Note de l'autrice : Ce chapitre a été bêta-readé par Livia Tournois. Je la remercie grandement pour ses avis, conseils et son œil de Lynx pour les fautes par ci par là.

Je l'ai déjà fait par MP mais je le redis ici : merci aux personnes qui commentent ou m'envoient des MP (désolée encore pour le retard d'ailleurs, si vous écrivez depuis l'appli, je ne vois pas les messages privés depuis le site...). Vos avis sont intéressants et constructifs, ça m'aide à me dépasser et m'améliorer. Voilà, c'était votre petit moment de gloire ! (Mine de rien on est plus de 200 sur cette histoire, profitez des projecteurs mes chocogrenouilles !).

Réponse à Lorne (guest): Merci beaucoup d'avoir commenté. J'ai été très touchée par tes mots car c'est vrai, c'est beaucoup de boulot de se lancer dans une histoire comme celle-ci. Donc quand c'est reconnu, ça fait un bien fou. J'espère que la suite te plaira. :)

Bonne lecture tout le monde, plus que quelques chapitres avant la fin de la partie 1... On se retrouve pour le chapitre 19 le 3 décembre 2022.


Chapitre 18

Les semaines qui précédèrent les vacances de Noël furent particulièrement éprouvantes pour tout le monde. Après l'attaque du fantôme de Gryffondor et de Justin, Poudlard était sur ses gardes.

L'école avait mis en place plusieurs systèmes de sécurité à commencer par le fait que les professeurs escortaient les élèves à leur prochain cours. Ce manque de liberté avait tendance à rendre Ron particulièrement irritable.

- Je voulais retourner dans mon dortoir pour prendre quelques chocogrenouilles ! ronchonna-t-il alors que le professeur Chourave escortait les élèves en classe de métamorphose.

- Tu as pris ton petit-déjeuner i peine deux heures, tempéra Hermione.

- Tu ne peux pas comprendre, j'ai besoin d'en-cas.

Harry laissa ses amis argumenter sans prendre parti. Il préférait rester discret, particulièrement en présence des élèves de Poufsouffle.

Entre l'événement du Club de Duel et l'attaque de Justin, il n'en avait pas fallu davantage pour que ses camarades fassent un rapprochement douteux.

On l'observait et chuchotait sur son passage. Les plus courageux lui lançaient des regards noirs et Harry fût peiné d'être ainsi en froid avec les Poufsouffle.

Heureusement, ses amis lui assuraient soutien et défense dès que les choses allaient trop loin avec un bonus pour les jumeaux Fred et George qui trouvaient l'idée que Harry soit l'héritier de Serpentard tellement ridicule qu'ils singeaient les élèves apeurés tout en lâchant deux trois répliques piquantes au passage.

Les jumeaux étaient également les seuls élèves à ne pas en vouloir au trio pour avoir de nouveau fait perdre des points à Gryffondor. Personne ne savait la raison de cette chute soudaine dans le classement des maisons mais tout le monde savait que le trio était responsable. En effet, Lockhart avait jugé bon de rappeler en plein cours qu'il avait hâte que Harry vienne en retenue.

- Harry, Harry… Nous savons toi et moi à quel point notre courage et bon cœur nous poussent à faire des actions que la majorité des gens ne comprendront pas. Cette fois-ci, j'ai réussi à vous avoir avec moi pour cette retenue de ce soir.

Harry aurait souhaité se réfugier dans un trou de souris. Il accusa le coup, particulièrement lorsqu'il apprit que Ron ferait ses retenues avec Hagrid et Hermione avec McGonagall.

Son seul répit se trouva dans les entraînements de Quidditch. Là-haut dans le ciel, perché sur son balai, les soucis restaient sur la terre ferme. Il fallait simplement laisser Olivier Dubois parler sans l'interrompre au risque de ne pas pouvoir décoller du sol. Le capitaine était plus motivé que jamais pour remporter la coupe de Quidditch. Il avait même prévu des entraînements supplémentaires pour Alicia Spinnet qui ne lançait pas le souaffle assez rapidement selon lui.

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Quand arrivèrent les vacances de Noël, la majorité des élèves quittèrent Poudlard. Ron et Hermione avaient tenu à rester avec Harry bien que le projet polynectar soit tombé à l'eau.

Ron avait argué que ses parents étaient de toute façon trop en colère contre lui et qu'il était préférable de ne pas retourner au terrier. Même si le garçon avait reçu une nouvelle beuglante -qui avait explosé dans la salle commune du Gryffondor cette fois-ci- Harry savait pertinemment que son ami restait à Poudlard par pure loyauté. Il en était de même pour Hermione, précisant que ses parents partaient au ski pour les vacances et que cela ne l'intéressait pas.

Harry éprouvait une affection décuplée pour ses amis. Mieux encore, Hagrid lui avait envoyé une lettre de soutien, affirmant qu'il ne devait pas écouter toutes les inepties à son sujet. Harry l'avait remercié en coup de vent lorsqu'il avait vu l'homme dans les couloirs du château, un coq mort dans la main gauche.

Une semaine avant le début des vacances de Noël, un changement de programme fût décidé pour les Weasley. Ainsi, l'intégralité de la fratrie restait à Poudlard. Arthur et Molly rendaient en effet visite à leur fils Bill qui avait pu leur payer le voyage au Brésil.

- Il y a une dizaine d'élèves chez Serpentard à rester pour les vacances, analysa Ron en guettant la table opposée à la leur. Ils se sentent en sécurité et dans leur bon droit.

- Ne sois pas stupide Ron, coupa Hermione d'un ton sévère. Beaucoup d'élèves de Serpentard sont des sang-mêlés et il y a aussi des nés moldus.

- Ron a raison, dit Harry en se servant des œufs brouillés. Avec les attaques, ils se sentent supérieurs. Surtout Malefoy et sa bande.

La veille, le blond avait encore proféré des insultes envers les nés-moldus sans qu'un adulte en soit témoin. Malefoy savait y faire pour être parfait devant les professeurs et exécrable avec les élèves qu'il n'aimait pas.

- On compte deux élèves chez Poufsouffle et trois chez Serdaigle, continua Ron. Ils sont dix à Serpentard ! Ok on est presque autant à Gryffondor mais on est une fratrie de cinq ! Et évidemment, l'héritier n'est pas chez nous ! Et puis regarde ces serpents, je suis sûr que certains espèrent découvrir l'héritier autant que nous. S'ils ne le savent pas déjà !

- Je vous signale que le professeur Rogue nous a demandé d'arrêter de chercher l'héritier. Ils sont sur une piste…

- Oh pitié Hermione, toi-même tu n'y crois pas !

Harry enfourna ses œufs dans sa bouche, sachant pertinemment que tout le monde allait rester sur ses positions. Machouillant, il observa la table des professeurs.

Le maître des potions attrapa son regard et jeta un œil à son assiette. Harry coupa un morceau de saucisse et le directeur de Serpentard inclina la tête, satisfait de le voir manger.

Depuis deux semaines, Harry se rendait deux fois par semaine dans le bureau du professeur afin de prendre ses potions. Le professeur insistait pour qu'il mange en sa présence.

Ce philtre que lui préparait Rogue était efficace. Harry se trouvait bien plus en forme d'autant plus après sa visite chez Pomfresh qui avait réajustée les dosages d'après sa courbe de poids et de taille.

Il avait entendu l'infirmière murmurer à Rogue qu'il avait un retard de croissance important et qu'il entrait dans la courbe basse d'un enfant de dix ans. Harry avait eu si honte qu'il s'était promis de manger davantage et de bien prendre ses philtres.

C'était loin d'être facile mais le professeur l'avait aidé à sa façon en lui proposant d'y aller petit à petit. Et presque à chaque fois, il y avait de la tarte à la mélasse pour l'aider.

- On ferait mieux d'aller se détendre en ce premier jour de vacances, dit finalement Harry pour couper court à la dispute des deux amis.

- Oh ouais ! s'exclama Ron.

- Mais on a une tonne de…

- Ah non ! coupa Ron. Pas de devoirs immédiatement. Toi aussi tu meurs d'envie de faire une bataille de boules de neige !

- Mais enfin…

- Ou peut-être que tu as peur qu'on te mette une raclée ? provoqua Ron.

- Oh c'est ce qu'on va voir !

En un rien de temps, le trio était dans le parc d'un blanc immaculé, jouant joyeusement à s'envoyer des boules de neiges et construire un bonhomme de neige.

La matinée s'écoula sous les rires et les cris du trio. Pendant quelques heures, ils oublièrent l'héritier de Serpentard.

Les pieds de Harry étaient congelés et son pantalon mouillé par la neige mais il s'en rendit à peine compte. Ron avait le bout du nez rouge au point d'avoir l'air d'un clown, particulièrement lorsqu'il faisait le pitre à danser la gigue dès qu'Hermione se prenait une boule de neige en plein visage.

Hermione fût la première à utiliser sa magie. Alors qu'elle se trouvait accablée de plusieurs assauts enneigés de ses amis, elle se tourna d'un coup d'un seul, entourée par trois boules de neiges qui flottaient autour d'elle. Un air espiègle se dessinait sur son visage rougit par le froid.

- Oh non Hermione, c'est pas juste ! Pas la magie ! supplia Ron dans un rire.

- Recule Ron, recule ! cria Harry tout aussi hilare.

Ils hurlèrent lorsque les boules les attaquèrent. Sans réfléchir, Harry fit exploser une des boules de neige dans un feu d'artifice de flocons.

- Wahou Harry ! hurla Ron en sautant de joie.

Avant que les derniers flocons atteignent le sol, Ron tendit la main et dans un tourbillon de poussières blanches se dirigea vers Hermione qui plongea droit sur cette mini-tornade.

La magie s'évapora à cet instant.

- C'est quand même cool la magie accidentelle ! s'exclama Ron dans un rire.

- Je serai incapable de recommencer, avoua Hermione en se retournant sur le dos.

- J'ai faim, dit Harry.

Ses amis le regardèrent avec des yeux aussi gros que des souaffles. Gêné, Harry leur offrit un sourire.

- On va manger ?

- Bah ouais mon pote ! lança Ron dans un sourire lumineux.

Le trio remonta vers la Grande Salle, trempé de la tête aux pieds. Harry s'apprêtait à demander à Hermione si elle connaissait un sort de séchage lorsqu'ils tombèrent nez-à-nez avec Puffett. Emmitouflée dans une écharpe vert et argent, la sixième année fronça les sourcils. Un brin agacé qu'elle les dévisage de cette manière, Harry croisa les bras sur son torse.

- Vous allez finir par choper la mort ! lâcha-t-elle avant de sortir sa baguette d'un geste vif. Ne reculez pas comme ça, j'assume juste mon rôle de préfète. Rogue me tuerait s'il apprenait que j'ai laissé des minus de deuxième année mourir de froid.

Harry s'avança alors. Elle tapota vivement sur la tête d'Harry. Aussitôt, une sensation de chatouille parcourut son corps. La seconde d'après, il était sec de la tête aux pieds.

- On peut lui faire confiance !

- Evidemment que vous pouvez me faire confiance ! grinça-t-elle mais Harry était presque sûr qu'elle n'était absolument pas vexée.

- Hum, est-ce que tu pourras m'apprendre ? demanda Hermione d'une petite voix après avoir été séchée.

Harry et Ron restèrent bouche-bée devant l'audace d'Hermione. Un jour, sa soif de savoir finirait par la perdre…

Puffett évalua Hermione de haut en bas avant de soupirer :

- Je te donnerai le titre du livre dans lequel tu peux trouver ce sortilège, répondit Puffett d'un air ennuyé. J'ai entendu dire que tu lisais sans cesse.

- Qui a dit ça ? s'emporta Ron.

- Malefoy a tous les coups ! répondit Harry. Il ne peut jamais s'empêcher de parler des autres.

- Je m'en fiche, c'est la vérité et je n'ai pas honte, répliqua Hermione la tête haute. Merci Puffett, allons manger.

Hermione s'en alla l'air fier et Harry et Ron mirent une seconde de battement avant de la suivre.

- Deux minutes Potter, dit Puffett en attrapant le bras de Harry avec une infinie douceur qui le désarçonna. Qu'est-ce que tu fais lundi ?

- Rien pourquoi ? répondit Harry sur la défensive. Ça aussi c'est le rôle des préfets de se mêler de tout ?

- Oh du calme le strangulot !

Ils se dévisagèrent un instant puis Harry éclata de rire. Les insultes des sorciers étaient parfois très inventives.

- Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle…

- Bon qu'est-ce que tu veux ? demanda finalement Harry en reprenant son sérieux.

- Ce sera Yule.

Harry ne voyait pas du tout de quoi parlait Puffett. Il resta silencieux, se rappelant qu'il était parfois préférable de se taire face à un Serpentard lorsqu'on n'avait rien d'intelligent à dire. La jeune fille soupira bruyamment.

- As-tu déjà entendu parler du solstice d'hiver ? dit-elle.

- Euh…

- Vous avez quand même dû voir ça en cours d'astronomie ? coupa-t-elle sans attendre de réponse d'Harry. Bref, c'est une fête importante chez les sorciers. Ton copain Ronald ne te l'a jamais appris ? Il est sang-pur il me semble.

Harry secoua la tête, incertain de là où elle voulait en venir. Tout à coup, elle semblait très passionnée par le sujet.

- Les sang-purs fêtaient Yule bien avant Noël, expliqua-t-elle. Pour l'occasion on fait une fête à Serpentard. Tu veux venir ? demanda-t-elle de but en blanc.

Harry l'observa les yeux ronds, n'en croyant pas ses oreilles. Venait-il réellement d'être invité à un rassemblement de Serpentard ?

Puffet lui lança un regard appuyé, attendant une réponse.

- Mais pourquoi veux-tu que je vienne à une fête de Serpentard ? demanda-t-il étonné.

- Ce n'est pas une fête de Serpentard, c'est Yule. On vient généralement accompagné.

- Oh et tu crois vraiment que je vais plonger dans la fosse aux serpents comme ça ? répliqua Harry, presque amusé.

- Je pensais qu'après cet été, tu n'aurais plus peur d'aller dans la fosse aux serpents, singea-t-elle en agitant les mains.

- Je n'ai pas peur ! Je trouve ça juste bizarre que tu m'invites c'est tout.

- Écoute Potter, je te propose ça en tant que camarade qui prend soin des autres élèves. Toutes les maisons seront représentées et ta directrice viendra sûrement pointer son nez comme à son habitude pour saluer le professeur Rogue.

- Le professeur Rogue sera là ?

- Evidemment, c'est un rassemblement organisé par Rogue lui-même. Habituellement, il y a des grands joueurs de Quidditch et d'anciens élèves de Serpentard qui sont invités. C'est l'occasion de se faire des relations.

- Ah.

- Autre remarque brillante dont tu voudrais me faire part ? répondit Puffett, sarcastique. Ou comptes-tu me dire que tu viens ?

Harry lui lança un regard glacial. Pourtant, l'idée était séduisante. Mine de rien, il pourrait mettre les pieds dans l'antre des serpents et voir si l'un d'eux pouvait être l'héritier. Ainsi, il ne faisait aucun mal.

- Tu sais que ce n'est pas bon l'entre-soi ? ajouta-t-elle.

- C'est vrai que ça te parle, tu dois bien connaître ça à Serpentard.

- On se défend juste, répondit-elle en haussant les épaules sur lesquelles la neige tombait désormais à gros flocons. Et puis je te rappelle que toute ma famille vient de Poufsouffle. Niveau affranchissement, je m'y connais. Alors tu viens ou pas ?

Harry pensa que le lundi - jour du solstice - était une journée où il devait prendre sa potion. Après tout, il serait déjà dans les cachots… Y rester plus longtemps avec le professeur Rogue à ses côtés ne pouvait être risqué.

- Ok mais à une condition.

- Laquelle ? dit Puffett sur la défensive.

- Que tu me laisses t'appeler Eléonore. A plus tard Eléonore !

Et sans attendre, Harry couru dans la Grande Salle pour retrouver ses amis et tout leur raconter.

Il entendit cependant Eléonore lui hurler qu'il ferait mieux d'aller prendre un bain chaud s'il ne voulait pas attraper la mort.

- C'est peut-être dangereux ! répliqua Ron qui se servait à nouveau du pudding.

- Le professeur Rogue sera aussi présent, dit Harry d'un ton rassurant.

- Je ne savais pas que les sorciers fêtaient encore Yule, dit Hermione. Pendant des années, sorciers et moldus fêtaient le solstice d'hiver. Lorsque les romains ont conquis le reste de l'Europe, ils ont forcé les habitants à se convertir au christiannisme. On se mit alors à fêter Noël, laissant Yule de côté.

- C'est normal, c'est plutôt un truc de conservateurs, dit Ron. Pas étonnant que ce soit chez Serpentard qu'on y trouve encore des pratiquants. Si tu veux mon avis Harry, tu devrais faire attention. Tu vas sûrement entendre des choses plutôt rétrogrades là-bas.

- Si c'est le seul moyen pour trouver qui est l'héritier de Serpentard, répliqua Harry en piquant dans une pomme de terre.

Soit dit en passant, des choses désagréables, il les entendait déjà partout. Ses camarades de Gryffondor n'allaient pas jusqu'à l'invectiver directement mais les regards lourds de sens étaient déjà suffisants.

Les vacances débutèrent calmement. Harry, Ron et Hermione avaient la salle commune pour eux seuls. Percy passait son temps à la bibliothèque, les jumeaux trainaient Merlin seul savait où et Ginny alternait les aller-retours entre sa chambre et la Grande Salle où elle restait avec son amie Luna.

Le trio variait les plaisirs avec les jeux de société, les batailles de boules de neige dans le parc et la dégustation de bonbons et chocolats chauds près du feu de cheminée. Les règles de sécurité étaient allégées en raison du peu d'élèves à l'école mais les professeurs rodaient tout de même dans les couloirs. De même, un couvre-feu était toujours en vigueur.

A la fin du weekend, Hermione suggéra de commencer les devoirs de vacances mais Harry et Ron refusèrent catégoriquement, préférant débuter une partie d'échec version sorcier. Rapidement, les jumeaux Weasley s'immiscèrent dans la partie, encourageant tantôt Harry, tantôt Ron.

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Lorsque le lundi arriva, Harry passa le plus clair de son temps dans le parc de Poudlard avec Ron et Hermione. Ils tombèrent sur Hagrid qui les invita à prendre le thé. Le trio profita de l'écrin confortable et chaleureux de la cabane du demi-géant tout l'après-midi. Hagrid leur raconta tout un tas d'histoires sur les dragons qu'il avait rencontré dans les hautes montagnes de Norvège. Harry ne vit pas le temps passer et à la fin de la journée, Hermione suggéra qu'il faudrait rendre visite au demi-géant plus souvent.

La nuit tombait déjà sur le château lorsque Harry se rendit dans son dortoir pour se changer et enfiler sa robe de sorcier noire standard. Il tenta de se coiffer un minimum sous le regard suspicieux de Ron qui caressait machinalement la tête de son Croûtard qui semblait ronfler. Assez étonnant puisqu'il s'agissait d'un rat.

- Je ne veux pas qu'on me fasse de remarques désobligeantes, se justifia-t-il.

- Si ce sont juste les remarques désobligeantes qui t'inquiètent, tu ferais mieux de renoncer à cette soirée tout de suite.

Harry savait pertinemment que Ron ne validait pas cette idée d'aller à une soirée chez les serpents. Harry avait essayé de rassurer son ami en vain.

- Eléonore a dit que même le professeur McGonagall se rendait à la soirée.

- C'est peut-être un piège.

- Écoute Ron, il ne pourra rien m'arriver. Si jamais tu vois que je ne suis pas rentré à neuf heures, tu pourras toujours prévenir le directeur mais je suis certain que tout ira bien. Cette soirée ne peut être qu'intéressante. Imagine si j'obtiens des indices sur l'héritier de Serpentard. Une oreille qui traîne peut toujours être utile.

- Si tu le dis, répondit Ron. Amuse-toi bien, ajouta-t-il sans conviction.

Harry poussa le tableau de la Grosse Dame et tomba nez-à-nez avec Eléonore. Les bras croisés sur sa poitrine, elle l'attendait avec une moue frustrée. A croire qu'elle ne pouvait jamais sourire…

- Un peu plus et je partais sans toi, dit-elle en guise de salutations. Qu'est-ce que c'est que cette tenue ?

Harry se sentit rougir jusqu'à la racine de ses cheveux et hésita à faire demi-tour. Cette fille était tellement désagréable par moment qu'il se demandait pourquoi il cherchait à tout prix son amitié.

- Qu'est-ce qu'elle a ma tenue ? répliqua-t-il sur la défensive.

- Ce n'est pas une tenue de soirée et c'est totalement inapproprié pour une fête comme Yule. As-tu l'impression que je porte ma robe de tous les jours ?

A bien y regarder, non. Effectivement, Eléonore portait une tunique élégante verte et avait remonté ses cheveux blonds dans un chignon compliqué. A son poignet, la jeune fille avait enroulé des fleurs de mimosa.

- Je ne savais pas que je devais porter une robe de soirée, répondit Harry un brin vexé.

Il était prêt à retourner dans sa tour lorsque la jeune fille posa la main sur son épaule.

- Prends pas la mouche, dit-elle. Au moins, c'est une robe noire classique. Tiens.

Elle retira de son un des bracelets de mimosa et attrapa la main d'Harry pour l'enfiler à son poignet.

Harry hésita à protester mais se ravisa lorsqu'il tomba sous le regard sévère de la jeune fille.

- Tout le monde portera des fleurs d'hiver, expliqua-t-elle en entamant la marche vers les cachots. On célèbre ce soir l'espoir de jours plus longs, on accorde notre magie avec la nature et le lien que nous avons avec celle-ci. Compte-tenu des évènements récents, on ne pourra aller aux abords de la forêt pour brûler les bûches mais on va bien manger. Tu verras c'est comme Noël, il y a aussi un arbre qu'on décore.

Plus ils approchaient des cachots, plus Harry se sentait nerveux. Il essaya de se concentrer sur le fait qu'Eléonore était, en dépit de son caractère bourru, gentille avec lui et tentait de tout lui expliquer afin qu'il appréhende au mieux cette soirée.

Et puis, Rogue serait là. Il espérait juste que l'homme ne porterait pas une couronne de fleurs sur la tête. L'image mentale lui donnait envie de s'écrouler de rire par terre.

Pinçant les lèvres, Harry resta silencieux sur les derniers mètres les menant à la fête. Depuis qu'il s'y rendait en dehors des cours, les cachots étaient moins hostiles à ses yeux. Il resta cependant sur ses gardes, repensant au fait que certains élèves pouvaient lui vouloir du mal.

Un fond de musique résonna et le Gryffondor se détendit légèrement. Eléonore l'observa un instant avant d'ouvrir la lourde porte. Son regard était impénétrable et Harry ne sût définir le message silencieux que la jeune fille lui envoyait. Certainement "ne me fiche pas la honte où tu finiras au fond du lac noir".

La salle était baignée dans une douce lumière verte. Des vitres laissaient apparaître un extérieur qu'Harry mit du temps à identifier.

- Nous sommes sous le lac !

Eléonore rigola mais Harry n'y décela aucune moquerie. Il la suivit tandis qu'il observait tout autour de lui. La salle donnait l'impression d'être à l'intérieur d'un sous-marin et il fût certain d'apercevoir des sirènes au loin dans le lac.

Un grand buffet garni d'innombrables fruits et légumes trônait sur le coin gauche de la salle. Au milieu de celle-ci, un immense sapin illuminait à lui seul la pièce grâce à ses nombreuses bougies qui rayonnaient sur les branches.

Une musique douce s'échappait autour de la piste de danse mais Harry était incapable de savoir d'où elle venait. Plusieurs tables et chaises avaient été installées dans la salle. Chacune d'elles étaient joliment habillées de composition florale hivernale.

Harry observa les élèves déjà présents. Ils portaient tous des tenues élégantes et chacun avait accroché une fleur autour du poignet, en collier ou sur la poitrine.

Harry repéra Malefoy et ses acolytes. Souhaitant éviter une confrontation malheureuse, il se tourna vers Eléonore qui semblait perdue dans ses pensées. Elle observait au loin un groupe de Serpentard de son année.

- Veux-tu les rejoindre ? demanda Harry.

- Commençons d'abord par saluer le professeur Rogue, dit-elle au bout d'un moment.

Harry suivit docilement la jeune fille. Malgré la magnificence des lieux, il se sentait mal à l'aise. Il avait l'impression de faire tache au milieu de tous ces gens bien habillés et coiffés.

Le professeur Rogue discutait avec un jeune homme que Harry n'avait encore jamais vu à Poudlard. Le garçon était grand et athlétique. En s'approchant, il trouva son visage particulièrement familier sans réussir à mettre le doigt sur son identité.

- Bonsoir Miss Puffett, dit solennellement le professeur Rogue. Oh et que vois-je ? Un cavalier plus qu'important. Bonsoir Mr Potter.

Harry manqua d'éclater de rire devant tous ces ronds de jambes. Il avait l'habitude de voir Rogue râler et pester contre ses élèves pendant qu'il corrigeait ses copies. Et voilà que désormais, le professeur semblait être le plus gros snob que Poudlard ait connu.

- Bonsoir professeur Rogue, répondit Eléonore le menton haut.

Harry se mordit l'intérieur des joues. Le jeune homme tendit la main vers Harry.

- A mon époque aussi, on essayait de venir avec l'invité le plus prestigieux de l'école, s'amusa-t-il. Adrian Benson, ajouta-t-il en guise de présentation.

Soudain, cela fit l'effet d'une gifle. Adrian Benson ! Le batteur de l'équipe nationale d'Ecosse. Harry avait lu un tas d'articles sur lui ces derniers temps. L'homme avait tendance à cristalliser les débats autour de son jeu parfois jugé beaucoup trop brutal.

- Fermez votre bouche Mr Potter, bien que nous soyons sous le lac, nous n'avons pas besoin d'imiter le poisson.

Eleonore et Adrian éclatèrent de rire et Harry se renfrogna, lançant un regard noir au professeur de potions. Mais l'homme lui adressait un petit sourire. Etrangement, il n'y avait pas l'ombre d'une mesquinerie là-dedans et Harry haussa les épaules en guise de réponse.

- Adrian Benson a été un élève de Serpentard et capitaine de notre équipe de Quidditch il y a de ça trois ans.

- Gryffondor m'a donné du fil à retordre, répliqua le jeune homme. Je n'ai que rarement pu faire honneur à ma maison mais les années ont passé et j'ai appris à jouer de façon plus… pragmatique. J'ai entendu dire que tu faisais du Quidditch Potter ?

Harry s'étonna qu'on lui pose la question mais répondit immédiatement. En un rien de temps, il échangeait avec le batteur de l'équipe de Quidditch. Il en oublia presque qu'il se trouvait au milieu des Serpentard et Eléonore qui se rendait au buffet en présence du professeur Rogue.

- Bonsoir Adrian, je ne t'avais pas vu, lança une voix traînante que Harry aurait pu reconnaître entre mille.

Le Gryffondor se ferma aussitôt, se rappelant soudainement que son pire ennemi se trouvait dans la même pièce que lui. Rapidement, plusieurs élèves de Serpentard s'immiscèrent dans leur conversation et Harry eut l'impression d'être un pot de fleurs. Malefoy se pavanait toujours autant et s'adressait de manière parfaitement snob. Un sourire hypocrite habillait son visage lorsqu'il s'adressait au batteur mais personne ne sembla s'en soucier.

- On dirait qu'il y a bien moins d'élèves cette année pour Yule, dit Adrian.

- Vous avez sûrement dû entendre parler des attaques à Poudlard. Beaucoup d'élèves sont rentrés chez eux pour les vacances, expliqua un garçon de sixième année. Résultat, il est difficile d'inviter des camarades cette année pour cette soirée.

- C'est bien dommage, c'est le seul moment où on peut redonner un peu de gloire aux anciennes traditions, se plaignit une fille aux longs cheveux noirs.

Harry avait remarqué qu'Eléonore l'observait de loin, le regard méfiant. La tête haute, les yeux aussi sombre que le lac, la jeune femme dégageait une aura impressionnante.

- Les anciennes traditions, cela fait bien longtemps qu'elles sont perdues, répliqua l'autre garçon.

- Oh je ne suis pas d'accord, regardez-vous ce soir. Si on perpétue notre patrimoine, alors on le sauvegardera, dit Adrian.

- Sans vouloir vous offenser, j'ai plutôt l'impression que rien n'est fait par les politiques pour poursuivre cette fête.

- Avons-nous réellement besoin d'être des centaines à fêter Yule ? répliqua Malefoy le menton haut et peu impressionné de s'adresser à des élèves bien plus vieux que lui. Après tout, si c'est pour que des parvenus fêtent un événement qu'ils ne connaissent pas et ne comprennent pas toute l'étendue, il est préférable qu'ils restent dans leur ignorance et qu'ils fêtent leurs stupides fêtes de moldu. Yule se mérite, ajouta-t-il.

Les élèves hochèrent la tête, visiblement en accord face à cet élitisme assumé. Harry sentit le regard de Malefoy sur lui mais préféra ignorer le blond et se diriger vers le buffet.

Il n'était pas vraiment à l'aise avec le discours qu'il venait d'entendre. Bien sûr, préserver la culture sorcière était une chose importante mais il y avait quelque chose dans les paroles de Malefoy que Harry trouvait profondément mesquine et supérieure aux autres.

- Miss Puffett ne nous a visiblement pas prévenu pour la robe de soirée, résonna une voix derrière lui.

- Je ne savais pas qu'il en fallait une, répondit Harry en se retournant pour faire face à son professeur de potions. Je ne suis pas venue en tenue moldue, c'est déjà ça.

Le professeur Rogue plissa les yeux. Harry avait remarqué que cela était le signe d'un agacement encore contrôlable. Ainsi, il poursuivit :

- Et puis d'ailleurs, même si je l'avais su, je n'aurais pas pu m'en procurer.

- Hum, et bien sachez que ce genre de soirée nécessite une tenue appropriée. Merlin merci, vous êtes resté dans la sobriété.

Harry observa son professeur attendant qu'il poursuive. Il savait très bien que l'homme ne cherchait pas à débattre chiffons.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, le maître des potions sortie de l'intérieur de sa manche une fiole qu'Harry connaissait désormais par cœur. Il la saisit rapidement, priant pour que personne ne l'ai vu.

- Ne réagissez pas comme cela on dirait un drogué.

- Je ne veux pas qu'on me voit prendre cette potion, murmura Harry.

- Il n'y a aucune honte à cela. Par ailleurs, la plupart de vos camarades seraient incapables d'en deviner le contenu à l'œil nu.

Comment avait-il entendu ? Cet homme fichait parfois carrément les jetons lorsqu'il s'y mettait. Pour autant, Harry aurait aimé développer une ouïe aussi fine que celle du professeur.

Il avala rapidement son philtre et attendit de se sentir en appétit pour piquer des fruits sur le buffet.

Certes, les élèves ne pouvaient en deviner le contenu mais mieux valait être prudent. Il n'avait pas envie de se trouver sous les rires moqueurs de Malefoy et ses amis. Il les entendait déjà d'ici "oh Potty a besoin de soupe pour grandir !", "oh c'est le pote-Potter qui a besoin de force tellement il est faible et minuscule !". Non merci.

Eléonore aurait peut-être pu découvrir le contenu mais malgré le caractère exécrable de la jeune fille, Harry était certain qu'elle ne cafterait pas.

Voyant qu'il mangeait avec appétit, le professeur s'éloigna.

Harry s'installa seul à une table, ignorant où Eléonore était passée. Il la chercha du regard tout en mâchouillant son cake aux noix. Il finit par apercevoir, la chevelure blonde de la jeune fille installée à une table derrière l'immense sapin. Elle semblait en proie à une discussion animée. Harry dû se lever et s'approcher pour apercevoir qui était l'interlocutrice d'Eléonore. Il reconnut la fille au long cheveux bruns et aux yeux sombres. Elle aussi semblait agitée.

- Alors c'est le seul truc que tu as trouvé ? Prendre Potter sous ton aile ?

- Cela pourrait te paraître étrange mais tout ne tourne pas autour de toi, répliqua Eléonore.

- Peu importe, cracha l'autre d'une voix nerveuse. Je vois clair dans ton petit jeu Eléonore. On a été amies avant que tu essayes de piquer mon petit copain et je sais que tu cherches son attention en ramenant ainsi Potter !

Harry grimaça, ayant l'impression d'être au coeur des stupides émissions que sa tante regardait tous les samedis midis.

- Astrid, soupira Eléonore avec agacement, je ne cherche pas à attirer l'attention de ton mec. C'était une erreur la dernière fois et je…

- Tais-toi ! siffla l'autre avant de se lever et de partir.

Harry attendit quelques instants pour qu'Eléonore se ressaisisse. Il s'approcha finalement et proposa son assiette à la jeune fille qui y picora l'air de rien.

Un masque d'indifférence habillait son visage. Si Harry n'avait pas entendu la dispute, il n'aurait absolument pas deviné qu'elle venait de se disputer avec une camarade.

- Je savais que tu étais là, dit-elle finalement.

- C'est qui cette fille ? demanda Harry sans chercher à nier.

- Astrid Parkinson.

- Quoi ?! La sœur de Pansy Parkinson ?

- Non c'est sa cousine, répondit-elle d'une voix plate.

- Et c'est qui pour toi ? demanda à nouveau Harry, ce qui lui attira un regard glacial.

- Quand on est poli, on laisse la personne s'exprimer plutôt que de la presser, répliqua-t-elle.

Elle croqua dans une part de cake et observa autour d'elle avant de finalement reprendre la parole.

- Astrid était une excellente amie depuis notre troisième année. Avant ça j'étais assez solitaire mais on avait une passion commune pour les créatures magiques. L'an dernier, elle est sortie avec Marcus Flint. Sauf que j'ai commis comme qui dirait… une bêtise. Bref, je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça, tu n'as que douze ans, ce n'est pas ton monde.

Harry ne savait plus trop si par "monde", elle entendait les histoires de cœurs d'adolescents de seize ans ou les histoires chez les Serpentard de manière générale mais il se contenta d'hocher la tête.

- En tout cas, elle croit que je t'ai ramené ici tel un trophée pour impressionner Flint, dit-elle dans un rire jaune. Beaucoup ici voudrait savoir si tu es l'héritier du grand Salazar.

Harry accrocha son regard à celui de la jeune fille qui l'observait avec curiosité.

- Alors ici aussi vous ne savez pas qui a pu faire… tout ça ? demanda Harry.

- Est-ce que tu me croirais si je te disais que non ?

- Pas vraiment, avoua Harry.

La jeune fille éclata de rire avant de reprendre son sérieux et de hausser les épaules.

- Tu ne pourras alors que t'en tenir à ce que je te dis. A ma connaissance, personne ne sait qui est l'héritier de Serpentard. Et si tu assembles tout ce que tu as vu ce soir, tu devrais l'avoir compris.

- Alors… Est-ce que tu m'as fait venir ici pour savoir si je suis l'héritier ?

- Cela te blesserait si je te dis que oui ? demanda-t-elle, soufflant le chaud et le froid.

Harry réfléchit quelques instants. Oui, ça le blesserait. Eléonore était désormais son amie, quoiqu'elle en dise. Mais une petite voix lui rappela que lui aussi était venu à cette soirée pour récolter des informations au sujet de l'héritier de Serpentard…

- Je ne sais pas, préféra-t-il alors répondre.

- Je ne vais pas te cacher que ma côte de popularité va monter en flèche pour avoir réussi à te faire venir, avoua-t-elle. Mais les gens ne savent pas la vérité Harry.

C'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom et l'estomac de Harry sauta de joie.

- C'est quoi la vérité ?

Eléonore l'observa quelques instants, comme si ce qu'elle s'apprêtait à dire lui demandait un gros effort. Puis ses yeux se mirent à sourire et elle parla d'une voix délicate :

- La vérité étant que j'ai eu grand plaisir à t'inviter et qu'alors que j'hésitais à le faire, le professeur Rogue m'y a encouragé. Si tu veux tout savoir, je le soupçonne de lire dans les pensées.

Harry ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux de surprise. Rogue avait encouragé à ce qu'il soit invité. Mais pourquoi ? Était-ce uniquement à cause de la potion qu'il devait prendre ou autre chose ? Après tout, l'homme s'assurait toujours de savoir s'il mangeait bien. Peut-être que Pomfresh l'avait menacé.

- Bon ! dit-elle en se levant avec enthousiasme. Ça va être l'heure de l'Incantation. Suis-moi !

Intrigué, Harry suivit Eléonore. Ils n'eurent pas à marcher longtemps, la jeune fille se positionna en face de l'immense sapin qui trônait au milieu de la pièce. Plusieurs élèves attendaient aussi devant, discutant à voix basse.

Au loin, Harry vit le professeur Rogue échanger quelques mots avec le professeur McGonagall qui souriait. Elle paraissait enchantée par la fête.

- Je t'avais dit qu'elle allait venir, dit Eléonore d'un air pompeux. Peut-être même qu'elle fera l'Incantation.

- Ne rêve pas trop, tu sais très bien que Rogue préfère réaliser l'Incantation, dit Astrid qui venait de débarquer derrière eux.

Harry resta sur ses gardes, observant les deux jeunes filles. Mais Eléonore comme Astrid s'observaient simplement, comme discutant par la pensée.

- Tu permets si je me joins à vous ?

Étonnement, Eléonore ne fit rien d'autre que de rougir et hocher la tête. Il y avait beaucoup trop de choses qu'il ne comprenait pas ce soir. Cette soirée s'apparentait presque à un rêve surréaliste.

La brune se positionna à droite d'Eléonore, face au sapin. Harry n'osa demander ce qui allait se passer. Il sentit la main de la jeune fille se glisser dans la sienne. Il sursauta si fort qu'il en fit presque un bond. Mais Eléonore avait une poigne ferme.

Il n'avait pas l'habitude de ce genre de geste tendre et encore moins venant de la part d'une fille. Il fronça les sourcils, prêt à la rembarrer mais il s'aperçut bien vite que tout le monde faisait la même chose Désormais, la majorité des invités s'agglutinaient autour du sapin, formant une ronde.

Le professeur Rogue s'approcha au cœur du cercle, sa main frôlant le sapin dont les lumières se tamisèrent instantanément.

- Puis-je ?

Une troisième année de Serpentard tendait sa main timidement vers Harry. Les yeux verts foncés et la peau brune, la jeune fille paraissait tout à fait mal à l'aise. Autour de lui, Harry comprit qu'il ne restait plus que la place à ses côtés de disponible.

McGonagall était plus loin dans la ronde et avait sûrement jugé intelligent de ne pas saisir la main de son seul élève présent ici.

Tout compte fait, Harry assuma qu'il n'était pas si grave de prendre la main d'une élève de la maison des serpents. Il entendait déjà la voix de Ron lui dire qu'il était complètement fou.

Il saisit la main de la jeune fille sans rien dire, un peu gêné.

Et on disait que les Gryffondor étaient trop tactiles…

Un peu inquiet, Harry serra la main d'Eléonore.

- Fais comme tout le monde, chuchota-t-elle simplement.

Seuls les crépitements de la cheminée et le pas solide du professeur de potions résonnaient dans cette pièce désormais muette de toutes paroles ou musique. Peu importe où il se trouvait, le maître des potions savait faire régner le silence.

L'homme se déplaçait avec tellement d'aisance qu'il semblait presque flotter au-dessus du sol. Il balaya du regard les invités. Harry en était sûr, il posa ses yeux sur chaque personne et resta plus longtemps dans les siens.

Sans comprendre pourquoi, Harry sentit ses lèvres se retrousser dans un sourire sincère. Tout à coup, la confiance l'anima. Il leva le menton et attendit que le professeur commence.

- Nous voici réunis en ce solstice d'hiver. Merci à tous de nous honorer de votre présence. Commençons…

Une tension exaltante semblait être prête à exploser. Tout le monde s'était instinctivement redressé.

Rogue leva la paume de ses mains, psalmodiant dans sa barbe puis abaissa brusquement ses bras avant de recommencer le mouvement trois fois.

Harry sentit comme un courant d'air chaud le traverser. Il vacilla légèrement mais la poigne de ses camarades l'aidèrent à ne pas s'effondrer totalement. Le courant d'air qu'il avait ressenti semblait désormais se transformer en sorte de charge électrique.

La surprise passée, Harry releva la tête. La sensation était finalement presque agréable maintenant qu'il était habitué.

- Ce soir, lundi vingt-et-un décembre mille-neuf-cents-quatre-vingt-douze, j'invite notre Magie et la Lumière à se rencontrer. Pour que cette année soit propice à la santé. Répétez après moi, LUX ET FORTUNA.

- LUX ET FORTUNA, répéta le groupe.

Harry manqua le coche, trop occupé à observer ce qu'il se passait autour de lui. Il sentit le regard de Rogue sur lui.

- Pour que cette année nous apporte la lumière du droit chemin à accomplir, LUX ET FORTUNA.

- LUX ET FORTUNA, dit Harry en même temps que les autres sans lâcher du regard Rogue qui continua de prêcher, ouvrant en grand ses bras vers le sapin.

- Je crois en ma Magie et en ma Lumière, elles ne font qu'un. Elle rayonne en chacun de nous. Ainsi, nous invoquons Ta présence afin de te joindre à notre célébration et à nous procurer Tes bénéfices tout au long de cette prochaine année. LUX ET FORTUNA, LUX ET FORTUNA, LUX ET FORTUNA.

Tout le monde se mit à psalmodier et dans un mouvement commun, comme porté par une force unique, tout le monde leva les bras, main dans la main.

Harry sentit sa gorge se nouer. Comme si sa magie voulait s'échapper de chaque partie de son corps. La sensation électrique s'intensifiait et il crut qu'il allait imploser. Pourtant, au dernier LUX ET FORTUNA, une douce chaleur lui chatouilla la nuque comme une caresse rassurante.

Une caresse que pourrait donner une maman, pensa-t-il.

Au même moment, le sapin s'illumina. Il aurait dû prendre feu, mais la lumière était douce. Éblouissante mais pas aveuglante. Grandiose mais pas effrayante. Au contraire, c'était chaleureux, rassurant et Harry aurait voulu s'y lover jusqu'à la fin de sa vie.

Cela ne dura que quelques secondes mais le spectacle lui coupa le souffle. Même lorsque les applaudissements s'élevèrent, qu'Eléonore serra Harry contre elle, Harry garda les yeux rivés sur le sapin qui avait repris son aspect du début de la soirée.

- Qu'est-ce que c'était ? demanda-t-il finalement.

- Juste notre magie, répondit Eléonore en lui ébouriffant les cheveux.

Harry resta sans voix jusqu'à la fin de la fête pour le moins surprenante. Il avait hâte d'en parler à ses amis.

Le professeur McGonagall raccompagna Harry dans sa salle commune. Elle assura la majorité de la conversation.

- Ma foi Potter, je ne vous avais jamais vu aussi enchanté, dit-elle finalement.

Était-ce donc cela ce sentiment qui l'habitait à cet instant ? Harry était sans voix et lorsqu'il tomba sur Ron et Hermione, il s'installa confortablement sur le canapé près de la cheminée. La discussion allait sûrement durer jusqu'au bout de la nuit.

.

Noël arriva bien vite. La neige tombait à gros flocons sur le château, annonçant une magnifique bataille de boules de neige dans l'après-midi.

Autour du sapin de la salle commune de Gryffondor, des cadeaux attendaient le trio. Cette année encore, Harry ne pût contenir la joie et la surprise qui l'anima lorsqu'il vit son nom sur quelques paquets.

Au milieu des différents cadeaux offerts par ses amis, l'un d'eux ne portait pas de signature.

- Décidément, ça va devenir un rituel ! s'amusa Ron qui s'approcha avec curiosité. J'espère que c'est aussi bien que la cape.

- Ça a la même consistance, dit Harry qui tâtait le paquet.

- Ce ne serait pas dangereux ?

- Mais enfin Hermione, les colis n'auraient pas été contrôlés ? Ce n'est pas précisé dans l'histoire de Poudlard ? se moqua-t-il.

- Est-ce qu'il y a un mot ? demanda Hermione en fusillant le roux du regard.

Harry retourna le paquet et en extrait un petit carton blanc. L'écriture était fine et serrée. Il ne lui semblait pas l'avoir déjà vue quelque part…

Il y a des objets que les sorciers doivent toujours avoir dans leur bagage…

Prends-en soin.

Intrigué, Harry déchira le papier argenté et retint son souffle lorsqu'il déplia la magnifique robe de sorcier qu'il tenait entre ses mains.

- Mais c'est une robe de soirée ! s'exclama Ron. Regarde la qualité ! Elle doit venir de France ou d'Italie. Maman rêve d'en offrir une comme ça à Bill pour son diplôme de briseur de sortilèges.

- Qui pourrait bien avoir l'idée de t'offrir une robe de soirée ?

Harry resta silencieux et pensif. Puis la réalité le frappa.

- C'est quelqu'un de Serpentard qui m'a offert ça ! Lors de la soirée, je ne vous ai pas dit mais tout le monde avait une robe de soirée. J'étais le seul en robe de sorcier standard…

- Tu veux dire que quelqu'un ferait ça par charité ? demanda Ron en grimaçant. Et de surcroît à Serpentard ? Mais qui ?

- Je l'ignore, répondit Harry en secouant la tête.

Harry réfléchit à toute vitesse et il en vint à la conclusion que seule Eléonore aurait pu lui offrir ce cadeau. Mais pourquoi n'avait-elle pas signé ? Avait-elle un égo aussi surdimensionné ? Pourtant, elle savait faire preuve de gentillesse sans trop de difficultés.

- Oh mais attendez ! Le professeur McGonagall était aussi présente non ? dit Hermione.

- Oui mais elle ne m'a pas fait de remarques sur ma tenue…

- Peu importe ! Le professeur McGonagall a toujours fait preuve de discrétion.

- Et ce ne serait pas la première fois qu'elle t'offre un cadeau.

Harry observa la robe. Noire et verte foncée, elle comportait plusieurs couches dessinées de façon à être près du corps en haut et évasée en bas. La qualité du tissu était à couper le souffle et si Harry n'avait jamais été un grand fan de mode, il était plutôt touché d'avoir reçu ce cadeau.

- Si c'est elle, c'est vraiment gentil de sa part…

La conversation fût coupée par l'arrivée de Percy Weasley suivi de Ginny. Les jumeaux déboulèrent quelques minutes plus tard, en hurlant des chants de Noël, ce qui eut pour effet de faire rire leur sœur aux éclats.

Ils dévorèrent le gâteau que Mrs Weasley avait envoyé à Harry. Ron manqua de se casser une dent en goûtant les caramels que Hagrid avait envoyés à chacun d'eux et suggéra de les laisser fondre auprès du feu de cheminée avant d'essayer d'en manger.

Le reste des vacances défila à la vitesse de la lumière et alors que la neige n'avait pas encore fondue, les cours reprirent.

Les élèves étaient de retour et la routine s'installa à nouveau. Les vacances semblaient avoir apaisé les esprits mais Harry sentait encore certains regards apeurés ou haineux se poser sur lui.

Les professeurs faisaient preuve d'une imagination débordante lorsqu'il s'agissait de les charger de devoirs et le trio n'eut que peu de temps pour se concentrer sur l'héritier de Serpentard. La soufflante de Rogue n'y était pas non plus pour rien…

C'était sans compter le deuxième vendredi de janvier. Alors que le trio se rendait dans la salle commune après le dîner, ils virent que les toilettes avaient à nouveau été inondées.

- Encore Mimi qui fait des siennes ! dit Ron.

- On ne doit pas traîner dans les couloirs ! intervint Hermione alors que les garçons couraient déjà pour voir ce qu'il se passait.

- Trouillarde ! lâcha Ron.

Malgré tout, Hermione emboîta le pas en soupirant d'agacement.

Les toilettes étaient effectivement inondées et Mimi chougnait au-dessus d'une cabine.

- Qu'est-ce qu'il se passe Mimi ? demanda Harry.

- On m'a… On m'a jeté un cahier sur la tête ! explosa-t-elle dans un gros sanglot.

Tandis qu'Hermione faisait taire les ricanements de Ron à coup d'écrasements discrets de pieds, Harry se dirigea vers la cabine et trouva l'objet du chagrin du fantôme.

Au dos du livre, inscrit en lettres d'or était indiqué : Tom Elvis Jedusor.