Chapitre 2
La nuit après cette soirée d'humiliation fut particulièrement reposante pour trois jeunes filles particulièrement heureuses d'en avoir fait baver à Malefoy. Mais, ce qui est dommage avec les nuits, c'est qui plus elles sont bonnes et reposantes, plus elles passent vite. C'est ainsi que le lendemain de la veille arriva sans trop se faire demander. Et elles durent se lever pour affronter les cours… Aussi habituels et ennuyeux qu'ils puissent être, ils étaient malheureusement obligatoires.
En cours de potions, Axelle se moqua ouvertement de Rogue, qui ne put se résigner, évidemment, à enlever des points aux Serpentards, bien qu'il en fut intensément tenté. Elle avait parlé DU sujet tabou, sa jeunesse… Potter lui avait tout raconté, fanfaronnait-elle. Drago, s'ayant assis tout au fond de la classe, faisant tout ce qu'il pouvait pour ne pas se faire remarquer. Irys, une table en avant, réussit son philtre si bien et si vite que lui-même ajouta deux gouttes de sang de grenouille-léopard d'Amazonie de trop, en la regardant concocter sa préparation, bouche bée. Cela donna une texture filandreuse à la potion qui se devait crémeuse, et Rogue, cette fois-ci, se frustra après lui au lieu de Potter, qui en rougit de plaisir. Cependant, cette euphorie ne dura guère longtemps, après que Malefoy l'eut menacé de le transformer en grenouille-léopard pour pouvoir le saigner à blanc… Gypsy s'en mêla, ravie de pouvoir s'immiscer dans une querelle qui ne la regardait en rien.
Malefoy ragea et Potter fit comme d'habitude, il se vanta comme pas possible. Et il parla, parla, parla. Très inutilement à vrai dire et toujours appuyé d'un hochement de tête par ce stupide Weasley… Granger, elle, se concentrait de toute la force de son âme sur sa potion. Elle voulait à tout prix passer pour Miss perfection. Axelle avait remarqué qu'elle était surtout comme ça lors des cours de Rogue. Allez savoir pourquoi. De toute façon, l'important n'était pas là. Le balafré et blondie se disputaient, et il ne fallait pas rater le spectacle.
Donc, Gypsy avait décidé de s'en mêler. Et quand elle s'en mêlait, habituellement ce n'était pas à moitié… Elle prit la parole :
« Hé, le balafré ! »
Mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un, l'empêcha de continuer.
« C'est moi qui l'appelle comme ça. Si tu n'es pas capable de trouver des insultes digne de ce nom, ce n'est pas mon problème. Et ce n'est certainement pas une raison pour piquer les miennes. », dit Malefoy d'un ton si glacial qu'il aurait pu faire frissonner milles morts.
Lentement, Gypsy se retourna vers celui qui avait osé l'interrompre. Quand elle se rendit compte de l'identité de son locuteur, elle eut un sourire carnassier. Axelle se retourna aussi vers lui mais garda son expression habituelle, c'est-à-dire qu'elle resta de marbre. Quant à Irys, elle n'eu pas besoin de se retourner vers Blondinet, puisqu'elle était déjà face à lui, le contemplant sans gêne aucune.
« Tu es si mignon, Malefoy. À croquer, je t'assure… »
En disant cela, Gypsy claqua des dents après avoir montré ses canines. Irys s'esclaffa, ravie. Gypsy s'avança ensuite vers Harry d'une démarche propre à elle, légère, silencieuse mais rapide, sur la pointe des pieds. Elle s'arrêta à quelques pouces seulement de son visage, fixant témérairement sa cicatrice zébrée en penchant légèrement la tête de côté pour mieux l'apercevoir. Il semblait pétrifié. Elle avança sa main pour toucher la marque en forme d'éclair, mais Potter lui saisit soudainement le poignet avec force, ne se laissant évidemment pas faire. Tout juste s'il ne s'écria pas « cette cicatrice est à moi, ne la touche pas ! ». Elle n'insista pas et se retourna vers Drago.
« Qu'il soit balafré n'est pas une insulte, Malefoy. C'est un fait. Je ne peux donc pas l'avoir volé, puisque c'est une information officielle et publique qui n'appartient à personne. »
Elle termina cette phrase en faisant un sourire de petite fille modèle qu'elle réservait généralement aux professeurs.
Mais, Potter ne voulant pas en rester là après qu'on l'ai injurié lui et la marque de sa célébrité, s'exclama :
« Hé ! »
« Ouais, hé ! » cru bon d'ajouter Weasley.
Tous les Serpentards, sans exception, se tournèrent vers le rouquin, une grave expression de mépris crispé sur le visage. Hermione, comme à son habitude, soupira et essaya de ramener ses copains à l'ordre.
« Ce ne sont que des Serpentards dégénérés, n'écoutez pas ce qu'ils disent… surtout ces trois pouffia… »
Elle fut interrompue par Irys, verte de rage.
« Quoi ? »
Elle se dirigea vers elle résolument, d'un pas régulier, fonceur. Certaines personnes dans la classe retinrent leur souffle, prévoyant sans doute ce qu'il allait se passer… Il ne faut pas insulter une impure de Serpentard. Jamais.
Irys était habituellement la plus calme des trois. Ceux qui ne la connaissaient pas pouvaient croire que sa colère était légère, mais Granger allait bientôt découvrir que c'était en fait tout le contraire.
« Continue, Granger. Tu allais nous traiter de poufiasses dévergondées, c'est ça ? » ajouta-t-elle en retenant sa rage pour que celle-ci soit plus intense lors de sa sortie.
Mais Miss perfection n'avais pas l'habitude qu'on la confronte ouvertement. D'habitude, elle laissait les joies des « gueguerres de couloirs », comme elle les appelait, à Harry et Ron. Mais, maintenant qu'elle était mise en présence directe d'une de ces disputes, elle sentait son courage nettement diminuer. Irys, elle, se sentait prendre le dessus et elle devait avouer qu'elle adorait ça.
Elle prit son ton de Serpentard frustré, c'est à dire acerbe, froid, absolument méprisant. De plus, elle était l'une des Impures. Cela ajoutait évidemment à sa voix des intonations aussi insolentes qu'arrogantes :
« Si je suis une poufiasse dévergondée… »
Un rictus terrible déforma sa bouche.
« …alors toi, en plus de n'être qu'une stupide intellectuelle autosuffisante, tu n'es… tu n'es… »
Elle ne trouvait plus ses mots. Ce fut Axelle qui y remédia.
« Rien » souffla doucement cette dernière.
« Tu es moins qu'un asticot, tu es la pire inutilité dans la catégorie des créatures qui marchent ou qui rampent. »
À ce moment, on pouvait cependant dénoter une touche d'amusement dans le ton pourtant froid d'Axelle. Elle s'amusait aux dépends d'une Gryffondor de bas étages et cela lui procurait un plaisir indescriptible.
On put alors voir presque distinctement tout l'univers de Granger s'effondrer, ne laissant ici et là que des ruines déchues. On entendit (ou imagina, dans ce cas c'est synonyme) son cœur se briser et les larmes jusque là refoulées dévalèrent en véritable torrent son visage tordu de détresse.
« Euh'm… Nous pouvons constater que Granger n'est pas aussi forte moralement que nous le pensions ! » s'écria Gypsy, rayonnante.
Elle tapa des mains, visiblement enchantée, puis, dans un élan de méchanceté, lança :
« Alors, Weasley, on ne protège pas sa belle ? »
Comme on pouvait s'y attendre, ledit Weasley eut les oreilles rougissantes. Cette rougeur familière chez lui descendit jusqu'à visage en un temps record.
« Aurait-elle touché ton point faible, Weasley ? », ajouta Axelle.
« Bien sûr que non, Axelle… » répondit Irys.
« Tu sais très bien que le point faible de tout les Weasley est leur pauvreté » termina-t-elle, triomphante.
En plus de rougir, le grand efflanqué qui osait prétendre avoir le quotient intellectuel d'un septième année ouvrit la bouche pour répondre quelque chose. Et, pour une fois, ni Potter ni Granger ne le retinrent. Mais rien ne sortit de sa bouche grande ouverte…
Gypsy lui fit une moue moqueuse extrêmement cruelle et lui sourit joyeusement.
« Bien joué, Irys ! C'était parfait ! »
Elle se retourna vers elle, très fière de son amie qui jubilait autant sinon plus qu'elle. Elle remarqua Malefoy derrière elle, qui rosissait de rage…
« Ohh ! Malefoy est-il jaloux parce que les Impures ont de meilleures répliques que lui et ses deux stupides "protecteurs"? », dit-elle, comme s'il n'était pas présent dans la salle. Elle le vit fulminer, plus prêt de l'explosion apocalyptique de toute sa fureur accumulée qu'elle ne l'avait jamais vu…
Il allait exploser tel un missile nucléaire frappant de plein fouet un autre missile nucléaire et les Impures s'en réjouissaient à l'avance. Par contre, le reste des Seprentards, eux, ne se réjouissaient pas le moins du monde. C'était sur eux que Malefoy passait sa colère lorsqu'il ne pouvait le faire sur les Impures. C'était sur eux que ça retombait toujours. Les quatre compagnons de dortoir de Drago frémirent à cet instant. C'était eux, les vraies victimes, dans tout ça.
Malheureusement, il fulminait tellement qu'il ne put bégayer que quelques mots incompréhensibles, ce qui ajouta à la bonne humeur des Impures. Rageant de plus belle, pâle comme seul pouvait l'être un Malefoy dans une telle situation, il remédia vite fait à ce problème qui s'imposait à lui. Il voulait rester entier avant les duels, c'était primordial pour qu'il ait au moins une chance…
Il appela Rogue de sa voix geignarde. Le professeur, qui s'était calé dans son fauteuil en avant de la classe, observant jusqu'alors muettement la scène, se retourna dans un sursaut vers la source de cet appel.
« Oui, Malefoy ? » demanda Rogue sachant pertinemment ce que son élève allait lui dire.
Terminé la rigolade. Maintenant qu'on avait remarqué qu'il ne réagissait pas autrement que par de discrets éclats de rire à la scène digne d'un mois entier de retenues, son plaisir était terminé. C'était la fatalité de l'autorité. Quelles autres joies avait-il ? Mis à part regarder avidement les spectacles habiles et divertissants que donnaient ses cours où les Gryffondor et les Serpentard étaient en commun et admirer Granger dans toute la splendeur de sa jeunesse, il n'avait rien. Alors autant en profiter, d'autant plus qu'il pouvait faire les deux en même temps…
« N'avez-vous pas vu Kaosu, Red et Oroïd faire injure au règlement même de cette école, professeur ? »
Malefoy était fier de son coup et ça se voyait. Il jubilait – et pas qu'intérieurement – de sa réussite qui s'annonçait parfaite.
Rogue sourit :
« Ah ? Je les trouve plaisantes, moi… »
Drago parut alors terriblement déstabilisé. Il était le préféré de Rogue, non ? Alors pourquoi ce grand abruti aux immondes cheveux ne prenait-il pas sa défense ? Il sentit alors toute sa rage remonter d'un coup. Il allait se désorganiser, ce n'était qu'une question de temps, et les Impures le voyaient. Gyspy se fit suave, tout à coup, d'une innocence naïve et enfantine. Elle était abjectement manipulatrice.
« Professeur Rogue… », minauda-t-elle.
« Pourquoi Drago, que j'aime tellement pourtant, est-il si vilain avec nous …? »
Un sourire carrément sadique s'afficha alors sur les visages d'Irys et d'Axelle.
Malefoy en blêmit d'horreur. Leur petit jeu était tellement évident et elles étaient parfaitement conscientes que Rogue savait qu'elles étaient tout sauf sincères.
« Professeur », reprit Malefoy avec l'espoir que la situation redevienne en sa faveur.
« Vous ne pouvez pas les laisser s'en tirer si facil… »
« Malefoy », le coupa Rogue de sa voix glaciale avec une colère simulée.
« Vous n'avez pas à me dire ce que je dois faire. Je suis le professeur, vous êtes l'élève. Est-ce bien clair ? »
« Oui, professeur » murmura Malefoy en contenant sa rage qui – bien que cela semble impossible – grandissait de seconde en seconde.
Rogue aimait bien Drago Malefoy, digne fils de son père avec qui il avait été "ami" autrefois. Mais, parfois, il fallait, comme avec Lucius, le remettre à sa place.
Sans plus de cérémonie ou de châtiment à donner, il reprit son cours.
Les Impures jubilaient plus que jamais, et les autres Serpentards crevaient d'angoisse.
À SUIVRE...
