Chapitre 19 : Point de non-retour

Les premiers rayons du soleil illuminaient à peine le ciel chargé de nuages lorsque le château s'éveilla, tiré d'un étrange et spontané sommeil par le plus terrifiant rire que ses habitants aient jamais entendu.
Le garçon pouvait ressentir le moindre sentiment qu'ils éprouvaient comme s'il faisait partie depuis la nuit des temps de leurs pensées les plus secrètes. Ils se réveillaient en sursaut, les uns après les autres, se demandant ce qui pouvait bien avoir si brusquement perturbé leurs rêves.
Leur angoisse grandissante était presque palpable et totalement jouissive. Les pouvoirs de l'adolescent s'amplifiaient à chaque minute et lui permirent bientôt, non seulement de percevoir les émotions de ses futurs victimes, mais également d'observer la panique sur leurs visages sans qu'il ait besoin pour cela de leur faire face.
Quel merveilleux contraste cela faisait en comparaison avec le calme et la sérénité qui régnaient sur le sourire du Seigneur des Ténèbres.
Voldemort semblait, en effet, n'avoir aucune appréhension à livrer bataille contre les occupants de Poudlard, et paraissait même très impatient de donner l'assaut. Cet acte, plus que tout autre, prouverait au monde entier la grandeur et la suprématie de sa puissance tout comme celle de ses mangemorts.
Eilane, évitant son regard, se tenait toujours à ses côtés, ses longs cheveux noirs lâchés sur ses épaules flottant dans la légère brise hivernale dont la froideur rosissait ses joues. L'attitude à la fois inquiète et empressée, elle scrutait le visage de Lucius Malefoy, espérant vainement y déceler un signe amical de sa part. Il attendait, lui aussi, avec toute la patience dont il pouvait faire preuve en de pareilles circonstances, les directives de son maître, tandis que Bellatrix lançait des regards méprisants en direction d'Eilane. Si la situation n'avait pas été aussi importante, le garçon aurait sans doute trouvé la scène cocasse. Mais l'heure n'était certainement pas à l'amusement et il ne souhaitait pas se sentir perturbé par l'hostilité qui se dégageait de ce groupe hétéroclite.
Alors que personne n'osait parler et que chacun s'observait avec plus ou moins d'animosité, Drago, enfin sorti de sa léthargie, comprenait, effaré, ce qui allait se dérouler sous ses yeux.
Finalement, Eilane, voyant qu'il avait repris ses esprits et que les autres ne semblaient pas se soucier de lui, s'approcha de l'adolescent.
-Tu sais qui je suis depuis longtemps, Drago, n'est-ce pas ? demanda-t-elle de sa voix mélodieuse.
-Oui, bien sûr, répondit Drago sur un ton respectueux, détonnant quelque peu avec cet air hautain qui ne le quittait jamais. Vous êtes la Dame !
Bellatrix émit un grognement de mécontentement mais Voldemort lui lança un regard si froid que la phrase qu'elle s'apprêtait à cracher comme du venin ne fit pas le trajet jusqu'à ses lèvres. Eilane sourit, s'égayant tout autant de la manière dont la mangemort, courroucée, venait de se faire remettre à sa place que du nom honorifique que Drago lui avait donné.
-Si on veut, répondit-elle, laissant échapper de sa bouche un mince filet de condensation tant le hall d'entrée était froid… Maintenant, nous te demandons une réponse… Décides-tu de nous suivre, de nous aider de ton plein gré et de servir le Seigneur des Ténèbres… ou pas ?
Drago sembla hésiter un moment incroyablement long, pesant le pour et le contre, croisant de temps à autre le regard dur et irrité de son père qui aurait aimé voir son fils répondre oui immédiatement.
-Vous souhaitez faire de moi un mangemort ? demanda-t-il enfin.
-En effet, oui.
-Tout de suite ? reprit l'adolescent, incrédule.
Eilane esquissa un sourire tandis que Lord Voldemort éclatait d'un nouveau rire glacial.
-Non, pas immédiatement ! rétorqua-t-il. Mais l'attaque de Poudlard me paraît être une très bonne épreuve pour un jeune Malefoy !
-Une épreuve ? interrogea Drago, tentant vainement de soutenir le regard austère du Seigneur des Ténèbres.
-Tous les mangemorts doivent en accomplir une avant de pouvoir réellement rentrer dans nos rangs, expliqua Eilane avec douceur. Alors… que décides-tu, Drago ?
-Je… d'accord, s'exclama Drago en haussant les épaules.
Après tout, sa famille était constituée de mangemorts, générations après générations. Ce choix n'étonnerait certainement personne.
-Parfait, tu as pris la bonne décision ! approuva Lucius, apparemment enchanté que son fils suive la même voie que lui-même.
-Nous pouvons donc appeler les autres ! dit Voldemort d'une voix sifflante. Eilane ?
La jeune femme tourna finalement la tête vers lui et son regard de bronze croisa celui du Seigneur des Ténèbres. La plupart des mangemorts le voyaient sous son allure semi-reptilienne (il préférait agir ainsi afin d'être certain qu'ils lui obéissent, ne serait-ce que par crainte), mais le charme qu'il utilisait lui permettait en même temps d'apparaître à Eilane sous son aspect humain et séduisant. Elle l'observa un instant, incapable de parler ni de bouger. Elle semblait se perdre dans le froid de ses yeux bleu turquoise comme dans un océan où son âme serait sur le point de se noyer, mais lorsque Bellatrix, furieuse, se râcla bruyamment la gorge, Eilane fut ramenée à la raison et reprit brusquement ses esprits.
Elle pivota vers la brèche translucide qui semblait onduler comme une eau en mouvement et tendit en avant son pendentif en forme de serpent.
La bille rouge placée en son sein se mit à briller intensément, faisant appel à la fois aux pouvoirs spectaculaires de la jeune femme et à ceux, tout aussi puissants, de Voldemort.
Ils ne prononcèrent aucune parole mais le garçon entendit résonner dans sa tête leurs deux voix parlant de concert et appelant les mangemorts à les rejoindre. Bellatrix et Lucius, dans un geste automatique, portèrent une main à leur bras où la marque des Ténèbres devenait encore plus noire et plus brûlante qu'elle ne l'était déjà.
Il ne fallut pas plus de quelques secondes pour que les partisans de Voldemort traversent à leur tour la brèche. Rodolphus, Queudver, Avery, Crabbe, Goyle et McNair ouvraient la marche, suivis de près par un nombre impressionnant de nouvelles recrues, une douzaine de Vélanes et le double de géants.
Voldemort étira ses lèvres en un large sourire en voyant l'ampleur de son armée tandis qu' Eilane observait ce spectacle les yeux écarquillés, la mine défaite, le regard plus anxieux que jamais.
-Bien…Très bien ! Je crois que ce sera absolument parfait ! s'exclama joyeusement le Seigneur des Ténèbres. Cette fois, ils ne feront pas le poids !
-Tu oublies une chose : Dumbledore est ici, Tom !
Le sourire de Voldemort s'effaça légèrement et Eilane comprit qu'elle avait touché un point sensible.
-Plus pour longtemps, Eily ! Il est peut-être capable de rivaliser avec moi… mais certainement pas avec nous deux réunis !
Eilane voulut rétorquer, mais son engagement auprès des puissances la forcerait, de toute manière, à combattre aux côtés de Voldemort, qu'elle le veuille ou non. Pourtant, à présent qu'elle entrevoyait enfin l'ampleur de cette attaque, elle commençait à regretter le camp qu'elle avait choisi… Après tout, la mort n'aurait peut-être pas été tellement pire ! Si seulement, au moins, Voldemort tenait parole et épargnait Lupin, elle pourrait se donner bonne conscience en pensant qu'elle aurait permis la sauvegarde d'un membre de l'Ordre du Phénix !
Les mangemorts s'agenouillèrent devant le Seigneur des Ténèbres en signe de soumission, mais lorsqu'il leur fit signe de se relever, ils n'obéirent que pour s'incliner à nouveau, cette fois, devant Eilane. Drago et le garçon regardèrent la scène un instant ébahis avant de se reprendre: cela n'avait, en fait, rien de très étonnant qu'ils aient autant de respect pour leur maître que pour Miss Snake si on prenait en compte son ancien rang au sein des Ténèbres. Bellatrix fut la seule à ne pas bouger, montrant clairement sa réticence à accepter Eilane dans le même camp qu'elle-même.
Les joues de la jeune femme rougirent légèrement tandis qu'elle demandait aux mangemorts de se remettre debout. Elle avait à peine eu le temps de finir sa phrase lorsqu' un premier habitant de Poudlard poussa un hurlement strident du haut des marches qui menaient au hall d'entrée. Il s'agissait de Lavande Brown. Elle était descendue prendre son petit déjeuner en avance et ne s'attendait sans doute pas à tomber sur une véritable armée. Elle resta un instant prostrée sans savoir quoi faire, regardant avec des yeux exorbités l'horreur qui s'offrait à elle. Seamus Finnigan accourut à l'entente de son appel, et se retrouva, lui aussi, bouche bée face à Voldemort et ses alliés. Alors que Lavande ne semblait plus capable de faire un geste, Seamus lui, dans un élan de bravoure, sortit sa baguette magique de sa poche et la tendit vers les mangemorts.
-S'il faut mourir aujourd'hui, alors je mourrai en me battant ! s'exclama-t-il sous les rires moqueurs de ses adversaires.
Puis soudain il réalisa que parmi cette armée se trouvaient plusieurs têtes connues.
-Harry ? Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?
Le garçon ne répondit pas… Il n'était plus Harry, cette question ne le concernait pas !
-Et toi Drago, tu as finalement rejoint ton père avec les mangemorts ?
A chaque phrase qu'il disait, Seamus descendait une marche de l'escalier. Son air se voulait désinvolte et accusateur, mais les tremblements de sa voix montraient le peu d'assurance dont il faisait preuve et la pâleur de son visage ne cachait pas la peur que l'on pouvait également lire dans son regard. Il tourna ensuite les yeux vers Miss Snake, qui se tenait toujours à côté de Voldemort.
-Vous ! Je croyais que vous étiez de notre côté… Vous nous avez trahis… Vous…
Les mots lui manquaient, tant la colère était intense. Il descendit encore une marche, une de trop…
Lucius, fatigué par ses élucubrations, pointa sa baguette dans la direction de Lavande toujours figée sur place par la terreur.
-Si tu ne la fermes pas, idiot, je la tue !
-De toute manière, vous allez tous nous tuer, n'est-ce pas ? s'exclama Seamus.
-Avada Kedavra ! lança Lucius, levant les yeux au ciel en signe d'exaspération.
Un jet de lumière verte sortit de sa baguette magique et se dirigea à une allure vertigineuse sur Lavande. Seamus n'eut que le temps de s'interposer. Le jet de lumière le frappa de plein fouet et il dégringola les escaliers jusqu'en bas, raide mort, les yeux grands ouverts dans lesquels se reflétaient la peur, la haine et l'incompréhension. Lucius lança un deuxième sortilège mortel et Lavande Brown s'écroula, elle aussi, en haut des marches.
Les mangemorts éclatèrent d'un rire cruel tandis que la troupe de Vélanes faisait onduler leurs cheveux d'argent en signe de joie malveillante. Seule Eilane ne riait pas, elle regardait à la fois horrifiée et prise d'une fascination morbide, le corps de Seamus qui avait presque roulé jusqu'à ses pieds.
-Allez-y ! s'exclama Voldemort tandis qu'il attrapait le poignet de la jeune femme et l'entraînait loin des mangemorts.
-Lâche-moi ! lui ordonna-t-elle, furieuse, mais Voldemort serra d'avantage son poignet et la força à avancer.
-Dis-moi au moins où tu m'emmènes ! se résigna la jeune femme en voyant qu'il ne la laisserait pas partir.
Il la poussa dans un coin plus sombre du couloir qu'ils arpentaient à présent et posa un doigt sur ses lèvres pour la faire taire.
-Invisibile !
La voix de Voldemort résonna et au même instant l'atmosphère du lieu sembla se modifier pour devenir plus dense. Eilane dû s'y prendre à deux fois avant de retrouver son souffle. Elle avait l'impression de respirer de l'eau comme si toute l'humidité que le château renfermait s'était soudain condensée à cet endroit.
Tout à coup, le décor changea autour d'elle et elle se retrouva à nouveau dans le hall mais, cette fois, en haut des escaliers, à quelques mètres seulement du corps de Lavande. Elle lança un regard interrogateur à Voldemort.
-Un petit tour de passe-passe, rien de plus, expliqua-t-il en haussant les épaules.
En bas des marches, la bataille faisait rage. Plusieurs élèves et quelques professeurs étaient au prise avec un groupe de Vélanes dont la beauté avait fait place à un plumage aussi noir que celui d'un corbeau. Elles lançaient sur eux des jets de flammes qu'ils tentaient d'esquiver du mieux qu'ils le pouvaient grâce aux sortilèges de protection. A côté, plusieurs géants cassaient tout ce qui tombait sous leurs lourdes mains. Les mangemorts, eux, avaient dû monter dans les étages ou se rassembler dans la grande salle car Eilane ne les aperçut pas. Instinctivement, elle s'avança vers la rambarde de l'escalier pour mieux voir ce qui se passait en-dessous. Le garçon se trouvait toujours au milieu du hall d'entrée. Il ne faisait rien, se contentait d'observer, le regard dans le vague, l'assaut qui se déroulait tout autour de lui.
-Ils ne nous voient pas ? demanda Eilane lorsqu'elle réalisa enfin qu'aucun des combattants n'avaient levé les yeux vers eux depuis leur remarquable arrivé.
Voldemort s'approcha de la jeune femme et lorsqu'il parla, Eilane sentit son souffle réchauffé sa nuque refroidie.
-Le sort que j'ai lancé tout à l'heure servait à cela !
-Mais pourquoi ne pas te montrer puisque tout le monde se doute sûrement de ta présence ?
Cette fois, Voldemort ne répondit pas. Toujours derrière elle, il s'avança encore d'avantage, jusqu'à la frôler et écarta doucement ses cheveux noirs afin de dégager son cou et d'y déposer un baiser.
Eilane sentit son cœur s'accélérer mais ses yeux ne pouvaient se défaire du spectacle d'horreur qu'elle observait depuis la rambarde où ses mains s'étaient fermement agrippées.
-Ils vont mourir, Eily !
Eilane se sentit frémir lorsque Voldemort lui chuchota à l'oreille. Sa voix ne se voulait pas vraiment cruelle malgré ses paroles.
-Que diraient-ils, tes anciens amis, s'ils savaient…
Il l'embrassa à nouveau dans la nuque tandis que sa main droite descendait le long de ses hanches. Eilane voulut se retourner mais il l'en empêcha de son autre main qu'il posa sur son ventre, la maintenant à sa place.
-Regarde-les, tes pitoyables amis, se démener avant de perdre la vie ! C'est en partie ton œuvre, ma belle, je n'y serais pas arrivé sans toi, et je t'en suis très reconnaissant !
Il agrippa le tissu fin de la robe de la jeune femme et le remonta doucement. Puis il la dénuda de ses sous-vêtements.
-Que diraient-ils, s'ils apprenaient ce que nous sommes en train de faire tandis qu'ils périssent les uns après les autres, et sous tes yeux en plus !
Eilane, les larmes aux yeux, le visage enflammé par le désir, regardait Luna Lovegood venant de rendre l'âme.
Doucement, Voldemort laissa glisser sa main gauche jusqu'au bas ventre de sa compagne et entreprit de caresser avec ardeur son intimité, explorant tous ses recoins, s'attardant sur ses points sensibles. Puis, sans autres préliminaires, deux de ses doigts pénétrèrent brusquement en elle et lui arrachèrent un gémissement de satisfaction. Il les fit bouger ensuite, d'abord mollement puis de plus en plus vite et de plus en plus loin, avide du moindre soupir que lui offrirait Eilane.
-Ils seraient sûrement choqués que tu aimes autant ce que je te fais, tu ne crois pas ? lui chuchota-t-il encore, d'une voix à la fois envoûtante et perverse.
-Tom…, murmura Eilane.
-Oui, ma belle ?
Elle ne répondit rien, mais cela faisait bien longtemps qu'elle et Voldemort n'avaient plus besoin de parler pour savoir ce que l'autre pensait.
-Si tu souhaites que j'arrête, dis-le ! continua-t-il.
-Je…
Au même moment, alors qu'elle s'apprêtait à finir sa phrase, elle le sentit s'introduire lentement entre ses reins tandis que ses doigts continuaient de s'affoler dans l'humidité de son intimité et elle ne put retenir un gémissement de surprise et de contentement.
-Tu veux vraiment que j'arrête ? lui demanda-t-il sur un ton des plus charmeurs tout en bougeant doucement derrière elle.
Elle se mordit les lèvres de plaisir et ne répondit rien. Voldemort sourit et se mit à aller et venir en elle. Il la sentait, frémissante et tremblante, sous ses caresses. Ses doigts s'enfonçaient de plus en plus sauvagement dans sa chaleur. Il accélérait le rythme de ses va et viens tout en embrassant sa nuque réchauffée par tant d'ardeur.
-Tu adores ça, admets le, ce côté pervers, ça ne te déplaît pas ! lui chuchota-t-il à l'oreille tout en devenant plus brusque.
-Je ne dis pas le contraire, répliqua Eilane entre deux gémissements.
En bas des escaliers, tout juste sorti de la grande salle, Rémus apparut, sa baguette magique à la main. Les yeux d'Eilane s'agrandirent lorsqu'elle l'aperçut mais elle se sentait incapable de demander à son amant de s'arrêter. Voldemort, lui aussi, avait remarqué le lycanthrope.
-Jamais il ne t'aurait autant contentée, Eily… Il est bien trop sage pour toi, s'amusa-t-il.
Eilane tenta de se libérer, mais Voldemort la maintint contre la rambarde avec force.
-Tu tiens tellement à lui ?
Cette fois, la fureur s'entendait dans sa voix et dans la violence soudaine de ses mouvements.
-Laisse-moi !
-Jamais ! s'exclama le Seigneur des Ténèbres.
Tandis qu'il continuait ses caresses incessantes, sa main droite s'empara de sa baguette magique et avant qu'Eilane comprenne ce qui se passait, il la pointa vers Remus Lupin.
-Avada Kedavra !
-Nooooooooon, hurla la jeune femme tout en donnant un coup dans le bras de son amant. Le jet de lumière verte fut dévié de sa cible et frappa de plein fouet une colonne de pierre. Elle vacilla un instant puis commença sa chute. Lupin eut à peine le temps de la voir s'effondrer avant de se retrouver bloqué dessous.
-Tu m'avais donné ta parole ! s'exclama Eilane en se dégageant violemment de Voldemort
-Tu croyais vraiment que j'allais épargner cet insignifiant sang-mêlé ?
Elle ne lui accorda pas une parole et accourut, sa robe à peine remise en place, auprès de Remus.
-Visibile, murmura-t-elle, afin de réapparaître aux yeux de tous.
Remus était conscient et lui sourit lorsqu'il la vit soudain au-dessus de lui.
-Je savais que tu ne nous abandonnerais pas ! dit-il dans une grimace de douleur.
La jeune femme regarda la colonne qui coinçait le corps de Lupin. Du sang s'éparpillait sur le sol et imprégnait les dalles.
-Par Morgane, qu'ai-je fait ?
Des larmes ruisselaient sur ses joues. Elle réalisait à présent tout le mal dont elle était coupable. Autour d'elle, des dizaines de gens mouraient, pour beaucoup âgés d'à peine seize ans. Elle devait arrêter cela. Elle était la seule à le pouvoir.
-Hagrid ! s'exclama-t-elle pour elle-même. Rémus, où est Hagrid ?
-Dans la grande salle ! La plupart des mangemorts y sont aussi , expliqua faiblement Lupin.
Eilane déposa un baiser sur son front couvert de perles de sueur.
-Je vais revenir ! On te sortira de là !
Elle se releva d'un bond et courut en direction de la grande salle. Dedans, en effet, une bataille toute aussi acharnée faisait rage.
-Hagrid, hurla-t-elle, en voyant le demi-géant aux prises avec une Vélane qui l'avait envoûté et s'apprêtait à lui lancer une énorme boule de feu. La voix d'Eilane le sortit de sa rêverie juste à temps pour éviter le projectile et assommer la créature d'un seul coup de poing.
-J'ai besoin de ton aide ! Tout de suite !
Hagrid vint le plus rapidement qu'il le put jusqu'à son amie et elle l'emmena dans le hall d'entrée où le sang de Lupin se déversait toujours.
-Il faut le dégager, je t'en prie !
Hagrid acquiesça tandis qu'Eilane partait déjà en direction du parc.
-Où vas-tu ?
Mais elle était déjà sortie et n'entendit même pas la question du demi-géant. En haut des marches, le garçon lui faisait face et l'empêchait de passer.
-Pousse-toi !
-Non ! répondit-il avec véhémence.
-C'est un ordre !
-Je n'ai plus d'ordre à recevoir de toi… Je sais tout de ce qui se passe ici… Je sais ce que tu t'apprêtes à faire, je t'en empêcherai !
-Tu le crois vraiment ? le défia la jeune femme.
Au même instant une brume épaisse emmitoufla le château et ses alentours à une allure surnaturelle. Le garçon ne sut comment elle avait procédé mais fut persuadé que ce brouillard émanait d'Eilane elle-même. Il ne la vit pas passer à quelques centimètres devant lui, et ne la vit pas non plus se diriger, dans un dernier espoir, vers le puits aux âmes…