Chapitre 4

" Je ne dois pas avoir peur, je n'aurai as peur, je ne connaîtrais pas la peur… la peur est la petite mort qui… Bordel ! Qu'est-ce qui m'a prit d'accepter stupidement ces duels ? "

" On ne t'a pas laissé le choix… " lui souffla sa petite voix intérieure. Il eut un sourire amer. " C'était à quelle heure ? " Drago ruminait ces sombres pensées depuis un moment déjà depuis qu'il s'était éveillé en fait, quelques instants plus tôt.

Mais, après tout, qui pourrait lui en vouloir ? Il était quasiment condamné, alors comment l'accuser d'un excès de pessimisme ? Ces filles allaient le tuer. Quelle ironie ! Depuis le début de son adolescence, depuis que Drago avait appris à apprécier pleinement les formes généreuses des femmes, il en profitait le plus absolument possible. Et c'est par la main de ces mêmes femmes qu'il allait périr. Par " même ", il entendait les femmes en général. Jamais il n'aurait pu avoir les moindres petits fantasmes sur aucune de ces trois harpies. Quoique…

Des trois, aucune n'était repoussante, ni même laide. Ce qui le torturait d'autant plus… Elles avaient ce regard acéré de Serpentard, cette méchanceté de Serpentard, cette intelligence de Serpentard… Des pures Impures Serpentard. Tout ce qu'il n'avait jamais osé imaginer. Les Poufsouffle blondasses avaient beau avoir une légère tendance à être filles faciles, elles n'avaient pas d'esprit. Drago se sourit amèrement à lui-même. Le voilà, trouvant qualités et vertus à ce trio cruel de furies furieuses !

Idiot, voilà comment il se considérait en cet instant. Idiot de s'être foutu dans la merde à ce point, idiot de les trouver jolies autant qu'il les haïssait, idiot d'avoir demandé à son père de venir assister aux duels. Et stupide aussi ! Mais surtout impuissant face à la situation.

Il voulait crier de toutes ses forces, hurler au monde entier qu'il allait mourir demain. Gueuler à la première personne qui passerait qu'il avait besoin d'aide. Qu'il était enfoui dans une détresse profonde dont il ne voyait aucun moyen de sortir sans mal.

Il se sentait comme une hirondelle en plein cœur d'un ouragan : sans défense. Ces filles le détestait tant… il n'aurait jamais crû une telle abomination possible. Il sentait une angoisse poignante au niveau de la gorge il avait de la difficulté à respirer normalement. Il se sentait suffoquer de telle manière qu'on aurait pu le comparer à une victime de l'antique supplice de la planche, affublé d'un boulet de plomb, sombrant entre les eaux glaciales d'un océan de néant parasité par des requins sanguinaires et dépourvus de pitié.

Il ne pensait pas que la haine soit possible à un si haut point. Et il était bien placé pour le savoir, puisque, d'habitude, c'était lui qui haïssait les vers de terre qui lui servaient de camarades de classe. Mais ces filles, elle le torturait littéralement ! C'était indécent que cette situation ait pu prendre de telles proportions ! Et puis merde, il était un Malefoy ! Il aurait dû savoir comment s'en tirer avec dignité. Il aurait dû…

" Merde, ça ne sert à rien de s'apitoyer sur son sort ! " s'auto sermonna Drago.

Et pourtant, s'émouvoir sur son sort, c'est ce qu'il faisait depuis… assez longtemps, en fait… depuis toujours.

Il soupira pour la énième fois. Le temps était venu de se préparer. Il se dirigea vers la salle de bain et essaya de se détendre en prenant une douche brûlante. Au sortir de celle-ci, il se sécha, comme à l'habitude. Il tendit la main vers son pot de gel pour les cheveux mais il stoppa net son geste. Pour la première fois depuis qu'il était à Poudlard, il décida de ne pas se les tirer en arrière afin qu'ils soient lisses. C'était sa dernière journée de vie il l'avait accepté il était enfin résigné : il pouvait bien se permettre cette " folie ". Il se passa les mains dans les cheveux, qu'il avait dorés, pour les décoiffer. Drago se regarda dans le miroir. Il se rendit compte qu'ils étaient relativement longs. Secs, ils allaient onduler légèrement au milieu du cou. Il se demanda, vu qu'ils étaient décidément en bataille lorsque libérés, s'il devait se les attacher. Il décida que oui. Il fouilla un peu dans les tiroirs du comptoir puis dénicha un mince ruban noir.

Il se regarda enfin dans la glace qui lui faisait face. Mis à part ses cheveux, rien n'avait changé depuis qu'il avait officiellement appris qu'il allait mourir. À part peut être ce petit quelque chose dans son visage… Oui, c'était son expression faciale…

Drago tourna la tête et s'examina longuement.

Et il trouva ce qui lui manquait… Ou plutôt ce qu'il avait en plus.

De la peur.

Oui, lui, Drago Malefoy, avait une trouille bleue de ce qui allait se passer. Il avait une soudaine envie de retourner sous les couvertures, de fermer les yeux et de ne plus jamais se réveiller.

C'était une terreur sourde lancinante. Quelque chose d'irréfutablement nouveau. De désagréable au plus haut point. (Il se demanda soudain d'où lui venait l'idée d'analyser sa peur… il ne chercha pas.) Il sortit de la salle de bain avec son air plein de morgue et avança d'un pas lent, mesuré, très noble. Sa cape virevoltait derrière lui dans un bruissement exquis. Il croisa l'horrible Pansy Parkinson qui eut, probablement, le souffle coupé par sa " nouvelle " apparence. Elle en blêmit même. Enfin, c'est ce qu'il crut apercevoir du coin de l'œil il n'allait quand même pas se rabaisser à la regarder droit dans les yeux. Ce serait un trop grand honneur pour une fille telle qu'elle : il l'ignora donc. Les autres, comme à l'habitude, s'écartèrent pour le laisser passer.

Un demi sourire se dessina sur ses lèvres. Même si ces idiots avaient eu la preuve qu'il était le moins fort et qu'il avait définitivement perdu son statut de tout-puissant, ils lui montraient toujours autant de cette si douce crainte respectueuse. Les abrutis. Néanmoins, il était jouissif de voir que malgré sa soudaine déchéance, ses camarades le traitaient encore comme leur chef. Bande de bouseux.

Il ricana méchamment et se dirigea vers la Grande Salle pour son petit-déjeuner. Crabbe et Goyle demandèrent à le suivre mais ils les envoya " gentiment " se faire voir afin de ne plus les avoir dans les jambes. Il se disait " À quoi bon m'afficher avec de tels imbéciles ? Ils ne me sont plus d'aucune utilité : je vais mourir, point, et ce n'est pas ces connards-là qui vont y changer quelque chose ! ".

Ah, il se sentait de nouveau lui-même. Sans torture mentale, sans souci autre que d'être la méchanceté incarnée, juste Drago. Il avait enfin envoyé promener les deux crétins qui avaient eu l'honneur d'être affichés publiquement avec lui depuis tout ce temps. Il regarda vers la table des Gryffondor, une vieille habitude qu'il avait prise dans le but de vérifier que tout était dans l'ordre des choses. Potter avait une tête d'enterrement. Il ne savait pas pour quelle raison la balafré avait cet air, mais c'était réjouissant! Bref, la perspective de mourir bientôt ne semblait plus le tourmenter.

Il s'assit donc au bout de la table. C'était un vieil instinct d'antisocial qui rechutait, il s'en rendit compte : comme ça, personne ne pourrait venir se placer à ses côtés pour l'ennuyer de paroles inutiles et c' était bien ainsi, à son idée en tout cas. Il dévora deux croissants beurrés et but un grand verre de jus d'orange fraîchement pressé. Ensuite, il se cala dans son siège, les bras croisés, et observa les personnes alentour, en poussant (pour la première fois depuis quelque jours, en fait…) un long soupir de satisfaction.

Aujourd'hui était le plus grand jour de sa vie. Le dernier. Dans sa jeune existence, il n'avait pas eu beaucoup de choix à faire par lui-même. Son père avait toujours choisi pour lui, lors de ce parcours sur Terre. La seule chose qu'il voulait être en mesure d'élire, c'était sa façon de mourir. Dignement, en faisant bien savoir que, peu importe l'issue du combat, il serait gagnant et en garderait son habituel regard de glace et son air hautain. Qu'il ne courberait pas l'échine, jamais. Comme un Malefoy. Il ne savait pas exactement à quelle heure les duels commenceraient, mais il était quasiment sûr que ce serait la nuit, ou au moins tard dans la soirée. Il avait donc toute une journée avant de se faire expédier en enfer et la ferme détermination d'en profiter.

Il rit silencieusement en repensant –avec un brin de regret, certes- à ses ambitions. Il était Serpentard, après tout, et leur marque de commerce était naturellement la soif de pouvoir. Mais ce monde-ci s'était écroulé depuis qu'il avait eu le malheur d'insulter cette maudite Impure… évidemment, les deux autres s'étaient senties visées aussi, donc il les avait désormais (heureusement pour peu de temps maintenant) sur le dos… Drago secoua machinalement la tête, faisant onduler ses cheveux mi-longs du même coup. Son regard s'accrocha alors sur trois silhouettes familières (trop, peut-être), qui venaient d'apparaître dans la Grande Salle.

Les Impures, qui d'autre ? Elles se pavanaient avec des airs de propriétaires dans cette école de dégénérés. Drago les observa sans gêne dissimulée. Axelle alla vers Granger et lui piqua son volumineux bouquin. La brunette de Gryffondor poussa un cri de protestation. Elle se retourna. Lorsqu'elle s'aperçut la personne derrière l'acte, elle se fit toute petite et ne dit rien. Axelle éclata d'un grand rire. Elle lui rendit son livre. Pourquoi le garder? Elle avait eu ce qu'elle voulait, Granger avait peur d'elle. Elle eut simplement un sourire narquois et partit. Gypsy, quant à elle, alla directement vers Potter.

Il déjeunait, tranquillement.

Plus pour longtemps.

Elle s'empara de son assiette et partit sans se retourner.

Potter émit un son grave qui ressemblait au beuglement d'une vache.

Irys, elle, se présenta devant Weasley et lui fit son célèbre air de défi.

Il ne répliqua rien…

Aucun doute, le cours de potions les avait marqués.

Drago soupira. Elles allaient le massacrer.

Les trois Impures se réunirent juste devant la table des professeurs, sans doute pour montrer qu'elles n'avaient pas peur de l'autorité. Elles se retournèrent vers Drago et sourirent. Elles chuchotèrent alors quelque chose et allèrent vers lui.

D'une démarche par ailleurs gracieuse, elles s'approchèrent en souriant. Il n'avait plus peur : il connaissait et avait accepté son sort. Il n'avait plus rien à regretter. Il leur rendit leur sourire, qui était radieux. Axelle leva un sourcil, et cela le fit rire. Irys prit la parole, tout en continuant de s'approcher de lui.

" Drago, mon précieux, je vois que tu as réussi à te dominer... " Elle se tourna vers ses amies. " Première leçon réussie, z'Impures. " Elle éclata de rire et vint s'asseoir à table.

" J'ai faim ! " s'écria-t-elle. Et elle s'appliqua à trouver parmi la multitude de déjeuners quelque chose qui fut végétarien. Finalement, vaincue, elle s'appropria le bol entier de fruits et se mit à en dévorer plusieurs coup sur coup. Axelle haussa les épaules et s'attribua l'assiette de bacon.

" Tu vas grossir si tu continues comme ça, crabinette ! " la prévint Irys en levant l'index. Axelle se contenta de hausser les épaules de nouveau. " Quelle importance ? " se disait-elle. Gypsy, quant à elle de très bonne humeur, s'assit à la droite de Drago qui ne réagit d'ailleurs même pas à sa présence, et se mit à le fixer indolemment. Puis, après l'avoir longuement regardé et s'être régalé suffisamment les yeux (pour l'instant), elle décida de manger deux toasts au fromage Brie. Elle but aussi, d'une traite, deux grand verres de jus de fruits. Ensuite, elle se retourna vers lui et lui fit part de sa réflexion, qui était vraisemblablement toute simple.

" C'est vraiment beau, tes cheveux. " C'était une remarque tout à fait stupide, superficielle à outrance et complètement inutile, mais le compliment fit effet. Son teint de cadavre frais rosit légèrement pour virer à celui de nouveau-né beuglant. Il détourna rapidement les yeux, incapable de soutenir le regard à la fois adorateur et moqueur de Gypsy plus longtemps.

Axelle ne se gêna pas pour enchaîner, toute souriante.

" Oh, regardez-le comme il rougit " dit-elle sur un ton taquin.

Irys, occupée à se goinfrer, ne répondit que par un hochement de tête. Drago s'était attendu à pire. Un compliment, un ton taquin, un hochement de tête et un sourire? Trop louche pour ne pas cacher quelque chose de grave. Elles étaient peut-être gentilles avec lui parce qu'elles avaient aussi pleinement conscience qu'il allait mourir. Ou peut-être était-ce une tactique pour…

Ça y est, sa paranoïa le reprenait. Peu importe ce qu'elles avait prévu, il l'aborderait avec la calme serein d'un type condamné à une mort certainement douloureuse.

" Qu'est-ce que tu fais avec l'assiette de Potter, Kaosu ? " demanda-t-il, vaguement intéressé.

" Oh, Malefoy de mon cœur, c'est une offrande à Votre Majesté… " répondit-elle du tac au tac. Puis elle poussa le plat dans sa direction, un air angélique sur le visage. Il arbora une mine convenue, hocha la tête et dit :

" Bien sûr, pourquoi n'y ai-je pas songé plus tôt ? " Il remonta le menton d'un air hautain et reprit :

" Et toi, Kaosu, tu es mon esclave, c'est ça ? Ma servante ? "

Elle sourit. Pas tout à fait un sourire narquois, ni taquin, mais pas non plus hautain. Plutôt une sorte de mélange des trois. Ce qui donnait une combinaison assez étrange que Malefoy n'arriva pas à identifier.

" Tu connais le sarcasme, Malefoy ? " dit-elle, après un long moment à faire ce " sourire ". Gypsy avait utilisé un ton sarcastique pour exprimer cette phrase qui, en soi, était assez ironique. Comment un Malefoy, quel qu'il soit, pourrait-il ignorer la définition du sarcasme ? Ça y est, il allait en baver. Gypsy et Axelle se disputaient le titre de reine sarcastique. Et elles le méritaient, ce titre ! Et ce n'était pas le genre de Gypsy de se gêner pour le lui faire remarquer.

" C'est qu'on a jamais trop d'esclaves, Kaosu. Mais toi, tu n'en as jamais eu tu ne le sais donc pas…" fit-il, la voix traînante. Gypsy eut une moue dubitative : en effet, elle n'avait jamais eu d'esclaves. Mais qu'attendait-elle pour se convertir à l'esclavagisme ? Elle décocha à Malefoy un regard en disant long sur ses intentions. Ce dernier réalisa trop tard qu'il venait de gaffer…

Il tenta de rattraper le coup.

" N'y songe même pas, Kaosu " dit-il en s'efforçant de garder le même air indifférent que d'habitude. Un art qu'il avait perfectionné au cours des années et dans lequel il était passé maître.

" Nous verrons, Malefoy... " ajouta-t-elle mystérieusement. Elle voulut continuer mais…

" Les duels… " C'est ainsi qu'Irys coupa court à leur charmante conversation sur l'esclavagisme Malefoyien.

Axelle leva la tête, commençant à être intéressée par le dialogue se déroulant sous ses yeux depuis plusieurs minutes déjà.

" Qui choisis-tu, Blondinet? " demanda-t-elle sans préambule.

Le blondinet en question releva la tête et l'on put clairement apercevoir des points d'interrogation dans ses prunelles argentés, accentués par le manque d'introduction apparent du sujet. Cependant, cette perspective ne dura pas longtemps son air hautain reprit le dessus tout aussi vite qu'il était disparu. Il haussa les épaules d'un air désinvolte.

Irys se demanda vraiment depuis quand il était si détendu…

" Oroïd " souffla-t-il sans plus de cérémonie. Puis il retourna à sa conversation avec Gypsy.

" L'esclavagisme des Malefoy t'intéresse, donc? "

Gypsy éclata d'un rire cristallin et entra dans le jeu de Dragounet.

" Oui, pourquoi ? Ton père et toi faites un deux pour un ? "

Drago esquissa à peine un demi sourire mais la regarda mystérieusement.

" Ça te plairait, hein? "

Elle hocha la tête d'un air entendu, le dévorant avidement des yeux.

" Mon dieu, oui… " soupira-t-elle, le feu aux joues. Drago réfréna son rire : il n'allait tout de même pas oser briser la rêverie de cette pauvre (mais ô combien sadique !) Sang-de-bourbe ! Qui sait ce qui pourrait en résulter ? Un autre sortilège Doloris ? Ou quelque autre sort encore plus terrible de sa propre composition ? Il décida de ne plus y penser. Ce soir, Irys le tuerait. Ou le ferait souffrir atrocement, ce qui revenait au même… Un sourire énigmatique s'afficha alors sur son visage parfait.

" Et que ferais-tu de moi ? " demanda-t-il d'un ton presque aguicheur.

Irys haussa un sourcil et Axelle leva carrément les yeux au ciel. Ils étaient si exaspérants !

" Je… " Gypsy fit mine de réfléchir.

Axelle soupira bruyamment. Elle n'avait pas vraiment envie que son amie étale ses fantasmes à table. C'était dégoûtant.

Gypsy continua, un sourire flottant doucement sur ses lèvres.

" Je crois qu'il n'y a pas trente-six moyens de le savoir, Dragounet. Nous devons essayer. Qu'en penses-tu ? "

" J'hésite… Je ne suis pas habitué aux ordres, tu vois... " commença-t-il d'une voix qui, en plus d'être extrêmement séduisante, était en effet assez hésitante. Il faisait exprès elle faisait exprès, et il devait être terriblement amusant de les voir ainsi tergiverser, eux qui, quelques jours plus tôt, se seraient mutuellement entretués. Quoique… Peut-être était-ce le calme avant la tempête ?

Axelle pouffait silencieusement. Elle ne savait pas trop ce que Gypsy avait en tête. Et elle s'en fichait. Les voir ainsi était la représentation comique la plus hilarante à laquelle il lui ait été donné d'assister dans sa vie. Mais elle s'en contrefichait éperdument, elle avait seulement hâte à son duel avec Malefoy. Là, elle aurait son tour. Irys, elle, par contre, trouvait cette situation moins drôle. C'était elle qui aurait dû être à la place de Gyspy… Mais cette dernière s'appropriait tout, toujours. Irys soupira. Elle ne pouvait pas penser ça d'une de ses meilleures amies. C'est insensé, cet " effet Malefoy ". Elle prit donc sur elle de ne pas être jalouse. Après tout, ces deux là se détestaient, non ?

En fait, non : Gypsy était loin de détester Malefoy, c'était évident. Elle le bouffait continuellement des yeux sans aucun effort de subtilité et ne cessait apparemment d'y penser que lorsqu'elle embêtait quelqu'un d'autre que lui. Mais cette réflexion était-elle exagérée ? Probablement. Irys secoua péniblement la tête, se débarrassant de ces inutiles pensées. Et même si Gypsy aimait vraiment Malefoy (cette dernière ne profitait assurément que de sa beauté : " pour le bonheur des yeux ", comme elle disait si bien !) les probabilités pour que ce soit réciproque étaient si minces ! Il ne fallait même pas y penser.

" Elles vont me tuer et je rigole avec l'une de ces folles " pensa Malefoy tout en éclatant de rire devant une moue boudeuse que Gypsy réservait d'habitude exclusivement aux professeurs.

" Je suis plus fou qu'elles, ça devient grave " pensa Drago, continuant son monologue intérieur.

" Pourquoi elles font ça ? Pourquoi elles viennent s'asseoir avec moi ? "

Pas que ce soit si dérangeant, mais… c'était inhabituel. Elles n'avaient rien fait de mesquin depuis ce matin… Peut-être simplement l'aidaient-elles à profiter de cette belle (et dernière) journée ? Si c'était le cas, c'était plutôt étonnant… L'une d'elles cachait certainement une quelconque sournoiserie. Tout en souriant sincèrement, il repensa à sa paranoïa chronique. C'était un peu normal, non, avec ces trois filles dans le même bassin de population que lui ? Puis il se dit : " À bas la paranoïa ! " (ce serait son nouveau slogan dès maintenant) et décida de profiter quand même de cet ultime sursis, de cette fin d'existence précoce.

" Nous avons cours " affirma alors Irys en terminant son assiette de fruits.

Axelle se leva à contrecœur de sa chaise. Ils allaient en Métamorphose avec la vieille peau de vache McGonagall. Elle osait prétendre être juste et impartiale envers tout le monde. Et en plus, elle accusait Rogue de favoritisme alors qu'elle était deux, non, même dix fois pire !

Mais bon, ils allaient en Métamorphose, et rien ne pouvait changer cette réalité de la vie. Oh, ils pouvait sécher ce cours, mais les ASPICs arrivaient et la vieille vache aimait les mettre épicés.

Gypsy arbora son air bête préféré, le très classique " je n'ai pas, mais alors vraiment pas envie d'obéir ", mais se leva néanmoins. Elle soupira et se dirigea tout droit vers la salle de cours, sans se retourner ni même attendre ses amies qui prirent le même chemin qu'elle sans toutefois vouloir la rattraper. " Inutile " se dit Axelle avec fatalisme. " Quand la mauvaise humeur frappe, autant se la fermer ou la laisser se calmer toute seule… Pauvre McGonagall, quand même." En effet, cette dernière souffrirait fort probablement très bientôt: elle avait, sans même le savoir, coupé court à une conversation tout à fait charmante de Gypsy avec Drago et cela avait mit la petite naine pakistanaise en colère. (De toute manière, même si Gypsy ne faisait rien durant le cours, Irys ou elle-même s'en chargeraient de bonne grâce. Les cours en commun avec Gryffondor n'étaient jamais dépourvus de péripéties.)

" Dois-je les suivre ? " se demanda Drago. Bien sûr, il devait les suivre. Logique, puisqu'ils allaient au même endroit en empruntant le même chemin. Mais devait-il les accompagner ?

Pourquoi le ferait-il ? Elles avaient été gentilles, il avait eu l'impression d'avoir enfin des égaux à qui parler… des amis ? Non… Depuis sept longues années, ces filles l'avaient soit ignoré, soit humilié. Et voilà qu'il voulait être leur gentil toutou ? Totalement indigne de lui.

Il se rebiffa aussitôt. Il attendit quelques instants, le temps que les filles soient totalement hors de vue, puis il se leva à son tour. Il se dépêcha, néanmoins il n'avait pas tout le temps du monde. De plus, il voulait une bonne place. Pas question, cette fois-ci, de se placer en équipe avec Goyle ou Crabbe. Puis il blêmit : avec qui, bordel de merde, se placerait-il, si ce n'est avec l'un de ces deux imbéciles ? Drago soupira. La vie n'était qu'un éternel cercle vicieux. Crabbe et Goyle le dégoûtaient, c'était officiel.

Mais qui d'autre ? Il se rendit compte à cet instant qu'il n'avait pris la peine de faire la connaissance avec personne d'autre que ces deux gorilles. Il avait, par contre, prit bien soin d'inspirer peur et respect à tous les autres. Il eut un sourire carnassier à la pensée que, même après sa mort subite, les autres craindraient certainement encore son nom pendant longtemps. Mais tout ça ne réglait pas son problème de socialisation. Qu'allait-il faire?

Il pourrait toujours en intimider un afin de l'obliger à se placer en équipe avec lui… Ça marchait à tous les coups cette méthode était sans faille, assurément. Assurément. Il pourrait en trouver un plutôt brillant, qui travaille bien, qui a de la conversation. Mais qui ? Drago soupira. Ou il pouvait encore œuvrer en solo. Mais il craignait que cela soit mal vu : ne passerait-il pas pour un rejet de la société ? C'était tout le contraire : c'était lui qui rejetait la société et ce, depuis toujours.

Mais ce fait acquis n'était pas forcément reconnu par les autres élèves. Qu'est-ce qu'ils penseraient s'il se plaçait seul?

" Connerie! " hurla la voix de sa rébellion. Depuis quand se souciait-il de ce que pensaient les êtres inférieurs partageant avec lui l'oxygène de cet établissement ? Jamais il n'avait eu à s'en embarrasser, puisqu'il avait une telle puissance sur les autres qu'il pouvait leur dire que la nuit devenait le jour si ça lui chantait et qu'ils le croiraient! Ah, la confiance que lui procurait le simple fait de porter le nom des Malefoy lui revenait en force. Il se sentait revivre, carrément ! Quelle ironie, quand on songe qu'il allait mourir d'ici quelques heures.

Il émergea de sa rêverie… devant la porte du cours de Métamorphose. Il eut un soupçon d'hésitation aussi infime que sa modestie puis entra la tête haute dans la salle de classe. Il était le dernier à arriver : toutes les places étaient prises. Ses yeux de métal liquide se plissèrent : bordel. Aucune place. Il n'allait tout de même pas faire la potiche dans un coin ! Ce serait plus qu'indigne : ce serait effroyablement déshonorant. Puis, tout au fond de la salle, il remarqua une place libre. Affichant son sublime sourire suffisant, il se dirigea vers cet endroit béni. Puis, son regard s'attardant alentour, il remarqua qui était l'autre personne assise à cette table. Re-bordel.

Londubat. Le plus dérisoire, la plus insignifiant, le plus minime et le plus ridicule des Gryffondor. Si quelconque individu normalement constitué allait s'asseoir avec Neville Londubat, que ce soit par obligation, ou par propre volonté d'agir, il n'en ressortait pas intact. D'année en année, l'indigne descendant des ses brillants parents avait battu le record du nombre d'accidents produit dans les classes de l'école. À chaque année, il trouvait le moyen d'empirer.

Pathétique.

Drago voulait bien être indépendant. Mais il n'était pas sûr que son désir d'autonomie allait jusque là… Il y avait tout de même des limites à ce qu'un Malefoy pouvait endurer!

Il renifla avec tout le mépris dont il était capable, sinon plus, et s'avança vers ce pauvre petit gaffeur. Il ne s'embarrassa pas de subtilité :

" Londubat, si jamais tu fais quoi que ce soit… Parler, éternuer, bouger, respirer, n'importe quoi… Je te jure… " Le blond était au bord de la crise d'hystérie. " Je te jure que je te jette aux lions… non… pire… " Il sourit en découvrant ses canines. " Aux Impures. "

Neville faillit trembler, mais se souvint à temps qu'il n'était pas censé démontrer le moindre petit signe d'existence sous peine d'être abandonné aux Impures. Et il savait. Il avait entendu, comme tout le monde, ce que Drago Malefoy lui-même avait subi lors de sa dernière rencontre avec les Impures. Ces trois là lui foutaient déjà les jetons avant, mais depuis qu'elles avaient utilisé le sortilège Doloris sans scrupule, ils les craignait au plus haut point…

Il déglutit avec peine, essayant d'être silencieux. Drago, d'un mouvement gracieux qui d'ailleurs n'échappa pas au regard attentif de Gypsy, s'assit sur le siège de bois. Il soupira fortement : les autres allaient savoir que cette situation lui déplaisait. Il croisa lentement les bras, un rictus méprisant altérant superbement ses traits.

" C'est qu'il est mignon quand il est fâché! " s'exclama Axelle.

" Je croyais, crabinette, que ce mec ne te faisait pas effet… ! " rétorqua Irys, étonnée.

" En effet… " approuva-t-elle. " Celui-là ne me fait aucun effet. Je préfère de loin la fratrie Weasley ! "

L'expression qui s'afficha alors sur les visages de ses deux amies valait le détour. Plus que le détour, même. Cette expression valait la peine, à elle seule, d'être venu au monde…

" Les filles… vous ne comprenez pas mon point de vue ? La quantité, z'Impures ! Et non la qualité ! C'est quand même toute une fratrie… Ça fait beaucoup ! "

" Axelle… " C'est tout ce que Gypsy arriva à prononcer tant l'ébahissement l'accablait.

" Tu…tu… " Irys bégayait. Normal, vu la situation.

La principale source de la stupéfaction des Impures était juste assise sur sa chaise de bois, un air hautain sur le visage. Comme si ce qu'elle venait d'avouer sans pudeur était la banalité la plus élémentaire que le monde ait connu.

Et le cours commença.

McGonagall entreprit d'expliquer d'un air morne à des élèves particulièrement inattentifs ce qu'ils feraient lors du cours. C'était effectivement sans attrait particulier, ce qui expliquait l'ennui apparent du professeur... Changer un bouquin en chèvre ? Mais quel intérêt ! Cependant Hermione semblait bien s'amuser : du premier coup elle réussit la métamorphose, et cela ne lui prit pas beaucoup de temps à pouvoir redonner au pauvre livre sa forme originelle.

Le professeur McGonagall accorda 10 points à Gryffondor et gratifia Granger d'une esquisse de sourire. Une denrée rare à Poudlard.

Drago faillit pouffer lorsque Granger fit son petit air fier, voir même vantard. Tordant.

Les Impures le remarquèrent. Et Drago remarqua qu'elles avaient remarqué. Ça allait être drôle.

" Granger, approche. " La petite première-de-classe-et-fière-de-l'être se tourna dans la direction de la voix qui venait de l'appeler. Au fond de la classe, un sourire satirique aux lèvres et une expression indéchiffrable sur le visage, trônait Irys, qui lui faisait encore signe de s'avancer. Sentant une légère inquiétude la prendre, elle s'approcha, hésitante. Mais nul mal, à la surprise générale, ne lui fut fait.

" Granger, j'ai une mission pour toi " déclara Irys, une lueur mauvaise dans les yeux. Hermione s'attendit au pire.

" Tu vois Weasley, là-bas ? Évidemment que tu le vois c'est ton copain… Peu importe. Bon, alors, juste ici… " Elle désigna Axelle d'un simple geste. " …il y a mon amie Axelle. " Hermione se demandait vraiment où elle voulait en venir. (Les deux autres Impures aussi étaient perplexes, et avec raison…)

" Ce que je souhaiterais que tu fasses… et c'est tout dans ton intérêt, dans le fond… " ajouta-t-elle en souriant, " …c'est que tu organises un rendez-vous entre Weasley… oups, désolée : Ron… avec cette charmante demoiselle que voilà… miss Axelle Red. "

Le visage de Granger se décomposa et une expression de surprise mêlée de dégoût remplaça le peu de ce petit air prétentieux qui restait sur sa figure.

Axelle éclata de rire. Un rire à la mi-chemin entre le sadisme et la joie. Elle se tordait véritablement de rire, sans pouvoir s'arrêter. Son hilarité continua, et continua. Elle en eut mal au ventre…

Granger, quand à elle, regardait successivement Axelle en train de se bidonner et Ron en train de ne rien comprendre au cours et faire le mauvais mouvement de baguette pour la métamorphose imposée par le Professeur.

" Un quoi ? " répéta Hermione, l'air tout à fait effaré.

" Un rendez-vous, Granger. Je te croyais plus vite que ça… " Axelle reprit son souffle…

" Irys, ma scarabinette en chocolat ! C'est trop bien ce que tu fais là ! Ouiii ! " Elle en rougissait de plaisir. L'innocence d'Axelle fit tressaillir Gypsy en même temps que Drago depuis quand avait-elle un faible pour ce rouquin sans le sou ? Irys aussi était apparemment ravie de son coup : elle avait l'un de ces sourires trop rares du côté des Impures : franc. Gypsy lança à Drago un regard qui en disait long sur ce qu'elle pensait : c'était une blague ou… ? Ce dernier comprit, apparemment, car il hocha la tête d'un air indécis.

Et aussitôt Malefoy se demanda depuis quand il avait cette " complicité " avec cette Sang-de-bourbe…

Red et Weasley? Étrange, trop étrange pour que les autres élèves n'y portent pas attention. Décidément, les Impures aimaient attirer l'attention. Leurs camarades continuaient négligemment leurs métamorphoses respectives. Mais tous avaient les yeux rivés sur la scène. Et ils ne faisaient pas leur métamorphoses, ils la martyrisaient, nuance.

Après le cours de Potions de l'autre jour, tout le monde voulait savoir ce qu'il y avait entre les Impures et le trio d'imbéciles de Gryffondor, autrement dit : Potter, Weasley et Granger. Et il y avait ce truc avec Malefoy qui intriguait tout le monde… Il avait tant changé.

D'abord son attitude : il était beaucoup, beaucoup moins méprisant. Plus discret. Moins " fier " qu'à l'habitude. Personne ne s'en plaignait, évidemment, mais des rumeurs sur son compte commençaient à circuler… Et son apparence : ses cheveux, qui étaient quand même soignés mais qu'il portait différemment pour la première fois de son existence… Que tout cela signifiait-il ? De plus, habituellement les Impures étaient relativement plus discrètes. Mais là, elles n'étaient même plus subtiles ! Ou plutôt, si : elles étaient plus flamboyantes que d'ordinaire, simplement. Mais la subtilité demeurait.

Hermione Granger n'était pas du genre à n'avoir rien à dire, ou à répondre. Mais là, une des Impures lui demandait d'organiser un rendez-vous avec son meilleur ami, dont elle s'était éprise secrètement. Depuis toujours, elle avait voulu avoir des amis. Puis, Ron et Harry étaient arrivés. Mais, ils ne pouvaient pas tout comprendre... Elle voulait une amie fille, avec qui tout partager. C'est pour cet cette raison qu'elle enviait les Impures, qu'elle les jalousait un peu pour leur complicité hors du commun. Eh oui, qui l'eut cru? Miss Perfection-en-tout (surnommée couramment Miss Je-sais-tout) était une fan, une groupie, une adoratrice des Impures ! C'est probablement pour toutes ces raisons réunies par son subconscient qu'elle accepta la demande d'Irys, et ce, même si cela la ferait souffrir de voir son amour de rouquin succomber dans les bras de cette Axelle.

Hermione, avec tout son courage de Gryffondor femelle, prit la parole :

" Un rendez-vous… Mais… Ron… Il acceptera pas… " Irys haussa les épaules.

" T'as pas vraiment le choix… " Gypsy s'immisça alors dans la si impromptue conversation.

" Je connais ton secret… " murmura-t-elle de sa voix la plus mielleuse. Hermione devint alors plus blanche qu'un flocon de neige en plein mois de janvier… Gypsy se leva et lui chuchota à l'oreille, de manière à ce que personne d'autre ne puisse entendre :

" Oui, Granger… Ce secret-là. Rogue et toi… "

Les yeux de Granger devinrent rond comme des vifs d'or et sa bouche s'agrandit tellement qu'elle manqua à peu de centimètre près de frôler le sol.

" Co…co co … co co co… comment ? " articula tant bien que mal, surtout mal en fait, Miss Je-sais-tout.

" Disons que j'ai mes sources. "

Voilà un autre point qu'elle enviait aux Impures. Leur don exceptionnel de tout savoir avant tout le monde. À elle, personne ne venait jamais rien dire, rien raconter. Les autres pensaient qu'elle s'intéressait pas aux potins de cette école, alors qu'au contraire, elle les adorait !

Sources plutôt personnelles, puisqu'en effet elle avait pris une chance sur ce coup-là : ce n'était qu'un rêve et, coïncidence, il s'était révélé véridique ! Elle se glorifia intérieurement, exultant joyeusement. C'est fou comme certaines choses tombent à pic, non ? Cependant elle ne répondit rien, trop consciente de cet incroyable coup de chance. Fallait pas tout gâcher.

Axelle, encore toute émoustillée, ne tenait plus en place.

" Je vais enfin en avoir un ! J'ai un Weasley ! J'ai un Weasley ! " répétait-elle inlassablement, au grand désespoir de toute la classe.

Irys était contente du bonheur de son amie, et Gypsy aussi. Match making réussi. Elles feraient tout pour leur amie, et c'était effectivement ce qu'elles venaient de faire.

Ronald Weasley était réputé pour trois choses. Premièrement, c'était le meilleur ami du Survivant, ce qui lui conférait une popularité certaine, même s'il portait encore l'étiquette " bizarre ". Deuxièmement, sa famille était la plus pauvre d'Angleterre parmi les familles de Sang Pur. Et dernièrement, il rougissait aussi facilement qu'un homard dans l'eau bouillante, tête, oreilles, cou, rien n'y échappait.

Et Weasley en fit une très ardente démonstration à la classe. Oh, il est bien possible qu'on ait jamais vu quelqu'un rougir ainsi dans toute l'histoire de Poudlard…

" Il doit se consumer de l'intérieur " pensa Hermione avec accablement.

" On dirait une bouilloire " se dit Neville, les yeux ronds.

" Merde alors, s'il continue comme ça, il va exploser " songea Harry. Ce dernier avait tout observé depuis le début, très amusé, un peu craintif, fier et Gryffondorien, comme à l'habitude. Et il avait contemplé Irys Oroïd dans toute sa flamboyante grandeur. Ron avait son Impure ? Lui aussi en voulait une ! De plus, il ne pouvait pas être mis de côté : c'était lui qui avait sauvé le monde plusieurs fois d'affilée, après tout ! Il se mit aussitôt à la tâche. Au grand désarroi de McGonagall qui perdait une fois de plus le contrôle de sa classe, il se leva et marcha d'un pas résolu vers son Irys à lui tout seul, qui devisait sympathiquement avec ses amies, et se posta juste devant elle.

" Je ne peux vivre sans toi ! " s'écria-t-il maladroitement, mais plein de confiance.

Une explosion de rire se déclencha chez tous les Serpentard. Même Drago, qui habituellement se considérait comme trop Malefoy pour rire avec le peuple esquissait un large sourire et était sur le point de ne plus se contenir.

Même McGonagall, et ce n'est pas peu dire, avait une expression à la fois compatissante et amusée derrière ses lunettes.

Axelle et Gypsy riaient plus fort que tous les autres.

L'une était même tombée de sa chaise et se tenait les côtes sur le plancher en tentant de ne pas suffoquer. La deuxième ne tarda pas à la rejoindre par terre, tant la situation était hilarante.

Potter, lui, souriait bêtement à Irys, prenant sans doute les rires des autres comme des encouragements personnels à sa déclaration. Le grand Potter, digne descendant de son père, ne pouvait qu'avoir un franc succès pour sa première proclamation d'amour.

Irys, elle, ne riait pas. Elle regardait Potter comme s'il venait d'une autre planète. Ce grand balafré aux cheveux décoiffés et à l'allure d'épouvantail venait-il de lui faire une déclaration publique? Tout ce qu'elle savait, c'est que pour l'instant, il l'humiliait. Et jamais elle ne pourrait accepter que ce minable petit Gryffondor l'abaisse d'une quelconque façon.

" Alors crève " dit-elle avec toute la haine, le dégoût et le mépris dont elle tait capable.

Les rires redoublèrent, ce qui paraissait impossible vu leur précédente intensité.

Harry, se méprenant de nouveau, crut qu'elle jouait les demoiselles effarouchées. Il lui adressa son sourire " je suis un dragueur né, comme mon père et mon parrain ", qu'il pratiquait sans faute tous les matins devant son miroir et lui fit un clin d'œil.

" Allons, ma belle, je sais bien que je t'effraie un peu… c'est normal, avec le pouvoir de séduction que j'ai… Mais tu en dois pas être gênée… "

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase : Drago, oui, le grand, fascinant et ténébreux Drago plusieurs fois Malefoy, s'écroula de rire. Il crut que ses côtes lui perforaient les poumons tant il avait mal de rire comme ça il en avait complètement perdu le souffle. Les deux autres Impures étaient littéralement mortes de rire : l'une d'elles ne réussissait qu'à émettre un faible bruit plutôt saccadé tant elle riait et l'autre, plus le moindre son…

Irys, avec tout le sérieux qu'exigeait cette humiliation (c'était digne des Impures !), le regardait droit dans les yeux, un léger tic nerveux agitant sa pommette gauche.

" Potter, tu veux quoi au juste ? "

Ce n'était pas exactement " la réplique qui tue " à laquelle tout le monde s'attendait de sa part, mais elle suivait les règles des Impures : elle entrait dans le jeu de l'adversaire pour mieux le faire souffrir.

" Ça me parait évident, non ? " déclara le balafré, plein de confiance et de vanité…

" Trop imbu de lui-même, cet enfant, il finira mal, c'est moi qui vous le dis ! " pensa Axelle, toujours par terre, entre deux éclats d'un rire toujours aussi sonore.

" Vraiment pas " répondit Irys, de plus en plus agacée. Harry leva vers elle des yeux étonnés d'un vert lumineux.

" Mais voyons, ma douce… Il ne sert à rien de cacher ta passion pour moi c'est réciproque… Aimons-nous dans la célébrité que je vais conférer à notre couple ! "

Irys soupira comme elle n'avait encore jamais soupiré. Il était mignon, oui. Adorable, oui. Naïf, ô combien oui. Mais il n'éveillait chez elle rien qui ressemblât de près ou de loin à de la passion… Elle en avait même un peu pitié. Mais elle se dit que malgré toute la hargne qu'elle ressentait en ce moment à son égard, elle ne le haïssait pas. Il était presque digne de considération ! Et puis –une idée loin d'être saine se forma alors dans son esprit- elle pourrait néanmoins trouver une utilité, quelle qu'elle soit, à une éventuelle relation entre eux deux…

Cette utilité était-elle catholique? Irys ne le savait pas exactement encore. Mais elle sentait au plus profond de ses tripes qu'elle aurait bientôt la réponse.

" Berk, des tripes " songea-t-elle.

Irys Oroïd avait ce don. À chaque fois qu'une situation l'ennuyait, elle avait son monde dans sa tête. Sans tomber dans une folie profonde, elle arrivait à se créer une sorte de bulle. Et c'est ce qu'elle venait de faire. La référence aux tripes était une dérivation de sa pensée, une façon de s'échapper quelque secondes de la situation.

Elle inspira profondément puis, se transformant en perfide petite manipulatrice, changea de tactique.

" Oh, Harry… Je ne me l'étais jamais avoué à moi-même mais… " Ce dernier rayonnait, littéralement. Elle continua, d'une voix de petite fille timide.

" C'est vrai.. j'ai… moi aussi un petit… euh… faible pour toi… " Il tapa des mains, un sourire fendu jusqu'aux oreilles. Irys, toute cruelle qu'elle était, souriait intérieurement. " Le profit, mes amis, ce n'est pas l'honnêteté " se dit-elle. Et puis, ça n'avait pas l'air trop mal, la vie de couple.

Le reste de la classe resta terriblement confus. Ce changement était si rapide et si peu subtil ! Mais cela ne dérangeait pas Harry, qui volait tranquillement sur son petit nuage. Il parlait déjà de ses projets d'avenir avec sa nouvelle bien-aimée.

Drago arrêta de rire immédiatement après que Irys eut pris son air de petite Serdaigle réservée. Idem pour les deux autres Impures. La seule différence, c'est que Gypsy et Axelle avaient compris ce qu'Irys avait par la tête, contrairement à Drago.

La classe entière avait les yeux braqués sur Irys.

Même McGonagall avait cessé d'essayer d'arrêter la chaos ambiant pour regarder la suite. Elle avait la bouche grande ouverte devant la scène irréaliste qui se produisait sous ses yeux. Lorsqu'elle s'en aperçut, elle s'empressa de refermer sa cavité buccale avait qu'un élève ne fasse une plaisanterie, mais tous étaient bien trop captivés par Potter qui jubilait et Oroïd qui lui faisait des yeux doux.

Le reste du cours se déroula sans encombre –ou presque. Irys et Harry ressortirent de la classe bras dessus, bras dessous, devisant de la pluie et du beau temps, laissant derrière eux un Ron, une Hermione, un Drago et deux Impures complètement sidérés. Ron, à la demande (prière ? ordre ?) d'Hermione, s'était timidement approché d'Axelle pour lui proposer son bras, en bon garçon poli et romantique. Presque hystérique, Axelle s'était accrochée à lui, ne voulant apparemment pas le lâcher, et ils avaient suivi le premier couple, gambadant presque.

" Double mariage " en conclut Gypsy d'un haussement d'épaules contrit. Une expression étrange, née de l'union de la surprise, de l'amusement extrême et de l'ahurissement, ornait son visage. Hermione, elle, semblait un peu plus sereine quoique plus triste. (Son plus terrible secret était découvert et son Weasley à elle dérobé !) Et Drago affichait une mine perplexe, se demandant visiblement qui suivre, où aller, que faire... bref, il se demandait, point.

Il allait mourir. Un fait étrange et difficile à accepter, mais quand même devenu limpide dans son esprit au fil des heures d'intense réflexion qui avaient suivi.

Que Potter drague Irys, il le comprenait aussi. Le balafré draguait tout ce qui bougeait à moins de cinq kilomètres à la ronde, alors…

Mais qu'Irys Oroïd se laisse faire, et même consente à se laisser draguer par ce… ce… cette chose cicatrisée, c'était totalement incompréhensible pour lui! Et il songea dès lors que ça devait être absolument inconcevable pour l'esprit humain, si lui ne comprenait pas.

En plus d'Axelle Red qui se réjouissait de posséder un Weasley, comme s'il s'agissait du dernier jouet à la mode qu'elle aurait reçu pour Noël. Trop étrange. Il n'avait jamais imaginer Red de cette façon.

Et il y avait Granger. Son histoire avec le plus jeune garçon du troupeau des mâles Weasley était connue de tous. Tout les deux trop timide pour s'avouer leur flammes, les fille de Poufsouffle s'intéressait à leur histoire autant que s'il s'était agit d'un feuilleton télé Moldu. Même quelques Serdaigle un peu plus écervelées que d'autres s'y laissait prendre! Quant au Gryffondor, il n'attendaient que la mise en couple de ces deux-là!

" Bande de bouseux " songea amèrement Drago.

Mais, toute cela ne réglait pas son problème. Que faire, à présent?

Suivre l'Impure qui restait, tiens. Il lui restait un semblant d'humanité, quand même : il n'allait pas la laisser se morfondre (et s'afficher) avec Granger… Il pressa donc le pas pour la rejoindre après avoir lancé un regard noir incroyablement dédaigneux à la Gryffondor. Elle baissa les yeux, soumise, le laissant passer devant elle. Pauvre petite chose, non ? Elle s'était fait enlever son amour secret pour le voir se faire " remettre " à Axelle. Mais c'était son problème, après tout les siens étaient bien pires… Et il n'était pas d'un rang à avoir pitié de cette première de classe lécheuse de bottes professorales.

Il rattrapa donc Gypsy, qui ne parut pas surprise de le voir arriver à ses côtés, comme s'ils avaient fait ça toute leur vie, s'attendre à la sortie des cours. Il ne savait pas quoi dire pour justifier sa présence, alors demanda simplement…

" Pourquoi? "

Gypsy, qui semblait habituellement posséder le savoir universel, le regarda avec deux points d'interrogation à la place des yeux.

" Pourquoi quoi? "

Réplique classique, mais efficace.

" Weasley et Red… Potter et Oroïd…? "

" Oh… Tu as beaucoup de choses à apprendre, mon chou. La preuve qu'une carcasse hypra sexy ne suffit pas toujours, dans la vie. "

Le silence s'installa de nouveau. Drago, qui appréciait d'ordinaire le silence, n'arrivait pas à apprécier ses bienfaits aujourd'hui. Il se sentit obligé de sortir une vanne. Ce qui ne fit que lui démontrer qu'il n'était, au fond, qu'un jeune sorcier normal.

" Tu sais pourquoi les profs de cette école nous appellent par nos noms de famille? " dit-il sur le ton de la plaisanterie.

Gypsy le regarda comme si elle le voyait pour la première fois. Elle prit cependant un air intéressé.

" Non, pourquoi ? " demanda-t-elle en jouant le jeu.

" Parce que les profs n'ont jamais pu distinguer un Weasley d'un autre. "

Stupide. Totalement, absolument, complètement, entièrement, fondamentalement et pleinement idiot. Une vanne que tout le monde connaissait depuis leur première année.

Gypsy se contenta de ricaner.

" Ils ont toujours été nombreux dans cette famille de dingues ? " demanda-t-elle.

" Ouais. À croire que les parents n'ont jamais su s'arrêter. "

" C'est probablement pour ça qu'Axelle souhaite posséder la fratrie entière… Complètement nymphomane et je ne le savais même pas ! " continua-t-elle d'un air fataliste.

" Un à chaque jour et elle se repose le dimanche, c'est ça ? "

" Quelque chose comme ça, je dirais. "

" Un côté d'elle que tout le monde ignorait… ! "

" Et pas juste un peu… " souffla Gypsy, dépitée. " Et Irys qui a eu la vivacité (mais quelle idée, vraiment !) de les placer ensemble ! J'y aurais jamais crû… "

Drago approuva d'un vague mouvement de tête. Puis…

" Kaosu ? Tu voudrais bien me dire pourquoi nous parlons comme de vieux amis depuis ce matin …? Et que je te suis, là, comme ça : tout naturellement ? " Il continua son questionnaire.

" Et que, surtout, tu me laisses faire ? "

" À ton avis? "

Alors, il se lança :

" Je vais mourir, hein? Lors d'un des duels ?"

Un espoir subsistait en lui malgré tout. Oui, il avait accepté sa mort, mais il gardait une espérance enfouie au fond de lui-même : il ne voulait pas crever ! C'est que le jeune Malefoy y tenait, mine de rien, à sa vie! Comment pouvait-il en être autrement, d'ailleurs! Il avait dix-sept ans, une popularité certaine, un avenir tracé et réussi d'avance, des tas de filles à ses pieds, une beauté naturelle d'une rareté exceptionnelle, une richesse démesurée, une prédestination pour la magie noire, un Maître des Ténèbres à suivre les yeux fermés… Bref, rien ne lui manquait. Bon, il y avait ce minuscule truc au niveau familial, mais on pouvait facilement passer outre les humeurs de son père. Alors, oui, il voulait savoir s'il allait mourir, et si ce n'était pas le cas, pourquoi les Impures le traitaient comme un égal !

" Malefoy… " dit-elle en souriant singulièrement. " Tu crois vraiment que tu vas mourir ? En fait… en fait, je ne sais pas exactement ce que vont faire les autres mais… " Elle ne termina pas sa phrase, le fixant sans gêne aucune, le dévorant des yeux depuis un bon moment déjà, un léger air béat flottant sur ses traits moqueurs.

" Mais ? " insista-t-il, un rictus adorable étirant ses lèvres. (Gypsy, craquant d'avance pour ses airs supérieurs, fondit littéralement.)

" Premièrement, les cellules sombres d'Azkaban ne me tentent pas vraiment, si tu vois ce que je veux dire… " Il approuva silencieusement, les yeux brillant d'un argent étincelant, l'air mutin.

" Et secundo… le temps serait bien long ici sans toi pour admirer, non ? " demanda-t-elle sournoisement, avec une moue amusée et un sourire goguenard.

Dire qu'il jubilait était à cet instant un gigantesque, un monumental euphémisme. Il n'allait pas mourir! Il n'allait pas mourir!

" Je ne vais pas mourir! Je ne vais pas mourir! " se réjouit-il intérieurement.

Bon, la répétition dans ses pensées était assez évidente, mais il adorait ces simples mots! Une immense sensation de libération s'était emparée de lui et ne le quittait plus. Comme si on avait enlevé un énorme poids de ses épaules. Dieu que ça faisait du bien. Il soupira de soulagement et ferma les yeux.

S'il n'avait pas été Malefoy, il aurait sauté de joie, ou gambadé. Mais il l'était ce qui voulait dire qu'il devait rester froid, indifférent. (Ce qu'il aurait réussi en d'autres circonstances, mais ce n'était pas le cas.) Alors, sur son superbe visage blafard fleurit un immense sourire, tellement franc, tellement sincère, que Gypsy s'empourpra en le voyant.

" C'est fou comme il me fait de l'effet! " pensa Gypsy.

" Merde… j'ai pas réellement pensé ÇA?!? "

Bordel de toutes les merdes du monde. Elle l'avait d'abord détesté, parce qu'il l'avait maltraitée durant les premières années. Puis, elle s'était construite une réputation qui imposait respect et crainte. C'est là que les rôles avaient changé. Après plusieurs années à s'ignorer royalement, ils s'étaient bousculés dans un couloir. Quoi de plus cliché? Rien, probablement.

Et là, après ce chahut dans le corridor menant au cours de potions, une guerre ouverte fut déclarée.

Malefoy et ses deux primates contre les trois Impures de Serpentard.

Et ça ne s'était arrêté que lorsque Malefoy avait subi le sortilège Doloris dans leur salle commune.

Maintenant, tout avait changé.

Les rôles n'avaient pas été inversés, non… Mais un changement était survenu. Et les deux y pensaient tout en se rendant ils ne savaient où (se contentant de suivre les deux couples hétéroclites en avant), marchant côte à côte le plus naturellement du monde, attirant sur eux les regards curieux. (Les regards curieux et perplexes fusaient de partout, en fait ils ne passaient pas inaperçu : les Impures n'étaient pas ensemble et, de plus, se tenaient avec les dernières personnes qu'ils auraient imaginé voir ensemble…)

Ce phénomène vraiment singulier n'arrivait effectivement pas tout les jours. Jamais, en fait. Voir les Impures ne pas marcher côtes à côtes était une chose déjà assez rarissime sans qu'elles traînent respectivement Potter, Weasley et Malefoy à leurs bras ! En plus de Granger qui suivait comme un chien égaré en arrière. C'était beaucoup trop extravagant et digne d'alimenter les potins ! C'était totalement… Impuresque ! Que dire de plus… Les élèves de ce collège pour le moins particulier ne savaient que penser de leurs camarades les plus populaires. Étaient-ils sous l'effet d'un envoûtement quelconque ? Avaient-ils reçu quelque chose sur la tête ? Ou alors étaient-ils simplement cinglés ? La majorité des élèves optèrent pour la troisième solution. Allez savoir pourquoi…

Chacune arborait sur son visage un air satisfait, triomphant. Elles avançaient dignement, comme si rien au monde ne les aurait empêchées de le faire… ce qui, ironiquement, n'était pas le cas. Elles arrivèrent à la porte menant dans la Grande salle et, au moment même où Irys tendait la main pour saisir la poignée dorée, elle fut ouverte en grand –et à la volée- par une grande et imposante silhouette à l'air furieux. Gypsy crut entendre Drago, à sa gauche, déglutir d'anticipation…

Un homme se tenait dans l'encadrement de l'imposante porte. Axelle aperçut quelques étudiants en arrière de lui, tous plus ou moins nerveux. En tout cas, tout le monde s'était levé, mais avaient gardé ses distances, s'écartant tous sur le chemin de cet homme.

Elle remarqua aussi la ressemblance bien plus que frappante entre lui et Drago.

Les yeux d'un gris bleu glacial et les cheveux d'un blond platine, voilà les deux traits physiques que l'on remarquait tout de suite chez l'inconnu.

Gypsy s'attarda néanmoins sur sa tenue. Une robe de sorcier noire et simple, mais possédant un col qui donnait un petit quelque chose de distingué à celui qui la portait. Et même si elle doutait que l'homme ai eu besoin de ce col pour avoir l'air plus distingué, elle trouvait que cela lui conférait une aura particulière et inoubliable. Le vêtement tombait parfaitement sur le corps de l'individu et épousait chacune de ses courbes avec finesse. C'était du sur mesures, rien de moins!

Irys, quant à elle, remarqué son air hautain. Elle comprit, comme Gypsy avant elle, qu'il possédait une aura bien particulière. Un très habile mélange entre une fierté sans borne et une confiance extrême en ses propre capacités. Un air royal et hautain. Hautain? Non, ce mot était loin d'être à la hauteur pour qualifier l'air de cet homme. On aurait dit qu'il avait inventé le sens du mot hautain!

Il balaya la pièce dans laquelle il venait d'entrer du regard, ignorant somptueusement et radicalement tous les êtres humains s'y trouvant. Cependant, ses yeux glacés s'attardèrent un instant sur un être qui, pour retenir ainsi l'attention d'un tel dieu, devait être béni de l'un d'entre eux. Un air indescriptible s'afficha alors sur ses traits aristocratiques et superbes. Cela était proche du mépris, mais frôlait indéfinissable ment l'attendrissement… Il ne fallait pas être sorcier (mais tel était néanmoins le cas !) pour comprendre que cet homme, cette perfection de froideur et de beauté, était le père de Drago, Lucius Malefoy.

À suivre…