenirs en s'isolant loin des regards. . . Il ne trouvait toujours pas le courage de prononcer ces mots. . . Peut-être avait-il peur que cela le condamne vraiment ? Le refus d'être à nouveau seul ? Ou n'avait-il seulement pas encore réalisé ?

Malgré tout, il avait l'impression d'avoir énormément mûri depuis ce triste jour, prenant conscience d'avoir donner trop d'importance à des futilités : sa réputation, ses histoires de cœur. . .Il y avait bien plus important, il le savait désormais.

Poussant un long soupir, il savait bien que cela ne changerait rien d'avoir des regrets, aussi, rapporta-t-il son attention sur la missive de Poudlard.

Cher Mr. Potter,

Nous avons le plaisir de vous annoncer que vos résultats au Brevet Universel de Sorcellerie Elémentaire vous sont des plus favorables pour votre passage en second cycle au sein de notre établissement.

C'est pourquoi, en vue d'adapter au mieux votre parcours scolaire à vos ambitions professionnelles, nous vous demandons de sélectionner, parmi les matières suivantes, celles que vous souhaiterez présenter lors du Concours International d'ASPIC à l'issue de votre septième année. Elles doivent être au nombre de 5, avec la possibilité de choisir une option supplémentaire que vous marquerez en marge. Attention, il est bien évident que vous ne pouvez choisir une matière pour laquelle vos résultats ne correspondent pas aux attentes minimales du professeur l'enseignant, que vous trouverez au verso de ce parchemin.

Veillez croire, cher Mr. Potter, en l'expression de nos sentiments distingués

Minerva McGonagall

Directrice-Adjointe de l'école de Sorcellerie Poudlard

Bien entendu, Harry cocha en priorité « Défense contre les Forces du Mal », ainsi que « Métamorphose » et « Sortilèges ». Avec une grimace de dégoût, il se résigna également à sélectionner « Potions » sans grande conviction. En cinquième choix, il choisît « Soins aux Créatures Magiques », non pas que cela soit primordial à la profession d'Auror, mais cela lui permettrait de voir Hagrid fréquemment, d'autant qu'il ne les surchargeait jamais en devoirs. . . Au final, il ne resta que deux cases vides : Astronomie et Botanique. S'apprêtant à replier le parchemin, il se souvint alors des conseils du professeur McGonnagal lors de son rendez-vous pédagogique concernant son orientation « Pour devenir Auror, il vous faudra d'excellentes notes Potter. Ils demandent au moins cinq ASPIC avec la mention « Effort Exceptionnel » au minimum ». N'était-ce pas un peu risqué de se limiter aux matières obligatoires ? Pesant le pour et le contre, il choisit finalement l'option Botanique, n'ayant jamais eu de difficultés particulière dans cette matière. Il trempa sa plume usée dans l'encrier et commença à l'inscrire dans l'espace prévu à cet effet. Mais alors, quelque chose de curieux se produisit. En tentant de former le « B », comme si la plume décidait par elle-même, la majuscule devint un A. Il en fut de même pour le o, qui se transforma en n. Malgré son étonnement, la plume continua d'écrire sous ses doigts pour finalement former un mot dont il ignorait le sens : Animencie

- Qu'est-ce que. . .

Il tenta de raturer l'inscription. . . Sans succès. La pointe de sa plume semblait s'assécher automatiquement dès qu'elle entrait en contact avec le papier. Après quelques essais infructueux, sa moue contrariée se transforma en un léger sourire narquois.

- Comme d'habitude, on me laisse libre de choisir ce que je veux, à condition que ça corresponde à ce qu'on a déjà décidé pour moi !

Si c'était ce que voulait Dumbledore, car il n'y avait pas d'autre explication possible, alors soit, il suivrait des cours d'Animencie, bien qu'il n'eut aucune idée de ce que ça pouvait être.

Il signa au bas du parchemin en datant, puis l'enroula à nouveau. Toujours perchée sur son épaule, Hedwige l'observait avec curiosité, la tête inclinée de côté, avant de lui tendre noblement la patte.

- Tu dois être épuisée par le voyage, ça peut bien attendre demain ! Repose-toi pour ce soir, d'accord ?

Elle hulula doucement en lui donnant un petit coup de tête reconnaissant, puis rentra docilement dans sa cage, non sans lancer un regard réprobateur à Coquecigrue qui s'y était déjà perché par habitude, dormant la tête sous l'aile. Néanmoins, elle se résigna à partager sa chambre pour cette nuit et en fit autant.

Jetant un dernier regard aux cadeaux qu'il avait reçu, il aperçu derrière les articles des jumeaux Weasley son réveil affichant : 2:03. Bien que le lendemain (ou plutôt le jour même) fût un Dimanche, il savait qu'il n'y aurait pas de grasse matinée pour lui, aussi, se glissa-t-il sous ses draps silencieusement pour s'endormir quelques minutes plus tard.

OoOoOoOoOoOoOoOoOo

Une lumière d'un blanc aveuglant submergeait les alentours : chaque forme, chaque couleur, était baignée dans cet éclat laiteux, rendant toute distinction impossible, aussi loin que son regard lui permit de voir. Un silence total, d'une telle lourdeur qu'il en devenait assourdissant, à l'exception peut-être d'un son étouffé, à peine perceptible, raisonnant au loin, comme un froissement de textile ou un éventuel bruit d'eau.

Se levant avec lenteur, Harry éprouva une étrange sensation de légèreté, comme s'il flottait dans les airs, comme si la plante de ses pieds ne faisait qu'effleurer le sol à chaque pas. Se frottant vigoureusement les yeux, il tenta de reconnaître quelque chose, mais rien, à l'exception du bruissement lointain, n'était perceptible. . . Sans réellement savoir pourquoi, il se laissa guidé par cette résonance insolite. . .

- Harry. . .

A chaque pas, elle devenait plus précise. . .

- Oh hé ! Harry !

Les contours d'un paysage semblaient se dessiner dans le flou. . .

- Ne fais pas semblant, je sais très bien que tu m'entends !

D'autres formes mouvantes. . .

- BON SANG !! TU VAS TE LEVER OUI ?!!

A cet instant, sa vue devint très nette, découvrant le visage bourru de l'oncle Vernon, et reprit toutes ses couleurs, particulièrement sur ses joues d'un violet agressif, lui donnant plus que jamais une tête de figue ! A en croire ses mains moites crispées fermement sur les épaules du jeune homme, il avait du le secouer avec force pour lui faire ouvrir un œil.

- 'jour. Marmonna Harry, en tentant de reconstituer son environnement après ce réveil brutal, en se demandant qui il était, où il était, et l'identité du joufflu moustachu à l'air furieux.

- « 'Jour » ! C'est tout ce que tu trouves à dire ? S'écria avec colère son oncle. Tu te moques de moi ? Je te donne vingt secondes pour descendre prendre ton petit déjeuner ! Les amis de Dudley viennent fêter son anniversaire aujourd'hui, et tu n'as pas intérêt à traîner encore en bas lorsqu'ils seront là, compris ?

Pour Harry, cet ordre s'avérait aussi nécessaire que si on lui avait conseillé de ne pas rester sur le trajet d'un troupeau de gnous paniqués. Mais s'abstenant de le faire remarquer à son oncle, il répondit simplement :

- Ouais, compris. . .

Ne décolérant pas, mais il s'agissait certainement d'un état naturel chez lui, le père Dursley continuait de le fixer d'un air de défi, avant de quitter la pièce d'un pas rapide en grommelant des sons incohérents.

Après avoir retrouver à tâtons ses lunettes sur sa table de chevet, Harry se leva à son tour, s'étirant longuement en baillant. Jetant un œil à la cage d'Hedwige, il vit la chouette blanche s'agiter avec impatience, scandalisée par les hurlements de l'oncle Vernon, alors que Coq semblait toujours dormir d'un paisible sommeil, probablement habitué à ceux de Mrs. Weasley devant les exploits de ses fils !

Sans attendre qu'il le lui demande, elle se posta devant le parchemin de Poudlard en attendant ses instructions. Harry le lui attacha précautionneusement à la patte ; puis la laissa prendre son envol après une dernière caresse. Lorsqu'elle ne fut plus qu'un minuscule point dans le dégradé rosé de l'aurore, il détacha son regard de l'horizon pour suivre le même chemin que son oncle.

En entrant dans la cuisine, le même tableau, inchangé depuis quinze ans se présentait à ces yeux : La tante Pétunia, toujours à l'affût, était fidèle au poste devant la fenêtre aux rideaux fleuris, espérant que l'homme en imperméable qu'elle soupçonnait d'être l'amant de la sœur du mari de sa voisine reviendrait aujourd'hui. Quand à l'Oncle Vernon, il maugréait inlassablement sur l'incapacité du Gouvernement en regardant les informations : il était question des grèves des transports communs.

- Regarde-moi ça ! Ca fait deux semaines que ça dure et bien entendu, que fait le Ministre des transports ? Rien, comme d'habitude ! Et pendant ce temps, ce sont les gens honnêtes et travailleurs qui restent bloqués pendant des heures dans la circulation ou dans les files d'attentes des stations services !

- Je suis entièrement d'accord avec toi ! Approuva avec ferveur son épouse sans avoir rien écouté de ce qu'il avait dit.

Sans prêter attention non plus aux commentaires de son oncle, Harry s'assit à sa place habituelle, sachant depuis longtemps qu'il n'y aurait pas à espérer le moindre grognement en guise de bonjour. Cependant, on ne pouvait pas dire que les menaces de Maugrey lors de son arrivé à la voix 9 ¾ n'avait eu aucun impact sur sa famille : désormais, il avait droit à des repas presque équilibrés, la permission de regarder les informations, aussi absurde que cela paraisse à son oncle, et le mot hibou n'était plus aussi formellement interdit dans leur vocabulaire, quoique la tante Pétunia prétendait s'être découverte une allergie soudaine à ces oiseaux.

- Ca va aller loin cette histoire ! Continua Vernon, alors qu'un reportage concernant les dangers potentiels de nouveaux OGM touchait à sa fin. Avec tous ces pesticides, c'est nous qu'ils vont finir par empoisonner !

« . . . Mais les résultats des analyses ne sont pas encore fiables à 100. Affaire à suivre. . .

Du nouveau concernant l'affaire Black, qui n'avait pas donner de suite depuis bientôt un an. . . »

Sur le point de mordre dans son morceau de pain, Harry s'immobilisa soudain, le regard figé sur l'écran du téléviseur.

« En effet, le prétendu auteur du meurtre de 13 personnes en 1981, poursuivi par les autorités publiques depuis son évasion il y a trois ans de cela, aurait été innocenté il y a quelques jours, suite à la découverte du véritable responsable de ces crimes, dont l'identité ne nous à pas encore été communiquée. Cependant, il semblerait que Black n'ait pu jouir de sa réhabilitation : selon nos envoyés spéciaux, cet homme âgé aujourd'hui de 37 ans, aurait disparu il y a bientôt un mois dans d'obscures circonstances. De plus amples informations prochainement. . .

Ce matin, le salon des amis de la truffe a ouverts ses portes aux amateurs, avec pas moins de. . . »

La minute qui suivi sembla durer une éternité. Sans dire un mot, Harry se leva précipitamment, débarrassa son assiette encore pleine, et essaya de sortir comme il était arrivé.

- Une minute mon garçon. . . Prononça la voix étonnement calme de son oncle

Harry soupira profondément de dépit, puis, acceptant la défaite, fit de nouveau face aux parents Dursley.

- Oui ? Demanda-t-il de la façon la plus dégagée possible.

- Ce Black, c'est bien ton parrain ?

- Sans blague ?

- Ne nous prends pas pour des imbéciles ! (ça va être difficile. . . Songea Harry) Tu ne nous as jamais dit qu'il avait été innocenté.

- Parce que je n'en savais rien. Et même si ça avait été le cas, vous m'auriez cru peut-être ? C'est pas toi qui disais que sa coupe de cheveux en faisait déjà un coupable parfait ? Rétorqua-t-il d'un ton sans réplique.

- Surveille ton langage ! Gronda Pétunia

- Ai-je été impoli ? Remarqua-t-il innocemment. C'était une simple question !

- Disparu dans des circonstances obscures ? Répéta lentement Vernon d'une voix qui se voulait mystérieuse. Mais je suppose que toi, tu dois bien savoir où il est ?

- Je n'en ai pas la moindre idée. Répondit-il froidement, n'ayant aucune envie de se lancer dans de longues explications auxquelles ils ne comprendraient, de toutes façons, rien.

- Quoiqu'il en soit, innocenté ou non, quelqu'un qui a été enfermé pendant une dizaine d'années en prison a forcément quelque chose à se reprocher. Reprit l'oncle Vernon, plus pour lui-même que pour Harry. Pas fréquentable ces gens-là, l'incarcération laisse toujours des marques. . .

- Tu ne sais pas de quoi tu parles, alors tais-toi ! Répliqua Harry d'une voix rauque.

- Pardon ? Tu me demandes de me taire ?! S'exclama-t-il d'un ton plus ironique qu'énervé. Je suis encore ici chez moi, ce qui n'est pas ton cas mon bonhomme !

- Si j'avais pu partir, je n'aurais pas attendu que tu m'en donnes la permission !

- Arrête avec tes grands airs ! C'est bien le propre de ceux de ton espèce de se croire supérieurs, tes parents étaient pareils !

- Qu'est-ce que tu en sais ? Tu ne les connaissais même pas ! Souffla-t-il, menant une lutte violente contre lui-même pour retenir sa colère bouillonnante.

- Encore une chance ! Mais vous êtes tous du même moule, et que ça te plaise ou non, je te dirais ce que j'en pense : les anormaux dans ton genre sont une plaie pour le pays ! Une secte malsaine et dangereuse pour les gens respectables !

- Les gens respectables ? Tu veux sûrement parler de ces personnes suffisantes qui se permettent de juger ceux qui dérangent leur petit monde égoïste, parce que leur vie est si minable qu'ils préfèrent se mêler de celle des autres ?!!

- SALE GAMIN INSOLENT !! Hurla Vernon, le visage parfaitement assorti à la nappe de coquelicots.

- Ho oh ! Tu t'es senti visé ?

- ENCORE UN MOT ET…

- Tu me jettes dehors ? Demanda-t-il d'une voix pleine d'espoir.

Il hésita une seconde, sachant que cette option, aussi tentante soit-elle, était impossible, puis choisi finalement.

- FILE DANS TA CHAMBRE !

- Merci bien ! S'exclama Harry avec une politesse exagérée

Sur ce, il tourna les talons et sorti de la cuisine sans ajouter un mot. En remontant dans sa chambre, il aperçu Dudley, (pour qui les régimes dit draconiens n'avaient décidément eu aucun effet depuis l'année passée), assis sur la plus haute marche des escaliers, la bouche entrouverte et le regard indigné. Il avait du rester posté ici durant toute la conversation, ravi d'entendre une des crises historiques de son père mais frustré de voir son cousin s'en tirer à si bon compte. Harry ne fit pourtant pas attention à lui et continua de monter les marches, sans même lui accorder un regard lorsqu'il passa à côté de lui. Ce fut seulement au seuil de sa porte, remarquant qu'il n'avait toujours pas bougé d'un pouce, qu'il s'adressa à lui d'un ton faussement compatissant.

- Tu sais, si tu te demandes comment descendre sans rester coincer entre le mur et la rampe, essaye de te laisser rouler jusqu'en bas, ça ira tout seul !

Puis fermant sa porte, il fit quelques pas avant de se laisser tomber avec lassitude sur son lit toujours défait. Combien de temps mettrait son oncle à venir le barricader dans sa chambre cette fois ? Mais la sonnette retentissante de la porte d'entrée ne lui laissa pas le temps de commencer le décompte des minutes. . .

- La bande à Big Dumb, il manquait plus que ça. . .

Il remonta ses draps d'un geste vif au dessus de sa tête, en se demandant pour quelle raison il s'était levé ce matin. Ce furent les vagues protestations de sa tante qu'il crut entendre au rez-de-chaussée et le bruit de pas lourds en direction de sa chambre qui lui apportèrent la réponse : ouvrant sa porte avec fracas, le visage livide de son oncle apparut durant une fraction de seconde, le temps de lui ordonner dans un style télégraphique « en bas, tout de suite » avant de redescendre.

- Allons bon, qu'est-ce que j'ai encore fait ?

Au bas des dernières marches cependant, il eut la confirmation de ce qu'il avait cru entendre plus tôt, la voix grinçante de Pétunia se perdant encore en lamentations :

- . . . C'est une honte !! Vous ne pouvez pas nous poursuivre jusqu'ici! N'avez-vous jamais entendu parler de violation de domicile ?!

- Sauf votre respect Madame, je n'ai rien fait de tel.

- Vous venez encore nous menacer c'est ça hein? Mais je vous préviens, on ne se laissera pas faire !

- Ce n'était pas mon intention, si vous vous montrez raisonnable il n'y a pas de raison d'en arriver là !

- Alors vous admettez ! C'est du harcèlement, et chez nous, c'est passible de prison !

- De quoi parlez-vous ? J'ai simplement demandé si Harry était ici, mais j'ignorais que les moldus avaient des lois interdisant toute visite matinale!

Harry resta immobile, les yeux écarquillés, comme stupefixé. Cette voix posée et bienveillante lui était familière, mais, voir la personne à qui elle appartenait attablée devant une tasse de thé avec sa tante Pétunia relevait de la science-fiction !

- P-Professeur Lupin ?

L'homme en question se retourna vivement vers lui, un sourire affable se dessinant sur son visage fatigué.

- Bonjour Harry ! Comment vas-tu ?

Il avait une certaine allure dans le costume trois pièces qu'il avait du emprunté, mais, bien que son regard alerte n'ait rien perdu de sa vivacité, jamais il ne lui avait paru si épuisé. . .Les évènements récents lui avaient donné de nouveaux cheveux blancs, et malgré le ton enjoué qu'il voulait donner à sa voix, sa tonalité mélancolique était néanmoins perceptible.

- Et vous ? Si je m'attendais à vous voir !

Disant cela, il fut embarrassé de constater que lui-même était toujours en pyjama.

- Oui, j'arrive un peu à l'improviste. . . Reprit-il en remarquant sa gène. Et je m'en excuse, ajouta-t-il à l'intention de la tante Pétunia outrée.

- C'est une bonne surprise, vraiment ! Qu'est-ce qui vous amène ?

Il ne répondit pas tout de suite, et on pouvait lire sur son visage qu'il cherchait les mots justes à employer. Finalement, il toussa faiblement pour s'éclaircir la voix, et repris avec un air d'excuse.

- J'aurais souhaité avoir un autre motif pour ma visite. . . Mais j'ai cru préférable, pour toi comme pour moi. . .

- Que se passe-t-il ? Demanda Harry, perdant son sourire

Il lui désigna une chaise en face de lui.

- Assieds-toi. . .

- Je préfère. . .

- . . .S'il te plait.

Devant le regard pressant de Lupin, il s'exécuta docilement, sans prêter attention au reste de la famille Dursley, partagée entre l'envie de fuir et l'avidité d'écouter ce qu'il avait à dire.

- Je suppose que c'est à propos de. . . Commença Harry d'une voix incertaine.

- Oui. Comme tu l'as sans doute entendu, même la presse moldue l'a officialisé.

Il se contenta d'hocher la tête en guise de réponse pour ne pas l'interrompre.

- C'est aussi pénible pour moi, je peux te l'assurer, mais. . . j'ai tenu à te l'apporter en main propre.

Il ouvrit sa mallette usagée pour en sortir un parchemin interminable qu'il tendit à Harry. Le saisissant avec une certaine appréhension, il le déroula maladroitement et commença à le parcourir, chaque nouvelle ligne transformant un peu plus l'expression de son visage, alors que sa tante essayait de lire par-dessus son épaule sans y parvenir, n'apercevant rien d'autre qu'un vieux bout de papier taché. Au bout d'un instant, arrivé à la moitié du parchemin, il releva son visage anxieux vers Lupin, avant de demander d'une voix éraillée :

- Sirius a. . .

- Fait de toi son légataire universel. Termina calmement Lupin en le regardant fixement.

- Attendez une seconde… Légataire ? Il est mort ?! S'écria Vernon sans la moindre délicatesse.

- C'est ridicule ! Il n'y a rien d'inscrit sur cette serpillière ! S'exclama malgré elle Pétunia.

- C'est parce que la plupart de nos documents officiels ne peuvent être lu que par leur destinataire, par soucis de confidentialité. Expliqua calmement le professeur.

Repliant le testament avec lenteur, il lui sembla avoir perdu sa voix, où plutôt, tant de questions se bousculaient dans son esprit qu'aucune ne franchit le seuil de ses lèvres. Il entendit vaguement Lupin se lever de sa chaise, alors qu'il fixait obstinément une miette de pain sur la table, ne sachant comment réagir. . . On venait d'éteindre en lui une dernière lueur d'espoir, si vacillante soit-elle. De fermer cette porte qu'il refusait de condamner. . . C'était un peu comme s'il avait perdu ses parents une seconde fois. . .

Mais la main amicale posée sur son épaule le sorti de cette amère réflexion.

- Harry, je sais que tu as déjà du entendre ça des dizaines de fois. . . mais je comprends parfaitement ce que tu ressens, sûrement plus que tu ne le crois . . .

Il se contenta de lever vers lui un regard vide, signifiant clairement « Effectivement, c'est ce que tout le monde me dit ! »

- Mon troisième frère m'a quitté. Même si l'un d'eux vit encore à moitié, la trahison est peut-être le pire départ. . .

Messieurs Prongs, Padfoot, Moony, Wormtail. . . C'était vrai. Des quatre amis inséparables, il ne restait que le loup redevenu solitaire.

- Allons préparer tes affaires. Reprit Lupin avec un faible sourire.

- Ses affaires ? S'exclama le père Dursley. Vous partez ? Combien de temps ? Il devra revenir ?

Il leur lança un regard méprisant en réponse à cet enthousiasme déplacé, et invita Harry à le suivre dans les étages, avant d'ajouter avec la même politesse :

- N'oubliez pas que, contrairement à Harry, je suis parfaitement habilité à faire usage de la magie en dehors d'une aire protégée du ministère si j'estime que la situation le nécessite. . . Alors je vous conseille de ne me donner aucune bonne raison de lever ma baguette contre vous . . .

Mais quittant la pièce, Harry n'eut le loisir de constater qu'à cette remarque, le visage des Dursley avait perdu tout bronzage. . .