Non, vous ne rêvez pas. Je suis de retour ! :p
Bon, on ne va pas se mentir, cette histoire n'est pas finie. 7 chapitres écrits, un huitième entamé et je ne sais pas jusqu'à combien ça ira. Il faut savoir qu'à l'origine ce devait être un OS... Ça a un peu (beaucoup) dérapé mdr. Du coup, je n'ose pas vous donner un nombre de chapitres au total qu'il devrait y avoir. Pour "Quand la vie fait des blagues pas drôles", j'avais prévu que 10 chapitres. On voit comment ça a fini... (oups)
Je ne vais pas m'étendre sur les raisons qui ont fait que je n'ai rien publié depuis... beaucoup trop longtemps. La vie perso, ce n'est pas toujours tout rose et, pour faire court et simple, disons que j'avais perdu la motivation. Mais écrire me manque. Alors j'aimerais m'y remettre.
Je ne vais pas non plus vous donner un rythme de publication. Je ne vais rien m'imposer pour ne pas me faire de blocage. Et j'espère que vos retours, voir que cette histoire plait, me donnera l'énergie nécessaire à l'écriture pour finir cette fic depuis trop longtemps entamée, comme ce fut le cas à l'époque pour QLVFDBPD.
Pour le nom, oui, je sais, ça fait penser à Sailor Moon. Je vous jure, rien à voir XD
Sur ce, place à l'histoire ! Bonne lecture :)
La guerre avait fortement mis à mal le monde sorcier. Mais il s'en sortait finalement plutôt bien. En effet, Voldemort avait été vaincu – définitivement, cette fois – et les mangemorts restants étaient enfermés pour de bon.
Bien évidemment, les pertes avaient été nombreuses et, même des mois après, les sorciers faisaient encore le deuil des membres de leur famille et des amis qu'ils ne reverraient jamais. C'était le cas de Severus Snape, tué par Voldemort en personne. Ou du moins, c'était ce que tout le monde pensait. Jusqu'à ce qu'il entre dans la grande salle de Poudlard.
Toutes les personnes présentes se turent et fixèrent leur regard sur le nouvel arrivant. Il fallut une bonne minute avant que Minerva Mcgonagall, directrice de l'école depuis la fin de la guerre, réagisse enfin. Elle invita l'ancien maître des potions à l'accompagner dans la petite salle attenante à la grande salle, celle-là même où Harry avait été amené lorsque la Coupe de feu l'avait choisi quelques années plus tôt.
— Severus, commença-t-elle, visiblement perturbée, voire choquée. Je pensais que vous étiez mort. Nous le pensions tous. Potter nous a raconté…
— Je sais. Je le pensais aussi, à vrai dire. J'ignorais avoir fréquenté un vampire.
— Un vampire ?
— Oui. Lorsque j'ai repris conscience, ma soif était telle que je ne pouvais avoir aucun doute quant à ma nouvelle nature.
— Pourquoi n'avez-vous rien dit à personne pendant tout ce temps ? Cela fait plus de quatre mois !
Minerva semblait en colère. Elle n'avait jamais été particulièrement proche de Severus. Mais, à l'instar de Dumbledore, elle lui avait fait confiance. Penser qu'il était un traître et un Mangemort avait été une terrible période pour elle. Plus encore lorsqu'elle avait appris par la suite que l'homme n'avait agi ainsi que pour suivre le plan du plus grand sorcier de l'époque. Mais à ce moment-là, il était trop tard. Et elle avait été dévastée en se rendant compte que Snape avait péri en pensant que tout le monde le détestait, alors qu'il était en fait un héros.
— Pour être honnête, j'ai songé à ne jamais revenir et à laisser croire que j'étais mort – ce que je suis en partie, d'ailleurs. Mais partout où je vais, on finit par me reconnaître. La nouvelle serait arrivée jusqu'ici un jour ou l'autre. Alors, j'ai préféré revenir avant. Et puis… Poudlard me manquait. J'aimerais reprendre mon poste d'enseignant, s'il reste une place.
— Slughorn occupe provisoirement le poste de professeur de potions, le temps que je trouve quelqu'un pour le remplacer.
La directrice pinça les lèvres, l'air embarrassée.
— Mais… ? l'invita-t-il à continuer.
— Mais vous êtes un vampire. Les parents d'élèves risquent de ne pas apprécier. Je ne peux vous reprendre dans le corps professoral sans en parler avec les autres professeurs. C'est une décision bien trop lourde pour que je la prenne seule. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en vous, Severus. Je ne doute pas de votre volonté de ne blesser personne, mais ces élèves sont sous ma responsabilité.
— Je comprends, Minerva. M'autorisez-vous tout de même à rester à Poudlard, au moins le temps que vous y réfléchissiez ?
Mcgonagall hésita un instant avant de répondre :
— Je suis sincèrement désolée, Severus. Je ne peux pas prendre ce risque pour le moment.
— Très bien. Je vais m'installer à Pré-au-Lard en attendant votre décision, alors.
oOoOo
Les jours suivants, tous les élèves ne parlaient plus que de Severus Snape. Tous savaient qu'il était désormais un vampire et qu'il avait demandé à réintégrer le corps enseignant, mais que Mcgonagall rechignait à cette idée. Merci les fantômes et les tableaux qui ne savaient décidément pas tenir leur langue.
Bien sûr, le vampire n'avait pas remis les pieds à Poudlard, respectant la volonté de la directrice de le tenir éloigné des élèves, au moins en attendant qu'une décision soit prise sur son avenir. Néanmoins, certains élèves lui rendirent visite à Pré-au-Lard. Sans surprise, Draco fut le premier à venir le voir.
— Je suis content que tu ne sois pas mort, dit-il en le serrant brièvement dans ses bras. J'en ai tellement voulu à mes parents. Ils n'ont même pas essayé de savoir ce qu'il t'était arrivé, alors que ton corps était introuvable. J'ai cru que je ne te reverrais jamais.
— Je vais bien. Même si dire que je ne suis pas mort n'est pas tout à fait exact…
— On s'en fiche de ça ! Même si ce n'est visiblement pas l'avis de tout le monde.
Il n'était pas nécessaire d'être Merlin pour deviner que Mcgonagall était visée par cette pique.
— Ne lui en tiens pas rigueur. Minerva fait ce qu'elle pense être le mieux pour ses élèves.
— Dumbledore avait accepté Lupin comme professeur, alors que c'était un loup-garou.
— Parce que j'étais là pour faire les potions qui lui permettaient d'être inoffensif. Il n'existe pas une telle potion pour les vampires. Elle craint que je finisse par vider un élève de son sang, et c'est normal.
— Mais… voulut contrer le plus jeune avant d'être coupé.
— Draco, en parler ne changera rien. Ce n'est pas moi que tu dois convaincre que je peux enseigner à Poudlard. D'ailleurs, si tu m'expliquais ta présence parmi les élèves ?
— On a donné le choix à chaque élève de passer leurs ASPICs ou de refaire une septième année. J'ai choisi de la refaire. L'année dernière était trop mouvementée pour réussir correctement mes examens.
oOoOo
Plus tard, ce fut au tour du trio le plus célèbre de l'école de rendre visite au vampire. Ce dernier en fut un peu étonné, ne s'attendant pas vraiment à ce que Ron, Hermione et surtout Harry le soutiennent aussi pour qu'il revienne à Poudlard. Même si ce qu'il avait fait était pour de bonnes raisons, il restait tout de même un meurtrier aux yeux de beaucoup de sorciers, celui qui avait permis à Voldemort de prendre le contrôle de l'école pendant presque une année. Sans compter qu'il avait toujours été le professeur le plus détesté de l'école. Même si personne ne pouvait nier qu'il était l'un des meilleurs potionnistes de son époque, il n'en restait pas moins un très mauvais pédagogue.
Lorsque Draco apprit que les trois Gryffondors avaient été voir Severus, il leur fit envoyer un message pour qu'ils se retrouvent dans une salle de cours vide après le repas du soir. Il fut le premier sur les lieux et n'attendit que quelques minutes avant l'arrivée des trois autres. Mais ce fut assez pour qu'il leur fasse remarquer qu'ils étaient en retard. La fin de la guerre n'avait pas vraiment signé la fin des hostilités entre eux.
— Pour tout t'avouer, on a longuement hésité à venir, rétorqua Ron.
— Et qu'est-ce qui vous a décidé, alors ?
— Tu as écrit que c'était à propos de Snape, répondit Harry.
— En effet. J'ai su que vous faisiez partie des rares élèves à avoir été lui parler. Je voulais savoir si vous êtes de ceux que ça ne dérangerait pas de le voir redevenir professeur.
Les trois Gryffondors se regardèrent avant de retourner leur attention sur Malfoy et d'acquiescer d'un même mouvement.
— Même s'il est un vampire, nous ne pensons pas qu'il soit dangereux, dit Hermione. Il contrôle sa soif et il a sans doute assez de self-control et de conscience de lui-même pour savoir s'il doit s'éloigner de l'école.
— Self-control ? ricana Malfoy. Tu parles du seul Mangemort qui était capable de répondre à Vous-Savez-Qui sans sourciller, je te rappelle. Bien sûr qu'il a assez de self-control. Mais là n'est pas la question. Vous seriez donc d'accord pour m'aider à convaincre Mcgo de le laisser revenir ?
Les trois autres se regardèrent à nouveau, comme s'ils se concertaient en silence et n'avaient pas besoin de prononcer le moindre mot pour débattre de la question. Finalement, ils acquiescèrent encore une fois pour signifier leur accord.
Ce fut ainsi que, deux jours plus tard, les quatre adolescents se retrouvèrent dans le bureau du professeur Mcgonagall, plaidant la cause du vampire.
— Professeur, vous n'avez aucune raison de refuser le retour de Severus… Je veux dire, du professeur Snape.
— Aucune raison, Monsieur Malfoy ? Et s'il venait à perdre le contrôle et attaquait un élève ? Cela me paraît être une raison tout à fait suffisante.
— Nous avons étudié la question, justement, rétorqua Harry. À partir du moment où le vampire se nourrit correctement, il n'y a absolument aucune raison pour qu'il perde le contrôle.
— Et vous allez le nourrir de vos veines, Monsieur Potter ?
— En fait, oui, c'était l'idée que nous voulions vous soumettre. Nous sommes déjà tous les quatre volontaires pour lui donner notre sang. Si nous trouvons assez de volontaires, vous n'aurez plus aucune raison de refuser son retour, n'est-ce pas ? demanda Draco avec un sourire suffisant.
— Je ne pense pas que vous mesuriez tous les quatre le nombre de personnes qui seraient nécessaires pour nourrir un vampire.
— À vrai dire, si, intervint Hermione. D'après mes calculs, sachant qu'un vampire doit boire environ 200 ml de sang par jour et qu'on peut prélever jusqu'à 450 ml par personne et par mois, en prenant en compte le fait qu'il est possible de sauter un jour ou deux sans risque – de la même façon que nous, humains, pouvons sauter des repas – et que le professeur Snape pourra préparer des potions de régénération sanguine pour…
— Hermione, viens-en aux faits, tu vas tous nous la perdre, coupa Ron.
En effet, la directrice la regardait avec de grands yeux, ayant visiblement du mal à assimiler toutes ces données d'un coup.
— Euh… Oui, bien sûr, désolée. En bref, trente personnes acceptant de donner leur sang seraient suffisantes. Il n'y aurait ainsi aucun danger du côté du professeur Snape qui aurait sa dose de sang quotidienne, ni du côté des volontaires qui n'auraient besoin que de quelques heures de repos.
Minerva se mit à arpenter le bureau de long en large, faisant les cent pas pour réfléchir à cette proposition. Cette attitude n'était pas sans rappeler le Professeur Dumbledore à Harry qui ne put s'empêcher d'avoir un petit sourire à la fois amusé et triste. Amusé de voir qu'il puisse y avoir tant de points communs entre les deux sorciers et triste que l'homme ne soit pas là aujourd'hui pour prendre lui aussi la défense de Severus Snape. Car nul doute qu'il aurait accepté son retour sans avoir besoin d'y réfléchir pendant des jours.
— Très bien, jeunes gens. Trouvez-moi cinquante volontaires, pour anticiper d'éventuels désistements, et j'accepterai que Severus revienne enseigner les potions.
Les quatre adolescents commençaient déjà à se réjouir de cette bonne nouvelle.
— Néanmoins, reprit la directrice, ce sera à mi-temps, pour commencer. Une sorte de période d'essai.
Les élèves quittèrent le bureau directorial sous le regard perplexe de Minerva.
— Dire que je vous avais pris pour un fou, Albus, quand vous m'aviez dit qu'un jour ces enfants trouveraient un terrain d'entente.
— Allons, Minerva. Vous savez que j'ai toujours raison.
— Je constate surtout que vous n'avez rien perdu de votre arrogance, même dans un tableau.
— Dans le cas contraire, cela vous manquerait.
Il ne fallut que deux jours pour réunir assez de volontaires. Les quatre adolescents étaient de nouveau dans le bureau du professeur Mcgonagall avec un parchemin listant tous les élèves et professeurs qui avaient accepté de donner leur sang de temps en temps. Et autant dire que cette collecte de noms avait été au-delà de leurs espérances, puisque pas moins d'une soixantaine de personnes avaient signé leur accord.
— J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que vous rencontriez un tel succès. Je vais donc avertir Severus qu'il pourra commencer ses cours dès lundi prochain.
Le soir, avant le repas, la directrice fit un discours expliquant que, devant le nombre important d'élèves et de professeurs prêts à donner de leur personne – au sens propre –, elle avait accepté que Severus Snape revienne enseigner les potions. Jusqu'à la fin de l'année scolaire, il dispenserait les cours des cinquièmes, sixièmes et septièmes années, ainsi que ceux de potions avancés. Slughorn continuerait ceux des autres années.
Draco et le trio de Gryffondors furent évidemment dans les premiers à donner leur sang. Chaque don devait se faire à l'infirmerie, sous l'œil de madame Pomfresh qui vérifiait que Severus ne prenait ni trop ni trop peu de sang, pour la sécurité de tous. Elle donnait ensuite une potion de régénération sanguine au donneur pour qu'il récupère plus rapidement. Si Draco avait râlé au début en disant que c'était une honte et que cette attitude donnait l'impression d'avoir une bête sauvage à surveiller, Severus l'avait calmé. Il comprenait ces mesures et les acceptait. Il ne le dirait certainement pas à voix haute, mais cela lui avait fait un sacré coup au cœur de constater que tant de personnes étaient prêtes à l'aider. C'était une chose à laquelle il ne s'était pas du tout attendu.
Et il fut à nouveau surpris lorsque, quelques jours après sa prise de fonction, Harry lui demanda à la fin d'un cours s'il était possible qu'ils aient une discussion en privé. Ainsi invita-t-il son élève à le retrouver à son bureau le jeudi après-midi après son dernier cours.
— Bien, Monsieur Potter. Pourquoi vouliez-vous me voir ? demanda-t-il une fois qu'ils furent chacun installés d'un côté et de l'autre du bureau en bois massif où trônaient quelques copies.
— Eh bien… Je…
Harry hésitait. Il savait que la question qu'il avait en tête n'était pas une question facile à poser, encore moins d'y répondre. Il n'était même pas sûr que l'ancien Mangemort accepterait de lui répondre. Sans compter qu'elle amènerait forcément des interrogations de son interlocuteur. Interrogations auxquelles il n'avait pas particulièrement envie de répondre.
— Si j'ai l'éternité pour attendre que vous trouviez vos mots, je crois savoir que ce n'est pas votre cas.
— Je ne sais pas trop par où commencer.
— Par le début, peut-être ?
À l'évidence, devenir un vampire ne lui avait pas fait perdre son cynisme…
— Avant que je pose ma question, j'aimerais être sûr que tout ce qui se dira ici restera entre nous.
— Vous n'avez aucun souci à vous faire là-dessus, Potter. Comme vous pouvez le constater, il n'y a aucun tableau dans mon bureau. Et un sort empêche les fantômes d'y entrer. On ne sait jamais ce que pourrait faire Peeves avec des potions… Quant à moi, vous savez déjà que je suis digne de confiance. J'imagine que vous ne seriez pas là et que vous n'auriez pas soutenu mon retour dans le cas contraire.
Harry acquiesça, se racla la gorge et demanda finalement d'une voix tendue :
— Je voulais savoir… Qu'est-ce que ça fait d'être un vampire ?
Le professeur de potions le regarda un long moment, sans aucune réaction apparente. S'il était étonné ou agacé par cette question, il ne le montrait pas. Au bout de deux minutes de silence, Harry était prêt à lui dire d'oublier ça et à repartir comme s'il n'était jamais venu. Mais le vampire prit enfin la parole.
— C'est une question à laquelle je ne peux pas répondre. Non seulement parce que c'est une expérience propre à chacun – tout le monde ne vit pas le vampirisme de la même façon –, mais aussi parce que je serais bien incapable de le décrire. Néanmoins, j'aimerais bien savoir pourquoi ça vous intéresse.
Et voilà, ce que craignait le Gryffondor était en train d'arriver. Snape allait essayer de lui tirer les vers du nez désormais.
Feignant une nonchalance qu'il ne ressentait absolument pas, il haussa les épaules avec désinvolture et répondit :
— Ce n'était que de la curiosité.
Snape le fixa un instant, le scrutant du regard. Regard qu'Harry ne put soutenir plus longtemps.
— Monsieur Potter, savez-vous que les vampires ont une ouïe plus fine que la normale ? Si fine que j'entends votre rythme cardiaque s'accélérer lorsque vous mentez. Je vous prierai donc, si vous tenez vraiment à discuter du vampirisme avec moi, d'être honnête. Dans le cas contraire, vous pouvez partir. Je ferai comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu, même si je pense sincèrement que je devrais parler de ceci à Minerva, pour la mettre en garde qu'un de ses élèves a potentiellement des idées suicidaires.
Harry grimaça à ces mots.
— Je ne suis pas suicidaire, bien au contraire, rétorqua-t-il avec un peu plus d'agressivité qu'il ne l'avait prévu.
— Alors pourquoi vouloir savoir ce que ça fait d'être un vampire ?
Un soupir fut la seule réponse qu'il parvint à offrir dans un premier temps. S'il regrettait d'avoir laissé son impulsivité le mener à cet échange, il était également conscient qu'il était plus que temps qu'il parle de ses problèmes avec quelqu'un. Et comme il était totalement hors de question que ce "quelqu'un" soit Ron ou Hermione… Pas qu'il n'ait pas assez confiance en eux pour ça, bien sûr. Que ses deux meilleurs amis soient en couple et le laissent parfois en retrait, lui donnant l'impression de tenir la chandelle, n'était pas non plus le problème. Mais il pensait qu'ils ne comprendraient pas. À l'inverse de Snape qui avait vu la mort d'aussi près que lui.
Alors, il rassembla ses idées et se lança :
— Vous savez que, pour vaincre Voldemort, j'ai dû mourir ? Et que je ne dois ma survie qu'à la pierre de résurrection ?
Un hochement de tête lui répondit.
— À ce moment-là, j'étais prêt. Je pensais vraiment laisser la mort m'emporter avec elle. Mais je n'avais pas fini ce que j'avais à faire et je suis revenu d'entre les morts. J'ai découvert ensuite que de nombreuses personnes auxquelles je tenais étaient…
Sans qu'il ne puisse l'empêcher, un sanglot s'échappa de sa gorge et des larmes commencèrent à dévaler ses joues. Il baissa la tête, cachant son visage dans ses mains tremblantes.
— Je suis désolé, marmonna-t-il sans arriver à se calmer.
Cela faisait tellement longtemps qu'il se retenait et n'avait pas laissé libre cours à sa tristesse, qu'il avait l'impression qu'un barrage s'était brisé et libérait tout ce qu'il avait gardé en lui depuis la fin de la guerre, et même avant.
— Ne vous excusez pas, ce n'est rien. Prenez votre temps. Comme je l'ai déjà dit, j'ai l'éternité devant moi. Que je passe dix minutes ou dix heures à vous écouter ne changera pas grand-chose en ce qui me concerne. Je crois savoir que vous n'avez pas cours demain matin. Et en tant que vampire, je n'ai pas besoin de dormir. Nous pouvons donc rester ici toute la nuit si nécessaire.
Le maître des potions fit apparaître une boîte de mouchoirs devant son élève et une poubelle à côté du bureau. Le Gryffondor se servit pour se moucher et s'essuyer les yeux en remerciant l'homme en face de lui d'une petite voix après s'être calmé.
— Bien, je vais cependant envoyer un message à Minerva pour l'avertir que vous êtes ici. Ne me regardez pas avec ces yeux horrifiés, Potter. Je ne vais pas lui dire pourquoi. Mais si vous n'allez pas manger, sachant que je serai certainement la seule autre personne de l'école à ne pas se trouver dans la grande salle, que pensez-vous que les gens vont s'imaginer ?
— Que vous êtes en train de me vider de mon sang, répondit Harry avec un petit sourire.
— Exactement. Je ne souhaite pas voir la quasi-totalité de l'école débarquer dans mon bureau pour s'assurer que vous êtes toujours en vie. Et je pense que vous non plus.
Le Survivant secoua la tête pour signifier que, non, ce n'était pas ce qu'il voulait non plus. Snape envoya donc un message à la directrice de Poudlard, lui expliquant brièvement que Harry Potter était venu le voir pour parler et qu'ils n'auraient sans doute pas terminé à l'heure du dîner, mais qu'il n'oublierait pas de faire venir de quoi manger au garçon et qu'il n'y avait donc aucune raison de s'inquiéter. Il osa même pousser le cynisme jusqu'à préciser que Potter serait bien présent pour le cours d'enchantements de 13h le lendemain avec Flitwick.
— Bien, reprenons. Vous me disiez donc, après être revenu d'entre les morts, que vous aviez découvert que beaucoup de gens auxquelles vous teniez… avaient perdu la vie pour ne jamais revenir, j'imagine ?
— C'est ça, répondit le Survivant en baissant la tête n'osant plus regarder le vampire tandis qu'il continuait d'une voix tremblante. J'avoue que j'ai été… très affecté. Au point que, oui, j'ai déjà songé à… à les rejoindre. Mais finalement, je n'ai jamais pu m'y résoudre. Alors, je me suis rendu compte que j'avais toujours su au fond de moi que je ne mourrais pas tant que je n'aurais pas vaincu Voldemort. Il y a tellement de choses qui auraient pu mal tourner. Mais Dumbledore avait tout prévu et j'étais protégé plus que n'importe qui. J'ai compris que je n'aurais pas pu mourir avant d'avoir tué Voldemort. Mais, maintenant qu'il n'est plus… Maintenant, plus rien ne me protège. Je pourrais tomber de mon balai pendant un match de Quidditch et me rompre le cou, je ne reviendrais pas cette fois.
— Pourquoi voir les choses de façon si négative ? demanda Snape après un instant de silence. Vous êtes jeune, plus aucune menace ne pèse sur vous. Vous avez la vie devant vous, il n'y a aucune raison qu'elle soit écourtée.
Harry releva la tête et regarda son professeur avec une telle douleur dans le regard que Severus eut du mal à le soutenir.
— Parce que j'ai peur. Je n'ai jamais eu à m'en soucier avant, parce que les choses s'enchaînaient beaucoup trop rapidement pour que je puisse me rendre compte du danger auquel je m'exposais. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression que chaque action que j'entreprends pourrait me conduire à une issue fatale. Et ça me terrorise.
— J'admets que je suis sans doute le mieux placé pour comprendre votre rapport avec la mort, ayant moi-même réchappé à celle-ci quand je pensais que c'était terminé, même si je ne suis plus tout à fait vivant non plus. Néanmoins, je ne vois toujours pas le rapport avec le vampirisme.
— Transformez-moi, professeur.
Les yeux de l'ancien Mangemort s'agrandirent de stupeur à ces mots. Ce n'était pas possible. Ce gamin se moquait de lui.
— Non, répondit-il d'un ton qui se voulait sans appel, une fois sa surprise passée.
— Pourquoi ? Je me sentirais tellement mieux, libéré de cette épée de Damoclès qu'est la mort. Je n'aurais plus peur. S'il vous plait !
Harry s'était penché sur le bureau et alla même jusqu'à poser sa main sur le bras de son professeur. Celui-ci jeta un œil à cette main, mais ne fit rien pour s'en dégager. Au lieu de ça, il reporta son attention sur son élève et dit :
— Vous ne savez pas ce que vous êtes en train de me demander…
— Je vous demande seulement de me transformer.
— Monsieur Potter, savez-vous au moins comment se transmet le vampirisme ? Savez-vous quelles sont les étapes pour devenir un vampire ?
— Bah avec un échange de sang, répondit Harry comme si c'était l'évidence même et qu'on venait de lui poser la question la plus stupide du monde.
Severus soupira.
— Non. Cette croyance n'est rien d'autre qu'une légende urbaine.
Le Gryffondor se renfonça dans son siège et regarda son professeur, perplexe.
— Comment, alors ?
— Avec un fluide sexuel.
Cette fois, Harry retira sa main du bras de son professeur et le regarda comme si l'homme était un fou échappé de l'asile.
— Vous êtes en train de me parler de... sperme ?
Le silence qui lui répondit était plus qu'éloquant.
— Vous vous moquez de moi, finit-il par décréter après plusieurs minutes.
— Je suis très sérieux, Monsieur Potter.
— Vraiment ? Pourquoi on ne l'a pas su en troisième année, lorsque nous avons étudié les vampires, alors ? Pour se défendre d'un vampire, il serait logique de dire comment éviter d'en devenir un, non ?
— Justement, contra le plus âgé. Y avait-il quoique ce soit dans vos cours qui expliquait comment en devenir un ? Non, répondit-il lui-même après quelques secondes de silence. Tout simplement parce que c'est une chose qu'on enseigne en septième année. Nous pensons que des enfants de treize ans ne sont pas assez mûrs pour entendre que c'est avec une relation sexuelle qu'on devient un vampire.
Il se passa de longues, très longues minutes pendant lesquelles Harry fixa son professeur avec un air bizarre. Celui-ci haussa un sourcil et finit par craquer :
— Quoi ? Vous n'arrivez pas à croire que je puisse avoir une vie sexuelle ?
— Bah… C'est que… Non, en fait.
— Et que faut-il, selon vous, pour en avoir une ?
— Euh…
En voilà une question à laquelle le jeune homme était bien incapable de répondre. Au fond, c'était vrai. Qu'est-ce que Snape n'avait pas et qui pourrait être nécessaire à une vie sexuelle ? Du sex-appeal ? Non. Oncle Vernon n'en avait aucun et il avait pourtant une vie sexuelle – ou du moins, en avait eu une –, au vu de l'existence de Dudley. Et puis, c'était plutôt subjectif d'ailleurs. Quelqu'un pouvait être attirant pour une personne et pas pour d'autres.
— J'en déduis par votre silence que vous n'avez pas de réponse à cette question. Et donc, j'imagine que la question de la transformation est réglée.
Ils passèrent les heures suivantes à parler, évitant soigneusement le sujet de la transformation en vampire. L'un parce qu'il pensait que l'idée avait déserté l'esprit de son élève et qu'il n'avait aucune envie de la remettre sur le tapis, l'autre parce qu'il trouvait ça plus que gênant de parler de sexe avec un professeur – surtout celui-ci. Le sujet principal fut néanmoins, et sans grande surprise, la mort. Harry eut une autre crise de larmes, faisant descendre un peu plus le stock de mouchoirs. Mais, dans l'ensemble, la discussion fut agréable et ils se surprirent tous les deux à l'avoir vraiment appréciée. Au point que, vers deux heures du matin, quand le Gryffondor fut trop fatigué pour continuer, ils convinrent d'un rendez-vous pour poursuivre leurs échanges.
Le lendemain, comme il s'y était attendu, Snape fut interrogé par la directrice.
— Que se passe-t-il avec Potter, Severus ? demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix.
— Rien de grave. Il avait simplement besoin de parler à quelqu'un qui peut comprendre ce qu'il a traversé.
— Je pensais qu'il le faisait avec Miss Granger et Monsieur Weasley.
— Ils ne sont pas morts pour revenir ensuite à la vie.
Minerva pinça les lèvres. C'était un sujet que la plupart des gens n'aimaient pas aborder.
Harry, quant à lui, eut droit aux questionnements de ses deux meilleurs amis.
— Est-ce que ça va, Harry ? demanda Ron.
— Tu sais que tu peux nous parler, renchérit Hermione.
— Oui, je sais. Mais je pense que Snape est le plus à même de comprendre, répondit le Survivant.
Les deux autres se regardèrent et Hermione reprit la parole en prenant les mains de son meilleur ami dans les siennes.
— Nous sommes désolés si tu te sens mis de côté depuis qu'on est ensemble. On pensait que tu préférerais qu'on te laisse un peu d'espace après ta rupture avec Ginny. Et que tu viendrais nous voir si tu avais besoin de parler.
— Ça n'a rien à voir avec vous, ni avec Ginny. C'est juste… Il y a des choses qu'on comprend mieux lorsqu'on les a vécues. Malgré les différends que nous avons pu avoir par le passé, Snape et moi avons bien plus de points communs qu'on pourrait le croire au premier abord.
Et ce n'était pas peu dire. En effet, pendant leur longue discussion de la veille, Harry avait pu constater ce fait. Sa vision de l'homme avait déjà changé quand il avait vu ses souvenirs. Et il avait l'impression que plus il parlait avec lui, plus il le voyait sous un jour nouveau.
Ce fut d'ailleurs une impression qui se confirma lors de leur deuxième conversation, pendant le week-end qui suivit. Ce fut aussi lors de cette discussion que le jeune homme posa la question qui lui brûlait les lèvres et dont il n'avait jamais eu la réponse.
— J'ai une question à vous poser, dit-il après un instant de silence alors qu'ils venaient déjà de parler depuis près de deux heures.
— Allez-y.
— Vous m'avez vraiment détesté, ou c'était uniquement pour donner le change vis-à-vis de Voldemort ?
Il s'écoula plusieurs minutes, pendant lesquelles Snape réfléchit à ce qu'il allait dire, avant qu'il ne prenne enfin la parole.
— J'avoue que votre ressemblance avec votre père a joué en votre défaveur. Si je devais effectivement "donner le change", comme vous dites, mes sentiments réels à votre égard étaient plutôt en accord avec ce que je montrais publiquement. Mais, les années passant, j'ai pu me rendre compte qu'il y avait aussi beaucoup de Lily en vous. Sans compter que vous êtes tout ce qu'elle a laissé derrière elle.
— Vous l'aimez toujours ?
— Il est indéniable qu'elle a laissé un grand vide et que je regrette chaque jour où elle ne peut profiter de la vie comme elle l'aurait dû.
— Ça ne répond pas vraiment à la question…
Il soupira.
— Harry, on ne peut aimer quelqu'un qui est mort. Un mort nous manque parce qu'on l'a aimé. Mais on ne l'aime pas. C'est uniquement son souvenir que nous aimons.
— Donc, vous aimez le souvenir de ma mère ?
— Oui. Et ce sera toujours ainsi. Tout comme tu continueras d'aimer les souvenirs de Sirius Black, Remus Lupin et des autres personnes disparues qui t'étaient chères.
À ces mots, le Survivant détourna le regard. L'évocation des gens qui avaient perdu la vie pendant la guerre et dont il était plus ou moins proche lui faisait invariablement monter les larmes aux yeux. Et il maudissait ces traitres de toujours faillir ainsi. Il ne savait pas pourquoi, mais il arrivait à rester fort et ne rien montrer de sa tristesse avec les autres. Mais pas avec le maître des potions.
Comme d'habitude, celui-ci fit apparaître une boîte de mouchoirs et le plus jeune s'excusa.
— Il n'y a aucune raison de s'excuser pour avoir montré que des êtres nous manquent.
— Cela vous arrive aussi, alors ? demanda Harry en s'essuyant les yeux.
— Si j'étais encore humain, cela arriverait sans doute.
— Les vampires ne ressentent pas d'émotions assez fortes pour pleurer ?
— Si, ce n'est pas le problème. Lorsqu'on devient un vampire, toutes les fonctions vitales ralentissent et arrivent à un faible niveau de fonctionnement pour garantir la survie du corps. Les glandes lacrymales, entre autres, n'ont plus qu'un rôle mineur, à savoir se contenter d'humidifier et protéger nos yeux. Les larmes sont considérées comme inutiles pour le bon fonctionnement du corps d'un vampire.
Ce fut encore une séance qui se termina bien après minuit. Mais Harry ne pouvait nier que ça lui faisait du bien. Il avait moins de cauchemars et dormait donc mieux. Même les autres élèves trouvaient qu'il avait l'air moins déprimé et plus serein. Chose qui l'avait d'ailleurs surpris : il pensait avoir réussi à cacher à tous son mal-être suite à la guerre. Il s'était visiblement trompé.
C'est donc fini pour le premier chapitre. Comme dit plus haut, je ne sais pas quand je publierai la suite. Je ne veux pas aller trop vite pour ne pas me mettre de pression. Mais publier le chapitre 2 le mois prochain me semble pas mal.
