Fin de la bataille de la tour d'astronomie, Poudlard, juillet 1997

Harry était épuisé. Vidé de toute énergie, il s'adossa contre l'un des parapets de la tour d'astronomie. L'adolescent avait vécu les instants les plus éprouvants de sa vie, aussi bien émotionnellement que physiquement. Enfin, il dirait certainement cela s'il n'avait pas vécu autant de péripéties dans sa vie.

Lentement, il releva le regard vers Dumbledore qui venait de revenir au château. Il lui envoya un doux sourire et un clin d'œil lorsqu'il capta le regard de son élève. Cependant Dumbledore ne cessa pas sa discussion avec Filius et Minerva. Harry n'ayant plus la force de se concentrer pour comprendre leur conversation, redirigea son regard cette fois-ci sur Poppy Pomfresh qui agitait follement sa baguette autour de lui.

L'infirmière de Poudlard avait fortement insisté pour l'emmener à l'infirmerie, cependant Harry avait refusé. Les Aurors allaient certainement arriver d'ici peu pour comprendre ce qu'il venait de se passer ici. De plus, le Ministre Fudge risquait lui aussi de se pointer et Harry ne voulait pas le manquer. Le garçon ne l'aimait pas et sa simple présence lui donnait envie de l'étriper, pourtant Harry comprenait que le statut de l'homme ne lui permettait pas de l'ignorer. Il devait se méfier de son pouvoir, Harry le savait.

Lorsque Poppy lui tendit deux fioles, l'une contenant une potion bleue et l'autre dégageant quelques vapeurs argentées, Harry fronça des sourcils. Il reconnut parfaitement les filtres calmant et les filtres de paix pour en avoir pris souvent par le passé. Cependant cette fois-ci, cela n'était pas nécessaire. Cela faisait une demi-heure qu'il était assis là sans bouger, il était suffisamment calme à son humble avis.

« Je suis calme. » sa voix était rauque.

Harry n'avait pas eu conscience d'avoir crié ses sortilèges si fortement que cela sur le champ de bataille. Mais il était vrai qu'il avait l'habitude de s'emporter avec l'adrénaline. Avec le recul, il se souvenait aussi avoir hurlé de douleur en sortant un sortilège de brûlure le toucher à l'épaule.

Poppy soupira mais n'insista pas. Ce n'était pas le moment d'énerver l'enfant et elle comprit en croisant son regard qu'il n'était pas dupe. Il avait compris qu'elle voulait lui donner ses potions en espérant que combinées à son état de fatigue avancé, cela l'assomerait pour qu'elle puisse l'emmener à l'infirmerie.

L'infirmière rangea les deux fioles dans sa mallette de médicomage. A la place, elle en sortit une autre potion et un baume. Maintenant qu'elle avait fini de fermer les blessures mineures et stoppé les diverses hémorragies avec des sortilèges, il était temps de soigner le plus gros des dégâts. Doucement, Poppy appliqua du baume d'asclépiade tubéreuse sur la brûlure du garçon. Il ne frissonna même pas, complètement anesthésié par les potions anti-douleur.

Puis, elle débouchona l'essence de dictame et en versa généreusement sur l'estafilade qui barrait le torse du garçon ainsi que sur la blessure laissée par un poignard sur son ventre. Poppy fronça les sourcils en réalisant que la longue balafre se refermait très lentement, bien plus lentement que pour un simple sortilège de découpe. Harry avait été touché par de la magie noire, il garderait une cicatrice légère. Heureusement que la blessure n'était pas profonde et qu'au moins, la magie noire n'avait pas entravé la coagulation du sang afin de stopper le saignement.

Mais son froncement se fit d'autant plus prononcé en réalisant que la seconde blessure ne se refermait presque pas du tout. Le saignement n'avait lui non plus pas été complètement stoppé par ses sortilèges.

« Lame maudite ? » demanda Poppy d'une voix blanche.

Harry hocha de la tête et fouilla quelques instants dans l'une de ses poches avec sa main valide avant d'en sortir le petit poignard que Maugrey lui avait confié plus tôt. Poppy lança quelques sorts sur la lame et un long parchemin apparut quelques secondes plus tard devant elle. Celui-ci rappela à Harry le même parchemin qui était apparu plus tôt avec la liste de ses blessures. Sauf que cette fois-ci il s'agissait de la liste des malédiction lancées sur le couteau.

Pomfresh pâlit de plus en plus au fil de sa lecture et lança un regard alarmé à son patient. Puis, elle se leva brusquement à la recherche de Maugrey et de Slughorn en criant au premier de réunir divers antidotes et au second de l'aider à défaire les malédictions empoisonnant Harry.

« Et vous avez osé vous balader à droite et à gauche dans le château après la bataille ! Mr Potter je ne veux pas vous voir quitter mon infirmerie avant au moins une semaine ! Vous avez de la chance qu'Alastor était là pour stopper le saignement et ralentir la malédiction ou vous seriez mort depuis longtemps. » s'époumona-t-elle.

Harry ne répondit rien. Apprendre qu'encore une fois, il aurait pu mourir ne le secoua pas autant que cela aurait pu le faire quelques années plus tôt. L'adolescent hocha des épaules et attendit patiemment que les soins se terminent, avalant les potions que Slughorn lui tendait. Apparemment les malédictions étaient communes et le sorcier n'aurait pas besoin de brasser les antidotes. Il en possédait déjà quelques échantillons, par précaution.

Pour finir, Poppy reprit à nouveau le baume d'asclépiade tubéreuse en main pour refermer les dernières petites plaies. Harry attendit patiemment qu'elle termine de le soigner. Il pourrait aisément appliquer la pommade lui-même, mais il ne tenait pas à vexer Poppy. L'adolescent avait conscience qu'elle l'aimait beaucoup et que cela lui faisait du bien de pouvoir prendre soin de lui. Certainement pour s'assurer qu'il était bel et bien toujours en vie et en bonne santé, malgré les batailles.

Harry soupira et observa d'un regard morne ses mains. Il avait perdu un annulaire pendant la bataille. Il se rassurait néanmoins en pensant qu'au moins, ce n'était pas sa baguette ou sa main entière qui avait été touché par le sortilège de découpe. Dans le tumulte de la bataille, il n'avait malheureusement pas pu se stopper pour ramasser son doigt au sol. Harry ne le retrouverait certainement jamais et maintenant que la plaie était refermée, cela ne lui servirait à rien.

Poppy lui tendit une potion revigorante une fois ses soins finis, elle avait très bien comprit qu'il ne tenait pas à s'endormir tout de suite. Cependant la dose était trop faible pour que la potion l'empêche de dormir cette nuit. Ce n'était que pour une heure, deux tout au plus. Harry la remercie d'un sourire fatigué et retint tant bien que mal une grimace au goût du breuvage.

Puis, Poppy passa une main maternelle et réconfortante dans sa tignasse indisciplinée avant de rejoindre d'autres patients un peu plus loin. Apparemment, Harry était le plus gravement blessé ici et cela le réconforta quelque peu. Il n'y avait eu aucun mort, la bataille n'avait pas duré assez longtemps pour cela et il n'y avait pas eu assez de combattants non plus.

Harry bascula la tête en arrière et observa à travers un trou dans la toiture les étoiles qui scintillaient en cette nuit sans lune. Il pensa furtivement à Remus qui devait être en pleine forme aujourd'hui, la lune n'étant pas présente. Mais ses pensées dévièrent rapidement à nouveau.

La journée avait été éprouvante.

A peine avait-il fini son dernier examen que Dumbledore lui avait demandé de le suivre dans son bureau. Lorsqu'il furent installés confortablement, Harry comprit immédiatement que la discussion serait sérieuse et porterait certainement sur Voldemort. Tout d'abord, Dumbledore ne lui avait pas proposé de biscuit ou de thé comme à l'accoutumée et surtout, le vieil homme ne souriait pas.

Cela était si rare que Harry attendit patiemment que son mentor prenne la parole. Le sujet n'allait certainement pas être facile et il ne tenait pas à rendre cela plus compliqué pour Dumbledore en lui posant des questions non désirées. Comme il s'y attendait, la discussion fut éprouvante.

« Harry, mon garçon, je pense qu'il est tant aujourd'hui de te parler de certains sujets avec toi. Des sujets qui devront rester secrets de tous, je le crains. Même des jeunes Granger et Weasley. »

Le ton était grave et Harry hocha de la tête. Ce n'était apparemment pas le moment de contester les décisions de l'homme.

« J'ai depuis longtemps eu des doutes quant à la raison de la survie de Voldemort après avoir été vaincu de si nombreuses fois de ta baguette. » Harry rougit du compliment, mais Dumbledore ne lui laissa pas de nier ses éloges. « Mais je dois avouer qu'après ta deuxième année, j'ai eu des doutes et après de nombreuses recherches, j'ai enfin découvert ce secret en août dernier. Sais-tu ce qu'est un Horcruxe mon garçon ?

- Non directeur, je n'ai jamais entendu parler d'une magie portant ce nom. »

Dumbledore hocha de la tête, apparemment il s'attendait à cette réponse.

« Les Horcruxes sont des artéfacts de magie noire, extrêmement noire. A ma connaissance, il n'existe pas de magie plus sombre. »

Harry frémit de dégoût en entendant cela. Il avait compris le message, un Horcruxe était pire qu'un Impardonnable, que le sortilège de la mort lui-même et cela lui donnait envie de vomir. Que pouvait-il exister de pire que de torturer ou de tuer quelqu'un.

« Un Horcruxe n'est pas en réalité un artefact. L'objet en lui-même n'a pas d'importance, mais c'est ce qu'il contient qui est dangereux. Un Horcruxe est un objet auquel un morceau de l'âme du sorcier ayant fait le rituel est rattachée. Ce rituel a été créé par Herpo l'Infâme, un mage noir grec. On pense qu'il a vécu entre 300 et 500 ans avant notre ère. »

Harry était comme absorbé par les paroles de Dumbledore, à la fois fasciné et inquiet qu'une telle magie existe depuis si longtemps. Cela semblait bien trop simple d'obtenir l'immortalité, ou alors Dumbledore ne lui avait pas encore tout dit.

« Quel est ce rituel ? »

Harry n'était pas sûr de vouloir connaître la réponse à cette question. Mais il le fallait, il devait vaincre Voldemort et pour cela, il devait tout savoir de lui.

« Afin de créer un Horcruxe, un sorcier doit briser son âme en commentant le pire des péchés. Il doit tuer sans ressentir aucun regret ou compassion pour sa victime. L'âme alors déchirée en deux se réfugie grâce au rituel dans l'objet choisi par le sorcier, le rendant ainsi immortel. »

Harry n'eut aucune réaction. Il ne savait pas comment réagir. Il était horrifié d'apprendre qu'un tel rituel existe. Il était dégoûté de penser aux meurtres d'innocentes victimes pour permettre à Voldemort de survivre. Il était en colère contre le créateur de cette technique et des générations suivantes pour l'avoir transmis. Il était aussi soulagé d'apprendre que si l'Horcruxe était détruit, alors Voldemort pourrait mourir. Il était anxieux à l'idée de ne peut-être jamais réussir à trouver le dit Horcruxe. Alors non, Harry ne savait vraiment pas comment réagir.

De longues minutes s'écoulèrent, Albus attendant la moindre réaction de la part de son étudiant. Cela l'inquiétait de voir son élève habituellement fougueux et au tempérament de feu, être cette fois-ci aussi apathique. De longues minutes s'écoulèrent, Dumbledore attendant n'importe quelle réaction de la part de Harry. Il se dit finalement qu' il avait peut-être été encore trop tôt pour parler de cela au garçon.

« Avez-vous une idée de son Horcruxe ? » demanda finalement Harry.

« Je pense que Voldemort n'a pas qu'un seul Horcruxe.

- Combien ?

- Sept. »

Cette fois-ci, Harry releva la tête vers son mentor si violemment que le craquement de sa nuque fut parfaitement audible dans le silence de la pièce. Dumbledore n'eut que le temps d'invoquer un seau en métal avant que la tête de Harry disparaisse dans ce dernier pour y vomir un mélange de bile et de son repas de midi. Puis, il le fit disparaître et tendit un verre d'eau à son élève.

Etrangement, cette réaction soulagea Albus. Harry était enfin sorti de son étrange apathie.

« Y a-t-il une seule bonne nouvelle ? » demanda ironiquement Harry. Il fut surpris de voir un léger pétillement reprendre place dans les yeux céruléens de son directeur.

« Oui, deux d'entre eux ont déjà été détruits. »

Harry sembla réfléchir quelques instants avant de finalement écarquiller les yeux et d'ouvrir sa bouche en un O silencieux en réalisant.

« Le journal de Tom Jedusor

- Je vois que ton esprit est toujours aussi vif mon garçon. »

Harry rougit légèrement en entendant le compliment de son mentor. Pourtant, ils n'étaient plus très proches tous les deux depuis les événements du Ministère, un an plus tôt. Mais Harry ne pouvait pas résister en entendant un aussi grand et puissant sorcier le complimenter. Puis, son regard accrocha la main que Dumbledore avait pris pour habitude de cacher sous ses longues manches lors de ses apparitions dans la Grande Salle ou dans le château. Mais pour la première fois, il réalisa que le directeur portait une bague au majeur de la sa main noircie.

« La bague est-elle aussi un Horcruxe ?

- Je crains que oui. » approuva le mage blanc. « Il s'agit d'une relique familiale de la famille Gaunt, la famille de la mère de Voldemort. » expliqua Albus. « Elle était très bien protégée et je n'ai pas été assez prudent en essayant de la détruire. Mais il n'y a plus aucune malédiction dessus désormais, alors je la garde pour narguer Tom la prochaine fois que nous le verrons. »

Harry fronça des sourcils, comme si Dumbledore avait perdu l'esprit.

« Je ne pense pas que ça soit sage de le laisser deviner que nous sommes aux courants pour les Horcruxes. »

Dumbledore fit une mine boudeuse, comme un enfant déçu qu'il n'aurait pas le droit de faire une blague au chien de la voisine ou de jouer au Quidditch à la place de faire sa sieste. Harry sourit, le directeur de Poudlard savait parfaitement comme détendre une atmosphère pénible. Cela rassurait Harry d'avoir tel que lui à ses côtés dans sa lutte contre Voldemort.

« Un journal intime et une bague familiale … » réfléchit Harry à voix haute et en reprenant son sérieux. « Est-ce que l'objet choisi doit avoir une valeur sentimentale pour faire le rituel ?

- Pas nécessairement, mais choisir une simple babiole peut diminuer les chances de réussite du rituel. Choisir un artefact magiquement puissant ou bien habitué à la magie du sorcier est plus sûr. Connaissant la vanité de Tom, nous pouvons être certains qu'il n'a pas choisi de simples babioles. »

Albus attendit quelques instants que Harry se reconcentre sur la conversation avant de poursuivre. Il comprenait qu'apprendre tout cela pouvait être éprouvant et il ne tenait pas à brusquer le garçon.

- Je pense déjà connaître deux autres Horcruxes. L'un pourrait être le serpent de Voldemort. D'après mes sources, Voldemort semble avoir un lien très fort avec son serpent, il lui donne plus de valeurs qu'à ses plus fidèles Mangemorts. Il est aussi très puissant pour un serpent magique, le tuer ne sera pas facile.

- Et l'autre ? » soupira Harry.

« Il s'agit du médaillon de Salazar Serpentard. Un artéfact très ancien ayant appartenu à l'un des fondateurs, comme son nom l'indique. J'ai découvert sa cachette il y a quelques jours et après un premier coup d'œil, j'ai découvert que je ne pourrai pas le chercher seul. » soupira Albus.

Harry ne fut pas dupe, il comprit parfaitement que derrière ces paroles, Dumbledore sous-entendait qu'il aurait préféré ne pas encore parler de ça à Harry. Mais qu'à cause des circonstances, il n'avait pas eu le choix. Si déjà il fallait divulguer cette information confidentielle, Harry supposa que Dumbledore avait choisi de demander son aide à lui puisque de toute façon il jouerait un rôle important dans la chute du Seigneur des Ténèbres.

« Comment le détruisons-nous ? Je suppose que juste taper dessus avec un caillou ne suffira pas. » soupira Harry.

- En effet, d'après mes recherches, il n'y a que deux solutions à notre portée. Le Feudeymon ou bien le venin du basilic. Le Feudeymon est beaucoup trop incontrôlable et j'ignore quel genre de réaction pourrait avoir dessus un Horcruxe. »

Harry fronça des sourcils. Il comprenait ce que le directeur voulait dire. Le sortilège du Feudeymon était un sortilège très puissant et dévastateur. La plupart des sorciers étaient incapable de le contrôler, cela demandait beaucoup d'entraînement et de puissance magique. De plus, déchaîner un feu magique sur une source de magie noire aussi concentrée pouvait peut-être provoquer une explosion ou une perte de contrôle sur le feu. Il valait donc mieux ne pas opter pour cette option.

D'un autre côté, le venin de basilic était rare et extrêmement coûteux. Harry supposait que réunir assez de venin pour détruire six Horcruxes lui coûterait bien la moitié de ses coffres à Gringotts. De plus, cela pourrait leur prendre plusieurs mois voir années avant d'en trouver autant.

« Où avez-vous obtenu le venin de Basilic pour détruire l'Horcruxe de la bague ? »

Albus lui fit un sourire malicieux. Cela détendit quelque peu le garçon, visiblement ce point était le bien le seul qui n'inquiétait pas le vieux sorcier.

« Il me semble mon garçon, qu'il y a quelques années de cela tu as combattu un Basilic avec une épée magique. » Harry écarquilla les yeux en observant Dumbledore chercher sur une étagère l'épée de Godric Gryffondor. « Lorsque tu as transpercé le Basilic, l'épée à absorber le venin. Il faudra faire attention à ne pas se couper en détruisant les Horcruxes. Mais même si un accident survient, je suis certain que Fumseck acceptera de nous offrir quelques unes de ses larmes. »

Comme pour confirmer les dires de son maître, le phénix roucoula joyeusement depuis son perchoir. Harry sourit, désormais rassuré. Puis, il sauta sur ses pieds et déclara d'un air déterminé.

« Le train part après-demain à midi et il y aura le banquet de fin d'année demain soir. En tant que directeur, vous ne pouvez pas le louper, je suppose que nous allons chercher le médaillon maintenant alors ? »

Albus lui sourit et hocha de la tête.

« En effet, nous partirons dans vingt minutes. Rejoins moi aux grilles du château avec quelques provisions, des vêtements discrets et chauds et bien entendu, ta baguette.

- Bien, je vous y rejoins. » acquiesça Harry en hochant la tête.

Mais alors qu'il allait passer la porte du bureau de son directeur, ce dernier le retint.

« Harry. » le directeur le jugea du regard avant de poursuivre. « Pas un mot à Miss Granger et Mrs Weasley.

- Bien entendu, je comprends l'importance de ces informations. » Harry sembla hésiter avant de poursuivre. « Je suis conscient que bientôt, Voldemort aura retrouvé sa pleine puissance et que les choses vont s'accélérer. Je ne tiens pas à mettre mes amis en danger plus qu'il ne le sont déjà juste en se tenant à côté de moi. »

Puis, Harry rejoignit son dortoir. Il se jeta un sortilège de désillusion, et prépara ses affaires le plus discrètement possible. Heureusement, ses camarades de dortoirs étaient autour du lac afin de fêter la fin des cours et des examens. Harry les aperçut en regardant par la fenêtre et un sourire triste mais déterminé étira ses lèvres. Il allait les protéger et s'il avait son mot à dire, jamais ses amis ne perdraient le peu d'innocence qu'il leur restait.

Harry se déshabilla rapidement et fouilla un moment dans sa malle avant d'en sortir une tenue entièrement noire, de la tête au pied. Après les déboires du Ministère et quelques attaques sur Pré-au-Lard de la part des Mangemorts, Harry avait investi dans deux tenues de combat. Celles-ci n'étaient pas aussi coûteuses que celles que les Mangemorts portaient, mais au moins maintenant Harry ne craignait plus les sortilèges mineurs.

Une fois habillée, Harry lança un sortilège sur ses cheveux pour qu'ils deviennent châtain clair et un peu plus long, ainsi il pouvait aisément cacher sa cicatrice. Puis, il modifia légèrement la couleur de ses yeux et les contours de son visage. Maintenir un glamour de ce type n'était pas difficile et plutôt discret comme il n'y avait pas de grosses modifications de faites.

Puis, Harry attrapa une besace et jeta dedans quelques potions de soin qu'il avait désormais toujours dans sa malle et une petite bourse remplie d'obscurité instantanée du Pérou. Cela pouvait toujours être pratique en cas de fuite. Il fourra ensuite la carte des Maraudeurs dans son sac, plus par habitude que par réelle nécessité dans cette situation. Harry observa une dernière fois ses affaires, vérifiant qu'il n'avait rien oublié, quand lui vint une idée. S'il devait fuir et que le transplanage était impossible, alors son balais leur serait bien utile. L'éclair de feu était suffisamment puissant pour pouvoir porter deux sorciers. Le balais rentra sans mal dans le sac sans fond de Harry, merci Hermione pour l'avoir obligé à l'acheter l'année dernière. Enfin, il attrapa sa cape d'invisibilité et s'en drappa.

Mais alors qu'il descendait déjà les escaliers menant à la salle commune, Harry eut une dernière idée et retourna sur ses pas. Il fouilla à nouveau dans les potions entreposées dans sa malle et en tira cette fois-ci une fiole contenant un liquide vert pétant. Avec une grimace, Harry but la fiole cul sec et se décida finalement à partir vers les cuisines.

Le professeur Slughorn les avait autorisés à garder une dose de Felix Felicis après avoir passé plus de six mois à en confectionner. Harry supposait qu'aujourd'hui était la bonne occasion pour l'utiliser. Après tout, la future chute de Voldemort dépendait de leur réussite aujourd'hui. Harry aurait bien besoin de chance.

Une fois aux cuisines, Harry fourra dans un sac en toile de jute plusieurs fruits, des gâteaux secs et des bouteilles d'eau. Il mit le petit sac dans le plus gros qu'il avait déjà, ainsi les potions et la nourriture étaient correctement compartimentées sans se mélanger. Puis il partit rejoindre les grilles du château en courant. La tâche était plutôt compliquée puisqu'il devait en même temps faire attention à ce que sa cape ne laisse pas dépasser ses pieds.

Lorsqu'il arriva devant Dumbledore, Harry s'assura que personne n'était à proximité avant de retirer sa cape d'invisibilité. Son directeur le reconnut aisément, malgré les glamours et le félicita même d'avoir pensé à se grimer.

Dumbledore attrapa le bras de Harry et ils disparurent des terres de Poudlard.

Harry attendit quelques instants que son envie de vomir disparaisse avant d'ouvrir les yeux. Il se trouvait au bord d'une falaise, une petite barque semblait les attendre un peu plus loin. Harry longea la falaise des yeux et remarqua une petite grotte creusée dans la roche et dans laquelle des vagues se fracassaient. Le jeune sorcier grimaça que leur destination était certainement cette grotte peu accueillante.

A la suite, Harry préférait ne pas y songer. Il revoyait défiler dans ses yeux les regards blancs des Inferis, leurs bras tentant de l'attraper et leurs murmures morbides. Des centaines d'Inferis se trouvaient dans ce lac et cela le dégoûtait profondément. Voldemort n'avait donc aucune limite à sa folie et sa monstruosité.

Puis vint les suppliques de Dumbledore alors qu'il le forçait à boire encore et encore la potion qui semblait tant le faire souffrir. Harry se frotta distraitement les yeux, comme si ce geste pouvait effacer de son esprit l'air blessé, ou plutôt apeuré d'Albus Dumbledore. Harry supposa que les personnes l'ayant vu dans cet état pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Le garçon n'était pas certain d'être très à l'aise à l'idée de faire partie de ces personnes.

Tout cela pour qu'au final, ils découvrent en rentrant à Pré-au-Lard la marque des Ténèbres qui flottait sinistrement dans le ciel. Leur escapade leur avait pris plus de temps que prévu, mais finalement il semblerait que louper le dîner était le cadet de leurs soucis. Cependant, aucun cris ni sortilèges ne semblaient provenir du château, peut-être que l'attaque n'était encore qu'à ses débuts.

Harry avait alors enfourché son balais et le directeur monta derrière lui. Malgré la gravité de la situation, Albus se permit un petit rire amusé suite à la puissance du décollage qui le força à s'agripper aux épaules de Harry, puis à sa taille. Lorsque Dumbledore l'avait ensuite stupéfixé pour le cacher sous la cape d'invisibilité, Harry crut qu'il allait mourir de stress.

Il avait vu Draco attaquer le directeur mais ce dernier n'osa pas passer à l'acte. Puis les Mangemorts arrivèrent. Visiblement Draco avait fait apparaître la marque quelques minutes avant que ces derniers n'arrivent réellement. Harry fut soulagé de comprendre que les Mangemorts étaient directement venus à la tour d'astronomie où se trouvait Dumbledore et n'avait pas commencé par attaquer les étudiants.

Puis, il se figea d'horreur. Severus Snape se détacha du groupe, il n'avait pas son masque de Mangemorts contrairement aux autres. Sa baguette se leva lentement vers le directeur sans défense. Harry devait bouger, il devait empêcher cela de se produire. Pourtant Dumbledore lui avait assuré que Snape était son espion. Était-il un espion de Voldemort ? Dumbledore avait-il été trompé ? Ou bien le directeur était-il au courant que la soirée allait se dérouler ainsi ? Harry n'en savait et ne voulait pas savoir. Il éclaircirait ce problème plus tard, pour l'instant il devait sauver le directeur.

« Avada… » commença Severus.

Harry voulut crier, hurler, pleurer et même supplier. Il voulait faire quelque chose, n'importe quoi du moment que Snape ne terminait pas sa phrase.

« Kedav… » Snape ne termina jamais sa phrase.

Une explosion magique avait propulsé les Mangemorts au sol, les plaquant contre les parapets de la tour. L'immense globe représentant une carte du ciel en temps réel placé au centre de la tour s'écrasa au sol. La secousse remua toute la tour et l'écho de la chut résonna un long moment aux oreilles de Harry. Puis, il vit Albus, soufflé par l'explosion de sa magie être propulsé en arrière. Le vieil homme chuta dans le vide qui ne se trouvait qu'un petit mètre derrière lui.

Instinctivement, Harry lança un sortilège de lévitation sur l'homme, sans même remarquer qu'il n'avait pas prononcé un seul mot. Il était bien trop effrayé à l'idée d'avoir failli tuer son directeur pour pouvoir émettre le moindre son.

Harry vit du coin de l'œil Bellatrix Lestrange se relever. Il était à découvert, à deux pas du vide et par-dessus tout sa baguette était occupée à maintenir le sort soulevant Albus. Cependant, Harry ne pouvait pas prendre le risque de le reposer sur le sol de la tour. Dumbledore était désarmé et l'adolescent aurait déjà suffisamment de mal à faire face aux Mangemorts seul, alors il n'arriverait pas en plus à protéger son mentor. Mais le sol était trop loin, il n'aurait pas le temps de le poser sur l'herbe que les Mangemorts l'auraient tué.

Puis, Harry eut soudain une idée. Le plus rapidement possible, il courut vers l'endroit où Dumbledore avait chuté et sous les regards incrédules des Mangemorts, il sauta dans le vide avec son directeur.

« Accio balais ! » appela désespérément Harry alors que Dumbledore et lui s'approchaient de plus en plus du sol.

Et soudain, la chute se stoppa. Harry avait attrapé son balai au vol et fonça vers Dumbledore. La barbe du sorcier avait dû frôler le sol, mais il était sain et sauf. Harry déposa rapidement le vieux sorcier dans un recoin non loin de la tour. Il espérait qu'ici les Mangemorts ne trouveraient pas Dumbledore tout de suite. Il fallait au moins que les membres de l'Ordre du Phénix arrivent avant qu'ils ne le découvrent. Il ne comptait certainement pas sur l'arrivée des Aurors et du Ministère en premier.

Il ne fallait donc surtout pas que Greyback et son flaire de lycanthrope arrive à débusquer le directeur. Harry l'observa et réalisa qu'il le dévisageait comme s'il était fou. Pourtant d'eux deux, c'était le vieil homme qui avait perdu consciemment contre Drago Malefoy. Ce qui était bien plus fou selon Harry, il lui rendit donc son regard.

Harry frappa du pied le sol et retourna voltiger dans les airs. Désormais dans le champ de vision des Mangemorts, une pluie de sortilèges fonça vers lui. Cependant Harry n'était pas le plus jeune attrapeur depuis un siècle et évita donc avec succès tous les rayons de lumières. Décidant que tant qu'il était dans les airs, il serait en réalité, l'adolescent décida qu'il était temps d'appeler à l'aide. Il pointa sa propre gorge et cria.

« Sonorus ! Attaque de Mangemorts ! A tous les étudiants, allez dans la salle commune la plus proche. Même si ce n'est pas la vôtre. Je veux que dans chaque salle commune, un élève sachant faire un Patronus communique au Professeur Chourave la liste de tous les élèves présents dans la salle d'ici dix minutes. » Harry prit une profonde respiration. « Que personne ne se rende dans la tour d'astronomie ou le parc, les Mangemorts attaquent. Professeur McGonagall, activer les défenses de Poudlard ! Chourave et Slughorn aider Mrs Pomfresh pour l'arrivée prochaines des premiers blessés. Professeur Flit… »

Soudain, il se tut. Puis il lança quelques sortilèges et un grognement de douleur lui échappa en sentant son épaule gauche se démettre. Il la remit en place, vivre avec les Dursley l'avait obligé à savoir faire ce genre de choses. Harry reprit finalement parole.

« Professeur Flitwick, Vector, Sinistra, Babbling et Bibbine les Mangemorts sont dans la tour d'astronomie, je les contiens jusqu'à votre arrivée. Il y a dix Mangemorts, Snape, les Carrow, Greyback, les Lestrange et quatre autres Mangemorts du premier cercle. Je ne les reconnais pas avec leurs masques. Les autres doivent être aux alentours, s'il y en a plus. Hagrid, prévenez l'Ordre et le Ministère de l'attaque et demandez aux Weasley d'organiser l'évacuation du professeur Dumbledore. Il est blessé, je communiquerai son emplacement par Patronus à leur arrivée. »

Harry avait conscience que dire cela dans son Sonorus n'était pas rassurant pour les élèves, mais il espérait aussi que cela dissuaderait les plus téméraires de sortir de son dortoir. Ainsi, ils comprendraient que si même un mage comme Dumbledore pouvait perdre, alors eux n'avaient aucune chance de survie.

« Si un élève essaye de sortir d'une salle commune, j'ordonne aux autres étudiants de l'assommer. Si je vois un seul élève dehors, je vous jure que je le tuerai moi-même pour nous gêner dans les combats ! »

Harry désactiva son sort, il avait dit tout ce qu'il avait à dire, et atterrit finalement au sommet de la tour en faisant en sorte de bloquer la seule sortie de la tour. Il avait conscience que pendant son discours, quatre Mangemorts en avaient profité pour pénétrer dans le château, dont Snape et les hommes Lestrange. Il était donc seul contre sept, enfin plutôt six vu que Draco ne semblait pas pouvoir bouger, la peur le pétrifiait sur place. Mais ce n'était pas un problème. Tant que Greyback et les Carrow ne partaient pas de la tour, alors Harry pouvait espérer que les Mangemorts se concentrent plus sur les professeurs que sur les élèves.

La bataille était rude, Harry transpirait à grosse goutte et il sentait les sorts s'écraser à quelques centimètres de lui si ce n'était pas sur ses boucliers. Bientôt, il serait épuisé magiquement, il le sentait. Pourtant il n'abandonna pas et redoubla de rage. Il lui suffisait de croiser le regard de Bellatrix Lestrange pour recharger ses batteries et lancer d'autant plus de sorts. Il était heureux d'être tombé sur le livre du Prince de Sang-Mêlé, ses sorts étaient bien utiles.

Puis, une douleur lancinante survint dans son épaule, la même qui avait été déboitée. Un sort de flagrance brûlait sa cape. La prochaine qu'il achèterait serait un peau de dragon, même s'il ne trouvait pas cela joli. Harry s'aspergea d'un Aguamentie avant de répondre vicieusement à Bellatrix par un Sectumsempra qu'elle évita par miracle grâce à son mari qui l'avait poussé. Le sort toucha le Mangemort derrière elle. Harry ne l'avait pas reconnu avant, mais son masque tomba en même temps que le Mangemort tombait au sol. Il ressemblait comme deux gouttes d'eau à Aleister Gibbon, un étudiant de Serdaigle qui avait le même âge que lui. Certainement son père.

Harry se força à détourner le regard alors qu'il sentait une douleur à la fois terriblement intense et ridiculement insignifiante contrairement à son épaule l'élancer à la main. C'est là qu'il avait réalisé qu'il manquait un doigt à la main qui tenait sa baguette. Mais Harry dut se reculer pour éviter un sortilège d'explosion. Il répondit par un Incendio suivit d'un Expelliarmus et d'un Stupéfix qui avaient touché Drago.

Parfait, ils n'étaient plus que cinq. Greyback, les Carrow et les deux Lestrange. Soudain, il entendit des cris dans le couloirs et moins d'une minute plus tard, Bill Weasley se dressa face à Greyback tandis que Shacklebolt et Maugrey prenaient les Lestrange. Harry n'avait plus qu'à gérer les Carrow. Harry se cacha un instant derrière le Shacklebolt, le temps qu'il envoie un Patronus à Mr Weasley.

« Mr Weasley, prenez trois personnes avec vous et emmenez Dumbledore en sécurité, soit dans une salle commune avec les élèves, soit au QG. Il n'a plus de baguette et il a utilisé trop de magie ce soir pour pouvoir en faire sans baguette. Il se trouve dans une alcôve à quarante degré au sud de la sortie de la tour d'Astronomie. Marcher environ trente pas, puis tourner de 20 toujours vers le sud. Compter douze briques puis sept à partir du sol, il y en aura une de couleur rouge, presser trois briques au-dessus et le passage s'ouvrira. » chuchota Harry

Son Patronus disparut et Harry retourna à la bataille. S'occuper des Carrow ne fut pas compliqué puisqu'ils n'étaient pas exceptionnellement doué en magie, seulement en torture. De plus, passer de sept à deux adversaires était incroyablement plaisant.

« Avada Kedavra ! » cria la fille, par instinct Harry attira l'objet le plus proche à lui.

Le sortilège de mort ne pouvait pas être arrêté par un bouclier magique, mais s'il frappait un objet, alors ce dernier se brisait juste. Cependant, dans la tour il n'y avait rien. Juste quelques gravats. Harry fut plus que surpris de sentir un corps le percuter de plein fouet et prendre le sortilège à sa place. Pris de panique, il regarda le visage du défunt et réalisa avec soulagement qu'il s'agissait de Rodolphus Lestrange. Puis Harry se sentit mal à l'idée d'être soulagé qu'un autre homme soit mort à sa place ou celle d'un membre de l'Ordre.

Harry profita du silence de la pièce pour stupéfixer les deux Carrow. En se tournant vers les deux Aurors et Bill, il réalisa que le loup-garou et Bellatrix avait réussi à s'enfuir. Ce n'était pas étonnant, ils étaient très puissants. Les hommes partirent à leur poursuite, Harry sentant soudainement une douleur intense dans son abdomen. Un poignard était planté dans son ventre, juste à gauche de son nombril. La lame était courte, il avait eu de la chance. Rodolphus avait apparemment compris qu'il allait mourir et avait voulu l'emmener avec lui.

Maugrey était le seul à avoir remarqué que le garçon n'avait pas bougé, les deux autres sorciers étaient déjà partis. L'Auror s'approcha de Harry et marmonna diverses formules avant de retirer le couteau. Du sang jaillit et la douleur fut insoutenable, Maugrey le maintint en place en l'agrippant par le bras et continua de marmonner de plus en plus vite.

Puis, le saignement cessa lentement, la douleur reflua. Harry sortit son sac de la poche magique de son pantalon et fouilla quelques instants dedans. Il en sortit une potion de régénération sanguine et de l'essence de dictame. Il s'en versa la moitié sur la plaie, espérant améliorer le processus de guérison. Puis, il tendit l'essence à l'Auror en désignant d'un geste du menton sa jambe qui saignait. Maugrey prit la potion et rendit le poignard au garçon en échange.

« La lame est maudite, la blessure risque de s'ouvrir si vous bougez trop et vous garderez une cicatrice. » Harry hocha de la tête, ce ne serait pas la première qu'il aurait.

« Merci. »

Puis, les deux hommes s'assurèrent que Drago et les Carrow ne pourraient pas s'enfuir avant de partir vers la bataille. Harry resta quelques instants de plus, fouillant les poches de Gibbon. Il voulait pouvoir donner quelque chose à son fils lorsqu'il apprendrait sa mort. Il trouva finalement un médaillon, les bagues de famille et un autre poignard. Les Mangemorts devaient certainement tous se promener avec un couteau sur eux, pensa furtivement Harry. Pourtant cela ne faisait pas très sorcier, mais plutôt Moldu comme type de défense ou d'attaque. Il haussa des épaules et rejoignit Maugrey au front.

Il avait eu raison un peu plus tôt, les Mangemorts étaient plus nombreux que ce que Harry avait vu à la tour d'astronomie. La bataille continua un moment, Harry ne sut pas vraiment combien de temps. Puis, les Mangemorts fuirent et bientôt, il n'y avait plus que les membres de l'Ordre et des cadavres dans les prés et couloirs de Poudlard.

Harry aida à rassembler les cadavres dans une chambre spéciale de l'infirmerie qui avait été magiquement transformée en chambre froide. Ainsi les cadavres ne s'abîmeraient pas en attendant de pouvoir être retournés au famille ou d'être incinérés par le Ministère. Harry ne savait pas vraiment ce qu'il arrivait au mort et il avait un peu honte de cela. Mais d'un autre côté, il préférait penser aux vivants. Apparemment il n'y avait pas eu de victimes du côté de l'Ordre.

Puis, les prisonniers et les membres de l'Ordre du Phénix se réunirent dans la tour d'astronomie. Il y avait déjà trois prisonniers là, alors autant apporter les autres aussi. Et puis, le bureau de Dumbledore était trop petit pour accueillir tout ce beau monde. Ils attendaient que ce dernier revienne du Terrier où il avait été mis en sécurité.

En attendant, Harry rejoignit les trois directeurs de maison restants qui discutaient calmement. Il leur proposa leur aide. Apparemment, certains élèves manquaient à l'appel, mais impossible de savoir si c'était parce que les préfets avaient oublié de les compter, s'ils avaient rejoint les Mangemorts en douce ou bien s'ils avaient été tués en sortant ou ne rentrant pas dans leurs dortoirs. Harry leur proposa une solution et ils acceptèrent. Ils n'auraient qu'à rassembler tous les élèves dans la Grande Salle, ramener la liste de l'ensemble des étudiants et les cochers en faisant l'appel. Les noms restants seraient les véritables absents.

Harry s'inquiétait pour ses amis. Les connaissant, ils auraient pu rejoindre la bataille en espérant le retrouver au milieu de tout ce cafarnahomme. Mais Harry ne les avait pas vus et il espérait que c'était bon signe. L'adolescent passa une main dans ses cheveux et grimaça en la retirant vivement. Son crâne était poisseux de sang et de poussière mêlée.

Puis, son regard se posa sur Drago Malefoy. Il avait été terrifié à l'idée de devoir tuer Dumbledore, il avait été témoin de la scène. Drago avait encore cet air de terreur gravé sur son visage, malgré la stupéfixion. Harry avait pitié de lui. Malefoy aussi n'était qu'un enfant et avec l'arrestation de son père il y a quelques mois, il avait dû prendre sa place auprès du Seigneur des Ténèbres. Ça ne devait pas être facile, d'avoir une telle position.

Il s'approcha de lui, lança un Silencio, attacha ses mains à l'aide d'un sort et le libéra de son précédent Stupéfix. Malefoy se releva immédiatement et le dévisagea méchamment. Harry maudit sa petite taille, mais ne dévia pas le regard. Puis, il attrapa Drago violemment par le bras et le tira vers l'escalier de la tour. Shacklebolt et Tonks se dressèrent devant lui.

« Harry, il doit être interrogé par les Aurors et emprisonné au Ministère pour sa participation à la bataille. En plus de porter la marque.

- Il n'est qu'un enfant. La guerre ne le concerne pas. »

Tonks le regarda l'air de dire « toi aussi et pourtant, tu es là ». Mais elle ne dit rien, alors Harry poursuivit sa plaidoirie.

« Nous savons tous très bien que Voldemort a le contrôle d'Azkaban et qu'il peut faire libérer n'importe qui au Ministère avec ses relations. S'il attrape Malefoy, il le tuera si ce n'est pas pour le garder dans ses cachots pour se défouler dans ses mauvais jours.

- Tu-Sais-Qui ne tuera pas un Malefoy » grimaça Shacklebolt, il ne revint pourtant pas sur le fait que Malefoy avait toutes les chances d'être libéré d'ici quelques jours ou semaines.

« Lucius Malefoy a perdu toute son influence au Ministère après son emprisonnement, Voldemort a presque épuisé toute leur fortune. Ils n'ont plus que leur manoir pour eux et Lucius est le seul utile au combat. Même Narcissa Malefoy est meilleure combattante que lui, Drago n'a donc aucune raison d'être gardé en vie. »

Malefoy blêmit à ses côtés et soudainement, son regard se fit suppliant envers les deux Aurors. Ces derniers soupirèrent avant de s'écarter. Le laissant emmener Malefoy avant que le Ministère n'arrive sur les lieux. Harry tira le blond à sa suite. Il ne pouvait pas bouger son bras gauche alors il était obligé de le maintenir avec sa main droite. Le frottement de son moignon sur le tissu le faisait grimacer.

Les Weasley et les membres de l'ordre ayant des enfants à Poudlard l'accompagnaient en direction de la Grande Salle. Harry fut surpris de ne pas voir Remus et pensa immédiatement au pire, mais Arthur lui indiqua qu'il était en mission pour Dumbledore et n'avait pas pu venir. Harry hocha de la tête, compréhensif.

Lorsqu'ils passèrent les portes de la Grande Salle, toutes les discussions se turent. Tous le fixaient et les membres de l'Ordre en profitaient pour rejoindre leur famille discrètement. Harry vit du coin de l'œil Hermione sauter de son banc, certainement pour le rejoindre. Mais il se détourna de la table des Gryffondors pour se diriger vers celle des Serdaigle.

Harry s'arrêta devant Aleister Gibbon tout en lançant un regard noir à Draco alors qu'il le lâchait. Il n'avait pas intérêt à essayer de s'enfuir. Il tendit à Gibbon les biens qu'il avait trouvé sur son père : sa baguette, le médaillon, la dague et les bagues.

« Il n'a pas eu le temps de souffrir. »

Harry allait se détourner, mais le Serdaigle l'arrêta.

« Comment est-il mort ? » lui demanda-t-il d'une voix brisée.

Harry détourna le regard, mais cela fut une mauvaise idée. Il réalisa alors que toute la Grande Salle le fixait, même les membres de l'Ordre du Phénix. Ils n'avaient pas assisté à son combat contre les Mangemorts dans la Tour d'astronomie. Ils n'étaient pas au courant qu'il avait tué. Harry eut envie de vomir à ce moment-là. Il avait envie de se terrer dans un trou pour ne plus jamais en sortir. Il avait tué un homme. Comme les Mangemorts.

Harry savait ce qu'être en guerre impliquait. Il y avait forcément des victimes des deux côtés et donc cela impliquait des meurtriers des deux côtés. Mais Harry n'avait juste pas imaginé qu'il serait l'un d'eux. Il n'était qu'un enfant, c'est ce que Dumbledore, les Weasley, les membres de l'Ordre et même Remus lui répétait sans cesse. Mais ils avaient tort. Un enfant n'avait pas à tuer pour survivre, ni à risquer sa propre vie.

Harry fut tiré de ses sombres pensées par la voix du Serdaigle. Il ne lui avait toujours pas répondu.

« Est-ce qu'au moins, tu pourrais me dire dans quel camp il était ? Il … il était un Mangemort ? On ne parle pas de ce genre de choses à la maison, il ne m'a jamais dit ses aspirations politiques pour ne pas m'influencer. Ni influencer mes sœurs. Il disait qu'on devait faire nos propres choix. »

Harry eut soudain un coup de poignard dans le cœur. Gibbon avait été un père de famille, réalisa-t-il soudainement. Gibbon allait manquer à des personnes, comme Sirius lui manquait. Harry était la Bellatrix de son camarade de classe. Il était le monstre lui arrachant sa famille.

« Il était un bon père alors. » finit par murmurer Harry. « Il a reçu un de mes sorts perdus de magie noire qui l'a décapitée. Je visais Bellatrix Lestrange. »

Son ton était si bas qu'il était certain qu'il y avait juste deux ou trois Serdaigles très proches qui purent l'entendre. Aleister sembla comprendre ce qu'il sous-entendait. Si Harry l'avait tué sans que cela ne semble l'affecter plus que cela, alors c'est que son père était un mangemort. Puis, Gibbon écarquilla les yeux, son père avait été tué par le Survivant. Il n'en revenait pas. Les quelques élèves autour d'eux faisaient la même tête, certainement n'imaginait-il pas le Golden Boy en assassin.

« Tu … Tu as tué mon père ? »

Harry plongea son regard dans celui de son camarade. Il remarqua assez stupidement qu'il avait les yeux verts, comme lui. Puis, il assimila sa question. Harry n'avait pas envie de se répéter. Il se sentait déjà suffisamment mal comme ça. Mais l'air perdu et dévasté d'Aleister le poussa à répondre.

« Oui. J'ai tué ton père. »

Harry ne s'excusa pas, ce serait mal venu. Ce ne serait pas sincère et il paraîtrait pour un lâche ou un connard pour ne pas assumer ses responsabilités. Il se détourna et se dirigea vers la table des Gryffondors. Il avait envie de vomir en repensant à ses actes. Mais il n'en montra rien.

Lorsqu'il fut à la hauteur de ses amis, Harry fut accueilli par une furie brune qui lui sauta dans les bras. Bien malgré lui et par un geste instectif, il la repoussa assez brusquement. Hermione venait d'appuyer sur la plupart de ses blessures et ce n'était que grâce à un sacré contrôle de ses émotions qu'il ne hurla pas de douleur. Hermione s'était certainement propulser aussi fort que possible dans ses bras afin de l'étreindre.

Harry remercia d'un hochement de tête Ron lorsque ce dernier attira Hermione vers le banc, l'empêchant de le reperndre dans ses bras. Visiblement, elle n'avait même pas remarqué qu'elle lui avait fait mal et n'avait pas compris la raison de son rejet. Une fois la brunette rassise sur son banc, Ron se repprocha de son meilleur ami.

« Ça va ?

- Ouai, ouai. Ça va. » marmonna-t-il en réponse.

Harry se pencha pour poser son front contre l'épaule de son ami. Ce dernier le serra brièvement dans ses bras, veillant à ne pas le blesser. Harry savait bien que son ami n'était pas vraiment à l'aise dans tout ce qui touchait à la démonstration d'affection, mais il lui fut reconnaissant de son étreinte.

Elle n'était pas forte, ni aussi étouffante que celles de Molly Weasley ou Hermione et pourtant, elle était incroyablement apaisante. C'était parfois agréable d'être serré dans les bras de quelqu'un de plus grand plutôt que d'être celui qui accueillait. Harry soupira de bien-être en se détendant légèrement. Visiblement, Ron avait compris qu'il avait mal à une de ses épaules et l'enlaçait donc légèrement plus bas sur son bras.

Harry ferma les yeux quelques instants avant de finalement prendre une profonde inspiration. Il avait encore beaucoup de choses à faire ce soir, il n'était pas encore l'heure de se reposer. Lentement, il se dégagea de l'étreinte de Ron en le remerciant d'un sourire. Visiblement le rouquin était mal à l'aise et se grattait nerveusement la nuque. Harry savait très bien qu'il n'était pas tactile avec ses frères et cela devait être bizarre de lui faire un câlin.

Harry se reprit finalement et perdit son sourire. Les derniers évènements lui revinrent en mémoire et cela lui fit se souvenir de Drago qui était toujours ligoté derrière lui. Harry attrapa Malefoy et le fit s'asseoir de force sur le banc des Gryffondors. Il lui lança un regard noir, lui indiquant qu'il n'avait pas à protester et s'assura qu'il resterait un place en lui jetant un sort de glue.

« Dumbledore viendra le chercher plus tard. Il était sous Imperium. Ne laisser personne l'approcher. »

Harry savait que ses amis ne le croiraient pas, ni la plupart des Gryffondors. Mais au moins le message était passé, Malefoy ne devait pas être blessé, ni par un rouge et or voulant se venger, ni par un fils de Mangemort voulant l'emmener à leur maître.

Hermione cessa finalement de fixer son regard émeraude pour l'observer un plus globalement. Un halètement lui échappa lorsqu'elle aperçut son état. L'inquiétude s'intensifia immédiatement dans son regard alors qu'elle se levait vivement pour lui faire un peu plus de place sur le banc. Malgré les rapides sorts de soins que les combattants s'étaient lancés entre eux à la fin de la bataille, en attendant que Mrs Pomfresh puisse s'occuper d'eux. Les blessés graves étaient prioritaires, c'était logique.

« Oh mon dieu Harry. Il faut que tu ailles à l'infirmerie. Assieds-toi, je vais te lancer quelques sorts en attendant, il faut vite te soigner et … »

Harry ne lui laissa pas le temps de déblatérer plus longtemps ou de l'obliger à s'asseoir sur le banc des Gryffondors, il faisait déjà volte-face et se dirigeait vers la sortie de la Grande Salle. Cependant, il ne fit que quelques pas avant de faire demi-tour.

« Ron, tu pourrais venir avec moi ? » Voyant que la brune allait les suivre, il rajouta. « Non Hermione, juste Ron. Quelqu'un doit le surveiller. »

Harry fit un geste de la tête faire Draco et Granger sembla se renfrogner sur son banc. Visiblement elle avait compris que ce n'était qu'un prétexte pour la tenir à l'écart. Une nouvelle fois, Harry se dirigea vers les portes de la salle, Ron le suivant de près. A peine ses dernières refermées derrière eux que le Survivant fut pris d'un vertige et sans la présence du rouquin, il serait certainement tombé.

Ron lui laissa quelques secondes pour reprendre ses esprits avant de le faire s'asseoir sur le sol. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que Harry était sur le point de s'évanouir. Alors sans même lui demander son avis, il lui lança un sortilège de lévitation et l'entraîna à sa suite vers l'infirmerie. Là-bas, Ron fut surpris de découvrir que Pomfresh n'y était pas, malgré la présence d'une dizaine de sorciers allongés sur les lits.

« Salut Ron. »

Le rouquin se dirigea vers le lit le plus proche où se trouvait son grand-frère, Bill, quelques bandages visible sous ses vêtements blancs.

« Yo, ça va ? » Bill acquiesça en souriant. « Tu sais où est Poppy ? Harry a besoin de soin. »

L'aîné jeta un regard au garçon qui flottait derrière Ron et une grimace lui échappa en réalisant son état. Ils s'étaient battus ensemble dans la tour d'astronomie avant d'être sépararés. Harry s'était battu comme un lion. Bill n'avait jamais compris l'engouement autour du Survivant, il n'était qu'un gamin qui bien que bien élevé, très gentil et plutôt amusant, n'avait rien d'un héros. Mais ce soir, il avait vu une autre facette de ce dernier, Bill n'avait pas honte d'avouer qu'il l'avait impressionné. Harry deviendrait un excellent duelliste.

« Elle est à la tour d'astronomie il me semble. Les Aurors ont rassemblé les Mangemorts capturés là-bas et les membres de l'Ordre les moins blessés sont allés les aider.

- Merci. Je vais l'emmener. »

Bill lui offrit un sourire encourageant, il savait à quel point cela pouvait être dur de voir un ami proche dans cet état. Il espérait sincèrement que les blessures de Harry soient plus impressionnantes visuellement que réellement graves.

A peine l'infirmerie quittée que Ron se précipita vers les escaliers menant à la tour d'astronomie. A bout de souffle, il finit par atteindre la dernière marche de la tour et tomba nez-à-nez avec Poppy Pomfresh, à son plus grand soulagement. L'infirmière ne mit que quelques secondes à reprendre ses esprits et aboya ses ordres, lui demandant de déposer Harry dans un coin de la pièce.

Poppy s'empressa de le désabillé et de le laver d'un sort afin de pouvoir analyser rapidement l'étendue des dégats. Harry reprit connaissance au milieu de la manipulation, un gémissement de douleur lui échappa. Afin de ne pas être dérangé dans ses soins, Poppy demanda à Ronald de d'éloigner un peu et d'aider Slughorn à distribuer ses potions aux blessés mineurs.

Et c'est ainsi que Harry se retrouvait à regarder les étoiles tout en attendant que Poppy Pomfresh l'autorise à bouger. Lançant des regards noirs par moment à Dumbledore qui ne lui repondait que par des sourirs en coin et des clins d'œil. Une fois les soins finis, l'infirmière retourna à ses autres patients en lui indiquant d'aller se nettoyer un peu la figure.

Harry remarqua alors que plusieurs membres de l'Ordre étaient rassemblés autour d'une immense bassine d'eau qui avait certainement été invoquée un peu plus tôt. Il remarqua du coin de l'œil que Slughorn y versait quelques potions, certainement pour les aider à se rétablir plus rapidement. L'adolescent s'en approcha et commença à discuter avec Tonks de divers sujets, évitant d'aborder les précédents événements.

Harry se pencha précautionneusement au-dessus de la bassine en évitant de trop bouger ses plaies. Puis il passa de sa main valide un peu d'eau sur son visage. Cependant l'opération lui était difficile, son épaule ne bougeait pas bien.

« Je vais t'aider. » lui proposa gentiment Tonks.

Elle invoqua une petite carafe et la remplit d'eau, puis elle en versa le contenu sur sa tête en frottant doucement ses cheveux. Harry soupira de soulagement en sentant le sang sécher quitter son crâne. Il nettoya aussi ses bras et ses mains avant d'enfiler un t-shirt blanc par dessus tout ses bandages. Pomfresh avait ramené quelques affaires de l'infirmerie pour remplacer leurs vêtements abîmés.

Soudain, des voix se firent entendre dans les escaliers et quelques secondes plus tard, le Ministre de la Magie Fudge pénétrait dans la tour, suivi de quelques Aurors. La plupart d'entre eux se dispersaient pour embarquer les Mangemorts et discuter avec les membres de l'Ordre présents sur place. Harry se rapprocha de Dumbledore afin de pouvoir participer à la discussion. Il était celui qui avait prévenu de l'attaque après tout, il avait le droit d'être là. Enfin selon sa logique, il en avait le droit.

Harry préféra écouter dans un premier temps, mais les réponses évasives de Dumbledore et des autres professeurs finirent par l'agacer. Il était évident que le directeur était repoussant à l'idée de voir le Ministère se mêler des affaires de l'école, mais il y avait eu une bataille alors cela était inévitable. Être aussi peu coopératif ne ferait qu'empirer les choses.

« Dumbledore, allez-vous me dire comment une vingtaine de Mangemorts se sont retrouvés dans votre école ? »

Dumbledore se renfrogna. C'était la cinquième fois que Fudge lui posait la question et il lui répondait à chaque fois qu'il cherchait encore. Bien sûr, Dumbledore savait toujours tout ce qui se passait dans l'école et donc, Fudge ne le croyait pas. Harry non plus ne le croyait pas. Il se décida donc à intervenir dans ce dialogue de sourd.

« Un élève était sous Imperium, on suspecte qu'il a fait entrer les Mangemorts depuis l'intérieur du château, ils ne venaient pas du parc. Même si on ignore comment il s'y est pris.

- Et pourquoi donc Dumbledore refusait de me faire part de ce point si c'est ce qu'il s'est passé ?

- Vous savez aussi bien que moi que le directeur est une tête de mule qui refuse de partager ses plans avec quiconque. » cingla Harry, toujours énervé par le directeur pour avoir abandonné aussi facilement devant les Mangemorts.

Fudge se renfrogna quelques instants avant de hocher de la tête. Visiblement ils étaient d'accord sur ce point, le directeur était incompréhensible dans ses actions. Les deux Aurors assignés à la garde du Ministre s'échangèrent un regard avant de se focaliser à nouveau sur Harry. Visiblement, il valait mieux interroger le garçon que Dumbledore lui-même. Il semblerait qu'il y ait une sorte de différent entre eux qui poussaient le garçon à ne pas obéir bien sagement au directeur, contrairement à l'accoutumée.

« Le nom de l'élève ? » demanda l'un des Aurors. Harry le reconnut. Gawain Robards était l'un des meilleurs Aurors du Ministère, pas étonnant que Fudge le veuille à ses côtés.

« Drago Malefoy. » grimaça Harry. Rien ne servait de mentir, le Ministre finirait par l'apprendre tôt ou tard.

« Êtes-vous certains qu'il était sous Imperium ? C'est plutôt étonnant au vu des inclinations de son père. »

Fudge grimaça, il n'aimait pas se faire rappeler que l'un de ses plus proches conseillers avait été un Mangemort.

« Oui, j'ai vérifié moi-même, il n'a pas la marque des Ténèbres. Il était complètement inexpressif et son regard était vide. Il n'a pas participé à la bataille, comme si ses ordres s'arrêtaient au fait de laisser entrer les Mangemorts. Et il y a eu une sortie à Pré-au-Lard il y a quelques jours, il a pu se faire ensorcelé à ce moment là par un Mangemort. »

Robards le dévisagea quelques instants, cherchant la vérité dans ses traits. Harry, malgré son cœur qui battait la chamade, espérait que son mensonge serait cru. Il tenta de rester le plus naturel possible. L'Auror hocha de la tête et passa à une autre question.

« Quand la bataille a-t-elle commencé ?

- Je pense qu'il devait être 22h, peut-être 22h30 au plus tard. » songea Harry.

« Comment s'est déroulé le début de la bataille ?

- J'étais sorti faire du balai au dessus du lac noir.

- Vous étiez hors des dortoirs ? N'y a-t-il pas un couvre-feu ? » Harry rougit à cette remarque.

« Je voulais voler un peu avant les vacances. Comme je vis dans le monde Moldu, je ne peux pas en faire pendant l'année. Le directeur Dumbledore m'a vu et il est sorti pour me reprendre à l'ordre. C'est là que nous avons vu la marque des Ténèbres au-dessus de la tour d'astronomie. Nous avons pris mon balai et nous avons volé jusque là et la bataille a commencé.

- Quels étaient les Mangemorts présents ?

- Il y avait les jumeaux Carrow, Gibbon, les Lestrange, Greyback et des Mangemorts que je n'ai pas reconnu. Il y avait aussi … » Harry se coupa et jeta un coup d'œil à Dumbledore et ce dernier hocha de la tête pour l'autoriser à parler. « … le professeur Snape, il est un espion je crois. »

De toute façon, il était de notoriété publique que Snape avait été sauvé d'Azkaban par Dumbledore à la fin de la première guerre. Ce n'était pas surprenant qu'il reprenne son rôle d'espion pendant la seconde guerre.

L'interrogatoire continua quelques minutes, Harry monopolisant la parole. Apparemment, les Aurors avaient plus de facilité à le croire lui que Dumbledore. Ils ne questionnèrent pas sa parole. De plus, faire son témoignage ici permettaient à la plupart des membres de l'Ordre du Phénix de l'entendre et donc de ne pas raconter une version contestant sa parole plus tard.

« Où est Drago Malefoy ? Nous aurions besoin de vérifier qu'il était bel et bien sous Imperium. »

Harry se vexa, les Aurors ne le croyait pas. Il fixa son regard dans celui du second Auror, il ne le reconnaissait pas celui-là.

« Je sais reconnaître les effets d'un Imperium. Tout le monde sait que Malefoy et moi ne nous aimons pas, alors pour quelle raison est-ce que je le couvrirais ? Pensez-vous que je mens ? »

L'Auror rougit et bafouilla quelques secondes.

« Je hais Malefoy et c'est réciproque. J'aurai aimé qu'il ne soit pas ensorcelé et qu'il ait fait pénétrer les Mangemorts de son plein gré. Mais ce n'est pas le cas et je suis le premier à détester cette situation, le défendre m'horripile. Mais si vous tenez vraiment à emprisonner un innocent, je suis sûr que vos supérieurs pourront vous donner quelques conseils pour vous y aider. Ils n'en sont pas à leur premier coup d'essai. »

Fudge pâlit à vue d'œil. Il était évident que le Survivant faisait référence à l'emprisonnement sans procès du défunt Sirius Black, acquitté à titre posthume. Le regard lançant des éclairs du garçon le pétrifia sur place et il lui fallut plusieurs balbutiements incompréhensible pour réussir à parler correctement.

« Je, nous … S-si… Si vous êtes sûr de vous, alors je pense qu'un interrogatoire ou un procès ne sera pas nécessaire pour connaître la culpabilité du jeune Malefoy. »

Harry hocha froidement de la tête, faisant comprendre au Ministre que cette décision lui convenait. Puis, il se recula d'un pas, laissant Dumbledore reprendre le contrôle de la discussion. L'adolescent ressentait la fatigue de plus en plus fortement, les potions revigorantes ne faisaient plus effet.

Il balaya du regard les dégâts de la tour d'astronomie et soupira en observant l'état désastreux de la pièce. Il y avait de nombreux cratères dans le sol dû à divers sortilèges perdus. Les parapets étaient pour la plupart détruits et le globe trônant habituellement au centre de la pièce était tombé au sol. Harry se souvenait vaguement que c'était sa magie accidentelle qui avait provoqué l'explosion l'ayant fait chuter. Il soupira.

La professeur Chourave se plaça à ses côtés et le complimenta pour son comportement. Apparemment, sa rapide prise de décision en début de bataille avait permis à tous les élèves de se mettre à l'abri sans pour autant créer d'émeute ou de panique. Harry sourit en entendant cela. Il était fier que pour une fois, ce n'était pas lui qui avait mis en danger ses camarades, mais les avait protégés.

« Vous ferez un bon chef de guerre, Harry. » lui sourit chaleureusement Chourave.

Le garçon se figea à cette déclaration. La professeur de botanique avait certainement compris que si Dumbledore ne s'était pas battu aujourd'hui, c'est que sa santé ne le lui permettait certainement plus. Et alors Harry réalisa que si Dumbledore n'était plus le commandant de l'Ordre, alors la plupart des sorciers s'attendaient à ce que le Survivant prenne la relève.

Mais Harry n'eut pas le temps de démentir les propos de sa professeur, qu'il tombait à genoux. Ses mains agrippèrent son crâne avec frénésie avec que sa cicatrice se mettait à saigner. Harry hurla. Voldemort était furieux.