PAR DELA LE TEMPS ET L'ESPACE 2

Quelque part, dans le Sud de l'Amérique

Nous sommes dans les années 1860, aux prémices de grands bouleversments dans l'Histoire de l'Amérique.

A cette époque, le Nord et le Sud sont en conflits sur la question de la condition humaine. Lincoln vient d'être élu Président, et les Etats-Unis ne sont encore qu'une Confédération d'Etats Anglais.

Le Sud.

Pays du coton où l'esclavage est roi. Les hommes, des gentlemans, sont de grands propriétaires de plantations. Les femmes sont soit des épouses soumises, soit des marchandes de plaisir, d'où la plétore de maisons closes.

Et dans ce monde au bord du naufrage politique, la vie de certaines personnes va se trouver boulversée par l'arrivée en ville de 3 hommes.

Franchement Bosco, y'a des jours où je me demande si tout va bien dans ta tête ! Pourquoi crois-tu qu'on pourra faire fortune par ici ?

Jimmy a raison, il n'y a rien pour nous ici ! Notre avenir est dans l'Ouest !

Ecoutez vous deux, je vous force pas à me suivre. J'ai quelque chose à faire ici, j'ai fait une promesse. Si ça vous plait pas, je ne vous retiens pas ! Je peux me débrouiller tout seul, j'ai pas besoin de chaperon !

Eh, calme ! Pas besoin de s'énerver, on a compris. C'est juste que Carlos et moi on s'inquiète pour toi depuis le décès de ta mère.

C'est vrai ça, nous sommes tes amis, on s'inquiète pour toi

Merci mais y'a vraiment pas de quoi, je vais très bien.

Et Bosco se mit à forcer l'allure de son cheval, afin de mettre un peu de distance entre lui et ses compagnons.

Cela faisait 3 jours qu'ils voyageaient et la fatigue commençait à se faire sentir. Mais plus ils se rapprochaient de Savannah, et plus Bosco devenait nerveux. Allait-il trouver la réponse à toutes ses questions ? La recherche la plus importante de sa vie allait-elle enfin aboutir ? Et même s'il ne le reconnaitrait jamais devant les autres, il était heureux de la présence de ses amis auprès de lui.

Bosco connaissait James Doherty, dit Jimmy, depuis son enfance. Tous deux agés de 35 ans, ils avaient fait leurs classes ensemble et avaient servis dans le même régiment. Dès qu'ils avaient été libérés, ils avaient choisis de vivre leurs aventures ensemble. Et c'est au cours de l'une d'entre elles qu'ils avaient rencontrés Carlos. Sa famille avait été massacré par des bandits de grands chemins, et lui-même avait été laissé pour mort. Jimmy et lui avaient décidés de lui porter secours, et sans doute par acquis de reconnaissance, Carlos avait choisi de les accompagner. Et depuis 5 ans maintenant, ils parcouraient tous les 3 le pays, cherchant l'Aventure là où ils pourraient la trouver, sans jamais réussir à se fixer.

Aujourd'hui, tous 3 se dirigeaient vers Savannah, à la demande de la mère de Bosco, qui mourrante, avait fait jurer à son fils d'y aller, et qu'il y trouverait LA réponse. Et Bosco le lui avait promis, atténuant ainsi ses dernières heures.

Ils venaient maintenant d'arriver en ville. Les gens circulaient tranquillement dans les rues, ne faisant pas attention à 3 cavaliers qui semblaient de passage. Les enfants jouaient dans le parc sous la surveillance de nourrices noires, leurs mères prenant le thé au salon se situant juste en face.

C'était une belle journée ensoleillée, les oiseaux chantaient, une petite brise de vent venait rafraichir la chaleur étouffante de ce mois d'Août.

Un peu plus haut dans la rue, une enseigne indiquait des chambres libres à l'hotel. Les 3 comparses choisirent de s'y établir pour la durée de leur séjour. Une fois l'installation éffectuée, la soirée étant avancée, ils décidèrent de se prendre du bon temps pour se remettre du voyage. Ils optèrent pour un établissement de luxe, prétendumment réputé à Savannah d'après le gérant de l'hotel, où l'on pouvait y trouver les plaisirs du jeu et de la chair.

L'hotel en question était tenu par celle que l'on surnommait LA CRUZ. Une femme de poigne, que l'on disait belle et sans attache, venue du pays Mexicain. Elle était respectée des hommes de la ville et crainte par leurs femmes parce qu'on disait d'elle qu'elle était la meilleure. Elle avait fait de son établissement le plus courru de la ville, là où l'on respectait les filles qui donnaient du plaisir et où l'on pouvait dépenser son argent.

Les 3 comparses pénétraient dans l'établissement. Il était plein, à croire que tous les hommes de la ville s'étaient donnés rendez-vous ici !

Mes amis, je sens que l'on va passer une bonne soirée ! s'exclama Jimmy

Je crois aussi ! répliqua Carlos, enthousiaste. Et toi Bosco, tu ne dis rien ?

Que veux-tu que je dise ? Je meurs de soif, je vais au bar.

Quand à moi, je vais jouer !

Bosco retint Jimmy par le bras

Fais attention Jimmy, je ne veux pas de problèmes ici !

T'inquiète pas, avec ce qu'il s'est passé la dernière fois, ça ne risque plus de m'arriver. Le rassura Jimmy. – Je vais juste jouer pour le plaisir, et puis de toute façon, Carlos sera là pour m'empécher de faire des bétises non ?

Je serai là, t'inquiète, répliqua Carlos qui lui fit un clin d'œil.

Et Bosco relacha Jimmy, rassuré, et se dirigea vers le bar. Il n'avait pas vu qu'il était dévisageait par une femme se tenant en haut de l'escalier.

Un double wishky s'il vous plait.

C'est la maison qui offre, Stan. Fit une voix féminine.

Bosco se retourna pour se retrouver face à une femme de taille moyenne, brune aux yeux sombres, la bouche pulpeuse et portant une robe très décoltée d'un rouge flamboyant. Elle devait avoir une trentaine d'années.

Merci. A qui ai-je l'honneur ?

On m'apelle LA CRUZ, Maritza pour les intimes. Et toi, bel inconnu, qui es-tu ?

Juste un homme de passage.

Et il aurait un nom, cet homme de passage ?

Bosco

Bosco ? Interressant. Et qu'est ce qui pourrait faire plaisir à Bosco ?

Rester seul !

Oh ! mais c'est qu'il est sauvage en plus ! Ca me plait beaucoup. Que dirais-tu de poursuivre cette interressante conversation dans mes appartements ?

Je risque de ne pas être d'une bonne compagnie !

Ca reste à voir ! Allez viens, suis moi !

Et Bosco suivit Cruz tandis que Jimmy jouait au poker sous l'œil bienveillant de Carlos.

Deux heures plus tard.

Tandis que Bosco se rhabillait, Cruz le regardait, un sourire aux lèvres.

Ce fut absolument magnifique ! Tu es un amant très doué !

Tant mieux si ça t'a plut. Il faut que j'y aille, combien je te dois ?

Rien du tout, pour toi c'est gratuit !

En quel honneur ?

Disons que ce soir, je suis généreuse parce que tu m'as plut. Et ne crois pas que je fasse ça avec n'importe qui !

C'est toi qui le dit ! Merci quand même.

Et ne laissant pas le temps à Cruz de répliquer, Bosco quitta la chambre et se mit à la recherche de ses compagnons.

Jimmy n'avait pas bougé de la table de poker. Ce soir, la chance lui souriait. Il gagnait. Ses adversaires avaient presque tous abandonnés. Il n'en restait plus qu'un. Un adversaire coriace, qui semblait passablement énervé, ivre et dont le regard se faisait meurtrier. Carlos le surveillait du coin de l'œil, pressentant des problèmes. Il vit Bosco arrivait vers lui.

Comment va Jimmy ?

Lui ça va, c'est pour son adversaire que je m'inquiète ! Je crois que l'on risque d'avoir des soucis pour partir. C'est un certain Fred Yokas, propriétaire d'une plantation à la sortie de la ville. On le dit violent, cruel et alcoolique.

Alors il est temps de partir. Se penchant sur Jimmy : On lève le camps Jimmy, dépêche toi !

Ok. Messieurs, ce fut un plaisir de jouer avec vous ce soir, mais toutes les bonnes choses ont une fin. Si vous voulez bien m'excuser !

Et tandis que Jimmy se levait et récupérer ses gains, Fred l'empoigna dangereusement.

Je crois que la partie n'est pas fini !

Moi je crois que si, alors lachez, le répliqua Bosco.

Toi je t'ai pas sonné, c'est entre lui et moi !

Et moi, je vous répète que mon ami a fini !

Fred lâcha Jimmy et alors qu'il allait frapper Bosco au visage, celui-ci esquiva le coup et le frappa dans le ventre. Fred se retrouva à terre, plié en deux par la douleur.

Je ne veux pas me bagarrer avec toi ! Alors ne m'oblige pas ! Se tournant vers Jimmy et Carlos, il leur fit signe de partir.

Alors que les 3 compagnons quittaient l'établissement, Fred se releva en refusant l'aide proposée par autres et fixa la porte de sortie d'un air mauvais.

On se retrouvera, mec. Tu as ma parole !

La Plantation Mitchell

C'était une grande batisse aux proportions maladroites. Elle était faite de briques crépies de blanc. Bien qu'elle avait l'air patinée, cette maison dégageait une atmosphère de solidité, de stabilité et de permanence.

La plantation se hissait au bout d'une allée de chènes. Un peu plus en retrait, se tenait les baraquements des esclaves.

Le propriétaire de la plantation était un homme à peine toléré dans la région, à cause notamment de ses opinions et de son mode de vie. Swersky Mitchell était un homme libre. Et pour lui, tous les hommes étaient libres. C'est pourquoi ses esclaves étaient affranchis. Et cette situation était contraire aux bonnes mœurs des propriétaires de coton. Pour eux, des nègres ne pouvaient que servir les gens, ils n'avaient aucuns droits, ni ne pouvaient faire aucunes réclamations. Et par dessus tout, ils ne pouvaient pas toucher d'argent. Et le fait que Swersky Mitchell leur verse un salaire les irrités.

Mais Swersky Mitchell se fichait bien de l'opinion des gens. Tout ce qui importait à son bonheur, il l'avait : sa plantation et sa fille.

Sa fille. Son ange. Si rebelle et pourtant si fidèle. Elle était tout ce qui lui restait de sa défunte épouse. Faith avait 30 ans. A cet âge, elle aurait dû être mariée, avoir des enfants, tenir une maison, mais elle s'y refusait. Elle avait dit à son père, que le jour où elle se marirait, ce serait par amour. Et son père n'y avait pas résisté, voulant à tout prix le bonheur de son unique enfant. Mais le temps passait, et personne ne semblait se faire aimer de sa fille. L'inquiétude commençait à le gagner.

C'est pourquoi, il avait fait appel à son plus cher et fidèle ami, Sullivan, qui était aussi son conseiller. Sullivan connaissait bien la famille Mitchell, et il appréciait tout particulièrement Faith qu'il considérait comme sa fille. Il partageait lui-même les opinions de Swersky et approuvait son comportement avec ses serviteurs.

Les deux hommes étaient réunis dans le salon et discutaient du futur de Faith. Un troisième homme se trouvait avec eux. Doc Parker était noir. C'était le chef des serviteurs. Comme lui, tous les serviteurs de la maison avaient choisis de leur plein gré de rester au service des Mitchell. C'était le seul endroit qu'il connaissait où il était traité en être humain. Et c'est pour cela qu'il vouait un respect sans bornes à la famille Mitchell.

Sully, mon ami, je m'inquiète pour ma fille. Le temps passe et elle refuse tous les prétendants qui se présentent à elle. Je ne serai pourtant pas éternel. Il va falloir quelqu'un pour veiller sur elle.

Je sais mon ami, je sais. Moi aussi je suis inquiet. J'ai peur qu'elle se berce d'illusions en ce qui concerne un mariage d'amour. Cela n'arrive que très rarement.

C'est ce que je pense aussi. C'est pour cela que j'ai décidé, et Dieu sait combien cela m'est pénible, d'accepter la demande de Fred Yokas, qui lui fait une cour assidue.

Excusez-moi monsieur, mais vous ne pouvez pas faire ça ! protesta Doc. Je veux dire, monsieur Yokas est certes un gentleman en société, mais c'est aussi un homme peu recommandable en privé. Vous risqueriez de faire le malheur de votre fille en la mariant avec cet homme.

Doc à raison Swersky, Fred Yokas n'est pas vraiment le meilleur parti pour Faith. Je vous le déconseille vivement !

Je le sais bien, mais je ne sais vraiment plus quoi faire ! Je veux surtout la protéger. Et personne ne s'est jusqu'ici montrer à la hauteur de la tache. Dites-moi maintenant ce qu'il faut faire !

Et tandis que la discussion continuait entre hommes, à l'étage, dans la chambre voisine de Faith, des pleurs se faisaient entendre.

Oh Kim, je t'en prie chère cousine, ça va aller maintenant, cesse de pleurer. Je suis là. Je vais prendre soin de toi.

Une femme blonde aux yeux clairs berçait dans ses bras une femme brune qui ne cessait de pleurer. Faith réconfortait Kim. Celle-ci était arrivée plus tôt dans la journée. Elle venait séjourner chez les Mitchell pour les vacances. Officieusement, elle était venu chercher du réconfort auprès de la seule personne qui montrait une réelle affection pour elle. Guérir son cœur brisé. Voilà pourquoi elle s'était réfugiée ici.

Mais ça fait si mal Faith ! J'ai l'impression de mourir.

Schutt, je suis là, ça va aller. Parle moi de lui, es-tu sûre que c'est LUI ?

Oh oui, j'en suis sûre ! Je l'ai su dès que je l'ai vu ! Et je croyais qu'il m'aimait vraiment ! Et maintenant, j'ai envie de mourir.

Ecoutes, je connais quelqu'un qui pourra te répondre par rapport à ses sentiments. Elle ne se trompe jamais. Si tu lui demande si il t'aime, elle te répondra.

Kim, intriguée, regarda Faith avec une lueur de curiosité.

Mais de qui parles-tu ?

Tu verras. Maintenant prépares-toi pendant que je demande un atelage.

Et Faith sorti précipitemment de la chambre de sa cousine et se mit à la recherche de Sasha. Sasha était sa femme de chambre, mais Faith la considérait surtout comme une sœur. C'est à elle qu'elle confiait ses peines, quand elle ne pouvait pas le dire à son père. C'était sa meilleure amie.

Sasha était la fille de Doc. Généreuse et discrète, elle s'était liée d'amitié avec Faith très jeune. Les 2 femmes avaient grandies ensemble et étaient toujours là l'une pour l'autre.

Faith enviait un peu Sasha actuellement. Celle-ci était promise à Ty Davis, le maitre d'œuvre. Tous deux s'aimaient et avaient envisageaient de se mariés dans les prochains mois. Davis était lui-même proche de Faith. Il avait un comportement de grand frère envers elle et n'aurait pas hésité à risquer sa vie pour elle.

En fait, tous les gens de cette maison étaient sous le charme de Faith. Cette femme combative, tendre, forçait l'admiration de tous les gens qui la rencontrait.

Faith était dans sa chambre et se préparait pour sortir. Elle avait fait appeler Sasha. Celle-ci toqua à la porte puis entra

Vous m'avez fait demander, mademoiselle ?

Oui Sasha, j'aimerai que tu demande à Davis de préparer un atelage.

Vous sortez ?

Oui, je vais voir Alex

Quoi ? Mais mademoiselle, si quelqu'un vous voit, ça pourrai être dangereux pour vous !

Sasha, je sais ce que tu penses d'elle, mais ma cousine est dans un tel désespoir que je n'ai pas le choix. J'ai horreur de la voir dans cet état. Je t'en prie, ne discute pas et préviens Davis s'il te plait.

Très bien, mais promettez moi d'être prudente. Et acceptez que Davis vous accompagne, je serai plus rassurée.

Je te le promet, maintenant va.

Dix minutes plus tard, l'attelage conduit par Davis emmenait Faith et Kim vers celle que tout le monde surnommait « LA SORCIERE ».

Cette femme s'appelait Alex. Jeune, d'une trentaine d'année, elle était blonde aux yeux bleus. Elle avait hérité de sa mère d'un don de voyance qui terrifiait la population, tant ce qu'elle disait était juste. Alex vivait dans un coin reculé du comté, dans une modeste maison blanche, entourée d'animaux. Elle avait très peu d'amis. Des années plus tôt, elle avait pris Faith en affection quand celle-ci lui avait portée secours au cours de l'incendie qui avait faillit ravager son domaine. Aujourd'hui, elles étaient amies, même s'il fallait cacher cette amitié aux yeux du monde.

Alex était devant sa maison, guettant l'attelage qui apparaissait au bout du chemin. Celui-ci se rangea devant chez elle et Faith et Kim en sortir.

Bonjour Faith, je t'attendais ! Comment vas-tu ?

Bonjour Alex, je suis heureuse de te voir. J'ai besoin de ton aide. C'est pour Kim, ma cousine. Elle a besoin de réponses à certaines questions.

Bien sûr. Bonjour Kim, ravie de vous rencontrer. Si vous voulez bien entrer chez moi, nous serons plus tranquille.

Et les 3 femmes entrèrent dans la maison. A l'intérieur de celle-ci, y régnait une athmosphère chaleureuse. La maison était décorée simplement et était charmante. A chaque fois que Faith y venait, elle s'y sentait en sécurité.

Alex fit asseoir ses invités autour de la table et regarda fixement Kim :

Je sais pourquoi vous êtes venue ! Vous voulez savoir s'il vous aime ? Vous voulez comprendre ce qu'il s'est passé ce jour-là ?

C'est exact. Que pouvez-vous me dire ?

Certaines choses ne peuvent être révélées. Elles doivent être découvertes par vous même. De vos découvertes dépend votre avenir. Il n'est pas bon de tout savoir.

Tu ne peux vraiment rien lui dire ?

Elle doit juste savoir que son cœur a raison. Et que bientôt, son avenir se présentera à elle. Elle devra juste l'aider à faire le bon choix.

Merci beaucoup, madame ! Je sais déjà ce que mon cœur me dit.

Merci Alex.

Faith, fais lui confiance. Lui seul pourra te sauver.

Quoi ? De qui parles-tu ?

Ton cœur le saura le moment venu. Sois très prudente. Elle est très dangereuse.

Qui ça ? Qu'as-tu vu ?

Ta mort !

A suivre ….