A l'Aube Du Dernier Jour

CHAPITRE 2 : Quand Harry rencontre Lily…

« Il y a tellement longtemps que j'aurais du venir vous voir… Mais je ne m'en sentais pas la force. J'attendais l'échéance finale, le jour où je ne pourrais plus reculer. Car je savais qu'au lieu de résoudre toutes les questions que j'ai dans la tête, cela en rajouterait d'autres. Je sentais que cela pouvait faire s'effondrer tout le pouvoir que l'on m'a donné, toutes les idéologies que l'on m'a apprises, toute la grandeur du geste que je m'apprête aujourd'hui à faire. Je pense que je n'étais pas prêt, tout simplement. »

Une lueur éclatante de beauté vint aveugler mes yeux, alors qu'une douce brise faisait frissonner ma peau, comme un simple courant d'air, une caresse, une main qui effleure la mienne. Nos doigts s'enlacèrent.

« Le seras-tu un jour ? »

« Probable que non. Qui pourrait être prêt face à la destruction, la douleur, la mort ? Chaque vie enlevée est comme une partie de son âme arrachée. Perdue à jms dans les méandres du vice. Qui a le droit de faire ça à un enfant ? J'ai tellement cru en leurs paroles, en leurs mensonges ! J'étais trop jeune pour savoir, pour comprendre… Je suis trop jeune pour beaucoup trop de choses. Je me disais d'arrêter de vouloir tout savoir, que les réponses viendraient d'elles-mêmes. Des illusions, une fois de plus. Des espoirs vains. On a fini par me modeler, m'entraîner, m'apprendre le combat… Et malgré tout ça, je ne suis tjs pas prêt. Car je n'ai aucune réponse à ces questions. On m'a appris les Sortilèges Impardonnables, mais les utiliser serait-il faire preuve de lâcheté ? Serait-ce renier ce pourquoi je me bats ? »

« Impardonnable. Saisis-tu le sens de ce mot ? »

« Mais alors pourquoi ? Est-ce le seul moyen que nous ayons de nous défendre ? Sommes-nous obligés d'être salis par le goût du meurtre ? »

« Ces questions ont-elles une réponse ? Si oui, ce n'est pas à moi de te les donner. Le pouvoir qui te différencie des êtres assoiffés de douleur se propage dans tes veines et alimente ton cœur à chaque instant. Il réside dans ton sang. C'est le plus cadeau que j'ai pu t'offrir. »

« L'amour, hein ! »

Je ne pus m'empêcher d'englober ces mots d'amertume.

« Mais ce monde est si cupide ! L'amour est-il une raison suffisante pour donner sa vie en son nom ? »

« Pour quoi te bats-tu ? »

« Pour… Pour que cessent les injustices liées au sang et à la race… Pour venger ceux qui st déjà tombés… »

« Tu sembles confus, mon fils… La vengeance est-elle vraiment une raison de vaincre ? A-t-elle vraiment un rapport avec la justice, la noblesse ? L'amour, lui, englobe tout. Il est la vie toute entière, l'air que tu respires, les battements de ton cœur. Il est la seule chose qui permette à un humain d'être accompli. »

Une exclamation de frustration s'échappa de ma gorge, et mes yeux verts se remplirent de colère.

« Il y a tellement de choses que je ne sais pas, que l'on ne m'a jamais montrées… J'ai emprunté un chemin que l'on m'a imposé, et je me retrouve aujourd'hui indécis, en proie à ce terrible doute. Il y a tellement lgtps que je n'ai pas ri, ou souri… il me semble que j'ai simplement oublié comment faire. Je ne fais plus confiance à personne, vu le nombre de fois où j'ai été trahi… Ne suis-je donc plus qu'une enveloppe charnelle, une coquille vide ? Je ne me reconnais plus, qu'ont-ils fait de moi ? Ne suis-je plus que le vulgaire objet de leur volonté ? Je n'ai plus la force de rien… »

« Je ne possède pas le pvr de lire à l'intérieur des gens. Mais je crois en toi. Tu es au-delà de la fatigue, au-delà de la peur. Tu dis ne plus rien attendre de cette vie ? Ne plus attendre la fin salvatrice de cette journée ? La destination finale de ton combat ? Et pourtant, tu la provoques. Tu as une armée derrière toi, et tu te battras de tout ton cœur et toute ton âme. Tu vaincras en l'honneur de ceux qui ont placé leurs espoirs en toi. Tu joueras le jeu jusq'au bout. Tu feras semblant jusqu'au bout. »

« Je continuerai à jouer au héros, à sourire lorsque j'ai envie de pleurer ? Inévitablement. Mais je ne vois pas où tu vx en venir. »

« Tu dis que l'autorité des adultes te pèse, que tu as peur de te perdre dans cette guerre, sur le champ de bataille. Tu voudrais fuir et retrouver un semblant de vie, commencer à te construire une nouvelle identité… Mais ton condamnes le monde des gens que tu aimes. Ton monde. Et c'est pour ça que tu es encore là, et tu es prêt, même si tu le vois pas, à sacrifier tout ce qui t'es cher pour qu'il vivent… heureux. Et c'est pour ça que ton père et moi sommes si fiers de toi. Face à des obstacles tjs plus insurmontables, tu n'as jms choisi la facilité. Bien sur, tu as fait des erreurs, parfois terribles. Mais qui n'en fait pas ? Mais devant tous les choix, toutes les épreuves que tu as du affronter, tu t'es montré incroyablement brillant… »

« Comment pouvez-vous être fiers de moi ? Le fait que Voldemort me veuille a fait de moi un poison pour les autres. Est-ce juste que ceux que j'aime meurent à ma place ? Et que moi je survive… Encore. »

« Crois-tu vraiment que la justice ait un rôle à jouer dans ces situations ?

Je ne peux m'accrocher à aucun de mes repères pour trouver une raison à ces sacrifices… Sirius était le père que je n'ai jms eu. Et il me hante, à présent… sa voix grinçante, son visage haineux… Il me dit que je suis un assassin… »

« L'ampleur de ce mot est terrifiante. Mais penses-tu que te battre pour rester en vie fait de toi un assassin ? C'est le propre de l'être humain. La lutte pour la vie. »

« J'ai réussi à me persuader que tout était ma faute. Mais en même temps, je continue à m'accrocher désespérément à la vie. J'aimerais tellement lâcher et partir, mais mes doigts sont collés. Et puis… »

Je ne peux retenir un soupir, qui s'enfuit dans l'air de cette matinée trop étrange.

« Je n'ai que 17 ans, et j'ai l'impression d'en avoir 100. J'ai tjs repoussé les assauts. Tjs gagné. J'ai sacrifié ceux que j'aimais pour ça. Mais je savais qu'il le fallait. Je ne sais plus rien, désormais. Je ne comprends plus. Je ne sais pas comment vivre dans ce monde, si c'est tout ce qu'il a à m'offrir. Si tout s'enfuit inexorablement… Pourquoi vaincre pour des décombres ? »

« Un monde à reconstruire prend du temps. Mais je suis persuadée que personne d'autre ne peut mieux accomplir cette lourde tache que toi. Tu as déjà tellement donné de toi-même que tu as l'impression de ne plus avoir de ressources. Mais qu'en est-il de ce pouvoir caché dont parle la prophétie ? »

« Je ne crois pas à ces balivernes. J'ai l'impression de ne plus pouvoir faire confiance à Dumbledore. Le plus grand sorcier du monde… »

« Il ne l'est pas. »

« Alors qui ? »

« Tu ne devines pas ? »

Elle me couvrit de ses émeraudes en amande. Ce regard si semblable au mien… Je serrais un peu fort ses doigts contre les miens, et posais ma tête sur son épaule. Bien malgré moi, en sentant le grain de sa peau sous mes cheveux, je sentis ma gorge se nouer.

« Comment es-tu ici ? Tu n'es que brume, transparence, et pourtant je peux te sentir, te toucher… »

« Je ne suis ni chair ni d'os, je ne suis pas là physiquement. Mais je suis en toi. »

« Tu n'es qu'une projection de mon esprit ? »

« Non. On m'a permit de venir ici… »

« Qui ? »

« Ah, ça… Ce sont les secrets de la mort, mon chéri… Je ne peux rien te dire. Je dois répondre à tes questions, t'aider à trouver un but. Je ne suis qu'une messagère. »

« Et quel est le message ? »

« A toi de le découvrir. Et tu te découvriras toi-même. »

« Pourquoi… »

J'avalais difficilement ma salive. La sensation de brûlure au fond de ma gorge s'accentuait.

« Pourquoi ais-je l'impression de connaître par cœur chaque trait de ton visage, comme si je l'avais scruté pendant des heures ?... »

« Tu n'as jamais perdu mon souvenir. Je suis bien plus qu'une illusion, une manifestation de ta mémoire. »

Je frissonnais lorsqu'elle prit ma main et la posa sur son cœur. Stupéfait, j'entendis des battements s'échapper de sa poitrine. Des battements de cœur.

« Mais… Comment… »

« Ce n'est pas mon cœur. C'est le tien. Ton père et moi vivons en toi. Tu es le fruit de ttes nos émotions partagées, nos croyances, nos espoirs… Tu es né de notre première union. Notre seule union… »

Interloqué, je relevais un peu la tête et examinai son visage. Elle avait légèrement penché la tête sur le côté, ses magnifiques cheveux auburns flottant au vent. Elle paraissait nostalgique, pensive, un léger sourire étendu sur ses lèvres. Je n'osais dire un mot, de peur qu'elle se taise à jms, et que je ne puisse entendre ce qu'elle s'apprêtait à me dire. Mon souffle se bloqua presque dans ma poitrine, alors qu'elle continuait son histoire :

« La guerre était aux portes de notre maison. C'était une période très difficile. Nous vivions dans un climat de peur, d'angoisse qui nous étreignait le cœur et l'esprit à chaque instant. Nous savions que les faibles fondations que nous avions construites pouvaient s'effondrer à tout moment. Tous nos amis tombaient les uns après les autres… James et moi nous raccrochions l'un à l'autre, et c'est comme cela que nous gardions l'équilibre au bord du précipice. Nous nous savions condamnés, bien sur, qui ne l'était pas ? Nous avancions un peu plus chaque seconde vers l'horizon de la fin, vers le bout de ce fil qui nous retenait encore. Et une nuit, les Mangemorts ont attaqué notre village. Ils rentraient dans les maisons, violaient les femmes, torturaient les enfants… Derrière les carreaux, tout était à feu et à sang, du vert partout, et cette tête de mort qui surplombait le carnage… »

Je sentis mon estomac se révulser, et serrait un peu plus la main de ma mère, l'incitant à continuer.

« Je me suis terrée au fond de notre maison et me suis mise à sangloter désespérément, si fort que je ne pouvais plus m'arrêter. C'était désormais la seule défense, le seul rempart qu'il me restait contre cette guerre qui n'était pas la mienne. Jusqu'à ce que ton père fasse ce qu'il a fait. Il m'a entraînée vers notre lit, m'a serrée dans ses bras pdt un long moment, me chuchotant des paroles réconfortantes. Puis il a commencé à embrasser chaque parcelle de mon visage, absorbant les larmes avec ses lèvres. Il m'a doucement déshabillée, puis m'a fait l'amour. D'abord délicat et hésitant, ses caresses se sont faites plus audacieuses, plus passionnées, et j'ai répondu à mon tour à cet appel à l'aide. Et alors que l'orage et les hurlements du dehors nous déchiraient les oreilles, j'ai connu le moment le plus serein de toute mon existence. Je le sentais en moi, et sa chaleur a fait s'évaporer toutes mes peurs et mes angoisses. Je n'avais jamais connu une sensation telle que celle-ci. J'étais comblée, et si le monde autour de nous s'était effondré, je n'en aurais pas prêté attention. Il n'y avait plus que nos deux corps qui se découvraient, ces frissons qui parcouraient mon échine, ce besoin avide de baisers, ce cœur qui cognait si fort contre ma poitrine… Le vent ne mugissait plus, la tempête s'était tue, je n'entendais plus que le souffle de James sur ma nuque. Nos deux corps se perdant, dans un ultime combat désespéré pour tenter de rester en vie. »

Je me rendis compte que mon souffle était haché et que mes mains tremblaient. Si je n'avais pas tenu sa main, je me serais effondré sans prévenir. Mais je restais debout.

« En cette nuit atroce, où le sang a coulé, tu es né du bonheur le plus intense, du réconfort mutuel de deux âmes égarées. C'est cet échange spécial qui t'a donné ta force, Harry. Tu ne pouvais être voué qu'à un destin exceptionnel… Tu as été le bouquet final, l'amour qui a chassé la guerre. »

A présent, les larmes parcouraient librement mon visage, mais je ne cherchai pas à les effacer. L'histoire que je venais d'entendre avait déchiré mes entrailles et gonflé mon cœur. J'avais voulu la vérité, les réponses sur mes origines et on me les avait données.

J'étais le fruit d'une profonde blessure refermée le temps d'une nuit sans fin, de deux corps qui se sont mêlés pour échapper à la réalité macabre, d'une pause dans la course de la vie contre la mort.

Etait-ce donc cela les réponses à mes questions ? Dumbledore avait-il raison depuis le début ? L'amour qui détruit la haine, n'est-ce pas un peu trop idyllique ? Et pourtant…

Le sang bouillonnait dans mes veines, à mes tempes, et pourtant je ne m'étais senti aussi léger depuis longtemps.

C'était donc ça le message… L'amour, tout simplement… On avait beau me le dire mille fois. Il fallait simplement que j'en prenne conscience… C'était ma raison d'être. Un cadeau à transmettre, de personne à personne. J'étais le dernier porteur.

Je m'éclaircis la gorge, et sans bouger de peur que tout disparaisse, je lui demandais d'une voix faible :

« Et quand tout cela s'est-il passé ? »

Elle me sourit, ses yeux se plissant d'un air mystérieux.

« C'était un soir de décembre. Il y a 18 ans… jour pour jour. »

Très lentement, elle s'accroupit en face de moi et me prit les deux mains dans les siennes.

« Ecoute-moi bien, mon enfant bien-aimé mon enfant blessé… Je n'ai plus beaucoup de temps. Je te souhaite bonne chance, bonne route. Quelqu'un t'aimera aussi fort que tu le mérites, j'en suis persuadée. Et nous nous reverrons bientôt… Souviens-toi tjs de notre échange, et tu avanceras dans la bonne direction. Je t'aime, Harry, et je suis tellement fière de toi… »

Elle se pencha doucement vers moi et embrassa sur mon front cette cicatrice maudite, tant détestée.

« Maman… bredouillai-je. Je… »

« Je sais, mon cœur, je sais, sourit-elle en retour. »

Puis après m'avoir une dernière fois serré dans ses bras, elle disparut dans l'air chaud de cette matinée.

Je restais un instant immobile, m'apercevant à peine que le soleil s'était levé et qu'il projetait sa lumière sur les décombres de cette histoire si belle… Il était l'heure de partir.

Maman… Enfin j'avais pu le lui dire… J'avais pu prononcer ce mot qui m'était resté si lgtps interdit. Et c'était tout ce dont j'avais besoin.

Embrassant une dernière fois du regard les restes de Godric's Hollow, je fis demi-tour et partit d'un pas décidé vers mon destin.

THE END.