Cela faisait 2 heures que Bosco avait quitté la ville et visitait les environs. La beauté du paysage avait eu raison de sa colère. Etrangement, il se sentait bien ici. Comme s'il était chez lui. Lui qui avait toujours eu la bougeotte depuis sa plus tendre enfance parce qu'il ne se sentait pas à sa place. Ici, il pouvait respirer, oublier tout ses soucis.
Sa promenade à cheval lui avait permis de découvrir les plantations de la région. Toutes plus imposantes les unes que les autres. Elles le mettait cependant mal à l'aise. L'atmosphère qu'elles dégageaient le dérangeait. L'esclavage y était omniprésent. Voilà une chose qu'il ne supportait pas : que l'on exploite des gens uniquement parce qu'ils avaient une peau de couleur différente. C'est ainsi qu'il avait été révolté par le traitement qu'avait subit Carlos. C'était un comportement qu'il n'arrivait pas à justifier.
Alors qu'il était perdu dans ses pensées, Bosco s'approcha de la plantation Mitchell. Celle-ci était un peu en retrait par rapport aux autres, comme si elle était à éviter. Et pourtant, une atmosphère de bien-être s'empara de Bosco à l'approche de la plantation. Celle-ci détonnait par rapport aux autres. Il semblait y régner un sentiment de sécurité, de convivialité comme il en avait rarement vu. C'était très étrange.
Après s'être arrêté 5 minutes près de la plantation, l'attention de Bosco fut attirée par un cheval qui surgit au galop de nul part, sans cavalier. Piqué au vif, Bosco s'élança dans la direction supposée du cheval à la recherche du probable cavalier qui devait surement pester contre le maudit cheval de l'avoir désarçonné. Cette pensée fit sourire Bosco.
Alors qu'il s'approcher de la lisière du bois, il entendait soudain des cris.
Mademoiselle Faith, est ce que vous m'entendez ? Mademoiselle Faith ?
En s'approchant du ravin, il vit un homme noir penché, semblant chercher quelqu'un qui serait tombé. L'air paniqué de l'homme et la répercution de ses paroles lui firent compris qu'une femme était surement tombé dans le ravin.
Qu'est ce qui s'est passé ?
Oh Monsieur, s'il vous plait, aidez-moi ! supplia Doc. Mademoiselle est tombée de cheval dans le ravin, et je n'arrive pas à savoir où elle est. Elle ne me répond pas !
Quelle idée aussi de la laisser faire du cheval !
Là n'est pas le problème. Mademoiselle Faith est une excellente cavalière. Elle se laisse juste emporter par ses sentiments, et elle n'a pas fait attention.
Bosco était surpris de voir un homme noir porter de telles paroles à l'encontre de sa propriétaire. C'était la première fois qu'il voyait ça !
Très bien, je vais descendre la chercher. Accrochez la corde autour de l'arbre et tenez la bien.
Une fois la corde mise en place, et sur un signe de tête de Doc signifiant qu'il était prêt, Bosco se mit à descendre. Heureusement, le ravin se semblait pas trop profond, mais il lui fallut quand même descendre une dizaine de mètres avant de toucher le sol.
Assise à même le sol, Faith avait les yeux fermés. Les cheveux complètements emmelés lui cachés le visage. Sa robe était déchirée à plusieurs endroits, ses bras étaient couverts d'égratignures ainsi que ses jambes. Elle semblait vraiment mal en point. Bosco fut prit de pitié. Il décida de s'avancer vers elle.
Faith était complètement épuisée. Elle avait mal partout. Lorsque son cheval s'était cabrée, malgré la peur qu'elle ressentit en tombant dans le ravin, elle avait eu la présence d'esprit de tenter de s'accrocher à la paroi. Elle s'était écorchée les mains à se maintenir mais elle avait fini par lacher prise et s'était réceptionnée sur son bras droit. Celui-ci devait être cassé, à en juger par la douleur qu'elle éprouvait à le bouger. Comprenant qu'elle ne pourrait pas remonté toute seule, elle s'était laissée tomber par terre, sachant bien que Doc irait chercher du secours. Epuisée par ses efforts et par la douleur, elle avait perdu connaissance. Mais lorsqu'elle sentit quelqu'un lui touchait le bras, elle repris ses esprits dans un mouvement brusque.
Ne me touchez pas, espèce d'abruti ! cria Faith sous le coup de l'épuisement
Bosco n'en revenez pas ! Il venait pour la sortir du trou et il se faisait traiter d'abruti ! Et par une femme en plus ! Mais il n'avait pas l'intention de se laisser faire.
Eh, c'est pas une façon de remercier les secours ! Vous préférez peut être que je vous laisse moisir ici !
L'arrivée des secours avait complètement « réveillée » Faith, ainsi que la douleur de son bras. Levant la tête vers l'inconnu en face d'elle, Faith sentit son cœur s'accélérer et elle regretta aussitôt les paroles qu'elle venait de prononcer. Se levant avec difficulté, elle fit face à Bosco.
Lorsqu'il vit la jeune femme lever la tête vers lui, Bosco esquissa un sourire moqueur avant de se figer. Dieu que cette femme était belle ! Elle avait les plus beaux yeux qu'il avait jamais vu. Cette femme était couverte de poussière et d'égratignures, et pourtant il n'en avait jamais vu de plus belle. Etrangement, il sentit son cœur s'accélerer et ses mains devinrent moites bien qu'elles soient gantées.
Faith ne savait comment réagir. Elle ne s'était jamais sentie aussi ridicule devant quelqu'un. Il était venu pour lui sauver la vie, et elle l'avait traité d'abruti ! Mon dieu, pour quoi devait-il la prendre ?
Prenant son courage à deux mains et récuppérant un semblant de fierté, Faith s'adressa à Bosco.
Pardonnez-moi, je… c'est que la chute a plutot était brutale et j'ai mal partout. Je ne voulais pas paraître désagréable.
C'est bon, ça ira. J'aurai dû faire attention. Où avez-vous mal en particulier ?
Bosco ne se croyait pas lui-même ! Il s'inquiétait pour une femme, lui, l'homme sans attaches ! Mais que lui arrivait-il ? Bon sang, il devait se reprendre au plus vite avant de ressembler à une mauviette. Prenant un air arrogant, Bosco se dirigea vers Faith.
Bon, on va pas rester ici pendant des lustres. Je vais vous attacher la corde à la taille et on va grimper.
Faith ne comprennait pas le soudain changement d'attitude de l'homme en face d'elle. Se pouvait-elle qu'elle l'ait vexé ? Eh bien, tant pis pour lui ! Qu'elle idée pour les hommes d'être aussi fiers !
Ecoutez, c'est pas que j'apprécie que vous soyez venu m'aider, c'est gentil à vous. Mais j'ai bien peur qu'avec un bras cassé, je ne puisse aller bien loin ! Mais peut être que vous avez une brillante idée à sortir de votre chapeau ! lui dit-elle exaspérée.
Eh, on se calme ma p'tite dame ! répliqua Bosco tout aussi exaspéré
Et je vous interdis de me parler sur ce ton !
Tous deux étaient face à face, fiers, chacun campant sur sa position. L'atmosphère était chargée d'électricité. Après deux minutes à se dévisager en chien de faience, Bosco capitula le premier.
Très bien, donnez moi un morceau de votre jupe.
Je vous demande pardon ? s'exclama Faith, les yeux ecarquillés.
Je vais vous faire une atelle pour votre bras, et après je vous attacherez à moi par la corde et je vous porterai sur mon dos pour grimper. Votre domestique est en haut, il tirera sur la corde à mon signal pour nous remonter.
Bien que l'idée d'être sur le dos de cet homme lui donnait d'étranges frissons de plaisirs, Faith ne répliqua pas et déchira un morceau de sa jupe qu'elle tendit à Bosco. Celui-ci, avec des morceaux de bois trouvés au sol, fit une atelle à Faith. La proximité de cette femme le mit mal à l'aise, et il dut faire des efforts pour éviter que ses mains ne tremblent.
Lorsque Bosco s'approcha encore plus d'elle pour enrouler la corde à sa taille, Faith se sentit sur le point de défaillir. Jamais elle n'avait ressenti un tel trouble face à un homme. Tournant la tête pour éviter son regard, elle regarda la paroi du ravin et poussa un soupir.
Bon passez les bras autour de mon cou, et on pourra y aller.
Et alors que Bosco tira sur la corde pour donner le signal convenu avec Doc, Faith s'agrippa à lui et se laissa entrainer dans les airs. Tous deux étaient très troublés par cette proximité. Faith avait son bras valide autour du cou de Bosco, et celui-ci tenait fermement la jeune femme par la taille d'une main, tandis que l'autre s'agrippait à la corde. La situation les obligeait tous deux à se fixer les yeux dans les yeux, et c'était étrangement le moment le plus érotique que Bosco n'avait jamais vécu.
Enfin arrivés au sommet, Faith fut attrapée par Doc qui la hissa sur la terre ferme avant de tendre la main à Bosco pour le hisser à son tour.
Mademoiselle Faith, est ce que ça va ? Oh mon dieu, faites-moi voir votre bras. Il est cassé malheureusement, il faut rentrer tout de suite. La-bas je pourrais vous soigner.
Elle doit voir un vrai médecin au plus vite ! répliqua Bosco sur un ton dur.
Sachez Monsieur, que Doc est très doué pour prodiguer des soins. Je préfère encore avoir affaire à lui plutôt qu'a l'un des ces hommes guindés qui croient tous savoir sur la vie.
Faith s'était redressée pour prendre la défense de Doc par rapport à la réaction de Bosco. Cet effort eu raison d'elle et elle chancela avant de se rattraper de justesse à Doc.
Je vous remercie Monsieur de m'avoir sortie du ravin, mais je crois que l'on pourra désormais se débrouiller seuls.
L'attitude fière de Faith étonna Bosco au plus haut point. Décidemment, cette femme était très courageuse. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme elle. C'était très déroutant. Lui qui avait l'habitude d'avoir les faveurs des filles, voilà qu'une femme le traitait comme un moins que rien. Cette attitude irrita Bosco.
Très bien, puisque Madame me donne congé, je pense qu'il ne me reste plus qu'à partir n'est ce pas. Et surtout, évitez les ravins. A moins que vous avez quelqu'un d'autre pour vous secourir ! dit-il d'un air moqueur.
Vexée par cette remarque, Faith se redressa et le dévisagea, troublée malgré elle par le ton de sa voix. Alors qu'elle s'apprétait à rejoindre Doc qui revenait vers eux avec le cheval, Faith palit soudainement, épuisée par la douleur de son bras et par les émotions fortes qu'elle venait de vivre, et prise d'un vertige, s'écroula sans connaissance dans les bras de Bosco, qui eut juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne touche terre.
