Titre : cauchemar

Auteur : Rieval

Spoiler : épisode titré en anglais Cypher, celui avec l'affreux méchant David Lash. Je crois que c'est mon épisode préféré, je viens de le visionner et pop, cette histoire a jailli.

Résumé : missing scène. Je trouve que dans cet épisode, Blair a l'air bien trop cool le lendemain au commissariat, pour un étudiant qui vient de frôler une mort horrible.

Rating : PG 13 – centré sur l'amitié Jim/Blair.

Note : non Cybélia il n'y a pas de PDE ici (heu, quoique …)

Disclaimer : pas à moi, s'ils l'étaient ça ferait longtemps que j'aurais autorisé la commercialisation DVD de cette extraordinaire série TV !

OoOoOoO

Jim

Jim se réveilla en sursaut, sa main se glissant immédiatement sous son oreiller à la recherche de son arme. Le 38 était froid et rassurant sous sa paume. Il mit ses sens en éveil, cherchant dans le noir et le silence de la nuit, ce qui avait pu le réveiller.

Il étendit son ouïe. Un chien qui aboyait, des jeunes qui terminaient de se saouler devant une boite de nuit, des voitures qui n'en finissaient pas de circuler – comme si même la nuit, chacun trouvait nécessaire de se déplacer en voiture – plus loin, le léger clap-clap des vagues contre l'embarcadère. Rien d'anormal.

Et puis, il l'entendit.

Un bruit étouffé, comme un sanglot que l'on essaierait de ravaler, suivi d'un gémissement puis d'un autre.

Blair.

En dessous de lui, dans le bureau aménagé en chambre d'appoint, Blair était visiblement la proie d'un cauchemar.

Rien d'étonnant. En fait, Jim trouvait que le jeune homme s'en était remarquablement bien sorti, tant devant Lash, gardant son sang froid et gagnant ainsi du temps, qu'au commissariat, le lendemain matin, lors du débriefing. Il avait répondu aux questions de Simon et des agents du FBI d'une manière calme et concentrée, presque professionnelle.

C'était il y a une semaine et … Jim fronça les sourcils : cela faisait pile une semaine que Blair n'avait pas dormi au loft. Il avait prétexté des réunions, des copies à corriger, un article urgent à finir, dormant dans son bureau sur une espèce clic-clac. Il avait menti à Jim. Il y avait gros à parier que ses nuits se soldaient toutes par des cauchemars.

Jim se concentra sur son colocataire.

Son pouls s'était accéléré, sa respiration s'était faite plus rapide.

Jim ne savait pas très bien quoi faire. Il remarqua qu'il tenait toujours son arme, étroitement serrée dans sa main. Il l'a remis à sa place sous son oreiller, tout en continuant sa surveillance.

La respiration de Blair était hachée et Jim avait l'impression que s'il ne se réveillait pas bientôt, son cœur allait tout simplement exploser dans sa poitrine, tant il battait la chamade. Il hésitait pourtant à intervenir. Blair n'était pas un petit garçon – même s'il lui arrivait souvent de se comporter comme un enfant – il serait sans doute affreusement embarrassé s'il découvrait le policier auprès de son lit !

Jim se rassit dans son lit, ses sens toujours tournés vers Blair. Il était tendu, tout son corps était comme crispé, ses mâchoires serrées.

Lash. Tout ça était de sa faute. Il était mort trop rapidement au goût de Jim.

Jim savait qu'il serait interviewé par les affaires internes, sans doute par Sheila Irwin s'il était malchanceux (1). Il avait pratiquement déchargé son arme sur ce fou furieux et pourtant il avait continué à avancer, s'il n'y avait pas eu ce plancher vermoulu …

Dans la petite chambre en dessous, Blair était toujours prisonnier de son cauchemar, n'y tenant plus – tant pis si son jeune colocataire jouait ensuite les susceptibles – Jim se leva et dévala les escaliers quatre à quatre.

Il ouvrit le rideau qui séparait la petite pièce en dessous de l'escalier, du reste du loft. Il faudrait qu'il installe une vraie porte. Blair avait droit à son intimité après tout. Et puis, il était ici chez lui, non ?

Ce qu'il découvrit le laissa un moment sans voix.

La pièce était sans dessus dessous. Blair avait littéralement balancé un de ses oreillers hors du lit, sa couette se trouvait par terre et le plaid navarro aux couleurs criardes que Jim trouvait positivement hideux, avait été balancé sur la petite armoire près du lit. Jim avait eu beau argué que sa vue surdéveloppée ne supportait pas les couleurs du plaid, Blair continuait à s'enrouler dedans pour travailler tard le soir.

Sur le lit, Blair se battait contre un ennemi invisible, gesticulant et se cambrant pour échapper à son assaillant.

Jim s'avança et appela le jeune homme par son prénom.

« Blair. »

Pas de réaction.

« Blair ! »

Le combat futile continuait sur le lit.

Jim s'avança encore. Il se trouvait maintenant près du lit, machinalement, il ramassa la couette et la posa sur la chaise, près du bureau.

« BLAIR ! »

Jim pouvait voir les gouttes de transpiration sur les tempes et sur le front de Blair.

C'était ridicule ! Il fallait que cela cesse maintenant.

Jim se pencha vers le jeune homme et posa sa main sur son épaule.

« Blair, tout va bien, il faut … »

La réaction de Blair fut instantanée et imprévisible. Il poussa un hurlement, puis son bras se détendit, décrivit un bel arc de cercle et son poing s'écrasa sur la joue droite de Jim. Ce dernier déséquilibré, tomba sur les fesses en se tenant la joue.

Son nez saignait un peu. Wow. Il ignorait que Blair était doté d'un si bon crochet du gauche ! Il se releva, sa dignité un peu froissée, prêt à faire la leçon au jeune homme, mais lorsqu'il fut à genoux, à hauteur du lit, il constata que Blair dormait toujours.

Blair avait les yeux clos et était assis tout au bout du lit, coincé entre l'armoire et le mur, essayant en vain de se fondre dans ce dernier, ses mains se trouvait devant lui dans une posture de défense qui fit resurgir la colère de Jim.

Il aurait du vider tout son chargeur dans cette petite ordure. Cinq balles, c'était vraiment un cadeau !

Blair répétait sans cesse la même chose.

« Pasdebainpasdebains'ilvousplaitpasdebainpasdebain. »

Jim se rappela de la mort qu'offrait Lash à ses victimes : noyade. Il les droguait avec du Trichloréthylène puis les laissaient lentement se noyer.

Et surtout, il se rappelait de ce que Lash avait dit à Blair avant de lui faire avaler le Trichloréthylène : qu'il allait bientôt prendre son « bain » (3).

Jim soupira et se mit debout. Blair murmurait toujours la même phrase. Jim contourna le lit et s'approcha lentement de Blair. Cette fois, quand il toucha le jeune homme, il était prêt. Blair poussa un autre hurlement de terreur et se débattit comme un forcené, à coup de mains, de pieds et de tête. Son corps semblait s'être transformé en arme vivante.

Jim ne le lâcha pas. Il le prit tout simplement dans ses bras endurant stoïquement les coups et se mit à caresser les longs cheveux bouclés, trempés de sueur, en parlant tout doucement.

« Ssssshhhhh. Ca va aller. Il n'y a plus rien à craindre maintenant. Calme toi Grand Chef. Shhhhh. »

La lutte ne dura pas très longtemps.

A bout de force, Blair se relâcha soudain dans ses bras, mais Jim pouvait dire rien qu'en écoutant sa respiration que le jeune homme n'était pas encore tout à fait éveillé. Il continua son monologue.

Enfin, une main tremblante vint se loger dans son tee-shirt, puis une seconde. Blair finit par enfouir son visage dans la poitrine de Jim. Et les larmes commencèrent à couler. D'abord par à-coup, comme si Blair se retenait encore de pleurer puis, progressivement, les sanglots redoublèrent, et bientôt le tee-shirt de Jim fut trempé.

Les sanglots se muèrent en hoquets et les hoquets en tremblements. Blair essaya de se déloger de l'étreinte de son ami, mais Jim tint bon.

Il sentit Blair se détendre et poser sa tête sur son épaule. Jim attrapa le plaid qui se trouvait par terre près du lit d'une main, sans lâcher sa charge, de l'autre, il enveloppa la forme tremblante dedans et repris son mouvement de berceuse.

Il ne fallu pas longtemps à Blair pour s'assoupir. Sa respiration redevint régulière, son corps se détendit complètement dans les bras de Jim.

Jim ne savait pas ce qui l'étonnait le plus : que lui, Jim Ellison, celui que ses collègues avaient surnommé The Ironman (4), soit à 4 heures du matin en train de bercer son colocataire de 25 ans ou bien que ledit Jim Ellison ne s'imagine pas une minute ne pas le faire.

A travers la vitre de la petite chambre, il pouvait voir les premières lueurs du jour filtrer par la baie vitrée.

Demain, il aurait une petite conversation avec Blair.

Demain.

Parce que pour le moment, il était juste heureux de rester là, sa tête posée sur celle de Blair.

TBC (après mon retour de vacances !)

(1) Episode Deep Water, saison 2, Jim y est accusé d'avoir tué son ancien coéquipier, Jack Pendergrast.

(2) Chloral hydrate : la victime est comateuse, mais encore consciente.

(3) Pour ceux qui n'ont pas vu cet épisode : Lash a été abusé par sa mère étant enfant. Elle le soumettait vraisemblablement à des actes de nature sexuel puis le lavait – un acte symbolique, pour rendre à l'enfant sa pureté – en le frottant jusqu'au sang et en le trempant dans des bains brûlants. Difficile de rester sain après ça !

(4) Homme d'acier, bref, pas très causant le monsieur et pas super sociable non plus d'ailleurs.