Il était plus que temps que je remette à jour cette histoire, je suis vraiment navrée ! J'ai préféré attendre que la base de donnée soit de nouveau stable, et puis j'ai… euh… oublié P TT. Encore toutes mes excuses !
Un énorme merci à : Elaur, La Folleuh et Zabou : vos reviews me font toujours un IMMENSE PLAISIR ! Merciiii !
Chapitre VII : Pearl Raynes
Il devait être 7 heures lorsque les premiers rayons d'un soleil froid s'infiltrèrent à travers les rideaux pourpres vaguement tirés du lit à baldaquin pour effleurer son visage endormi. Aussi doux que soit ce réveil, la première chose qui lui vint à l'esprit, lorsqu'il se décida à entrouvrir paresseusement ses paupières… fut de se rendormir ! Il avait cherché si longtemps le sommeil la nuit passée qu'il ne voulait pas le laisser s'échapper si tôt, et pourtant, les mouvements qu'il perçut indistinctement depuis les couchettes voisines lui firent comprendre qu'il n'aurait pas vraiment le choix s'il espérait avoir un petit déjeuner convenable.
S'étirant longuement avant de se lever d'un bond rapide, probablement de peur de ne plus en avoir le courage s'il paraissait encore, il adressa un signe de main à Ron qui y répondit mollement, encore profondément plongé dans un demi-sommeil.
- 'Jour.
- Quelle heure ?
- Sept heures moins cinq.
- Bien dormi ?
- Pas assez.
- J'ai faim.
- Premier à la douche.
- Vas-y.
Furent les quelques mots échangés par les cinq Gryffondors ensommeillés, s'affairant chacun de leur côté d'un pas titubant pour se tenir prêt…
Alors qu'ils passaient devant le portrait encore endormi de la Grosse Dame pour se rendre à la Grande Salle, Harry raconta en bref sa discussion de la veille à Ron, en train de lutter avec sa propre cravate qui refusait apparemment de se nouer convenablement ce matin là.
- Et tu sais qui est cette Dorcas Mellows ? Demanda-t-il en la défaisant pour la troisième fois.
- Meadowes. Plus ou moins, Maugrey m'en avait parlé l'année dernière pendant une des réunions de l'Ordre. De ce que j'en sais, elle aussi en faisait partie, mais a été une victime personnelle de…
- Je-sais-qui ! Compléta précipitamment Ron, n'ayant aucune envie qu'il prononce son nom de si bon matin. Mais ça devait être un membre important, enfin je veux dire particulier, pour qu'il ne délègue pas, non ?
- C'est aussi ce que je pense... Mais je ne pouvais pas le demander à Lupin, je ne sais même pas s'il m'a cru lorsque je lui ai dit ne pas avoir entendu la fin de leur conversation.
- Tu as eu de la chance, imagine que tu sois tombé nez à nez avec Fol Oeil ! S'il apprenait que tu les as contacté par cheminette le premier soir de la rentrée…
- Oui, il aurait à peu près la même réaction que…
- TU AS FAIT QUOI ! S'exclama une voix indignée derrière eux.
- Hermione. Compléta Harry en se retournant avec un sourire embarrassé vers la personne en question.
Celle-ci venait de les rejoindre sans qu'ils ne s'en aperçoivent – peut-être espérait-elle les surprendre ? Mais à cet instant, elle oublia la plaisanterie pour se tenir bras croisés face à Harry, qu'elle observait d'un regard réprobateur : une caricature parfaite de Mrs. Weasley si cela avait été voulu, quoique sa mine fâchée ressemblait à si méprendre à celle qu'arborait au naturel le persan roux se trouvant à ses pieds.
- Hermione, tu es radieuse ce matin, pas vrai Ron ? Déclara Harry d'une voix chantante en appelant son ami à l'aide.
- Mais absolument ! Pattenrond aussi à l'air en forme je trouve ! Répondit ce dernier d'un ton tout aussi claironnant. Je sais pas pour toi Harry, mais moi je meurs de faim !
- Ca tombe bien, moi aussi. On devrait se dépêcher d'y aller pour avoir le choix.
- Tout à fait d'accord !
Sur ce, ils se hâtèrent de détourner les talons dans le vague espoir d'échapper à une des réprobations légendaires de la jeune préfète, mais se sentirent soudain retenu par le col alors qu'ils amorçaient un premier pas pour s'éloigner.
- Minute ! Dit-elle d'un ton sans réplique.
- Aïe, on a encore une chance de s'en tirer tu crois ? Demanda Ron à Harry sans grande conviction.
- Je crois qu'elle nous a eu là, faut se résigner. Soupira Harry en retournant un regard implorant vers la jeune fille. Tu vas nous épargner, dis ?
- Ca suffit vous deux ! S'exclama-t-elle en réprimant un sourire. Harry, ce que tu as fait était tout à fait…
- Irréfléchi ? Irraisonné ? Inconscient ? Imprudent ? Enuméra Harry pour lui épargner la peine de les citer.
- Irresponsable ! Rétorqua-t-elle en fronçant les sourcils
- Ah, c'était le « I » qui manquait sur ma liste…
- Je suis sérieuse ! Et dangereux en plus ! Imagine un peu que…
- Oui, je sais, mais Ombrage n'est plus notre directrice ! Pourquoi Mrs. Figg m'aurait-elle offert de la Poudre de Cheminette si je ne peux pas m'en servir !
- C'est tout aussi irresponsable !
- Chris m'a dit de te dire bonjour !
- Il a dit ça ! Reprit-elle en rougissant. Hé ! N'essaie pas de détourner le sujet tu veux ?
- C'était bien tenté ! Lui accorda Ron avec un sourire.
- Ron, tu devrais lui dire aussi, non seulement parce que tu es préfet, mais aussi parce que tu es son ami ! Lui reprocha Hermione d'une moue boudeuse.
- C'est pas bien Harry ! Vilain garnement ! Le réprimanda Ron en imitant la voix de la jeune fille.
- Je le referai plus Msieur, promis ! Répondit-il dans le même jeu avant que tous deux n'éclatent de rire.
- Vous êtes désespérants. Soupira Hermione en haussant les épaules, désabusée. C'est quand même…
Mais on ne sut jamais la suite, Harry l'interrompant pour lui relater à son tour la conversation, dans l'idée de mettre fin à ce sermon alors qu'ils pénétraient dans la Grande Salle. Ce récit eut l'effet escompté puisque la jeune fille ne tarda pas à se dérider pour le commenter à mi-voix en raison du nombre d'élèves qui les entouraient.
- Mrs. Meadowes a fait couler beaucoup d'encre à la fin de la guerre. Expliqua Hermione. Elle aussi est décédée dans la nuit où…
- Où mes parents sont morts ? Compléta Harry d'un ton un peu rude, mettant fin à son embarras.
- Oui… Je l'ai lu dans des coupures de presse archivée de la Gazette, avant mon entrée à Poudlard. Comme je ne connaissais rien au monde sorcier, je voulais me tenir au courant de tout ce qui s'était passé durant les dix dernières années…
Harry et Ron échangèrent un regard éloquent mais s'abstinrent de commentaire pour la laisser poursuivre.
- Evidemment, comme Voldemort – Oh, Ron, pitié ! – était porté disparu, le Magenmagot n'a jamais pu l'interroger sur la 'logique', parce que cela avait forcément été planifié, de ces agressions ; Voldemort se déplaçait rarement en personne pour affronter ceux qui s'opposaient à lui…
- Evidemment, et je suppose qu'ils étaient trop occupé à fêter sa disparition pour s'en préoccuper vraiment. Compléta Harry avec ressentiment.
- Il doit y avoir de ça aussi, sans doute… Tu dis qu'elle protégeait quelqu'un ?
- Ou quelque chose… Il me semble avoir entendu Lupin dire un truc dans ce ton là mais…
Il
s'arrêta soudain, alors que des exclamations accueillaient la
livraison du premier courrier de l'année : Un tourbillon de
plumes piaillantes pénétra dans la Grande Salle selon
un cortège assez décousu de grands ou petits ducs,
chouettes lapones, hulottes, chevêches, effraie, ou encore
épervière… Chaque chouette, chaque hibou, planaient à
hauteur raisonnable, recherchant de leurs yeux de rapace le
destinataire de leur charge pour effectuer leur livraison, qui
quoique acrobatique était des plus efficace.
Respectivement,
Harry, Ron et Hermione reçurent le Times, Quid-Team – Un
nouvel hebdomadaire sportif au titre assez significatif concernant
son contenu- et la Gazette du Sorcier, qu'ils payèrent, 3
shillings, 3 et 1 noises.
- Même les journaux moldus trouvent des coursiers jusqu'à Poudlard ? S'étonna Ron en grimaçant devant les illustrations désespérément immobiles de la couverture.
- La presse moldu a de nombreux contacts avec notre monde. Expliqua Harry. Souviens-toi il y a 3 ans…
Il y a trois ans, Sirius Black était recherché mort ou vif dans les deux mondes. De ce fait, les avis de recherche avaient dépassé les frontières de la Gazette pour faire la Une des journaux de chaînes hertziennes moldues.
- Tu as pris des actions dans l'Eurotunnel ? Demanda Hermione en jetant un œil au sommaire.
- C'est quoi l'Eurotunnel ? Coupa Ron.
- Mais non ! Reprit Harry amusé. Je me disais juste qu'avec le retour de celui-dont-Ron-ne-veut-pas-entendre-le-nom…
- Hum !
- La population moldue était tout autant exposée, sinon plus que nous à ses coups d'éclats. Et l'Eurotunnel est un tunnel creusé sous la Manche permettant de faciliter les transports entre l'Angleterre et la France. Ajouta-t-il à l'intention de Ron,
- Ouah ! S'émerveilla Ron. Ils ont embauché des êtres de l'eau pour ça ? Comment ils s'y sont pris ?
- Euh… Ils ont utilisés des machines moldues…
C'était la phrase passe-partout d'Harry lorsque Ron lui posait une question à laquelle lui-même n'avait jamais réfléchi concernant les activités moldues. Cependant, le jeune Weasley n'eut pas l'opportunité d'approfondir ses connaissances sur l'Eurotunnel : un tumulte particulier attira l'attention des trois adolescents vers la table voisine, où déjà, certains curieux d'autres maisons s'étaient approchés pour voir ce qu'il en était. N'étant eux-mêmes pas les moins curieux de l'école, ils suivirent le mouvement pour arriver au niveau du regroupement d'élèves. Tous étaient penchés sur un article assez bref de la Gazette.
- Je n'arrive pas à y croire… Marmonna une Poufsouffle de dernière année dont Harry ignorait le nom.
- Tu connaissais ce Mark Spall, Helen ? Demanda Hannah Abbot à son aînée.
- Pas particulièrement, non, mais il étudiait encore à Poudlard lorsque je suis arrivée. Répondit l'Helen en question. Il était plutôt beau garçon d'ailleurs…
N'espérant pas pouvoir se faufiler pour accéder à l'article, Hermione demanda simplement le numéro de page pour ouvrir son propre exemplaire à la rubrique correspondante.
UNE NOUVELLE DISPARITION SIGNALEE AUX ENVIRONS DE SOUTHAMPTON
Ayant refusé jusque là d'exprimer le moindre commentaire sur cette rumeur, les Autorités Sorcières du Département C ont ce matin confirmé publiquement la disparition de Mark Davis Spall, 24 ans, guérisseur libéral diplômé d'état. D'après nos informations, ce serait la secrétaire du Dr. Spall, Miss Timothy Gales, 26 ans, qui aurait informé les ASD – C de cette affaire. « Le Dr. Spall a toujours été d'une ponctualité irréprochable. C'est pourquoi, en découvrant son cabinet vacant Samedi matin lors de mon arrivée, j'ai d'abord cru qu'il avait du être retardé quelque part. N'obtenant cependant aucune réponse par hibou postal, je me suis rendue chez lui vers les 10h pour voir ce qu'il en était. Imaginez ma surprise en découvrant son appartement, d'habitude si coquet, entièrement ravagé ! ». En effet, les clichés de l'appartement (voir-ci contre) pris par nos reporters témoignent qu'il y a eu lutte, incontestablement. Néanmoins, l'ASD-C ne nous a encore communiqué aucun nom de suspect potentiel. Aux dires de Miss Gales, personne à sa connaissance n'aurait eu une quelconque raison de vouloir nuire à ce jeune Guérisseur, dont les talents commençaient à se faire connaître dans la capitale…
Hermione n'alla pas plus loin dans sa lecture, se désintéressant des témoignages larmoyants non vérifiables de ses patients.
- C'est la deuxième 'disparition' en moins d'une semaine… Murmura-t-elle.
- C'est peut-être une simple coïncidence. Rétorqua Ron en arquant un sourcil.
- Tu y crois encore aux « coïncidences » ? Sûrement pas…
- « Les autorités n'ont encore communiqué aucun nom de suspect potentiel » ? Tu parles ! Railla Harry sans se soucier de baisser d'un ton. C'est parce que tout le monde a peur de le prononcer, oui !
Les élèves situés à proximité retournèrent vers lui un regard perplexe, certains fronçant les sourcils, d'autres inquiets, et les derniers approuvant silencieusement.
- Arrête, tu crois ? Demanda Susan Bones intriguée. Mais pourquoi un guérisseur de province, ça n'a pas de sens !
- A nos yeux non, pas plus que la 'disparition' d'une mère de deux cracmols. Conclut Harry en haussant les épaules, avant de retourner à sa table pour terminer son petit déjeuner, ignorant les regards posés sur lui.
Si les deux jeunes garçons dévoraient avec appétit, Hermione quant à elle se contentait « d'avaler » plus que de manger ses toasts grillés, lisant et relisant l'article en mâchant inlassablement la même bouchée depuis plus de deux minutes.
- Susan a raison… Dit-elle finalement d'une voix songeuse. Pourquoi lui, pourquoi là ? Il y a forcément une raison…
- I ya sim'eumen peuchetre au'un liench enchre les eu é out. Tenta de répondre Ron en avalant un œuf entier.
- Tu peux répéter ? Demanda patiemment Hermione en lui servant du jus de citrouille pour l'aider à faire passer.
- Je disais qu'il n'y a simplement, peut-être, aucun lien entre les deux c'est tout. Répéta-t-il après une ou deux gorgées.
- Hmm…
Elle referma d'un geste vif son journal qu'elle rangea dans sa sacoche et avala sa dernière bouchée.
- On devrait songer à y aller, les premiers cours commencent dans moins de dix minutes.
- Qu'est-ce que vous avez en premier ? Demanda Ron en vérifiant qu'il avait tout son matériel d'Astronomie.
- Potions, yipee. Soupira Harry d'un ton laissant penser qu'il annonçait sa condamnation à mort. Et dire que j'ai accepté, en connaissance de cause, de vivre l'enfer 6h par semaine pour les deux ans à venir !
- Bien faire, se taire et laisser braire! Lui recommanda une voix féminine derrière lui.
Cette voix était celle de Ginny Weasley, s'attablant à son tour.
- Ce n'est que maintenant que tu arrives ? Panne d'oreiller ? S'étonna son frère.
- Que nenni, je commence les cours à 10 h moi ! Le nargua-t-elle en élargissant son sourire.
- Je te déteste. Cours de quoi ?
- Etude des Moldus et…
- Depuis quand tu fais étude des Moldus ?
- Depuis deux ans maintenant, je suis flattée de voir à quel point tu t'intéresses à ma vie grand frère ! Et Divination.
- Ah oui, toi aussi tu as fait cette erreur !
- J'avoue ne pas vraiment comprendre les méthodes du Professeur Firenze, mais il faut reconnaître que c'est à peine s'il sait qu'il est en droit de nous donner des devoirs, c'est un avantage !
Puis regardant sa montre, elle ajouta :
- Mais mon troisième œil prédit que Gryffondor aura 20 points en moins si vous arrivez en retard au cours de Rogue !
- Tu devrais postuler pour la place de Trelawney, tes prémonitions sont malheureusement indiscutables ! Plaisanta Harry en jetant son sac sur son épaule. A plus tard !
Les trois adolescents s'éloignèrent alors que la jeune fille se dirigeait vers la table des Serdaigle pour saluer Luna.
En constatant le nombre d'élèves, fort réduit, déjà présent dans l'austère salle de classe dallée, Harry et Hermione supposèrent, avec un certain soulagement, qu'ils étaient parmi les premiers arrivés, ce qui relevait de l'exploit ! Ce furent cependant les railleries des Serpentards déjà présent qui vinrent les contredire.
- Tu t'es encore perdu Potter ? Demanda Malefoy en haussant suffisamment la voix pour être entendu de toute la classe. C'est le cours de Potions ici, retourne plutôt jouer avec Weasmoche en Astronomie, il trouvera peut-être une niche dans ses moyens en orbite !
Alors que Harry s'apprêtait à lui exprimer son point de vue sur cette remarque, Hermione le coupa d'un geste, lui faisant comprendre d'un regard insistant que les cachots étaient certainement l'endroit le moins propice pour se mesurer au préfet de Serpentard. Néanmoins, elle se retourna vers ce dernier en lui renvoyant son air dédaigneux :
- Des bruits de couloirs prétendent que le Professeur Rogue a fait une concession pour les élèves de sa propre maison concernant l'obtention obligatoire d'une note optimale, c'est vrai ? Contrairement à d'autres, Harry ne doit sa présence ici qu'a ses résultats aux Buses, et non à la couleur de sa cravate Malefoy !
- A d'autres Granger ! Rétorqua Malefoy sans se démonter pour autant. Pour que Rogue accepte de perdre son temps avec un élève en lui donnant des cours particuliers, il faut vraiment que son cas soit désespéré, même Londubat n'en a pas eu !
- Tu ne sais pas de quoi tu parles…
- Mais personne ne refuse rien à Saint Potter, poursuivit Drago sans s'en soucier le moins du monde, c'est bien connu, notre bienfaiteur ne saurait avoir des notes minables !
- La ferme Malefoy ! S'exclama Hermione sans se soucier de rester polie, craignant déjà les représailles d'Harry face à ses propos.
Mais celui-ci ne répondit pas. Il le dévisageait avec hargne, écumant de rage de ne pouvoir, pour la première fois de sa vie, rétorquer quoique ce soit au Serpentard insolant. Ce n'était pas tant ses propos qui le mirent hors de lui, ni le fait qu'il ait révélé ses « leçons particulières » à l'ensemble de la classe, mais plutôt l'idée que ces mots soient vrais, que les notes qu'il avait obtenue étaient le fruit d'une partialité évidente de la part de son jury.
Entendant un pas pressé raisonner dans les couloirs sinueux des sous-sols, reconnaissable être mille pour avoir été détesté pendant plusieurs années, Harry accorda pour cette fois la dernière réplique à un Drago satisfait pour se trouver une place la plus éloignée possible de celle du professeur en ruminant sa vengeance.
Quelques secondes plus tard, la lourde porte gonflée par l'humidité ambiante s'ouvrit d'un mouvement brutal, précédent l'entrée d'une cape noir virevoltant au grès de la démarche rapide de son possesseur, s'empressant d'un geste impérieux de la baguette d'obstruer toute source de lumière présente dans la pièce, avant de se retourner avec une rigidité quasi-militaire vers l'ensemble de ses élèves, le fixant d'un air désabusé sans toutefois piper mot.
- Rangez vos livres, baguettes, parchemin et autres babioles inutiles dont vous aimez vous encombrer. Ordonna-t-il en sondant chaque visage.
Tout en s'exécutant, Harry lança un regard assez explicite à Hermione, soulignant le talent de Severus Rogue pour rendre ses cours des plus « divertissants ».
- A en croire le nombre de rescapés encore assis sur ces bancs à l'aboutissement de leur cinquième année, je conclue que le niveau général de cette école devient de plus en plus désespérant au fils des ans. Les résultats des buses sont significatifs, plus particulièrement dans cette matière où il ne suffit pas remuer bêtement une baguette en baragouinant en latin, mais bel et bien de faire appel à des compétences intellectuelles faisant défaut à bon nombre d'entre vous.
Disant cela, le professeur détourna le plus ouvertement possible son regard vers Harry, le dévisageant d'un air dubitatif.
- C'est pourquoi je ne peux que m'étonner, sinon m'offusquer, de la présence de certains éléments ici, ayant sans conteste brillé par leur incompétence durant leur premier cycle.
L'élève explicitement visé du se faire violence pour ignorer les ricanements bruyants des Serpentard et ne pas rétorquer qu'il avait le même sentiment concernant la présence de certains professeur pour des raisons similaires. Cependant, il choisit pour sa défense l'indifférence, renvoyant au professeur un regard intéressé et poli qui le fit ciller, ou du moins l'aurait-il juré.
- Mais mettons ceci sur le compte de la chance, ou du miracle plus probablement, que sais-je ? Poursuivit-il d'un ton mielleux avant de se retourner vers l'ensemble de la classe, retrouvant soudainement sa voix cassante. Cela étant dit, j'espère que vous avez conscience d'avoir signer un contrat irrévocable en décidant de poursuivre cette matière, car je ne tolèrerai aucun manque d'assiduité, aucune jérémiade, aucun retard de votre part, est-ce bien clair ?
Ce fut à partir de cet instant qu'Harry commença à décrocher, constatant une fois encore l'enthousiasme dont faisait preuve Rogue pour « mettre ses élèves en confiance ». Ce professeur aimait plus que tout s'écouter parler, et remarquait avec un plaisir mal dissimulé l'effroi se lisant sur certains visages à l'annonce du programme surchargé des deux années à venir. Ce discours décourageant se prolongea jusqu'à la deuxième heure où commencèrent 'enfin'les Travaux Pratiques. Il était question de réaliser une Valse Nocturne, un philtre complexe faisant appel à la quasi-totalité des notions étudiées durant les années précédentes, dont Rogue avait déjà exigé un compte rendu en trente centimètres pour le Mercredi suivant.
- Il a toujours des idées lumineuses pour bien commencer l'année. Grommela Harry en recopiant la liste des ingrédients. Le nom de la majorité des ingrédients n'est prononçable qu'avec une patate chaude dans la bouche, tu parles d'un contrôle des connaissances !
- Moins fort ! Lui rappela Hermione, assise à la table de derrière avec Susan Bones, Rogue ayant pris soin de les séparer dès le commencement des TP en leur retirant à chacun 10 points pour des raisons fumeuses. La Valse Nocturne n'est pas aussi difficile à réaliser qu'elle en a l'air, ce n'est qu'une variante de la Potion de Sommeil.
- Encore une mixture pestilentielle qui ne sert absolument à rien ! Poursuivit Harry en broyant ses feuilles d'Alihosty.
- Bien sur que si ! La personne qui l'absorbe exécute dans son sommeil tout ce qu'il perçoit en rêve.
- En gros on devient funambule, très utile en effet. Ironisa-t-il en versant quelques gouttes d'extrait de Dictame sur la base préparée par Anthony Goldstein, son partenaire pour cette heure.
- Ingérée par un ennemi elle s'avère…
L'approche du Professeur de potions aux tables voisines l'interrompit dans sa récitation. N'accordant pas même un regard à la solution pourpre de la jeune fille, sans doute irréprochable, il se pencha avec un intérêt nettement plus soutenu sur celle d'Harry et Anthony, dont la couleur virait davantage à l'orangé.
- Peut-on savoir ce que vous nous préparez Potter ? Demanda-t-il d'un ton doucereux. Un Punch peut-être ?
- Mais une Valse Nocturne, Monsieur. Ou du moins il me semble. Répondit-il sur le même ton en crispant ses mains sous la table, s'étant juré de ne plus jamais se laisser prendre dans son jeu.
- Vraiment ? Sa couleur est plutôt inhabituelle vous ne trouvez pas ? Encore une fois, vous nous démontrez que la chimie est une seconde nature chez vous ! Poursuivit-il accompagné d'éclats de rire serpentariens.
- Probablement parce qu'elle n'est pas encre terminée ! Rétorqua-t-il un peu plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu.
- Merci de me l'apprendre, mais à en croire le nombre d'ingrédients gaspillés sur votre table, je m'en étais rendu compte ! Cherchons l'erreur, combien de goutte d'extrait de Dictame avez vous mis ?
Malheureusement, c'était une très bonne question. Rogue était arrivé au moment de son décompte, et il n'était plus tout à fait sur d'avoir versé les huit gouttes nécessaires. Anthony lui adressa un discret hochement de tête.
- Huit.
- En êtes vous sur ? Insista-t-il, alors qu'un rictus apparaissait sur son visage.
- Absolument. Répondit-il sans l'être le moins du monde.
- Je vous conseillerais d'en ajouter une pour le vérifier.
Ce conseil s'apparentait davantage à l'ordre, et Harry ne tenta même pas de protester. Il prit la pipette que lui tendait un Anthony légèrement blême en espérant de tout cœur s'être tromper…
Environ 17 secondes plus tard, les éclats de verres éparpillés au sol au milieu d'une flaque en ébullition formée au pied du professeur vinrent confirmé ses dires.
- Je patauge dans l'imbécillité ! Conclue le Professeur en marchant indifféremment sur les débris. Fidèle à vos habitudes, vous commencez l'année avec un 0 Potter, ce dont vous remerciera Goldstein qui grâce à vous obtiendra la même note.
- Quoiii ! S'indigna Harry, n'y tenant plus. Mais c'est vous qui…
- Taisez-vous ! Ne vous a-t-on jamais appris à ne pas répondre à un Professeur ? 20 points vous seront enlevé pour vous le rappeler !
Les regards suppliants d'Hermione, Parvati Patil et Dean Thomas, les seuls Gryffondor ayant poursuivit cette matière avec lui, le dissuadèrent de rétorquer quoi que ce soit pour sauvegarder leurs points. Il se contenta de lancer un regard haineux à son professeur, avec le secret espoir, sans doute, que cela ait le même effet que sur sa tante Marge, 3 ans plus tôt…
- Alors ? Comment va ce cher Rogue ? Il a eu son quota de points pour la matinée? Demanda Ron d'un ton badin, déjà attablé en salle de Métamorphose.
- 40, la pêche a été bonne. Grommela Harry en jetant son sac à côté de ce dernier.
- C'est tout ? Il était pas en forme ce matin !
- C'est parce que t'étais pas là pour apporter ta contribution ! Rétorqua-t-il railleusement.
- Chht… Le Professeur McGo… Chuchota Hermione
- Estime-toi heureux qu'il n'en ait pas profité pour vider la moitié du sablier ! Il a du frôler la crise cardiaque en apprenant que tu as eu tes Buses dans sa matière ! L'interrompit Ron en pouffant de rire.
- Encore faudrait-il qu'il ait un cœur pour ça ! Conclue Harry amèrement.
- Potter, Weasley ! Je suis navrée d'interrompre votre conversation, mais si vous le voulez bien, j'aimerais pouvoir commencer mon cours. Leur demanda d'une voix sèche une longue silhouette au visage sévère relevé d'un chignon serré.
Ils entendirent vaguement Hermione leur murmurer « C'est ce que je voulais vous dire » et acquiescèrent en hochant la tête honteusement, pareil aux enfants de première année qu'ils avaient été face à l'imposante directrice de Gryffondor.
- Je vous remercie. Comme je vous le disais, j'attends de vous durant ces deux prochaines années de la rigueur, de la discipline, et avant tout que vous fassiez preuve d'une grande maturité. L'étude de la Métamorphose en second cycle s'oriente vers ses aspects les plus délicats et, je ne vous le cache pas, les plus risqués. Il n'est pas impossible qu'à vos débuts vous rendiez des visites fréquentes à Mme Pomfresh…
Parmi les élèves effarés, une main se dressa vivement pour réclamer la parole.
- Oui Miss Granger ?
- Mais Professeur, les métamorphoses humaines ne sont-elles pas au programme de dernière année seulement ?
Un sourire se dessina sur le visage adouci du Professeur, apparemment satisfait de son sens aigue de la déduction.
- En effet, Miss Granger, j'allais y venir. Comme l'a deviné votre camarade, il a été décidé par une réforme nouvelle de consacrer non pas une, mais deux années à l'apprentissage de la métamorphose humaine, en raison de sa complexité, mais également d'évènements récents que je ne vous apprendrai pas.
Une rumeur de murmures stupéfaits s'éleva dans la classe. Contrairement à son habitude, l'enseignante attendit qu'elle se disperse pour reprendre la parole.
- Je vous considère comme des adultes désormais, aussi je vous m'adresserai à vous comme tels. En dépit de la polémique suscité par le Ministère il y a de cela un an, nous savons tous aujourd'hui où se trouve la vérité. Et il n'est ni de mon devoir, ni de ma volonté de vous la dissimuler. Oui, il y a danger. Oui, vous êtes concernés, et nous agissons en conséquence, du moins en ce qui est en notre pouvoir, à savoir votre éducation. Sachez que ce que vous apprendrez désormais ne sera plus de simples formalités en vue de l'obtention d'un diplôme, mais des armes que vous serez peut-être amenés à utiliser plus tôt que vous ne l'espériez…
Contrairement au Maître de Potion, le Professeur McGonagall obtint durant toute la durée de son discours l'attention soutenue d'une vingtaine d'élèves semblant fascinés. Ponctuant son propos avec des mots tels que courage, union, victoire, elle paraissait pour la première fois face à ses élèves avec un charisme digne d'un véritable chef de guerre. C'était du moins ce que pensait Harry, se félicitant de savoir une femme d'une telle carrure dans l'Ordre du Phénix.
Néanmoins, son enthousiasme baissa d'un cran à l'annonce de la première leçon qui se voulait être un démarrage en douceur, puisqu'elle consistait à changer la couleur de ses ongles en fonction de la modulation de la formule Tingerenta. A l'exception de la population étudiante féminine, estimant ce sort d'une grande praticité esthétique, un bon nombre d'élèves n'y trouvèrent qu'un intérêt très relatif, et plus particulièrement un certain Ron qui s'en plaint ouvertement, ne parvenant à d'autre résultat qu'une teinte verdâtre peu attirante.
- Cela serait plus simple si vous y mettiez de la bonne volonté Monsieur Weasley. A moins de m'avoir dissimulé durant cinq années que vous étiez métamorphomage, je doute que vous ne deveniez animagus pour notre premier cours. Contentez vous d'assimiler les bases pour l'heure ! Tingerenta unguis rubens !
A ces mots, la Professeur tinta les ongles du jeune homme d'un rouge assorti à sa chevelure, un effet qu'il exécra encore plus que ses essaies infructueux.
- Tu t'essaies à la tendance automne hiver Ron ? Pouffa Ginny en observant le résultat du double cours de métamorphose.
- Moi je trouve que ça lui va plutôt bien. Ajouta distraitement Luna en regardant tout à fait à l'opposé.
En effet, au bout d'une heure et demi de pratique, Ron n'avait toujours pas réussi à se débarrasser de la couleur que lui avait attribué McGonagall, Harry tentait de dissimuler de son mieux ses ongles d'un bleu maladif, tandis qu'Hermione admirait son rose irisé qui lui convenait parfaitement.
- Au lieu de vous lamenter, pensez plutôt à ce pauvre Neville ! Personne n'a encore compris comment il s'y était pris pour faire des motifs à rayures ! Leur rappela Hermione, bien qu'elle-même ne pût s'empêcher de sourire à ce souvenir.
- Au moins les effets ne sont pas durables, on devrait retrouver une couleur normale dans la journée. Se rassura Harry, quoique la jeune fille accueille la nouvelle avec une certaine déception.
- Alors, comment se sont passées vos premières heures de cours ? Demanda Ron aux deux cinquième année pour changer de sujet.
- On a appris à se servir d'un Aspic-rateur ! Déclara Ginny ravie en remplissant l'assiette qu'Harry lui tendait.
- C'était pas un aspirateur ? Je me souviens que ma mère en faisait la collection quand j'étais petite. Songea à voix haute Luna en observant les modèles réduits distribués par le Professeur Bicycle.
- Ta mère était moldue ? Questionna Harry, surpris.
- Non. Rétorqua-t-elle comme s'il s'agissait d'une évidence.
Hermione pouffa de rire alors que le jeune homme observait la Serdaigle d'un air dubitatif, avant de conclure à une originalité congénitale.
- Ca a l'air pratique, j'aimerai bien en offrir un à Maman pour Noël. Mais ça doit être un objet très rare vu sa complexité. Soupira Ginny d'un air abattu.
- Oh, non, tu en trouves même dans les supermarchés ! La rassura Harry en dissimulant son amusement.
- Un super marché ? Ca a l'air génial ! Qu'est-ce que c'est, un évènement annuel ? Demanda-t-elle passionnée.
- Euh non c'est… euh… Je te montrerai aux vacances de Noël, promis. Conclue-t-il, songeant que l'heure du déjeuner ne suffirait pas pour expliquer ce qu'était une chaîne de grande distribution.
La jeune rouquine accueillit avec joie cette « invitation », et l'en aurait sûrement remercié si une Gryffondor de dernière année ne s'était pas brusquement précipitée sur elle, lui plantant un formulaire de 3 pages dans les mains
- Euh, qu'est-ce que c'est Katie ? Demanda-t-elle interloquée en se retournant vers la nouvelle capitaine de l'équipe de Quidditch.
- Mais les horaires des essais bien sur ! Déclara-t-elle rayonnante. Mme Bibine me les a donnés lorsque je suis allée réserver le terrain pour Samedi. Tu veux toujours postuler comme poursuiveuse non ?
- Oui mais…
- Non ne me remercie pas ! Tu passes à huit heures, et je compte sur tous les membres de l'équipe pour être présent lors des auditions, n'est-ce pas vous deux ? Rappela-t-elle en lançant à Harry et Ron un regard menaçant. Interdiction de vous faire coller dès la première semaine, c'est compris ?
- On va essayer… Marmonnèrent-ils.
- J'ai rien entendu !
- A vos ordres mon commandant ! Clamèrent-ils dans un salut militaire.
- Je préfère ça. Affirma-t-elle en riant. Ah, au fait, vous avez déjà eu le Professeur Raynes aujourd'hui ?
- Non on l'a en première heure cet après-midi. Répondit Ron en parcourant son emploi du temps. Pourquoi, elle est comment ?
La jeune fille se contenta d'un sourire éloquent pour toute réponse avant de rejoindre les bancs de dernière année après un dernier signe de main.
Lorsque la sonnerie retentit, Harry découvrit avec une certaine fierté que l'ensemble des élèves qu'il avait eu en cours particulier, avaient obtenue leurs buses de DFCM avec brio, et se trouvaient tous aux rendez-vous à 14h devant la salle de classe.
- La note minimale exigée n'était pas Effort Exceptionnelle ? Comment se fait qu'il y ait autant de monde dans ce cours ? S'étonna Ron en les comptant.
- Je pense qu'Harry n'y est pas étranger. Sourit Hermione, satisfaite du succès de son initiative.
- Je crois surtout que la démission d'Ombrage en a motivé plus d'un. Contesta-t-il avec modestie, s'empourprant légèrement.
- Malheureusement, certains Serpentards sont aussi concernés. Grogna Ron en lançant un regard oblique vers Malefoy, en grande conversation avec son alter ego féminin qui émettait des gloussements exaspérants à chacun de ses commentaires.
Il était vrai cependant que la bannière vert-argent était en minorité numérique, ne comptant que ses deux préfets et un troisième élève qui semblait les écouter d'une oreille distraite. Ce garçon en retrait s'appelait Théodore Nott, et aussi loin qu'il s'en souvienne, Harry ne se rappelait pas avoir jamais échangé le moindre mot avec ce dernier… Un étudiant studieux sans doute mais des plus taciturnes, il était rare de le voir accompagné.
- Elle est en retard. Remarqua Hermione en regardant sa montre. La porte est toujours fermée ?
Joignant le geste à la parole, elle tendit la main vers la poigné cuivrée pour le vérifier. Cependant, à l'instant où ses doigts l'effleurèrent, un cliquetis sourd se fit entendre, alors que la porte de bois massif s'entrebâillait dans un grincement long… Haussant les épaules, la jeune fille la poussa complètement, invitant le reste des élèves à la suivre à l'intérieur de la pièce. Celle-ci était entièrement vacante, chaque pupitre avait été repoussé contre un mur dans un alignement ordonné, donnant à la vaste pièce une impression de vide assez pesante. Seuls les échos de pas incertains venaient rompre ce silence inhabituel.
- Il y a quelque chose qui cloche, vous ne trouvez pas ? Demanda Hermione en fixant les marches menant au bureau du Professeur.
- Oui, la prof n'est pas là, quel sens de l'observation Granger ! Railla Malefoy.
- Je ne parle pas de ça ! Il y a…
- Hé ! Vous entendez ? L'interrompit Lavande Brown.
Chacun tendit l'oreille, certain cessèrent même de respirer. Sans pouvoir expliquer pourquoi, il étaient tous partagés par une même appréhension : en provenance du bureau entrouvert, qu'Harry connaissait suffisamment pour y avoir passé d'innombrables retenues avec Dolores Ombrage, un bruit sourd, rythmé, était perceptible, comme des pas traînants. Mais les vibrations qu'ils émettaient étaient bien trop fortes et singulières pour être ceux d'une démarche humaine.
- Qu'est-ce que c'est ? Murmura Finningan en reculant d'un pas.
- Chhhtt !
- Vous pensez pas qu'on devrait aller voir ? Demanda Neville, bien que son visage crispé affirmait qu'il posait cette question à contre coeur.
- Professeur Raynes ? Interpella finalement Hermione, agacée, avançant d'un air décidé vers la source du bruit, malgré les tentatives de Ron pour la retenir.
Il n'eut cependant pas besoin d'insister, elle s'arrêta nette au bout du quatrième pas. A son appel un cri déchirant lui répondit, a mi chemin entre le glapissement d'aigle et le sifflement du boa… Ils n'eurent le temps d'inspirer de nouveau, que la porte qu'ils fixaient intensément jusque là vola en éclats, sous un choc d'une violence prodigieuse. Ce qu'ils aperçurent alors devait être l'une des créatures les plus effroyables mais aussi fascinantes qui leur été donnait de voir jusqu'ici.
Ses deux longues pattes grêles, semblables en tous points à celle d'un rapace (si on omettait le fait qu'elles fassent aux environs d'un mètre cinquante), maintenait un corps reptilien avec une grâce impérieuse, alors que ses longues ailes grises cendrées étaient repliées sur son corps dans une attitude protectrice presque désarmante. Ses yeux dilatés parcouraient avec une rapidité exceptionnelle chaque visage se présentant à eux, mais la lueur s'y reflétant à cet instant s'apparentait davantage à la peur qu'à l'agressivité. Mais cette panique était celle de l'animal se sentant vulnérable, dont la meilleure défense reste une attaque sans prélude.
- Que… Qu'est… Que… Furent les seuls mots que parvint à balbutier Draco Malefoy, les traits habituellement si fins déformés par la terreur.
- Un…Occamy. Parvint à articuler Hermione en déglutissant avec peine.
- Un Occa quoi ? Répéta Ron affichant une grimace paniquée. Qu'est-ce qu'il fait ici !
- Je… j'en sais rien… C'est une créature qui ne se trouve qu'en Extrême-Orient et…
- Attention ! S'exclama Harry en l'obligeant reculer. Stupefix !
En effet, la créature hybride, semblant peut soucieuse de connaître son origine ou l'étymologie de son nom, n'eut pas la patience d'attendre la fin de cette leçon pour s'élancer ailes déployées vers le groupe d'élèves effarés. Cependant, la lumière écarlate du sortilège n'eut pas l'effet escompté, ne semblant que la déséquilibrer légèrement durant un quart de seconde, mais suffisant néanmoins pour décupler sa fureur !
- Et tu connais ses caractéristiques ? Demanda inutilement Harry, connaissant déjà pertinemment la réponse.
- Une résistance particulièrement élevée aux sortilèges.
- Evidemment… Soupira-t-il tout en conservant sa baguette pointée vers l'animal en furie, capable de le charger à tout instant.
- Il faut se méfier de ses plumes également elles sont…
- Aussi tranchantes que ses crocs je suppose. Compléta-t-il en constatant la large entaille pourpre sur son bras, résultant d'un contact pourtant minime avec le plumage cendré de l'animal, durant sa première tentative.
L'animal en question émit un sifflement agacé : une cible alerte n'était plus d'aucun intérêt, aussi fit-il soudain volte-face pour estimer de toute sa hauteur une Hannah Habbot pétrifiée.
- Protego !
Avait hurlé son voisin alarmé. Si
imparfaite l'incantation de Londubat fut-elle, le bouclier qui en
résultant n'en sembla pas moins solide. Une fois, deux fois,
trois fois…
Il eu néanmoins moins de chance à la
quatrième, mais il était désormais du ressort de
la jeune Poufsouffle de prendre sa défense d'elle-même.
- Impedimenta !
Ce maléfice d'entrave n'aurait certainement qu'effleurer l'Occamy si les voix des jumelles Patil ne s'étaient pas ajouter à la sienne dans l'espoir de repousser la créature : certes l'effet fut moins violent qu'au naturel, mais elles purent déjà se féliciter de l'avoir fait reculer de quelques mètres rassurants.
- En ayant recours à l'Incendio on pourrait peut-être… Commença Ron, profitant de ces quelques secondes de répit pour faire le point.
- Mettre le feu à l'école Weasley ? Quelle idée brillante idée ! Lui concéda Malefoy d'un ton sarcastique.
- Et je suppose que tu en as une meilleure ? Jusque là, cette situation n'a pas l'air de vraiment te déranger.
- Non, en effet, car qui d'autre que l'autre attardé de garde chasse aurait pu apporté une créature pareille dans l'enceinte de Poudlard ?
- Et tu espères sans doute que l'un d'entre nous soit blessé pour qu'il en paye les conséquences ? C'est pitoyable ! Rétorqua Harry avec animosité en le toisant du regard.
Ces ennemis d'enfances n'eurent cependant pas le 'loisir' de retourner leur baguette l'un contre l'autre, le ramage rauque de l'animal, désormais hors de lui, leur rappelant qu'il restait leur priorité. Dans une confusion qui n'était pas sans lui rappeler le dressage des quatre dragons lors du Tournoi des 4 sorciers, les adolescents tentèrent à nouveau de maîtriser la créature en distribuant aléatoirement les maléfices de stupéfixion et d'entrave dans un ensemble assez confus. La créature ne se laisserait cependant pas piéger deux fois, échappant aux éclairs pourpres et ambrés en prenant son envol qui, si maladroit soit-il – en raison de l'étroitesse de la salle comparée à l'envergure de l'animal– n'en était pas moins dangereux à en croire sa position de chasse empruntée au meilleur des prédateurs. Tournoyant tel un charognard au dessus d'élèves accroupis ou paralysés au Garde à Vous, l'Occamy sembla finalement considérer Susan Bones comme une proie de choix, la saisissant sans ménagement entre ses serres puissantes pour l'emmener dans son manège aérien…
Si elle n'avait pas été aussi critique, cette situation aurait pu s'avérer comique : l'attitude de l'oiseau reptilien était pour le moins inhabituelle et curieuse, semblant vouloir pincer de ses crocs la cravate de la jeune fille tout en évitent de s'approcher d'elle.
- Ehhhhhh ! FaaaaAAAAAAAiiiittteSSSS QuuuueeLLLqqqquuuueee ChhhoooooOsseee ! Hurla désespérément la jeune fille, semblant plus sujette au mal de cœur pourtant qu'à la frayeur
- On veut bien mais quoi ? Répondirent-ils niaisement.
- Ce que vous VooooUUUleeezz ! Ca m'esssstt égaaAAl pOOoorvuuU que je desceEEEEnnndee !
La prenant au mot, et ne sachant surtout pas quoi faire d'autre, Harry se posta au centre de la pièce, pour éviter le risque de toucher qui que se soit d'autre. Il s'agissait juste d'essayer de déstabiliser l'animal, ne serait-ce que pour quelques seconde : la chute risquait d'être douloureuse, désolé Susan.
- Stupefix, Recurvite, Lashlabask, Petrificus Totalus, Incarcerem…
Les élèves l'observaient interloqués, se demandant bien où il venait en venir, le déluge de sortilèges ne faisant qu'accroître l'agacement du volatile sans l'entraver le moins du monde. Peu importe, ce n'est pas comme s'il avait d'autres ressources à proposer pour l'instant alors autant y aller de bon cœur.
- Expelliarmus, Impedimenta, Reducto, Rictrusempra, Waddiwasi et… Bon sang, tu vas finir par la lâcher oui !
A son plus grand étonnement, cette dernière réclamation seule parvint à retenir l'attention de l'animal. Celui-ci stabilisa son vol à moindre altitude, fixant désormais le jeune homme avec ce qui ressemblait à de l'incompréhension, sa tête inclinée de côté. Partageant lui-même ce sentiment, il détourna son visage vers le rassemblement des étudiants, devenus étrangement silencieux.
Au bout d'une minute interminable, meublée d'un mutisme et d'une inaction préoccupante, ce fut sous le regard ahuri du survivant que la créature consenti à accéder à sa dernière requête, avec peu de délicatesse il est vrai, mais ce fut sans compter sur l'intervention d'Hermione qui intercepta la chute de la jeune fille à l'aide d'un sort d'amortissement que le jeune homme ignorait. Après s'être enquit de la santé de la Poufsouffle étourdie, elle retourna vers Harry un regard emprunt d'un certain mal aise, à l'exemple du groupe d'étudiants qui l'entourait, agité d'une vague de murmures.
- Qu'est-ce que vous…
- Où ssssont-ils ? Demanda une voix sonore et sifflante.
Dans un sursaut, un Harry stupéfait fit à nouveau face au volatile gigantesque, qui d'un mouvement complexe s'était posé à moins d'un mètre de ce dernier et le dévisageait avec curiosité.
- Ne m'oblige pas à me répéter sss'il te plait. Poursuivit cette même voix.
- Euh… Vous, c'est vous qui… Balbutia Harry incertain, en oubliant de se sentir idiot en s'adressant à une créature hybride.
Mais après tout, c'était logique : en dépit du croisement des espèces, l'apparence dominante de l'Occamy était reptilienne, et à en croire l'embarras de son public abasourdi, il avait abandonné inconsciemment le dialecte humain pour s'adresser à lui.
- Ne me fait pas perdre mon temps ! Tempêta l'animal en s'avançant d'un pas.
- Harry, recule ! Cria Ron, en s'apprêtant à le ramener vers lui. Le fourchelang ne te…
- Attends ! Ne t'approche pas… L'interrompit-il dans ce qu'il espérait être de l'anglais.
Apparemment oui à en croire son visage décontenancé. Une expression que l'instant qui suivit accentua, alors que des applaudissements raisonnèrent soudainement à travers de la pièce.
- Pas mal, pas mal du tout même…
Harry connaissait cette voix, et le regard qu'il porta au seuil de la porte lui en apporta la confirmation : à l'embrasure se tenait le Professeur Raynes, l'observant avec un mélange d'amusement et d'intérêt.
- Professeur, depuis quand êtes-vous arrivée ? S'étonna Hermione, jurant ne pas l'avoir aperçue à cet endroit quelques minutes auparavant.
- Mais je suis là depuis le début ! Répondit-elle d'une voix énonçant l'évidence.
- Hein ? Mais… pourquoi n'êtes vous pas intervenue ? Poursuivit la jeune fille, confondue.
- Pourquoi l'aurais-je fait ? Vous vous en sortiez plutôt bien je dois dire !
- Les Occamy sont reconnus pour leur agressivité, celui-ci aurait pu nous blesser, ou pire ! S'indigna-t-elle.
- Oui, c'est ce qu'on dit. Une superstition sans aucun fondement je dois dire, tout comme celles qui accablent les sombrals ou les loups-garous. Répondit-t-elle d'un ton badin en s'approchant de Susan Bones. Votre médaille est ravissante Miss ?
- Bones, Susan. Répondit-elle sans réellement comprendre où elle voulait en venir.
- A l'instar de certaines espèces ovipares, telles que les pies, l'Occamy est attiré par les métaux brillants et plus particulièrement l'argent et l'aluminium. Expliqua-t-elle en montrant à l'ensemble de la classe le pendentif en question. C'est en raison de l'attitude surprotectrice de ces créatures envers leur progéniture, fortement recherchée par les braconniers.
Puis s'avançant vers la créature méfiante, n'ayant pas bougée d'un pouce, (de même que son « interlocuteur », incertain de l'attitude à adopter pour garder l'animal sous contrôle), le Professeur tendit vers elle ses deux mains, comme en guise d'offrande.
- Profferate !
Ce sortilège d'apparition découvrit alors entre ses mains un œuf d'un éclat superbe, dont on supposait la coquille faite d'argent massif.
- C'est bien ce que tu cherches, n'est-ce pas ? Demanda Raynes en esquissant un sourire.
La créature secoua son plumage pour l'ébouriffer davantage, une façon comme une autre de dire merci, avant de saisir avec une délicatesse touchante l'œuf d'une taille ridiculement petite en comparaison de celle de sa mère.
- Cet Occamy est une jeune maman, qui à en juger par cet oeuf, en est à sa première portée. Poursuivit le Professeur en lissant le plumage de la créature du revers de la main. En réalité, en dépit de ce qu'en dit croyance populaire, si la sécurité de leurs petits n'est pas impliquée, l'Occamy est un animal paisible.
Puis elle ajouta en se retournant vers l'ensemble des élèves.
- Mais j'ai eu la désobligeance de lui dérober son premier enfant pour la rendre de mauvaise humeur, histoire de voir comment vous vous débrouilliez avec une créature de niveau 4.
- On a même pas réussi à le toucher. Maugréa Seamus Finningan, déçu.
- Peut-être, et j'avoue que ça aurait été un prodige si vous y étiez parvenu. Néanmoins vous avez tenté de travailler en équipe pour parvenir à des résultats, et là, ça devient intéressant. A moins d'avoir recours à un sortilège interdit, il est impensable de pouvoir maîtriser seul un animal de cette envergure ayant autant de répondant face aux incantations.
Sortant son registre, elle le parcouru rapidement avant de s'arrêter sur un nom en particulier.
- Neville Londubat?
- Présent. Répondit timidement une voix à peine perceptible.
- C'est une bonne nouvelle. Lui accorda-t-elle d'un visage encourageant. Pourriez-vous me donner un chiffre entre 1 et 10 ?
Un frisson parcouru l'ensemble des élèves : ils détestaient cette phrase pour avoir tous été, un jour où l'autre, victime d'une interrogation orale lorsque la réponse correspondait à leur position dans la liste.
- Euh…Je…3. Choisit-il sans certitude, sentant les regards anxieux braqués sur lui.
- C'est tout ? Vous êtes sur ? Insista-t-elle, apparemment contrariée.
- Euh, non… 7 ! Répliqua-t-il vivement, comme s'il s'agissait d'un questionnaire à choix multiples. Je préfère 7.
- Oui, moi aussi. Conclue-t-elle d'un ton satisfait. A la demande de Neville, j'accorde donc 7 points à chaque initiative, et 7 supplémentaires à Hermione – je ne me trompe pas ? – pour avoir identifier l'animal aussi rapidement. Savoir à qui l'on a affaire est une règle d'or avant de se lancer dans une confrontation.
A cette annonce, la concernée se dérida et les élèves ravis se congratulèrent entre eux, et plus particulièrement Neville, décomptant le nombre de points qu'ils avaient pu faire gagner à leur maison, alors que la créature adoucie allait trouver un coin convenable pour couver son trésor, attendant d'être raccompagnée chez elle – A la grande déception d'Hagrid sans doute songea Harry.
- Au vu du temps qu'il nous reste, je propose qu'on le consacre aux présentations, histoire d'être parfaitement désordonnée pour ce premier cours ! Déclara-t-elle avec un ton d'excuse. Ordinare !
Dans un ordre strict, les pupitres accolés aux murs reprirent leur place en rangs au centre de la pièce, invitant chaque élève à s'attabler au bureau le plus proche.
- Avant toutes choses, commença Raynes une fois que tout le monde eut pris place, puisque les circonstances l'exigent…
Elle toussa légèrement pour poursuivre d'un ton plus grave.
- Je me dois de vous rappeler que l'apprentissage de la Défense contre les Forces du Mal sera sans conteste la matière la plus risquée que vous suivrez durant votre second cycle, ce qui explique la moyenne élevée exigée pour pouvoir la poursuivre. Il ne s'agit plus désormais de dérouter des Pitiponks ou de repousser un Strangulot. Ceux qui se sont effrayés à la vu d'un Occamy doivent bien comprendre qu'il ne s'agit là que d'un hors-d'œuvre que vous devrez parfaitement maîtriser d'ici le mois de Juin. L'utilisation des sortilèges antiques ou interdits ne sera plus une simple démonstration, mais bel et bien des attaques auquel il faudra rapidement savoir me répondre. Si vous redoutez le nombre de doloris que vous recevrez avant de réussir à en contrecarrer un, je crains que cette matière ne vous convienne plus à partir de cette année…
Elle n'ajouta rien pendant les quelques secondes qui suivirent : ceci était une invitation tacite pour les élèves concernés à pousser la porte sans honte. Cependant, malgré certaines amorces de départs, quelques hésitations, et beaucoup de visages inquiets, chacun demeura assis à sa place avec plus ou moins de conviction. Hermione, Ron et Harry s'échangèrent un regard entendu, partagés entre l'excitation et l'appréhension.
- Eh bien, maintenant que les formalités sont remplies…
Continua le Professeur en s'asseyant sur son propre bureau.
- Navrée pour le cynisme, je l'ai empruntée à un confrère pour l'après-midi… Conclue-t-elle, rompant son timbre sévère d'un sourire chaleureux. Mais je suis ravie d'avoir été si peu convaincante !
Bien qu'elle n'ait nommé personne, l'identité du confrère en question ne fit aucun doute …
- Ceci étant fait, vous avez des questions ?
A son grand étonnement, la quasi-totalité de la classe leva la main comme un seul homme avec une détermination digne d'une trentaine d'Hermione Granger !
- Tant que ça ! S'exclama-t-elle en riant. Alors, Monsieur… ? Commença-t-elle en désignant un Serdaigle du deuxième rang.
- Bott, Terry. Répondit le concerné. Est-ce que c'est votre première année d'enseignement ?
- Dans un sens… Commença-t-elle sans pouvoir finir, alors que d'autres élèves reprirent dans la même lancé.
- Quel age avez-vous ? (Hannah Abbot)
- Vous étiez dans quelle maison lorsque que vous étudiez ici ? (Ernie MacMillan)
- Vous êtes mariée ? (Parvati Patil)
- Vous aimez les chiens ? (Padma Patil)
- Est-ce que vous…
- Attendez une seconde ! Interrompit-elle déconcertée. Je vais reformuler ma question autrement : Est-ce que quelqu'un à une question concernant CE cours ?
A cette demande, les mains se baissèrent avec la même promptitude qu'elles s'étaient levées, à l'exception d'une seule dont la propriétaire ne faisait aucun doute.
- Hermione ?
- J'ai remarqué que vous ne nous aviez donné aucun manuel à acheter pour votre matière. Est-ce qu'il s'agissait d'une erreur au moment de l'envoie des lettres de Poudlard ?
- Non, vous avez raison. Je n'en voyais pas l'utilité à vrai dire, car il n'y a aucune théorie dans la DFCM, tout est basé sur la spontanéité : la combinaison de sorts que vous utiliserez lors d'un combat ne dépendra que de vous et du contexte, aucune n'est meilleure qu'une autre.
Ron se retourna vers Harry en lui adressant un sourire assez éloquent. Même si l'expérience lui avait appris à se méfier des professeurs s'étant succédés à ce poste, ce dernier ne put s'empêcher de partager son enthousiasme : il n'y avait aucune commune mesure avec la méthode Ombrage, ce qui en soit constituait déjà un attrait non négligeable.
- Est-ce que ça veut dire que vous ne suivrez pas le programme officiel ? Reprit Hermione, imperturbable, apparemment bien décidée à soumettre chaque nouveau professeur à son interrogatoire pour voir s'il rentrait dans ses critères.
- Si j'en crois la missive envoyée par le Ministère à ce sujet, l'objet d'étude de votre sixième année est la lecture suivie de « Défense et protection valent mieux qu'offense et qu'outrage » par Jade Lassource. Tout un programme n'est-ce pas ? Expliqua Raynes en sortant de son attaché-case un des exemplaires envoyés par l'administration.
A en croire son état impeccable, sa lecture n'avait pas du dépasser la page du sommaire.
- Si vous voulez mon avis, ce livre est aussi fondamental que « Moi, le Magicien» par Gilderoy Lockhart.
Sous les regards éberlués de la classe, elle illustra son propos en le jetant nonchalamment, quoique avec une adresse notable, dans la poubelle la plus proche, faisant sursauter par la même occasion l'Occamy jusque là endormi, qui émit un sifflement agacé par ce réveil brutal.
- N'en déplaise aux inspecteurs. Poursuivit-elle en ignorant les têtes ahuries. Mais peu importe, si je termine l'année sans être licenciée, internée ou tuée je pourrais prétendre à un paragraphe dans l'histoire de Poudlard pour records de longévité à ce poste !
Elle disait cela avec une telle désinvolture que les élèves se demandèrent s'ils devaient en rire ou le déplorer, complètement déstabilisés son attitude peu conventionnelle.
- Enfin, d'après ce que j'ai pu constater, reprit-elle en revenant dans le vif du sujet, vous avez pris une avance confortable concernant la protection contre les créatures maléfiques et les contre sorts durant ces trois dernières années.
- Mouais, c'était plutôt l'atelier lecture silencieuse niveau élémentaire l'année dernière. Marmonna Ron en se remémorant l'œuvre de Wilbert Eskivdur dont il ne revoyait que vaguement la couverture.
- Ce fut sans compter sur un professeur intermittent… Répondit simplement Raynes d'un ton espiègle, ayant apparemment perçut la remarque.
Elle n'ajouta rien mais le bref coup d'œil
qu'elle offrit à Harry en disait long...
C'était
la première fois, depuis le début de ce cours, que le
regard de Raynes croisait le sien, mais aussi furtive cette rencontre
fut-elle, il ne put s'empêcher d'être frappé
une nouvelle fois par la familiarité qu'elle lui inspirait.
Cette impression le perturbait sans qu'il sache pourquoi :
l'avait-il déjà rencontré lors d'une des
réunions de l'Ordre sans en avoir gardé le souvenir
?
Pressentant la trentaine de visages intrigués qui
s'étaient retournés vers lui à ce commentaire,
Harry fut brusquement passionné par les vestiges d'un ancien
gribouillage sur sa table, dont le sens, sans doute profond, ne
pouvait être comprit que par lui…
Comme pour lui venir en
aide, c'est cet instant que choisit la cloche pour retentir,
incitant certains élèves à regarder leurs
montres, surpris que deux heures se soient si rapidement écoulées…
- Quel est votre verdict ? Interrogea Ron, alors que le portrait de la Grosse Dame basculait pour les laisser pénétrer dans leur Salle Commune.
- J'attendrai de voir ce qu'elle sait véritablement faire avant d'émettre un jugement. Répliqua Hermione d'un ton buté. Un Occamy, non mais vraiment ! On devrait la marier à Hagrid !
La pièce circulaire était quasiment vide, certains élèves n'ayant pas encore terminé leur journée, où profitant des dernières heures de soleil pour une sortie dans le parc. A leur arrivée, Pattenrond se leva paresseusement, étirant son corps élastique avant de venir se frotter affectueusement contre les chevilles de sa maîtresse.
- Ce que tu peux être obstinée quand tu t'y mets ! Soupira Ron en s'écroulant littéralement sur le pouf le plus proche.
- Non, méfiante, et à raison je te signale ! Riposta la jeune fille en s'asseyant à son tour avec plus de légèreté, Pattenrond sautant sur ses genoux pour s'y blottir en ronronnant.
- Au moins, on connaît sa position par rapport au Ministère, ça lui fait déjà un bon point…
- Peut-être, mais connaissant les relations actuelles entre le Ministère et Poudlard, la subtilité me semble plus à propos qu'une opposition aussi directe ! La plupart des élèves ont des parents dans l'administration, si ces propos venaient à leurs oreilles, ils mettraient Dumbledore dans une situation encore plus délicate qu'elle ne l'est déjà.
- Et je pense que c'est le cadet de ses soucis si tu veux mon avis. Compléta Ron indifféremment. Il n'en a toujours fait qu'à sa tête concernant ses méthodes pédagogiques. Le choix de Lupin ou de Maugrey n'a jamais été très bien digéré par le Ministère, et je crois au contraire qu'il savait très bien ce qu'il faisait en nommant Raynes à ce poste.
- Je ne remets pas en cause les décisions du directeur, mais tu reconnaîtras qu'engager un Mangemort pour notre quatrième année n'a pas été sa plus brillante idée !
- On ne peut pas nier qu'on a énormément progressé avec lui n'empêche ! Rétorqua Ron avec ingénuité pour l'agacer davantage.
- Arrête de raconter n'importe quoi ! S'exclama-t-elle, l'effet escompté opérant indéniablement.
- Et toi de te chercher des excuses pour expliquer que tu ne l'aimes pas ! Répondit-il d'un ton narquois. Le fait que ce soit une fille qui pourrait être ta grande sœur ne te revient décidément pas 'Mione !
- Ca n'a absolument rien à voir ! Protesta-t-elle en rougissant légèrement.
Le garçon roux se contenta de hausser les épaules en effaçant un début de sourire, puis se retourna vers son meilleur ami, qui était resté étrangement silencieux durant leur démêlé – fatigué sans doute de jouer les arbitres ? Celui-ci leur tournait le dos ; agenouillé devant le feu crépitant, il jouait d'un air absent avec une brindille qu'une flammèche consumait lentement.
- Si Monsieur Potter a une opinion à formuler sur ce sujet, nous serions honoré qu'il nous en fasse part. Plaisanta Ron avec un ton solennel.
- Hein ? Répondit-il d'une voix endormie.
Plongé dans ses reflations concernant cet air de « déjà-vu » dérangeant, les voix de ses deux amis lui parvenaient de loin, très loin…
- Euh oui, oui… Marmonna-t-il finalement.
- Merci pour votre participation enthousiaste au débat. Soupira-t-il. Tu sais de quoi on parlait au moins ?
- Euh, de Ray je suppose, non ? Tenta-t-il avec succès, se retournant pour faire face aux deux Gryffondor.
- Ray ? Même pas 24 heures et on en est déjà aux petits noms ! Le taquina-t-il, tandis qu'Hermione roulait des yeux en soupirant.
- Hein? Euh… C'est Remus qui l'a appelée comme ça hier, ça a dut me rester… Se défendit Harry, et c'était la stricte vérité.
Un court silence suivit cette réplique, que Ron ne tarda pas à rompre d'une voix incertaine.
- Remus ? Notre Remus Lupin ?
- Non, celui d'à côté ! Bien sur notre Remus ! Quand il m'a dit que c'était un membre de l'Or… du Fizwizbizz…
- RAYNES EST UN MEMBRE DU FIZWIZBIZZ ! S'écrièrent ses deux amis d'une même voix, trop surpris pour penser à la baisser.
Puis se reprenant vite, ils adressèrent des sourires rassurants aux quelques élèves présents, ces derniers les observant d'un œil les invitant à consulter Madame Pomfresh au plus vite.
- Je pensais vous l'avoir dit ce matin. Murmura Harry sans y prêter attention.
- Tu nous as parlé de sa discussion avec Chris, mais pas de ce « petit détail » concernant Raynes. Répliqua Ron ébahi avant de se retourner vers Hermione avec un visage triomphant. Dis-moi, tu crois qu'on peut lui faire confiance maintenant ?
- Qu'est-ce qu'il t'a dit d'autre que tu aurais omis de nous raconter ? Poursuivit Hermione en prétendant ne pas l'avoir entendu.
- Il est resté assez vague à ce sujet, et j'étais moi-même trop surpris pour demander de plus amples informations à vrai dire…
- Hmm…
Hermione fixait un point quelconque face à elle, caressant machinalement le persan roux, à présent endormi. Une attitude que lui connaissait fort bien ses deux amis pour avoir été adoptée chaque fois qu'elle réfléchissait intensément sur un problème - d'arithmancie y comprit.
- Ca ne devrait même pas nous surprendre, c'était évident en fait… Reprit-elle à mi-voix sans détourner son regard. Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi il n'a pas fait ce choix l'année dernière.
- Tu peux être plus explicite ? L'interrogea Ron en se penchant vers elle pour mieux l'entendre.
- Dumbledore aurait très bien pu demandé à un membre de vous-savez-quoi d'accepter le poste de DFCM au lieu d'attendre que le Ministère ne nous impose cette mégère de Dolores Ombrage.
- Il n'y avait peut-être aucun volontaire, où alors ils étaient trop occupés avec leurs différentes missions…
- J'en connais au moins un qui aurait pu faire un professeur digne de ce nom… Soupira Harry avec amertume.
Ses deux amis l'observèrent sans savoir quoi en redire, tentant de masquer au mieux la compassion qu'ils éprouvaient pour lui, sachant par expérience que les regards condescendants lui étaient devenus insupportables, tout autant que leurs tentatives pour le consoler. Ils s'étaient fait à l'idée qu'il faudrait longtemps à Harry pour cicatriser de toutes ses blessures, et que malheureusement ils ne pouvaient rien faire jusque là, sinon être là pour lui. La meilleure des solutions était alors soit de le laisser seul, soit de changer complètement de sujet : option pour laquelle Ron opta en sortant de son sac un parchemin légèrement froissé.
- J'ai failli oublier ! Tenta-t-il de reprendre avec le plus de naturel possible. McGonagall m'a demandé de te faire passer ça ce matin.
- Pourquoi ne lui a-t-elle pas donné en cours de métamorphose ? Demanda Hermione, d'un ton légèrement froissé.
La véritable question était plutôt : « pourquoi te l'a-t-elle confié à toi et pas à moi ? », ce que grand rouquin saisit implicitement pour connaître la jeune fille depuis maintenant 6 ans.
- Parce que je l'ai croisé en allant en Astronomie en première heure, et qu'accessoirement, je suis préfet au même titre que vous Miss Granger !
- Qu'est-ce que c'est ? Interrompit Harry pressentant une réplique indignée.
- Les horaires pour ton option je crois. Expliqua-t-il en lui donnant la message.
- Quatre heures par semaine, ils veulent ma mort eux aussi ou quoi ! S'exclama–t-il en l'examinant. 2h de plus avec Rogue, prévenez Voldemort, y a plus qu'à m'achever !
- Harry, ce n'est pas drôle ! S'insurgea Hermione alors que Ron avait soudainement perdu toutes ses couleurs…
N/A : Et dire que je m'étais promis de terminer cette fic avant la sortie du véritable Tome 6… Et je n'en suis finalement même pas à la moitié ! (bon, il faut dire que ça faisait bien 5 mois que je l'avais délaissée par manque de motivation). Néanmoins j'espère que vous continuerez à la suivre et à l'apprécier, en dépit de sa médiocrité en comparaison de l'immense talent de la véritable Maman de Harry Potter
Je n'ai pas encore lu d'ailleurs son dernier bébé, car me connaissant, je vais le dévorer en deux jours et me languir de la sortie du prochain ! Quoique… malheureusement, jusque là, je n'en ai pas eu des échos très enthousiastes, et j'espère que, même s'il est normal que l'histoire devienne de plus en plus sombre, Madame Rowling ne perdra pas la fraîcheur qui a fait le charme, mais aussi le succès de ses premiers volumes…
