PAR DELA LE TEMPS ET L'ESPACE 11

Dans une chambre d'hôtel

Cela faisait 5 jours que le déjeuner à la plantation avait eu lieu. Bosco était devenu très irritable. Jimmy et Carlos ne l'avaient jamais vu se mettre dans un état pareil, surtout pour une femme. Les deux premiers jours, Bosco avait disparu en ville. Ils l'avaient chercher partout et l'avaient finalement trouvé le soir du 2ème jour, complètement ivre, à l'extérieur de la ville, à l'endroit même où il avait rencontré Faith. Ils l'avaient ramenés à l'hôtel sans qu'il ne pousse la moindre protestation, et l'avait laissé décuver pendant une journée entière, faisant venir un médecin pour soigner sa main qui avait enflée. Depuis ce temps, il était renfermé sur lui-même, ne parlant que le strict nécessaire. Il n'avait même pas cherché à revoir Faith, et ne voulait plus en entendre parler.

La journée d'aujourd'hui correspondait parfaitement à son humeur : un temps gris, des nuages menaçants, une température fraiche. En un mot : maussade.

Il avait passé une très mauvaise nuit. Sans cesse, il revoyait ce jour où tout avait basculé avant même d'avoir commencé. Tout ça, par la faute de Fred Yokas !

De plus, la veille, LA CRUZ était venue pour tenter de le mettre dans son lit. La discussion avait faillit mal se terminer.

« Flash back :

Bosco se tenait devant la fenêtre de sa chambre, à regarder la ville s'animer. Bien qu'il cherchait à l'oublier, toutes ses pensées étaient tournées vers Faith. Un coup discret fut frappé à la porte.

Je ne veux voir personne ! dit-il d'un ton morne

Ça beau brun, ça reste à voir ! dit une voix qu'il reconnut aussitôt

Il se retourna rapidement pour l'apercevoir qui pénétrait dans sa chambre. Elle portait une longue cape noire qu'elle enleva dès qu'elle eut fermée la porte. Elle ne portait dessous, que pour seuls vêtements, une guêpière noire transparente avec des bas résilles et des chaussures à talons hauts. Elle avait mis pour unique bijou, un tour de cou noir.

Alors que beaucoup d'hommes se seraient empressés de la rejoindre lorsqu'elle se positionna anguicheusement sur le lit, Bosco resta de marbre. Il finit par se retourner.

Tu ferais mieux d'aller jouer ailleurs !

Vexée qu'il lui résiste, elle se leva et s'avança vers lui. Mettant la main sur son épaule, elle se lova contre son dos, espérant le faire réagir.

Allons, c'est juste une petite déprime passagère. Un petit calin, et tout rentrera dans l'ordre !

Alors qu'elle passait sa main pour caresser son torse et qu'elle la descendait de plus en plus bas, Bosco lui saisit brutalement le bras, et se retournant, saisit son cou avec son autre main. Acculée, Cruz n'en gardait pas moins le visage fier. Un petit sourire en coin apparut sur son visage, ce qui énerva encore plus Bosco.

Alors maintenant écoute moi bien, catin ! De ma vie, je ne veux plus jamais te revoir ! Est-ce que tu m'as bien compris ? dit-il d'une voix pleine de fureur

Cette insulte mit en rage LA CRUZ. Jamais elle n'avait été traitée de la sorte !

Et tout ça pourquoi ? Pour cette sainte nitouche qui se croit le nombril du monde ! Arrêtes un peu ces histoires ! Elle n'en vaut pas la peine ! dit-elle d'une voix suave

Tu dis encore un mot de travers sur elle, et je te tue ! dit-il en serrant son cou de plus en plus fort.

Elle commençait à paniquer. La détermination dans le regard de Bosco lui fit peur. Tentant de reprendre son souffle, elle commença à se débattre lorsqu'il la relacha brusquement. La rage fit bientôt place à la peur. Pour la première fois, l'homme qu'elle désirait ne voulait pas d'elle à cause d'une autre. Eh bien soit ! Cela ne se passera pas comme ça !

Comme tu voudras ! Mais tu ne sais pas ce que tu perds ! Mais crois-moi, ça ne se passera pas comme ça ! On ne se moque pas impunément de LA CRUZ, tu devrais le savoir ! Tu vas le regretter ça, crois-moi ! dit-elle plein de hargne

Ramassant sa cape et l'enfilant, elle quitta la chambre en claquant la porte. Bosco poussa un soupir de soulagement tout en se passant une main sur le visage.

Fin du Flash-back »

Depuis, des rumeurs disaient en ville que LA CRUZ était folle de rage. Mais nul ne savait pourquoi. Bosco avait fini par parler à ses amis de cette visite et ceux-ci l'avaient mis en garde. LA CRUZ était une femme dangereuse et par conséquent, il valait mieux pour lui de ne plus la voir, ce à quoi Bosco s'était montré d'accord.

Il avait désormais choisi de se consacrer pleinement à sa quète, souhaitant au plus vite quitter la ville. Attrapant son cardigan et son chapeau, il quitta la chambre d'un pas précipité.

La Plantation Mitchell

Du côté de Faith, le résultat n'était guère plus brillant. Lorsque Bosco avait quitté la plantation, Faith s'était enfermée dans sa chambre, déclarant vouloir être seule, qu'elle avait besoin de repos. Même Kim ne lui avait parlé que quelques minutes. Seule Sasha avait pu l'approcher, et celle-ci ne pouvait cacher son inquiétude. Voir son amie dans un tel état de détresse lui brisait le cœur.

Lorsque Faith avait décidé de quitter sa chambre au bout du 2ème jour, tout le monde avait été surpris par son état. Même si elle voulait faire bonne figure, on pouvait voir que quelque chose s'était comme brisé en elle. Et l'ardeur qu'elle mettait dans ses taches, qu'elle n'avait pas voulu abandonner en dépit de son infirmité, semblait vouloir lui faire oublier sa souffrance.

Kim et Sasha ne pouvaient masquer leur inquiétude. Aussi, lorsque Faith les avaient rejettées une énième fois, elles avaient convenus que Kim irait s'entretenir avec Swersky. Celui-ci se trouvait dans son bureau, discutant avec Sully, lorsque Kim vint les interrompre.

Mon oncle, puis-je vous interrompre ?

Kim ? Que se passe-t-il ? demanda Swersky, soucieux

Mon oncle, pardonnez mon intrusion, mais je dois vous entretenir de ma plus vive inquiétude.

Peut-être devrais-je vous laisser ? s'interposa Sully, commençant à se retirer

Oh non, restez je vous prie. Je sais l'affection que vous portez à Faith, aussi votre présence pourra-t-elle m'être précieuse.

Acquisçant d'un hochement de tête, Sully se rassit après que Kim eut pris place en face du bureau, sans pour autant réussir à masquer son inquiétude pour Faith. Il avait peur que Kim lui confie ce qu'il craignait déjà.

Comment ça ? Faith à un problème ? Elle est malade ? s'inquiéta encore plus Swersky

Non, mon oncle, Faith va bien. Enfin, dans un certain sens ! dit Kim d'une voix hésitante

Parle mon petit ! l'encourageat Swersky

Mon oncle, ce que je vais vous dire, je le fais sans l'approbation de Faith. Vous savez combien j'aime ma cousine et combien j'estime notre famille. Mais mon inquiétude est si grande que je ne peux rester sans rien faire. Faith est malheureuse mon oncle. Oh non, pas à cause de vous, rassurez-vous. Mais voilà, elle est amoureuse. Je veux dire, qu'elle est vraiment amoureuse. Et même si elle refuse de l'admettre, elle souffre de cet amour, et elle refuse d'en parler avec qui que ce soit.

Comment cela ? demanda Sully, voyant Swersky complètement tétanisé

Voyez-vous, l'homme dont Faith est amoureuse n'est autre que Monsieur Boscorelli, l'homme qui lui a sauvé la vie. Et je sais de source sûre que Monsieur Boscorelli éprouve les mêmes sentiments à l'égard de Faith, et que lui-même souffre actuellement. Oh mon oncle, il s'est passé quelque chose lors de ce déjeuner dont malheureusement je n'ai pas toute la teneur. Tout ce que je sais, c'est que Monsieur Yokas en est à l'origine.

Mais Kim, comment pouvez-vous savoir tout ça ? Vous venez de dire que Faith refuse d'en parler. L'interrogea Sully, sceptique

Voyez-vous, j'aime moi-même un homme dont je suis aimée en retour. Et cet homme n'est autre que James Doherty, le meilleur ami de Bosco. Pardonnez-moi mon oncle, mais le cœur d'une femme est un océan de secrets, et il y a certaines choses dont je n'osais m'entretenir avec vous. Alors lorsque vous me voyez sortir en ville avec Davis ces derniers jours, en réalité je me rendais au parc municipal où nous avions rendez-vous.

Oh Kim, mais tu sais pourtant que je ne t'aurais en aucun cas empêcher de le voir ! lui dit tendrement Swersky. Au contraire, lui-même et ses compagnons m'ont fait une très bonne impression lors de ce déjeuner. En aucun cas, je ne porterais de jugement sur eux.

Je le sais mon oncle. Mais si j'ai agît ainsi, c'est surtout pour préserver ma cousine. Je ne pouvais me résoudre à afficher mon bonheur alors qu'elle même refuse celui qui lui tend les bras. Quoiqu'il en soit, Jimmy m'a confié le mal être actuel de Bosco. Il a ainsi apprit, lors d'un moment d'égarement de Bosco, que c'était Fred Yokas qui avait fais quelque chose ce jour-là, mais il n'a pas réussi à savoir quoi. Lui-même est très inquiet pour Bosco. Il ne l'avait jamais vu dans un tel état. Et c'est ce qui me conforte dans ma démarche auprès de vous. Mon oncle, Faith et Bosco s'aiment tous les deux d'un amour vrai. Hors, l'un comme l'autre sont si fiers qu'ils se refusent ce bonheur et s'enlissent dans leurs souffrances. Je suis désolé, mais je ne peux l'accepter.

Alors c'était donc ça ! confirma Swersky,

Comment mon oncle ? Vous le saviez ? s'étonna Kim

A vrai dire, je m'en doutais. Tu sais, moi aussi j'ai vu que Faith n'avait plus cette petite étincelle dans les yeux. J'ai vu sa souffrance, mais j'ignorais à quoi elle était dû. Du moins, je m'en doutais mais je n'en étais pas sûr. Aussi, c'est pourquoi je te remercie d'être venu me faire partager ton inquiétude. Car moi-même, je ne puis tolérer plus longtemps le désespoir qui semble s'être emparé de ma fille. Sully, mon ami, je crois qu'il est temps pour vous d'affronter vos démons.

Je le crois aussi, en effet. Affirma Sully, dont le ton résolu intrigua Kim

Mon oncle ? demanda-t-elle en dévisageant Swersky d'un air interrogateur

Kim, ne t'inquiéte pas. Tu sais que le bonheur de Faith est tout ce que je souhaite. Aussi, allons-nous faire en sorte que ces deux-là s'expliquent, qu'ils le veuillent ou non. Ils devront mettre leur fierté de côté et affronter leurs sentiments, dussais-je les enfermer dans la même pièce ! dit Swersky d'un ton décidé

Et c'est sur cette détermination que les deux hommes prirent congés de Kim, laquelle rejoignit Sasha dans le salon pour lui faire part de son entrevue.

Deux heures plus tard, en ville

Sully avait maintes et maintes fois répété ce qu'il avait à dire dans sa tête, mais face à cette porte, il avait comme un trou noir. Nerveux, il hésita, prit sa respiration, puis toqua à la porte. Des pas se firent entendre et la porte s'ouvrit d'un geste brusque

Carlos, je t'avais pourtant dit…..

Sully se redressa pour faire face à Bosco, lequel ne put cacher son étonnement de le voir ici.

Monsieur Sullivan ? Pardonnez-moi, je vous avez pris pour mon ami. Mais entrez, je vous en prie. Dit-il en s'effaçant pour liberer le passage.

Merci.

Alors. En quoi puisse-je vous être utile ?

Monsieur Boscorelli, la raison de ma présence ici d'ordre personnelle. Aussi, j'aimerai que vous écoutiez ce que j'ai à vous dire sans m'interrompre.

Cela a-t-il un rapport avec Mademoiselle Mitchell ? s'inquiéta Bosco, bien malgré lui

En quelque sorte, je …

Excusez-moi, mais

Monsieur Boscorelli ! le coupa Sully d'un air déterminé. Je que j'ai à vous dire concerne surtout votre mère.

A cette phrase, Bosco se figea dans un air de totale incompréhension.

A quelques lieux de là, dans une propriété

Trois cavaliers venaient de franchir les grilles d'entrée de la propriété. A leur tête, Swersky Mitchell tentait tant bien que mal de masquer sa colère. Mais Davis et Doc qui l'accompagnait n'étaient pas dûpes. Eux-même étaient énervés en apercevant leurs frères et sœurs de couleurs travailler sans relache pour un homme n'ayant aucune considération pour eux. Mais malheureusement, ils ne pouvaient rien faire sous peine de les mettre dans des situations délicates.

A l'approche de la propriété, tous deux lancèrent un regard inquiet vers Swersky Mitchell. La précipitation avec laquelle il était venu les chercher pour l'accompagner leur laisser penser qu'il se passait quelque chose de grave. Mais il n'avait pas voulu en parler. Quoiqu'il en soit, ils se trouvaient désormais sur la propriété de Fred Yokas.

Arrivé à la demeure, Swersky mit aussitôt pied à terre et s'approcha du domestique de maison.

S'il vous plait, soyez gentil de m'annoncer auprès de Monsieur Yokas. Et cela ne peut attendre. Dit Swersky, déterminé.