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Sa main dans la mienne c'était étrange… et maladroit… et chaud… et collant mais le pire dans tout cela était le fait que c'était probablement la meilleure chose que j'ai vécue depuis le début de la malédiction.

"Est-ce que ça te met mal à l'aise ?" questionna Bella en levant nos mains jointes.

"Euh… tu me croirais si je disais que je ne suis pas sûr ?" demandai-je sincèrement.

Elle gloussa. "Venant de toi ? Je le crois définitivement."

"Qu'est ce que c'est censé vouloir dire?" demandai-je confus.

"Tu as l'air d'être très en conflit avec beaucoup de choses, comme si tu menais toujours une énorme guerre de la psyché ou quelque chose comme ça."

"Suis-je vraiment aussi transparent ?"

"Être transparent n'est pas une mauvaise chose, tout le monde devrait essayer d'être ouvert avec les gens… Mais au lieu d'essayer si fort de comprendre ce que tu ressens à propos de quelque chose, pourquoi ne pas simplement le ressentir ? Ton mental n'a pas besoin d'être aussi impliqué dans tout ce que tu fais."

"Je me rends compte que je réfléchis trop, surtout après que tu viens de le souligner mais… qu'est-ce qui t'a poussé à tenir ma main comme ça ?"

Elle haussa les épaules. "Parce que je voulais… Pourquoi quelqu'un d'autre tiendrait-il la main de quelqu'un d'autre ? Mais ta paume transpire sérieusement, donc ça te met clairement mal à l'aise. Si tu veux que je te lâche, dis-le moi."

"Je suis désolé," dis-je en retirant ma main de la sienne et en essuyant la sueur sur mon pantalon.

"La sueur ne me dérange pas," m'assura-t-elle en tendant sa main vers la mienne dans une invitation pas si subtile. "Et ce n'est pas grave si tu es un peu mal à l'aise aussi. Parfois, être mal à l'aise est le meilleur moyen de grandir en tant que personne."

Je déglutis difficilement, puis je me surpris moi-même en lui prenant la main et en permettant à nos doigts de s'entrelacer une fois de plus.

"C'est agréable, n'est-ce pas ?" demanda Bella alors qu'elle balançait nos bras entre nous et commençait à me guider vers une lente promenade dans la rue.

"Ouais... ça l'est," dis-je, me surprenant encore une fois. Je voulais lui demander où nous allions mais je doutais qu'elle ait des projets. Elle semblait rarement faire des plans, alors nous continuâmes à marcher, main dans la main, et pour une fois j'étais vraiment excité de voir où nous finirions.

Pendant que nous marchions, Bella parlait. Elle parlait tellement que parfois je n'étais même pas sûr de ce qu'elle disait mais étonnamment j'aimais simplement écouter le son de sa voix. C'était agréable et apaisant d'une manière à laquelle je ne m'attendais pas.

Puis parfois, quand quelque chose détournait son attention de ce qu'elle disait, elle arrêtait simplement de parler au milieu d'une phrase et admirait ce que c'était en silence. Un oiseau construisant son nid, un motif dans les nuages, une arche de passerelle, un petit vieux couple promenant son petit vieux chien, un enfant dansant autour d'un lampadaire - elle voyait la beauté en tout et à travers elle, pour la première fois depuis très longtemps, je pourrais aussi commencer à voir des lueurs de beauté.

Quelque chose de miraculeux se produit ce jour-là - Le temps… mon ennemi inflexible, sembla faire une pause dans sa ridicule moquerie envers moi et en fait me permit de respirer librement. Quand j'étais avec Bella, je ne pensais pas à la barrière d'immortalité entre nous. Je ne pensais pas à la malédiction, ni à mes péchés, ni à quoi que ce soit qui m'épuisait habituellement. Lorsque nous nous arrêtâmes pour manger, je me sentis réellement rassasié, et après une agréable pause sur un banc de rue, je me sentis réellement reposé.

C'était bien… plus que bien.

Finalement, le temps me rappela son omniprésence en assombrissant le ciel.

"Alors… je devrais probablement t'escorter jusqu'à chez toi," dis-je à contrecœur.

"Pourquoi veux-tu me raccompagner chez moi ? demanda-t-elle, apparemment amusée par mon choix de mots mais confuse quant à ma raison derrière eux. "Tu penses que tu sais où j'habite mieux que moi ?"

Je souris. "Non… je ne sais pas du tout où tu habites."

"Alors pourquoi voudrais-tu m'escorter jusqu'à chez moi ?"

"Parce que c'est la bonne chose à faire. Tu es une dame et je suis..."

Avant que je puisse finir ma phrase, elle commença à craquer. "Oh mon dieu, tu sors d'un roman classique. Comme c'est chevaleresque de ta part d'escorter une demoiselle chez elle pour la protéger de tous les méchants et pour t'assurer qu'elle ne tombe pas et n'écorche pas ses délicats petits genoux."

Je gloussai. "Eh bien, quand tu le dis comme ça… Oui, oui, je viens d'un roman classique et je ressens le besoin de m'assurer que tu rentres chez toi en toute sécurité avec les genoux intacts."

"Quelle chance j'ai d'avoir mon propre chevalier galant personnel," dit-elle théâtralement.

"Tu ne veux vraiment pas que je te raccompagne chez toi ?" demandai-je en essayant d'être sérieux. Je ne voulais absolument pas qu'elle pense que j'étais une sorte de cinglé qui ne pouvait pas accepter un non comme réponse.

"Je n'ai pas dit ça… Peut-être que je ne veux pas encore rentrer chez moi."

"Vraiment ? Il se fait tard, ton père ne va-t-il pas s'inquiéter ?

Elle secoua la tête. "Il sait qu'il ne doit jamais m'attendre à la maison à une heure fixe."

"Pas même la nuit ?" dis-je surpris.

"Qu'est-ce que l'heure a à voir avec quoi que ce soit ? S'il y a une aventure à vivre, pourquoi la laisser passer juste parce que la société dit que tu devrais dormir ?"

"Et ton père… il est juste… d'accord avec ça ? Je veux dire, je comprends que tu as dix-huit ans et tout mais…"

"Quand je suis venue vivre avec lui l'année dernière, il était un peu plus tendu et nerveux mais il a appris. Maintenant, il m'encourage même. Si je reste trop longtemps dans la maison, il me fera des suggestions jusqu'à ce que quelque chose suscite mon intérêt."

"Vraiment ? Waouh, eh bien c'est… cool."

"Il sait que ça me rend heureuse et en fin de compte, le bonheur n'est-il pas le but de la vie?"

"C'est vrai ?" demandai-je doucement.

"Quel autre but pourrait-il y avoir ?"

"Je ne sais pas… Je suppose qu'en grandissant, on m'a appris que le but de la vie était de servir Dieu et d'être vertueux afin d'aller au paradis."

Elle sourit mais ses yeux exprimèrent la désapprobation. "Alors… tu penses que le but de la vie est de faire tout ce qu'il faut pour mourir et aller au paradis ? Je suis désolée, ça n'a aucun sens pour moi. Pourquoi être né dans ce monde ?"

"Eh bien, qu'est-ce que tu en penses ?" demandai-je, presque désespéré de trouver une autre façon de penser.

"Je pense que la vie est un cadeau. Tout ce qui existe dans le monde est destiné à être exploré et découvert, sinon pourquoi tout cela est-il là ? Sinon, comment saurons-nous qui nous sommes vraiment si nous ne sortons jamais et ne faisons jamais réellement l'expérience des choses ?"

"Tout n'est pas fait pour être expérimenté," marmonnai-je avec une pointe d'amertume que je n'avais pas prévue. "Certaines choses sont juste faites pour t'attirer dans les ténèbres."

Elle sortit quelque chose de sa poche puis me le tendit. "Eh bien, c'est une bonne chose que j'aie toujours une lampe de poche alors, n'est-ce pas," dit-elle avec un sourire. Je baissai les yeux sur la petite lampe à clipser dans ma main et souhaitai plus que tout que ma vie soit aussi simple.

Quand il fit sombre, Bella alluma juste une lumière. Mais je suppose que quelqu'un qui n'a jamais vu de vraies ténèbres ne pourrait jamais comprendre pleinement mon sort, et j'étais en fait reconnaissant qu'elle soit si innocente et indemne. Je ne pouvais pas vivre aussi simplement, parce que j'avais vu la vraie obscurité et je vivais avec sa colère chaque jour, mais peut-être que si je me tenais assez près d'elle, je pourrais partager sa lumière pendant un petit moment…

"Tu sais, certaines des plus belles choses de l'univers ne peuvent être vues que dans l'obscurité," dit-elle lentement.

Je la regardai de nouveau et la façon dont le clair de lune dansait dans ses yeux me coupa le souffle. "Je peux vraiment le croire," murmurai-je en retour.

Elle sourit à nouveau. "Alors allons trouver quelque chose de beau."

Je voulais lui dire que j'avais déjà trouvé quelque chose de beau mais je me mordis la langue. Je ne pouvais pas y aller, ni avec elle, ni avec personne. "D'accord, je suppose que je suis partant pour n'importe quoi… Montre le chemin," lui dis-je.

Elle sourit avec enthousiasme. "Il y a quelque chose que j'aie envie de faire depuis un moment maintenant."

"Et tu ne l'as pas encore fait ?" demandai-je d'un faux air choqué.

"Je sais, c'est terrible mais je n'ai pas eu la motivation adéquate. Le désir n'est rien sans motivation."

Je ris une fois. "Alors tu es motivée maintenant ?"

"Certainement. Allons-y," dit-elle en attrapant ma main et en me traînant vers la gare routière la plus proche.

Nous traversâmes la ville en bus puis descendîmes dans un quartier où je n'étais jamais allé. Nous marchâmes quelques pâtés de maisons avant que les maisons deviennent plus rares puis nous avançames encore. Finalement nous arrivâmes à une petite maison blanche avec un vieux pick-up devant.

"Euh… c'est ta maison ?" demandai-je alors qu'elle me conduisait sous le perron.

"Ouais, n'est-ce pas mignon ?"

"Je pensais que tu avais dit que tu n'étais pas encore prête à rentrer à la maison ?" demandai-je confus.

"Je pensais que tu avais dit que tu étais partant pour tout ?" contra-t-elle avec un clin d'œil.

Soudain, la voix d'Emmett résonna dans mon oreille, me parlant de sexe puis la voix d'Alice se joignit à la sienne en disant que tout le monde le faisait. Etait-ce pour cela que nous étions chez elle ? Est-ce que Bella voulait avoir des relations sexuelles ? Cette pensée me terrifia… et m'excita… et me fit culpabiliser… et putain, Bella avait raison, je réfléchissais trop.

"Euh… d'accord," dis-je, avant de m'arrêter maladroitement à la porte d'entrée. "Dois-je attendre ici ?"

"Pas question, entre."

Je ne savais pas si je devais m'enfuir dans la rue ou courir en avant pour la soulever et l'emporter jusqu'à sa chambre. Cette pensée me rendit nauséeux mais elle ne me laissa pas vraiment le choix. Elle prit ma main et me tira à l'intérieur avec elle. La maison était sombre mais la faible lueur de la télévision dans l'autre pièce signifiait que quelqu'un était à la maison, et encore une fois, je m'interrogeai sur mes émotions. Étais-je soulagé ou déçu ?

"Salut papa !" Bella salua joyeusement son père.

"Hé, gamine. As-tu passé une bonne journée ?" répondit-il.

"Jusqu'ici tout va bien mais ce n'est pas encore fini," lui dit-elle.

"Oh, c'est super. Qu'est-ce que tu fais maintenant?" demanda-t-il en entrant dans le champ de vision puis il remarqua qu'elle n'était pas seule. "Oh... je n'avais pas réalisé que tu avais de la compagnie," dit-il d'un ton étrange en me regardant.

"Euh… Bonjour, je suis Edward Cullen," dis-je en lui tendant la main pour qu'il la serre.

Il me regarda froidement puis baissa lentement les yeux sur ma main tendue.

"Papa, il veut que tu lui serres la main… alors serre-lui la main," lui ordonna Bella. "Charlie n'est tout simplement pas habitué à des salutations aussi formelles de la part de mes amis," dit-elle avec dédain puis elle commença à ramasser diverses choses que je ne pouvais pas vraiment distinguer dans l'obscurité.

"Et je n'ai pas l'habitude que tes amis soient des hommes," grommela Charlie. "En fait, je ne me souviens pas de la dernière fois où tu as eu quelqu'un… Eh bien, à part cette fille Alice… et Jacob bien sûr."

"Jacob est un homme," fit remarquer Bella en attrapant quelque chose derrière lui.

"Non, Jacob n'est qu'un garçon maladroit," argumenta-t-il.

Bella gloussa. "Oh papa, tu es tellement drôle. Edward est en fait le frère d'Alice. J'ai traîné avec lui quelques fois maintenant."

"Quelques fois, ce n'était pas assez ?" interrogea-t-il.

"Je sais, c'est étrange pour moi, hein ?" dit-elle de manière inattendue, puis elle finit ce qu'elle était en train de faire. "Prêt ?" me demanda-t-elle.

"Euh…" Je n'avais aucune idée de quoi dire alors que son père se tenait là, me fixant comme si j'étais une sorte de méchant. "Bella sera parfaitement en sécurité avec moi, M. Swan," tentai-je de le rassurer.

"Qu'est-ce qui te fait penser que je m'inquiète pour elle ?" dit-il froidement, me prenant par surprise.

"Papa, je ne vais pas faire tuer Edward comme je l'ai fait avec le dernier gars que j'ai sorti au milieu de la nuit," dit Bella avec désinvolture.

"Hein ?" fis-je troublé.

"Edward, je plaisante," dit rapidement Bella.

"Oh, je sais," répondis-je avec un faux rire.

"Mais je te ferai tuer si tu dépasses les bornes," m'avertit Charlie. "Et juste pour que tu le saches, Bella est ceinture noire de karaté… et elle porte du gaz au poivre… force ours ."

"Papa, tout ira bien. Depuis quand t'inquiètes-tu de toute façon ?" lui demanda-t-elle

"Je m'inquiète toujours, même si je ne te le dis pas," marmonna-t-il doucement.

"Tout ira bien," dit-elle avant d'embrasser sa joue, puis elle attrapa ma main et me conduisit hors de la maison vers le pick up.

"Tu nous conduis quelque part ?" demandai-je incertain.

"Oui, alors entre."

Le vieux pick-up avait définitivement connu des jours meilleurs, et si je n'étais pas immortel, j'aurais probablement été pétrifié. "Est-ce que… tu conduis souvent cette chose ?" demandai-je inquiet pour sa sécurité.

"Eh bien, mon père le conduit habituellement au travail, mais chaque fois qu'il est à la maison, il me laisse le prendre," expliqua-t-elle alors qu'elle commençait à conduire.

"As-tu déjà pensé à acheter une nouvelle voiture ?"

"Nous n'avons pas vraiment beaucoup d'argent. Les heures de mon père ont été réduites à la scierie, alors nous avons de la chance d'avoir quelque chose. Il gagne assez pour que nous puissions nous en sortir et nous ne manquons jamais du nécessaire mais une nouvelle voiture brillante n'en fait pas partie. J'ai essayé de l'aider financièrement dans le passé mais il refuse de me prendre un centime et il préférerait que je ne travaille pas du tout… Je suppose que je pourrais m'acheter une voiture si j'avais un travail stable, mais vraiment, je préfère marcher et prendre le bus. Je gagne assez d'argent dans mes emplois occasionnels pour m'acheter des vêtements d'occasion, des snacks et autres et j'achète mes propres téléphones prépayés, alors pourquoi devrais-je m'inquiéter pour quoi que ce soit d'autre alors que nous avons tout ce dont nous avons besoin ?"

"Alors… il ne veut pas que tu travailles du tout ? questionnai-je lentement. "Est-ce qu'il veut que tu ailles à l'université ?

"Il veut juste que je sois heureuse," dit-elle simplement.

Waouh… c'est super… mais… je veux dire, éventuellement tu voudras vivre par toi-même. Comment vas-tu subvenir à tes besoins ?"

"Je te l'ai dit, je ne prévois rien à l'avance. Je suis sûre que je trouverai quelque chose ; ma mère l'a toujours fait. Peut-être que je vais juste t'épouser et emménager dans cette grande maison chic avec ta famille et toi…" ajouta-t-elle avec désinvolture.

Je la regardai en état de choc. Heureusement, son visage sérieux se brisa et elle me regarda avec un sourire. "Edward, je me moque de toi… encore. Waouh c'est beaucoup trop facile."

"Eh bien, pour ma défense, tu es la personne la plus déroutante que j'aie jamais rencontrée, et je n'ai aucune idée de ce que j'attends de toi."

"Je le prends comme un compliment."

"Oui tu dois," dis-je sans perdre de temps.

Son sourire grandit. "Tu sais quoi, Edward Cullen, je t'aime vraiment bien."

"Eh bien, Bella Swan, je t'aime bien aussi."

Elle gloussa. "Peut-être que tu devrais reporter cette évaluation jusqu'à après ce soir."

"Oh oh, qu'est-ce que ça veut dire ?"

Elle rit encore. "Tu verras."


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