PAR DELA LE TEMPS 10

La Plantation Mitchell

Jimmy et Kim se tenaient côte à côte sans rien dire depuis quelques minutes. Lorsque Jimmy lui avait proposé de s'éloigner pour lui parler, Kim avait senti son cœur battre à toute vitesse. La Conversation allait enfin avoir lieu. Ils avaient marchés jusqu'à l'abri qui se dressaient au milieu du jardin. De loin, ils avaient vus Faith et Bosco prendre le chemin de la rivière, et en son for intérieur, Kim sourit. Mais depuis 5 minutes, aucun mot n'avait été échangé entre eux. La tension était palpable et chacun fuyait le regard de l'autre.

Déterminée à reconquérir l'homme qu'elle aimait, Kim décida de faire le premier pas. Prenant son inspiration, elle releva la tête qu'elle avait jusqu'alors baissée, et dévisagea Jimmy.

Je crois qu'il est temps que nous nous parlions Jimmy !

Surpris qu'elle est pris l'initiative d'engager la conversation, Jimmy acquiesça cependant.

En effet

Pourquoi ?

Pour Kim, toute l'histoire se résumait à ce seul mot : pourquoi ? Et elle n'attendait de Jimmy rien d'autre que la vérité.

Prenant à son tour son inspiration, puis se levant comme pour se donner du courage, Jimmy se mit à parler :

A vrai dire, je ne sais pas vraiment. Peut être que j'ai eu peur, peut être aussi que je n'étais pas prêt, du moins je le croyais. Je comptais vous demandez votre main ce soir-là.

A cette phrase, Kim tressaillit mais ne dit mot. Les yeux pleins d'espoirs, elle regardait Jimmy mais celui-ci lui tournait le dos.

Lorsque je suis passé devant cette salle de jeux, une pulsion m'a poussé à franchir la porte et à jouer. Je m'étais dis que si je pouvais gagner assez d'argent, vous auriez pu être à l'abri du besoin pendant un certain temps et cela aurait sûrement faciliter notre union auprès de votre beau-père. Aussi, je n'ai pas réfléchi et j'ai joué. Pendant quelque temps, j'ai eu de la chance, beaucoup de chance. Je nous voyez déjà parcourir le monde, acheter la maison de vos rêves. Et puis, la chance a tournée. On dit souvent qu'il ne faut pas aller au-delà de ses limites au jeu, mais je n'ai pas tenu compte de cette règle. Et j'ai perdu, tout perdu. Encore plus vite que je ne l'avais gagné. Désemparé, ruiné, j'ai préféré être lâche. Je me suis saoulé jusqu'à plus soif. Lorsque cet homme s'est assis près de moi, j'ignore ce qui m'a pris, mais c'était plus fort que moi. J'avais besoin de me défouler. Bien sur, je n'ai pas fait long feu, vu l'état dans lequel je me trouvais. J'avoue que mes souvenirs ne sont pas très clairs à ce sujet d'ailleurs.

Au fur et à mesure de ses révélations, Jimmy se sentit libéré d'un poids. Pour la première enfin, il parlait librement de cette journée qui avait fait de sa vie un enfer. Seulement, le plus dur restait à venir, et il n'avait pas le courage de la regarder en face.

Kim, de son coté, écouté patiemment ses explications. Pour la première fois, Jimmy se confiait entièrement à elle, à cœur ouvert, et elle en fut émue. Mais elle se doutait bien que les souvenirs les plus cruels à son cœur n'allaient pas tarder. Aussi, elle remercia silencieusement Jimmy de ne pas la regarder.

Par la suite, la seule chose dont je me souvienne, c'est de la douceur d'une femme et d'un parfum à la framboise. Quand et comment je suis arrivé dans cette chambre, je ne le sais toujours pas. Je ne sentais même pas la douleur de mon visage tuméfié. J'ai été un idiot ce soir-là. Et dès mon réveil le lendemain, comprenant ce que j'avais fait, je l'ai immédiatement regretté. J'ai aussitôt réalisé que je venais de vous perdre. Et je ne me suis jamais autant voulu de toute ma vie. Je venais de passer la nuit avec votre meilleure amie, je ne pouvais plus me regarder en face. Alors j'ai préféré fuir, comme le lâche que j'étais. Et lorsque j'ai appris que votre meilleure amie vous en avez parler, je vous ai écrit cette lettre de rupture, parce que pour moi, c'était plus facile que de vous affronter pour me défendre. De toute façon, j'été le seul fautif dans l'affaire, du moins, je le croyais, jusqu'à ce que j'apprenne que votre meilleure amie m'avait tendu ce piège dans lequel je suis tombé. Mais j'avais tellement honte de moi.

A cette phrase enfin, Jimmy se retourna. Kim était en larmes. Lui rappeler que celle qu'elle considérait comme sa meilleure amie l'avait trompée pour lui prendre l'homme qu'elle aimait la mit en colère. Jamais elle n'avait pensée pouvoir être trahie de la sorte. Maintenant, avec le recul, elle comprenait que Manon n'avait jamais été son amie. Elle avait juste profité d'elle. Mais le plus difficile à vivre avait été la fuite de Jimmy. Et maintenant qu'ils mettaient les choses au clair entre eux, elle réalisait qu'elle pouvait de nouveau connaître le bonheur. Et cette fois-ci, elle comptait bien en profiter !

Quant à Jimmy, voir Kim pleurer le mit dans tous ses états. Il se doutait que les révélations allaient être douloureuses, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir cette pointe au cœur. Il fallait qu'il l'a rassure, qu'il lui dise tout son amour, qu'il tente sa dernière chance avec elle, pour ne plus jamais la quitter !

Doucement, il s'assit à ses cotés, et lui prit tendrement la main. Ils se retrouvèrent les yeux dans les yeux.

Kim, je regrette au plus profond de moi ce qu'il s'est passé ce jour-là. Mais je vous promet une chose : c'est qu'à compter d'aujourd'hui, si vous voulez encore de moi, je ferai en sorte de ne jamais compromettre notre bonheur. Je le sais maintenant. Je vous aime, Kim. Et je vous aimerai toujours !

A ces mots qu'elle avait tant de fois rêver d'entendre, Kim se mit à rire en se jetant au cou de Jimmy.

Oh Jimmy, moi aussi je vous aime. Je n'ai jamais cessé de vous aimer. Mon cœur ne bat que pour vous.

Tout heureux de se retrouver, ils s'embrassèrent.

Alors qu'ils fêtaient leurs retrouvailles après des mois de privation, Kim remarqua Faith qui rentrait précipitamment. Elle remarqua aussitôt le désespoir de sa cousine et lui cria après. Mais Faith n'entendit rien, plongée dans sa douleur. Ne pouvant laisser sa cousine dans cet état, et comprenant que cela avait un rapport avec Bosco, puisque celui-ci n'était pas avec elle, Kim s'apprêtait à parler à Jimmy lorsque celui-ci la devança :

Vous devriez aller la voir. Quant à moi, je vais chercher après Bosco.

Merci. Dit-elle en l'embrassant. Je vous aime

Je vous aime aussi, répondit-il en souriant.

Et sur un dernier baiser, ils se séparèrent pour aller voir leurs amis.

Voyant qu'elle arrivait à la terrasse, et ne voulant pas que son père lui pose des questions, Faith se frotta le visage pour chasser les larmes qui y coulaient et se redressa.

Faith ? Ma chérie, tout va bien ? s'inquiéta Swersky de la voir si pale.

Oui père, je suis juste fatiguée. Permettez-moi de me retirer dans ma chambre.

Tu es sûre que tout va bien ? Et où est Monsieur Boscorelli ? Je croyais qu'il te portait compagnie ?

Au nom de Bosco, Faith tressaillit.

Il est resté près de la rivière, sur mon insistance, dit-elle précipitamment.

Elle espérait que personne n'aurait remarqué son trouble, mais, perdue dans sa douleur, elle ne vit pas l'inquiétude s'installer sur le visage de Sully.

Père, puisse-je ? insista – t-elle

Oui, bien sur !

Merci. Excusez-moi, fit-elle en saluant tout le monde, et elle se retira.

Et alors que les hommes reprenaient leur conversation interrompue, Kim s'excusa également auprès de tout le monde et alla rejoindre Faith. Sur la terrasse, Sully semblait préoccupé. Il avait remarqué le choc qu'avait procuré le nom de Bosco. Aussi, s'inquiétait-il de savoir ce qui avait pu se passer. Alors que jusque là il s'était fait discret, il se décida enfin à interroger Carlos.

Et alors, vous et vos amis, vous êtes ici pour quelle raison précise, si je puis me permettre ? Parce que ce n'est pas vraiment l'endroit idéal pour des aventuriers, sans vous offenser.

Et bien, en réalité, nous ne sommes pas des aventuriers au sens propre du terme. C'est uniquement parce que nous n'avons pas encore trouvés ce que nous cherchons que nous sommes sur les routes. C'est d'ailleurs pour cela que nous sommes ici.

Et que cherchez-vous, si ce n'est pas indiscret ? demanda Sully

Voyez-vous, il y a quelques mois, la mère de Bosco est morte en lui faisant promettre quelque chose. Bien que nous soyons ses meilleurs amis, Bosco a refusé de nous en parler, disant qu'il devait l'accomplir seul. Mais connaissant Bosco comme nous le connaissons, avec Jimmy, on s'est dit que cela serait plus prudent de l'accompagner. D'ailleurs, à cette même période, Jimmy avait besoin de prendre du recul pour raisons personnelles. C'est pourquoi nous sommes ici, espérant y trouver la réponse.

Sully, mon ami, vous vous sentez bien ? s'inquiéta Swersky voyant son ami pâlir d'un seul coup.

Encore sous le choc, Sully se reprit aussitôt.

Oui, tout va bien, pardonnez-moi, dit-il d'une voix émue.

Voulant mettre à cours les interrogations de ses amis, il relança la conversation sur un autre sujet, auquel tous répondirent.

Un peu plus loin de là, Bosco n'avait pas bouger depuis plusieurs minutes. Assit au pied de l'ardre, la tête dans les mains, c'est ainsi que Jimmy le trouva. Comprenant qu'il avait dû se passer quelque chose de grave, il s'approcha de son ami et s'assit à ses cotés sans dire un mot.

Sentant la présence de quelqu'un près de lui, Bosco releva la tête pour faire face à Jimmy. Aussitôt, celui-ci s'inquiéta de la douleur dans le regard de son ami, une douleur qu'il n'avait vu qu'à la mort de Rose Boscorelli. Comprenant que cela devait avoir un rapport avec Faith Mitchell, il savait pourtant pertinemment que Bosco refuserait d'en parler. Ce qui ne l'arrêta pas.

Il y a toujours de l'espoir.

De quoi tu parles ? dit Bosco, méfiant.

Je crois que tu le sais mieux que moi, non ?

Ça ne te regarde pas ! Occupes-toi plutot de tes affaires ! répliqua méchamment Bosco en se levant pour s'éloigner.

C'est fait. Lui répondit Jimmy, sans se laisser démonter.

Se levant à son tour, il s'approcha de Bosco qui s'était éloigné et fixait la rivière. Il venait de se rendre compte de la douleur de sa main, mais il n'en avait cure. Tout son esprit était tourné vers Faith.

Ecoute, j'ignore ce qui s'est passé, et je sais que tu n'en parleras pas. Mais je suis sûr qu'il y a une solution. Tu ne dois pas abandonné.

Abandonné quoi ? Quelque chose qui n'a même pas commencé ! lui répondit douloureusement Bosco.

Bosco…..

Non ! Le coupa Bosco. Surtout ne dis rien. D'ailleurs, il n'y a rien à dire. Je vais rentrer à l'hotel.

Sur ces paroles, Bosco se mit en route vers la plantation, suivit de près par Jimmy.

Dans la chambre de Faith

Marchant de long en large dans sa chambre, Faith n'arrivait pas à faire cesser cette douleur qui lui prenait au cœur. De toute sa vie, elle n'avait jamais eu aussi mal. Comment un homme qu'elle connaissait à peine pouvait-il lui faire aussi mal ? L'humiliation et la déception qu'elle avait ressentit lorsque Fred Yokas avait parlé de la liaison de Bosco avec LA CRUZ avait désormais fait place à la colère. Colère contre Bosco d'abord, parce qu'il aurait pû choisir quelqu'un d'autre que LA CRUZ. Colère contre elle surtout, d'avoir espérée que peut-être, elle ne serait plus seule désormais. Qu'elle idiote elle avait été !

Exténuée, déçue, elle s'assit sur son lit, et éclatat en sanglots. C'est ainsi que la trouva Kim, qui venait de pénétrer dans la chambre. Le cœur serré, elle se précipita vers sa cousine et la prit dans ses bras. Cette fois-ci, Faith se laissa faire, la douleur étant trop forte. Kim la berça alors, lui carressant les cheveux, comme l'avait Faith pour elle quelques jours plus tôt.

Schutt ! Ca va aller, Faith. Tenta de la rassurer Kim

Pourquoi est-ce que ça fait si mal ? pleura Faith

Aimer peut faire souffrir parfois. Tenta d'expliquer Kim

A cette phrase, Faith se raidit. Se séparant de Kim, elle essuya ses larmes et se leva. D'un regard résolu, elle fixa Kim :

Si aimer peut faire autant souffrir, alors je préfère ne jamais aimer !

Cette phrase glaça le sang de Kim. Jamais, elle n'avait autant de résolution dans le regard de Faith. Et cela lui fit peur.

Mais enfin Faith, tu ne peux pas fermer ton cœur à l'Amour ! essaya de défendre Kim

Je ne ferme pas mon cœur à l'amour Kim, puisque je ne l'ai jamais ouvert heureusement ! lui répondit Faith, tout en se dirigeant vers sa fenêtre qui donnait sur l'allée centrale de la Plantation.

Mais Faith….

S'il te plait, j'aimerai rester seule. Dit Faith douloureusement

Comprenant que sa cousine resterait sur ses positions, et qu'elle ne dirait rien d'autre, Kim quitta la chambre, non sans lancer lui jeter un regard triste que Faith ne vit pas, se trouvant dos à elle.

Sur la terrasse

Alors que les hommes continuaient leur conversation, Sully vit Bosco et Jimmy qui arrivaient. Aussitôt, il fronça les sourcils à la vue du visage contrarié de Bosco.

Monsieur Mitchell, je voulais vous remercier pour votre hospitalité, mais il est l'heure pour mes compagnons et moi de prendre congés. Annonça Bosco

Vraiment ? s'étonna Swersky

Carlos avait tout de suite compris que quelque chose n'allait pas. Un discret coup d'œil vers Jimmy le lui confirma. Aussi, se leva-t-il pour saluer son hôte.

Eh bien, si vous le dites, Monsieur Boscorelli, je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps ! J'ai été ravi de faire votre connaissance. Et je vous remercie encore d'avoir sauver ma fille.

A cette remarque, Bosco se figea. Voulant néanmoins faire bonne figure, il remercia d'un signe de tête Swersky Mitchell, puis prit la sortie, suivit de ses amis.

Sully avait remarqué le choc que lui avait causé la mention de Faith. La même réaction que Faith avait eu un peu plus tôt. Et cela le préoccupait.

Alors que Swersky était rentré dans la maison donner quelques consignes, Doc et Sully regarder les trois hommes quitter la plantation.

Je me demande ce qui a bien pu se passer ? annonça soudain Doc

Comment ça ? s'interrogea Sully

Je sais que vous l'avez remarqué vous aussi, je veux dire les attitudes de Mademoiselle Faith et Monsieur Boscorelli.

Oui, c'est vrai. Mais pourquoi croyez-vous qu'il se soit passer quelque chose ?

J'étais présent quand ils se sont rencontrés, et croyez-moi, cela ne faisait aucun doute. Entre eux, ce fut le coup de foudre. Aussi, leurs comportements d'aujourd'hui me laisse perplexe.

Vous croyez vraiment ce que vous dites Doc ? s'inquiéta Sully

Oui, dès que je les ais vus ensemble, j'ai compris.

Mais est-ce que ce Monsieur Boscorelli est assez bien pour Faith ?

Je le crois oui. J'en suis sûr. Répondit assurément Doc

Et c'est en silence que les deux hommes virent les cavaliers franchir la grille de la plantation et s'évanouir dans l'horizon.

A l'étage, à travers ses larmes, une ombre féminine regardait elle aussi les trois silhouettes s'éloigner.