Juste avant de partir, ils virent la figure essoufflée d'Hokuto qui descendait les escaliers. "Vous êtes finalement là! Je vous ai cherchés ce matin, mais..." Elle les regarda avec malice "Des choses plus intéressantes à faire, je pense." Ce fut un carton presque plein. Kurogane, Shaolan et Sakura se sentirent soudain rougir, ou regardèrent ailleurs. "Quand avez-vous l'intention de partir?"
"Nous ne le savons pas vraiment." répondit Shaolan. "Mais nous cherchons quelque chose, et nous partirons dès que nous l'auront trouvé, car ce ne sera pas la fin de notre voyage."
"Peut-être aujourd'hui, alors..." soupira Hokuto. "Je fais autre chose cet après-midi, mais je voudrais au moins vous dire au revoir, au cas où."
Le reste de ce que Kurogane appelait "la bande d'Hokuto" venait d'arriver à sa suite. Kakyô regarda Kurogane avec un air entendu qui lui fit craindre qu'il n'aie pas été le seul à rêver de flamants roses. Subaru vint parler à Shaolan et Sakura.
"Demoiselle," demanda-t-il à Sakura, timidement, mais avec une détermination qui le poussait à continuer, "vous n'avez qu'une moitié d'âme, n'est-ce pas?"
"Comment le savez-vous?" s'exclama Shaolan, le regard empli de surprise, alors que Sakura acquiesçait doucement.
"Je peux sentir les âmes." expliqua-t-il. "C'est un pouvoir héréditaire dans ma famille, et c'est ma formation, aussi. Savez-vous où trouver l'autre moitié?"
"Il y en a une petite part qui n'est pas loin d'ici." répondit Shaolan. "C'est ce que nous sommes venus chercher dans cette ville."
"Ensuite, nous repartirons chercher le reste." précisa Sakura.
"Je voudrais vous aider." dit-il. "Cela doit être douloureux."
"Je ne sais pas." répondit-elle. "Je ne me souviens de rien, pas même de ce que j'ai perdu."
"Comment pourriez-vous nous aider?" demanda Shaolan.
"Je l'ignore." répondit le jeune homme. "Je ne sais comment vous comptez la retrouver."
"Je ne le sais pas non plus." répondit Shaolan. "C'est différent à chaque fois. Mais il faudra sans doute nous battre, si c'est comme d'habitude."
"Avez-vous des armes?" demanda Seishirô.
Ils secouèrent la tête négativement, et Kurogane poussa un grand soupir. "Ca ne semble pas être le genre de choses qu'on achète dans les boutiques de souvenirs, pas vrai?"
"Je vous aiderai à la place de Subaru." dit l'homme avec un fin sourire. "Quelle sorte d'arme utilisez-vous?"
"Un sabre." répondit laconiquement Kurogane, avant de se rappeler le malheur des différences culturelles. "C'est une sorte de grande épée courbée..."
"Nous avons ça aussi chez nous!" s'exclama Hokuto. "C'est d'ailleurs étrange que certaines de nos armes soient identiques, alors que notre musique est si différente!"
Seishirô exhiba de nulle part un rectangle de papier noir couvert de symboles calligraphiés, et murmura quelques paroles dans une langue qu'ils ne comprirent pas, même avec l'aide de Mokona. Le papier de mua en un sabre clair, que Kurogane, avec surprise, découvrit tranchant, équilibré et agréable à manier, en le testant. "Merci." dit-il. Il rit franchement. "Je l'aime beaucoup."
"Je ne saurais dire où vous irez ensuite." dit l'homme avec un ton de voix qui laissait entendre qu'il savait parfaitement. Avaient-ils donc tous des pouvoirs qui leur permettaient de se mêler des affaires d'autrui, dans la famille? (A part la jeune soeur, qui semblait le faire de façon totalement naturelle). "Il est possible que vous ne puissiez pas le garder." Kurogane hocha la tête, et se dit que c'était mieux que rien, et qu'avec une telle arme, il serait peut-être près à prolonger son séjour dans ce pays, finalement.
"Sei-chan, il va faire peur aux gens dans la rue, s'il se promène comme ça!" s'exclama Hokuto. "Il a déjà l'air suffisamment effrayant au naturel!" Kurogane se demanda un instant s'il devait mal prendre la remarque, avant de décider de la négliger.
Subaru sortit lui aussi un de ces papiers de sa poche, mais cette fois-ci, écrit en noir sur fond blanc. Kurogane remarqua que Fye semblait vivement intéressé par cette magie, mais il ne pouvait pas dire si c'est parce qu'il avait eu l'occasion de la pratiquer autrefois, ou au contraire parce qu'il ne la connaissait pas. Puis il se rappela qu'il pouvait lui demander, maintenant, et il se demanda encore une fois comment le monde avait pu être remplacé par quelque chose de si différent.
La magie de Subaru, sous la forme d'une lumière blanche, s'enroula autour du sabre de Kurogane, le transformant en une sorte de boule lumineuse.
"Tu pourras l'appeler," dit-il, "si vient l'heure du combat."
Kurogane fourra la boule dans sa poche, satisfait, et finit avec les autres de dire au revoir à leurs nouveaux amis. Hokuto serra Sakura dans ses bras, et lui murmura "J'espère que tu vas réussir aujourd'hui, même si ça veut dire qu'on ne se reverra probablement plus."
Ils se mirent donc en route vers la grande tour. Au sommet était exhibé le portrait d'un homme d'âge mûr, qui semblait petit et vif. L'entrée ressemblait à celle d'une administration standard, et les horaires d'ouverture incluaient, de façon surprenante, le moment présent.
Bien en peine de trouver une raison pour laquelle entrer en cachette, ils passèrent la porte, et se retrouvèrent en face d'un guichet où ils retrouvèrent de vieilles connaissances.
"Bonjour! Que peut faire Sumomo-chan pour vous?"
"Nous voudrions discuter avec le fondateur de cette ville, si c'est possible!" dit Shaolan.
"Mais bien sûr! Quelle en est la raison? Que désirez-vous?"
"Nous voudrions juste lui poser des questions sur la maintenance de cette ville, pour pouvoir en parler dans les endroits où nous irons." Fye eut son fameux sourire charmeur. "Cela lui fera surement une très bonne publicité."
"Asseyez-vous et attendez!" s'exclama Sumomo. "Il vous recevra bientôt."
Shaolan aurait bien voulu partager ses opinions avec ses camarades, mais il jeta un regard nerveux sur les petites poupées, qui auraient pu entendre leurs conciliabules.
A peine dix minutes plus tard, entra une femme en pleurs, qui, après quelques sanglots incohérents échangés avec les poupées, s'assit auprès d'eux.
"Que se passe-t-il, madame?" demanda timidement Sakura, mais elle n'obtint aucune réaction.
Quelques dizaines de minutes plus tard, un couple sortit de la petite porte à droite du guichet, apparemment tranquille. Kurogane allait se lever, quand Fye dit à la femme qui pleurait. "Je vous en prie, madame, passez en premier. Nous ne pouvons prolonger l'attente d'une dame."
Elle remercie sans doute, d'une voix inaudible, et s'introduit dans ce que Kurogane supposait être le bureau du fondateur - ou au moins un couloir qui y menait. Fye se leva, lui aussi, et se dirigea vers le guichet.
"J'aurais quelques questions à vous poser, à vous aussi, mesdemoiselles. Vous travaillez ici, vous pourrez sans doute nous renseigner."
Les deux petites poupées le regardèrent, l'air surpris.
"Nous avons du travail." dit Kotoko, en plissant le nez.
"Est-ce si important?" demanda Fye d'un air boudeur. "Il y a tant de choses que je voudrais savoir! Il y a tellement de mystères dans cette ville où tout le monde semble être heureux."
Il y avait un accent étrange dans le ton de cette dernière phrase, et Kurogane comprit le message. Il se leva, essayant se sembler le plus décontracté possible, et s'adossa à la porte derrière laquelle la femme avait disparu, dans le dos de Sumomo et Kotoko.
"Y a-t-il beaucoup de personnes qui font le même travail que vous?" demandait Fye.
"Oh oui!" s'exclama Sumomo. "Des dizaines! Cette ville est très grande!"
Il essaya de ne pas se concentrer sur la voix de Fye, malgré l'envie qu'il en avait, et d'écouter ce qui se disait derrière la porte.
"Bien sûr, il était très malade. Je savais bien que cela arriverait tôt ou tard." disait la femme. "Je suis venue ici justement pour avoir la paix sur ses dernières années, et cela a duré bien plus longtemps que dans mes craintes. Mais..."
"Mais le désespoir n'en est pas moins grand." dit une voix douce, mais décidée. "Je comprends. Cependant il vous faudra maintenant quitter la ville, pour recommencer votre vie."
"Mais je ne peux pas me retrouver dehors toute seule!" s'exclama la femme.
"Ne vous inquiétez pas! Nous n'avons pas oublié vos services, dans votre boutique. Nous vous donnerons un sac empli d'or, et vous regagnerez l'endroit où vivent votre famille et vos amis, qui seront heureux de vous revoir."
"Je veux rester ici!" s'exclama la femme. "Je peux continuer à m'occuper de la boutique, même seule."
"Vous savez bien," continua l'autre voix, "que les gens seuls ne sont pas autorisés à rester ici."
"Pensez-vous vraiment que je suis un risque?" demanda la voix haut perchée, au bord des larmes, de la femme. "Pensez-vous que je serais capable de briser un de vos couples, après ce qui est arrivé? Je chérirai à jamais sa mémoire!"
La voix qui lui répondait était maintenant, elle aussi, marquée de tristesse. "Je le sais. Et c'est pour ça que vous devez partir. Vous ne devez pas aimer une ombre à tout jamais. Et même si c'est votre décision, vous ne serez pas heureuse, seule, ici."
Kurogane entendit à nouveau des bruits de larmes bruyantes, et se sentit un peu déplacé. Il n'avait rien appris d'important. Les pleurs furent couverts par la voix aiguë et décidée de Kotoko.
"Tu ne devrais pas l'écouter comme ça, et lui raconter tant de choses. Je te l'ai déjà dit : ce type est louche."
Sumomo se retourna vers elle, toute souriante, et dit à haute voix, sans faire attention à Fye non plus. "Kotoko-chan voit tout en noir!"
"C'est un menteur." dit la petite poupée aux grelots en boudant. "Il t'a raconté des histoires sur sa petite peluche! Et aussi sur lui! Je ne garantirais même pas qu'il vit réellement une histoire d'amour avec son compagnon d'enregistrement!"
Elle s'était retournée pour désigner Kurogane, qui eut le reflexe de s'éloigner de la porte et de prendre l'air de rien. Avec une manque de rationalité qui commençait à lui être familier depuis quelques heures, il se sentit offensé par l'insinuation de Kotoko qui pourtant, techniquement, avait parfaitement raison, ne les ayant pas vus depuis l'avant-veille. Cela ne faisait que deux jours... il se rappela avoir agressé Fye pour les avoir enregistrés ensemble.
Plus pour effacer ces mauvais moments que pour faire illusion auprès des poupées guichetières, il s'avança à grands pas vers Fye et l'embrassa. Le magicien, comme il l'avait souvent fait le matin même, se lova contre lui, son corps si souple épousant la forme de celui de Kurogane comme s'ils avaient été faits l'un contre l'autre, et le ninja eut l'impression nette de le sentir ronronner.
Kotoko sembla ébranlée dans ses convictions par ces démonstrations d'affection, et se replongea dans ses papiers, les gestes secs de gêne.
Puis ils virent la femme sortir de la pièce, les yeux secs, mais avec toujours les chemins de larmes plaqués sur le visage. Elle murmura "Oui, je m'en irai." Et Kotoko, toutes affaires cessantes, se précipita vers elle pour lui présenter, en faisant la révérence, un sac que Kurogane devina empli d'or.
Ce fut alors leur tour de passer la mystérieuses porte. Comme Kurogane l'avait deviné, le bureau était directement derrière la porte, sans avoir besoin de passer par un couloir, et un petit vieillard en costume les salua.
"Vous êtes l'homme du portrait!" s'exclama Sakura, avant même que Kurogane aie le temps de faire le rapprochement. "Mais..." Elle s'interrompit, confuse.
"Oui, le temps n'épargne personne." répondit le vieil homme avec un sourire malicieux. "Mais je n'ai pas le temps de faire refaire ce portrait régulièrement. les peintres de cette ville ont certainement plus utile à faire!" Il regarda cette fois ses quatre visiteurs. "Que cherchez-vous?"
"Nous avons l'intention d'écrire un article sur cette ville." répondit Fye, "et nous aimerions que vous nous en indiquiez comment vous avez eu l'idée de la construire, comment vous y avez réussi, quelles sont les particularités dans l'architecture : ce genre de choses."
Le vieil homme sembla réfléchir à sa réponse. Pendant ce temps, les autres eurent le temps de jeter un coup d'oeil à la pièce. Elle était luxueusement meublée, dans le même style que leur hôtel. Un escalier en bois semblait mener vers les étages supérieurs. A la place d'honneur se trouvaient deux tableaux. L'un était une version de dimensions ordinaires du tableau qui se trouvait à l'extérieur. L'autre représentait une femme d'une quarantaine d'années, aux tresses blondes, avec un air de douceur sur le visage.
"Je ne pense pas que ces choses soient si importantes." dit-il. Il regarda par la fenêtre. "Les gens qui viennent ici aiment se dire que cette ville a existé de toute éternité. Bien sûr, ce n'est pas vrai, mais ont-ils pour autant besoin de savoir les détails? Il en est de même pour l'architecture. Mes explications sur les feux d'artifice ne vous diront rien, si vous n'allez pas les voir. Il n'est pas très important de savoir que la ville et les bâtiments sont construits selon les formes de symboles anciens ; un simple sourire de personnes qui sont venus ici est tellement plus important! Les racines d'une plante vous en disent peu sur ses feuilles. Si vous voulez connaître cette ville, interrogez n'importe quelle personne plutôt que moi. Ou mieux, interrogez votre propre coeur."
"Nous avons une autre question à poser, une question à laquelle vous serez le plus désigné pour répondre." dit Shaolan d'un air décidé. "Se passe-t-il parfois des événements surnaturels ou intrigants, ou même magiques, dans cette ville? Vous habitez ici depuis toujours. De plus, vous savez ce qui est prévu, et ce qui ne l'est pas."
Le vieil homme eut un air de tristesse sur le visage. "Il y a beaucoup de bonheur dans cette ville. Peut-être trouverez-vous cela inhabituel et anormal, ça dépend de l'endroit d'où vous venez. Mais il n'y a pas de miracles."
Il se retourna vers eux, reprenant son habituel air engageant. "On dirait que je ne peux pas vous apprendre grand chose pour votre article. Y a-t-il une autre aide que je peux vous apporter?"
"Pourquoi semblez-vous être l'unique personne de cette ville à être seul?" demanda Sakura. "Ne vous sentez-vous pas triste?"
Il y eut un long silence. "C'est généreux à vous de vous en soucier, jeune fille. Mais je ne suis pas seul. Maintenant, sortez, je vous en prie."
Ils n'osèrent pas le contrarier, et repassèrent devant les demoiselles poupées de la salle d'attente. Fye essaya d'engager la conversation avec Sumomo, mais Kotoko le regarda d'un oeil noir, et il sortit avec les autres, en éclatant de rire.
"C'est un échec." soupira Shaolan.
"Le monsieur n'a rien dit!" s'exclama Mokona.
"Je suis sûr que ce vieux sait tout!" s'exclama Kurogane. "Il est louche. Si on m'en croyait, on forcerait le passage pour aller voir ce qu'il y a en haut de son escalier. Ce n'est même pas comme si c'était difficile, avec un petit vieux et deux poupées roses comme ligne de défense!"
"Mais il avait l'air gentil." dit Sakura. "Et si triste..."
"Si nous allions discuter plans d'action dans ce petit bar, juste en face!" proposa Fye. "Nous serions plus à l'aise, et il me semble que nos n'avons pas percé tous les mystères de ce bâtiment."
Shaolan hocha la tête. "Il ferme à cinq heures, est-il écrit sur la porte. Si nous devons y entrer à nouveau, il ne faut pas trop attendre. Mais je ne suis pas persuadé que nous devrions y rentrer par effraction."
"Attendons, attendons, et commandons des boissons." dit Fye en souriant, et en s'empressant autour de ses camarades. "Kuro-chan, je n'ai jamais essayé de te faire boire. je devrais essayer, pour voir."
Kurogane grogna. Ce n'était vraiment pas le moment. En même temps, l'idée ne lui inspirait pas la répugnance qu'elle aurait dû ; et puis il était bien capable de tenir quelques verres de saké! Ils s'assirent et se virent proposer des cocktails multicolores. Fye, comme Kurogane s'y était attendu, fixait souvent le soleil, pour estimer le passage du temps. Puis il se leva et s'écria :
"Il y a quelque chose que j'ai oublié, dans la tour! Venez avec moi!"
Ses camarades le suivirent. Shaolan et Sakura semblaient penser qu'il avait oublié de poser une question importante, et leurs visages s'éclairèrent. Quand ils entrèrent à nouveau, la salle d'attente étaient vide, Sumomo et Kotoko étaient en train de ranger des papiers.
"Bonjour, mesdemoiselles! J'ai laissé tomber ici un bracelet auquel je tiens beaucoup, je viens le récupérer."
Shaolan eut soudain l'air très affligé par la légèreté de la requête. Kotoko répondit "On n'a rien vu!"
"Quel dommage!" s'exclama Fye. "Il va falloir que je cherche." Il s'adressa à Sakura, Shaolan et Kurogane. "Voulez-vous m'aider? Il faudra vraiment chercher partout!"
Shaolan sembla comprendre subitement, et se mit à examiner chaque centimètre carré du sol, tandis que Kurogane et Sakura fouillaient les fauteuils. Fye s'adressa à Sumomo. "N'est-il pas possible que je l'aie laissé tomber pendant que je vous parlais?"
Sumomo s'affaira et se mit à fouiller un peu partout.
"Je peux vous aider?" demanda Kurogane.
"Non, vous ne fouillez pas dans les dossiers." répondit Kotoko, les mains sur les hanches, en regardant l'homme, qui était dix fois plus grand qu'elle, d'un air menaçant. "Je ne veux pas que Sumomo soit punie à cause de vous, parce qu'elle est trop gentille! Sortez de cette pièce! Si on trouve votre bracelet, on vous le renverra! De toute façon, c'est l'heure de la fermeture!"
C'est à ce moment que les yeux de Mokona devinrent fixes.
"Il est cinq heures, Mokona s'éveille." pensa Kurogane. Il se rendit compte avec horreur que la phrase lui venait sur l'air et le rythme d'une musique barbare, dans une langue barbare, qu'on l'avait obligé à chanter au karaoke. Il se rendit compte avec réjouissance qu'il était encore un peu lui-même. Ce n'est pas parce qu'il vivant une histoire d'amour qu'il se mettait à apprécier, par miracle, une activité aussi débilitante que le karaoke.
Il s'interrompit dans ses méditations pour se rendre compte avec surprise que le rayon de lumière qui indiquait où était la plume n'était pas dirigé vers le bureau du fondateur, mais vers le bas ; cela le brisa dans son élan pour enfoncer la porte.
"Il faut descendre!" s'exclama Shaolan.
"Mais par où?" demanda Sakura, perdue.
"Il y a un endroit où le sol ne sonne pas pareil!" s'exclama Shaolan. "Comme s'il y avait du bois, sous la moquette! Il y a peut-être une trappe! C'est ici!"
Il se mit à soulever la moquette malgré les protestations vigoureuses de Sumomo et Kotoko. Il y avait bien en effet une trappe, mais elle semblait bien fermée, et ils ne purent ni la pousser ni la tirer.
"Laissez-moi faire!" dit Kurogane. Son nouveau sabre était si tranchant, et il avait hâte de l'essayer. Il sortit la boule blanche de sa poche, et se rappela qu'il devait appeler le sabre. En espérant qu'il n'y avait pas de formule rituelle qu'il avait oublié de demander, il s'exclama "Yo, ramène-toi, sabre!"
C'était apparemment une des bonnes solutions. Le sabre se matérialisa dans sa main, trancha l'épaisse paroi de bois sans effort. Et Kurogane, emporté par son élan, sauta dans la trappe, à la poursuite de la plume, sous les cris horrifiés des guichetières.
