Kayabouga ! Le chapitre 37 !

Bien sûr, on ne se refait pas : 14 pages haha

Bonne lecture !


Shun s'avança vers Hécate et se mit en tailleur au centre du Pentacle. Sur chaque pointe de l'étoile qui représentait un point cardinal, un élément se situait juste au dessus sous forme de flamme : bleue pour l'eau à l'Ouest, blanche pour l'air à l'Est, orange pour le feu au Sud et verte pour la terre au Nord. Assis au centre du pentacle, cette configuration lui signifiait qu'il était à la merci des éléments. Il savait qu'il devait prononcer ses vœux. Toutefois, le jugement qui l'attendait était exceptionnel et spécialement pour lui. À cause de sa magie.

Il était dans une immense salle en pierre, à peine éclairée. À sa gauche, les sorciers suprêmes, à sa droite, les autres sorciers.

- Shun, fit la voix dure d'Hécate.

Le dénommé releva la tête.

- Tu as reçu mes savoirs. Issus des dieux et des forces primordiales de ce monde, dont sont issus directement les Éléments. Es-tu venu ici sans mauvaise intention ?

- Oui Hécate, je le jure.

- Jure tu de protéger l'équilibre entre les mondes ?

- Oui Hécate je le jure.

- En ce cas, soumet toi au jugement des Éléments. Prends la calice.

Shun s'exécuta.

- Bois son contenu. Si ton corps ne le rejette pas, alors l'Eau estime que tu es digne de confiance.

Shun inspira, pris la coupe en argent qu'Hécate lui tendait et porta à ses lèvres le liquide noir qu'il but d'un trait. C'était un goût effroyable et il dût se faire violence pour finir de tout boire. Il reprit son souffle et attendit. Rien ne se passa.

- L'Eau t'estime digne. Prends l'Athamé et ouvre toi la main. Puis met du sel dessus. Si le sel ne fait pas propager la gangrène sur tout ton corps, alors cela signifie que la Terre t'estimes digne.

Shun saisit le poignard qu'il avait devant lui et s'exécuta. Non sans grimacer en sentant la blessure lui piquer la peau. Le sang se mit à couler. Et il attendit. À nouveau, outre la plaie ouverte, rien ne se passa.

- La Terre t'estimes digne. Prends l'encensoir et porte le à ton nez. Si tu ne tousses pas, alors l'Air t'estime digne.

À nouveau sans broncher, Shun s'exécuta et inspira le contenu de l'encensoir. Il eut la sensation de picotements dans la poitrine. Il attendit et rien ne se passa.

- l'Air t'estimes digne. Maintenant, prends la baguette. Quand la flamme apparaîtra sur la pointe, tu la mettra sur ta plaie. Si la flamme cautérise la plaie et ne te brûle pas, alors cela signifiera que le Feu t'estimes digne.

Shun vit une flamme apparaître sur la pointe de la baguette. Il applique les consignes d'Hécate à la lettre. Aussitôt, la plaie causée par l'Athamé se referma et il ne restait plus rien, pas même une cicatrice.

- Tu as réussi le jugement des Éléments. Tu fais désormais parti des nôtres.

Il vit Hécate s'approcher de lui et lui murmurer à l'oreille :

- An'ye Harm None Do what Ye Wilt (1)

Puis elle lui sourit tendrement :

- Je suis fière de toi mon fils.

Shun lui sourit lui aussi et ne résista pas à la prendre dans ses bras. Hécate ouvrit les yeux de surprise et eut un rire doux.

- Bienvenue parmi les sorciers suprêmes mo chara (2) ! fit Cuchulainn d'une voix forte en lui donnant une tape amicale dans le dos.

- Nous sommes ravis que tu sois des nôtres. Sache que nous serons de ton côté, quoiqu'il arrive. Et nous sommes heureux de voir tes progrès, lui dit Circé dans un doux sourire.

Shun lui rendit son sourire. Il devait se l'admettre qu'il avait été assez surpris de voir que la légendaire sorcière pouvait être aussi gentille, alors que sa réputation disait le contraire. En son fort intérieur, il se demanda si tout ce qu'on avait raconté autour d'elle n'était pas dû aux hommes et aux dieux qui voyait d'un mauvais œil sa façon de vivre qui était très libre.

- Félicitations Shun, entendit-il derrière lui.

Cette voix…

Shun sentit son coeur battre plus rapidement.

Il se tourna et vit Johann qui lui souriait. Bien vivant.

- Johann… tu… tu es là ?

- Bien sûr ! Je n'allais quand même pas manquer ta cérémonie d'intronisation.

- M…merci…

Shun sentit les larmes lui monter aux yeux. Il vit aux mouvements de lèvres de Johann et dans ses yeux que lui aussi était ému de le voir. Toute cette conversation sourde était menée par leurs yeux. Ils gardaient cela pour eux à cause des gens qui les entouraient.

Au fond d'eux, ils mourraient d'envie de se retrouver.

La cérémonie se termina et les sorciers quittèrent la salle. Avant de partir devant Shun, Johann chuchota à son oreille :

- Retrouve moi au Jardin.

OoOo

Shun passa dans les couloirs du Sanctuaire d'Hécate. Ce dernier était une sorte de forteresse en pierre, située sur un rocher déviant dans l'Espace infini. Shun regardait les nébuleuses de gaz se confondant avec la lumière des étoiles, révélant une multitude de couleurs splendides.

Il tourna son regard vers l'infini galactique qui se situait devant lui et le contempla. L'espace paraissait si calme, si insonore. En réalité, il espérait que ce moment de plénitude calme les palpitations de son cœur. À la fois il était heureux de voir Johann en pleine forme et à la fois… il était mort de stress. Qu'allait-il se passer entre eux maintenant ?

Il se remit en marche, décidé à avoir une discussion avec Johann. Il arriva bientôt au Jardin. C'était une immense salle où la quasi-totalité des plantes, mêmes les plus rares, étaient cultivées pour tout ce qui était potions et poisons. De ça et là, des boules de lumières flottaient dans les airs, apportant aux plantes chaleurs et lumières nécessaires à leur développement. Il tendit l'oreille pour détecter un mouvement mais à part les plantes, il ne semblait pas avoir âme qui vive.

- Johann ? appela-t-il

Il continua à marcher, se demandant où était le sorcier vaudou quand il sentit une main agripper fermement son poignet. Surpris, il eut à peine le temps de reconnaître le cosmos qu'il se retrouva plaqué contre un des piliers en pierre, Johann l'embrassant avec passion. Aussitôt, les résolutions de Shun s'envolèrent et il se laissa aller à ce baiser fougueux. Il ne peut s'empêcher de gémir en sentant la langue de Johann s'insinuer dans sa bouche. Ils s'écartèrent quelques secondes pour reprendre leur souffle puis ils continuèrent de s'embrasser avec plus de force. La détermination de Johann lui faisait perdre pied. Les mains de ce dernier entourèrent sa taille, le rapprochant plus de lui. Les mains de Shun quant à elle se perdaient dans les dreadlocks noires, essayant de trouver un point d'ancrage dans ce torrent de passion.

Au bout de quelques instants, ils se séparèrent à nouveau pour reprendre leur souffle. Les résolutions de Shun lui revinrent en mémoire alors qu'il avait collé son front contre celui de Johann. Il sentit les larmes lui monter aux yeux et s'éloigna de Johann en lui tournant le dos.

- Shun…

- J'ai cru t'avoir perdu… éclata le dénommé en sanglot. Je tenais ton corps inanimé dans mes bras. Ces derniers temps, je me réveillais la nuit, en sueur, car je revoyais ton corps mort. Hécate m'a dit que tu étais en vie et en bonne santé mais comme on ne pouvait pas encore se voir, je n'avais même pas la preuve que tu étais bien en vie. Pourquoi as- tu fais ce contrat ?

Shun sentit deux bras l'enlacer et une tête se poser sur son épaule gauche.

- Pardonne moi…C'était stupide, je sais, mais je pensais n'avoir aucun autre choix. Ma vie vaut énormément pour Baron Samedi.

Shun s'arrêta de pleurer un instant. Il avait du mal à réaliser tout ce que Johann lui disait, se disant qu'il n'en valait pas tant la peine. Comme s'il avait deviné les tourments qui agitaient son coeur, ce dernier continua :

- La vérité est que je t'aime Shun. Je voulais cette armée pour que l'on gagne. Pour ne pas te perdre. Je ne sais pas comment j'aurais pu faire sans toi s'il t'était arrivé quelque chose à cause de Rhadamanthe. Je me souviens toujours de ce jour où je t'ai vu dans ce cinéma pour la première fois, avec ton sweat à capuche noir et ton pantalon de treillis. Je n'ai pas voulu m'en rendre compte mais c'est à ce moment précis que mes sentiments pour toi ont commencé. Et je n'ai pas cessé de t'aimer depuis. Je t'aime quand tu es joyeux, doux et optimiste. Je t'aime quand tu pleures, quand tu doutes de toi et quand tu es timide. Je t'aime quand tu rassemble tout ton courage et ta détermination pour avancer. Je t'aime quand tu restes fidèle à tes principes. Je t'aime quand tu veux épargner tes ennemis. Je t'aime avec ou sans tes pouvoirs. Je t'aime pour ce que tu es Shun.

À nouveau, les larmes montèrent aux yeux de Shun. Johann retourna doucement Shun et prit son visage en coupe dans les mains, essuyant les gouttes avec son pouce. La voix hachée, Shun tenta de parler :

- Johann je…

- Je suis au courant de ce contrat avec Baron Samedi. Il me l'a dit. J'ai été en colère oui car je ne voulais pas te perdre. Mais… tu l'aurais fait quand même, je le sais. Et je t'aime pour cela aussi.

- J'ai fait ça parce que je ne voulais pas te perdre aussi. Pardonne moi…

- Ne t'en fais pas… Merci de m'avoir sauvé la vie.

Johann fondit sur les lèvres de Shun et l'embrassa avec tendresse cette fois-ci. Puis, ils restèrent un temps comme ça, à s'enlacer. Johann finit par prendre la parole :

- C'était toi la sensation que j'ai eu sur mes lèvres après avoir obtenu l'accord de l'armée ?

- Oui… oui c'était moi… J'étais bouleversé parce que j'avais entendu… Alors je t'ai embrassé avant d'aller voir Baron Samedi.

- Okay…

Shun finit par prendre son courage à deux mains :

- Johann, je ne sais pas combien d'années il m'a été pris. Mais je sais que mes années restantes, je ne veux pas les perdre. Je veux te les donner. L'acceptes-tu ?

En disant ça, Shun avait regardé Johann droit dans les yeux :

- Je sais que… c'est assez rapide et que tu as déjà ta propre vie, avec tes études. Aussi, tu as besoin d'être transcendé dans une relation. Peut être que je t'en demande trop oui mais…

Il fut coupé par un baiser tendre. Johann se détacha et le regarda avec des yeux amoureux :

- Oui. Je veux te donner les miennes aussi.

Le silence se fit à nouveau et Shun ne put que l'embrasser. Il avait besoin de sentir ses lèvres sur les siennes, alors qu'il avait failli le perdre. Ils restèrent ainsi quelques instants, à profiter du calme en s'enlaçant. Puis, Johann finit par prendre la parole :

- En clair, tu viens de me demander si je voulais sortir avec toi. Mais de manière plus "Roméo et Juliette".

- Oui c'est ça, lui répliqua Shun en riant.

- D'ailleurs… je ne sais pas quand tu es dispo mais ma proposition pour le resto tient toujours hein.

Shun lui lança un regard pétillant de joie.

- Quand tu veux.

OoOo

Quelques jours plus tard, Shun se trouvait dans les rues de la Nouvelle-Orléans, à l'adresse donnée par Johann. Il avait le trac. C'était son premier rendez-vous. Il déglutit et se décida à rentrer dans le restaurant. Une serveuse vint lui demander s'il souhaitait dîner. Il parcoura rapidement la salle du regard et vit Johann qui lui faisait un signe, assis juste à côté des fenêtres. La dame le plaça et il s'assit en face du sorcier vaudou qui lui souriait. Il avait mis une chemise et un pantalon à pince de la même couleur. Toujours accompagné de ses nombreux bijoux. Un détail changeait toutefois : il n'avait plus de fines dreadlocks mais de longues tresses noires qui lui arrivaient jusqu'aux omoplates. Shun arborait lui aussi un pull à col rond bleu marine et un pantalon beige. Il avait songé à mettre une chemise et des bretelles mais quand il avait parlé de cette idée par téléphone à Justine, elle lui avait ri au nez en lui disant que cela faisait Charles Ingalls dans la Petite Maison dans la prairie. Un rapide coup d'œil l'après-midi dans un programme télé et il avait compris la référence.

Plus jamais les bretelles, s'était-il dit. (3)

- Nouvelle coupe ? demanda-t-il.

- Oui, j'avais envie de changer.

- Ça te va bien !

- Merci… dit Johann en prenant un air faussement coquet qui fit rire aux éclats Shun.

La soirée se passa très bien. Shun parlait de tout et de rien avec Johann. Ils quittèrent le restaurant et Johann lui proposa d'aller visiter quelques rues de la Nouvelle-Orléans. Shun aima tout de suite l'architecture créole des quartiers principaux. À un moment, il vit Johann se rapprocher de lui alors qu'ils marchaient côte à côte. Son poul s'accélèra. Puis, il sentit les doigts du sorcier vaudou caresser doucement les siens. Shun rougit alors complètement et Johann perçut sa gêne.

- Que t'arrives-t-il ?

- Je… on risque d'attirer les regards non ?

Johann regarda Shun et compris : il n'était pas encore prêt à assumer au grand jour son orientation. Il lui sourit alors tendrement.

- Pas de souci. Je n'ai pas envie de te mettre mal à l'aise.

Mais il vit au regard triste de Shun que l'incident était loin d'être clos. Le reste de la balade s'effectua plus ou moins dans le silence. Puis Johann lui proposa de rentrer chez lui.

- J'habite à 30 minutes en voiture. On pourrait rentrer grâce aux portails mais je t'avoue que j'aime conduire, lui dit-il en lui montrant son pick up. 'Merica !

Ce qui fit rire Shun. Ils montèrent dans la voiture et Johann démarra. Ils roulèrent quelques instants dans la ville mais avant de la quitter complètement, Johann se gara près du port. Shun l'interrogea du regard alors qu'il coupait le contact.

- Dis moi ce qui ne va pas. Si c'est l'incident de toute à l'heure, je m'excuse, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.

- Ce n'est pas ça… c'est juste que j'ai peur que tu t'ennuies.

- Hein ?

- Je… je suis un homme. On ne peut pas vraiment s'afficher au grand jour. J'ai peur que tu t'en lasses. Avec Misty ça devait être plus facile.

Shun sentit le regard de Johann sur lui et essaya de lui échapper. Puis au bout d'un moment, il tourna son visage pour regarder celui de Johann qui avait un sourire en coin.

- Je t'ai dis quoi au Jardin Shun ?

- Que tu m'aimais ?

- Oui. Mais surtout que je t'aimais pour ce que tu es. Donc oui, j'ai parfaitement conscience que tu es un homme. Et je m'en fiche de ce qu'on peut en penser. Je suis avec toi. Donc que l'on affiche ou que l'on affiche pas, tout dépend de toi et de comment tu te sens avec ça. Je veux que tu sois à l'aise avec moi.

Shun lui lança un regard surpris puis eut les larmes aux yeux. Johann s'approcha de lui et l'embrassa tendrement. Les doutes de Shun s'envolèrent immédiatement. Puis, au bout de quelques instants, il se sentit moins timide et plus confiant. Sa main descendit le long du torse de Johann et alla caresser son entrejambe. Il l'entendit inhaler contre sa bouche et cela lui fit sourire. Il continua ce geste pendant quelque temps tandis que leur baiser devenait plus fougueux. Il se sentit plus audacieux et entreprit de défaire le pantalon de Johann pour aller plus loin dans sa caresse. Cette fois-ci, ce furent des gémissements qui parvinrent à ses oreilles. Johann l'arrêta, le scrutant avec un regard affamé. Puis, il regarda le compteur de sa voiture, fit une moue et déclara :

- On rentre par un portail ?

- On rentre par un portail, acquiesça Shun.

OoOo

Il pleut non ?

C'est ce que pensa Shun quand il ouvrit un œil le lendemain. Malgré la faible luminosité dans la chambre, le jour devait être levé depuis longtemps. Johann dormait profondément, un bras sur le torse de Shun. Ce dernier en profita pour l'observer encore un peu. Il fit traîner sa main sur le bras, caressant sa peau rugueuse. Cette peau qu'il avait dévorée de baisers hier soir, peau témoin de gestes passionnés. Il continua de le regarder tendrement.

Mais, constatant une envie pressante, il se résigna et se leva discrètement. Quelques minutes après, il était dans la salle de bain en train de se passer de l'eau sur le visage. Cherchant une serviette, il constata qu'il y en avait deux sur l'étendoir. Puis, il vit qu'il y avait une deuxième brosse à dents, à peine déballée, dans le verre où il mettait la sienne également. Shun sourit en se disant que Johann avait été prévenant. Il sortit et décida de passer une tête dans la cuisine pour faire le café. Il constata qu'au niveau de la vaisselle, de la place avait été faite.

Tiens, il a jeté de la vaisselle ?

Sans vraiment réfléchir davantage, il fit couler le café dans un mug et passa une tête dans le salon. C'est à ce moment précis qu'il se rendit compte qu'il y avait quelque chose de bizarre. Comme si un grand réaménagement avait été fait. Certains cadres avaient été enlevés du mur, exceptés ceux avec des posters de Queen et Aretha Franklin. Les étagères de vinyles avaient des espaces. Il y avait une deuxième paire de chaussons près du radiateur et un deuxième plaid, de couleur verte cette fois-ci, sur le canapé. Et d'autres objets de décos avaient été enlevés.

Soudain, toutes les pièces du puzzle se mirent en place dans sa tête. Johann était en train de tout préparer pour que Shun emménage chez lui, que ce soit en termes de décoration ou en tant que mobiliers et accessoires. Shun eut les larmes aux yeux : par ce geste, Johann montrait qu'il l'acceptait à 100% dans sa vie.

Shun retourna alors dans la chambre et se blottit contre Johann qui dormait encore.

Puis, il se mit à chuchoter :

- Quand je t'ai rencontré pour la première fois, tu t'étais montré avec tes défauts : tu étais fier, compétitif, et tu n'avais aucun filtre. Puis tu avais une panoplie de bijoux qui pour certains étaient un peu ringards. Mais très rapidement, tu t'es montré sous un autre jour. J'ai vu ta détermination à vouloir protéger, quitte à te sacrifier. Puis on a parlé et j'ai découvert que tu étais quelqu'un qui était toujours optimiste, déterminé, blagueur, qui ne rejetait pas les gens différents et qui était toujours à l'écoute, le cœur sur la main. Aussi toujours prêt à faire sourire les gens. Pour tout ça…Pour ce que tu es, pour tout ce que tu as pu faire pour moi, je t'aime Johann. Et j'espère pouvoir te rendre la pareille.

- Comment ça, mes bijoux sont ringards ? lui demanda brusquement Johann en ouvrant un œil.

Shun ouvrit grand les yeux et explosa de rire :

- Tu ne dormais pas ?!

- Je somnolais depuis un bout de temps oui.

- Et sinon sur ma déclaration, la seule chose que tu retiens c'est que tu as des bijoux ringards ?

- Bah oui attends… Je tiens à mon apparence !

- J'avais oublié de dire que tu es une drama queen aussi tiens, lui répondit Shun avec un clin d'oeil.

- Non mais oh !

Shun continua de rire et Johann lui sourit aussi en le prenant dans ses bras et en lui faisant des chatouilles :

- Tu vas voir !

La pseudo-bataille se finit au bout de quelques minutes, Shun ayant abandonné, Johann juste au-dessus de lui. Ce dernier soupira puis l'embrassa :

- Je t'aime aussi Shun.

OoOo

15 décembre 1991

Au sanctuaire d'Athéna, l'ambiance était à la préparation. Les domestiques et les soldates s'affairaient avec l'aide des chevaliers pour préparer la salle du trône ainsi que le réfectoire qui servirait de salle de bal pour le soir. Vers 18h, la salle de trône était prête. Et la cérémonie de réhabilitation de Deathmask débuta par un son de cloche.

Dans son temple, DM entendit l'horloge et souffla un coup. Il sentit une goutte de sueur sur sa tempe. Il vérifia une énième fois que sa couronne était bien mise.

Je streeeeeeesse…

Il expira et décida de se téléporter. Il atterrit au palais du grand pope et alla rejoindre ses compagnons d'armes dans la salle du trône. Les 88 chevaliers de la déesse de la guerre étaient présents, formant deux rangés de chaque côté du trône. La porte s'ouvrit. Saori apparut avec son sceptre et sa tenue blanche cerclée d'or. Elle était accompagnée de Shion en tenue du Grand Pope. Tous les chevaliers mirent un genou à terre en la voyant. Elle marcha silencieusement jusqu'au trône et s'assit.

- Chevaliers, levez-vous.

Ils s'exécutèrent en silence :

- Aujourd'hui est un jour heureux. Les spectres d'Hadès ont été définitivement rayés de la surface de la Terre. Ils ne reviendront plus. La Terre vous salue pour votre bravoure…

Tandis que Saori parlait, Deathmask regarda de droite à gauche. Il ne semblait pas percevoir le cosmos de Shun. Il fit une moue : il aurait bien aimé qu'il soit là.

- … Mais aujourd'hui nous célébrons aussi le retour du chevalier du Cancer parmi nous. Je te prie de t'avancer.

Deathmask s'exécuta. Il savait très bien pourquoi elle ne prononçait pas son nom. Pour qu'il leur dise en ce jour comment l'appeler. Il s'avança vers le trône. Il pouvait sentir sur lui les regards curieux des autres chevaliers mais aussi de la fierté et de la joie. Cela venait principalement de Shura et d'Aphrodite, mais aussi de Saga. Il s'arrêta devant l'escalier du trône et s'apprêtait à mettre un genou à terre quand Saori l'arrêta :

- Non ne t'embêtes pas avec ça. Reste debout, lui dit-elle dans un sourire.

Il leva un sourcil étonné. La surprise était également de même chez les chevaliers, y compris Dohko.

Voyant leur interrogation, Saori prit la parole.

- J'ai également décidé, en ce jour, de vous faire part d'une décision importante. Cela concerne un traité de paix.

Elle dirigea son regard vers une fenêtre pointant directement vers l'horloge.

- Normalement, ils ne devraient pas tarder, dit-elle dans un sourire.

Le suspens était à son comble pour ses chevaliers. Seiya ne tenait plus en place et Shiryu avait du mal à le calmer.

Soudain, ils perçurent l'atmosphère changer. Comme si elle devenait un court instant oppressante. Une ligne rouge surgit dans les airs devant le regard stupéfait des chevaliers et s'ouvrit en deux, laissant voir un autre lieu ainsi que d'autres personnes.

La personne qui ouvrait ce portail était Shun. Il était accompagné d'Hécate, ainsi que de Johann, Cuchulainn, Circé, l'Estrange et d'autres sorciers. Le Sanctuaire des sorciers s'invitaient en ce jour. Shun ferma le portail et ils marchèrent en direction d'Athéna. Hécate sentit que pour certains chevaliers, la méfiance restait envers elle, à commencer par ce Dragon, qui tentait tant bien que mal de garder sa méfiance discrète. Elle le dévisagea de ses yeux violets-gris et il frissonna. Puis, elle lança dans un grand sourire :

- Athéna, nous voici comme convenu.

La dénommée descendit de son trône et fit une révérence auprès du Titan, ce qui ne passa pas inaperçu. Ikki, lui, observait son frère : il paraissait dans son élément avec ce sanctuaire et semblait à l'aise dans ses nouvelles fonctions. Ikki eut la preuve : une sorte de petit iguane émettant une lumière cyan sorti de sa veste pour se faufiler dans la manche gauche de son manteau rouge :

- Qu'est ce qu'il fait là ? lui demanda le héros celte.

- Je ne cherche plus à comprendre, il ne me lâche plus, dit Shun en riant.

- Si cela se trouve, il va devenir ton familier, lui fit remarquer l'ancienne compagne d'Ulysse dans un sourire complice auquel répondit Shun.

Un familier ? C'est quoi ? se demanda Ikki.

En le voyant rire à cause de cette créature, Ikki revit son petit frère à 13 ans : toujours rieur et portant son armure d'Andromède. Maintenant, il avait en face de lui un jeune adulte de 18 ans, avec une tenue différente, un manteau rouge, une tunique et un pantalon noir avec des chaussures en cuir. Autour de son cou, le symbole de sa nouvelle fonction, dont la pierre semblait briller de mille feux. Ikki eut un pincement au cœur en voyant cette pierre : son petit frère était parti du Sanctuaire, et il ne savait même où. Cela lui avait fait mal… jusqu'à ce qu'il se rende compte que lui aussi avait fait pareil. Pouvait-il vraiment en vouloir à son frère d'aller vivre sa vie ? Notamment avec cette Hécate ?

Shun se plaça à côté de Deathmask :

- J'ai cru que tu n'allais pas venir, lui fit remarquer ce dernier.

- Tu plaisantes ? Je n'allais quand même pas louper la cérémonie de mon meilleur ami.

DM écarquilla les yeux en entendant ça, tourna le visage vers Shun et eut des larmes qui pointèrent dans ses yeux.

- Me dis pas que tu vas pleurer ? lui lança Shun en riant.

- Je ne pleure pas, c'est toi qui pleure, répondit DM en reniflant.

Shun ne répondit pas et se contenta de lui administrer une tape affectueuse sur l'épaule.

- Aller, ça va bien se passer.

Saori prit alors la parole :

- Hécate, je vous remercie d'être venu pour participer à cette cérémonie mais aussi pour signer le traité de paix entre nos deux sanctuaires.

La surprise de ses chevaliers avait failli faire exploser le plafond de la salle du trône. Saori demanda à Shion de lui apporter le parchemin qu'il avait sous le bras. Ce dernier s'exécuta et s'avança devant Hécate qui murmura un langage ésotérique en remuant l'index. Aussitôt, le parchemin s'envola des bras du Grand Pope et se positionna, complètement déplié devant les deux déesses. Saori fut la première à signer avec une plume que Hécate avait invoqué. Ce fut au tour du Titan : ce dernier ne s'embêta pas avec une plume. Elle se coupa la main et versa son sang en guise de signature. Saori prit la parole :

- Voilà nos sanctuaires liés par la paix et l'amitié. Si notre sanctuaire est attaqué…

- Alors celui des sorciers sera là pour vous aider, répondit Hécate dans un sourire.

- L'inverse est aussi effectif. À présent, Chevalier du Cancer, je te prie d'avancer.

Le dénommé s'exécuta, sentant le stress monté d'un coup, et posa un genou à terre. Il avait le sentiment d'être tout nu.

- Sache que je suis extrêmement heureuse de te revoir parmi nous. Et touchée de voir ta dévotion et ton courage dans cette guerre. Tu as énormément changé en cinq ans et je suis heureuse, très heureuse, de voir que tu vas mieux. Si tu l'acceptes, je souhaite que tu reste chevalier du Cancer. Le désire-tu ?

Deathmask réalisa que sa déesse lui donnait le choix. Et en vue de son doux sourire, elle acceptait et comprenait la décision qu'il prendrait. Allait-il quitter la chevalerie ? Il se mit à imaginer qu'il pouvait revivre la vie qui lui a été volée : à New York, à chanter et à danser… Puis, il se mit à se rappeler les paroles de sa mère et regarda ses camarades. S'il quittait la chevalerie, il quitterait leur amitié. Et il avait tant d'années à rattraper sur ce point. Il inspira, expira, et pris la parole :

- Déesse Athéna. Je n'ai pas été le plus exemplaire de vos chevaliers. Mais je veux rester dans vos rangs.

Il se leva et prit une grande inspiration, voulant s'adresser à l'entièreté de la chevalerie.

- Je sais que pour la plupart d'entre vous, je ne mérite pas mon titre. Et je le comprends tout à fait. Je n'ai pas du tout été exemplaire de ma fonction. Pour tout vous dire… Je le cherchais. Je cherchais à être fort… à écraser tous ceux que je considérais comme n'étant pas assez digne de vivre.

Il tourna son regard, croisa le sourire encourageant de Shun et surtout celui de Johann. A la manière dont il se tenait, la main son menton, DM devina que c'était avant tout le futur psychiatre qui l'observait : "vas-y" disait ses yeux. Le Cancer leur sourit et décida de témoigner :

- Avant d'entrer au Sanctuaire, je m'appelais Mattéo. Je vivais à Naples avec ma mère…

Et devant tout le monde, Deathmask osa parler de ce qui lui était arrivé. Si au début, son histoire faisait rire certains, au fur et à mesure qu'il racontait les divers événements, les visages devenaient plus sérieux, voire se crispaient. Certains ouvraient de grands yeux, d'autres durent serrer leurs poings de rage. D'autres, comme Saga ou Saori, eurent du mal à contenir leurs larmes. Lorsqu'il eut fini de tout raconter, notamment sur ses 5 ans d'exil et sur sa dernière aventure, plus personne ne disait mot. L'on entendait à peine les respirations. Deathmask se racla la gorge.

- Enfin… pour tout vous dire : ça n'excuse pas ce que j'ai fait, bien au contraire. Et je suppose qu'actuellement… Certaines personnes, issues de l'entourage des gens que j'ai tué, doivent chercher vengeance.

Et si elles me trouvaient, alors je les laisserai accomplir cette vengeance, omit-il volontairement de dire.

- Mais tant que je suis de ce monde, alors je ferais en sorte d'avancer vers l'avenir, en portant vos valeurs déesse Athéna.

Saori, les larmes aux yeux, ne put que hocher la tête. Puis, reprenant contenance :

- Comment faut-il t'appeler maintenant ?

- Vous pouvez continuer à utiliser Deathmask ma déesse. Mattéo… il n'y a qu'une personne qui peut l'utiliser. Mais elle n'est pas de ce monde.

- Très bien Deathmask. À présent, sorcier Johann et… sorcier suprême Shun, je vous prie de vous avancer s'il vous plaît, fit Saori avec un sourire complice.

Les dénommés s'avancèrent devant les chevaliers qui prennaient conscience du nouveau statut de leur ancien camarade.

- Avec la déesse Hécate, nous voulions vous remercier… tous les trois… pour avoir combattu les trois juges des Enfers. Cela a été une épreuve très douloureuse pour vous, notamment pour toi Shun mais vous avez réussi à rapporter la paix sur Terre. Alors… rien que pour cette action… Merci. Du fond du cœur.

Les trois héros sourirent face à la déesse de la guerre qui les illuminait de son cosmos ainsi que les 88 autres chevaliers et sorciers.

- Ça… c'est étrange… remarqua Deathmask

- Quoi donc DM ? demanda Johann.

- De se sentir… comme un héros…

- N'oublie pas ce que disait Bowie : on peut être un héros, même pour un jour, fit Shun dans un clin d'oeil.

OoOo

De l'autre côté du globe, l'aube pointait à peine sur New York. Mais Justine ne dormait plus depuis quelque temps. Elle décida de se lever et d'aller préparer le petit déjeuner pour elle et sa mère, même si elle avait tout son temps car nous étions samedi matin. En passant dans le salon, elle nota que l'éclaircie était différente que d'habitude : plus rayonnante, plus belle, plus chaleureuse. Elle repensa au fait que c'était aujourd'hui la cérémonie de réhabilitation de son ami Deathmask. Elle sourit en se disant que ce soleil levant était un présage comme quoi tout se passait bien. Shun avait insisté pour qu'elle vienne, car il estimait qu'elle avait grandement sa place dans cette cérémonie, mais elle avait décliné.

Aujourd'hui était un jour spécial : elle voulait passer la journée et la soirée avec sa mère. La raison ? Cette semaine, Rose Polling avait reçu une bonne nouvelle : elle pouvait continuer à garder l'appartement et, cerise sur le gâteau, elle avait été embauchée dans un travail mieux payé avec des horaires plus raisonnables. Finis les doubles boulots et les horaires affreuses. Quand sa mère lui avait dit ça à la cabine téléphonique alors qu'elle devait retourner en cours, Justine avait sauté et hurlé de joie. Il en était de même pour sa mère au bout du fil.

Elle fit chauffer l'eau pour le thé et retourna dans le salon voir ce lever de soleil. Elle soupira de contentement.

Enfin, le soleil pointait le bout de son nez après des années de brouillard.


(1): "Fais ce qu'il te plaît tant que nul est lésé" en anglais archaïque. Pour info, c'est un mantra que l'on retrouve souvent dans la pratique de la wicca, religion récente se basant sur un Dieu et une Déesse. Je me suis pas mal inspiré de ses symboles pour décrire les habitudes d'Hécate. Par exemple, l'assemblage pentacle + éléments est une base que l'on retrouve souvent dans les manuels wiccan.

(2)Mo chara = mon ami en gaélique irlandais.

(3)On va pas se mentir, ça fait Charles Ingalls on est d'accord ?

J'espère que le chapitre vous aura plu ^^

J'aurai bien aimé davantage la vie de Shun en dehors du Sanctuaire d'Hécate mais je me serai égarée dans mon côté fan !

Et on se retrouve tout de suite pour l'épilogue !