Chapitre 6
Tout s'était calmé. Dumbledore avait placé les mots "nigaud, gras-double, bizarre et pinçon" dans une phrase complètement farfelue, entrecoupée de rires frénétiques de la part du vieux barbu lui-même. Et il avait quitté l'endroit sous les même regards hébétés que lorsqu'il était arrivé. Dumby ne s'en cachait pas, il assumait clairement son statut de sénile tout juste bon pour la cellule capitonnée. Lucius Malefoy, quant à lui, était parvenu à s'éclipser et on l'avait vu filer en douce avec Rogue dans les cachots. Probablement des vieux souvenirs de collégiens à se raconter. Ou des choses plus sérieuses à magouiller. Qui sait ? La relation entre Lucius et Severus n'avait jamais été claire, même au temps de leurs études communes.
Les élèves, ne trouvant plus rien d'intéressant à la scène, s'étaient dispersés lentement, et le train-train habituel avait repris son cours normal.
Il ne restait sur les lieux que les Impures, Malefoy, Potter et Weasley. Gypsy était toujours à terre. Elle tenta de se relever mais échoua si lamentablement que même Granger avait pitié d'elle.
" Bordel de merde ! Saloperie de...! " s'exclama-t-elle, sans détour ni grande délicatesse. " Y'a pas quelqu'un qui veut m'aider, ou quelque chose qui y ressemble !? " Elle se recroquevilla sur elle-même, les bras autour des genoux, un air aussi foudroyant de fureur que de souffrance plaqué sur le visage. Elle avait le souffle légèrement rauque, sifflant. Sa rage était un mélange de frustration (elle n'avait même pas pu donner la réplique à ce salaud !) et de profonde humiliation. Gypsy leva les yeux vers les autres, laissant vagabonder son regard sur chaque personne présente s'il y avait une expression pouvant tuer, c'était bien celle-là ! Mais aucun n'avait l'air décidé à se bouger pour lui tendre la main et l'aider à se relever ou à n'importe quoi d'autre. Elle répéta sa dernière phrase, écumant encore plus de ressentiment.
" Alors… ? " réitéra-t-elle, les yeux plissés de colère.
Axelle regarda Drago. Elle s'attendait à ce qu'il réagisse, en bon prince charmant. Seulement, les deux bras ballants, il semblait trop perdu dans ses pensées pour se préoccuper de garder son air de Malefoy et aussi pour réagir d'une quelconque façon. Il avait donc la bouche entrouverte, les yeux fixés sur Gypsy, même s'il ne semblait pas la voir, apathique. Les cheveux ébouriffés, avec certaines mèches blondes et sublimes qui s'étaient détachés du ruban noir. Dans toutes ses désorganisations, Drago avait été généreux au niveau gestuel, et le col de sa robe de sorcier s'était ouvert, et avait glissé légèrement de l'une de ses épaules. Sa respiration était régulière, bien que rapide.
De son côté, Gypsy fulminait. Elle savait bien qu'elle ne pouvait restée écrasée là, c'était… bah, inadmissible, quoi ! Elle mit un genou par terre et se donna un élan pour se remettre d'aplomb, sur ses pieds, et tenter de garder son équilibre. Étonnement, cette manœuvre réussit, et elle jeta un regard noir et acide à ses deux amies. Quant à Potter, Weasley et Granger, elle les ignora. Elle se dirigea d'un pas mal assuré mais relativement stable vers Malefoy, qui, amorphe ou presque, n'avait toujours pas eu de réaction. Elle esquissa un sourire crispé puis, décidant que ce n'était pas nécessaire, l'effaça subitement. Ce qu'il ne remarqua pas, évidemment. Puis elle lui assena la gifle du siècle, l'arrachant du même coup à ses sombres (ou lumineuses, qui sait ?) pensées.
Il émit un cri de surprise atrocement aigu. Le genre de cri que l'on préfère habituellement pousser lorsqu'on est pas en public... Ou plutôt, qu'on préfère ne pas pousser du tout.
Gypsy, malgré sa colère contre le monde entier, ne put s'empêcher d'oublier sa rage une fraction de seconde. Une pointe de sarcasme traversa ses yeux, et une expression ironique prit, l'espace d'un instant, la place de la fureur.
Drago Malefoy, dont la réputation avait pris un grand coup ces derniers jours, ne faisait décidément rien pour améliorer son cas. Les étudiants qui passaient dans le Hall s'arrêtèrent, étonnés, par le bruit incongru sorti de la bouche du Prince-des-Ténèbres-blondinet-et-adulé-de-tous.
Axelle pouffa sans retenue, alors qu'Irys se contenta de regarder fixement Drago, en mordillant sa lèvre inférieure.
Puis Drago, revenant subitement de sa surprise, ouvrit de grands yeux étonnés d'une superbe couleur argentée, toute froideur en ayant disparu :
" Mais qu'est-ce qui te prends… ? "
" Il me prend, Malefoy, que je suis de très, très mauvaise humeur ! " Son visage se tordit un instant de souffrance lorsqu'elle gesticula pour mieux exprimer ce qu'elle disait. Elle continua néanmoins, aussi désorganisée qu'elle pouvait l'être :
" Ton père est un incroyable salaud ! "
" Oh, comme t'as pu le voir, c'est pas nouveau… Mon père a toujours été un parfait salopard, si tu vois ce que je veux dire… "
" Je le vois, qu'est-ce que tu penses ! " s'exclama-t-elle avec force.
Tandis qu'ils conversaient " paisiblement ", une jolie marque violacée fit son apparition sur la joue droite de Drago, colorant sa peau de nacre et faisant un vif contraste avec le reste de son épiderme parfait. Ce qui, évidemment, n'amoindrit pas le moins du monde sa beauté céleste et suprême, ne faisant que… la faire varier, ou un truc du genre.
Irys soupira puis se tourna vers Axelle, l'air malicieux.
Axelle regardait la scène avec une totale compréhension des choses. Malefoy était clairement en train de tomber sous les charmes de Gypsy, qui allait probablement le faire souffrir un peu, au plus grand plaisir de tous. Ou alors elle l'aimait en retour ? Axelle sourit et hocha légèrement la tête à cette pensée.
Au fond, elle ne savait pas, mais elle trouvait drôle d'imaginer et de psychanalyser cette situation qu'une semaine plus tôt, il aurait été inconcevable d'envisager…
Mais le cas Irys restait un mystère. Avait-elle le moindre sentiment pour Blondinet ? Ou alors était-ce simplement une passade ? Axelle n'en savait foutrement rien. Mais elle était sûre que la rage jalouse jusque là contenue d'Irys envers Gyspy allait bientôt être évacuée dans une scène qui, avec de la chance, surpasserait en intensité celle de l'entrée de Lucius.
Puis Axelle se retourna vers son Weasley et, prise d'un élan de soudaine passion, l'embrassa sans même de préoccuper de son avis. (Nul doute qu'une chanson de Moulin Rouge lui trottait dans la tête à ce même instant…) La teinte qu'il prit à ce moment n'était pas loin de la couleur de la lave en fusion, entre le rouge sang et le vermillon. Il tenta évidemment de se dégager, mais c'était vain son " attaquante " n'avait pas l'air prête à le lâcher. (Ô pulsions adolescentes et inattendues !) Weasley roula des yeux sous le regard extrêmement amusé de son copain le Survivant, qui tenait toujours la main d'Irys, se foutant du reste du monde, à part celle-ci, bien sûr. Cette dernière, ayant recommencé à mordiller sa lèvre inférieure, se souvint alors de l'heure avec une pointe d'angoisse.
" Cours de Défense contre les Forces du Mal dans deux minutes " énonça-t-elle simplement.
Gypsy et Malefoy avaient arrêté leurs habituelles prises de becs pour regarder, chacun un sourcil arqué, Axelle se donner ainsi en spectacle. Ils comprenaient plus ou moins ce qui poussait Red à se conduire ainsi.
Weasley, manifestement incapable de s'échapper, ferma les yeux et tenta de ne rien faire qui pourrait entraîner l'Impure dans une autre pulsion de ce genre.
Granger, qui était, pour on ne sait quelle raison, toujours présente, avait les larmes aux yeux. Réalisait-elle enfin à quel point son stupide rouquin était important pour elle ? Que de lenteur d'esprit, tout de même, pour une Miss-je-sais-tout comme elle !
Potter, quant à lui, dévorait avidement Irys des yeux, se demandant sans doute quand son tour viendrait, pour le baiser passionné.
Irys, elle, ne supportait plus la main de Potter dans la sienne. Elle allait bientôt péter un câble s'il ne la lâchait pas. Oh, elle aurait pu le repousser, mais elle gardait son objectif en tête : l'humilier. Seulement, elle avait oublié ce détail à la vue de son amie qui devait avoir bien du souffle pour ne pas reprendre sa respiration durant ce baiser enflammé.
Elle secoua la tête et prit l'initiative, prenant vaillamment la direction de la classe de DCFM, l'air résigné et vaguement abattu. Puis, elle se souvint avec un plaisir certain que son duel était ce soir et son visage s'illumina alors d'un sourire enthousiasmé. Irys n'avait pas encore songé à ce qu'elle ferait subir à Malefoy. De plus, elle aurait suffisamment de raisons de le faire souffrir et de l'humilier comme jamais il ne l'avait été la vengeance, notamment. Elle prit une grande respiration, ragaillardie, et pressa le pas. Elle jeta un rapide coup d'œil derrière elle et constata que les autres la suivait aussi.
Dans cette palpitante marche à travers les couloirs de l'école pour se rendre au cours, chacun fit comme si de rien n'était. Les quatre Serpentard ne semblaient pas trouver étrange de marcher aux côtés de trois Gryffondor sans qu'il n'y ait de frictions. Malefoy se trimballait à coté des Impures, et personne ne s'en souciait. Red venait d'embrasser Weasley à pleine bouche, et personne n'avait encore fait de commentaire là-dessus. La quatrième dimension était-elle arrivée ? Nul ne savait.
Trois couples, donc, se baladaient allégrement dans les vastes couloirs de l'école, jetant ici et là des regards noirs à ceux qui osaient faire le moindre petit commentaire sur leur allure aux abords plutôt étranges n'était-ce pas un début de paix entre les maisons Gryffondor et Serpentard ? C'était exceptionnel ! Tout compte fait, cette situation cocasse et inattendue pourrait alimenter les rumeurs des élèves potiniers pour de nombreux jours, voire des mois, si cela durait… C'était donc logiquement une bonne nouvelle pour ceux-là, et un tout nouveau fléau qui s'amorçait pour les professeurs, à leur plus grand malheur.
En effet, jusqu'ici, les professeurs s'étaient bornés à tenter vaguement de dissoudre les très légers différends entre les deux maisons. Maintenant, ils devraient sans doute être sur le qui-vive en tout temps, puisqu'il ne suffirait plus de clamer la tension, il faudrait carrément affronter l'alliance entière des deux plus redoutables maisons. Les Serpentard avaient l'intelligence, les astuces, le don pour les stratégies. Et les Gryffondor avaient le courage d'exécuter les ordres des Serpentard, et pas l'esprit de les réfuter.
Donc, s'il y avait une alliance entre eux, c'était la catastrophe assurée pour tous les autres. Les seuls demeurant légèrement à l'abri étaient les autres élèves des deux maisons respectives, et encore… ! C'est qu'ils étaient capables de tout, ceux-là ! Mélangez sans scrupule Drago Malefoy, Harry Potter, Ron Weasley, Irys Oroïd, Axelle Red et Gypsy Kaosu et vous êtes certains d'obtenir facilement quelque chose de vaguement (soyons francs : carrément) dangereux. Hermione Granger, elle, ne comptait pas réellement sa présence ne pouvait qu'atténuer le tout, ou du moins elle pouvait modérer relativement Potter et Weasley, les raisonner. Et le pire, dans tout ça, c'est que cette étrange alchimie s'était effectuée naturellement, sans que les choses ne soient forcées ! Cela forçait à l'admiration. Les six jeunes sorciers entrèrent donc dans la classe, à l'unisson, semblables à une équipe particulièrement redoutable.
Lors de leur entrée remarquée dans cette classe, il n'y avait nul professeur à l'horizon. Les Impures se souvinrent de la rumeur. Un nouveau professeur. Le dernier n'avait même pas résisté toute une année ! Un " épuisement professionnel ", qu'ils avaient dit. Mais c'est tout ce que le vieux fou (comprendre : Dumbledore) avait bien voulu leur révéler. Étrangement, lors de cette annonce qui eut lieu dans la grande salle, le regard directorial s'était légèrement attardé sur les Impures. Et elles, bien évidemment, n'avaient servi en retour que des sourires angéliquement mielleux.
Bref, personne ne se demandait à qui la faute en ce qui concerne ce soudain changement de professeur. Par contre les élèves avides de rumeurs se demandaient qui serait assez fou pour avoir l'idée d'occuper aussi tardivement ce poste maudit au sein du corps enseignant.
Et de cette information, même les potiniers les plus assidus n'avaient réussit à en avoir le moindre indice.
Toute la joyeuse petite clique s'installa au fond de la classe, ce qui était évidemment une position stratégique et plutôt bien choisie d'ici, ils pouvaient apercevoir tous les autres élèves et, logiquement, le professeur. Professeur qui, étrangement, tardait à venir. Un murmure étouffé monta de l'avant de la classe, engendré par Parvati Patil, la pire commère de toute l'école (à part peut-être Pansy Parkinson...) et se répercuta jusqu'aux derniers sièges où étaient affalés les Impures, Malefoy, Potter et Weasley.
" Tu crois qu'il viendra ? " demanda une voix.
" Mais on ne sait pas " en hasarda une autre. " …c'est peut-être même une fille ! "
Dean Thomas, le sourire aux lèvres, émit une hypothèse.
" Avec de la chance, elle sera même jolie ! " Ce commentaire fut accueilli avec enthousiasme de la part des garçons qui, fidèles au poste, surveillaient de près la lourde porte en chêne.
Puis une silhouette fit son apparition, celle d'un homme, apparemment.
" Tonton Sirius! " lança Potter, dégueulassement plein d'euphorie.
Il consentit même à lâcher la main d'Irys, qu'il tenait discrètement sous la table, pour aller serrer son bien aimé parrain dans ses bras en sautillant gaiement. La classe entière regarda Harry – donc, soit leur idole, soit leur ennemi – agir comme un gamin de cinq ans. De quoi vous briser une image et une réputation en un rien de temps.
Et, soudain, la lumière se fit dans la tête du Survivant. Il était en train de s'auto-ridiculiser devant tous ses camarades et devant sa nouvelle petite amie, une Impure de surcroît.
Il se détacha donc vivement de Sirius (qui avait, malgré la situation un tant soit peu gênante, toujours son regard rieur et ses yeux charmeurs, ainsi que ses cheveux long négligemment coiffés, tout ça en plus de sa robe de sorcier noire, très décontractée) et lui serra promptement la main avec force, comme si ce simple geste de virilité pouvait effacer la scène précédente.
Et Potter, humilié, retourna s'asseoir à sa place, les yeux rivés par terre.
Cela fit sourire Irys qui, comme elle se l'avait promis, mit son plan à exécution. Elle s'empara de la main d'Harry avec véhémence et la posa sur son cœur, les yeux brillant apparemment d'amour. Cela mit le feu aux joues du Survivant, et il détourna les yeux, gêné. C'était la toute première fois qu'elle faisait la démonstration de leur tout nouvel amour en public ! Sentant une bouffée d'orgueil le rasséréner et le poids des regards de toute la classe sur lui, y comprit de son parrain adoré revenu du Voile depuis quelques mois, il se pencha vers Irys, approchant dangereusement son visage du sien, et déposa ses lèvres sur la joue de celle-ci. Elle ouvrit de grands yeux étonnés, surprise par la tendresse de ce geste et plus troublée qu'elle ne l'aurait voulu.
Sirius ne savait plus trop par quoi commencer son cours, maintenant. Il avait été surpris de la requête de Dumbledore, pour que lui soit professeur. Ensuite, il avait été étonné de voir que, lors de tout ses cours avec les Gryffondor, ils étaient jumelés avec les Serpentard (pour cela, on lui avait expliqué qu'à cause du peu d'élèves en septième année, ils avaient été jumelés à une autre maison pour chaque cours). Et, plus que tout, il était surpris par la réaction d'Harry. Après sa " mort ", à son retour, Harry l'avait chaleureusement accueilli, mais c'était exceptionnel! Le Survivant avait 17 ans, et il se laissait encore aller à des réactions de mioche!
Tous les garçons, autant à Gryffondor qu'à Serpentard, étaient déçus. Sauf Harry, peut-être, mais simplement parce que c'était son parrain. Ils étaient déçus que leur professeur soit un mec et non, comme l'avait hasardé Dean, une jolie demoiselle (ou une beauté fatale, qui sait ?). Par contre, l'arrivée de Sirius avait fait se taire toutes les filles. Sans une seule, petite et minime exception. Toutes étaient bouche bée, carrément. C'était ça, leur nouveau professeur ? Ce dieu, cet éphèbe magnifique, sexy et nonchalant, aux manières gamines et aux longs cheveux noirs ? Insensé ! Comment pourraient-elles suivre le cours sans s'extasier sur sa beauté hors du commun ou se pâmer du timbre de sa voix ? Certaines affichaient déjà un sourire un peu béat, limite stupide. C'était le cas, notamment, des Impures. Elles ne cachaient même pas leur fascination et avaient momentanément ravalé leur sarcasme ! Elles étaient muettes, simplement, les yeux fixés sur l'homme en avant de la classe. Et cela ne faisait pas l'affaire, apparemment, de leurs " compagnons " respectifs. Chacun avait un air étrange, entre la jalousie et l'étonnement, et l'exprimait d'une manière différente pour chacun d'eux.
Sirius Black était mort. Mais pas enterré. Et c'est probablement ça, le fait qu'on ait pas vu son cadavre, qui l'avait sauvé. Après tout, si on avait pas retrouvé son corps, il n'était pas officiellement mort. Bref, le grand, le charmeur, l'enfantin et l'inspirant Sirius Black était de retour, avait été innocenté et était maintenant, au plus grand plaisir de tous les élèves, professeur. Ce qui signifie que tous, autant de chanceux soient-ils, auraient l'immense privilège d'admirer Sirius et ses différentes mimiques toutes plus craquantes les unes que les autres pendant au moins une heure entière, si ce n'était plus. Le rêve. Les jeunes filles se pâmaient déjà, les garçons prenaient dès lors exemple sur lui.
Sirius Black, fugitif d'Azkaban et revenu d'au-delà du voile puis expié de ses fautes imaginaires, prit donc la parole pour débuter le cours :
" Bonjour, jeunes gens. " Il souligna sa phrase d'un clin d'œil provocateur puis continua :
" Si certains ici ne me connaissent pas, je vais me présenter. Je suis Sirius Black. "
Quelques demoiselles s'évanouirent de bonheur dans la salle et glissèrent de leur banc de bois en faisant " poc ! " sur le sol. Il se dirigea élégamment vers elles et les releva d'un coup de main, au comble de la galanterie, tout en continuant à parler. Cela écœura profondément Drago, qui trouvait ces cours plus qu'inutiles tout en jalousant secrètement leur nouveau professeur.
" Aujourd'hui, nous apprendrons comment… " Une main levée dans l'assistance le fit se taire.
" Oui, Hermione ? "
" Siri… Euh, professeur Black, pour les cours, allez vous reprendre là ou le professeur Marius Grey en était? "
Axelle leva les yeux au ciel. Cette petite ne cesserait donc jamais de l'exaspérer? Elle avait une sorte de don pour poser les questions inutiles, ou quoi?
" Je vais commencer par voir le niveau, ensuite, j'aviserai. J'avoue ne pas avoir réellement préparé de plan de cours, et je vais sans doute me fier à mon sens de l'improvisation. "
Hermione, bien qu'amie de Sirius, parût horrifiée par la réponse qu'il venait de donner à sa question. Improviser? Inconcevable, lorsqu'il s'agissait des études !
" Donc, je disais… " reprit avec patience l'Animagus, avant d'être de nouveau coupé…
" Professeur, j'aimerais assez que vous nous appreniez comment vous avez tué toutes ces pers… "
" Je n'ai tué personne, monsieur Malefoy. ", le coupa-t-il. Mais ce dernier avait déjà réussi à semer le chaos dans la classe : la plupart des élèves ici étaient persuadés (et avec raison !) que Black avait été innocenté puisque, de toute manière il n'était pas coupable de ces crimes… Un murmure s'éleva parmi eux. L'assurance avec laquelle Drago avait prononcé ces paroles en déstabilisait plus d'un, et ils se demandaient désormais si oui ou non, Sirius était un tueur !
" Bande de naïfs superstitieux " pensa Irys avec raison, de la pitié inscrite sur le visage. Axelle prit alors un air blasé et intima le silence à ses camarades, qui étrangement obéirent et se turent. Sirius nota immédiatement ce fait, mentalement. C'est en contrôlant ceux qui contrôlaient la classe qu'il parviendrait le mieux à remettre de l'ordre, et donc savoir que cette gamine au fond de la classe était en quelque sorte le " boss " était plus qu'utile : c'était indispensable. Mais il ne savait pas, ô malheur !, que celle-ci n'était pas seule et qu'il aurait plus de fil à retordre que ce qu'il pensait…
D'ailleurs, il pensait les avoir déjà conquises. La " boss " et celles qui semblaient être ses deux amies les plus proches. Après tout, elles étaient presque en train de baver pour ses beaux yeux. Aussi bien celle qui paraissait la petite amie de son filleul, ou celle à coté de Malefoy. Où encore elle qu'il avait remarqué en premier, celle à coté de Ron.
En songeant à celles qui, il ne le savait pas encore, se faisaient nommer les Impures, il en oublia presque où il se trouvait, et ce qu'il devait faire en ce lieu. À savoir donner un cour de Défense contre les forces du mal.
Mais, pour l'instant, il avait l'air de tout, sauf de donner un quelconque cours.
Les yeux dans le vague, un air songeur, une moue boudeuse, un sourire en coin calculé pour être craquant, des cheveux décoiffés, une mèche rebelle barrant son œil droit, la robe de sorcier de travers, Sirius faisait carrément baver les Impures, qui ne le cachaient nullement.
" Professeur Black, vous savez que vous êtes… mh… disons, très mignon ? " déclara d'emblée Gypsy, tout sauf gênée et apparemment remise de son Doloris.
" J'en ai eu vent, en effet " lui répondit gentiment ce dernier, souriant de la manière la plus craquante qui soit. Gypsy continua donc à converser avec Black de sa beauté et de toutes sortes de trucs avec lui, comme s'ils se connaissaient depuis toujours…
" C'était comment, à Azkaban ? "
" Sombre et inquiétant, mais la cuisine qu'ils me servaient étaient délicieuse ! "
" Ah, vraiment ? Moi qui croyait que ce n'était que des régimes au pain sec et à l'eau ! "
" Mais bien sûr, mademoiselle Kaosu… Mais, vous voyez… La directrice étant une femme (certes abominable, mais tout de même du sexe féminin…), j'ai pu obtenir quelques faveurs de sa part, qui ont rendu mon séjour plus " viable ", en échange de mes… charmes… " Gypsy prit un air étonné de circonstance, puis eut la bonne idée de s'empourprer pour la cause " manipulons-le-professeur-Black-afin-de-l'avoir-de-notre-côté-et-de-pouvoir-s'en-servir-sans-vergogne-contre-les-autres-maisons ". Malefoy, à sa droite, vit rouge…
Comment ce prétentieux petit homme (qui le dépassait de presque une tête) osait se montrer… si… arrogant? Ça le dépassait. Un Malefoy dépassé et exaspéré par le comportement d'un Black, ça s'était vu souvent. Lucius l'avait été dans sa jeunesse par le comportement puéril et futile de Sirius Black, de la même manière que Drago l'était actuellement pour son arrogance et son… charme… Il n'avait pas le droit de faire cet effet aux Impures! C'était LUI le centre de leur attention! IL était leur blondinet exclusif!
Et voilà cet ex-Gryffondor qui se pointait, avec ses yeux de chiot rieur et son corps de joueur de Quidditch vedette. Et, pour couronner le tout, il était de la famille de Potter!
" Comme tout ceci a dû être horrible, professeur Black ! Je vous plains tellement ! " s'exclama Gypsy, faussement compatissante. Sirius lui fit un sourire entendu.
" Mais bien entendu, tout est plus facile maintenant ! En plus, vous êtes là… " susurra le grand brun aux yeux bleus à la jeune fille pas loin d'être émoustillée... La goutte qui fait déborder le vase, vous connaissez ? C'est ce qui arriva à Drago Malefoy à ce moment. Son humeur n'étant déjà pas au beau fixe, il… explosa. Littéralement.
" Mais bordel de merde, c'est dégueulasse ! Vous avez quoi ? Trente ans de différence d'âge ?! Ça se fait pas ! " s'écria-t-il, au bord de l'apoplexie, enragé et fulminant.
" Malefoy, t'es jaloux ? " demanda calmement Axelle, du ton de la hyène dans le Roi Lion.
Pour la deuxième fois de la journée, Drago sentait qu'il allait complètement se désorganiser publiquement. Mais qu'importait? Il faisait ça pour son Impure!
" Mon Impure… " pensa Drago avec surprise.
Mais bon, il n'avait pas le temps de s'attarder sur ses lapsus mentaux, il était en train de faire sa crise d'adolescence et de jalousie à un prof, merde!
Et pourquoi faisait-il ça? Parce qu'un vieux pervers avait osé draguer sa… sa quoi? Sa copine?
Et cette Axelle qui le regardait à la manière " je sais tout, t'as pas besoin de mentir "… Affolant ! Bon, il avait peut-être admis intérieurement ce qu'il redoutait depuis quelques jours, mais il ne fallait pas en faire un cas non plus ! Potter semblait serein avec son Impure, non ? Mais ce n'était pas le cas du dernier mâle Weasley de la portée, cependant…
" …si vous êtes triste, la nuit… "
" …je n'en dors presque plus… "
" …c'est si terrible, professeur !… "
" …et vous, mademoiselle… ? "
Drago, à demi-conscient, qui entendait par vagues ces bribes de conversation, n'en revenait pas. Il fallait agir. Cette conversation entre son Imp… Kaosu, pardon… et ce foutu clebs de Black dérapait gravement !
Il n'avait jamais entendu les mot " détournement de mineur " ou quoi?
En pleine classe, au beau milieu des élèves attablés, ce vieux pervers vicieux draguait sa cop… euh… son Impu… non... enfin, la fille à coté de lui!
Ciel, mais c'est que c'était stressant d'être jaloux!
Drago Malefoy n'était pas jaloux, jamais. Les autres l'étaient de lui, ils l'enviaient pour toute sortes de raisons telle sa beauté incomparable et sa fortune sans limite.
Mais là, ce pitoyable petit Black arrivait et, en levant à peine le petit doigt, il avait une emprise sans borne sur les gens! Et il n'avait même pas de sang Malefoy en lui! Incompréhensible…
Ce devait être un talent, sans doute. Un don de la nature, comme sa beauté, ou encore le charme incoercible qu'il exerçait sur les autres. Il avait été douze ans à Azkaban et trouvait encore le moyen de sourire… il devait être vraiment léger d'esprit pour avoir réussi à oublier ce cauchemar. Quoique… de la manière qu'il en parlait, ça n'avait pas l'air si terrible que ça, finalement. Mais pourquoi se poser toutes ces questions, mh ?
Malefoy soupira, une fois de plus (ça devenait une habitude ou quoi ?), et sa tête heurta la table en bois avec un joli petit bruit sec, somme toute pas très subtil.
Gypsy, vaguement surprise, lui posa une main sur l'épaule pour le réconforter, tout en continuant à bavarder gaiement avec Sirius. Drago, qui commençait à trouver le cours vachement long, décida de se mettre à l'action pour débuter, il commenta donc allégrement ce qu'il pensait de tout ce bazar, relevant à peine la tête, la joue gauche contre le bois d'acajou.
" Oh, pitié… "
Il imita, et ce plutôt bien, la voix de Gypsy. Il en rajoutait même sans gêne, pour que cette dite voix qu'il imitait soit pleinement caricaturée.
" Oh, professeur Black, comme vous êtes beau, comme vous êtes fort! Et votre sourire, mon dieu, vous êtes mieux que Lockhart! Vous savez, pour moi, l'âge n'a pas d'importance, si vous voyez ce que je veux dire… "
Durant son speech, Malefoy ne s'était pas rendu compte que la classe s'était retournée pour l'écouter. Enfin, pas toute, Black et Kaosu étaient encore plongés dans leur conversation trop pleine de sous-entendus. Réalisant le silence ambiant (puisque tout les élèves regardaient maintenant Malefoy en silence, et que lui même s'était tut, voyant l'attention qu'on lui portait), Sirius fut bien obligé de couper court à sa palpitante discussion avec son élève pour remarquer que tous regardait Blondinet.
" Y a-t-il un problème, Monsieur Malefoy ? "
Ce dernier bégaya quelque peu, puis, reprenant de sa contenance, il répondit, méprisant :
"Vraiment, j'estime que si vous voulez flirter… et j'imagine que c'est tout à fait légitime, je ne vous juge donc pas pour cela, bien sûr... vous pouvez. Mais, de grâce, faites cela ailleurs ! Il y a des endroits plus adéquats pour ce type de conversation qu'une… salle de classe ! " Puis, détournant, la tête, il reprit d'un ton dégagé, très neutre :
" De plus, j'éprouve une réelle impatience à ce que vous nous montriez à combattre le Mal et ses manifestations… j'en ai grand besoin, vous voyez. "
Cette remarque, stupéfiante d'hypocrisie, n'échappa nullement à Black, ni aux autres d'ailleurs. Potter se prit au jeu, lui aussi, faisant preuve d'un humour qu'on ne lui connaissait pas. Ce n'était pas pour nuire à son parrain, mais s'il voulait impressionner Irys, il fallait y mettre du sien !
" C'est vrai, Malefoy a raison : même moi, en tenant compte du fait que j'aie réussi à vaincre Voldemort au moins cinq fois d'affilée ces dernières années, j'ai besoin de me perfectionner dans l'Art-de-ne-pas-me-laisser-tuer-afin-de-rester-éternellement-le-Survivant-et-de-glorifier-la-légende-vivante-que-je-suis…! "
Irys n'allait plus tenir longtemps. Elle avait beau être passée maître dans l'art de l'humiliation (eh oui : Impure un jour, Impure toujours), elle ne pouvait plus le supporter. Lui et ses airs supérieurs, sa manie de vouloir l'impressionner à tout prix, son habitude atrocement agaçante de se pavaner dans l'école, sa cicatrice stupidement stupide et ses saloperies de cheveux, tout ça sans parler de ses yeux vert fluorescent… Mon dieu, elle allait devenir dingue.
Et voilà qu'il lui prenait une nouvelle passion : démontrer leur " amour " en public!
Elle allait craquer.
Craquer, justement, c'était le verbe. Il était trop craquant, et c'est cela qui la rendait folle. C'était invraisemblable qu'avec son air de petit prétentieux et ses techniques de séduction douteuses, il ait réussi à l'envoûter en si peu de temps. Cela frustrait Irys plus qu'il ne le fallait elle n'allait tout de même pas s'éprendre de ce balafré ? Et pourtant… !Ces cheveux en bataille, où il serait si facile de glisser ses doigts… ces yeux émeraude où il ferait bon se perdre… cette cicatrice si significative qui appelait irrésistiblement les caresses… Et voilà qu'elle devenait mièvre ! Elle voulait bien croire que tout le monde puisse se surprendre à être romantique, mais à ce point… Complètement pathétique. Voyons, ce n'était que Potter… ce petit con !
Ce fourbe et vil Potter avait totalement réduit sa cervelle en bouillie, ou quoi?!
Une honte… Irys venait de découvrir qu'il y avait pire qu'une humiliation publique. Il y avait la honte de soi-même! Dieu que c'était déplaisant. Vouloir garder à tout prix ses pensées secrètes, être paranoïaque à chaque regard perçant de ses proches… L'enfer.
Elle allait devoir cacher sa brûlante passion à ses deux z'Impures d'amies, elles ne pourraient pas comprendre son amour fou. Et puis, si c'était secret, c'était encore plus excitant!
Irys roula ses yeux vers le plafond dans un geste théâtralement exagéré. Elle se trouvait totalement ridicule.
Bien sûr que non, Irys Oroïd n'était pas amoureuse. La seule pensée de ce sentiment la dégoûtait violemment. Elle se faisait encore tout un cinéma! Elle n'était pas amoureuse de Potter! Quelle idée… n'est-ce pas?
Incertitude…
Pour l'instant, elle ferait semblant de l'aimer tout en sachant qu'elle l'aimait vraiment, de toute manière. Cela lui fit penser au roman Entretien avec un vampire, lorsque les vampires du livre jouent le rôle d'humains se faisant passer eux-même pour des vampires, au Théâtre… Seule avec Potter, elle pourrait enfin mettre de côté ses craintes et se révéler sous son vrai jour. Enfin. Mais pour l'instant, elle devait préserver son image impec d'Impure.
Mais que leur arrivait-il ? Les trois jeunes filles, que l'on croyait sans cœur et inaccessibles, s'entichant en moins de deux jours des trois garçons les plus " en vue " de Poudlard ! Cela ne manquait ni de piquant ni d'ironie. Et elle en riait sans retenue.
Mieux valait en rire qu'en pleurer, après tout. Et puis, qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'elles se soient laissées prendre au jeu " je-suis-une-ado-normale-qui-aime-d'une-façon-exagérée-dont-j'aurai-honte-plus-tard-quand-tout-sera-terminé-entre-nous " ?
Elles avaient le droit, elles aussi.
Potter, Malefoy et Weasley, tels étaient leurs choix.
Et quels choix!
Tout d'abord, le descendant de la plus grande et la plus maléfique famille de sorciers au sang pur que l'Angleterre n'ait jamais connue.
Ensuite, le prétentieux Potter-qui-a-survécu. Sans commentaire.
Et, pour terminer, Weasley. Le petit dernier de la plus pauvre des familles de tout le pays!
Quel beau tableau…
Drago, de l'autre côté, en était arrivé à peu près à la même conclusion qu'Irys. Il devait donc se débarrasser au plus vite de cet encombrant Sirius Black, qui compromettait largement les idées qu'il avait en tête... Il leva la main, timidement au début, puis se mit à appeler le professeur, qui bavardait encore avec son Impure.
" Professeur Black, je vous prierais de commencer votre cours. J'attend, vous voyez. Et en Malefoy que je suis, tout en haut de la hiérarchie sociale, plus riche que vous ne le serez jamais (quoique vous l'êtes déjà, en bon héritier de la famille Black), je pense mériter ce cours et les autres aussi, que vous nous en jugiez dignes ou pas " déclara-t-il tout de go.
Sirius détacha son regard de Gypsy. Oui, il connaissait son nom. Ainsi que plusieurs autres informations sur elle que son cerveau avait " involontairement " retenu. Pervers? Non, il ne l'était pas. Mais ces informations pouvaient toujours être utiles. Et puis, il voulait bien croire que son sourire était étonnamment charmeur, mais il était clair que Mademoiselle Kaosu ne faisait ce petit numéro que pour rendre le blondinet jaloux. Et cela fonctionnait à merveille, il fallait bien l'avouer!
Et Malefoy mordait à l'appât, comme un gentil toutou! Sirius n'aurait jamais cru voir ça de sa vie, un Malefoy montrant publiquement autre chose que l'habituel masque de froideur. Le petiot devait tenir ça de sa mère, Narcissa. Mmh, Sirius gardait un assez bon souvenir de Narcissa…
Bon, bref, la jalousie le rendrait dément, celui-là!
" Je ne vois aucun inconvénient à cela, Monsieur Malefoy. " répondit-il du tac au tac.
" Alors faites, je vous en prie… " fut la réponse pompeuse de Drago.
Et Sirius entama son cours, comme le lui avait si gentiment proposé le jeune Malefoy.
" Aujourd'hui, pour les… quarante minutes restantes… nous verrons le Munio Universus, qui est fort utile dans toutes sortes de situations. Quelqu'un en a déjà entendu parler ? "
Hermione leva sa main bien haut, juste sous le nez de Black. Il ne s'en formalisa pas et l'ignora.
" Ce sort très puissant est difficile à maîtriser. Il consiste principalement en un contre-sort, une sorte d'esquive très habile et complexe. Le Munio Universus est souvent considéré comme étant plutôt… une sorte de don. Ce n'est pas donné à tout le monde, vous comprendrez." Drago, plus loin, fit un commentaire de sa voix traînante.
" J'ai appris ce sort quand j'avais six ans, professeur. Je le maîtrisais déjà parfaitement. "
" Je suis heureux de l'entendre, monsieur Malefoy. Vous pourrez donc nous en faire la démonstration devant la classe, puisque vous vous considérez si… apte. Quelqu'un d'autre est volontaire pour lui jeter un sort d'attaque qu'il pourra contrer ? "
Irys leva la main, ce qui n'était pas son genre. Habituellement, elle assistait au cours, un peu dans son coin, probablement perdue dans sa tête. Elle ne levait pas la main, ne posait pas de questions… On aurait pu croire à de la timidité, mais c'était simplement qu'elle n'avait rien à dire, en cours. Alors pourquoi lever la main? À quoi bon faire sa Miss Granger et se disputer l'attention du prof avec cette dite Granger?
Mais là, elle acceptait de se donner en spectacle en allant droit vers l'humiliation publique que lui infligerait Drago, s'il détenait réellement le don de lancer un Munio Universus sans difficulté.
Elle s'avança vers l'estrade, sous les regards dubitatifs de ses camarades et de Malefoy. Seules les Impures savaient. Elle savaient qu'Irys testait Malefoy…
" Bon, pas de délire sadique, vous deux. " prévint Sirius. " Ce n'est pas un duel, mais bel et bien une démonstration. "
" Mais oui, professeur, j'en suis très consciente " répondit Irys d'une voix légère.
" Vous n'avez rien à craindre, vraiment. " reprit Drago. Et il avait raison. Leur duel étant dans la soirée, à quoi bon s'obstiner maintenant ? Ils se battraient bien suffisamment ce soir. Aucun besoin de précipiter les choses.
Ils se mirent donc en garde, position d'attaque et de défense, comme à l'escrime. Ils se saluèrent brièvement puis, concentrés, ne firent plus un geste. Puis, tout d'un coup, Irys se lança :
" Experlliarmus ! "
Drago, d'un geste souple, brandit sa baguette magique un peu au-dessus de la normale puis, ayant fermé les yeux un instant pour concentrer l'énergie au bout de son bras, chuchota la formule permettant de se protéger de ce sort.
Une sorte d'aura se forma autour de Drago. Une aura noire, qui semblait aspirer toute lumière. C'était surréel, même pour des sorciers. Cela paraissait simple pour Malefoy. Et, ainsi entouré de cet aura noire, on le voyait sous un jour nouveau. Il semblait encore plus attirant que d'habitude, ce qui n'est pas peu dire! Il avait les yeux clos et l'air concentré, mais serein, totalement en harmonie avec lui-même. L'Experlliamus d'Irys ne fit pas long feu. Il fut absorbé par l'aura noire, comme la lumière ambiante. C'était un phénomène très étrange et surtout indescriptible.
Il fallait bien l'avouer, ce petit avait un réel don pour ce sortilège.
Un murmure d'approbation parcourut la salle de cours, tandis que les élèves admiraient cette sorte de " trou noir " qui enveloppait Malefoy d'un amas de contre-lumière. C'était fascinant, et cela le remontait un peu dans l'estime de ceux qui l'avaient vu humilié. C'était sacrément réjouissant que Black ait eu l'idée de leur enseigner ce sortilège ! Il faudrait qu'il le remercie un de ces quatre. En tout cas, cette démonstration lui redonnait confiance, et c'était un réel plaisir pour lui de savourer de nouveau cette sorte de supériorité qui le caractérisait si bien autrefois… c'est-à-dire il y a quelques jours. Il salua Irys d'un bref signe de tête puis rompit élégamment, se retournant ensuite pour marcher d'un pas digne vers son bureau , où il prit place la tête enfin haute. Une expression indéchiffrable était affichée sur le visage de Gypsy, qui l'avait observé du début à la fin.
Il était encore plus sexy que d'habitude. Le menton haut, l'échine bien droite, son air supérieur enfin de retour…Dieu qu'il était… Wouah… Il n'y avait que cela pour le décrire, wouah…
Il n'avait pas eu l'air de faire d'effort, pas eu l'air d'éprouver une quelconque difficulté. Ça le rendait si… merveilleusement captivant à regarder. Et pas seulement pour Gypsy. Pour toute la classe. Les filles se désintéressaient un peu de Sirius et les garçon jalousaient et voulaient à tout prix faire mieux que Malefoy. En bref, la situation était redevenue normale.
Normale? Pas tout à fait. Car une certaine Gypsy Kaosu regardait Drago comme si elle ne l'avait jamais vu auparavant. Puis, elle détacha à contrecœur son regard du si sublime Malefoy pour observer la réaction des autres. Les filles étaient toute béates d'admiration devant Blondinet. Gypsy ressentit alors la soudaine envie de leur asséner à toutes un puissant Avada Kedavra.
Axelle, juste à côté de Gypsy, murmura à son oreille…
" Alors, jalouse? " accompagné de son habituel sourire en coin.
" Mais voyons, crabinette… je n'éprouve jamais de jalousie. C'est contre ma nature, tu le sais bien… " répondit celle-ci. Puis, baissant le ton : " Non, ce n'est pas de la jalousie… c'est de la possessivité. "
Gypsy eut droit à un regard spécial " je le savais depuis le début " de la part de son amie puis, rougissante, elle se retourna vers Sirius, qui avait l'air surtout perplexe.
" Comment… ? " marmonna-t-il de sa voix enjôleuse. Mais il n'obtint pas de réponse. Il était simplement soufflé par la justesse et la perfection du sort à difficulté élevée, même pour lui, que Malefoy venait de lancer avec facilité. Il était fils de Mangemort et cela paraissait… C'était troublant.
Irys, quant à elle, ne savait plus quoi penser. La présence obsédante du Survivant à ses côtés était loin de la laisser indifférente…
Le célèbre Survivant ou son mystérieux précieux? Telle était la question qui nourrissait les pensées d'Irys. Harry lui faisait plus d'effet que Drago. Mais Malefoy restait Malefoy, un point c'est tout!
Seulement elle voyait, elle savait depuis le début que Gypsy et Blondinet étaient… enfin, allaient être…
Et ça la dégoûtait…
Mais, d'un autre coté, il y avait Potter et ce nouveau sentiment qu'elle éprouvait…
Ah, Irys et l'art d'être toute mélangée, tome un…
Harry se retourna vers elle et lui décocha un regard tout à fait craquant, qui la fit rougir (malgré elle) jusqu'aux oreilles. Il le remarqua aussitôt et, un sourire espiègle aux lèvres, se pencha vers elle, à une proximité gênante, et lui murmura quelque chose à l'oreille. Personne d'autre qu'Irys n'entendit ce qu'il dit, mais cette dernière piqua un formidable fard et bafouilla quelques incohérences, hésitant entre être choquée par les propos de Potter ou carrément… charmée. Puis, envoyant balader ses inhibitions, elle l'enlaça tendrement, une expression de profonde béatitude sur son visage redevenu d'un teinte normale.
Sirius fut pris d'un mal de crâne. Cette classe était tout bonnement incontrôlable!
Il s'était attendu à toute sortes de conflits, toutes sortes de situations plus farfelues les unes que les autres, mais pas à ça…
Son filleul, un pur Gryffondor dans l'âme, flirtait plus qu'ouvertement avec une Serpentard. Cette dernière venait de se faire ridiculiser par Malefoy, le fils d'un Mangemort cruel et sadique, qui semblait fou amoureux de la jeune fille avec qui lui-même avait un peu flirté à peine quelques minutes plus tôt!
Quant à l'autre, celle des trois qui était restée plus passive, elle semblait avoir tout compris à la situation, alors que lui était totalement dépassé par les événements!
Et elle tenait la main de Ron! Un Weasley et une Serpentard, on aurait tout vu!
Quelle classe de dingues!
Il décida de les laisser faire, après tout, ils ne semblaient pas si mauvais que ça dans cette matière… Et puis, il fallait s'occuper des autres, aussi les élèves " ordinaires " qui suivaient innocemment leur cours de DCFM ! Neville, par exemple. Pendant tout le reste du cours, Sirius s'entêta donc à faire comprendre à cet imbécile (bien sûr, il y allait un peu fort avec ce mot… mais ce n'était que stricte vérité !) les bases de ce puissant sortilège. En vain, fort évidemment. Puis la cloche annonçant la fin des cours retentit et une foule d'élèves pressés de débarrasser le plancher déguerpirent allégrement vers leur prochain cours, exception faite, bien sûr, des principaux déclencheurs de chaos dans la classe, qui apparemment prenaient leur temps.
