Chapitre 8

Hagrid, un fin connaisseur de la forêt, conduisit tout le monde jusqu'au château. L'ambiance du trajet étaient assez tendue, encore une fois à cause de Potter et de sa stupide petite crise d'adolescent égocentrique.

Arrivée dans le Hall de la prestigieuse école de Poudlard, le directeur se tourna vers ceux qui le suivaient, tels les moutons qu'ils étaient (donc, six élèves et toute une myriade de professeurs).

D'un ton las et fatigué, il leur adressa ces quelques mots…

" Je remercie ardemment tous les enseignants pour leurs nombreux déplacements engendrés par ces six étudiants qui seront sévèrement punis… demain matin. Il se fait tard et je crois que chacun ici mérite une bonne nuit de sommeil. "

Tout le monde se dispersa en silence.

" Sauf toi, Harry. Je voudrais te parler… " ajouta Dumbledore d'un ton paternel.

Axelle, malgré la fatigue, offrit au Survivant son sourire le plus moqueur.

Gypsy et Malefoy s'étaient nonchalamment appuyés contre le mur, des airs de je-m'en-foutisme plaqués sur leurs visages.

Seul Irys et Weasley semblaient un tant soit peu concernés par la situation. Mais bon, ils ne pouvaient rien faire pour le moment, sauf lancer un dernier regard compatissant à leur ami et/ou petit-ami et aller se coucher, laissant Potter se démerder tout seul.

Mais… c'était pour la forme, bien sûr.

Dans le sens, si vous voyez ce que je veux dire, qu'ils n'iraient pas se coucher, évidemment. Il était certes tard, mais une entente reste une entente, et le duel Malefoy/Oroïd, en plus d'en être une, était très attendu de la part de tout le monde.

Axelle se pencha vers ses " copains " et mumura :

" Dans la Salle Commune des Serpentards, dans dix minutes. "

C'était davantage un ordre que quoi que ce soit d'autre.

…Ils obéirent donc.

Ron fit mine de partir mais, à sa non-surprise, sa " dulcinée " le retint.

" Toi, tu restes, chéri. "

Irys, toute excitée, n'avait qu'une idée en tête : massacrer Malefoy.

Mais Drago étant ce qu'il était, il ne se laisserait pas faire.

Dans la joie et l'harmonie générale, ils prirent donc la direction de la Salle Commune.

Irys était un peu nerveuse. Elle était surtout en surcharge d'énergie, mais la nervosité gagnait quand même du terrain. Elle allait affronter un Malefoy, fils d'un Mangemort (tout aussi Malefoy) sanguinaire.

Mais elle était une Impure, et ces détails ne l'inquiétaient pas outre mesure. Seulement, après la dérouillée qu'elle s'était prise en cours de DCFM le matin même, elle avait un léger doute. Et puis, Drago avait fait ses preuves avec le Munio Universus. Il avait un don, rien de moins.

Potter, qui se prit une " raclée " de la part de son protecteur, j'ai nommé Albus Dumbledore le Grand, les rejoignit miraculeusement à l'heure dite ; il avait réussi à se pousser de son dortoir auquel il était avait reclus pour le reste de la semaine grâce à sa cape d'invisibilité, béni soit son père et ce charmant héritage… bref.

Il entra dans la Salle Commune des Serpentards, nul ne sait comment, mais toujours est-il que le duel allait commencer : une estrade avait été montée, une foule s'était amassée au pied de celle-ci et ce, sans la moindre permission professorale. Ce duel aurait normalement eu lieu dans la Grande Salle, mais les derniers évènements avaient… euh'm, disons… bloqué certaines possibilités qui eurent été alléchantes s'ils n'avaient pas malencontreusement séché leurs cours… Hermione, bien sûr, ne faillerait pas à sa tâche le lendemain : faire la morale à ses copains et finalement leur pardonner (surtout par amour pour Weasley) ce petit égarement.

À son arrivée, Harry remarqua Lucius Malefoy. Ce dernier était à l'écart de tous, confortablement assis dans un fauteuil en cuir aux teintes verdâtres ; il semblait satisfait. Peut-être que lui et Drago avaient-ils eu une " discussion " du même type qu'il venait d'avoir avec Albus.

Gypsy et Axelle étaient aux première loges pour assister au duel.

Ron était déjà là, aux côtés d'Axelle, se passionnant pour le bout de ses chaussures.

Pour une fois, l'Impure avait autre chose à faire que de le harceler. Elle était ardemment concentrée sur l'estrade, tentant de prévoir ce qui s'y passerait exactement.

Quelqu'un s'était auto-proclamé arbitre, et ce dernier siffla (très fort, en passant) pour ramener l'ordre et surtout, l'attention sur lui.

" Mesdames, messieurs, créatures et autres, bonsoir " clama-t-il à l'assemblée.

Sur l'estrade, Irys, un peu tassée sur elle-même car légèrement intimidée, se mordillait la lèvre inférieure. Drago, lui, se drapait dans sa dignité et était craquant ; il semblait tout à fait dans son élément sur cette scène, comme s'il avait toujours fait cela.

" Maintenant, applaudissez nos deux duellistes de ce soir, j'ai nommé Irys Oroïd, charmante Impure totalement pur-sang… "

Une sauvage ovation et une salve d'applaudissement extatiques l'acclamèrent aussitôt, la faisant rougir au plus haut degré.

" …et Drago Malefoy, plus riche héritier du monde sorcier et futur Mangemort ! "

Drago s'avança d'un pas assuré. Il était élégant, c'était bien peu dire! Dire qu'il était beau aurait été d'une platitude si insignifiante qu'elle aurait été tout juste bonne à provoquer un rire de miséricorde. Il portait un ensemble (robe de sorcier et cape) bordeaux et noir. Cet ensemble tombait sur lui comme si il était né uniquement pour porter ce vêtement. C'était plus que du " sur mesure ".

Ses cheveux avaient retrouvée leur coiffure habituelle, donc tirés vers l'arrière. Il découlait de lui une étrange émanation, un mélange de confiance et de sérénité qui lui donnait un air sexy.

Dans ses yeux gris brillait une curieuse lueur.

Il leva lentement les yeux vers son adversaire, tout de suite après avoir jeté un bref coup d'œil aux spectateurs et, on s'en doute, à Gypsy. Cette dernière avait le visage dénué de toute expression, et lorsque son regard rencontra le sien, il ne sut déchiffrer ses pensées ; cela le déconcentra quelque peu, puisqu'il s'attendait dès le départ à la voir hystérique, l'applaudissant comme une démente et aussi enthousiasmée que les autres. C'est donc les sourcils légèrement froncés qu'il s'avança de quelques pas vers Irys, qui faisait de même. À environ un mètre cinquante, ils s'arrêtèrent et se regardèrent fixement, droit dans les yeux, se mesurant du regard. Ensuite, ils firent le salut, et sortirent leur baguette au signal de l'arbitre.

Oui, le premier duel allait enfin commencer…

" En garde ! " leur ordonna l'arbitre d'une voix autoritaire.

Drago ne se fit pas prier. Il se mit en position.

Il n'avait pas de stratégie pour ce duel. Seulement une idée fixe avec laquelle il coexistait depuis peu : il voulait gagner.

Et ce qu'un Malefoy veut, un Malefoy l'obtient.

Mais il n'avait pas la moindre petite esquisse de représentation mentale de ce qui pourrait se produire.

Irys non plus, d'ailleurs. Elle avait eu l'esprit trop occupé par Potter pour y réfléchir sérieusement. Mais, à bien y penser, elle aurait dû ; Drago n'était pas n'importe qui, ce n'était donc pas un petit sorcier de pacotille qu'elle affrontait présentement, mais bel et bien l'élite, la crème de la crème !

Au signal de l'arbitre (Allez !), elle leva donc sa baguette le plus vite possible en vue de lancer un sort au blondinet à quelques pas d'elle.

Elle réfléchit à toute vitesse. Elle ne pouvait pas lancer n'importe quoi, comme sort! Elle l'avais testé en DCFM et elle savait maintenant que ce ne serait pas aussi facile qu'elle s'était plu à le croire!

Drago Malefoy était puissant et intelligent. Des sortilèges de débutant tels que le fameux Expelliarmus n'allaient certainement pas suffire pour le vaincre. Même pas pour le surprendre, en fait!

Elle commençait à douter, c'était mal parti. Elle devait être sûre d'elle-même à cent pour cent.

Drago, d'un mouvement leste, fut celui qui ouvrit le combat, de la manière la plus Serpentard qui soit.

Il recula.

De quelques pas, certes, et sans même quitter l'Impure des yeux, mais il recula quand même. Ce qui déconcentra son adversaire.

Était-ce une feinte, une retraite ?

Irys se rendit compte trop tard, hélas, qu'elle aurait dû attaquer au lieu de l'observer…

" Mobilis Corpus ! " hurla-t-il, le regard brillant. Irys, bien malgré elle, se sentit quitter le sol…

Irys fut soulevée du sol d'un coup sec. Elle regarda Malefoy d'un œil mauvais. Il était déloyal!

En fait, non, il jouait encore selon les règles, mais elle détestait être en situation de soumission! Et, oui, c'est ce que c'était, une soumission! Irys ne pouvait plus contrôler ses mouvements, c'est Drago qui en avait maintenant le pouvoir.

Alors voilà, Irys flottait dans l'air, au gré des humeurs de Malefoy qui avait un sourire narquois sur les lèvres. Et la foule retenait son souffle…

Il la fit s'élever à quelques mètre du sol, trois environ, et la stabilisa. Elle semblait en apesanteur, et manifestement c'était le cas ; ses cheveux noirs voletaient tout autour de sa tête et elle ne sentait plus le poids de son corps. C'était agréable, et elle profita du moment autant que possible. Mais, toute à sa rêverie, elle ne chercha pas à se défendre ; Drago, en bon opportuniste, en profita.

" Laboris Saltus ! " dit-il, un air de satisfaction plaqué sur le visage.

Irys, sur le coup, ne comprit pas d'où venait son malaise. Puis elle saisit.

La formule Laboris était un dérivé de Doloris… Et elle sentait une sourde chaleur s'insinuer dans sa gorge… Et elle comprit le reste à ce moment là. Saltus ne signifiait rien de moins que " gorge " en latin ! Était-ce un sort typiquement Mangemort ?

Elle tenta de reprendre sa respiration, mais une souffrance aiguë au niveau du larynx l'en empêcha.

Tout se passa en une fraction de seconde. Irys n'avait pas le temps de réfléchir. Et, sincèrement, elle n'était pas non plus en état de réfléchir.

Suspendue dans les air par une force inimaginable, elle ressentait une douleur poignante à la gorge.

Drago arborait une mine sérieuse. Il était loin du sourire moqueur que tout le monde attendait. Il était concentré à sa tâche, ça se voyait.

Que de suspens, tout de même!

Qu'est-ce qu'Irys pouvait-elle bien faire?

À part se laisser crever sans discuter, bien sûr.
Non, finalement, il n'y avait pas d'issue. Elle était faire comme un rat, elle allait mourir, Drago la tuait en ce moment même. Elle mourrait.

Elle mourrait.

Sans se débattre, soumise, facile à battre et résignée ? Mais il n'en était pas question !

Mais le noir, déjà, se faisait autour d'elle. Et le peu d'énergie qui lui restait s'envolait, se dispersait. Après tout, c'était si facile de mourir… si simple… Agréable.

Au moment où ces pensées morbides traversaient son inconscient et qu'elle se laissait aller au coma caractérisant le " début " de la mort, Drago mit fin au supplice.

Par charité ou par peur d'avoir des problèmes lorsqu'un des professeurs trouverait un cadavre dans la salle commune des Serpentard? Nul ne saurait jamais. Enfin, sauf Malefoy qui avait, bien heureusement, décidé pour une raison obscure d'épargner Irys.

Donc, ils en étaient là. Blondinet, sur ses gardes, terriblement sexy, dégageant une puissance digne de lui.

Oroïd, par contre, était loin d'avoir cette contenance. Haletante, elle avait ses mains sur ses genoux et semblait prête à s'effondrer à terre, hurlant sa douleur, sa rage et sa fatigue. Abandonner… Mais Impure un jour, Impure toujours. Alors renoncer n'était même pas envisageable.

De toute manière, elle n'en avait pas l'intention.

Plus bas, à côté de l'estrade, tout le monde retenait son souffle. Axelle avait été terrifiée pour son amie, Gypsy aussi. Était-ce dans les règles, ce sortilège ? Non ? Utiliserait-il le Doloris ? Ça ne pourrait pas être bien pire, non ?

Lucius Malefoy, affalé sur son fauteuil, avait tout observé d'un œil critique, acéré. Il était relativement fier de son fils ; cet agencement de sortilèges n'était pas facile à maîtriser, et il y était arrivé avec brio. Au grand dam de l'Impure qui avait la respiration sifflante et un teint plutôt blême…

" Ma pauvre chérie, ma douce amour ! " chuchota Harry, tout aussi ébahi que les autres mais surtout inquiet à mort pour sa dulcinée. Ron lui jeta un regard apeuré, et les deux braquèrent de nouveau leurs yeux sur les deux duellistes.

Drago semblait ne plus être sur ses gardes ; il semblait plutôt détendu, satisfait.

Qu'allait-il faire? La foule (plutôt dense) était loin de s'ennuyer, en tout cas! Il y avait de quoi être enthousiaste! Sexy-Blondinet contre une Impure! Deux puissances d'égale dignité, s'affrontant dans un combat qui deviendrait sans doute sanglant dans de brefs délais ! Mais pourquoi tant de haine? Alliés, ces deux-là auraient pu tout faire! Aucune limite! Mais non, elle avait privilégié le bon coté de la Force au mauvais. Elle avait choisit Luke au lieu de Han. Thybalt au lieu de Roméo. Le gentil toutou au méchant garçon, quoi!

Drago prit son air le plus extatiquement hautain, regarda Irys de haut comme il savait si bien le faire, replaça une de ses soyeuses mèches blondes, releva le menton et dirigea ensuite son regard mercurien vers la foule. Puis, levant son bras gauche et enveloppant du mouvement l'assemblée entière, il prit la parole avec le charisme propre aux Malefoy.

" Messieurs, mesdames… "

Une attention aiguë, fanatique, lui répondit dans un silence vertigineux..

" À vous de décider ce soir… "

Quelques soupirs béats brisèrent le silence régnant dans la salle l'espace d'un instant.

Le temps était suspendu entre ses deux phrases…

" Je lui laisse la vie sauve ou pas ? "

La foule eut la même réaction… Ou plutôt, la même absence de réaction. Rien, un silence où tous consultaient leur accompagnateur à ce grand événement du regard pour savoir quoi faire. Ce n'était pas la coutume! Le public, durant un duel, n'était jamais, au grand jamais consulté! C'était très… innovateur de la part du jeune Malefoy ! Comment réagir? Ils prenaient tous soudainement conscience qu'ils avaient la vie d'Irys entre les mains. C'était à eux, pauvres mortels, de décider si elle poursuivrait ou non son existence ! Une Impure de moins, ça détruirait totalement les deux autres sang-de-bourbe… Idée ô sublimement malsaine, quand tu nous tiens!

Ces trois jeunes filles étaient des pestes, des poisons, des salopes de première !

S'en débarrasser… Malefoy leur donnait cette opportunité.

Fallait-il en profiter de la plus basse manière qui soit ? Oui ?

Cette idée prenait du temps à germer dans l'esprit des Serpentards et Gryffondors présents.

Mais Gypsy, elle, avait déjà pris la décision qui sauverait ou non son amie.

" Drago, mon chou, où est le plaisir si elle crève ? À moins que… "

L'atmosphère se tendit : était-ce le retour des joutes verbales ?

" …à moins que tu ne sois nécrophile, comme Voldemort… Si c'est vraiment le cas, je te prierais de ne plus m'approcher à l'avenir. "

Au lieu d'être outré, vexé et de se désorganiser complètement, Drago poussa un soupir profondément ennuyé, plein de classe. Il croisa les bras, avec une moue boudeuse. Il était riche, et ça se voyait : comme s'il avait tellement appris que seul son propre sort comptait qu'il trouvait la condition des larves l'entourant totalement en-dessous de lui vraiment futile. Alors le châtiment qu'il allait faire subir à Irys, il s'en souciait autant que de sa première insulte.

Bref, il était parfait. Une véritable délectation pour les yeux. Rien de moins.

Mais il répondit néanmoins ; il devait quand même avoir le dernier mot.

Il était Malefoy, par tous les saints ! Il dit, d'une voix singulièrement douce, charmeuse :

" Ohh, Gypsy chérie, tu as tellement raison… C'est pourquoi j'ai si hâte à notre duel, pour pouvoir… hum… profiter… de la position de domination que j'aurai sur toi, et avec de la chance… si tu meurs… je pourrai… "

Gypsy ne put s'empêcher de rougir furieusement. De quel droit pouvait-il… en public…?

Elle lui décocha son plus terrible regard noir.

C'était une bassesse que même le pire Malefoy ne se serait pas permise…

Mais non, voyons! Il était LE pire des Malefoy et il se l'était permise, cette bassesse!

Lucius, dans son coin, éclata de rire, réaction, croyez-le bien, très peu habituelle. Son fils, contrairement à ce qu'il avait longtemps pensé, n'était pas le fruit de Narcissa et d'un illustre inconnu. Parce que franchement, ressemblance physique mise à part, Lucius se plaisait à croire que son fils était le contraire de lui. Alors qu'au contraire, tout les liaient!

Mais il y avait une chose que Drago n'avait pas prévue.

Et si cette intervention de Gypsy n'était pas fortuite ? Et si c'était en fait un complot absolument et subtilement Impurien ? Qu'en fait, Gypsy, en accaparant ainsi toute l'attention du jeune blond, laissait à son amie Irys non seulement l'occasion de reprendre des forces mais aussi de prendre Malefoy par surprise ? Pour Drago et tous les autres, c'était totalement imprévu ! De toute manière, comment aurait-il pu s'en douter une seconde ? C'était un concours de circonstances assez fabuleux, et Gypsy avait su en profiter avec brio, en bonne Serpentard qu'elle était… Il y avait eu, à l'insu de tous, un dialogue muet, visuel, entre elle et Irys. Tout avait été très clair entre elles : Malefoy faisait son discours, Gypsy engageait ensuite la " conversation " et pendant ce temps, Irys se préparait à lui foutre la raclée de sa vie !

La raclée de sa vie! Rien de moins, et plus si affinités, mesdames et messieurs!

Sans plaisanter, personne ne savait... La salle entière avaient les yeux rivés sur les deux combattants. Qui allait gagner? Malefoy avait pris un bon départ, un très bon départ, un excellent départ...

Mais Oroïd, elle, était une Impure. Ce qui lui conférait une victoire presque assurée. (le " presque " parce qu'elle se battait quand même contre un fils de Mangemort)

Alors bref, match nul? À date, oui.

Les deux étaient là, dans un moment interminablement long, à se fixer intensément.

Axelle regarda sa montre. Ils en mettaient, un temps, à s'exterminer!

Soudain, Irys s'écria :

" Stupefix ! "

Malefoy s'effondra sur le sol, touché de plein fouet par le sort. Irys, oubliant toute dignité, se mit à s'applaudir elle-même, emportant avec elle une partie de la foule qui comptait pour elle et non pour le blondinet.

Malefoy, comme ligoté, oubliant toutes manières un tant soit peu hautaines, se mit à… couiner. Si si j'vous jure.

Le plus jeune Malefoy couina. Pas vraiment fort, mais juste assez pour que les personnes dans les premières rangées l'entendent ; heureusement, cependant, qu'il avait retrouvé son ancienne réputation… Sinon, il aurait été rabaissé à un point inimaginable et de non-retour.

Il était en mauvaise posture, c'était le moins que l'on puisse dire.

" Cette stupide confrontation se terminera-t-elle un jour? " pensa Sexy-Blondinet avec rage.

Il savait bien qu'il ne resterait pas toute sa vie à combattre dans ce duel merdique. Seulement cette nuit, donc seulement quelques heures, ou peut-être quelques minutes s'il avait de la chance… Ce qui le rendait dément de fureur, c'est qu'après ce duel qui ne le menait nulle part, il y en avait deux autres qui ne le mèneraient pas plus loin!

Donc, Drago était dans une position compromettante, exposé aux regards lubriques de toutes les adolescentes présentes (ou presque, on s'entend) et cela ne faisait pas l'affaire de Gypsy, qui avait décidé de se la jouer jalouse pour ce soir ; elle se mit donc en rogne et son aura négative se fit ressentir : les filles (et les mecs, pourquoi pas ?) se calmèrent aussitôt, baissant piteusement le regard sur le sol ou la scène.

Irys, entre temps, avait continué de s'applaudir et souriait béatement. Puis, satisfaite, elle releva le sortilège et Drago, comme un ressort, se releva le plus rapidement qu'il était possible de le faire.

Puis, dignement, il épousseta sa cape et dressa le menton, hautain. Il dit, comme un feulement :

" C'est fini, maintenant, Oroïd… "

Irys ne voulait pas se soumettre aux ordres de ce pseudo-mangemort. Mais elle ne voyait pas d'autres possibilités. Soit elle admettait sa défaite flagrante dès maintenant, soit elle continuait et continuait à se battre en vain, subissant ainsi le plus humiliant des insuccès de sa vie.

Alors, que faire?

(Merci, crabinette de mon cœur, de me laisser sans ressources pour la suite de ce duel, songea une des écrivaines de cette fic en rageant.)

Axelle, remarquant le dilemme de son Impure d'amie, lui vint en secours.

" Irys, ma puce ! "

La puce en question se retourna vers la source de cet appel.

" Oui, 'Xelle ? "

" Fais-lui mordre la poussière, à cet inutile blanc-bec de pacotille ! "

Ce fut au tour de Gypsy de s'indigner :

" Hey! Pas de pacotille, les filles! Il est quand même de qualité, mon blanc-bec! " plaisanta Gyspy.

" Oui, car on sait toutes que tu as choisit la qualité, et non la qualité, contrairement à Ax' " pouffa Irys.

" Ben quoi! " lança innocemment Axelle, le regard rieur de la complicité qui régnait encore et toujours entre elle et ses amies d'Impures.

Drago était éberlué. Il signifiait clairement à cette poufiasse que c'était terminé : qu'il avait gagné. Et elle trouvait le moyen de plaisanter nonchalamment avec ses amies, comme dans un pyjama party! Elles avaient atteint le comble!

Le public non plus n'en revenait pas.

Même Lucius Malefoy s'indignait, seul dans son coin, du manque de sérieux de ces filles.

Il se leva élégamment, avec la prestance d'un monarque, et s'avança dignement parmi l'assemblée d'élèves perplexes, qui s'écartaient vivement sur son passage.

Il leva la tête, ignorant les Impures, et regarda son fils.

Ce dernier déglutit. Son père semblait dire " Et c'est pour ces filles que tu m'as demandé de déplacer mon corps de dieu en cet horrible endroit qu'est Poudlard ? ". Hélas, il se trompait (encore).

Lucius daigna enfin s'occuper des Impures après un long silence passé à observer son rejeton. Un sourire fleurit alors sur ses lèvres à la courbure sensuelle et il s'adressa aux trois, en même temps.

" Vous êtes vibrantes de pathétisme " déclara-t-il d'une voix glaciale.

Les trois Impures arrêtèrent prestement leur babillage. Elle le regardèrent ensuite, amusées, d'un air signifiant clairement " ta remarque nous touche autant que si un première année nous avaient traité de putes... En clair, pas le moins du monde. "

Mais Malefoy Senior n'était pas ressorti indemne psychologiquement de leur dernier " affrontement ".

Il en avait tiré une leçon : l'essentiel avec les Impures était de garder son sang froid…

Cependant, les Impures possédaient un don : celui de déstabiliser. Et ceci, sans le moindre effort. Elles pouvaient être cruelles, cyniques, ou alors impertinentes, mais elles avaient toujours une très large panoplie de méthodes visant à ébranler les convictions profondes des autres. Et Lucius venait de s'engager dans cet engrenage sans fin, paix à son âme.

Ce fut Gypsy qui commença :

" Monsieur Malefoy, je tenais à vous avouer quelque chose… "

Le monsieur Malefoy en question, du haut de son piédestal de froideur, s'attendit alors au pire. Il dit donc, d'une voix somme toute assez hésitante :

" Oui… ? "

Gypsy, tout en tortillant une de ses mèches roux délavé, répondit, l'air timide :

" Je vous trouve extrêmement séduisant. "

Et ce fut tout ; elle n'ajouta rien à ce commentaire. Elle espérait, cependant, qu'il porterait fruit…

Lucius n'en revenait pas. Il s'était attendu à tout sauf à ça!

Il devait garder son calme légendaire et passer outre le fait que cette petite dévergondée, et accessoirement l'actuelle petite amie de son fils, venait de lui faire un commentaire aguicheur!

Comment réagir? Il aurait bien voulu rester de marbre, mais elle avait un don pour réveiller sa colère !

Mais il ne pouvait pas non plus lui donner la satisfaction de lui répondre sur le même ton, et donc un ton puéril et enfantin!

Il se racla donc la gorge, en désespoir de cause, et la toisa d'un air dédaigneux magnifique.

" Je n'ai pas à répondre à une telle impertinence, mademoiselle " répondit-il en se drapant dans sa dignité. Malheureusement pour lui, Drago était désormais (malgré les duels) du côté des Impures, et il décida de leur venir en aide.

" Père, je vous ferai remarquer que Gypsy vous faisait un compliment ; ne serait-ce pas la moindre des politesses que de lui répondre obligeamment, ou d'au moins la remercier ? Votre éducation vous y oblige, je crois. "

" J'vais crever " songea Lucius.

" J'vais crever, et ce petit con héritera parce que sa mère a insisté pour qu'il soit sur le testament ".

Les raisons du pessimisme de Lucius n'était pas évidentes à comprendre. En fait, il n'allait pas crever au sens littéral, bien entendu. Seulement, il avait l'impression que ces petites garces prenaient de l'emprise sur lui.

Et il n'avait pas tort. Si tout allait pour le pire, son fils s'éprendrait vraiment de cette petite salope impertinente, et il serait obligé de l'accueillir à dîner (et plus si affinités, bien sûr !) dans son vaste et luxueux manoir, comme le feraient n'importe quels parents normaux, et il devrait la supporter tant bien que mal tandis que Narcissa s'abrutirait de la vivacité d'esprit de celle-ci, et caetera, évidemment ! Bref, il était dans le pétrin, et pas qu'un peu. Il devait trouver une réponse qui la réduirait à néant, cette sang-de-bourbe, et définitivement ! Parce qu'en plus, les Doloris n'avaient pas de pouvoir sur elle !

" Quelle pétasse " pensa-t-il, et il lui répondit enfin :

" Fils, saches seulement que je suis ton père. Cela implique forcément que nous ayons des points communs. J'espère donc que tu te souviendras, au moment voulu et je crois bien que c'en est un, un moment voulu, que tu ne dois en aucun cas lever la voix contre moi. Surtout pas pour défendre une sang-de-bourbe. "

Lucius avait craché cette dernière phrase comme si les mots mêmes lui empoisonnaient l'existence. Et c'était ça, en fait. Son abrutie de progéniture s'entichait d'une sorcière de famille impure ! Mon dieu, mais qu'avait-il donc fait, par Voldemort, pour que son mioche ait une aussi mauvaise éducation!?!

Drago décida de l'ignorer, se retourna vers Irys et… changea d'idée.

D'un haussement de sourcil méprisant (envers son père, par tous les saints !), il lui signifia clairement que celui-ci se gourait. Complètement. Puis, comme si c'était l'évidence, il lui dit :

" Père, vous savez, c'était à Gypsy que vous deviez répondre, pas à moi… C'est elle qui vous a complimenté, que je sache. "

Tout à coup, sur la tempe droite de Lucius Malefoy apparut la veine, celle qui était depuis toujours annonciatrice d'une crise de nerfs…

(Tous aux abris, bordel de merde !)

Son cœur battait rapidement, et la veine suivait docilement le rythme. Lucius Malefoy, le grand, le fort, le calme, le sexy, le taciturne, celui qui restait toujours de marbre, c'est celui-là même qui allait, pas littéralement (malheureusement pour les amateurs de sanglant), exploser. Il allait déverser toute la colère et la rage d'une vie (et Dieu sait que sa vie en avait été remplie) sur cette carcasse blonde qui osait se prétendre son successeur. Et, par Merlin, ça allait lui faire un bien fou…

C'est donc avec un air de psychopathe qu'il adressa ces quelques mots à son fils :

" Je… vais… te… tuer… "

Drago eut une expression à peine étonnée, puis se détourna de son père pour regarder Gypsy, qui retenait difficilement son fou rire. D'un regard, il lui signifia qu'elle avait réussi ce qu'elle avait entreprit, soit " faire enrager le Mangemort ici-présent " et qu'elle pourrait continuer, mais après le duel.

" Drago Malefoy ! " hurla Lucius, rouge de fureur.

" Oui, père ? " demanda ledit Drago Malefoy de sa voix traînante, se moquant ouvertement (et en public, bon sang ! était-il à ce point suicidaire ?) de son géniteur.

Qu'avait-il à perdre, de toute façon? Sexy-Blondinet était sûr de s'en tirer avec au moins une correction en règle, donnée soit par son paternel soit par une ou plusieurs Impures. Alors, mené par le courage du désespoir et la nonchalance de l'acceptation, il n'avait plus à reculer devant rien! Peu importe ce qu'il ferait, les paroles qui s'échapperait de sa bouche, les gestes qu'il poserait, l'issue serait irrémédiablement une raclée pas possible. Donc, pourquoi s'en faire? Se soucier de tout les facteurs qui entraient en jeu n'était, pour Blondinet-choupinet, pas la solution pour le moment. Il allait donc profiter avec véhémence de chaque moment de liberté avant d'être cloué sur un lit de l'infirmerie !

Lucius respira par le nez, sidéré par l'attitude de son si brillant garçonnet. Son fils continuait de se pavaner, comme il le lui avait si négligemment enseigné, avec son port altier resplendissant et sa gueule de séducteur ; il se moquait ouvertement de lui et ne songeait plus aux conséquences. Il y avait donc un problème. Lucius se mit donc en tête de découvrir ce mal, coûte que coûte.
Aussitôt, il se calma et considéra la situation d'un œil plus critique. La réviser sous tous les angles. Donc…

Ce n'était pas son éducation : il lui avait payé une nourrice-mangemort dès son plus jeune âge.

Sa mère n'avait pas pu l'influencer, insipide comme elle était! Et puis, elle était tellement niaise qu'elle aurait du mal à comprendre le sens du mot " manipuler " même si sa triste vie en dépendait!

Alors, pourquoi pas Poudlard?

Non, il avait veillé à ce que sa progéniture ne subisse pas une emprise de la part des autres Maisons en s'assurant qu'il soit le petit patron de sa propre Maison. Donc, aucun risque de ce côté…

Alors quoi? Les Impures? Mais il ne les fréquentait que depuis quelques jours! Elles n'avaient pas pu le convertir à ce point là en si peu de temps!

Il les observa donc.

Irys Oroïd, en face de son fils, sa baguette à la main, semblait plus taciturne que les autres. Elle avait l'air plus calme, plus sombre aussi. Ses cheveux noirs dégradés voilaient un peu son visage et elle ne semblait pas désirer les attacher ; elle regardait son entourage avec une sorte de désinvolture blasée, non pas désintéressée mais plutôt… désenchantée. Elle semblait avoir l'esprit constamment occupé, sans relâche ; toujours en train de penser et un peu torturée par cet état de choses.

Axelle Red, la blonde aux cheveux constamment attachés, avait un air plus narquois, plus têtu. Les bras croisés, elle affichait un je-m'en-foutisme un peu déplacé, mais assidu. Elle semblait saisir le sens des choses mais sans s'en occuper ; une sorte de simplicité débonnaire mais légèrement acide. Son sourcil haussé, elle jugeait ce qu'elle voyait, mais avec tranquillité ; elle ne voyait apparemment pas l'utilité d'intervenir lorsque c'était nécessaire et c'est pourquoi elle était sarcastique, ou moqueuse.

Gypsy Kaosu, quant à elle, jetait sur le monde un regard acéré, sans pitié mais pourtant indulgent ; il émanait d'elle une sorte de sérénité incongrue qu'elle dissimulait sous des apparences enjouées et insouciantes. Elle vivait sa vie avec une certaine facilité, c'était évident ; elle laissait venir les choses à elle avant de les analyser. Au jour le jour, littéralement. Cependant, ce n'était pas son habillement excentrique ou ses cheveux décolorés qui le lui cacherait, à lui, Lucius Malefoy, ce qu'elle était vraiment ; il était trop habile pour se laisser avoir.

Ces filles, bien qu'elles soient de sang impur, étaient en quelque sorte comme lui : tourmentées mais s'en sortant de la manière qu'elles avaient trouvé, c'est à dire en formant une espèce de groupe qu'elle avaient nommé avec ironie, justement, les Impures. Il fallait chercher à les comprendre avant de saisir comment elle avaient si vite influencé Drago ; c'était la clé.

Pour vaincre son ennemi, il faut trouver la faille et ne surtout pas le sous-estimer.

Alors voilà, Lucius Malefoy analysait, tentait de trouver cette dite rupture dans la défense parfaite des Impures.

Les mots, il l'avait bien vu, ne leur faisaient rien. Pas pour le moment, en tout cas.

Et physiquement, il ne pourrait rien leur faire sans se faire remarquer par le Ministère de la Magie.

Il devait donc trouver un point faible, une corde sensible, une faiblesse, une lacune, n'importe quoi! Tant que c'était susceptible de le mener à la défaite des Impures!

Et, pour trouver cet élément de son plan, il sentait qu'une petite séance malsaine de manipulation père-fils allait être nécessaire.

(Retour inespéré au duel tant attendu mais abrégé par tout le monde sauf les deux concernés…)

L'arbitre, impatienté, ramena soudain le silence en sifflant et somma aux deux duellistes de continuer.

" En garde. "

Ils se placèrent.

" Prêts ? "

Signe de tête de Malefoy et Oroïd.

" Allez ! "

Ils s'échangèrent un ultime regard mauvais et l'air, autour d'eux, s'électrisa. La tension, palpable, les tenaient à bout et l'atmosphère était tout à fait singulière ; qui, mais qui, allait vaincre son adversaire ?

Irys, sans nul doute. Elle était Impure, et pas pour rien!

Alors, c'est avec cette détermination et cet esprit Impuresque qu'Irys médita sur la situation.

Que pouvait-elle faire? Elle avait beau savoir qu'elle pouvait gagner, elle n'avait aucune idée de la manière à utiliser!

Quel sort? Le jeune Malefoy se tenant impunément devant elle à l'instant même avait l'arrogance d'être puissant. Il savait tout contrer, tout jeter. Alors que faire? Comment gagner?

Elle leva sa baguette et murmura une formule.

" Silencio… "

Drago fut automatiquement réduit au silence, incapable de prononcer la moindre formule.

Mais la colère et un certain amusement restaient visibles dans son regard glacé ; il semblait, malgré tout, avoir le contrôle de la situation.

C'était étrange, quand même, cet air serein qu'il affichait. Cela ne présageait rien de bon…

Le sortilège du silence? Elle n'avait pas trouvé mieux? Ce stupide sort, on l'apprenait en quatrième année… en début d'année… Le petit sort facile qui ne prend qu'un seul cours, quand les profs ne savent plus quoi inventer pour amuser les élèves et avoir une dernière chance de faire bonne impression pour le reste de l'année !

Bref, Drago connaissait parfaitement se sort, puisqu'il avait écouté avec attention la première partie de ce fameux cours. Seulement, devenu somnolant dans la deuxième partie, il avait maintenant honte de ne plus se souvenir du contre-sort…

Mais, évidemment, il ne fallait pas qu'Irys le découvre, sinon elle serait réellement près de gagner, ce qu'il lui fallait éviter à tout prix. Il en allait de son honneur (perdu) et de celui de sa famille (reniée). Lui, qui n'avait plus rien à perdre, sauf ce combat, ne voulait quand même pas aller jusque là ! Tout de même, il conservait un soupçon de fierté ! Et il voulait impressionner la petite conne à l'air indifférent dans la salle, celle qui l'énervait au plus haut point mais qu'il ne pouvait hélaaaas pas effacer de son esprit ! Maudite Gypsy ! Et la peste soit sur les Impures, bordel !

Le superbe blondinet aux allures royales fit donc comme si de rien n'était, et ne tenta pas de répliquer à cette attaque : ni verbalement, ni magiquement. Puis, une idée s'imposa à son esprit.

Occlumens.

Fouiller dans les pensées les plus secrètes d'Irys, savoir tout de ses songes les plus privés… Savoir enfin si cette histoire avec Potter, c'était pour vrai. Savoir si, comme avant, il était toujours son précieux… Mais le plus important, gagner ce foutu duel!

Avoir toujours l'avantage sur elle, savoir à l'avance ses moindre intentions… Que de possibilités!

Seul désavantage : il n'était pas Occlumens. Il n'y en avait qu'un, à Poudlard et dans les environs, et c'était Rogue.

Ce foutu Rogue qui l'avait trahi, rien de moins, en se liguant avec les Impures quelques chapitres auparavant! Drago voulut jurer, mais il était muet suite au sortilège d'Irys, et n'avait pas la solution : il était vulnérable sans sa (splendide, sensuelle et traînante) voix pour pouvoir gueuler des sorts à tout va et ainsi se défendre !

Il avait le contre-sort sur le bout de la langue (et accessoirement, dans un coin perdu de sa mémoire, dérivant dans l'oubli au gré de ses pensées plus importantes du moment).

Mais bref, il ne le trouvait pas! Pourtant, ce sort aurait dû le marquer! Un sort à lancer autrement qu'en paroles… Un sort pour contrer le silence…Un sort pour gagner ce foutu duel!

Puis, l'idée du millénaire lui vint, puisque celle du siècle ne marchait pas (nous parlons de l'Occlumancie, voyeeez ?) : il allait utiliser son charme torride et typiquement Malefoyien !

Quoi de plus… efficace ? Et pourquoi l'idée ne lui était-elle pas venue avant ?

Pas besoin de parler pour imiter Don Juan !

Il n'avait qu'à lâcher sa baguette, en signe de " paix ". Elle serait surprise, bien sûr. Ils le seraient tous…

Ensuite, il lui ferait les yeux doux. Ses grands yeux gris, c'est ce qui la charmait. Il avait toujours su qu'Oroïd avait eut un petit faible pour lui, avant Potter (il était, par contre, bien évidemment loin de connaître l'ampleur de ce " petit faible "). Alors, il allait juste faire revenir de bons souvenirs à elle.

De sa main et d'un geste gracieux, il replaça ses cheveux d'or, maintenant totalement libres. Ils barraient son front et tombaient franchement sur ses épaules.

Il afficha un sourire piteux. Sa gueule d'ange ferait effet, c'était obligé.

Irys ne parut pas le moindrement impressionnée. Drago jura mentalement quelque chose comme " Maudit Potter accaparant ! " et expira doucement, à peine démonté.

La méthode " je suis mignon alors laisse-moi gagner " ne fonctionnait pas. Rien d'étonnant à cela, croyez-moi, mais ce léger contretemps enlevait une corde à son arc. Que faiiire ?

Il s'inclina légèrement, exposant sa nuque à Irys, en une étrange courbette polie, et se releva, un air déterminé plaqué sur le visage.

Il lui sourit sardoniquement – mais pas tant que ça.

Pour ensuite lui tirer la langue de manière tout ce qu'il y a de plus puérile… Très inattendu mais à l'antipode du comportement Serpentard classique !

(Un long silence confus s'ensuivit, et il y eut quelques murmures dans la salle.)

Irys leva un sourcil vaguement perplexe et jeta un coup d'œil rapide à ses z'Impures d'amies ; what the fuck ?, se disait-elle avec raison.

" Malefoy, tu vas crever ! " cracha-t-elle incidemment en le regardant d'un air mauvais.

Bon ben… Apparemment son comportement tout choupinet était loin de faire effet… à croire que cette fille défiait toutes les lois des hommes. Bref, il devait passer au plan B.

C'est là qu'intervenait le problème A (retour à la case départ, donc) : il n'avait pas de plan B (encore moins de A, de toute façon…).

Alors, que faire ?

Se…

Se…

Rendre ?

Il n'osait pas l'imaginer ! Pas dans cette vie ! S'il se rendait pour le premier duel, comment se passeraient les deux autres ? Il serait plus qu'humilié, puisqu'il provoquerait sa propre humiliation. Pire qu'un suicide, vous dis-je.

En plus, cette honte qu'il se ferait subir ne le suivrait pas seulement partout à Poudlard pour sa dernière année d'étude. Non, ce serait trop facile. Elle le suivrait toute la vie de son père, vu que celui-ci était présent (sur sa demande (quel abruti il se trouvait, à l'instant même, d'avoir invité son géniteur, l'illustre Seigneur Malefoy dans toute sa splendeur…)).

Bref, l'abandon n'était même pas envisageable.

Il fallait donc, malgré tout, s'en sortir. (Il faut aussi que ce vénérable chapitre huit se termine un jour, tout le monde est d'accord là-dessus…)

Drago, donc, réfléchit. À toute allure dans son crâne de supposé surdoué, même ! Toujours est-il qu'Irys prit ce silence (imposé par elle-même, d'ailleurs) pour un " je passe mon tour, vas-y, fais-moi mal Johnny " et murmura une incantation. Ce fut au tour de Malefoy de s'élever dans les airs, à toute vitesse, le plus haut possible ! Il n'avait pas le vertige – grâce au Quidditch, heureusement. Et quand Irys lança ce sort de lévitation, elle omit de maintenir l'autre, celui qui le gardait muet. Il explosa alors, en retrouvant sa splendide voix traînante, d'une rire de vainqueur. Il était dans les airs, certes, mais cette erreur qu'Irys venait de faire – soit ne pas maintenir son mutisme – le ferait gagner ! Il aurait l'avantage dès qu'il serait à terre. Cela le mettait en joie.

Il allait justement se préoccuper de ce léger inconvénient lorsque tout à coup, l'on entendit un retentissant " Nom d'une pute borgne ! " à l'autre bout de la salle.

Un professeur (mauvais garçon, de son jeune temps, certes, mais quand même pas assez pour, simplement en l'honneur du passé, ne pas tous les mitrailler de retenues (évidemment sans enlever de points (ils étaient tout de même de sa maison !)))…

Ça allait barder !

Le silence se fit instantanément, et toute l'illégale assemblée se retourna lentement, comme un même homme, priant pour que ce soit une hallucination collective, que ça ne soit pas vraiment la voix de Rogue.

Avant que quiconque n'ait pu penser à esquisser l'ombre d'une réaction, Severus enchaîna :

" Mademoiselle Oroïd ! " clama-t-il froidement.

Pas de doute, plus aucun espoir, ce n'était pas une illusion, seul Rogue pouvais avoir cette voix autoritaire et nasillarde. C'était bien lui.

Irys, en entendant son nom, enfonça très légèrement la tête dans ses épaules. Réflexe de n'importe qui marqué par six ans de cours de potions avec M. Je-suis-impitoyable.

" Je sais que je ne suis pas votre professeur d'Enchantements, mais tout de même " continua-t-il sur sa lancée.

" C'est une vulgaire erreur de débutant d'oublier de maintenir un premier sort alors qu'on veut en lancer un deuxième ! Un première année s'en serait sorti mieux que vous sur ce point, Oroïd ! "

C'est vrai que l'erreur était un peu stupide. Mais Irys avait tellement la tête ailleurs, tellement concentrée à se concentrer, qu'elle avait niaisement oublier de le maintenir. Putain que c'était con ! Mais comme ça, Malefoy avait pris l'avantage, ou le prendrait, c'était certain.

Irys acquiesça, humble, et leva les yeux vers Drago qui arborait son sourire le plus carnassier, bien qu'il soit dans les airs.

" Casus ! " cria-t-elle, sûre de son coup. Tandis que le sort le percutait en pleine gorge, son visage se décomposa. Il était à combien de mètres de haut ? Cinq, six… non, huit ! Huit mètres de chute pourraient bien lui être fatal !

Il tomba donc…

…et s'écrasa huit mètres plus bas, sur la petite scène aménagée.

Contre toute attente, il survécut, au grand dam d'Oroïd qui l'aurait bien vu mort. Vivant, il l'était, pas de doute, mais en forme, c'était une toute autre histoire…

Effondré sur le sol, les cheveux en bataille, il ne payait pas de mine et se contentait de se ramasser un peu plus sur lui même, se tenant les côtes et ayant la respiration difficile. Un filet de sang s'écoulait de ses lèvres et ses yeux gris se consumaient de haine. Il pointa sa baguette vers lui et murmura " Finis Dolor " de manière à ce que personne ne l'entende.

Il se releva donc, chancelant, et toisa Irys de son air le plus totalement méprisant, du genre " Tu croyais vraiment pouvoir me battre de cette manière ? ".

Elle déglutit lorsqu'elle le vit pointer sa baguette vers elle, menaçant, et vit ses craintes se matérialiser lorsqu'il feula, très doucement:

" Tempero ".

Irys se sentit défaillir ; ses pensées se mélangèrent et elle ne sut plus vraiment où elle était. Était-ce un quelconque sort de confusion, ou un truc typique Mangemort ? Sa vision fut soudain troublée par une distorsion de l'espace, les couleurs se drapèrent de luminescence et de scintillements, et c'est à ce moment qu'elle réalisa, lointainement, que c'en était probablement fini pour elle et de ce duel. Elle vacilla, son équilibre brouillé par le sortilège, et ses sens dérapèrent ; elle ne sut plus si elle touchait ou non au sol, si ce qu'elle voyait était vrai, ou si tout ce qu'elle entendait était seulement tiré de son imagination. Prise d'une nausée, elle tomba à genoux, lâchant sa baguette, et entendit, vaguement, le mot " Gravitas ". Son corps sembla alors peser une tonne et elle tomba face contre terre sur la scène, incapable de bouger, prise de vertiges insurmontables et secouée de sanglots muets.

La regardant de haut, Malefoy jubilait.

Terminé, c'était terminé.

Dire qu'il y a quelques jours, Malefoy n'espérait même pas s'en sortir vivant. Et maintenant, maintenant, il avait gagné. Irys était à terre, elle ne se relèverait pas. Oh, elle n'était pas morte. Mais il ne lui restait plus assez de force pour faire le moindre geste.

Il avait vaincu.

Il ne réalisait pas.

Il était comme immunisé contre la réalisation du fait que ça y était, il avait triomphé d'un tiers des Impures.

Les élèves – oh, et parent et professeur - ne savaient pas quoi penser. Ils auraient tous parié sur Irys… Enfin, la plupart. Mais d'un autre côté, cela n'étonnait personne, que le vainqueur soit Malefoy. Il était quand même, et resterait toujours, Drago Malefoy.

Il salua brièvement Irys qui gisait par terre et, rayonnant, se tourna vers la foule, qui explosait déjà d'applaudissements. Il la salua également – la foule – puis descendit de l'estrade vers ses n'âmis, laissant Oroïd à la merci de tous les prédateurs sexuels de la salle. Heureusement pour cette pauvre petite victime sans défense, Potter se précipita vers elle, inquiet à en crever (mais peut-être était-il un violeur potentiel !?) et la prit teeendrement dans ses bras, la berçant doucement, tout plein d'amour pour sa dulcinée endormie et complètement knock out.

" Malefoy " dit-il en se tournant vers lui, " je te tuerai pour cet affront fait à ma douce ! "

Ce dernier éclata de rire, hautain, et balaya ces préoccupations potteriennes d'un geste de main dédaigneux. Puis, se tournant vers Weasley, Red et Kaosu :

" J'ai gagné ! " exulta-t-il.