Automail, chapitre 4.

C'est donc définitif. Il n'y a pas moyen qu'il fasse de l'alchimie.

Très bien alors. Kimblee prend la chose avec calme. Du moins en apparence.

Il serre le poing. Très fort. Greed le remarque sans doute, mais il ne dit rien. Ils sont encore assis sur le canapé, l'homonculus a encore un bras autour des épaules de l'humain, il le serre encore contre lui. Comme si ça pouvait changer quelque chose.

Le bras, il s'en foutait. C'était la main qui importait. La main qui lui permettait de créer des explosions.

Peut-être qu'il pourrait le faire uniquement de l'autre main… mais ce ne sera pas pareil.

Il ne pourra plus sentir la réaction aussi bien qu'avant… quel gâchis.

Kimblee se lève. Il sent que Greed le suit du regard, mais il n'en a rien à faire. Il se lève et marche, passe près du bar. Juste à temps pour entendre.

"Fallait bien que ça arrive, de toute manière."

Il ne connaît pas la Chimère. Ce qui ne l'empêche pas de l'empoigner par le cou, de sa fausse main. Peut-être qu'il ne peut pas le faire exploser, mais il peut le faire souffrir, ça, oui.

Il sent que Greed se lève en sursaut derrière lui. Martel, non loin de là, esquisse quelques mouvements elle aussi.

Qu'ils aillent tous au diable.

Il resserre sa main, ne bougeant même pas lorsqu'il en sent une autre sur ses épaules.

"Kimblee."

Il ne répond pas, jusqu'à ce qu'il soit violemment tiré en arrière et se prenne lui-même un coup de poing en pleine figure.

"Nan mais ça va pas Kim ! Je t'ai déjà dit de pas toucher à mes Chimères !

- Tes Chimères ? Oh, c'est vrai, j'avais oublié qu'elles étaient à toi… pourtant toutes ont leurs deux bras…

- Crétin. Ça n'a rien à voir.

- Oui. Bien sûr. Quel crétin je fais…

- Kim.

- Mmh ?"

Il passe la main sur la joue qui a été frappée, puis éclate de rire. Et ça énerve l'homonculus, oui, ça l'énerve, comme d'habitude. Quelques Chimères s'écartent, celle qui a été sauvée se masse le cou et quitte la pièce sans demander son reste. Martel s'avance vers Kimblee, comme menaçante, mais Greed lève la main et tout le monde s'arrête.

"Laissez tomber. Apparemment, c'est entre nous…

- Il n'y a rien entre nous.

- Juste quelques mètres en effet…

- Fais pas l'imbécile. T'as très bien compris. Il n'y a rien entre nous."

C'est au tour de Greed d'éclater de rire. Et à celui de Kimblee d'être énervé. Mais il n'en laisse rien paraître et sourit, avant de quitter la pièce, se dirigeant vers sa chambre, faisant comme s'il n'était pas suivi, ignorant la main qui coince la porte lorsqu'il veut la fermer et la forme qui s'allonge à côté de lui lorsqu'il s'assoit sur le lit.


Plusieurs heures ont passé en silence. Greed est allongé sur le ventre, la tête sur ses bras, et Kimblee assit contre les barreaux du lit. C'est comme s'ils n'avaient rien à se dire, alors qu'en fait c'est tout le contraire.

Kimblee serre le poing, le desserre, le regarde. Et finit par parler.

"C'est laid.

- Je croyais que tu te fichais de ton apparence.

- Oui. Mais c'est laid.

- Bah. Moi aussi j'ai une partie de moi qui est laide, après tout…

- Ca n'a rien à voir.

- Je sais."

Greed se retourne sur le côté, face à l'alchimiste.

"Tu trouveras comment…

- Ce ne sera plus pareil.

- Mieux vaut ça que d'être mort.

- Je m'en foutais du bras.

- Je sais.

- C'est ta faute.

- Non. Et ça tu le sais."

Kimblee daigne le regarder en face, mais il le regarde de haut.

"Pfff… c'est ta faute.

- Tu pourras le dire autant de fois que tu voudras, ça le rendra pas vrai."

L'homonculus se redresse, sur les genoux.

"Mais c'est pas ta faute non plus tu sais…

- Bien sûr que non.

- Tu trouveras, je te dis…

- Je sais comment. Mais moi je te dis que ce sera pas pareil.

- Alors tu trouveras autre chose.

- Et si je n'avais pas envie de trouver autre chose ?

- Capricieux.

- Décidément… morveux, crétin, capricieux… tu as de ces insultes…

- Je ne dis que celles qui sont vrai…"

L'être aux cheveux courts sourit. Même face au regard noir, il sourit. Pourquoi s'en priver après tout. Kimblee finira bien par s'y habituer… et mieux vaut cela que la mort. Vraiment.

Il aurait bien pu trouver un moyen pour la mort aussi mais… non, ça, il préfère attendre, il préfère que ce soit plus tard. Le plus tard possible, en fait.

Il y a encore un peu de silence, avant que Kimblee dise ce qu'il fallait dire. Et Greed recommence à sourire avant même qu'il finisse sa phrase.

"Je ne sentirai plus rien de ce bras là. Ce ne sera pas…

- Pareil, mmh ?"

L'homonculus se rapproche doucement et l'attire contre lui, joue contre joue, pour parler à son oreille.

"Ce n'est qu'un bras, tu as encore tout le reste du corps…"

Et il sent que l'humain sourit. Parfait.

Ils finiront bien par s'y habituer.

Entre deux baisers, Greed murmure. Il caresse un peu le bras de métal, et tant pis si Kimblee ne sent rien, il comprend.


Cette fois, si Kimblee est encore assis et Greed encore allongé sur le ventre, la tête de l'homonculus repose contre le torse nu de l'alchimiste.

Alchimiste éveillé et pensif.

Doucement, il glisse son bras vers la table de nuit et en sort le pistolet. Il sait qu'il n'a pas besoin d'un frisson pour réveiller l'homonculus, qui ne dort jamais, mais il sait aussi que Greed aime somnoler lorsqu'il est ainsi contre son corps.

Il joue doucement avec le pistolet, le promène contre sa tempe, sous son menton. Mais ce n'est pas comme s'il hésitait.

A un moment, il éloigne un peu l'arme, et une main la retire de la sienne pour l'envoyer par la fenêtre.

Kimblee sourit, hausse les épaule.

Ce n'est pas comme s'il avait hésité. Il savait parfaitement ce qu'il faisait.

Et maintenant il s'allonge et se rendort doucement.

Peut-être qu'il s'y fera, en fin de compte. Peut-être.

Fin.