A mes deux chéries qui me pardonneront je l'espère de toutes mes conneries. Lihiel, Angie, ze vous aime !

La tresse

On m'a souvent demandé pourquoi je ne coupais pas ma tresse. Comme ça, trancher dans le vif et pof… adieu les cheveux longs. Aujourd'hui je ne supporte plus tous ces non-dits c'est pourquoi j'ai décidé de tout vous raconter à vous qui suivez attentivement mes aventures.

Cela remonte à trois ans et la guerre battait encore son plein. Le soldat parfait nous imposait de lourdes contraintes, trop lourdes pour Quatre et moi. Nous avions grandi ensemble tous les deux, inséparables comme les doigts de la main, toujours à faire les 400 coups nous attirant l'animosité des voisins. C'est toujours ensemble que nous avons décidé de nous engager comme pilotes.

Les restrictions d'Heero étaient donc trop dures pour nous tant habitués à la liberté. Cette soif de sortie nous a décimée. Nous avons profité d'une mission des autres pilotes pour désobéir et quitter la planque. La moto de Quatre était dans le garage n'attendant que nous. Quatre la sortit doucement pour ne pas réveiller Sally qui était venue s'installer avec nous pour quelques jours. Un peu éloignés de la maison, nous avons enfourché le bolide et Quatre a mis les gaz.

C'était grisant. Non seulement nous retrouvions notre liberté mais en plus c'était en cachette de tout le monde. La vitesse appelle la vitesse et nous avons vite dépassé les limitations. Jusqu'à ce virage. Oh nous l'avons vu ! Mais nous avions perdu tout contrôle autant sur nous que sur la moto.

Je me souviens du choc. Le fossé était de plus en plus proche. La suite ? Pour moi c'est le plafond blanc de ma chambre d'hôpital. Je ne me suis réveillé que deux jours et demi après le crash. Heero et Wufei étaient endormis dans un coin blottis dans les bras l'un de l'autre. Puis j'ai repensé à ce que nous avions fait et plein de culpabilité, j'ai voulu partir, m'échapper et fuir mes amis, ma seconde famille. Cependant, la perfusion plantée dans mon bras et la vigilance de Heero eurent raison de mes envies.

« Non mais ça va pas ? Qu'est-ce qui vous a pris hein ? Je peux savoir ? »

« Heero, calme toi. Ca va Duo? Comment te sens-tu?

« Ca va Wufei. Où est… »

« Quatre ? »

Je confirmais d'un hochement de tête. Le regard qu'ils échangèrent fit se suspendre mon cœur un instant. Il n'était pas mort hein ? Ca n'était pas possible !

« Duo… Quatre est dans le coma depuis presque trois jours. Les médecins sont confiants et pensent que… Duo, que fais-tu ? Tu dois rester couché ! »

« Je ne peux pas Wu. Je ne peux pas rester là, couché, pendant que lui se bat contre la mort ! »

Pour la première fois, j'ai rompu la promesse que j'avais faite à mon frère aîné. J'ai pleuré. Beaucoup. Longtemps. Au milieu de la pièce, réfugié dans les bras de mon ami, j'ai pleuré toute ma colère, ma haine, mon inquiétude, mon amour, ma culpabilité, ma honte… Vaincu par les larmes et la fatigue, je me suis endormi dans le lit où Wufei m'avait ramené.

Je me suis réveillé dans la nuit ou peut être ai-je rêvé. Je ne sais toujours pas. Des yeux perçants me fixaient dans le noir complet de la chambre. Ils m'hypnotisaient.

« Dors. »

Alors j'obéis à cet ordre impérieux sûrement venu droit de mon inconscient.

Lorsque je m'éveillai le lendemain, c'est Trowa qui était dans le fauteuil.

« Quatre ? »

« Il n'y a toujours pas de changements Duo. »

« Je veux le voir »

« Lève toi. Si tu tiens debout tout seul, je t'emmène. »

J'ai du me battre contre moi-même pour tenir sur mes jambes. Mes premiers pas furent ceux d'un enfant qui apprend à marcher. Le chemin jusqu'à la chambre de mon ami me parut interminable. Mais arrivé devant, je n'ai pas pu franchir le pas. Baisser la poignée. Le voir sur ce lit, inerte. Dans quel état ? Je n'ai pas pu. J'ai fait demi tour suivi de Trowa. Pendant une semaine, c'était le même rituel. Je ne voyais que Trowa qui ne prononçait pas un mot se contentant de me suivre et de me rattraper quand je perdais l'équilibre.

Puis ce jour là, j'ai ouvert. Entrouverte plutôt. Juste assez d'espace pour voir Sally assise sur la chaise faisant face à l'entrée. A partir de là, je suis allé chaque jour un peu plus loin, lentement, à mon rythme. Sally, Trowa et Wufei suivaient mes progrès m'encourageant silencieusement.

Avant que je n'ais eu le courage de le voir réellement, en entier, des policiers sont passés demandant à me rencontrer. Nos amis avaient remplis du mieux qu'ils pouvaient les papiers les plus importants mais il manquait ma déposition maintenant que j'étais réveillé. Ils étaient deux, un homme et une femme. Je leur ai dit que nous n'avions pas pu éviter le fossé. Là l'homme qui ne s'était pas encore manifesté est intervenu :

« Qui conduisait ? »

Je le regardais étonné. C'était évident non ?

« Vous avez tous les deux été éjecté de la moto. C'est pour cela que mon collègue te pose la question. »

« C'est Quatre qui conduisait. »

« Duo je crois que ma question ne va pas te plaire mais nous devons savoir. Quatre est le plus vieux de vous deux ? »

« Oui. »

« Est-ce qu'il t'a obligé à l'accompagner sur la moto alors que tu es mineur ? »

« … »

« Duo nous devons savoir. »

Dans un coin de la pièce, Trowa et Wufei m'observaient m'invitant à répondre. Alors, lâchement, j'ai hoché la tête. J'étais mort de honte mais j'ai acquiescé condamnant mon meilleur ami. Rapidement, les policiers sont partis me laissant seul avec mes amis.

« Menteur ! Quatre ne t'aurais jamais forcé à faire quoi que ce soit ! »

Trowa hurlait sa colère contre moi le menteur, moi le traître.

« Barton ! Comment peux-tu douter de sa parole ? Tu sais bien que ce shazi ne ment jamais… »

Oh non Wufei ! Ne me déculpabilise pas ! Il a raison, tellement raison. Je ne suis qu'un lâche incapable de reconnaître mes torts et ma peur du pré»sent, du passé, du futur. Mais quel futur y-a-t-il pour Quatre maintenant ? Je viens de le condamner par ma faiblesse. Le Shinigami tremble aujourd'hui de peur et de honte. Après cette scène, je n'ai pas revu Trowa pendant une semaine. Heero, par contre, est revenu comme heureux de ce que j'avais dit.

Quatre mon ami, je t'ai trahi !