Le son strident du réveil la fit légèrement sursauter.
Elle soupira.
Elle avait attendu le matin dans l'angoisse d'un nouveau rêve, n'osant même pas fermer les yeux. Elle se dressa sur son lit, encore tremblante de la nuit qui venait de s'achever.
Elle se leva doucement. Quand ses pieds entrèrent en contact avec la moquette épaisse, elle vacilla et fut contrainte de se rasseoir. Elle resta ainsi plusieurs minutes, nauséeuse, sentant les murs de se chambre tourner autour d'elle. On frappa à la porte.
« Chérie ? Tu es réveillée ?
- Oui, papa. Je me lève. »
Parler à voix haute lui avait semblé insurmontable mais, une fois fait, elle se rendit compte qu'elle en avait eu besoin pour se réveiller complètement et laisser derrière elle la nuit, ses périls et ses incertitudes.
Elle étendit le bras et alluma sa lampe de chevet. La lumière l'éblouit, la forçant à refermer les yeux. Quand elle les rouvrit peu de temps après, la pièce lui parut chaude et accueillante. L'espace d'un instant, elle crut oublier son étrange mais dangereux cauchemar. Cela l'encouragea à se lever.
Elle jeta un coup d'œil à ses « blessures », pour s'apercevoir avec un certain soulagement qu'elle n'avait plus aucun stigmate des aventures de la nuit. Uniquement son imagination. Depuis le début. Au fond, c'était plutôt rassurant.
Elle se dirigea vers le placard et l'ouvrit. Un souffle de feu lui ébouillanta le visage, et le bruit des chaudières agressa ses tympans. Instinctivement, elle recula d'un pas et se cogna à la porte close qui, un instant plus tôt, donnait encore sur sa chambre douillette et sûre. Elle serra les poings et frappa contre le métal lourd qui la séparait de la réalité. Son ventre lui faisait mal, le sang ruisselait de son T-shirt. D'une voix désespérée, elle appela son père, le suppliant de venir à son secours.
Derrière elle, un rire retentit. Elle n'osa pas se retourner, elle savait qu'il était là, qu'il la regardait. Depuis combien de temps était-il là ? La griffe produisit un léger sifflement lorsqu'il l'abattit sur elle, suffisamment à l'avance pour qu'elle l'entende et analyse froidement cette donnée. Elle ferma les yeux, ne poussant aucun cri, même en sentant le métal glacé pénétrer sa chair. Elle tomba doucement, morte bien avant d'avoir atteint le sol.
Au milieu de cette chambre baignée par la douce lumière d'une lampe de chevet gisait un corps lové dans la tiédeur de son propre sang. Un de plus. Plus personne ne compte ; qui cela intéresse-t-il désormais ?
