Chapitre 12 : Rêves et Retrouvailles
Lorsque Harry se réveilla le lendemain matin, le souvenir de sa mésaventure de la veille au soir restait très vague dans son esprit. Il se rappelait tout au plus avoir entendu quelques murmures, mais rien d'autre ne lui revint en mémoire.
Toutefois, une fraction de secondes plus tard, la voix inhumaine s'exprimait à nouveau dans sa tête. D'abord surpris, il l'écouta finalement avec respect comme une conscience aux accents de vérité.
-Enfin réveillé ? demanda froidement le murmure à son oreille.
Harry secoua affirmativement la tête tout en se demandant si les voix intérieures possédaient une quelconque faculté visuelle.
-Dans ce cas, pourquoi ne te lèves-tu pas ?
-On est dimanche ! répliqua mentalement Harry avec mauvaise humeur.
-Lève-toi ! ordonna fermement la voix.
Harry bailla ostensiblement, tourna plusieurs fois dans son lit, s'enroulant dans les couvertures, avant de se décider enfin à obéir.
La journée promettait d'être belle. L'automne avait bruni les feuilles des arbres mais un soleil radieux pénétrait par les fenêtres de la tour et baignait le dortoir dans une atmosphère estivale.
-Tu me portes en toi à présent…T'engages-tu à faire ce que j'exige de ta personne ?
La voix se faisait intransigeante mais Harry ne sourcilla pas. Il lui semblait que ses sens s'étaient développés durant la nuit et que son âme, elle-même, subissait d'indéniables changements.
-Pourquoi pas ! fut tout ce que le murmure reçut comme réponse.
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Harry dévala l'escalier de la tour et déboucha sur la salle commune des Gryffondors où Hermione et Ginny discutaient, tout en s'amusant avec Pattenrond et Salem.
Lorsqu'elles le virent entrer, elles interrompirent leurs conversations et le regardèrent avancer.
-Quoi ? Vous voulez ma photo ? s'emporta Harry, furibond.
-Tu t'es levé du pied gauche ? demanda Ginny.
Hermione, quant à elle, contemplait le garçon comme si celui-ci venait de proférer les pires insanités.
-J'ai juste envie que vous me laissiez tranquille ! répliqua froidement Harry.
-On s'inquiète seulement pour toi ! fit remarquer Hermione.
-Et bien vous n'avez qu'à vous inquiéter discrètement ! cracha Harry comme un venin.
Il sortit de la salle commune en claquant la porte derrière lui, laissant Hermione et Ginny plongées dans une profonde incompréhension.
-Qu'est-ce qui lui arrive ?
Elles secouèrent la tête et leur attention fut bien vite accaparée à nouveau par les deux chats qui s'amusaient ensemble.
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-Mr Potter, un peu de calme, je vous prie, nous sommes dans une infirmerie, ici ! maugréa Madame Pomfresh avant de retourner s'occuper de l'un de ses patients.
Harry venait, en effet, de faire une entrée fracassante dans la pièce et marchait d'un pas assuré en direction de Remus Lupin, assis au chevet d'Eilane. L'adolescent, nerveux, s'arrêta à quelques centimètres de son professeur qui se leva d'un bond en voyant le visage furieux qui lui faisait face.
-Quand va-t-elle se réveiller ? interrogea sèchement Harry.
-Nous l'ignorons ! expliqua Lupin.
Harry parut désappointé mais il reprit rapidement ses esprits et recommença à râler.
-Je veux qu'elle se réveille ! Elle a des réponses à me donner !
Il hurla si fort que les murs de l'infirmerie tremblèrent. Madame Pomfresh le regarda avec désapprobation et Harry comprit qu'il était temps de se calmer.
Ses yeux se posèrent sur la jeune femme étendue. Même ainsi, Eilane semblait toujours extrêmement belle, dotée d'une grâce trop parfaite pour appartenir à une simple humaine.
Ses cheveux noirs, qui avaient, en une nuit, perdu leurs dernières mèches argentées, encadraient son visage angélique et s'éparpillaient le long de ses épaules, recouvertes par le fin tissu de sa robe bleue.
Harry s'aperçut que la main droite de la jeune femme était restée crispée sur son pendentif et l'agrippait fermement comme si celui-ci avait pu réchauffer sa peau à présent glacée.
Il se tourna vers Lupin, s'apprêtant à le lui faire remarquer mais il s'aperçut que les yeux de son professeur brillaient de larmes refoulées et il ravala sa colère avec difficulté.
-Qui est-elle, professeur ? demanda-t-il la gorge serrée par une rage contenue.
Lupin l'observa un moment sans répondre, mais lorsqu'il ouvrit la bouche, les paroles qu'il lui apporta n'offrirent pas à Harry les renseignements escomptés.
-Je ne peux rien dire…Si les choses étaient différentes…
-J'espère qu'elle va mourir ! Ainsi aurons-nous peut-être enfin des réponses ! gronda Harry, furieux, tout en tournant les talons, se dirigeant vers la sortie.
Lupin le laissa quitter la pièce, les yeux perdus dans le vide, ne comprenant pas la réaction démesurée du garçon.
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Toute la journée se déroula ainsi, Harry déversant sa hargne sur chaque personne qu'il croisait. Neville, Justin, Ron et même Drago en avaient fait les frais et lorsque le soleil se coucha ce soir-là, ses camarades l'évitaient par n'importe quel moyen.
Comme la veille, Harry grimpa le premier les marches de l'escalier qui menait au dortoir des Gryffondors. Arrivé dans la pièce, il donna un coup de pied à la corbeille à papier posée à côté de la porte, mais celle-ci était plus solide qu'il ne l'aurait cru et il sentit une douleur cuisante envahir ses orteils. Il s'assit sur son lit, refoulant les larmes de mécontentement qui montaient à ses yeux.
-Oublie-les !
-Quoi ?
Harry avait presque effacé de son esprit que la voix l'accompagnait à présent partout et l'entente de ce timbre inhumain le fit sursauter.
-Ils ne valent pas la peine que tu t'intéresses à eux… Oublie-les tous !
-Mais ils sont mes amis ! rétorqua Harry.
-Non…Ils ne sont rien ! répondit la voix dont les échos résonnèrent dans la tête du Gryffondor.
Au même instant, Ron entra dans le dortoir et lança un regard surpris à Harry.
-Tu as l'intention de m'envoyer balader ? demanda-t-il avec méfiance.
Harry se préparait à répondre une réplique cinglante, mais sa nouvelle conscience s'interposa et interrompit ses pulsions :
-Reste courtois !
-Pourquoi ? interrogea mentalement Harry tandis que Ron le regardait avec insistance.
-Aussi insignifiants qu'ils soient, ils pourraient devenir utiles…Garde-les de ton côté !
Le message ne s'avérait pas très clair mais Harry savait que ce serait tout ce qu'il obtiendrait de la part de la voix, aussi décida-t-il d'obtempérer.
-Non…Je…Désolé de m'être comporté si bêtement ! s'excusa-t-il auprès de son ami.
-Pas grave, marmonna Ron tout en enfilant son pyjama.
Quelques minutes plus tard, tous deux s'étaient couchés.
-Alors…tu penses qu'il va se passer quoi, maintenant ? interrogea Ron.
Harry voulut répondre, mais sa fureur ne s'était toujours pas évanouie et il jugea préférable de feindre la fatigue plutôt que d'affronter une longue discussion plus qu'ennuyeuse avec son camarade.
-Je suis épuisé ! On devrait dormir, rétorqua-t-il à l'attention de Ron qui acquiesça, un peu déçu.
Harry se tourna dans son lit afin que son camarade ne puisse plus voir son visage et garda longtemps les yeux ouverts dans le noir.
Lorsqu'il s'endormit réellement, plusieurs heures s'étaient écoulées après l'arrivée des autres occupants du dortoir.
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Harry se trouvait dans une salle aux proportions exceptionnelles, dont les effigies des colossales statues de pierre, aux allures reptiliennes, avaient un arrière goût de déjà vu.
A l'autre bout de la pièce, une jeune femme lui tournait le dos, ses longs cheveux d'ébène brillant à la lueur des torches accrochées au mur.
Une robe noire, légèrement transparente, laissait deviner ses formes parfaites et dénudait ses bras d'un blanc laiteux. Harry reconnut le tatouage en forme de serpent et sut qu'il s'agissait d'Eilane Snake.
Il ressentit une étrange joie, comme s'il venait de retrouver une ancienne amie et ses jambes avancèrent en direction de la jeune femme sans qu'il le leur ait ordonné.
Ses pas résonnèrent sur le sol, mais Eilane ne se retourna pas.
-Je savais que tu viendrais !
Harry ne comprenait pas ce qu'elle voulait dire mais il sentit ses lèvres bouger et des mots sortirent de sa bouche.
-Comme toujours !
Harry frémit. La voix calme, glaciale et sadique qui venait de parler à sa place ne lui appartenait pas. Il lui semblait la connaître, comme un souvenir lointain et douloureux enfoui dans la noirceur de son âme.
-Tu ne te retournes pas, Eily ? s'entendit-il demander.
Eilane haussa les épaules
-Pourquoi le ferais-je ?
-Parce que je te le demande ! rétorqua Harry, doucereusement, tout en agrippant fermement le bras de la jeune femme et en l'amenant face à lui.
Eilane leva la tête pour le regarder dans les yeux et Harry prit conscience qu'il devait être plus grand que d'habitude.
Puis la jeune femme scruta la pièce en fronçant les sourcils.
-Où sommes-nous ? murmura-t-elle, se retournant vers Harry.
-A toi de me le dire ! C'est ton rêve, pas le mien , répliqua malgré lui le jeune homme.
Eilane réfléchit tout en balayant des yeux la vaste salle puis son regard s'éclaira enfin.
-La Chambre des Secrets !
-Perspicace…Du moins, c'est ainsi qu'elle doit apparaître dans tes souvenirs !
-C'était il y a longtemps, fit remarquer la jeune femme.
Harry se sentit sourire.
-Et pourquoi ce visage ? demanda Eilane dans un souffle tout en l'observant attentivement.
Une fois encore, Harry ne déchiffra pas la raison d'une telle question, mais il s'entendit à nouveau lui répondre avec cette voix glaciale
-C'est ainsi que tu m'as aimé… n'est-ce pas ?
Eilane rougit légèrement et se rapprocha du jeune homme qui la serra plus fermement contre lui.
-Même si ce n'est plus vraiment moi, rajouta-t-il, le regard plongé dans celui de la jeune femme.
-Tu te trompes… Tu n'as pas autant changer que tu voudrais le faire croire…
-TAIS-TOI ! ordonna Harry, sentant une fureur démesurée monter en lui.
Eilane ne broncha pas et il se calma aussitôt.
Il posa ses lèvres sur son cou et l'embrassa doucement. Puis, enivré par les arômes sucrés de sa peau douce comme du velours, ses baisers se firent plus fougueux. Et alors que leurs bouches se joignaient enfin dans une étreinte ardente, Harry sentit monter en lui une vague de désir incontrôlée.
Ses mains, encouragées par cette nouvelle soif de plaisir, entreprirent de parcourir le corps convoité de la jeune femme.
-On ne devrait pas…, murmura-t-elle, tout en tentant vainement de s'éloigner de l'homme, lorsque leurs bouches se séparèrent finalement.
-Ce n'est qu'un rêve, Eily… Un simple rêve ! Quel mal peut-il y avoir là-dedans ?
Eilane ne répondit pas. Elle le désirait, Harry le savait, il pouvait le sentir. Du moins, celui par qui Harry voyait la scène le pouvait…
Tout en la regardant droit dans les yeux, il laissa sa main droite descendre le long de son ventre et, voyant que la jeune femme ne l'interrompait pas, commença à remonter sa robe de son autre main.
Lorsque ses doigts entrèrent en contact avec la peau délicate d'Eilane, un frisson la parcourut et il comprit qu'il pouvait aisément aller plus loin. Il l'embrassa à nouveau et tandis que leurs langues s'apprivoisaient, il la plaqua brutalement contre le mur de pierre le plus proche.
Ses doigts s'aventurèrent alors lentement dans l'intimité de la jeune femme qui se mordit les lèvres pour retenir un gémissement de plaisir.
Le regard de Harry restait toujours plongé dans celui d'Eilane, où il lisait, avec une facilité grandissante, le consentement qu'elle n'osait exprimer à voix haute.
Transportée par ses émotions, elle déboutonna rapidement le pantalon du jeune homme qui l'attrapa brusquement et remonta ses jambes autour de sa taille.
Eilane hoqueta de surprise lorsqu'elle le sentit pénétrer brusquement en elle, avant de s'abandonner totalement à lui.
Harry était certain, qu'en cet instant, elle l'aurait laissé faire tout ce qui lui passait par la tête et rien que la voir ainsi devenait jouissif, pensa-t-il, malgré lui, avec un amusement sadique.
Eilane se laissait facilement dominer et il appréciait beaucoup cela.
Les cris de plaisir de la jeune femme s'intensifièrent au fur à mesure qu'il accélérait le rythme de ses va et viens et se répercutaient en écho sur les parois de la Chambre des Secrets.
Il empoigna sauvagement ses longs cheveux noirs tandis qu'il l'embrassait à nouveau, laissant leurs langues se rejoindre dans de bouillantes caresses.
Puis, enfin, Harry sentit monter en lui les apogées du plaisir et la jouissance les délivra de cette accolade bestiale.
-Pourquoi es-tu venu ? demanda Eilane, après s'être éloignée du jeune homme, tout en reprenant lentement ses esprits.
-Pour ton âme !
La jeune femme, les sourcils froncés, lui lança un regard interrogateur.
-Elle flotte, en ce moment même, dans l'abîme infini séparant la vie et la mort, tu es en consciente ?
Eilane acquiesça sans comprendre.
-Je suis ici car tu dois faire un choix, Eily…
-Quel choix ?
Le rire qui sortit de la gorge de Harry se fit atrocement froid et anormalement aigu.
-Tu sais de quoi je veux parler ! répondit-il avec amusement.
-Je ne peux pas…Ils sont mes amis…ma…ma famille…
-Alors, tu mourras !
-C'est injuste…, soupira la jeune femme.
-Le monde est ainsi fait. Leur destin est tracé, quelle que soit la voie que tu choisiras…Qu'en est-il du tien ?
Eilane regarda intensément l'homme qui lui faisait face, comme si elle avait pu lire au plus profond de lui-même, avant de reprendre la parole.
-D'accord…A une condition !
-Tu crois vraiment que je vais accepter tes simagrées de Vélane ? s'emporta le jeune homme.
-Je pense que j'ai des arguments pour…Je veux juste…je veux que tu épargnes Lupin !
-Attendrissant ! s'exclama Harry froidement. Nous verrons !
Et alors qu'Eilane s'apprêtait à rétorquer, il continua :
-Tu es à moi, Eily, tu m'appartiens ! N'oublie jamais cela !
-Je n'oublie pas, Tom, répondit Eilane, tout en baissant les yeux.
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Harry se réveilla en sursaut, les sens encore émoustillés par ce rêve étrange, la sueur dégoulinant de son front d'où provenait une douleur à lui donner la nausée.
A plusieurs étages de là, dans l'infirmerie de Madame Pomfresh, Eilane ouvrait également les yeux et sortait du coma.
