N/A - Avant de commencer le plus important les remerciements !! Reviews ou Hibou postal, un grand merci !

A Thealie: Merci !! Je suis ravie que ça te plaise ;-) C'est très gentil de ta part de m'avoir accordé deux petites minutes pour cette review Voilà la suite P



Chapitre IV : Sous la pluie

Comme chaque fois qu'il passait ses vacances en compagnie de son meilleur ami, il sembla à Harry qu'un jour seulement avait du s'écouler entre son arrivée à Square Grimmaurd et la veille de la rentrée des classes. Les semaines d'Août s'étaient écoulées à un rythme effréné, Ron et Ginny ayant eu soin de ne laisser au jeune homme aucune occasion de s'ennuyer, entre les visites quotidiennes au Terrier pour commencer les entraînements de Quidditch durant l'absence des parents Weasley, ou des activités étonnamment moldus, surveillées du coin de l'œil par son ancien professeur, comme le jour où Ginny avait suggéré de se rendre à la piscine municipale après avoir aperçu une affiche publicitaire dans le Times, qu'achetait quotidiennement Harry pour se tenir au courant des dernières nouvelles moldus comme il le faisait chez les Dursley. Cette initiative avait d'ailleurs failli tourner à la catastrophe au moment où Ron avait tenté d'animer une bouée pour s'essayer à une version très personnelle du ski nautique !

Quoiqu'il en soit, Harry n'était pas insensible aux efforts évidents de ses deux amis pour tenter de lui faire oublier les funestes raisons de son retour prématuré dans le monde de la sorcellerie. Aussi, tentait-il de se montrer le plus jovial possible, en dépit de l'ambiance pesante flottant dans la demeure austère, masquant derrière ses éclats de rire une douleur qui ne semblait jamais vouloir cicatriser.

- Vous êtes prêts là-haut ? On dirait que votre chauffeur est arrivé ! Interpella la voix légèrement amusée de Lupin provenant du rez-de-chaussée.

- Qui est-ce que tu traites de chauffeur ? Ca va bien à une nounou de me dire ça ! Grogna une voix rauque familière aux trois adolescents, descendant bruyamment les marches de l'étage quatre à quatre.

- Professeur Maugrey ?! S'étonna Harry, repliant sa liste de fourniture scolaire.

- T'ai-je jamais appris quelque chose pour que tu continues à m'appeler professeur petit ? Bougonna-t-il amicalement.

- Euh… A ne pas mettre ma baguette dans ma poche arrière ? Essaya-t-il avec un sourire d'excuse.

- Content de voir que tu as meilleure mine depuis la dernière fois ! Répondit-il alors que son visage se déformait dans une grimace sympathique – un sourire peut-être ?

- Vous nous escortez au chemin de traverse ? Demanda brusquement Ginny, décidément résolue à ne pas mentionner la fin de l'année scolaire.

- On dirait bien, je crois être le seul à vraiment connaître le code de la route moldu.

- La voiture ? Quelle perte de temps ! Et pourquoi pas la cheminée ? S'étonna Ron.

- Rien de moins sur que ces réseaux là, le ministère y a accentué la surveillance ces derniers mois.

- Je pensais que le problème Fudge était réglé. Marmonna Harry d'une voix doucereuse.

- Evite de lui dire que tu as utilisé la poudre de cheminette pendant tout l'été. Lui recommanda à mi-voix Lupin avant d'ouvrir la porte.

L'automne semblait avoir remplacer hâtivement la douce chaleur de fin de vacances, le temps refusant obstinément de se montrer clément, à la grande satisfaction de Fol Oeil pour ses précautions de camouflage, expliquant que sous l'orage « un parapluie en valait cent autres »… Une voiture également, à en croire les dizaines qui se succédaient dans des embouteillages sans fin aux portes de Londres sous une pluie diluvienne.

- Merveilleux ! Fantastique ! Pourquoi utiliser un transport d'une durée moyenne de deux minutes alors que nous avons deux heures pour le même prix ! Complimenta Ron d'un air sarcastique.

- Encore une remarque et tu deviens auto-stoppeur. Grogna Fol Oeil. Deux minutes peuvent être les dernières que tu vivras si tu es inattentif durant l'une d'elle, tâche de t'en souvenir Weasley.

L'adolescent se contenta de soupirer, connaissant le caractère quelque peu paranoïaque d'Alastor Maugrey.

- Lorsqu'on sera arrivé – si on arrive un jour – Ajouta-t-il pour lui-même, alors que le véhicule n'avançait toujours pas, il faudra en premier lieu se rendre à Gringotts Harry. Reprit Lupin pour relancer la conversation.

- Ah ? Euh, oui, d'accord. Répondit ce dernier d'une voix endormie, observant d'un air absent les gouttes de pluies roulant sur la vitre contre laquelle il était appuyé. Il fallait que j'y passe de toute façon pour faire un retrait.

- Très bien, alors nous en profiterons pour…

Il s'interrompit soudain, coupé par un son pour le moins étonnant : le silence était tombé tout à coup. Les klaxons s'étaient tus, les indignations des automobilistes également… Même la pluie toujours plus abondante semblait se montrer plus discrète. Les larges allés éclairées sur toute leur longueur, et les phares des véhicules s'étaient éteints dans une même seconde, accentuant la pénombre de cette matinée orageuse. C'était un peu comme si le temps s'était figé brusquement…

- Qu… Qu'est-ce qui se passe ? Murmura Ginny d'une voix peu assurée.

- Aucune idée… Répondit Harry. C'est à peine si on distingue la voiture qui est devant nous…

- Une panne d'excentricité ? Suggéra Ron.

- D'électricité. Rectifia Harry. Mais c'est impossible, ça n'affecterait pas les phares des véhicules.

- Lumos ! Incanta Ginny en sortant sa baguette.

- Eteignez ça immédiatement ! Tonna Maugrey en saisissant sa baguette. Nox.

Les trois adolescents détournèrent un regard surpris vers les deux conducteurs, étonnés par l'attitude brusque de Fol Oeil Maugrey et Lupin échangèrent un regard entendu, une sorte de dialogue tacite dont Harry ne parvint à saisir le contenu…

-On fait comme on a dit, il y a trop de moldus pour tenter quoi que ce soit… Commença Lupin.

- Pas besoin d'aller le chercher, il viendra gentiment à nous de lui-même… Grogna Maugrey, alors que son œil artificiel tournait à toute vitesse dans son orbite. Il a toujours aimé ces petites mises en scène !

- La température s'est rafraîchie… Reprit le professeur en se frottant vigoureusement les mains pour les réchauffer, alors qu'une buée se formait à chaque mot prononcé.

- Des détraqueurs ? S'écria brusquement Harry, commençant également à ressentir le froid perçant.

- Quoi ? Les gardiens d'Azkaban ? Reprit Ron abasourdi. Ici ? En plein jour ?

- En effet, quel soleil radieux ! Bougonna Fol Œil dans ce qui se voulait être de l'ironie.

- Mais on ne peut pas laisser faire ça !! S'alarma Harry en attrapant la poignée de la portière. Je vais…

- Tu ne vas nulle part !! Conclurent sèchement ses gardes du corps d'une même voix.

- Qu'est-ce qu'il vous prend ?! Ils sont sous le contrôle de Voldemort ! – Arrête un peu Ron – les moldus sont…

- Réfléchi ! Gronda Maugrey. C'est pas pour te protéger de tes admirateurs que t'as une escorte d'Aurors Potter ! En sortant maintenant, tu te jettes dans la gueule du loup ! S'ils veulent t'avoir, ils devront s'en donner les moyens !

- Ce n'est pas des détraqueurs qu'il faut nous soucier Harry… Renchérit Lupin. Mais de ceux qui agissent sous leur couverture…

- Les mangemorts ?

Il acquiesça d'un signe de tête avant de reprendre.

- Les moldus ne voient pas les détraqueurs, rappelle-toi. Ils ne sont là que pour les maintenir tranquilles, paralysés par une peur dont ils ne connaissent même pas l'origine. Expliqua-t-il calmement à mi-voix. Voldemort n'est pas assez fou pour leur ordonner de passer à l'attaque maintenant, alors qu'il a tout intérêt à se faire discret…

- Comment le savez-vous ?

- C'est sa signature depuis plus de vingt ans. Une façon d'alerter ses futures victimes qu'elles vont mourir ! Déclara Maugrey avec son tact habituel sur le ton de la conversation.

- Ah ben pas de quoi s'inquiéter alors ! Je me sens beaucoup mieux là, merci! Commenta Ron avec une grimace paniquée

La discussion fut interrompue par le cri de Ginny, étouffé immédiatement par la main de Fol Œil. Si prêt, ils ne pouvaient s'y tromper… A la gauche de la cadette Weasley, à travers la vitre embuée se distinguait une forme floue, mouvante… Une personne – en admettant qu'il s'agisse d'un humain - se tenait là, à seulement 30 centimètres d'eux, avançant d'un pas lent et régulier… Il ne pouvait s'agir d'un détraqueur, Harry le savait : aucun de ses pires souvenirs ne revenait le hanter, comme cela se produirait à une si courte distance d'une de ces créatures.

- Ne bougez surtout pas… Souffla Lupin d'une voix à peine perceptible.

Des gouttes de sueurs perlaient à son front, mais son regard semblait plus déterminé que jamais, alors qu'il plongeait sa main dans la poche intérieure de son costume, serrant fermement ce qui devait être sa baguette.

S'apprêtant à voir la portière s'ouvrir d'un moment à l'autre, chacun d'entre eux retenait son souffle, dans un ultime effort, sans doute inutile, de masquer leur présence…

Ou peut-être pas ?... A leur grand étonnement, la personne en noire n'interrompit pas ses pas. Suivi de deux autres individus pareillement vêtus, ils continuèrent l'étrange procession jusqu'à disparaître de leur champ de vision, celui de Fol Œil y comprit…

- Qu'est-ce que ça veut dire ? S'écria Harry déconcerté.

- Chhht !!

- Ils nous ont frôlé sans nous voir, quels idiots ! Murmura Ron soulagé en poussant un profond soupir.

- Non… Ce n'est pas ça… Reprit Lupin en fronçant les sourcils, alors que son visage prématurément ridé sembla pâlir à vu d'œil, la détermination ayant alors laissé place à l'inquiétude. Ils… ne sont pas venus pour nous…

- Quoi ?!

A cet instant, un autre éclair fendit le ciel d'un éclat aveuglant…

Ce n'était pas tant son bruit assourdissant qui figea d'horreur les trois adolescents, mais sa couleur…

Cet éclair était…

Vert.

- NOOON !!!

Comme s'il n'avait s'agit que d'une coupure, les lumières de la ville scintillèrent à nouveau…

Comme si le son avait été remonté, les bruits familiers recommencèrent à raisonner…

Comme si rien ne s'était passé, le temps sembla reprendre son cours lentement…

OoOoOoOoOoO

- Il s'agissait d'Ellian Timberson.

Lupin revenait du comptoir du Chaudron Baveur avec cette information, ainsi qu'une chope de Bieraubeurre pour chacun, à l'exception bien entendu de Maugrey qui persistait à refuser toute boisson n'étant de sa propre composition – ce qui pouvait se comprendre aisément.

- C'est le patron qui te l'a dit ? Demanda ce dernier.

- Oui, mais excepté son nom, il n'a pas réellement pu m'apprendre quoique ce soit sur elle… Ca te dit quelque chose ?

- Jamais entendu parler.

Le professeur tourna un regard condescendant à l'intention de ses trois anciens élèves : Ils n'avaient pas réussi à prononcer le moindre mot pendant tout le reste du trajet. Ce fut si rapide, si inattendu… L'année scolaire n'avait pas encore commencé, et déjà un drame s'était produit, cela ne pouvait que laisser sceptique sur les évènements à venir…

- Ellian Shirley Timberson. 35 ans. Mariée à un moldu dénommé Frank R. Timberson, mère de deux filles, Kristy , 13 ans, et Tina – ou Nina peut-être ? 8 ans. Aucune des deux n'a bénéficié des pouvoirs de leur mère. Expliqua un homme, entièrement dissimulé d'un caban en lambeaux. Il était assis dos à eux à la table voisine, bien que cette courte distance n'aurait pu masqué le fait qu'il empestait l'alcool.

- C'est bon, Ding. Je t'avais déjà repéré au moment de franchir le seuil de cette taverne ! Lui fit remarquer Fol Œil.

- Je l'espère bien Alastor, sinon à quoi te servirait cet œil répugnant ? Rétorqua-t-il avec légèreté. Salut les jeunes !

Les concernés lui répondirent par une molle poignée de main avant de replonger leur regard sur le fond vide de leur verre, avalé d'un seul trait.

- Tu m'offres un verre pour nos r'trouvailles Remus ?

- Nos retrouvailles ? On s'est vu la semaine dernière ! Dis plutôt que tu as encore flambé tes mornilles en bluffant aux cartes. Devina avec raison ce dernier. Qu'est-ce que tu sais de plus sur cette Ellian ?

- C's'rait plutôt à toi d'me l'apprendre. Si j'te dis qu'elle s'appelait Ellian Haymes par son nom de jeune fille.

- Haymes ? C'était elle ?

- Une connaissance ? Bougonna Maugrey

- Plus ou moins. On était à Poudlard ensemble, mais elle avait deux ans de moins que nous je crois. Je me souviens surtout d'elle parce qu'elle passait son temps à demander l'heure à Sirius pour tenter d'engager la conversation ! Elle était à Poufsouffle non ?

- Tout juste Remus ! Quelle mémoire mon cher ! Comme j'te l'ai dit, elle s'est par la suite mariée à un moldu, et comme ses enfants étaient également dépourvus de compétences magiques, elle a presque complètement abandonné la sorcellerie depuis bientôt dix ans.

- Ce serait pour ça qu'elle a été la cible de - il abaissa légèrement la voix – vous-savez-qui ? Ca ne tient pas debout !!

- L'endroit est mal choisi pour en parler… Une réunion improvisée a été convenue c'soir, c'est pour ça qu'on m'a envoyé vous en informer.

- Chttt !! Sombre crétin, quand est-ce que tu vas te décider à utiliser les codes bon sang ! Gronda Fol Œil.

- Ah ouais, scusez-moi, chuis pas encore habitué.

- Rappelle-moi un peu qui a suggéré que ce demeuré intègre l'ordre Rémus ?

- Mais c'est toi Alastor. Répondit-il avec légèreté. Quoiqu'il en soit, plus un mot sur cette affaire jusque là. Vous êtes prêts ? Je préfèrerais éviter les files d'attente de midi à Gringotts. Ajouta-t-il avec empressement.

Sortant discrètement par la porte de derrière, Harry vit Lupin commencer à compter les briques comme il avait aperçu Hagrid le faire lors de sa première année… Il n'y avait de cela que 6 ans exactement, et pourtant, il lui sembla que l'époque où il ne savait même pas ce qu'était le Quidditch remontait à deux ou trois vies antérieures… Bien des choses avaient changé depuis…

- Attends, mieux vaut s'assurer que la voie est libre… Gronda Maugrey avec méfiance.

- Alastor, il s'agit du Chemin de Traverse… Reprit le professeur patiemment, alors qu'il tapotait la dernière brique. Les rues sont bondées à cette heure ! Le contraire m'inquiéterait plutôt…

Il n'avait pas encore terminé sa phrase lorsque les pierres du mur humide commencèrent à vibrer et rouler sur elles-mêmes vers l'extérieur, découvrant une ouverture s'élargissant à chaque seconde.

La dernière fois que Harry était venu sur la plus réputée allée commerciale du monde sorcier remontait, autant qu'il s'en souvienne, à son entrée en troisième année, mais le paysage restait similaire à l'image qu'il en conservait : A perte de vue, des magasins plus incroyables les uns que les autres exposait leur inventaires, composés d'objets aussi hétéroclites qu'extraordinaires : son premier regard se porta par réflexe sur un groupe de personnes de tout ages s'émerveillant devant la vitrine du magasin d'Accessoires de Quidditch– Peut-être aurait-il le temps de se joindre à eux en fin de journée ? A sa droite, les hululements cacophoniques faisaient à eux seuls la publicité du Royaume des Hiboux où les chouettes lapones, grands ducs et hulottes se rendaient visite de cage en cage dans un balai aérien désordonné.

Progressant difficilement parmi la foule croissante, étonnamment dense en dépit des averses ce jour-là, il ne manqua pas d'observer avec amusement les futurs élèves de première année essayant des robes bien trop longues pour eux dans la boutique de prêt-à-porter de Mme Guipure, alors que sa voisine, une petite femme rondelette, clamait à qui voulait l'entendre les milles qualités de ses chaudrons repliables. Ne désemplissant jamais, la librairie Fleury et Bott était en effervescence – probablement des élèves qui, comme lui, s'y prenaient au dernier instant pour faire leurs achats scolaires !

Parmi le brouhaha général, seul la minuscule boutique de Mr. Ollivanders, restait continuellement silencieuse, alors que la rumeur des discussions ne s'éloignait jamais de la tragédie dont il avait été témoin, bien que parmi les mots qu'il saisit au passage, aucune ne retranscrivait les faits avec exactitude. Certains parlaient d'un vol à baguette levée, d'autres d'une prise d'otage contre une rançon de 5000 gallions ou encore, les plus grands compteurs –ou rêveurs probablement- affirmaient avoir aperçu celui-dont-on ne-doit-pas-prononcer-le-nom en personne faire un discours de ralliement pacifiste.

Prêtant une attention soutenue aux différentes versions bancales qu'il pouvait discerner, il ne se rendit même pas compte qu'il était déjà arrivé sur la place principale : surplombant les autres bâtiment par leur grandeur monumentale, les hauts murs d'un blanc immaculé de Gringotts Bank imposaient leur présence majestueuse sur l'allée animée. A leur passage, un gobelin en uniforme grenat, posté aux pieds du reluisant portail de bronze, inclina poliment la tête en guise de bienvenue. Après avoir franchi la seconde porte d'argent massif, sur laquelle les avertissements à l'attention de voleurs potentiels étaient gravés, deux autres gardes leur réservèrent le même accueil, les invitant à se rendre au guichet le plus proche.

- Pourra-t-on espérer vous voir plus détendu entre les murs d'un des plus surs édifices d'Angleterre ? Demanda prudemment Ginny à Fol Œil dont le visage semblait se décrisper légèrement depuis leur entrée.

- Les gobelins ne se sentent pas concernés par notre cause petite, mais l'appât du gain à souvent raison de la plus intelligente des créatures… Pour un gallion, ils peuvent devenir des adversaires ou associés redoutables !

- Ainsi marche notre monde. Philosopha Lupin d'une voix désabusée.

- Celui des moldus aussi… Compléta Harry avec un haussement d'épaule.

Arrivé au comptoir, le professeur se racla la gorge pour faire sortir la fine créature de ses cahiers de comptes, manifestement trop occupée pour prêter attention à leur présence. D'un geste étonnamment vif, elle se dressa sur son tabouret pour dévisager à son aise ses nouveaux clients de ses petits yeux perçants.

- Que puis-je pour vous ? S'enquit le gobelin suspicieux.

- Mr. Potter, ici présent, désirerait fusionner ses deux comptes sous un même nom. Expliqua Lupin en présentant à la créature une lettre scellée au nom de ministère.

- Ah bon ? Murmura ce dernier à l'intention de l'enseignant. Comm…

- Un héritage familial ? Reprit la créature d'un ton satisfait, répondant ainsi à la question qu'allait poser Harry. Très bien, il s'agit donc de faire un versement de l'intégralité du contenu du coffre… 711 jusqu'ici au nom de Mr. Black Sirius, vers le coffre 755 , c'est bien cela ?

- Tout a fait. Répondit Lupin sans accorder un regard au jeune homme qu'il devinait stupéfait.

- Dans ce cas pourrais-je avoir la clé de feu Mr. Black pour effectuer la transaction ?

- Si je ne m'abuse elle est jointe à la missive dans l'enveloppe que je vous ai remise. Répliqua le professeur placidement.

- Et celle de Mr. Potter ?

- Harry, s'il te plait ?

Le jeune homme lança un bref regard de reproche à l'intention de son ancien professeur avant de s'exécuter mécaniquement.

- Euh… Il serait possible d'effectuer un second retrait dans un même voyage ? Demanda soudain Ron comme s'il venait tout juste de se souvenir ce pour quoi il était venu. Coffre 682, au nom d'Arthur Weasley. Voici la clé.

- Très bien, Harpagon va vous y conduire. Veuillez le suivre s'il vous plait.

- Retrouvez-moi là, mieux vaut que je surveille les entrées, le petit ne risque rien dans ces tunnels. Souffla Maugrey à Lupin.

- Très bien. Approuva Lupin avec un amusement à peine perceptible. Ouvre l'œil, et le bon !

Quittant l'auror à la suite du gobelin dénommé Harpagon, Ginny demanda à leur unique garde du corps d'une voix légèrement moqueuse.

- Fol Œil affirmant qu'il n'y a pas de danger ?! Ce ne serait pas l'effet d'une allergie aux montagnes russes par hasard… ?

- Que vous êtes médisante Miss Weasley ! Plaisanta-il en acquiesçant d'un signe de tête.

Contrairement à son habitude, Harry ne prêta guère attention au long trajet mouvementé sur les rails souterrains de Gringotts, suscitant jusqu'ici chez lui un enthousiasme sans commune mesure avec celui des transports par poudre de cheminette. Ainsi, le circuit se passa dans un silence qui en accentua la longueur, le bruit grinçant des roues du wagonnet résonnant dans les interminables galeries. Les arrêts s'effectuèrent en fonction de la numérotation des coffres forts, aussi, le premier correspondait à celui de la famille Weasley, dont le contenu désespérément pauvre n'aidait en rien le sentiment de mal aise qu'éprouvait Harry. Le visage dénué d'expression, Ginny ramassa silencieusement les deux malheureux gallions, soixante-huit mornilles et quatre-vingt quinze noises qu'il contenait pour les ranger précieusement dans une bourse de taille tout aussi réduite. Remarquant le visage désolé de son ami, quasiment identique à celui de Lupin malgré ses efforts pour le masquer, Ron secoua la tête avec une mine faussement enjouée.

- Une chance que Ginny et moi soyons les seuls encore au collège, on pourra sûrement prendre la plupart de nos manuels neufs cette année ! Mentit-il sur un ton allègre.

Harry acquiesça avec un triste sourire, mais l'embarras qu'il éprouvait alors n'était rien en comparaison de celui qu'il ressentit lorsque la lourde porte du coffre numéro 711 bascula…

Or, argent et bronze étincelaient de toutes parts, inondant la pièce d'un éclat flamboyant à la lueur de la torche du gobelin, parfaitement impassible... Les trois adolescents, estomaqués n'en croyaient pas leurs yeux. : À en croire la hauteur des piles, cette chambre forte paraissaient presque trop étroite pour contenir pareille fortune. Harry avait désormais la réponse à la question qu'il s'était posé trois ans auparavant : Comment Sirius avait-il pu lui offrir un Eclair de Feu, un balai d'une valeur inestimable reconnu mondialement comme l'un des plus performants ? C'était donc cela, la richesse de la noble maison des Black…

- Whoosh !!! Et dire qu'il persistait à s'affubler des loques d'Azkaban ! Il était un peu bohème quand même ! Plaisanta Ron, tentant de rompre ce silence gêné.

- C'est vrai… Approuva Harry d'un ton affectueux.

Lupin n'ajouta rien, mais le sourire mélancolique qui se dessina alors sur son visage marquait une approbation implicite.

- Vous désirez faire un retrait avant que nous procédions au transfert Mr. Potter ? Demanda Harpagon respectueusement.

- Ah euh… si c'est possible…

- Cet argent est le votre, cela vous économisera un arrêt.

- Oui, très bien…

D'une main hésitante, Harry rempli sa bourse de la somme qu'il estima nécessaire pour les dépenses scolaires annuelles, mais se montra néanmoins bien moins gourmand qu'il ne le fut les années précédentes...

De retour à la surface, ils retrouvèrent Fol Œil en grande conversation avec un jeune homme de grande taille, d'environ 25 ans, aux longs cheveux roux noués en catogan au bas de la nuque – Bill Weasley. Harry se souvenait qu'il s'était rapatrié pour rejoindre l'Ordre, mais le fait que ce soit à Gringotts lui était complètement sorti de l'esprit.

- Mais ne seraient-ce pas mes clients privilégiés qui reviennent ? Annonça-t-il en les accueillant d'un signe de la main.

- Des clients privilégiés vraiment ? Alors comment se fait-il que le service ait oublié de remplir notre coffre fort pendant les vacances scolaires ?! Ironisa Ginny en étreignant son frère.

- Patience petite sœur ! Quand tu auras remplacé cette harpie d'Ombrage au Ministère, tu auras besoin d'un majordome pour porter ta bourse !

- Parce que tu veux te lancer dans la politique ? S'étonna Ron.

- J'y ai songé… Répondit sa jeune sœur en rougissant. Il n'y a pas assez de femmes au pouvoir, compétentes j'entends !

- C'est sur, vivement que tu prennes les choses en mains ! Railla-t-il

- Moi au moins j'ai de l'ambition !!

- Ca va Harry ? Remus ? Reprit Bill en se désintéressant des chamailleries fraternelles qui continuaient par derrière.

- On fait aller… Répondit le jeune homme en lui renvoyant son sourire.

- Et toi ? Les pyramides ne te manquent pas ? Reprit Lupin d'un ton léger.

- Les gobelins sont aussi loquaces que les momies, pas de grands changements de ce côté-là !

- Je veux bien te croire ! Admit-il en riant. Au fait, ajouta-t-il en baissant la voix, Alastor a du t'informer pour la chocogrenouille ?

- Oui, chez Honeydukes à 21h, on a déjà distribué les patacitrouilles aux enfants. Affirma Bill sur un ton grave en décalage avec ses propos.

- Ca a été rapide ! Bertie Crochue sera là également ?

- Non, malheureusement, elle ne peut pas se libérer la veille de la rentrée…

Harry porta successivement son regard sur Bill et Lupin comme s'il suivait un match de ping-pong en accéléré, noyé dans la plus totale confusion ! C'était parfaitement incohérent, il devait avoir particulièrement faim pour les entendre énumérer ses confiseries préférées, il n'y avait pas d'autre explication possible !

- Euh Bill… Marmonna Ron en revenant à la conversation principale, ayant apparemment laissé le dernier mot à sa sœur si on en croyait sa mine satisfaite. Tu es… euh… tout seul aujourd'hui ?

- Tout seul ? Répéta son frère d'un air malicieux. Sous-entendrais-tu que tu aurais préféré être accueilli par une hôtesse blonde à l'accent français particulièrement prononcé ?

- QUOI ?! Mais non ! Pas… Pas du tout !! Nia-t-il un peu trop farouchement pour être crédible.

- Ne t'inquiète pas, elle devrait arriver d'un moment à…

- MR BILL !! Je te cherchais partout !!

- Ah, qu'est-ce que je disais !

En effet, une superbe demoiselle, aux longs cheveux lisses d'une blondeur éclatante accourut en leur direction d'un pas maladroit, ayant une visibilité très réduite derrière la pile de dossiers qui dissimulaient son visage. A son approche, Ron s'empourpra brusquement sous le regard moqueur de son meilleur ami.

- Où étais-tu passé Mr. Bill ? Tu m'as laissée toute seule face à ces clients incompréhensibles ! Ils parlent tellement vite que j'en suis venue à me demander s'il s'agissait vraiment d'une langue anglo-saxonne ! Enfin, j'ai cru comprendre entre deux beuglements qu'ils voulaient être remboursés ! Se plaint-elle d'une voix boudeuse.

- Pas besoin d'être bilingue pour le comprendre, ce sont des investisseurs, ils viennent rarement pour autre chose ! Je leur ai déjà expliqué que les créanciers n'avaient toujours pas pu couvrir les intérêts !

- Ils refusent d'attendre plus longtemps ! Même le sourire de vélane commence à perdre son effet !! Qu'est-ce que je fais Mr. Bill ?

- Pour commencer arrête de m'appeler Mr Bill !

- Je ne peux pas ! Il n'y pas d'équivalence au vouvoiement en anglais, alors…

- Quand est-ce que tu vas te décider à me tutoyer ? Est-ce que je t'appelle Mlle Fleur moi ?

- C'est différent… Oh !! Mais c'est Arry !! S'exclama-t-elle, remarquant

uniquement à cet instant sa présence. Les petits frères et sœur de Mr. Bill sont là également… Ronald et Jini, n'est-ce pas ?

Après avoir déposer ses documents, elle enjamba d'un saut gracieux le comptoir sur lequel elle était accoudée, et avant que ces derniers n'ai pu lui répondre, elle les embrassa doublement sur chaque joue en deux allés retours. Interdit, Harry se contenta de l'observer sans pouvoir sortir le moindre mot, alors que ses joues étaient désormais parfaitement assorties aux cheveux de Ron, qui semblait lui sur le point de s'évanouir !

- C'est la façon française de se dire bonjour. Ils appellent ça se faire la « bise ». Expliqua Bill en réponse à leur étonnement.

- C'est vrai, j'oublie à chaque fois ! Les english tutoient peut-être tout le monde, mais vous êtes quand même un peu coincés pour ce qui est des convenances, aren't you ? Commenta la vélane en riant.

- M-Moi je trouve ça t-très mi-mignon ! Affirma Ron d'une voix chevrotante.

- Vous n'êtes pas avec la petite amie de Viktor Krum ? Ermiaune ? S'étonna Fleur.

- Qui ça ?! Demanda Ginny, perplexe.

- Hair-maillo-nie ! Articula à la française Bill en professeur de langue.

- Her-my-honey. Répéta Fleur avec application.

- La copine de Krum !? Sûrement pas !! S'indigna Ron, reprenant soudain toute sa vigueur.

- Ah non ? Je croyais pourtant, ils avaient l'air de très bien s'entendre tous les deux !

- C'est lui qui lui collait après, c'était évident !!

- Ron est très susceptible concernant les relations amoureuses d'Hermione. Expliqua Harry d'un air narquois.

- QUOI ?! T'as rien compris mon vieux !! Je ne suis absolument pas jaloux !!

- Quand ai-je dit que tu l'étais… ?

- C'est parce que c'est une amie, et qu'elle mérite mieux que ça, c'est tout !

- C'est sur que le meilleur attrapeur au monde n'est pas assez bien pour elle ! Commenta-t-il sur le même ton.

- Professeur Maugrey, ravie de vous revoir ! Coupa Fleur en tendant la main à Fol Œil, qui n'accepta de la serrer qu'après en avoir examiner le contenu avec méfiance. Occupez-vous toujours le poste de professeur de défense contre les forces du mal ?

- Non, on m'a renvoyé parce que j'ai dormi dans mon bureau pendant toute l'année ! Répondit-il indifféremment, conscient qu'elle devait ignorer l'affaire Croupton jr.

- Pardon ?!

- Je ne crois pas t'avoir présenté le professeur Lupin ? Reprit Bill pour détourner la conversation.

- En effet ! My name is Fleur Delacour, nice to meet you ! Prononça la jeune femme avec application, en lui serrant la main à son tour.

- Enchanté de faire votre connaissance. Répondit avec un léger accent l'intéressé.

- Oh ! Vous parlez Français Mr. Lupin ?

- Un ami m'en a appris deux mots.

Il ajouta à l'intention de Harry.

- Parler couramment la langue de ses ancêtres faisait partit de l'éducation de tout Black digne de ce nom.

- Il ne devait pas s'en vanter alors… Nota le jeune homme pour lui-même.

Jetant un coup d'œil dans la salle de conférence d'où elle était arrivée, Fleur Delacour s'excusa pour rejoindre ses investisseurs, rapidement suivie de Bill, rappelant à Lupin et Maugrey qu'ils se reverraient chez Honeydukes le soir même.

OoOoOoOoOoO

Estimant que sa robe était encore mettable pour cette année, contrairement à celle de Ginny qu'il laissa au magasin de Mme Guipure sous la surveillance de Fol'Œil, Harry suivit Ron dans la boutique de créatures magiques la plus proche – celle où Hermione avait acheté Pattenrond en l'occurrence – pour s'approvisionner en Miamhibou et se munir d'une nouvelle plume d'aigle, avant de se rendre chez Fleury et Bott où s'effectuerai une majorité de leurs achats.

En dépit de cette heure avancée de la matinée, la boutique n'avait toujours pas désemplie, et ce fut avec difficulté que l'escorte parvint à se frayer un chemin parmi les clients et les piles de manuscrits, dont les titres attrayants tels que « L'hypnose accessible à tous », ou encore « Comment utiliser votre aura pour des résultats surprenants » retenait Harry à chaque mètre, avide de connaître leur contenu. C'est ainsi que, trop absorbé par la lecture de «Au-delà de l'au-delà » il bouscula brusquement une jeune acheteuse venant en sens opposé, dont l'amoncellement de manuels s'effondra au sol dans un grand fracas, accompagné du miaulement scandalisé de l'énorme persan roux qui se trouvait à ses pieds

- Aieeuh !! Il a fallu que ce soit le manuel d'Arithmancie qui me tombe dessus ! S'exclama-t-elle en se massant le petit orteil tandis que Harry reconstituait la pile de livre en s'excusant, avant de relever son visage vers…

- Hermione ?! S'écria-t-il alors que Pattenrond se frottait à ses chevilles en ronronnant bruyamment.

- Qui voulais-tu qu'on retrouve sous une masse de bouquins faisant deux fois sa taille ? Questionna Ron avec sarcasme en se baissant également « Sciences et Connaissances de la numérologie antique – enseignement supérieur » il doit bien peser 5 kilos ce pavé !!

- C'est pour ça que ça fait mal !! Rétorqua-t-elle agacée.

Les remerciant, elle reprit ses achats qu'elle posa sur un comptoir à proximité pour dégager son visage de sa longue crinière châtaine crépue. Elle semblait avoir également pris quelques centimètres durant ses derniers mois, et sa peau avait légèrement brunie sous les neiges d'Asie mineure. Saluant chaleureusement le professeur Lupin, elle reprit à mi-voix.

- Je suppose que vous êtes au courant pour la disparition de ce matin…

- La disparition ? Le meurtre tu veux dire ! S'écria Ron.

- Alors c'était vrai ?! Je veux dire, chaque élève que j'ai croisé m'a raconté une histoire différente, et celle de la grand-mère de Neville me paraissait la plus plausible… Mais les autorités n'ont pas retrouvé de corps dans cette voiture, n'est-ce pas ?

- Encore une disparition qui sera classée sans suite. Supposa Harry. Les seuls témoins de la scène étaient des moldus…

- Il faut dire qu'aucun autre sorcier censé n'aurait idée de venir à Londres en voiture un Samedi matin ! S'exclama Ron.

- La priorité étant de lancer des sorts d'amnésie, ils ne seront évidemment pas interrogés. Le ministère va avoir du pain sur la planche ! Poursuivit Harry.

- « Méditations sur les médications : Les créatures chimériques » de Mizzam Aplumal, Il fait parti de ta liste Harry non ? Coupa brusquement Lupin d'une voix insistante en feuilletant le livre en question qui était face à lui, souhaitant visiblement détourner le sujet de conversation… avec succès.

- J'avais oublié ! Je ne vous ai pas demandé comment s'était passé l'examen ! S'écria Hermione en se surprenant elle-même.

- Pour toi, c'est pas difficile de deviner que tu as eu O à toutes les matières ! Supposa Ron avec raison.

- Je ne vois pas où est le mal ! Se vexa-t-elle indignée. Le choix des matières en a été d'autant plus difficile !

- Qu'est-ce que tu as pris finalement ? Demanda Harry.

- J'ai éliminé Astronomie, Botanique et… Soins aux créatures magiques… Ajouta-t-elle avec un certain embarras.

- Quoi ?!

- Non pas que les cours de Hagrid ne soient pas intéressants !! Se justifia-t-elle, Mais les autres me seront sans doutes plus utiles pour ce que j'envisage…

- Attends… Ca fait quand même sept matières ! Comment tu comptes t'y prendre ? Je croyais que tu ne voulais plus entendre parler du retourneur de temps ? S'étonna Harry en faisant le calcul sur ses doigts.

- Ca ne me fera que 4 h de plus que vous… Je suis sure que le Professeur McGonagall sera compréhensive ! Comment vouliez-vous que je choisisse entre Runes et Arithmancie ?!

- Terrible dilemme ! Mais tu aurais tout aussi bien pu supprimer l'Histoire, comme le feront tous les élèves à peu près normaux ! Lui conseilla-t-il sous les éclats de rire de Ron.

- Tu dis ça parce que vous dormiez comme des bienheureux pendant les cours de Mr. Binns durant ces cinq dernières années !

- Ca c'est faux ! S'indigna Ron.

- Ah vraiment ?!

- Tu oublies les parties de cartes ! Déclara-t-il gravement.

- Et celle de pendu également! Ajouta Harry.

- Il avait souvent la tête de Malefoy d'ailleurs…

- Vous m'en direz tant ! Soupira-t-elle, désabusée.

Bien qu'il n'en eut pas l'air, Harry remarqua à son sourire amusé que Lupin les écoutait, tout en parcourant divers ouvrages aux titres tout aussi complexes que devaient l'être leur contenu. Il était actuellement captivé dans la lecture du « Mystère des amulettes du siècle des Erudits »… Se rendant compte que le jeune homme l'observait, l'enseignant referma promptement son manuscrit.

- Vous avez trouvez ce que vous cherchiez ?

- Euh… On n'a pas encore commencé en fait…

- Pour l'« Etude astrale des origines terrestres», j'ai entendu un libraire expliquer qu'ils les enverraient directement à Poudlard dans la semaine en raison d'une rupture de stock. Expliqua Hermione en regardant par-dessus l'épaule de Ron pour consulter sa liste. Attends une seconde Harry, j'ai quelque chose pour toi…

Se retournant vers ses emplettes, Hermione sembla y chercher un manuel particulier. C'est ainsi qu'Harry compris pourquoi la masse de ses achats lui semblait excessivement élevé – même pour une élève dénommée Hermione Granger : elle avait fait la plupart en double.

- Tiens, je t'ai déjà pris « Nécromancie avancée - charmes et maléfices abscons » de Minelauva J.Kroipa, « Les usages sibyllins de la métamorphose » de Gérard Manvussa et « Elixirs et Philtres – De la théorie à l'expérience - Niveau supérieur » de Annabelle Hadaune. Ils ont été commandés en très faibles quantités !

- T'as eu Optimal en Potions ?!! S'écria Ron admiratif.

- Aussi étonnant que ça puisse paraître… Reprit Harry, n'en revenant pas lui-même. Comment as-tu su qu'ils étaient sur ma liste… Et surtout que j'avais réussi cet examen ?

- Ombrage t'avais mis au défi de devenir Auror non ? Or jusqu'ici, je ne t'ai jamais vu en perdre un seul ! Répliqua-t-elle comme s'il s'agissait d'une évidence. J'ai évidemment cherché le manuel de Défense contre les forces du mal en priorité, mais aucun titre ne figure sur la liste.

- Et ça m'étonne d'ailleurs… Dumbledore a toujours eu beaucoup de difficulté à recruter des professeurs dans cette matière, étant donné la réputation de ce poste… Il ne l'aurait quand même pas supprimer par manque de candidature ?

- Impossible, c'est l'une des plus importantes matières ! Mais j'ai bien une vague idée concernant la personne la plus apte à reprendre cette fonction… Commenta Hermione avec légèreté en adressant un sourire innocent à Lupin.

- Vous savez déjà comment détourner à peu près tous les règlements de l'école, je vois difficilement ce que je pourrai vous apprendre de plus ! Plaisanta Lupin.

- On peut donc craindre à nouveau que le ministère choisisse parmi ses représentants celui qui sera payé pour ne surtout rien nous apprendre… Railla Ron… Hé, une minute ! T'aurais pu réserver mes bouquins aussi !! Reprocha-t-il tout à coup à Hermione, comme s'il venait de s'en apercevoir.

- Encore fallait-il que j'ai une idée de ce que tu voulais faire ! Au moins de Juin, tu hésitais entre Médecin, Gouverneur, Auror, Banquier ou encore Joueur de Quidditch professionnel ! Rétorqua-t-elle. Si tu m'avais envoyé autre chose que cette stupide beuglante quand je t'ai posé la question…

- Comme si ce qui se passait dans ma vie pouvait bien t'intéresser lorsque tu es dans les bras de ton Russe adoré !

- De un, il est bulgare, et de deux, ce n'est pas mon adoré !! Tu t'es pas encore lassé de cette histoire ?!

- Arrête un peu! Tu passes plus d'un mois dans la maison de ce type, il te présente à ses parents etc. et ça ne va pas plus loin ?!

- Je te signale que j'ai passé les vacances entières dans ta famille il y a deux ans, et celles de l'année dernière à Sq… Tu sais où !

- C'était différent !!

- Ah bon ? En quoi ?! Oh et puis je vois pas pourquoi je discute avec toi, c'est…

Détournant son attention vers leurs spectateurs, elle s'aperçut que Harry et Lupin dissimulaient mal un fou rire derrière les livres de Métamorphose et de Sortilèges qu'ils tenaient à l'envers

- On peut savoir ce qui vous fait rire ?! S'exclamèrent-ils en cœur.

- Oh ça va le vieux couple ! Vous n'allez pas vous retourner contre nous non plus ?! Repartit Harry en riant.

- J'ai manqué quelque chose ?!

Cette demande était celle de Ginny Weasley arrivant à l'instant, , curieuse de savoir ce qui expliquait les visages furieux de Ron et Hermione et hilares de Harry et Lupin.

- RIEN DU TOUT ! Rugirent les deux adolescents décidément synchrones.

- Oh ho ! La bonne humeur est au beau fixe à ce que je vois ! Ravie de voir que tu tiens la forme Hermy !

- Ah euh… Oui, désolée Ginny… Tu reviens du magasin de prêt-à-porter je vois ? Reprit-elle d'un ton plus dégager en observant son sac.

- Oui, j'avais besoin d'une robe de soirée pour cette année et la veille de la rentrée est le meilleur moment pour faire des affaires ! Affirma-t-elle avec enthousiasme.

- Si on s'appelle Mme Maxime oui ! S'exclama Ron en jetant un œil à l'intérieur de son sac. C'est pas une robe mais une tente que t'as réservé Maman !

- Elle est peut-être un peu grande, mais le tissu est de qualité ! En trois tours d'aiguilles elle m'ira comme un gant, tu verras ! Rétorqua-t-elle embarrassée.

- Tu n'es pas avec Fol Œil ? S'étonna Harry, observant les alentours.

- Non, j'ai pas tout à fait compris d'ailleurs mais il m'a laissé devant Fleury et Bott en me racontant quelque chose comme « Dis à Remus que j'amène des patacitrouilles chez Zonko ».

- Ah oui ? Très bien alors… Répondit Lupin d'un ton détaché.

- C'est… Euh, normal ? Demanda Ron, sous le regard étonné de Harry, certain cette fois-ci qu'il ne s'agissait pas d'un malentendu du aux réclamations de son estomac.

- Oui bien sur, on ira rendre visite à tes frères lorsque vous aurez terminé !

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- J'aimerais comprendre… Insista Harry, alors qu'ils redescendaient le Chemin de Traverse, les bras lourdement chargés des emplettes de l'après-midi. C'est quoi ces histoires de Patacitrouilles chez Zonko ?

- Ah, ça ? Reprit Lupin d'un ton badin. Tu comprendras ce soir, je pense qu'il vaudrait mieux que tu l'apprennes aussi… C'est très logique tu verras, il n'y a que Ding pour ne rien y comprendre !

- Ah ?… Répondit sans conviction Harry de plus en plus désorienté.

Sans réellement savoir comment il était arrivé là, ayant suivi distraitement les pas rapides de l'enseignant, c'est avec un certain étonnement qu'il se retrouva devant ce qui devait être la plus animée vitrine de toute l'allée – Comment n'avait-il pu la remarquer sur le trajet, alors qu'il était probablement passé juste devant ?

Son emplacement, sans doute stratégique, était situé au coin d'une rue, marquant le croisement du Chemin de Traverse et de l'Allée des Embrumes, renommée pour ses quartiers mal famés.

Certes, la boutique était plutôt étroite, mais ses décors aux couleurs criardes et lumières scintillantes rappelaient assurément les ornements joyeux des fêtes de fin d'année : les façades ternes des échoppes voisines faisaient pâle figure à côté de celle-ci. Sur son enseigne, en lettres capitales luminescentes pouvait-on lire sur un éclair incandescent :

Le Repaire du Maraudeur

- Farces et Attrapes pour Sorciers Facétieux –

Ils l'avaient fait. Ce n'était pas encore un de leur nouveau projet incohérent. Après avoir quitté l'enceinte scolaire d'une façon mémorable méritant bien sa place dans un chapitre de l'Histoire de Poudlard, les jumeaux Weasley avaient concrétisé le rêve qu'ils avaient construit clandestinement durant leurs dernières années d'étude.

A en croire le visage interdit d'Hermione, Harry devina qu'elle découvrait également cet endroit, avec une stupéfaction d'autant plus grande qu'elle fut – Après Molly Weasley elle-même– la première à tenter de les dissuader de poursuivre une voie si « déraisonnable ». Ce fut donc avec fierté qu'il franchit les portes de ce qu'il avait permis d'accomplir, en offrant une large contribution financière à la réalisation de leur plan.

Mais sa plus grande surprise fut au moment de franchir le seuil du « Repaire du Maraudeur » qui a son passage éclata soudain en un véritable tonnerre d'applaudissement, vacarme qui ne sembla pourtant pas attirer particulièrement l'attention de la foule de clients, enfants et grands enfants, qui se pressaient autour des comptoirs. Observant l'entrée de ses suiveurs d'un regard interloqué, il comprit alors le stratagème : c'était bien digne de Fred et George après tout, comment pouvait-il encore s'en étonner ? Après l'entrée de Ron et Ginny, qui provoquèrent respectivement un rire de macaque et une sirène d'alarme suraiguë, Hermione s'outra de se voir attribuer un bruit grossier provoquant l'hilarité des plus jeunes.

- Héhé, désolé Hermione, les sons sont aléatoires en fonction des clients. Expliqua innocemment le premier vendeur, dont le sourire espiègle dissonait nettement avec ses excuses, alors que Lupin entrait à son tour, étrangement accompagné d'un hurlement de loup…

- Oh oui, bien entendu ! S'exclama Hermione, incrédule. Toujours aussi spirituel…

- Tiens donc, mais ne serait-ce pas la petite préfète de Gryffondor ? Dans un endroit pareil ?! Tss, pas très sérieux tout ça ! Ce n'est pas toi qui es sensée punir les élèves qui repeindront la salle commune avec nos nouvelles bombabouses à têtes chercheuses ? Répartit le second vendeur en sortant de la trappe menant à la remise, les bras chargés d'objets minuscules des plus curieux.

- Nous sommes deux dans ce cas ! Rétorqua-t-elle en accentuant particulièrement sur le chiffre à l'intention de Ron.

- De quoi ? Demanda vaguement ce dernier.

Il restait captivé par l'échange rapide d'une des nouvelles Boom-Ball Clash avec son meilleur ami et sa sœur, sous l'œil étincelant d'un Pattenrond qui semblait guetter la moindre occasion de s'en saisir.

- Devine…

- Euh… Ouais ouais, je suis d'accord, la déco est démente. Tenta ce dernier à tout hasard.

- Quel précieux soutien…

- Alors Harry, on t'attendait plus ! Qu'est-ce que tu faisais pendant tout ce temps ? Tu aurais du être notre invité d'honneur pour la grande journée d'ouverture ! Lui fit remarquer Fred en lui donnant une tape amicale sur l'épaule.

- T'as raté quelque chose, c'était dantesque ! Renchérit George. On avait disposé des citrouilles d'artifices pour faire une haie d'honneur, les commerçants participants remboursaient leurs clients avec des mornilles-pétards, qui au bout de quelques minutes, explosaient en faisant apparaître notre slogan !

- Sans oublier les cailloux chanteurs !

- Les quoi ? demanda Harry en renvoyant sur leur sœur cadette la Boom-Ball, qui choisit finalement cette victime pour imploser !

- Ca fait parti de nos nouveautés : chaque fois qu'un passant marche dessus ou les pousse avec le pied, ils entonnent l'hymne national avec des paroles de notre cru ! Le problème, c'est qu'on leur a toujours pas trouvé de nom qui accroche.

- Et pourquoi pas les Rolling Stones ? Proposa Harry avec une candeur exagérée.

- Haha ! Ca sonne bien ! Mais franchement, qui aurait idée d'appeler quoi que ce soit « les pierres roulantes ! »

- Va savoir… Pouffa-t-il. Enfin, d'après ce que j'imagine, le Chemin de Traverse devait ressembler aux couloirs de Poudlard durant la semaine précédent votre sortie !

- En moins vicieux, mais il y avait de ça, ce bon vieux Peeves aurait adoré !

- Les affaires ont l'air d'aller en tout cas ! Les complimenta Lupin.

- Et comment ! Zonko va avoir du souci à se faire ! S'exclama fièrement George.

- Et tout ça grâce à toi vieux ! On n'est pas près de l'oublier ! Renchérit Fred à l'intention d'Harry.

A présent que les jumeaux avaient menés leur entreprise à bien, ce n'était plus un secret pour personne qu'Harry avait été leur principal investisseur dans ce projet.

- Et c'est pour ça que votre logo à la forme d'un éclair je présume ? Gronda Maugrey, faisant son apparition entre les rayons de confiseries à effets secondaires et d'explosifs en tout genre.

- Vous êtes la première personne à avoir fait le rapprochement Alastor. Acquiesça Fred. On a aussi voulu adresser un clin d'œil à ceux sans qui nous n'en serions pas là aujourd'hui, Messieurs Prongs, Padfoot, Moony et Wormtail !

- Il n'y a pas de quoi, c'était de bon cœur ! Sourit Lupin à mi-voix.

Harry sembla être le seul à avoir saisi cette remarque. Certaines parenthèses du passé des maraudeurs avaient prudemment été passées sous silence au reste de l'ordre : imaginez donc la réaction de Molly Weasley, déjà sceptique sur le sens de la responsabilité d'animagus illégaux !

- Faudrait faire fiça si on veut éviter les bouchons encore une fois. Les gamins sont parés ? Bougonna Fol œil.

- Vous avez eu des problèmes de cheminette ? Les transports étaient pourtant fluides aujourd'hui ! S'étonna George.

- Comment ?!! Malheureux, tu oublies à quel point c'est risqué !! Rien de plus sur que les conserves à roulettes moldus voyons ! Ironisa Ron.

- La remarque peut paraître déplacée pour quelqu'un qui a inauguré ce système lors de sa rentrée en deuxième année ! Rétorqua Hermione.

- Au moins la Ford Anglia pouvait voler !

- Et c'était tellement fiable qu'elle erre toujours dans la forêt interdite aujourd'hui !

C'est cet instant que choisit Pattenrond pour bondir sur la seconde Boom-Ball, profitant d'un échange mal réceptionné. Cependant, ce saut calculé n'avait pourtant rien de la souplesse du félin, car le persan atterri maladroitement sur une des tablettes alentour, renversant les modèles exposés en tentant de contrôler son dérapage. Parmi eux, un tube rempli de minuscules balles noires dont le contenu se répandit à travers la pièce.

- Pattenrond, quel idiot ! Je suis désolée, je vais tout ramasser… S'excusa Hermione en joignant le geste à la parole.

- Non, n'y touche pas, personne ne bouche de l'endroit où il est ! Ordonna Fred.

- Euh… Pourquoi ? Demanda un peu tardivement Ron, qui avait déjà reculé d'un pas sous la surprise.

Ce fut une détonation assourdissante qui répondit à sa question, alors que son pied, qui s'était malencontreusement posé sur une de ces balles, provoqua une explosion dégageant un opaque nuage de fumée nauséabond. S'en suivit, évidemment, les cris paniqués des clients se bousculant les uns les autres pour se plaquer aux murs.

- DU CALME !! C'est juste sortilège d'illusion, rien de plus !! Les effets se dissipent rapidement. Expliqua George d'une voix sonore.

En effet, alors qu'il tentait de calmer la foule, le brouillard se dissipa en un instant, laissant les clients abasourdis s'observer les yeux écarquillés, quittes pour une mauvaise toux durant les dix minutes à venir, mais rien d'alarmant.

- Qu…Qu'est-ce que c'est que ça ?! Tonna Hermione entre deux toussotements.

- Génial non ? Et encore, c'était qu'un extrait, imagine ce qui se passe si on en met dix d'un coup !

- Super… Marmonna t'elle d'un ton en décalage avec son appréciation. Et comment ça s'appelle ?

- Des Angelina-5 !

- Angelina-5 ? Y en a eu 4 avant ? Demanda Harry.

- Euh… Oui, mais elles n'étaient pas vraiment au point… C'est Angie qui a été les première à les tester, d'où le nom !

- J'imagine son enthousiasme d'ici… Ajouta Hermione pour elle-même.

Fred mis un peu d'ordre à l'aide d'un sort de lévitation, rangeant les billes avec précaution dans leurs étuis.

- T'en as un échantillon dans tes cadeaux Harry ! Lui confia George avec un clin d'œil.

- Ah ! C'était ça ?! S'étonna-t-il.

- Vous serez tous d'accord pour qu'on rentre avant que Weasley cadet ne fasse effondrer le toit par son adresse légendaire ? Interrogea Maugrey.

- Hey !!

- Mmm… Je suppose que la plupart doivent déjà être en chemin, la moindre des choses seraient d'être là pour les accueillir. Arrangea Lupin. A plus tard vous deux ! Ajouta-t-il à l'intention des jumeaux.

Il était cinq heures passées lorsque l'escorte franchit en sens opposé le mur du fond du Chaudron Baveur. Vraisemblablement, la nuit allait être longue, et riches en explications, ou du moins était-ce ce qu'Harry espérait. C'est dans ses instants qu'il regrettait de ne plus être le lycéen ordinaire qui n'aurait d'autre préoccupation que la filière qu'il allait suivre, qu'il regrettait de ne pas être dans la même ignorance que ses camarades de classes sur le danger réel qui les guettait, qu'il regrettait de s'appeler Harry Potter, l'enfant qui a survécu…


N/A : Je n'arrive pas à croire que j'ai mis autant de temps à intégrer Hermione à l'histoire, lol ! Je m'excuse auprès de ceux qui pensent que je vais un peu vite en besogne en faisant mourir un personnage (bien que d'arrière plan) dès le quatrième chapitre, (d'autant que ce ne sera pas le dernier…), mais je crois que le titre du dernier chapitre de l'Ordre du Phénix laissait présager une ambiance dans ce style, non?

Voilà, que dire de plus, sinon vous remercier encore une fois pour avoir lu ce chapitre ? N'hésitez pas à me faire part de vos critiques, bonne ou mauvaise, c'est très encourageant ;-)