N/A : les phrases écrites en italique sont en français, raison pour laquelle Harry ne les comprend pas ;-)
Chapitre III : L'Héritage des Black
Traînant derrière lui son énorme malle, devenue grâce à son ancien professeur aussi légère qu'un lambeau de tissus , ainsi que la cage encore vide d'Hedwige (Coq avait du repartir alors qu'il déjeunait), Harry redescendait silencieusement Privet Drive au côté de Lupin, marchant d'un bon pas vers une destination inconnue. Ce fut d'ailleurs à ce sujet qu'il rompit le silence :
- Est-ce que l'on va aller jusqu'à Squa. . . euh. . . là-bas, par les transports moldus ?
Il était évidemment toujours interdit de prononcer cette adresse en lieu public.
- J'avais d'abord pensé au métro, mais Arabella m'a fait remarqué qu'elle était également connectée au réseau de cheminette. Répondit Lupin avec un sourire.
- Arabella. . . Mrs Figg ?
- Oui, c'est elle qui m'a prêté ce costume. Elle a assuré que c'était nécessaire si je tenais à me rendre chez ton oncle et ta tante.
- Oui, elle les connaît bien. . . En tout cas, il vous va très bien !
- Tu trouves ?! Je me demande comment font les moldus pour porter à longueur de journée des vêtements aussi étriqués !
Harry ouvrait la bouche pour répondre, lorsqu'il s'aperçut qu'ils étaient arrivés sur le perron familier.
- Tu as fait plus vite que je ne pensais Remus ! Remarqua sa propriétaire en venant les accueillir. Mais il n'a pas du être très difficile de convaincre les Dursley de laisser partir le petit un peu plus tôt.
- Non, en effet, Répondit Lupin en faisant signe à Harry d'entrer en premier.
- Ca fait longtemps qu'on ne pas s'est vu ! Reprit Mrs. Figg à l'intention de ce dernier. Tu as encore pris quelques centimètres ces derniers temps on dirait!
Il sembla alors découvrir le décor de la petite maison pour la première fois, n'ayant eu l'occasion d'y retourner depuis que Mrs. Figg lui avait révélé qu'elle était une cracmol. Comment avait-il pu ne jamais s'être douté qu'une telle maison puisse appartenir à une famille de sorciers ? A l'exception de l'odeur de chou persistante, qui elle restait inchangée, chaque détail montrait l'évidence : le lustre du minuscule corridor, éclairant la pièce comme en plein jour, alors qu'il n'avait aucune ampoule, des appareils électriques à chaque recoin sans la moindre prise pour les alimenter, aucune trace de poussière alors que Mrs. Figg n'avait jamais touché à un plumeau... Mais le plus frappant était décidément l'absence de télévision, pour le moins incroyable dans l'appartement d'une dame âgée !
Entrant dans la salle de séjour, d'une chaleur étouffante en raison du feu crépitant malgré la température estivale, Arabella sursauta brusquement alors qu'un de ses chats bondissait sur son épaule frêle, puis fit volte face, affichant une mine embarrassée à Harry.
- Mon Dieu ! Quelle étourdie ! Comment ai-je pu oublier ?
- Oublier ? Quoi ? Demanda Harry légèrement surpris.
- Le 31 Juillet ! Je voulais me rendre sur le chemin de traverse pour te prendre un adorable chaton que j'avais remarqué il y a quelques jours. Un peu d'animation n'aurait pas été de trop à Square Grimmaurd, et je suis convaincue que ta chouette aurait été ravie d'avoir un peu de compagnie !
- Oh oui ! Sûrement ! S'exclama ironiquement Harry en remerciant intérieurement cet oubli, sachant très bien que la réaction d'Hedwige ressemblerait à tout sauf à de l'enthousiasme.
La vieille femme regarda de gauche à droite comme si elle cherchait quelque chose, puis se décida finalement pour un pot de terre cuite soigneusement fermé, posé sur le rebord marbré de sa cheminée.
- Ce n'est pas grand-chose, mais ça peut toujours t'être utile. Il est hors de question de te laisser partir les mains vides !
Ouvrant le récipient, Harry y découvrit ce qui semblait être des cendres.
- De la poudre de cheminette ? S'étonna le jeune homme en laissant glisser le contenu sableux entre ses doigts. Je. . . euh. . . Merci !
Il jeta un coup d'œil vers Lupin, avant de lui demander à mi-voix.
- Est-ce que l'usage de la poudre de cheminette est autorisé par le règlement intérieur de l'école ?
- Pas vraiment, mais je doute que tu en sois à une infraction près ! Répondit-il sur le même ton avec un sourire, puis haussant la voix, il poursuivit. Je voulais te le donner ce soir, mais puisque l'heure est aux cadeaux. . .
De nouveau, il ouvrit la mallette gravée de ses initiales, pour en sortir un paquet de taille moyenne excessivement enrubanné :
- Bon anniversaire Harry, de la part de chaque membre de l'Ordre du Phénix ! Inutile de dire que c'est Tonks qui a tenu à se charger de l'emballage.
- Ca reste sobre à côté des œuvres de Dobby ! Répondit-il en riant. Merci d'y avoir pensé !
Enlevant patiemment chaque ruban entourant le colis, il découvrit finalement un nouveau livre, d'une épaisseur raisonnable, à la couverture de cuir rigide refermée par un cordon effiloché. Le titre était à peine visible, les lettres semblaient avoir été ternie par le temps, mais Harry lut néanmoins : Le guide basique de l'Auror apprenti. Plusieurs marque-pages avaient été placés aux chapitres clés de l'œuvre : Sur la première étiquette était indiqué « Pitiponks, Strangulos et autres retardements répandus » mais, en l'ouvrant à la page indiquée, il y découvrit un contenu pour le moins étonnant : non pas des mots, mais toute une panoplie d'objets répertoriés selon leur fonction, potions médicinales, ingrédients divers ou liste de formules d'usages, relatifs à chaque créature du chapitre. Le fond semblait une vingtaine de fois plus profond que ne le laissait penser la largeur de l'ouvrage, et le contenu changeant à chaque partie n'était pas sans rappeler le système de rangement façon Maugrey fol œil.
- Il est passé dans de nombreuses mains depuis Alnath Wiselder, son premier auteur. Chaque personne l'ayant possédé par la suite y à ajouter ses propres chapitres. Le professeur McGonagall a sous-entendu qu'il s'agirait probablement du cadeau idéal dès qu'elle a appris tes résultats aux examens. Tu nous avais caché que tu envisageais de devenir Auror !
- Disons que c'était le professeur Maugrey, enfin, plutôt le fils Croupton qui m'avait conseillé d'y penser. C'était une idée, mais en voyant les critères de recrutement, j'ai vite déchanté ! Jamais je n'aurais pensé obtenir autant de BUSE !
- On croirait entendre Lily ! S'écria Lupin en riant. Mais tu dois en avoir assez que l'on te répète à quel point tu ressembles à tes parents non ?
- Pas de la part d'une personne les ayant vraiment connu. Affirma Harry. Maman était bonne élève ?
- Probablement du même niveau qu'Hermione, mais sans aucune confiance en elle ! Je crois d'ailleurs que, même si c'était aussi une des choses qui l'agaçait le plus chez lui, elle a toujours admiré James pour son assurance. Elle était bien plus mature que nous, c'est sans surprise qu'elle est devenue préfète en chef. Un vrai modèle pour les Serdaigle !
- Ah bon ? Je pensais que vous étiez tous des Gryffondor ! Quels étaient. . .
Il ne pût achever sa phrase, coupé par le rappel à l'ordre de Mrs. Figg
- Regardez l'heure ! Vous allez finir par être en retard !
Elle jeta une généreuse poignée de la poudre grisâtre dans le feu ardent, qui prit aussitôt la teinte émeraude attendue :
- A toi l'honneur Harry. L'invita Lupin
Avec cette appréhension habituelle, comme toutes les victimes du mal de cheminée, il se glissa dans l'âtre de pierre en y faisant entrer du mieux qu'il pouvait son énorme valise, et déclara le plus distinctement possible.
- 12, Square Grimmaurd !
Bien que le trajet ne dure pas plus d'une minute au plus, il lui parut aussi long et désagréable qu'à l'accoutumée. Protégeant son visage de ses bras en prévoyant l'arrivée douloureuse, il essaya d'ignorer son maigre déjeuner qui tentait résolument de remonter son œsophage à chaque station !
Il parvint finalement, tant bien que mal, à destination, dans un nuage de suie et un atterrissage en roulade.
- T'as fait bon voyage ?
Toussant le charbon qu'il avait avalé, il leva un œil vers le jeune homme, debout devant lui, qui le regardait d'un air amusé. Mesurant dans les 1m90, il avait le visage rieur, constellé de taches de rousseurs si nombreuses qu'elles laissaient croire qu'il revenait des îles, et des cheveux courts d'une couleur flamboyante en parfait contraste avec ses yeux azurés.
- Je crois que tu t'y feras jamais mon vieux !
Il lui tendit une de ses mains un peu pataudes pour l'aider à se redresser, alors qu'Harry tentait de s'épousseter du mieux qu'il pouvait.
- Ron, explique-moi. . . ça fait seulement un mois que je t'ai pas vu et j'ai l'impression que t'a encore pris dix centimètres ! Je suis jaloux ! Plaisanta-t-il d'une voix boudeuse
- Arrête un peu, je te les donne volontiers ! Fred et George me chambre suffisamment avec ça !
- T'as raison, plains-toi ! Au fait, merci pour la montre et la carte !
- Héhé ! Lorsque j'ai dit à mon père à quel point tu t'intéressais à cette horloge, il en a été très flatté, et m'a proposé de t'en ensorceler une en modèle réduit!
Sur ce, Lupin arriva à son tour avec nettement plus d'aisance que son ancien élève.
- Ah ! Je vois que les enfants Weasley sont déjà arrivés.
- Ginny voulait absolument qu'on vienne avant Harry pour l'accueillir et c'est évidemment elle qui est en retard ! C'est bien une fille ! Au fait. . .
Il fut interrompu par le crissement bruyant des premières marches de l'escalier, précédent l'entrée d'une créature à la laideur repoussante. Son dos semblait voûté par les années et sa maigreur était frappante, sa peau trop grande pour lui donnant une impression de flottement sur ses membres cagneux, mais sur son visage informe, ses yeux, profondément encastrés dans leur orbite, brillaient de malice.
- Ils sont revenus souiller cette demeure ! Le grand dadais rouquin, l'enfant maudit et le loup-garou apprivoisé. Ah ! Comment en sommes-nous arrivés là ? Si Madame savait cela, si elle le savait. . . Marmonna-t-elle avec horreur en chiffonnant nerveusement le torchon dont elle était affublée, avant de reprendre d'un ton mielleux : Le jeune maître est enfin de retour ? C'est toujours une joie de vous voir !
- TOI ! Espèce de déchet ambulant !! Tu dois être encore plus atteint qu'il n'y parait pour oser te montrer face à moi !! Tonna Harry d'une voix menaçante.
- Harry, calme-toi s'il te plait. . . Reprit Lupin d'une voix douce. Je comprends ta colère mais essaie de la contrôler, n'oublie pas que tu es son nouveau maître à présent.
- Que je me calme ? Alors qu'il a activement participé à l'assassinat de Sirius !? Je ne veux même pas de cette chose pour esclave !! Attends un peu que je déballe mes affaires, et je te ferai cadeau d'un vêtement suffisamment laid pour avoir appartenu à mon cousin, ça t'ira comme un gant sale traître!
- Le jeune maître a beaucoup d'humour, il ne peut penser sérieusement ce qu'il avance ! Bredouilla Kreattur d'un ton mal assuré.
- Non, Harry ! Tu sais bien qu'on ne peut pas faire ça ! Le libérer serait beaucoup trop risqué.
- Et pourquoi pas ? La servitude ne l'a pas empêché de nous trahir une fois ! Alors dis-moi Kreattur, comment se porte ta chère Bellatrix en ce moment ? Lorsque tu la reverra, rappelle-lui de bien profiter de sa liberté, parce qu'elle ne tardera pas à rejoindre ses petits copains à Azkaban ! Elle y a déjà une chambre réservée je crois !
- Comment ce sale gamin ose t-il parler de Madame avec une telle familiarité ? Une si grande sorcière ! Le sort de son cousin indigne ne lui a-t-il pas montré le traitement qu'elle réservait aux audacieux stupides ? Songea-t-il dans un grognement parfaitement audible.
Ce fut cette fois ci avec toute la force de leurs bras que Lupin et Ron durent retenir Harry, s'élançant déjà sur l'elfe décharné pour lui exprimer toute sa hargne et son dégoût.
- Lâchez-moi !! Ce truc répugnant n'aura que ce qu'il mérite !
- Ca suffit, Harry ! Gronda son professeur d'une voix tonitruante. Qu'est-ce que ça t'apportera de te venger sur cet elfe ? Ce n'est pas ça qui apaisera ta peine ou ramènera Sirius !
Ces derniers mots raisonnèrent bruyamment dans l'esprit perdu du jeune homme. . . Non seulement parce que c'était alors la première fois qu'il entendait Lupin, habituellement si serein, hausser la voix, mais aussi parce que, plus que de la colère, il s'en dégageait une douleur mal contenue, celle-là même qu'il ressentait au fond de lui. . . C'était vrai. . . Ce n'était pas ça qui ramènerait Sirius. Aucun sortilège, si puissant soit-il, ne le pourrait. . . Il prit alors une profonde respiration, comme pour ravaler toute sa colère, demandant d'un ton glacial.
- Je suis ton nouveau maître n'est-ce pas ? Alors voici mon premier, et mon dernier ordre : ne te présente plus jamais devant moi. Retourne donc au fond de ta tanière avec tes précieux trésors et reste-y à te lamenter sur la disparition prochaine de Mrs. Bellatrix Lestrange.
Sur ce, sans prêter attention aux grognements de l'elfe quittant la pièce, il se retourna vers Ron de l'air le plus détaché possible.
- Tu disais ?
- Hein ? Euh. . .Je ne sais plus. . . Répondit-il avec surprise, étant pris au dépourvu. Ah si ! Le notaire est arrivé il y a environ une demi-heure. Il m'a chargé de vous dire qu'il vous recevrait dans les appartements de Mrs. Black.
- Très bien, merci Ron. Reprit Lupin de sa voix professorale, Harry, tu devrais monter tes affaires dans ta chambre. Je pense qu'il doit déjà nous attendre.
Quittant la pièce en traînant sa malle surchargée, il ne manqua cependant pas le clin d'œil que lui adressait le jeune Weasley en levant le pouce, auquel il répondit d'un vague hochement de tête confiant.
OoOoOoOoOoO
Le numéro 12 Square Grimmaurd n'était plus en rien comparable avec ce qu'il était encore quelques semaines auparavant. Jamais la vieille demeure ne lui parût plus insalubre : chaque élément du mobilier avait été entièrement recouvert d'étoffes d'un blanc maladif donnant à l'atmosphère des lieux quelque chose de fantomatique, comme un paysage d'outre tombe, ce que renforçait l'odeur acerbe d'une propreté presque malsaine. Elle avait perdu ce petit rien de familier, de chaleureux qu'avait su lui apporté Sirius. Et pourtant, il semblait à Harry qu'il pourrait le voir entrer dans la pièce d'un moment à l'autre, en éclatant de son rire si particulier, en chantant des cantiques de fêtes ou en bougonnant contre les autres membres, trop prudents à son goût. Mais la résidence restait toujours aussi vide et silencieuse. . .
- C'est ici.
Ils étaient face à une étroite porte d'un bois massif luisant, sculptée de longues figures asymétriques d'aspect dérangeant.
- Quelle pièce est-ce ? Demanda Harry qui n'avait jamais eu l'occasion de toutes les visiter.
- Il me semble qu'il s'agissait du boudoir de Mrs. Black. Mais connaissant le personnage, j'ignore ce qui s'y déroulait vraiment. . .
- J'imagine.
- Elle est protégée par mot de passe. Ca n'a pas été évident de le soutirer à son portrait entre deux hurlements, on aurait perdu moins de temps à le deviner !
Il posa sa main sur un anneau rouillé de bronze, faisant probablement office de poignée.
- Imperium !
On entendit un léger déclic, puis la porte coulissa lourdement de côté, laissant apparaître une pièce voûtée obscure.
- Effectivement, vous auriez pu vous en douter ! Souligna Harry avec un léger sourire.
Se glissant sans assurance par cette nouvelle ouverture, ce dernier promena furtivement son regard de façon circulaire, découvrant un cabinet décoré d'un goût indéniablement luxueux : aux fenêtres closes, de longues tentures d'un rouge sombre, brodée d'or par des mains minutieuses, habillaient la salle d'une richesse accentuée par le mobilier de marbre et d'ébène artisanal. Une imposante bibliothèque occupait la moitié de l'espace, contenant autant de vieux livres que de portraits ronflants, enfermés ici depuis si longtemps qu'ils n'avaient pas jugé nécessaire de sortir de leur hibernation. Au centre, un bureau surchargés de dossiers étalés en désordre sur toute sa largeur, devant lesquels se tenait un être minuscule, éclairé par la faible lueur d'une seule chandelle. Debout sur la chaise pour parvenir à regarder par-dessus les documents, il observait Harry avec froideur derrière ses minuscules besicles. Il n'avait rencontré de telles créatures qu'en un seul lieu : Gringotts Bank. Mais connaissant leur inflexibilité, il ne s'étonna pas que les gobelins soient d'aussi compétents comptables que notaires.
- En de telles circonstances, j'aurais espéré plus de ponctualité de votre part Mr. Potter. Lui reprocha-t-il d'un ton sec.
- L'entretien n'était pas fixé à 10h30 ? S'étonna Harry
- C'est juste, et il est 10h34. Rétorqua-t-il avec raideur, en entreprenant le rangement des divers documents pour libérer de l'espace.
Avant que celui-ci ne disparaisse dans un des nombreux tiroirs dissimulés du secrétaire, Harry aperçu sur l'un des parchemins des mots dont le sens lui était inconnu « A sa base, l'ardens unci, plus connue sous le nom de. . . » . . .« calmer les flots glacés propre à la nature du reptile, ainsi que l'avait conçu…», à en croire la consonance il devait s'agir d'une langue romane supposa-t-il. Ce qui l'interpella surtout fut la griffe particulière de son sceau, divergente de celles inscrites sur les autres documents. . . Cette frappe singulière, il cru l'avoir déjà aperçue quelque part mais il lui fut alors impossible de se rappeler où...
- Qu'attendez-vous ? Veuillez-vous asseoir, nous avons beaucoup à faire.
Lupin lui accorda un signe encourageant de la tête, et le jeune homme s'exécuta. Ne sachant que faire de ses mains, il les mit successivement sur ses genoux, croisées derrière la chaise, pour finalement les poser sur le bureau, enlaçant ses doigts avec nervosité.
- Bien, avant d'estimer avec vous la liste de vos lègues, je dois en premier lieu vous poser quelques questions d'ordre civil.
- Euh. . . Très bien. . .
- Vos nom, prénoms, date de naissance et adresse résidentielle ?
- (Jusque là, c'est facile. Songea-t-il rassuré) Potter, Harry James, 31 Juillet 1980 et (il fit une légère grimace) 4, Privet Drive Little Whinging, Surrey
- Votre taille, poids et pointure
- (A quoi ça va leur servir ?) 1m73, 60kg, 41. . .je crois.
- Votre écart pollexial ?
- Pardon ?
- 182 mm. Répondit pour lui Lupin, en lui montrant sous la table l'espace entre son pouce et l'extrémité de son index
Devant son air perplexe, il mima aussi discrètement un mouvement de baguette magique.
- C'est conforme à mes renseignements. Vous êtes actuellement sous la tutelle de Mr et Mrs. Dursley Vernon et Pétunia, c'est exact ?
- Malheureusement. Soupira-t-il
- Pourquoi ne sont-ils pas ici ?
Pour toute réponse, l'ancien professeur lui tendit un minuscule parchemin que le gobelin parcouru rapidement, avant de lever vers lui un regard suspicieux.
- Et pourquoi n'est-elle pas venue en personne ?
- Excusez-moi, mais cette attestation devrait vous suffire et ne nécessite pas d'autres justificatifs. Rétorqua-t-il avec obligeance.
La créature fronça les sourcils et rangea la note dans un dossier d'un air hautain, alors qu'Harry observait Lupin avec incompréhension, mais celui-ci ne lui rendit pas son regard, fixant avec la même fermeté le gobelin.
- En effet, puisqu'elle vous délègue son autorité pour cette affaire, nous pouvons donc commencer. Je crois que vous avez déjà pris connaissance du contenu de votre héritage Mr. Potter ?
- Euh. . . oui. Reprit-il en sortant le parchemin qu'il avait à peine survolé le matin même.
- Alors, je serai bref, veuillez dater et signer au bas dans l'espace réservé s'il vous plait.
Puis ouvrant un tiroir situé sur sa droite, le gobelin en tira une petite boîte de velours pourpre ressemblant à un écrin, sur lequel était frappé une insigne qu'il ne connaissait que trop bien.
- Le Ministère de la Magie vous prie d'accepter ses plus sincères excuses et condoléances. Déclara solennellement le notaire en déposant le coffret.
Harry le saisit avec précaution sans réellement comprendre. Le visage de Lupin restait invariablement neutre, et il ne put y lire aucune réponse. Il se décida alors à l'ouvrir sans plus de mystères.
- Mais. . . Mais. . . C'est. . . Ce n'est pas. . . Si ?
Soigneusement fixée sur un coussin satiné, était posée une médaille semblant d'or d'une valeur inestimable, représentant une sorte de croix orthodoxe sur laquelle se croisaient deux sceptres enveloppés de ce qui devait être des ailes de phénix, comme une protection divine. Cette décoration ne lui était pas inconnue, il l'avait déjà aperçue dans le bureau de Dumbledore.
- A titre posthume, en récompense de son courage et de sa loyauté exemplaire, j'ai l'honneur de remettre à Mr. Sirius Illias Black, Auror diplômé d'état, l'Ordre de Merlin, première classe, dont il aurait du être décoré il y a 15 ans de cela, et pour lequel il nous a à nouveau prouvé son mérite en ses dernières heures.
Il aurait été difficile de définir réellement l'expression du visage d'Harry à cet instant. . . Lupin cru voir ses doigts se crisper sur l'écrin avec fermeté et ses yeux se plisser légèrement comme si ce qu'il y voyait l'éblouissait. Après une minute interminable de silence où il n'avait pas quitté la récompense des yeux, il referma le coffret d'un geste vif, le jetant violemment sur la table avant de se redresser brusquement.
- Vous vous trompez. . . Ce n'est pas à moi qu'il revient. Désolé, mais je n'accepte ni les excuses du Ministère, ni cet insigne.
- Mr. Potter ! Vous ne pouvez refuser, vous êtes son unique héritier, il vous revient de droit !
- De droit ? Décidément, vous ne comprenez rien de ce qui échappe à vos lois ! Vous parlez au nom de Fudge ? Eh bien dites-lui ceci de ma part : Vous pensez peut-être effacer 15 ans de persécution et une mort avec vos belles paroles ?! Sirius doit bien rire en voyant qu'il est encensé aujourd'hui par ceux qui lui ont volé sa vie !
- Comment osez-vous ?
- C'EST VOUS QUI L'AVEZ TUE !! Avec votre si belle justice, en le condamnant sans procès en la mémoire d'un pauvre petit meurtrier ! Vous qui l'avez pourchassé pendant trois ans en refusant de vous rendre à l'évidence parce qu'elle déstabiliserait votre système soi-disant parfait ! Et comble de l'ironie, c'est au Ministère qu'il a. . .
- Harry. . . Murmura Lupin.
Sans s'en rendre compte, il avait laissé coulé les larmes qu'il avait cachées si longtemps. Prenant une profonde inspiration pour calmer son timbre, il reprit d'une voix tellement rauque que ses mots devenaient à peine perceptibles.
- Il ne vous doit rien, et moi non plus. Gardez vos boniments, cette médaille est une insulte à sa mémoire.
Sans attendre de réponse, il sorti de la pièce d'un pas rapide, claquant la porte derrière lui. Il se dirigea à grandes enjambées au dernier étage de la demeure pour y retrouver Buck, n'ayant aucune envie que Ron ne le rencontre dans cet état s'il retournait dans sa chambre. Il regrettait déjà de s'être donné ainsi en spectacle devant Lupin, mais se sentait néanmoins déchargé d'un poids trop pesant, même si ce ne fut directement face au Ministre.
Entrant dans la pièce, il n'oublia néanmoins pas les convenances qui s'imposaient, s'inclinant poliment face à l'hippogriffe méfiant, qui lui rendit presque aussitôt son salut.
- Tu dois t'ennuyer terriblement ici.
Pour réponse, l'animal poussa un petit « kaak ! » aigu
- Il n'y a plus aucune raison pour toi de rester enfermé ici, tu devrais pouvoir retourner dans la forêt interdite ! C'est Hagrid qui s'occupe de toi maintenant ?
- Kaak kaak !
- C'est bien que tu aies retrouvé ton ancien maître hein ?
Buck s'ébouriffa en secouant son plumage, et fit un nouveau « kaak » mais sa tonalité était plaintive. Harry caressa doucement son bec puissant.
- Oui, à toi aussi il te manque. . .
Cette petite conversation fut interrompue par trois coups répétés à la porte, qui s'entrouvrit sur le visage amical qu'il avait quitté cinq minutes auparavant.
- Harry, je peux rentrer ?
Ce dernier hocha la tête en guise de oui.
- Pourquoi n'avez-vous pas directement transplané ?
- J'aurais compris que tu préfères rester seul.
- Non. . . Je. . . J'aurais préféré vous épargner cette scène à vrai dire.
- A ta place, j'aurais été bien plus virulent ! Avoua-t-il. Tu as agi de façon beaucoup plus modérée que je ne l'imaginais !
- Il y aura des suites ?
- Ce n'est pas ce qui me tracasse le plus…Tu as signé ce parchemin, le reste n'est que de la politesse d'usage du moment qu'ils ont leurs dossiers à jour !
- Alors, qu'est-ce qui vous ennuie ?
Il s'assit de l'autre côté de l'hippogriffe après lui avoir accordé un signe de tête courtois.
- Avant tout, juste un détail qui me turlupine, pourquoi me vouvoies-tu toujours alors qu'on se connaît maintenant depuis, combien, 3 ans ? Pour ma part, j'ai abandonné cette convenance dès que j'ai donné ma lettre de démission à Dumbledore ! S'exclama-t-il avec un sourire chaleureux.
Harry l'observa abasourdi, surpris dans un premier temps par cette allusion inattendue, mais aussi parce qu'il venait lui-même de s'en rendre compte
- Tiens, c'est vrai ! C'est le fait de vous avoir eu. . .
- De quoi ?
- De 't' 'avoir eu – pardon – comme professeur je suppose, un réflexe de peur de 'te' manquer de respect 'Remus' ! Reprit-il en insistant sur les compléments et le nom. Ah ! Ca fait bizarre non ?
- Je trouve ça beaucoup plus naturel au contraire ! Conclue-t-il satisfait.
- Mais je ne pense pas que ce soit uniquement de cela dont tu voulais me parler, si ?
- Non, j'avoue. . . En fait, je crois deviner que le Ministère n'est pas le réel problème. Il y a autre chose n'est-ce pas ?
Sans répondre, Harry replia ses jambes contre sa poitrine et posa sa tête sur ses genoux, sans quitter le sol des yeux. Autre chose ? Non, tout était de la faute de Cornelius Fudge et de son gouvernement ! Rien de tout ça ne serait arrivé s'ils avaient fait preuve de plus de discernement, s'ils avaient su se remettre en question. . . mais, cela n'était-il pas aussi valable pour. . .
- Moi. Répondit faiblement Harry. Je déteste Fudge, Ombrage, et tous ces membres corrompus du Magenmagot. . . Mais celui que je déteste plus que tout, c'est moi. Je suis aussi responsable qu'eux. Moi aussi, j'ai douté de Dumbledore, ses conseils m'exaspéraient. J'étais persuadé d'être le seul à comprendre ce qui se passait vraiment, à pouvoir agir, et j'ai négligé les cours d'Occlumencie en sous-estimant Voldemort. Hermione avait raison, cette manie de vouloir jouer aux héros s'est toujours retournée contre moi en fin de compte, parce que j'ai toujours cru avoir quelque chose à prouver pour justifier ma célébrité.
Il marqua un silence que Lupin n'interrompit pas. Il l'écoutait avec la même patience qu'un prêtre lors d'une confession, et Harry semblait avoir cette même impression, une volonté d'avouer tout ce qu'il avait sur le cœur depuis longtemps.
- On m'acclame pour avoir été l'unique survivant de Voldemort étant bébé, mais ce fut au prix de la mort de mes parents, moi je n'ai rien fait. . . Si j'ai remporté la Coupe de Feu, c'est uniquement parce que celui qui la méritait vraiment a été tué sous mes yeux, sans que je puisse rien faire d'autre que ramener son corps sans vie à sa famille. Et ce matin, on me remet l'Ordre de Merlin en mémoire de Sirius, parce qu'encore une fois, quelqu'un s'est sacrifié pour protéger ma petite personne ! Je ne fais que récolter les honneurs pour ce que d'autres ont fait pour moi, et ça je ne le supporte plus. Trop de personnes pensent que je me complais dans cette situation, mais j'échangerais volontiers cette réputation contre toutes les vies qui ont été volée pour la construire. Qui voudrait d'une telle notoriété ?!
- Beaucoup de personnes Harry. . . Répondit calmement le professeur. Beaucoup de personnes n'ayant pas ton intégrité. C'est une qualité rare qui pourrait justifier ta renommée. . .
Le jeune homme secoua la tête d'un signe négatif, sans rien ajouter.
- Ne sois pas si dur avec toi-même. Tes parents, ton parrain étaient conscients de ce qu'ils faisaient, tu n'as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit.
Il marqua une pause, comme s'il lui était aussi était aussi difficile de prononcer les mots qui suivirent, qu'à Harry de les entendre
- Sirius le disait lui-même « Il y a des choses pour lesquelles cela vaut la peine de mourir. », et je pense que pour lui, ta vie était la meilleure raison possible.
- C'est. . . tellement injuste. C'est même. . . de l'égoïsme vis-à-vis de ceux qui restent !
- Oui, mais c'était son choix. Lorsqu'il a su où tu étais, il lui était tout simplement inconcevable de rester à l'écart. . . Tout comme toi, en te rendant au Département des Mystères, tu étais prêt à faire la même chose pour lui.
- Tout ce que j'ai réussi à faire, c'est mener à une mort quasi certaines mes plus proches amis. . . Plus jamais, jamais, quelqu'un ne risquera sa vie pour moi !
- Cela n'arrivera que le jour où il ne se trouvera plus personne pour t'aimer, et il est loin d'être arrivé, je peux te l'assurer. Lui dit-il d'une voix faussement désolée.
Harry le regarda avec étonnement, et se surpris à sourire face à cette remarque imprévue. Lupin se releva d'un mouvement agile, secouant le bas de sa robe pour en faire partir les brins de pailles encore accrochés, et se retourna vers le jeune homme avec un air étrange.
- Il y a quelque chose que je voudrais te montrer. Je pense que ça devrait te plaire !
OoOoOoOoOoO
En basculant, la trappe grinçante éleva un nuage de poussière presque opaque embrumant plus qu'il ne l'était déjà l'endroit qu'elle dissimulait.
- Où sommes-nous ? Demanda Harry, glissant sa tête hors du sol par la petite ouverture.
- Sous les toits. Répondit en toussant le professeur, légèrement courbé pour ne pas se cogner aux poutres de bois d'un état douteux.
- Et c'est vraiment solide ? S'inquiéta-t-il alors que le parquet grinçait dangereusement sous ses pas.
- Ca devrait tenir si on regarde où on met les pieds. Assura Lupin. Lumos
A la lumière de la baguette, faiblement accentuée par les rares rayons de soleil pénétrant à travers une faîtière tachée par les intempéries, Harry aperçu un amoncellement de cartons et de malles accumulés sous la plus basse partie du grenier délabré
- Qu'est-ce que c'est ?
- Ce pourquoi tu es venu ici Harry. Répondit simplement le professeur. Ces paquets contiennent les affaires personnelles de Sirius. Elles lui ont été restituées en début de semaine.
- Ses affaires personnelles ?
- Il t'avait dit qu'il avait quitté la maison familiale vers l'age de 16 ans non ? Bien sur, elles ont été saisies lors de son arrestation, et son appartement a été vendu quelques semaines plus tard. . . Expliqua-t-il avec rancœur.
Apprendre qu'il était devenu, depuis bientôt une heure, le propriétaire de Square Grimmaurd et de son histoire n'avait provoqué chez Harry qu'une profonde indifférence, mêlée même d'un certain dégoût. Mais, ce qu'il avait alors sous les yeux n'avait pas de prix, en dépit de toutes les richesses des Black. Avec précaution, il entreprit de défaire le premier paquet se présentant à lui, encore solidement fermé
-A quoi ressemblait-il ? Demanda-t-il soudain, en observant un rappeltout cassé.
- Quoi donc ? Questionna Lupin, examinant le contenu avec lui.
- Son appartement.
- Pas très grand, mais c'était chez lui. Raconta-t-il avec un sourire nostalgique. Il n'y avait que 3 pièces, et malgré ça, il entretenait constamment un désordre incroyable, poussant presque à l'admiration lorsqu'il arrivait à retrouver les clés de sa moto rangées selon sa logique dans les serviettes de bain ! Comme il habitait au centre ville de Londres, il l'avait aménagé de la façon la plus moldue possible, même si le résultat n'était que moyennement convainquant ! Je me souviens qu'en se procurant ce qu'on appelle une télévision je crois, un vendeur l'avait convaincu d'acheter une conforte de jeux !
- Une console ? Tenta Harry
- C'est ça, mais elle n'a pas duré longtemps ! Lorsqu'il a voulu y initier James, il était tellement furieux d'avoir perdu à un jeu de course qu'il a jeté un sort d'expulsion sur la machine !
Harry éclata de rire, obligé d'admettre que c'était une réaction humaine qu'il avait déjà expérimentée lorsqu'une voiture envoyait la sienne dans le décor à 2m de la ligne d'arrivée. (N/A : on sent le vécu ?! ;-)
- Il avait un journal ? Songea à haute voix Harry, en sortant un carnet usagé fermé d'un petit cadenas. Alohomora !
- Non !! Ne l'ouvre pas c'est. . .
Une sorte de balle, ressemblant davantage à une pomme de terre, jaillît de ce qui était en fait sa boîte, et se mit à rebondir dans tout les sens à travers la pièce, accumulant sur son passage les trous au plafond et planché, menaçant à chaque coup de s'écrouler pour de bon. Au moment où elle fonça sur Harry, celui-ci l'esquiva de justesse par réflexe, et bondit littéralement sur elle avant qu'elle ne reparte, la coinçant avec difficulté entre ses bras et son abdomen.
- . . .Un cognard. Termina Lupin d'une voix désabusée, alors que Harry tentait de le ranger avec difficulté.
- Qu - Qu'est ce qu'il faisait avec ça ?!! S'écria t-il le souffle coupé.
- Comment dire. . . Commença le professeur gêné. C'était une vengeance relativement méritée.
- Mais encore ?
- En fait, Severus possédait un carnet similaire à celui-ci, sur lequel il se donnait du mal pour regrouper des arguments visant à nous faire renvoyer chaque fois qu'il nous apercevait faire une entorse au règlement. . .
- Ce qui devait arriver souvent. Commenta Harry avec un début de sourire
- Hmm, et donc, Sirius a eu l'idée de créer cette boîte pour l'échanger contre ce fameux carnet, histoire de lui faire la 'surprise', et de jeter un coup d'œil à ce qu'il racontait sur nous. Mais l'expérience a tellement bien fonctionné, (James et lui s'étaient débrouillés pour lui donner une raison de l'ouvrir pendant un cours de métamorphose) qu'ils la réitéraient aux moments où il s'y attendait le moins !
Harry dut faire un effort surhumain pour ne pas éclater de rire en imaginant la réaction du professeur McGonagall, et conserver un visage désapprobateur face aux persécutions arbitraires de son père et de son parrain sur son maître de potions.
- Ce que je voulais dire, reprit-il le plus calmement possible, c'est comment il avait réussi à se procurer ce cognard ?
- Tout simplement parce qu'il jouait lui aussi dans l'équipe de Quidditch !
- C'est vrai ?! S'exclama Harry abasourdi.
- Tu n'étais pas au courant ? Au poste de batteur bien sur ! Il était plutôt doué d'ailleurs, mais avait une certaine tendance à renvoyer les cognards sur les spectateurs de Serpentard qui essayaient de déstabiliser ton père !
Harry esquissa un sourire amusé mêlé d'un certain regret. Que n'aurait-il pas donné pour assister à un de ces matchs ?
- Ce carton là contient les bulletins scolaires. . . Indiqua Lupin en ouvrant un deuxième.
- Wow !! Il. . . Il avait Optimal presque partout ! Constata Harry admiratif. Je ne savais pas qu'il était aussi studieux !
- Lis plutôt les appréciations du conseil des professeurs. Lui conseilla le professeur d'un air détaché
- Hum. . . « Elève indiscipliné, perturbe ses camarades et estime que le règlement intérieur ne s'applique pas à lui. Néanmoins, des résultats toujours aussi excellents, ce qui relève presque de l'insolence lorsque l'on voit l'ardeur (pour ainsi dire inexistante) qu'il met dans son travail ! Professeur Principal : Minerva McGonagall »
- Il sautait toujours la théorie pour aller directement à la pratique, en se promenant dès qu'il en avait l'occasion dans la forêt interdite pour tester ses sortilèges ! Sans parler de la période où il est devenu animagus. . .
- Runes ? Vie des Moldus ? Pourquoi avait-il pris ces options ?! Demanda Harry perplexe en feuilletant les carnets scolaires.
- Parce qu'il ne s'intéressait vraiment qu'aux matières relatives à la formation d'Auror. Pour le reste, il a simplement suivi James qui lui-même cherchait toujours à s'inscrire dans les mêmes cours que Lily, et espérait apprendre comment lui plaire en étudiant ses origines !
- Peine perdue, elle ne le supportait pas ! Comment se fait-il qu'ils soient sortis ensemble en septième année ?
- Dans une relation amoureuse, être détesté, c'est déjà un début prometteur ! Au moins, on ne laisse pas la personne intéressée indifférente. . .
- Papa et Sirius étaient les plus populaires de Poudlard, ils n'avaient pas besoin de faire les pitres pour se faire remarquer !
- Détrompe-toi ! C'était justement sa célébrité qui déplaisait à Lily ! Elle n'avait pas l'exclusivité puisque toutes les élèves lui couraient après : prétendre le détester, c'était sa façon à elle d'attirer son attention ! Et crois-moi, pour Sirius, ce n'était guère mieux!
- Vous plaisantez ? Dans la salle d'examen, je ne sais combien de filles avaient les yeux rivés sur lui !
- Et il s'est toujours appliqué à leur témoigner la plus grande indifférence ! Compléta le professeur. A vrai dire, je me demande même s'il les a jamais remarqué !
- Sérieusement ? Il n'en profitait pas ? Il y a bien eu une exception non ? Supposa Harry.
A cette question, Lupin se donna une seconde de réflexion, puis étouffa un petit rire avant de reprendre :
- Si on peut dire, en dernière année. . .
- Haha ! Je le savais ! Il ne m'en a jamais rien dit ! S'écria Harry soudain intéressé.
- Disons que les choses étaient assez. . .compliquées. Un coup de foudre dans le mauvais sens du terme d'une certaine façon, mais quelque soit la nature des sentiments de Sirius, attirer son attention à l'époque relevait déjà de l'exploit si l'on ne s'appelait pas James Potter !
- Qu'est-ce que tu veux dire par « dans le mauvais sens du terme » ?
- Des rivaux déclarés : leur relation a été pour le moins agitée, ils ne manquaient jamais une occasion de se provoquer, même s'ils n'en arrivaient jamais au même point qu'avec Severus, ça restait plus subtil. . . Je ne sais pas combien de retenus ils ont du faire ensemble !
- Pourquoi se détestaient-ils à ce point ?
- Je n'ai jamais dit qu'ils se détestaient ! C'était une personne vraiment spéciale - peut-être trop ? – et Sirius était beaucoup plus difficile à cerner que James, qui affichait toujours ses sentiments hauts et clairs. Ca a toujours été vrai, aujourd'hui encore, même envers ses proches. . .
Bien qu'Harry ne comprit pas vraiment où il voulait en venir, il ne pouvait qu'acquiescer ses dires d'une certaine façon : il tentait de lire entre les lignes sur le visage du professeur, laissant transparaître à cet instant une expression étrange qu'il n'aurait su décrire. L'explication ne vint cependant pas, l'homme loup reportant son attention vers un autre paquet encore cacheté.
- Tiens ! Je ne savais pas qu'il avait une pe. . . Commença Lupin en découvrant son contenu.
- Quels étaient les parchemins que regardait le notaire avant mon arrivée ? Coupa brusquement le jeune home alors que cette idée lui traversait l'esprit.
- Oh, les documents officiels de routine je suppose. . . Répondit-il d'une voix absente.
- Il m'a pourtant semblé apercevoir quelques mots en langue étrangère sur l'un d'eux. . .Du Français peut-être ?
- Il n'y a rien d'étonnant, les origines de la famille Black remonte au XIème siècle environ, à l'époque où le Français était devenue la langue officielle usitée par la haute noblesse, suite de l'invasion Franco-normande.
- Si loin que ça ?
- Bien sûr ! N'oublie pas qu'il s'agit de la noble et très ancienne Maison des Black « Toujours pur» comprendre « Still pure » en anglais
- Ca reflète bien l'état d'esprit familial. . . J'ai cru reconnaître des mots transparents, il était question de reptile je crois, et un nom en latin, Ardens quelque chose. . .
A cette remarque, l'expression rieuse du visage de Lupin sembla se faner un instant. N'abandonnant néanmoins pas son sourire, il reprit d'une voit si détachée qu'elle en perdait son naturelle.
- Des documents sans grande importance, n'y fait pas attention. . .
OoOoOoOoOoO
- Apparemment, ce notaire avait beaucoup à dire ! Remarqua Ron, alors qu'Harry refermait derrière lui la porte de ce qui leur avait servit de chambre l'année précédente. Plutôt rare pour un gobelin, il a du dépasser son quota de vocabulaire pour l'année !
- Dis donc, tu fais la même tête qu'en sortant d'un examen sur l'utilisation des larmes d'Eskuriax ! Qu'est-ce qui pourrait te rendre le sourire mon petit Harry ?
Cette question fut posée par la jeune fille assise aux côtés de son frère, de deux têtes environ plus petite, dont la chevelure dense possédait cette même couleur rousse propre aux Weasley.
- J'ai l'air si dépité que ça Ginny ?
- Je dirais songeur plutôt. . . Encore en train de philosopher sur le sens profond de la vie ? Plaisanta-t-elle
- On ne peut rien te cacher ! Je me demandais comment j'allais m'y prendre pour gouverner le monde ! Répondit Harry en lui rendant son sourire.
- Tu demanderas à Fred et George, ils doivent avoir leur idée sur la question ! Compléta Ron sur le même ton. En attendant, racontes-nous plutôt ce que te voulais cette charmante créature.
- En résumé, une jolie signature et me présenter les plus plates et hypocrites excuses du Ministère.
- Et tu l'as envoyé balader ?
- Je l'ai envoyé balader.
- Une autre réaction n'aurait pas été du Harry ! Qu'est-ce que tu as fait alors pendant tout ce temps ?
- Rien de spécial. Termina simplement le jeune homme.
Sans réellement savoir pourquoi, il n'avait aucune envie de raconter à Ron et Ginny ce qu'il avait pu trouver en découvrant les effets personnels de Sirius. . . C'était un peu comme un jardin secret dans lequel seul les proches de l'ancien Auror pouvait pénétrer, un trésor de souvenirs qu'il ne voulait partager avec personnes d'autre, sinon ceux qui les avait vécus également. . .
- Juste ciel ! Ne pouvez-vous arrêter de babiller pour ne rien dire ? On ne s'entend plus dormir ici ! Maugréa en baillant une voix rauque en provenance du tableau pourtant vide situé au dessus du lit.
- Si notre discussion vous ennuie à ce point, rien ne vous retient ici ! Répliqua Ginny d'un ton sec. Et vous pourriez au moins vous montrer pour geindre !
- Laisse, tous les prétextes sont bons pour se plaindre ! Rappela Ron.
- Et pour vous d'être insolents ! Voilà précisément pourquoi. . .
- . . . J'ai toujours détesté être professeur, on sait. Compléta Harry avec lassitude. Fort heureusement pour les élèves vous ne l'êtes plus depuis longtemps!
- Non mais vraiment ! S'indigna Phineas Nigellus. Quand je pense que toute notre fortune revient entre les mains de ce pauvre petit jacasseur tout boursouflé d'importance, jamais je n'aurais cru depuis Sirius que notre famille puisse tomber plus bas !
- Croyez bien que le jour où les Black ont fait alliance avec des familles telles que les Malefoy ou les Lestrange, ils avaient déjà touché le fond depuis bien longtemps ! Encore heureux qu'il y ait eu quelques exceptions pour faire reluire le blason. Rétorqua le jeune homme avec placidité.
- Je serais curieux de savoir quels antécédents peuvent justifier pareille impertinence et ignorance.
- Ma mère est née de parents moldus si c'est ce que vous vouliez m'entendre dire.
- Voyez vous ça ! Penser que la Griffe sera sous la protection d'un fils de Sang de Bourbe n'a rien de très de rassurant. . .
- La. . . Griffe ?
- Vous l'ignorez donc. . . Connaissant votre caractère impétueux, sans doute auront-ils juger cela plus sage.
- Ils ? Qu'est-ce que vous racontez encore ?
- Faut-il donc tout vous apprendre ? Réfléchissez un peu par vous-même !
- Oh, et puis peu importe, je ne suis pas d'humeur à jouer aux énigmes. Si vous n'avez rien de plus intéressant à dire, retournez donc à Poudlard et transmettez mes amitiés à Dumbledore et Fumseck. Conclut Harry avec impatience.
- Je n'ai nul besoin de votre invitation pour me retirer de cette pièce poussiéreuse ! Se vexa l'ancien directeur avant de se taire définitivement. . .
