Il savait que ses errances pouvaient fort bien être sans issue. A Poudlard, les salles avaient leur vie propre. Qui sait s'il n'était pas passé cent fois déjà devant celle-là, dissimulée par une entrée déguisée en muraille. L'idée l'effleura un jour que Dumbledore avait peut-être envoyé l'objet de ses recherches hors de l'école - mais il ne pouvait décemment pas lui poser la question directement. Il continua sa quête vaine. Ce n'était pas le temps qui lui manquait. La guerre terminée, le Seigneur des Ténèbres terrassé, ses vieux ennemis morts ou disparus, que lui restait-il à faire?
Un jour, vers Noel, alors qu'il avait renoncé à tout espoir, il trouva enfin la salle. Elle attendait, au bout d'une longue salle de classe désaffectée où s'entassaient pêle-mêle les tables et les chaises, la venue d'un pauvre fou comme lui. Dans la pénombre, il n'y avait plus une unique flammèche tremblotante, mais deux qui se reflétaient sur le cadre doré, usé, du miroir. Il s'avança et poussa derrière lui la porte qui grinça sur ses gonds. Son reflet fit de même. Il se plaça devant le grand miroir, et attendit. L'homme en noir devant lui le regardait, les traits fermés, attentif.
Rien d'autre ne vint. Derrière la silhouette aux bras croisés qui lui faisait face, rien ne troublait l'eau sombre du miroir.
I show not your face but your heart's desire.
Un rire amer s'échappa de ses lèvres. Il l'avait toujours su. Pendant tout ce temps, alors qu'il visitait le soir à pas lents tous les étages de Poudlard, il n'avait cherché que la confirmation de sa plus secrète appréhension. Et qu'aurait-il pu voir? Les années avaient passé, emportant avec elles les promesses de pouvoir et de vengeance. Il avait joué son rôle, il avait menti, trahi, dissimulé. Son visage n'était plus qu'un masque vide.
Severus Rogue se détourna et sortit de la pièce. Le miroir du Riséd avait perdu sa magie.
