Petit mot de l'auteure : Hey ! Ce texte a été écrit pour la 139e nuit du FoF sur le thème "Adorable".
Moineau, comme les autres membres du Taragang, regardait toujours Magister avec suspicion lorsqu'il se joignait à eux pour une mission.
Certes, depuis que lui et Selenba avaient eu Luck, le maître des Sangraves c'était calmé. Il continuait quand même de faire ses petites magouilles pas très légales, mais au moins ne les embêtait plus en cherchant à dominer le monde et à les tuer. Toutefois, malgré ce progrès non négligeable, ils se montraient toujours méfiants envers lui, chose que Moineau estimait raisonnable après toutes ces années passées à se taper dessus. À vrai dire, lui-même se montrait prudent lorsqu'il était près d'eux et même au cœur de l'action, veillait à ce qu'aucune hache de Fafnir ne lui atterrisse dessus par ce qui serait tout sauf un accident (ses relations avec sa belle-fille ne s'étaient pas vraiment arrangées).
Fort heureusement, la mission pour laquelle ils avaient dû – à contrecœur – demander aide à Magister car concernait des effluves démoniaques c'était terminée sans que personne essaie de ne tuer personne. Enfin, dans leur camp, évidement leurs ennemis avaient pris cher. Leur camp aussi, mais heureusement, ils n'avaient eu que des blessures superficielles.
À vrai dire, ceux qui avaient été les plus blessés étaient Selenba et Magister.
Cela pouvait paradoxal puisqu'il s'agissait peut-être des meilleurs combattants de leur groupe, alliant puissance magique et savoir-faire technique en divers arts de combats, mais ils s'étaient lancés à corps perdus dans le combat. La faute en était à la vampyr – lorsqu'elle avait vu Magister après plusieurs mois de séparation, elle lui avait lancé un nonchalant « ça fait du bien de te voir » comme s'ils s'étaient quitté la semaine passée et, sans plus d'état d'âme, l'avait mis au défi d'assommer le plus d'ennemis possibles. Celui qui perdait était chargé d'emmener Luck chez le médecin pour lui faire faire ses vaccins – l'enfant détestant les aiguilles et n'hésitant pas à faire usage de sa force naturelle, la tâche était donc particulièrement ingrate. Du moins, c'est ce que Moineau avait compris du pari qui c'était joué devant elle. Elle n'eut en effet pas l'occasion de vraiment s'interroger d'avantage puisque c'était ce moment là que leurs assaillants avaient choisit d'apparaître et les deux... amants ? amoureux ? meilleurs ennemis ? co parents ? meilleurs amis ? Les deux « relation compliquée » s'étaient rués dessus.
À la fin du combat, le résultat avait été un couteau planté dans le bras gauche de Magister, et une épaule déboîtée pour Selenba. Moineau allait s'avancer pour proposer son aide dans les soins, mais avant qu'elle ait pu réagir, le Sangrave c'était approché de la vampyr et d'un geste expert avait remis son épaule en place, avant de lui lancer un Réparus.
-Idiot, ça t'as fait encore plus saigner de bouger... fit remarquer Selenba.
- Un peu plus ou peu moins, haussa des épaules Magister.
- Mais arrêtes de bouger ton bras crétin ! S'énerva-t-elle en lui donnant une petite tape sur la blessure.
- Hé ! Donc j'ai pas le droit de bouger pour pas rouvrir la blessure, mais toi tu peux la frapper ?
- Arrête de pleurer, je vais te le soigner ton bobo.
Et là, alors que Selenba déchirait sans aucun ménagement la manche du tee-shirt de Magister pour accéder à l'entaille, l'incroyable se produisit : Moineau se dit qu'ils étaient mignons.
Et c'était du n'importe quoi, non ?
Enfin, après tout, ils étaient les deux criminels les plus connus de tous les mondes, deux personnes sans cœur ou du moins qui savaient très bien l'oublier quand ils le voulaient, deux personnes dont on murmurait le nom pour faire peur aux enfants – Si tu ne manges pas ta soupe, Magister et son Chasseur viendront te manger ! Moineau elle-même en avait été terrifiée, à juste titre. Et pourtant, en cet instant, ils étaient juste mignons.
Il y avait quelque chose de touchant dans leurs taquineries et leur manière de se parler façon je-m'en-fout-de-toi qui ne trompait personne ; dans la façon dont Magister, qui avait toujours eu du mal avec le contact, laissait Selenba le toucher ; dans la façon dont ils commentaient l'efficacité du couteau que la vampyr était en train de retirer du biceps et comment l'attaquant aurait dû faire pour le lancer avec plus d'efficacité. Ils étaient touchants dans la manière douce que Selenba avait de lancer son Réparo, dans la façon qu'eut Magister de prendre une mèche de cheveux argentée de la vampyr pour effacer le sang qui s'y trouvait.
Alors oui, c'était peut-être le terrible Magister et la toute aussi effrayante Selenba, mais à ce moment là, Moineau n'avait qu'un adjectif pour les décrire : adorables.
