Chapitre 7

Pourquoi se presser? Ils allaient en Histoire de la magie avec le vieux fantôme de Binns. C'était dons une mort lente et douloureuse qui les attendait assurément. Et mourir d'ennui ne leur tentait pas beaucoup… Mais bon, c'était obligatoire, alors…Mais depuis quand faisaient-ils ce qu'ils étaient obligés de faire, ceux-là? Et puis, il était temps d'initier Potter et Weasley à l'art de désobéir. Et pour ça, sécher ce cours allait être nécessaire.

De toute manière, ils ne manqueraient rien même en ayant assisté au cours, ils n'auraient pas écouté, en plus de perdre leur temps… Axelle, bras-dessus bras-dessous avec Ron, éclaira son visage d'un sourire et, d'un regard complice avec ses amies les z'Impures, convint de la chose. Elle se tourna vers Potter, qui tenait la main d'Irys le plus naturellement du monde, gardant son Weasley dans son champ de vision et déclara d'une voix solennelle :

" Bon, les mecs… Auiourd'hui, ce sera votre baptême du séchagede cours. "

Harry fit une telle tête qu'elle en pouffa, mais ce n'était rien en comparaison de l'expression qu'affichait Ron.

" Quoi !? " firent-ils à l'unisson. Drago, en retrait, souriait d'un air entendu.

" Vous avez bien entendu, mh ? J'imagine que malgré votre lenteur d'esprit manifeste, vous n'êtes pas sourds… " fit-il méchamment. Cette tirade piqua au vif non seulement les deux concernés, mais aussi leurs compagnes…

" Malefoy, arrête " répliqua Potter, déterminé.

Axelle leva les yeux au ciel. C'est fou comme un mec qui avait pu survivre aussi longuement malgré la mort qui planait sur ses épaules à longueur de temps pouvait être aussi nullard pour simplement trouver une réplique pour clouer le bec d'un adversaire! Elle secoua la tête de gauche à droite, d'un air faussement désespéré.

" Potter, tu aura aussi besoin d'une initiation aux répliques de la Mort qui Tue? " demanda Axelle, sarcastique.

" Je n'ai besoin de rien " répondit-il mollement.

" Ah ouais ? " demanda aussitôt Gypsy, sceptique. " Pas même de ta bien-aimée Irys ? "

Cela donna un peu à réfléchir au Survivant, qui s'autorisa un instant de réflexion (ce qui était peu courant dans la Maison Gryffondor…) avant de répondre la chose la plus… incroyablement romantique qu'Irys n'ait jamais entendue ! (D'une quétainerie absolue, cependant.)

" Ma bien-aimée n'est pas une chose, Gypsy, c'est ma perle, ma fleur, mon amour ! Je n'ai besoin de rien, justement, parce que je l'ai, elle… " Irys, malgré le ton fleur bleue et très mièvre de la déclaration, se sentit fondre. Harry Potter n'était pas un tombeur, loin de là il était loin des dieux vivants qui mettent à leurs pieds des dizaines de filles sans le moindre effort… Mais il était adorable, nul doute là-dessus. Adorable et tellement mignon !

Axelle regarda Potter comme si ce qu'il avait dit était la chose la plus ridicule du monde, ce qui n'était pas tout à fait faux. Elle soupira. Ce sale mioche avait encore tant à apprendre. Ce ne serait certainement pas demain la veille qu'il serait à la hauteur d'une Impure. Mais bon, ce n'était qu'un petit et pitoyable Gryffondor, il ne fallait pas trop lui en demander.

Weasley, lui, admirait son meilleur ami sans aucune dissimulation, comme d'habitude, finalement. Jamais il n'aurait pu être aussi franc publiquement avec son Impure. Son Impure? Il ne savait pas, il ne savait plus que penser!

Drago était concentré sur un pli de son uniforme légèrement froissé. Il tentait vainement de le remettre en place, se désintéressant visiblement de la situation. Après tout, pourquoi aurait-il été intéressé par une déclaration d'amour terriblement débile de Potter à Oroïd? Si cet idiot de balafré avait osé faire une proclamation à Gyspy, il en aurait été autrement, mais là, pourquoi s'en faire?

Bref, tout le monde se foutait de la gueule du ô-combien-romantique-survivant. Enfin, sauf Irys…

Elle craquait complètement. Ce devaient être les hormones. En fait, elle espérait que ce soit cela sinon, qu'en serait-il de son caractère cynique et impurien ? À l'eau toutes ces années de pratique ! Mais bon, peu importait elle avait trouvé l'amour. Enfin. Et elle s'en réjouissait. Harry Potter, à ses côtés, semblait se dire la même chose en la dévorant des yeux. Elle lui rendit son regard ardent et lui fit un clin d'œil dégoulinant de sincérité. Il en fut tout émoustillé…

" Je suis si heureux que tu sois là, avec moi, en ce moment ! Et que nous profitions ensemble de la vie ! " déclara-t-il amoureusement. Elle secoua énergiquement la tête, les yeux brillants. (Et ils continuèrent à se dire mutuellement combien ils s'aimaient tous les deux, que c'était pour la vie, qu'il auraient de nombreux enfants, qu'ils vivraient dans un grand château au fin fond d'une verte forêt… Ou encore qu'ils déambuleraient sauvagement dans la nature, libres et sans entraves, vivant d'amour et d'eau fraîche… Le début d'une idylle, vous dis-je.)

Gypsy leur jeta un regard un peu courroucé.

Pourquoi Drago ne lui faisait pas de déclarations enflammées comme celles-là, lui aussi?

Bon, il est vrai qu'elle l'aurait alors trouvé atrocement puéril et follement idiot. Et elle se serait sans nul doute fait un malin plaisir à l'humilier. Mais quand même! Il aurait pu essayer!

Mais, il est vrai qu'ils n'étaient pas officiellement ensemble.

Pourquoi, déjà?

Oh, oui… Le fait qu'ils étaient ennemis quasi-mortels depuis plus de six ans pouvait, en effet, être un facteur important dans cette histoire.

Et elle se voyait très mal en couple avec Malefoy.

De toute façon, c'était juste un flirt, hein?

Et puis merde! Peu importe ses anciennes convictions, peu importe la jalousie, peu importe le pathétisme, elle voulait de jolies manifestations d'amour, elle aussi!

Elle croisa les bras, releva la tête, respira un bon coup puis se tourna vers le blondinet. Il fixait intensément le plancher dallé, apparemment en grande conversation avec lui-même. La longue cape noire sur ses épaules touchait le sol et lui donnait une prestance surprenante c'était le genre d'accessoire obligatoire pour ceux qui veulent en mettre plein la vue de plus simplement possible. (Et cela réussissait, ma foi : il était splendide ainsi vêtu de noir !) Ses cheveux légèrement décoiffés tombaient élégamment sur son front… mais trêve de bavardage sur sa beauté déjà connue… passons à autre chose. L'héritier Malefoy avait l'air de vachement s'ennuyer, planté là, immobile et silencieux. C'était dommage de le voir ainsi perdre son temps… Gypsy décida de le provoquer un tantinet.

" Et toi, c'est pour quand, Malefoy ? "

Ce dernier sursauta à l'appel de son nom. La tête légèrement relevée, cherchant du regard qui l'avait extirpé à sa contemplation si fascinante du plancher. Son sourcil droit s'arqua lorsqu'il s'aperçut que tout les regards étaient tourné vers lui et que Gyspy, tout particulièrement, attendait manifestement une réponse de sa part.

" Oui ?" demanda-t-il, avec toute la contenance qu'on lui connaissait.

Gypsy semblait trop furieuse (comment pouvait-il ne pas l'écouter dans ce moment crucial?!?) pour parler. Axelle prit donc sur elle, et, un sourire ennuyé ornant son minois, elle prononça ces paroles d'un ton empli de lassitude.

" Ce n'est pas compliqué, Blondinet! Ta bien-aimée veut seulement un peu de romantisme de ta part! Elle veut des déclarations enflammées, des répliques à faire concurrence à celle de Roméo, des situations où tu lui prouvera que tu n'es qu'un petit chevalier servant de pacotille…"

Vu le fameux sourcil de Malefoy, qui s'arqua encore plus, il n'avait carrément rien compris, le pauvre!

Qu'est-ce qui se passait? Gypsy voulait qu'il fasse du Potter? Jamais! Tout simplement hors de question! Et puis, ils n'étaient même pas ensemble!

" Il n'est pas question, Kaosu, que je fasse comme Potter " répliqua-t-il avec du venin dans la voix.

" Quoi ? Tu avais compris ça comme ça ? " Gypsy éclata alors d'un rire franc, naturel.

" Ben quoi, de quelle autre manière j'aurais pu comprendre le sens de la phrase de Red, d'après toi ? "

" Il ne s'agit pas de la crabinette, Malefoy, mais de toi… "

" Oh, bien sûr, maintenant je devrais me plier à tous tes désirs ? "

" Mes désirs ? " Elle resta songeuse, puis continua :

" Oh, oui… je vois ce que tu veux dire. Mes désirs. Moui, c'est exactement ça. "

" Et tu crois que je vais t'obéir ? "

" Bien sûr "

" Ah ouais ? " demanda-t-il, de plus en plus énervé et, bizarrement, prêt à se soumettre.

" Si, je t'assure… " chuchota-t-elle sournoisement.

Elle avait une idée derrière la tête, c'était flagrant. Mais laquelle ?

Drago déglutit péniblement.

Elle avait une idée! Et, vu son regard inquisiteur et un tantinet malsain, ce n'était pas une idée totalement bonne pour lui. Voir totalement mauvaise, en fait.

Il était inquiet.

Mais c'était ridicule, après tout! Que pouvait-elle bien lui faire?

Le romantisme c'est bien joli, mais ce n'était pas son affaire. Lui, c'était la séduction à grande échelle non pas commerciale, mais redoutablement effective. Et là, le charme avait opéré. (Malgré lui ou pas ? Telle était la question !) Cette Gypsy Kaosu, sang-de-bourbe de première et sorcière méphistophélique, avait l'intention de s'enticher de lui. Il l'avait bien cherché, non ? Qui sème le vent récolte la tempête, c'est bien connu. Donc, Gypsy le voulait lui et avait bien l'intention de l'obtenir…

Normalement, si une fille ne lui plaisait pas, il l'envoyait promener de royale manière. Et elles partaient toutes en larmes, maudissant le ciel d'avoir fait tomber un tel ange parmi eux, pauvres mortelles éperdues, et faisaient soit les salopes, soit les amoureuses transies. C'était simple, radical et efficace la technique " tu me plais, tu me plais pas, reste ou dégage " marchait à tous les coups. Sauf cette fois-ci. C'était déstabilisant pour le jeune Malefoy, tout ça… C'est dur, l'adaptation. (Surtout pour un gosse de riche capricieux et séduisant…)

Bref, que faire?

Il était hors de question qu'il sorte des répliques toute faites et atrocement fleur bleue.

Mais elle avait une idée derrière la tête qui parviendrait sans doute à arriver à ses fins.

Pourquoi cette simple pensée faisait-elle une peur farouche à Malefoy?

Il soupira d'un air penaud. Il avait beau y avoir un remue-méninges monstre dans sa tête, il n'en laissait rien paraître, encore une fois. Alors, il affichait une moue boudeuse qui les faisaient toutes craquer. La tête légèrement penchée vers l'avant, quelques mèches de ses cheveux de blé barrant son front volontaire, sa lèvre inférieure délicatement avancée, le regard insistant : voilà la combinaison qui ferait, espérait-il, succomber Gypsy.

Mais, à son grand désarroi, cela ne l'impressionna pas. (Pourquoi tout marchait-il de travers, ces temps-ci ? À cause des Impures. Toujours, toujours, toujours.)

Elle tourna la tête légèrement de côté, lui offrit un regard de biais vraiment douteux et éclata de rire, une fois de plus, pour le mettre mal à l'aise encore davantage.

" Drago, tes mimiques sont adorables " réussit-elle à dire entre deux éclats de rire. Il en fut insulté, croyez-moi une mimique dite " séductrice " venant d'un Malefoy ne peut pas être qualifiée d'adorable. C'est indiscutablement impossible. Cela ne faisait pas partie du protocole aristocratique à lequel il avait été conditionné depuis sa plus tendre enfance ! De plus en plus décontenancé, il tenta l'impossible.

Il avait tout essayé, son regard meurtrier, son glacial, son indifférent… Tout ses sourires y étaient passés : le craquant, le narquois, le sarcastique, le faux-franc, le triste… Toute sa panoplie d'expressions faciales avaient été mises à exécution : la moue boudeuse, l'expression distante, songeuse, joyeuse, euphorique, perplexe…

Il s'était même réellement désorganisé devant elle!

Que faire de plus? Il avait tout essayé contre son charme dévastateur, il n'arrivait pas à reprendre la situation en main.

Elle le possédait, elle l'utilisait comme un vulgaire jouet. Et il le savait, sans pour autant pouvoir se défaire de cette emprise!

Alors, que faire maintenant?

Il n'allait quand même pas s'abaisser au niveau de Potter et de ses stupides bordel de déclarations à la con?!?

Mais non, il n'était (heureusement) pas encore rendu là. Il décida de faire comme elle l'aurait voulu : soumission.

" D'accord, Kaosu, j'abandonne. " Il eut droit à un regard étonnamment perplexe et à une réponse encore plus stupide :

" Hein ? " Cela ne ressemblait pas à la Gypsy de d'habitude. Décidément, il allait de surprises en surprises.

" J'ai dit que je me soumettais. J'abandonne tu as gagné. "

Elle paraissait fort déçue. Drago le perçut et décida de mettre ceci à son avantage il trouverait bien un moyen original d'y parvenir. Pour l'instant, il importait de se préoccuper de ce tout nouveau couple qu'ils formaient narquoisement. (Qui l'eut crû ?) En plus, cela ferait péter une syncope à son père : quoi de plus mortellement indigne qu'un Malefoy, héritier de surcroît, s'entichant d'une inutile sang-de-bourbe ? Et, comme il en voulait particulièrement à son père, tous les moyens étaient bons pour le faire suer.

Gypsy ne pouvait y croire. C'était une blague! Tout simplement impossible. Malefoy, son Malefoy se soumettant si facilement? Non, ce n'était plus du tout amusant, comme ça! Elle voulait un concurrent, un adversaire, pas une mauviette!

Les autres regardaient le scène sans trop savoir quoi penser.

Drago, bien que content d'avoir pris largement le dessus, s'efforçait de garder son air déterminé à la docilité. Il savait que Gypsy était incrédule, pour le moment, au sujet de son obéissance. Mais, elle mordait à l'hameçon malgré ses doutes.

" Allez, viens… " lui dit-il avec un accent quelque peu dominateur malgré sa récente résolution de soumission envers elle. (Mais, il faut le dire, perdre son instinct de Malefoy ne se fait pas uniquement en claquant des doigts !) Un sourire bref se dessina sur ses lèvres et elle obéit, sans doute machinalement.

Entre temps, Axelle avait réussi à obtenir un baiser volontaire de son Weasley.
Potter et Irys filaient le parfait amour. Ils étaient adorables. L'image parfaite (presque publicitaire !) du bonheur.

Gypsy s'approcha lentement de Malefoy, toutefois méfiante. Ce comportement, chez lui, était inhabituel. Il fallait se douter de quelque chose.

Mais elle joua le jeu, comme à son habitude. Elle trouverait bien des failles dans le petit stratagème de Drago et arriverait à pleinement les exploiter. Et puis, pendant qu'elle y était, elle pourrait bien en profiter un peu!

C'est donc ainsi que sortit le petit groupe de l'école pour aller traîner dans le parc, peut-être même dans la Forêt Interdite.

Croisant les derniers retardataires dans les couloirs presque déserts, Potter et Weasley se rendirent compte qu'ils allaient réellement sécher un cours avec des Serpentards.

Hermione serait folle de rage et ne leur adresserait sans doute plus jamais la parole.

Mais bon, ils avaient bien le droit de s'amuser un peu!

Irys lança l'idée de se promener en balai. (Drôle d'expression ! ) Toute la petite gang trouva la proposition excellente, et ils se disputèrent pendant quelques instants pour savoir qui monterait avec qui.

" Moi, naturellement, je monte avec mon amoureux " énonça Irys d'un air suffisant.

" Oui, mais c'est pas juste, ça, scarab ! " lança Axelle, indignée.

" Et pourquoi, dis-moi ? À ce que je sache, je sors avec Harry et il va de soi, naturellement, que je sois avec lui et pas un autre ! T'as qu'à monter avec Ron. "

" Mais tu ne comprend pas ! Mon Weasley ne sait pas conduire un balai ! Je vais me péter la gueule si je monte avec lui, qu'il soit ma possession ou pas ! " hurla Axelle, de plus en plus hystérique.

" T'as qu'à monter avec Malefoy, alors ! " éructa Irys, énervée au plus haut point.

" Tu crois vraiment que Gypsy me laisserait faire ? Tu délires complètement, toi ! "

Et cela continuait, continuait, continuait… À un moment donné, ils arrivèrent à l'endroit où étaient rangés les balais. Il fallait se décider.

Finalement, Axelle céda (ce qui n'était pas son habitude, vous en conviendrez). Elle prit place, déconfite, en arrière de Ron.

" Promenade? Haute voltige, ouais! " songea amèrement Axelle.

Weasley s'était amélioré en vol, mais était loin d'être Potter ou Malefoy. Il ne le serait jamais.

" Quantité, Axelle, pas qualité " se répéta-t-elle intérieurement. Et ça marchait. Ronald avait des frères, beaucoup de frères.

Axelle n'était pas une nymphomane, mais les rouquins étaient craquants et elle aimait profiter de sa jeune vie.

Les deux autres filles prirent place sur les autres balais, avec leur mec assigné juste devant, et ils s'élevèrent simultanément dans un tourbillon virevoltant de capes sifflant au vent.

Axelle se sentait… hésitante… et plutôt craintive. Bon, d'accord : complètement terrifiée. En plus, elle avait le vertige ! De plus, il lui semblait qu'ils allaient moins vite que les quatre autres… Et… que…

Le balai venait de lâcher. Ils tombaient !

Axelle, grâce à ses réflexes dignes d'un Jedi, avait rattrapé le balai avec ses mains. Weasley, avec ses réflexes dignes d'une tortue paralysée, était resté accroché à Axelle, probablement une impulsion soudaine (et inattendue) de son cerveau, il avait noué ses bras très fort autour de sa taille. Position inconfortable pour les deux. Le balai restait stable. Les autres n'étaient que des points a l'horizon.

Merde.

" Weasley, lâche-moi immédiatement " dit-elle d'une voix forte et calme.

Il tremblait et ne semblait pas apte à comprendre.

" Lâche-moi, Weasley " répéta-t-elle.

Oui, elle aimait bien son Weasley. Mais elle s'aimait encore plus. Mieux valait lui que elle.

Et puis, il avait cinq autre frères…

Mais il s'obstinait, le rouquin… Et le balai tombait, tombait…

Une centaine de mètres plus haut, dans le ciel bleu et cristallin.

" Dis, Drago, ils sont passés où Weasley et Axelle ? " demanda Gypsy à Malefoy, d'une voix assez forte pour couvrir le sifflement du vent. Il se retourna vers elle, le sourire aux lèvres. Gypsy dut se faire violence pour ne pas soupirer de bonheur mieux valait, après tout, ne pas tomber dans le mièvre. (Littéralement.) Mais peu importait, elle était agrippée à lui pour ne pas tomber et tout allait pour le mieux. Pour eux, en tout cas…

" Qui sait, avec de la chance, ils sont peut-être morts… " dit-il avec une pointe d'amusement. Il se prit un coup de coude dans les côtes ne me demandez pas de quelle manière ce fut possible, mais de toute évidence cela le calma.

" Sérieusement, Gypsy, j'en sais rien… Avec le talent de Weasley, ils sont probablement tombés ! " reprit-il d'un ton moins sarcastique.

Et, en effet, ils tombaient. Lentement. Le balai s'était mis à descendre tranquillement, au gré du vent.

Axelle était soulagée. Elle n'aurait pas à user de la Force pour jeter son Weasley par-dessus bord. Un de moins dans la fratrie aurait atténué le facteur " quantité " de la chose.

Et donc, ils descendaient, et descendaient.

Ron était toujours fermement cramponné à Axelle, pas très conscient de ce qui se passait.

Finalement, ils atterrirent, non sans avoir été sauvagement attaqués par divers branchages, en plein milieu de la Forêt Interdite.

Ron se prit une branche en pleine tronche et hurla de douleur c'était assez cinglant, comme contact. Axelle, aidée de la Force, se retrouva sur ses pieds, en parfait équilibre et très très classe. (Ron eut honte de son atterrissage, en fait… mais il avait de quoi.)

" Bon, Ron, l'expert de la Forêt Interdite ici… c'est toi " déclara-t-elle d'un ton sans appel.

" Oui, mais… non, mais je veux dire… que… " s'essaya-t-il.

" Non, Ron. Tu nous sors d'ici et vite. " lui ordonna-t-elle. (Ce qu'elle était autoritaire !)

" Pourquoi on prend pas le balai… ? " demanda-t-il d'une toute petite voix, pas tout à fait virile. Axelle le regarda d'un air hautain et lui montra le balai il était en sale état, il n'avait pas à dire. Weasley ne put retenir un gémissement de dépit.

" Alors, on a qu'à appeler au secours ! " On aurait dit, venant de lui et dit de cette manière, que c'était l'idée du siècle. Axelle secoua la tête, le trouvant à croquer mais rudement pathétique.

" Alors vas-y, Ron : gueule, juste pour voir ! Tu risques, cependant, d'attirer des trucs pas trop commodes… ! " Ce dernier blêmit.

" On fait quoi d'abord ? "

" À toi de voir, mon petit Weasley… C'est toi qui nous a mis dans ce pétrin. "

Weasley sembla se concentrer.

Dieu qu'il était bête. Sans ses copains, Ronald (Quel nom atroce! Ses parents en avaient décidément eu assez d'avoir des gosses et s'étaient vengés sur lui!) était réellement un incapable ! Un pur illettré, un incompétent, un impotent! Bref, une chance que son physique rachetait le coup.

Axelle soupira. Si elle devait se fier à lui pour trouver une solution, ils n'étaient pas sortis de l'auberge… ou de la forêt, plutôt.

Bref, Weasley était en train de se fouler le cerveau à trop penser.

Axelle soupira de nouveau, résignée, et se laissa tomber sur le sol feuillu.

" Mais qu'est-ce que tu fais !?! " lui demanda Ron d'un air stupide. La jeune fille repoussa une de ses mèches châtain clair sortie de sa sempiternelle couette derrière son oreille et le regarda longuement, admirant ses traits fins de rouquin rouquinement roux.

" Au cas où tu n'aurais pas remarqué, nous risquons de nous perdre encore plus que nous le sommes déjà si nous vagabondons dans la forêt. Je trouve donc plus sûr de s'écraser tranquillement et d'attendre que les autres viennent nous chercher " énonça-t-elle d'une traite sans même s'essouffler.

À plusieurs centaines de mètres au dessus d'eux.

" Tu crois qu'on devrait descendre pour voir où ils sont ? " demanda gentiment Irys à Potter.

" Évidemment ! Je ne laisse jamais une occasion de sauver des vies, tu le sais bien… " répondit Harry avec ferveur. Ses yeux étaient brillants et il avait les cheveux dans le visage. Irys le trouvait encore plus craquant comme ça… Elle soupira, décidément éperdue d'amour pour ce sauveur-du-monde-parce-que-c'est-son-destin-et-que-la-prophétie-de-Trelawney-l'a-déjà-dit-auparavant-sans-que-l'on-veuille-vraiment-le-savoir-mais-que-puisque-justement-c'est-le-destin-on-l'a-quand-même-appris-malgré-nous.

Harry comprit qu'il avait là une chance d'impressionner Irys.

Il alla donc en piqué tout droit vers le sol : il avait repéré une petite clairière, où les arbres étaient plus éloignés les uns des autres. Il pourrait donc se poser. Mais il ne se contenta pas de se poser...

Il fonça à très grande vitesse vers la terre ferme.

Et, à la toute dernière seconde, au tout dernier moment, il redressa son balai et fit ainsi, et ce en toute grâce, un atterrissage digne des Potter.

Irys était morte de trouille.

Il stabilisa le balai, et elle descendit en toute hâte.

Et là, il utilisa un sort d'amplification de la voix.

" ROOOOON, OÙ ES-TUUUU !?! " hurla-t-il de toutes ses forces. Irys fut soufflée par la puissance de ce cri. Elle se retrouva par terre, sur le sol humide et froid. Mais, elle était tout de même contente : quoi de mieux qu'un bois pour de l'intimité ? Alors, la Forêt Interdite, c'était la totale ! Et Ron ne répondait pas. Elle se mit à rêvasser. C'était parfait, cette escapade en pleine nature. De toute manière, elle se sentait l'âme d'une aventurière en ce moment. Libre et sauvage, elle pourrait, telle une réplique d'Indiana Jones en féminin, dompter et maîtriser tous les éléments et découvrir de nombreux mystères irrésolus jusqu'à date ! (Joyeux délire… !) Quelque chose interrompit sa rêverie fort agréable.

" ROOOOON, RÉPONDS-MOI !!! " Mais elle ne se fâcha pas tout était si parfait. Les oiseaux gazouillaient, et Harry aussi, en légèrement plus fort cependant…

Quelques centaines de mètres plus haut, au même moment…

" Nous avons perdu les autres " affirma Gypsy.

Drago avait les yeux fermés (ce qui n'était décidément pas rassurant quand on sait que c'est lui qui avait le contrôle du balai) et profitait pleinement du fait de voler pendant que ses gentils camarades de classe souffraient d'un ennui mortel en cours d'Histoire de la Magie.

Et voilà Gypsy qui interrompait son moment de paix et de tranquillité.

" Je sais " annonça-t-il calmement.

Il ouvrit les yeux. Et tourna légèrement la tête vers l'arrière, pour avoir un contact visuel avec Kaosu.

" On devrait pas aller les rejoindre ? " demanda la jeune fille en risquant un coup d'œil en bas.

" Non, laissons-les se démerder seuls après tout, c'est eux qui ont eu l'idée de venir voler… " dit-il distraitement. La brise était fraîche, mais pas froide c'était très agréable et paisible, le genre de température trop rare mais qui se fait apprécier encore davantage de cette manière. Le château, au loin, semblait nébuleux, ses multiples tours perdues dans les nuages.

" Tu es sûr… ? "

" Mais oui, Gypsy : le sauveur de l'humanité le plus professionnel du siècle est descendu pour aller voir. Alors, sérieusement, crois-tu que notre présence soit utile ? " répondit Drago, légèrement sardonique.

Drago était frustrant, à avoir raison comme ça de plus en plus souvent. Il reprenait le contrôle de la situation.

Mais il verrait bien, au duel de ce soir ! Irys allait le massacrer.

Et puis, il était cinglant, mais elle devait bien avouer qu'il n'avait pas tort. Le sauveur du monde et sa dulcinée étaient partis secourir le rouquin et sa conquête (ou plutôt Axelle et sa conquête). Alors, pourquoi s'en faire?

Elle pouvait se concentrer sur le plus important : elle était seule avec Malefoy…

" Dis, je veux pas être insistante, mais… " murmura-t-elle, les yeux baissés, légèrement rouge. (C'était le genre de situation vraiment irréelle, que l'on ne sait pas vraiment si elle est vraie ou pas tellement elle est incongrue, inattendue…) Drago se retourna vers elle, le sourire aux lèvres depuis qu'il avait envoyer balader son père, il avait mit de côté son si fidèle masque d'indifférence. C'était un changement plus qu'agréable, on ne pouvait que le remarquer : il semblait plus épanoui et sûr de lui (quoique il n'ait quand même jamais manqué de vanité, en fait !).

" Oui ? " demanda-t-il doucement, apaisé et revigoré par ce vol intempestif en plein milieu d'un cours (et donc logiquement " illégal ").

Drago espérait qu'elle ne voulait pas insister pour aller chercher les autres.

Il se sentait bien, là, avec elle, volant librement dans le firmament sur son tapis volant… euh, son balai.

Et il ne voulait pas affronter Irys ce soir, pas voir son père après la dernière scène publique en date, pas braver les regards des autres. Il n'éprouvait en aucun cas le désir de retourner à l'école, de reprendre son masque d'indifférence, de retrouver ses soucis de jeune sorcier héritier d'un empire trop puissant. Il n'était pas tenté par l'option de faire la guerre à Potter, de lécher les bottes de Rogue. Il n'avait pas envie de partir, pas envie que ce moment se termine. Il était blasé de cette vie là, et voulait simplement voler, avec Gypsy, pour très, très longtemps.

Le très célèbre (et honni) complexe d'infériorité de Gypsy fit surface à ce même moment.

" Drago… " hésita-t-elle, une lueur d'incertitude dans les yeux.

" Oui, qu'y a-t-il ? On est pas bien, là, maintenant ? "

" Mais oui, c'est sûr… mais… je me demandais…est-ce que je te dérange ? " dit la jeune fille, craignant évidemment le pire.

" Si tu me dérange ? " s'exclama Malefoy, surpris. Gypsy, habituellement, était tellement sûre d'elle que ce n'était absolument pas son genre de se rabaisser comme ça, de douter d'elle-même de cette manière. Mais il découvrait là une autre facette de sa personnalité : quand elle était trop bien, confortable ou heureuse, elle se mettait à douter : était-elle la seule à penser cela de la situation ou l'autre personne présente faisait-elle son hypocrite en disant que oui, tout était parfait, mais en mentant impunément ?

Drago restait ébahi par ce nouvel aspect de Gypsy qu'elle lui faisait découvrir. Kaosu manquait de confiance en elle-même? Impossible.

" Non " répondit calmement Drago.

Il semblait avoir pris le temps d'y penser, ce qu'il avançait paraissait moins spontané, moins dit rapidement, simplement pour la rassurer.

C'était vraiment étrange, qu'elle doute ainsi d'elle. Surtout dans un moment pareil ! (C'est vrai, quoi ! Ils étaient seuls, en train de voler à des centaines de mètres de hauteur, vivant un des moments les plus étrangement romantiques de leur existence, et elle se permettait de douter de lui ! Vraiment, s'il n'avait pas voulu d'elle près de lui comme ça, il y aurait des lustres déjà qu'il l'aurait balancée par-dessus bord afin qu'elle se tue dans sa chute ! Il n'était pas homme à se laisser donner des ordres (quoique Gypsy avait quand même réussi à prouver le contraire ces derniers temps… C'était peut-être même cela, qui sait, qui les avait ainsi rapprochés !))

Il se retourna, prompt à garder le contrôle du balai même sans les mains (il n'était pas attrapeur pour rien !) et l'étreignit.

Elle fut profondément émue par ce geste. Et, l'espace d'un minuscule instant, elle laissa tomber ses défenses. Toutes les barrières qu'elle avait si bravement érigées autour de son inaccessible personne s'effondraient soudainement.

Elle fondit et se sentit terriblement joyeuse, mais en même temps, excessivement mélancolique. Comme si le moment, n'étant même pas terminé, lui glissait déjà entre les doigts.

Drago, quant à lui, était simplement bien. Il se sentait à sa place. Pour la première fois, il avait cette impression d'être au bon endroit, précisément au bon moment, avec exactement la bonne personne.

Tout en bas, dans une sombre et inquiétante forêt…

" Ron, approche… " susurra une Axelle profondément en manque. Ledit Weasley douta une seconde que lui voulait cette folle, encore ? Ce n'était certainement pas catholique… Après tout, ils étaient seuls, dans une forêt sombre et …

" Je suis obligé ? " demanda-t-il au hasard. (Il n'avait rien à perdre…)

" Bien sûr que oui, mon Weaslénichou d'amour… " Il déglutit difficilement. Il allait se faire violer, c'était une certitude ! Quoi de plus honteux pour un mec que de se faire violer dans un bois par une fille ? Il n'osait même penser aux conséquences que cela impliquerait si c'était découvert et que cela se transformait en la " nouvelle extravagante du jour " de Poudlard… Il ferait tellement rire de lui ! Il n'aurait droit à aucune once de pitié de la part des autres !

Il était déjà en train de se faire dévêtir contre son gré par Axelle lorsqu'il entendit un bruit…

" Ron, Axelle, vous êtes là ? "

Ouf, c'était Harry et Irys ! Il était SAUVÉ !!

Harry arriva héroïquement en courant, les cheveux au vent, le foulard dans la figure, la tête haute et l'échine droite. Le parfait petit héros stéréotypé-tout-plein… Très américain, pour des péripéties se situant dans une forêt purement anglaise.

Bref, Potter se pointa, suivi d'Irys, interrompant par cette intrusion une scène touchante entre Red et son meilleur ami.

Ron se jeta dans les bras de son meilleur ami, éperdu d'admiration pour son arrivée homérique et pour l'avoir sauvé des affres pulsionnelles d'Axelle. C'était plus que douteux, et les deux Impures présentes échangèrent un regard en disant long sur ce qu'elles en pensaient. Irys prit Potter par le bras et l'attira dans les siens tandis qu'Axelle reprenait possession de son Weasley.

" Comment on fait pour sortir de là ? " demanda Ron, désespéré.

" Je n'en suis pas sûr " répondit Harry, songeur mais déterminé à trouver la solution.

" Mais Harry! N'oublie pas qui tu es! " affirma Ron avec énormément de conviction.

" Je suis son fils, et c'est moi le roi? " demanda Harry d'un ton ébahi, comme si une vérité universelle lui était tombée sur la tête. Mais, au fait, un vérité, ça tombe?

Bon, euh… Bref…

" Mais non, tu es le Survivant. Celui qui doit tous nous sauver et bla, bla, bla… " répondit Axelle, plus exaspérée que jamais.

Ce petit allait lui faire péter un câble. Il était lassant, et Axelle ne voyait vraiment pas ce que pouvait bien lui trouver Irys.

Si imbu de lui-même alors qu'il n'avait rien de particulier à montrer.

Oh, elle allait le tuer.

…Mais pas tout de suite.

" Et d'abord, puisque vous, vous êtes là, où sont Drago et Gypsy ? " demanda Axelle avec des points d'interrogation dans les yeux. (Ça lui allait bien, en plus… !)

" Sais pas, moi " répondit Potter nonchalamment

" Rahhh… Force-toi pour savoir, Potter ! " explosa Axelle (en mille morceaux).

" Ils sont restés en haut, je crois. " Il pointa le ciel avec son index de Survivant.

" Et comment on fait pour les contacter afin qu'ils descendent ? " demanda Irys, dans les bras de Potter.

" Aucune idée… "

Axelle applaudit lentement en regardant Potter droit dans les yeux. Dieu qu'il était stupide.

" Bravo, Potter! Tu es venu à notre secours alors qu'on en avait pas réellement besoin et ce, sans prévenir les autres! Comment on s'en sort, maintenant? "

" J'ai un balai, contrairement à vous ! " se défendit Harry en soutenant son regard.

" La faute à qui, tu crois? À ton super copain! " répliqua Axelle, sans vergogne.

Ron ne savait plus où se mettre.

" Mais quelqu'un peut aller chercher les autres sur mon balai. " dit Potter, comme pour prouver qu'il n'était pas à cours de ressources.

" Mais oui, évidemment ! " Axelle se donna une petite tape sur le front d'un air illuminé, puis lui lança un regard noir.

" Connard, Potter ! C'est qu'on est pas dans une roseraie, là, on est dans la Forêt Interdite ! "

Harry prit un air digne plutôt raté et écouta la suite.

" Si tu montes les chercher, je ne doute pas une seconde que tu les trouvera… Mais tu ne sauras pas nous retrouver parmi tous ces bordel d'arbres putrides ! " lui cracha-t-elle comme une furie.

" Mais j'ai bien réussi à vous trouver ! "

" Ouais, tu as réussi, mais on n'avait pas besoin de ton aide ! "

" Mais… "

" Pas de mais ! "

" Stop ! " intervint Irys, assez bruyamment.

" Tout cela ne sert à rien, il faut seulement trouver une solution " continua-t-elle patiemment.

Mais depuis quand Oroïd se prenait-elle pour la pacifiste du groupe ?

Depuis quand essayait-elle d'arrêter les conflits au lieu de les encourager ?

Axelle regarda sa meilleure amie d'Impure droit dans les yeux, d'un air profondément blasé.

" Il t'a changé, réellement. Trop. "

Seule Irys sembla comprendre les propos sous-entendus dans cette remarque.

Elle détourna les yeux, confuse. Son amie avait raison, comme la plupart du temps. Mais elle ne pouvait rien contre ça Potter contaminait ses proches avec sa bonté naturelle et sa bienveillance constante ! Un poison, vous dis-je.

" On pourrait marcher… " suggéra Ron qui, entre temps, avait réussi à se défaire de l'emprise d'Axelle et s'était éloigné de quelques pas.

" C'est encore la meilleure chose à faire " approuva le Survivant avec un sourire de conquérant en direction de sa douce.

" M'ouais " acquiesça plus ou moins cette dernière, sans plus d'énergie qu'il ne le fallait.

" Bande de dégénérés " cracha Axelle dans un accès de mauvaise humeur.

" Merci ! " lui répondit Irys, avec le même venin dans la voix, sarcastique et piquée au vif.

" Évidemment, scarab, tu n'étais pas visée par cette appellation… "

" Humf " maugréa-t-elle.

" Mais enfin, si le chapeau te va… " répliqua Axelle.

Elle n'aimait pas l'attitude de son amie. Cette nouvelle idée fixe, de prendre parti pour les Gryffondor. Oui, le rouquin était craquant, mais Potter était aux antipodes d'en valoir la peine!

Et puis, Axelle n'avait pas craqué pour Weasley. Elle voulait juste la satisfaction d'avoir été en possession de la fratrie toute entière, et le petit dernier n'était que son moyen d'infiltration dans la famille!

Et, même si Ron était plutôt mignon, elle n'allait pas se mettre à délaisser ses principes d'Impure pour ses beaux yeux!

Même si ses yeux d'un bleu azur et profond la faisaient fondre lorsqu'elle les fixaient…

Hum, bon, bref… Elle le voulait simplement pour ses frères!

C'était tout à fait légitime, après tout. Prise d'une soudaine pulsion (animale, vous l'aurez deviné), elle agrippa son Weasley par le collet et l'embrassa à pleine bouche. Il n'émit pas un son de protestation à croire que même un Gryffondor pouvait se sentir vaincu face à une Serpentard. (…et les Serpentards étant naturellement tout puissants, comme à leur habitude, cette absence de réaction était effectivement sans surprise…).

Harry et Irys, eux, étaient plus discrets. Plus romantiques. Plus… amoureux, quoi !

" Bon, alors là, trêve d'obstination " déclara Irys avec détermination (Dieu que Potter lui déteignait dessus !).

" Moui, on fait quoi ? "

" Je te laisse choisir, crabinette… "

" Avançons un peu, pour voir… "

Les quatre adolescents entreprirent donc de sortir de la forêt à la manière moldue, c'est-à-dire en marchant le plus bêtement possible. (Ils en avaient pour de heures… !)

Tout en haut, dans le ciel bleu et lumineux, là où tout est… bleu et lumineux, justement.

" Ça fait longtemps, il me semble, qu'on a pas eu de nouvelles des autres… "

" Mouais " dit simplement Drago, visiblement peu soucieux d'autre chose que de sa présente situation.

Mais elle était inquiète pour ses amies. Et c'était normal. S'il avait eu des personnes chères, là-dessous, il se serait probablement fait du tracas, lui aussi.

Il soupira.

" Tu veux qu'on survole les arbres, un peu plus bas, dans l'espoir très vague de les apercevoir? " demanda-t-il très calmement.

" Si tu le propose si aimablement " répliqua-t-elle.

D'un mouvement brusque, il dévia la trajectoire du balai et fonça en piqué vers le sol à une vitesse trop grande pour Gypsy qui, jusque là, avait brillamment réussi à ignorer son vertige mais qui ne le pourrait plus pendant bien longtemps s'il continuait à ce rythme…

" Wow, mais relaxe ! " s'écria-t-elle, surprise. Elle s'agrippa à lui de toutes ses forces elle ne tenait pas particulièrement à se péter la gueule tout en bas, ce qui est… légitime.

" Bordel de merde, je vais tomber ! "

Conciliant, Drago ralentit graduellement la descente, jusqu'à stabilisation complète du balai. L'engin maintenant en vol stationnaire, il se retourna vers elle et, le plus sérieusement du monde, lui dit :

" Tu as eu peur ? "

" Mais bien sûr que oui ! " répondit-elle vivement.

" Crois-moi, tu n'as rien vu encore… "

Et il reprit de la vitesse dans le but évident de lui causer la frousse de sa vie…

Seulement, il ne fit pas que prendre de la vitesse. Il fit connaître à Gypsy les enchaînements de mouvements les plus casse-cou, les plus téméraires et plus fous possibles...

Elle se cramponnait à lui comme si sa vie en dépendait, ce qui n'était pas totalement faux.

Une fausse manœuvre de la part de Malefoy, et ils se rompaient la nuque en bas, ce qui leur conféreraient une mort certainement douloureuse. Ou alors très rapide et sans souffrance. Mais une mort quand même!

À chaque changement de position trop brusque, Gypsy laissait échapper un cri de plus en plus aigu. Elle allait se péter les corde vocales, si elle continuait ainsi!

Mais c'était sa vengeance.

Et il en profitait sans vergogne. (De plus, il dut s'avouer à lui-même qu'il appréciait le fait que Gypsy soit accrochée à lui de cette manière… Il trouvait ce contact fusionnel. Fusionnel ? Drago se dit aussitôt qu'il fallait qu'il cesse de penser ainsi c'était trop romancé et inacceptable pour un Malefoy digne de ce nom, qui plus est.)

Il effectua plusieurs vrilles, des feintes de toutes sortes, des piqués et de brusques accélérations quand il se rendit compte que Gypsy avait cessé de crier.

Cessé de crier ?

Oups.

Mais le jeune attrapeur blond fut rassuré sur un point : il la sentait encore dans son dos.

Elle était recroquevillée (autant que puisse l'être une adolescente sur un balai de course en compagnie d'un téméraire héritier de sang pur…), le visage dissimulé à demi contre sa propre nuque, frissonnante de terreur et muette d'une frayeur sans nom.

Au bout de quelque temps à virevolter, il trouva une sorte de clairière, la même qu'avait repérer Potter il y a quelques minutes, et il s'y posa le plus naturellement du monde.

Gypsy descendit précipitamment du balai, de façon tout sauf gracieuse. Elle était étourdie et nauséeuse, alors que Malefoy était égal à lui-même! Injustice!

" Alors, qu'est-ce qu'on fait, maintenant? " demanda Drago, amusé par le teint verdâtre de sa compagne.

" Euh… je… voudrais plutôt… marcher " fit-elle, titubante. Puis elle ajouta :

" Je crois que je ne supporte pas le vol… "

Drago la regarda, compatissant, puis lui prit la main d'un air galant absolument craquant et dit :

" Ce n'est rien, voyons, tu vas t'y habituer. "

" Hum, je ne crois pas, non… J'ai déjà le vertige d'avance, alors…je crois que… "

" Ce n'est pas un manque de pratique, non… "

" Alors c'est quoi ? "

" Le grand frisson ! " s'exclama-t-il, rayonnant.

Gypsy lui jeta un regard terriblement perplexe.

Il venait de faire un sous-entendu terriblement fleur bleue, ou c'était elle qui divaguait ?

Quoi qu'il en soit, ils se mirent à marcher, toujours main dans la main, ce qui donnait à la scène une allure un peu étrange.

Ils déambulaient donc au gré du vent, dans la vaste forêt sans trop savoir dans quelle direction aller. Oh, ils auraient pu crier. Hurler les prénoms de leurs amis à pleins poumons aurait été la bonne solution. Mais bon, pourquoi gâcher l'instant en s'égosillant ?

Tout à coup, Gypsy remarqua que le soleil se couchait.

Déjà ?

Ils avaient donc loupé, en plus du cours d'Histoire de la Magie, un cours de Potions et un autre de Botanique ? Mais c'était impossible ! Et puis, les autres s'inquiéteraient ! (Non pas pour les quatre Serpentards absents mais plutôt pour leurs Gryffondors fétiches…)

" Drago… il se fait tard, je crois… "

" Oui, c'est un superbe crépuscule, tu as raison "

" Mais je n'ai rien dit à propos du… "

" Shhh, admire et profite de tout ça, à la place de t'inquiéter pour rien. Tes amis sont soit morts, soit sortis du bois et en sécurité, mais dans ces deux cas l'inquiétude n'est pas de mise. "

Effectivement, le coucher de l'astre solaire était magnifiquement éblouissant. Et elle le regardait avec Drago. C'était totalement cliché, romantique et écœurement… écœurant. Voir même totalement dégoûtant. Gypsy décida donc de reprendre la situation en main. La nuit tomberait bientôt, et si Drago était ici avec elle, il n'était pas en train de disputer un duel violent et sanglant avec Irys à l'école.

" Malefoy, reprends-toi! " dit-elle, haussant le ton et reprenant une attitude froide et distante.

Il la regarda, incompréhensif. Elle voulait du romantisme, elle voulait qu'il fasse du Potter? Il le faisait. Et elle trouvait le moyen de se plaindre?

Ah, les femmes, elles étaient d'un compliqué!

Dans la salle des profs, à Poudlard…

" Il leur est arrivé malheur ! "

" Vous-savez-qui est de retour, c'est certain ! "

" Sont-ils tombés dans un autre piège ? "

" Juste ciel, qu'allons-nous faire ! ? "

Les professeurs de l'école conversaient donc à propos des six disparus de la journée, paniquant à peine et tentant malgré tout de garder le peu de calme qu'il leur restait.

" Du calme, du calme… " dit Dumby avec une pointe d'angoisse dans la voix.

" Tout va bien peut-être n'avons pas encore eu de nouvelles d'eux, mais du moins, il est encore temps d'agir. Il n'est pas trop tard ! "

Les autres professeurs le regardèrent, une lueur d'inquiétude non dissimulée dans leurs regards, mais tout de même respectueusement. Ils n'étaient que moutons suivant aveuglément le grand berger à la barbe grise, après tout. Si ce dernier disait qu'il n'était pas trop tard, il ne l'était pas. Ils n'avaient même pas le droit de songer à en douter, eux, simple professeurs.

Bref, si le maître suprême l'avait dit, il en serait ainsi. Ce serait donc sous les ordres du Grand Manitou, le Gourou Souverain, (le Directeur, quoi!) qu'ils effectueraient des recherches dans Poudlard et ses alentours pour retrouver les élèves manquants à l'appel.

" Organisons-nous " déclara-t-il d'une voix autoritaire. Tous les visages se tournèrent vers lui, soumis et prêts à se tuer au combat à son nom s'il le fallait.

" J'approuve avec véhémence " fit McGonagall, les yeux ronds et tout à fait " têteuse ". Les autres adultes dans la salle soupçonnaient depuis quelques temps déjà Minerva et Albus de vivre ensemble une relation amoureuse, en secret, bien sûr. Évidemment, ils ne le disaient pas à voix haute, mais tous le pensaient… Et puis, les rumeurs entre professeurs, quoi de plus cocasse ?

Ils se séparèrent donc en équipes pour pouvoir couvrir plus de terrain en moins de temps et, joyeusement, ils sortirent de l'école par la grande porte d'un air sérieux et redoutablement solennel. Ils avaient l'air d'agents en robe noire dans la Matrice… Certains élèves nés de parents moldus le remarquèrent aussitôt lorsqu'ils passèrent dans la grande salle et s'esclaffèrent le moins bruyamment possible, expliquant la référence à leurs copains incultes.

Tous les professeurs s'étaient mobilisés, sans exception. Ils suivaient tous Dumby les yeux fermés, et avaient en plus très envie de retrouver les élèves manquants. Les Impures et Malefoy étaient détestables, mais ils mettaient de la vie dans leur pitoyable petite vie professorale. Weasley et Potter, eux, était des héros nationaux! Et puis, le Survivant devait être là pour le retour de Voldie, sinon, qui les sauverait tous?

Les préfets se chargeaient de la surveillance des élèves restés à l'école, tous réunis dans la Grande Salle pour cette période de crise. Après tout, si Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom était de retour, il ne fallait prendre aucun risque.

Bref, tous étaient en état d'alerte à cause de six adolescents un peu rebelles qui décident impunément de sécher un cours.

Pendant ce temps, dans une charmante petite forêt sombre et inquiétante, à la tombée du jour…

" Axelle, s'il te plait, lâche moi… " implora Weasley d'une toute petite voix.

" Jamais ! Je t'ai eu, je te garde, point ! " dit la jeune fille, légèrement hystérique.

" Vos gueules, les mômes " leur intima Irys avec une pointe de sarcasme méchant dans la voix. " Vous nous importunez… "

En effet, pendant toutes ces heures " innocemment " passées dans le bois, ils avaient dû, malheureusement, se trouver des passes-temps. Évidemment, tous les classiques y étaient passés, du pendu au tic tac toe, en passant par le jeu de vérité-conséquence, ou même les devinettes et les charades… Ils n'avaient, on s'en doute avec ce genre de jeux débiles, pas tardé à s'ennuyer à mort. Ils étaient perdus, et les deux imbéciles en haut, sur leur balai, n'avaient pas daigné venir les chercher peut-être étaient-ils occupés, ou morts, ou de retour dans l'école à faire leurs devoirs… ce qui, somme toute, était fort improbable. Puis, après les jeux de gamins naïfs, innocents et ingénus, étaient venus les passes-temps d'un tout autre genre. Weasley, à son grand dam, en était le parfait exemple… Mais passons, ce n'est pas la souffrance Gryffondoresque qui nous intéresse.

" Tu crois qu'on va crever ici, Riri ? " demanda Irys, adoucie et blottie dans les bras de son adorable petit lionceau brun à lunettes rondes tout à fait out.

Bref, ils attendaient visiblement en vain. Ils étaient perdus, au milieu d'une inquiétante forêt, sans moyen de communication avec l'extérieur.

Et ils étaient des sorciers.

Ce simple fait aurait dû leur assurer la trouvaille d'une solution miracle qui les aurait sortis de là vite fait bien fait. Un sort, une potion, une incantation. Quelque chose!

Mais non…

Les professeurs de cette damnée école avaient sans doute pensé qu'aucun sorcier digne de ce nom ne pouvait se retrouver dans une situation aussi ridiculement moldue. Se perdre dans une forêt, c'était typique des moldus…

Et même que Potter décida de faire peur aux filles. (Axelle et Irys, en l'occurrence.)

" La nuit, dans une forêt comme celle-ci, toutes sortes de créatures sortent pour dévorer… "

" Oh, tais-toi, Potter " dit calmement Axelle, lasse et pas du tout effrayée. " Je suis crevée. Je vais me coucher. "

Les trois autres personnes présentes affichèrent un air digne du plus stupide des idiots de village connus jusqu'à date… ce qui, en effet, n'était pas un compliment.

" Dormir ? Ici ? " murmura Ron, terrifié.

" Mais oui, où d'autre ?! " cracha-t-elle.

" Oui, mais techniquement, c'est en ce moment, le duel d'Irys et Malefoy ! " leur rappela Harry, peu enclin à rester là où ils étaient pour la nuit. " En plus, on est dans le bois ! " Dieu sait qu'il était courageux, et même téméraire, mais il était un peu trop poudré pour tenter de sommeiller à même le sol, dans une forêt obscure. Un tapis de feuilles humides et grouillantes de bestioles non-identifiées, ce n'était pas comparable à un fond de placard chaud et accueillant, après tout… Même le Survivant avait ses limites.

Mais que faire d'autre? La nuit avançait, la fatigue les gagnaient, ils n'avaient pas d'autre solution qu'attendre. Et aussi maudire Gypsy et Drago, qui traînaient on ne sait où, seuls, tout les deux… Peut-être sains et saufs au château, se prélassant devant un grand feu de foyer. Malefoy serait assoupi dans son fauteuil favori, tel un seigneur. Sa chemise blanche légèrement entrouverte, ses yeux clos, ses cheveux blonds totalement libres tomberaient gracieusement sur son visage angélique où un sourire enfantin viendrait s'esquisser.

Hum, hum…

Bref, les plus malchanceux de nos petits rebelles maudissaient les deux qui semblaient s'en être tirés avec plus d'aubaine.

Ron s'emporta le plus naïvement et crétinement qu'il était possible de le faire.

" Mais je veux pas je veux pas je veux pas je veux pas je veux pas je veux p… "

" STOP !!! " rugit Axelle, au bord de l'apoplexie. Il est vrai que cela lui tentait de moins en moins de dormir ici, puisqu'entre les arbres à la Tim Burton elle commençait à percevoir des sons… des bruits… des ombres… des trucs pas rassurants du tout, voyez. Et, n'étant pas une adorable Gryffie mais plutôt une détestable petite Serpentard, le courage n'était pas son fort, quoi qu'elle puisse en dire sur le sujet.

Que pouvaient-ils bien faire ?

Ailleurs, nul ne sait où.

" Drago, mon chou… "

" Oui ? " répondit amoureusement celui-ci, un sourire béat et légèrement suspect sur les lèvres.

" On devrait peut-être… "

" Oh, tu as raison ! " fit-il d'un ton énamouré et même… concupiscent, presque lascif. " Nous devrions nous y mettre tout de sui… "

Gypsy, outrée, le fit taire d'une gifle. Côté jointures, je tiens à préciser.

" Mais je ne parle pas de ça ! " s'écria-t-elle, tout à fait ébahie par les… euh'm… avances… plutôt athées du jeune blond au regard de moins en moins glacial.

" Alors de quoi tu parles, chérie ? " (Il devenait vraiment cliché avec ses surnoms américanisés…)

" Je parle des autres, voyons ! " dit-elle avec véhémence. " Ils sont encore dans le bois… "

" Raaah, je sais. Y a sûrement d'autres personnes à leur recherche, là, ne t'en fais pas et surtout, surtout, ne culpabilise pas. " lui dit-il d'une voix rassurante. (Et Dieu sait qu'un Malefoy peut l'être si cela est dans ses intérêts…)

Quelque part en bas…

Mais merde, quand est-ce qu'ils allaient sortir de cette putain de forêt? Ça devenait ennuyant, à la fin!

Ils devaient garder leur calme. Gypsy et Drago étaient soit encore dans es airs à les chercher, soit à l'école. Dans le dernier des cas, ils auraient sûrement averti un membre du corps enseignant. Alors, ils étaient sauvés!

Donc, surtout, pas de panique.

Axelle soupira. Le calme et l'art de rester zen était quelque chose que le dernier des mâles Weasley ferait bien d'apprendre illico presto, s'il ne voulait pas mourir jeune (soit d'une crise d'hyperventilation, soit parce que Red aurait perdu patience…)

Soulagés, ils s'écrasèrent donc par terre pour une énième fois et attendirent, simplement. En silence.

Silence qui parfois était brisé par les gargouillements intempestifs du ventre de Weasley, qui avait faim, comme d'habitude, et se digérait l'estomac, ou encore par un hurlement lugubre déchirant la nuit. Certes il faisait froid, certes ils étaient fatigués, certes ils avaient faim, mais bientôt ils seraient à l'abri…

…le temps passa…

…et passa encore…

…et repassa une autre fois en courant…

Maintenant, recroquevillés sur le tapis de feuilles de la Forêt Interdite, Harry Potter, Ronald Weasley, Irys Oroïd et Axelle Red dormaient profondément, malgré les circonstances plutôt déconcertantes et inquiétantes de leur présence ici et surtout, de l'endroit même où ils sommeillaient paisiblement.

(Voix en background, chuchotements et exclamations étouffées)

" Ils sont en vie ! " fit McGonnagall, ravie.

" Alléluia ! " rugit Hagrid, qui avait guidé, de bonne grâce, tout le corps enseignant dans la forêt.

" Je vais les massacrer " murmura alors une voix glaciale que tout le monde connaît et qui, malgré tout, avait les intonations typiques de l'inquiétude.

" Allons, allons " le rassura Dumbledore.

Il claqua des mains, réveillant en sursaut toute la petite clique perdue et désormais retrouvée.

Axelle et Irys ouvrirent les yeux en premier, conscientes que quelque chose se passait.

Potter, lui, ouvrit péniblement les yeux, l'air perdu.

Quant à Weasley, il lui fallut deux ou trois coups de pieds dans les côtes de la part de son ami pour le réveiller.

Bref, quand tout ce beau petit monde ne fut plus dans les bras de Morphée, le directeur s'approcha, l'air sévère.

" Harry, tu m'as désobéis délibérément. Et tu as mis tes petits camarades en danger. "

Le directeur semblait avoir totalement oublié toute discrétion sur son favoritisme. Il blâmait Harry, et s'inquiétait pour Harry. Les autres n'étaient pas Harry. Ils les puniraient donc, mais ils éviteraient le sermon.

" J'en ai assez!! " s'exclama soudain le Survivant-qui-pique-encore-sa-crise-d'acolescence avec fureur.

Irys se retint de rire. Elle feignit donc l'indifférence, mais ce qui se déroulait était vraiment trop drôle, presque autant que Malefoy avec son père plus tôt dans la journée elle devait donc en profiter.

" Vous n'êtes pas mon père, monsieur ! "

" Allons donc, Harry… Il est évident que je ne le sui… "

" Laissez-moi parler, alors ! "

Toutes les personnes présentes blêmirent, à l'exception de Dumbledore, qui lui gardait toujours son calme.

" Soit, Harry. Parle-nous, nous sommes là pour t'écouter. Nous sommes toujours là pour t'écouter, en fait, notre existence se résume à… "

Il fut brusquement coupé par Axelle qui, mine de rien, n'avait plus le goût aux disputes à une heure aussi tardive de la nuit et préférait retourner au château pour continuer aimablement cette querelle inter-génération et surtout, pour aller dormir.

" Monsieur le Directeur… " commença-t-elle, hésitante. " Nous devrions rentrer au château au lieu de… "

" Oui! " coupa Dumby, qui n'avait plus rien d'un vieux sénile (sauf en apparence). Une énergie nouvelle émanait de tout son être, probablement conférée par la colère noire qui l'envahissait peu à peu. Ce gamin, du haut de ses 17 ans, osait le confronter de manière si futile alors qu'il avait tant fait pour ce dit gamin?!

Il l'avait élevé, l'avait aidé, conseillé, avait été une famille, un confident, une porte ouverte à n'importe quelle heure et dans n'importe quelles circonstances. Et ce bordel de marmot se permettait encore de se plaindre et de lui faire des reproches?!

Dumbledore était réputé pour garder son calme en toute situation. Son sang-froid exceptionnel avait fait son mérite et sa réputation. Mais là, il n'en pouvait plus de ce foutu mioche!

C'était d'un total manque de respect !

Frustré, le plus grand sorcier de l'époque mit les poings sur ses hanches, dans une posture menaçante mais néanmoins comique Irys pouffa, Axelle haussa un sourcil et tout le monde attendit la suite.

…qui ne vint pas, à la grande surprise de tous.

Hagrid, comparativement à d'autres fois, semblait plutôt raisonnable et, au grand bonheur de Potter, il quémanda l'attention de Dumbledore afin qu'ils retournent illico au château. Après tout, une nouvelle créature se baladait librement dans sa maison depuis quelques heures (le temps qu'il réussisse à la capturer), et il ne voulait pas lui laisser le temps de faire trop de dégâts ou pire encore, de se blesser. C'était pour le prochain cours de SACM, après tout. Diablement important, selon lui. Plus, en tout cas, que le premier savon que se préparait Dumby à passer au Survivant… Tout est relatif, vous dis-je.

C'est donc de cette manière qu'il sauva la mise aux fugueurs et qu'il permit à leur duel de la soirée d'avoir lieu. Et tout cela sans la moindre bonne intention, et inconsciemment de surcroît. Merci, Hagrid. On commençait à ne plus y croire, à ce satané duel…