Kikou Tout le monde ! Voici le 5ème chapitre de ma fic ! Les réponses aux reviews sont à la fin ! Il y aura beaucoup d'explications dans ce chapitre et bien sûr comme toujours, ce sera n'importe quoi ! Désolé, ça a été long mais les moments EdXEnvy (non, pas 'ces moments', c'est pas pour tout de suite ! XD) sont assez durs à décrire.
Watashi No Eien
En route pour Shambala...
J'ouvris les yeux sur un plafond blanc légèrement éclairé par une lueur orangée, le souffle du vent résonnant en une douce mélodie à mes oreilles et effleurant la peau nue de mon torse.Je vis qu'un bandage entourait mon ventre et je sentis également la douce texture du tissu autour de mon crâne. J'avais un mal de tête épouvantable.
Je tournai la tête pour mieux voir dans quel endroit je me trouvai. Les murs de la petite pièce étaient en piteux état et tapissés de quelques toiles d'araignée. Il y avait, dans un coin, une grande table en bois où étaient disposés quelques outils de toutes sortes, des vieux livres aux pages cornées, des parchemins recouverts d'une écriture petite et maladroite, presque indéchiffrable…
J'avais beau cherché dans ma mémoire, je n'avais pourtant aucun souvenir de cette pièce. A travers les carreaux cassés d'une petite fenêtre, je vis les éclairs déchirer le ciel et les gouttes de pluie tomber à flots sur la tête des gens qui s'enfuyaient et des soldats qui couraient dans tous les sens, hurlant des ordres à leurs compagnons dans un allemand confus.
Etaient-ils à la recherche d'Envy ?...Envy…
Je me mordis les lèvres tandis que la tristesse et le désespoir me nouèrent soudainla gorge et me serrèrent les entrailles. J'avais peut-être espéré que tout cela n'avait été qu'un rêve…Quel idiot j'étais… Maintenant le retour à la réalité était très dur. Je cherchai à nouveau autour de moi d'un air paniqué, espérant trouver quelqu'un, quelque chose qui puisse me rassurer, me dire que peut-être…Et je vis Alphonse, assis tranquillement dans un coin sombre, lui aussi avait un bandage légèrement ensanglanté qui entourait son ventre. J'ouvris la bouche pour l'appeler, mais la seule chose qui sortit fut un long gémissement de douleur. Mon corps entier me faisait maintenant atrocement souffrir. Alphonse tourna la tête et je vis la fatigue sur son visage ainsi que les cernes sous ses yeux…Combien de temps s'était-il écoulé depuis l'accident ? Depuis combien de temps attendait-il à mon chevet pour que je me réveille ?
Il se leva et se précipita vers le lit où je reposai, posant une main chaude sur mon front déjà mouillé par la sueur. J'avais une montagne de questions à lui poser mais je n'osai pas parler. Je me sentais coupable de sa blessure qui avait l'air grave. Je voulu toucher le bandage mais c'est à ce moment là que je remarqua que mon bras droit, l'automail de mon père, n'était plus là.
Je poussai un soupir de tristesse.
' Tu es enfin réveillé, Ed !' dit Al en sautant de joie. 'Bon Dieu ! J'ai eu peur que tu ne te réveilles plus ! On a vraiment eu beaucoup de chance de s'en sortir ! Si tu voyais la panique qu'il y a dehors !'
Je hochai la tête, mon regard, vide de toute expression, fixé sur le plafond.
Al s'arrêta de parler. Sa main quitta mon front et glissa vers mon torse, se posant sur mon cœur. Je ne tournai pas la tête pour le regarder, je n'en avais toujours pas le courage.
' Pauvre idiot…'
Sa voix était maintenant emplie de dureté mais je pouvais également y déceler la tristesse qu'Al essayait certainement de camoufler.
'J'ai eu tellement peur ! Qu'est-ce qui t'as pris d'aller te battre contre lui ? Tu aurais pu te faire tuer ! En plus ce pouvoir qu'il avait, c'était bien de l'alchimie, hein ? Tu as vu dans quel état il t'a mis ! J'ai bien cru que t'allais y rester !'
Je ne répondis rien, sentant mon cœur se serrer un peu plus à chacun de ses mots. Il se leva et alla se placer devant la fenêtre, me tournant le dos… Je pouvais le voir trembler légèrement. Un silence pesant s'installa, seulement interrompu par les coups de feux et les cris. On pouvait croire que le monde s'effondrait autour de nous mais je m'en fichai complètement. Toute mon attention était portée sur Al…
Ce fut Hoenheim qui me tira de mes pensées… Il entra dans la pièce d'un pas lourd et lent, lui aussi avait de grandes cernes sous les yeux et quelques égratignures sur le visage. Il avait une grande boîte à la main et l'on pouvait entendre le bruit de l'entrechoquement du métal. Il leva la tête et me regarda, un sourire gêné se dessinant sur ses lèvres écorchées.
'Je vois que tu es enfin réveillé, Edward…' dit-il d'une voix pâteuse, s'asseyant près de moi et posant une main sur mon front. J'eus tout de suite envie de le repousser. Pourquoi faisait-il ça ? Je n'étais pas malade et je ne voulais plus que l'on s'inquiète pour moi. Je ne voulais plus qu'on me touche… Comme quand mon frère avait perdu son corps lors de la transmutation humaine… Tous ses souvenirs que j'avais essayer d'oublier comme un idiot, et bien, ils étaient toujours là, marqués au fer rouge dans ma mémoire…
'Tu as encore mal ?'
Je tournai mon regard vers lui et répondit sur un ton antipathique.
'Au cas où tu l'aurais pas remarqué, il m'a bien tabassé…'
Je regrettai légèrement mes paroles en voyant son expression peinée. Que je le veuille ou non, il m'avait en quelque sortes sauver la vie et c'était grâce à lui si Envy ne m'avait pas découpé en morceaux…
Il ouvrit la bouche mais la referma aussitôt, posant son regard sur la grande boîte sur ses genoux. Il l'ouvrit et sortit doucement différentes pièces de métal. Des pièces d'automail.
'Je…Je vais réparer ton bras droit comme ça tu en auras un tout neuf dans quelques heures…'
'Merci, le vieux… J'ai été combien de temps dans le coma ?'
Il arrêta d'examiner mon automail cassé et poussa un long soupir.
' Une semaine…'
La réponse, pourtant calme et presque inaudible, me frappa de plein fouet. Quoi ! Une semaine! Je croyais que ça avait été seulement quelques heures…Alors ça veut dire qu'ils veillaient sur moi depuis tout ce temps ? Que c'était-il passé entre temps ?
Je prit un grand souffle pour calmer mon excitation etregarda encore une fois au dehors. La panique y régnait toujours.
'Nous avons soigné tes blessures…' continua mon père. 'Bien sûr, ce sera encore un peu douloureux puisque tu n'as pas bougé pendant tout ce temps… J'ai préféré attendre pour réparer ton automail car à cause des nerfs…'
'Qu'est-ce qui se passe ?' l'interrompis-je, le ton de ma voix maintenant sérieux. 'Que s'est-il passé après… ?'
'Ils sont à la recherche d'Envy… Les soldats et les membres de Thulé se sont mis à fouiller la ville de fond en comble pour le trouver. Ils font ça sous les ordres d'Eckart…'
'Mais la population…'
'Ils entrent dans les maisons de force, détruisant presque tout sur leur passage… On se croirait encore en période de guerre…'
Mes yeux parcoururent encore cette grande pièce sombre que je ne connaissais pas, entre temps, Al s'était levé et observait maintenant la pile de parchemins sur la table.
'Où on est ici ?' demandai-je tandis que Hoenheim commençait à travailler sur mon nouveau bras.
'C'est un vieux laboratoire où j'habitais juste avant que tu n'arrives dans ce monde.'
Je me redressai légèrement, collant mon dos contre le mur derrière le lit sur lequel je reposai. Mon mal de tête n'avait fait qu'empirer mais je voulais en savoir plus sur ce que j'avais découvert il y a seulement…sept jours. Je passai ma véritable main dans mes cheveux détachés avec un long soupir. Hoenheim s'était à nouveau arrêté et me fixait, attendant, je le savais, la question qui me brûlait les lèvres. Mais avait-il trouvé la réponse entre temps?
'Envy…Tous ces pouvoirs qu'il avait…L'alchimie ? Comment… ?' balbutiai-je, ne sachant comment tout demander en une seule phrase.
'Les homonculus viennent de ce côté-ci de la Porte, pourtant, même dans ce monde, on peut les créer, c'est beaucoup plus compliqué bien sûr et l'on obtient qu'un minable petit bonhomme difforme…Mais le prix a payé pour cette création est beaucoup moins élevé que dans le monde de l'alchimie.'
Il désigna d'un signe de têtemon bras droit manquant.
'Alors pourquoi peut-il l'utiliser et moi pas ?'
'Si l'on passe la Porte, cela arrive qu'il puisse y avoir quelques conséquences. Tout ce changement de dimensions, de temps, de monde peut tout changer. Envy s'est retrouvé avec le pouvoir de pratiquer l'alchimie mais il aurait très bien pu se retrouver sans rien également…Sans alchimie, sans pouvoir de transformation…Mais la Porte en a décidé autrement mais qui sait ce qu'il se passera si il la repasse à nouveau…Il n'y a pas d'échange équivalent dans ces cas-là...'
'Et ce don de vision, ça vient de la Porte aussi ?'
'Peut-être, maisles homonculus de ce monde aussi, malgré leur forme physique, ont certains pouvoirs étranges dont le don de vision.'
Je fermai les yeux, me massant doucement les tempes avec ma main gauche. Une question essentielle avait été résolue mais si j'avais bien compris, repasser la Porte serait peut-être dangereux pour moi. Mais le seul moyen de rentrer à Amestris était Envy. Il pouvait utiliser l'alchimie, donc ouvrir la Porte. Des images de notre furieux combat ressurgirent dans ma mémoire et son visage à l'expression confuse après la confession d'Hoenheim m'apparut à nouveau.
Qu'avait-il voulu dire juste avant que les biplans ne l'attaquent?
'Tu dois être affamé, non ?' dit Hoenheim, me tirant de mes pensées.
Sans attendre ma réponse, il se leva et disparut dans l'autre pièce. Avait-il pressenti que j'allais lui poser des questions sur son passé avec Dante ? Si oui... Pourquoi fuyait-il ainsi ses responsabilités ?
Quelques minutes plus tard, Hoenheim revint enfin avecdes provisions. Apparemment, il n'avait pas totalement abandonné cet endroit, même après mon arrivée.
Pendant que je mangeai, il commença pour de bon la réparation de mon automail. Un silence pesant s'installa dans la pièce, seulement interrompu par les sifflements admiratifs de Al qui lisait depuis un bon moment les notes sur la table. Cela me fit sourire. C'était sûrement des écrits sur l'alchimie et Al devait imaginer des choses stupéfiantes dans son esprit même si il ne connaissait rien de cette science.
Deux heures plus tard, je me retrouvai avec un bras tout neuf. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres malgré la douleur, due à la connexion brutale des nerfs, qui était encore légèrement présente. Entre temps, Al s'était assis près de moi, regardant attentivement mon père travailler, sursautant quand celui-ci connecta les nerfs et qu'il me vit gémir et serrer les dents.
'Ca t'intéresse, Al ?' Lui demandai-je, espérant briser la glace et faire disparaître la tension qui s'était installée entre nous juste après mon réveil.
Il hocha vivement la tête avec un sourire timide. Je prit une position assise sur le lit et posa mes pieds au sol. Mes membres étaient encore légèrement engourdis et je voulais bouger un peu après ce coma d'une semaine. Al m'arrêta tout de suite.
'Ed, tu ne devrais pas ! Reposes toi encore un peu !' dit-il, s'adressant à moi comme une mère s'adresserait à son enfant.
'Al, je…'
Mais un bruit soudain m'interrompit, un bruit de porte qui claque, nous faisant à Al, Hoenheim et moi, tourner la tête, nos yeux fixés sur le couloir menant sûrement à l'entrée.
'C'est sûrement un coup de vent.' Dis-je quelques secondes après, mais je n'étais pas sûr de moi et mon inquiétude ne fit que grandir quand Hoenheim ne répondit rien, ses yeux empli de méfiance toujours sur la porte.
Je poussai un grand soupir de soulagement quand un petit miaulement se fit entendre et j'essayai de ne pas éclater de rire quand un chaton noir sortit de l'ombre. Al, comme je m'y attendais, poussa un cri de joie et se leva, tendant déjà les bras vers la boule de poiles, mais Hoenheim l'arrêta en l'attrapant par le col de sa chemise.
'N'approches pas cet animal, Alphonse.' Ordonna-t-il d'un ton ferme.
J'allai demander au vieux ce qu'il se passait mais, en reposant mes yeux sur le félin, je remarquai quelque chose d'étrange…Est-ce que certains chats avaient les yeux violets ?
Mais avant que je ne puisse même penser au pire et à ce qui semblait être évident, l'animal se transforma devant nous, prenant lentement forme humaine.
Quelques secondes après se tenait au centre de la pièce l'homonculus aux cheveux noirs et au teint pâle nommé Envy.
Il nous dévisagea tous les trois d'un air moqueur et un sourire en coin se dessina sur ses lèvres.
'Quelle touchante réunion de famille ! Vraiment !' s'exclama-t-il, cette fois sans quitter Hoenheim des yeux.
'Alphonse, va tirer les rideaux. Personne ne doit voir ça.' Ordonna mon père, fixant également l'homonculus.
Al se tourna vers lui d'un air terrifié mais s'exécuta au bout d'un moment, se levant et passant rapidement devant l'intru pour tirer les rideaux des fenêtres, plongeant un peu plus la pièce dans l'obscurité et bloquant la vue du peu de personne qui couraient encore dehors. Durant tous ce temps, j'étais sur mes gardes, prêt à attaquer à n'importe quel moment si Envy tentait quelque chose contre celui que je considérai comme mon petit frère. Dès que Al revint, je l'attirai derrière moi et observa la scène sans baisser ma garde, me demandant ce qui allait se passer.
'Comment nous as-tu retrouvé ?' demanda enfin Hoenheim.
'J'ai réussi à échapper à cette folle et à sa secte qui me poursuivait. On peut dire qu'il m'ont pas lâché pendant un moment mais je suis là maintenant! T'es pas heureux, Papa ?'
Il avait dit ce dernier mot avec un cynisme non dissimulé, toujours avec le même rictus mauvais.
'Pourquoi es-tu là ?'
A cette question, je savais qu'Hoenheim n'attendait que deux réponses. Ou bien Envy était là pour nous tuer ou alors il était là pour…Quelque chose d'autre…
Envy croisa les bras et s'appuya contre le mur en fermant les yeux, l'expression de son visage maintenant indéchiffrable. Il poussa un long soupir et demanda d'une voix étrange:
'Est-ce que tout ce que tu m'as dit il y a une semaine est vrai ?'
Hoenheim frémit. Il se leva et hocha lourdement la tête mais à mon plus grand étonnement, il changea tout de suite de sujet.
'Qu'est-ce que tu comptes faire ?'
Il avait cette fois utiliser le ton dur que prennent les parents quand ils savent que leur enfant va faire une énorme bêtise. Envy et moi levâmes la tête vers lui d'un air interrogateur.
'Ca ne te regardes pas, c'est clair ? Tout ce que je peux te dire, c'est que je veux plus jamais avoir affaire à toi après ça !' cracha l'homonculus avec mépris mais malgré son excellent jeu d'acteur, je pouvais percevoir une fausse note. Ce fut le dernier de mes soucis quand le monstre continua :
'Je me demandes même pourquoi je ne t'ai pas...Ca ne regardes que moi et le Full Metal nabot, ok ?'
'Qu'est ce que tu me veux ?' m'écriai-je sans cacher la fureur dans ma voix.
'T'inquiètes, nabot ! Je veux juste faire un petit marché avec toi et je crois que ça va te plaire.'
Il ricana et je dus me retenir de me lever et de me venger des blessures qu'il m'avait infligées lors de notre dernière rencontre et du surnom débile qu'il continuait à me donner. La seule chose qui me retenait était Al, qui se collait encore plus contre mon dos. Je ne voulais surtout pas faire une bêtise et mettre sa vie en danger encore une fois. Par contre, le manque de réaction d'Hoenheim m'inquiétait et en même temps m'énervait. Le vieux s'était réfugié dans une sorte de mutisme et restait debout, immobile, fixant l'homonculus avec un regard semblable à celui d'unzombie.
'Qu'est-ce que tu veux ?'
Envy posa une main sur sa hanche et passa l'autre dans ses cheveux.
'Si tout ce que le vieux a dit est vrai.' Commença-t-il calmement. 'Alors Dante est la responsable de tous ce qui s'est passé et maintenant je veux lui faire payer pour tout ce qu'elle a fait.'
Cette fois, Hoenheim réagit.
'N'y a-t-il vraiment que la vengeance qui compte pour toi ? Qu'est-ce que tu vas y gagner si tu…'
'Toi, tu la fermes !' explosa l'homonculus. 'C'est toi qui m'as raconté tout ça ? Et bien, tu peux déjà considérer cette vieille folle comme morte !'
'Qu'est-ce qui te fait croire qu'elle est encore vivante ?' demandai-je, me rappelant clairement qu'en me sacrifiant pour ramener Al à la vie, j'avais également entraîné la destruction de l'endroit où Dante se cachait.
'Ne la prends pas pour une conne, le nabot ! Elle est plus intelligente que tu le crois !'
'Bon, admettons qu'elle soit vivante, je peux savoir comment tu comptes la tuer ?'
'Et bien, c'est là que tu vas intervenir !'
Cette fois, la surprise vint se mêler à la colère dans ma voix.
'Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?'
'Quand je vais à nouveau traverser la Porte, je vais perdre le pouvoir de pratiquer l'alchimie. Par contre, si tu viens avec moi, tu pourras m'aider à l'arrêter et moi, je l'acheverai. Qu'est-ce que t'en dis, le nabot ? Tu vas pas perdre l'occasion de revoir ton chère petit frère ?'
Le ton cynique de sa voix résonnait dans ma tête comme un écho infernale mais je n'y faisais pas attention. Je ne pensai maintenant qu'à une chose : J'allais peut-être rentrer chez moi. Il me suffisait de dire oui et la porte menant à mon frère s'ouvrait grand devant moi. Alors, pourquoi hésitai-je ? Pourquoi me sentais-je si mal ? Quel était ce sentiment d'inquiétude mêlé d'incertitude qui me rongeait ?
La réponse bougea contre moi et me murmura d'une voix confuse :
'Qu'est-ce qu'il veut dire par là, Ed ? Qu'est ce que c'est que cette Porte ?'
Je me retournai pour regarder dans les yeux bleus azur de Al. Celui-ci avait attrapé ma main de chaire et de sang et la serrait maintenant avec force entre les siennes comme si il ne voulait pas la lâcher.
Je lui souriais. Un sourire que je croyais réconfortant. Mais l'expression triste de son visage ne changea pas. Quelque part, il avait certainement compris…
Je me retournai, reposant mes yeux sur Envy qui était toujours appuyé contre le mur et qui me fixait avec attention. Je savais que j'allais devoir dire quelque chose à un moment où à un autre mais les mots me manquaient, les phrases se bousculaient dans ma tête, des phrases qui n'avaient aucun sens et qui risquaient seulement d'aggraver ma situation actuelle. Et il n'y avait personne pour m'aider. Hoenheim était à nouveau devenu aussi muet et immobile qu'une statue.
'Attends un peu…' commençai-je, ma gorge se serrant un peu plus à chaque syllabe. 'Tu débarques ici comme ça…Et tu me proposes de…'
'Commences pas à faire ton petit numéro, d'accord ?' m'interrompit-il, froid et cruel. 'C'est pas ce que tu voulais ? Rentrer chez toi et revoir ton petit frère ? Penses-y un peu, le nabot ! Je te donnes une chance de rentrer chez toi puis tu m'aides à me débarrasser de Dante ! L'échange équivalent, non ?'
' Je croyais que c'était bidon pour toi, tout ça !'
'Réponds à ma question : oui ou non ?'
Je me mordis les lèvres. Juste un mot et…
Je levai les yeux vers mon pèreque je m'attendais à trouver exactement comme avant. Pourtant celui-ci me fixait, son regard impénétrable poser sur moi. Malgré tout, dès que nos yeux se croisèrent, je sus qu'il n'allait pas essayer de m'influencer dans ma décision, qu'il n'allait pas m'aider non plus. Quand j'y pense, je ne l'aurais pas laissé s'immiscer de toute façon.
Mais tout ça allait beaucoup trop vite. Pourtant, je ne devrais pas hésiter ainsi. Je devrai sauter de joie et accepter la proposition d'Envy aussitôt…Mais bien sûr, il y avait Al… Le Al de ce monde, celui que j'avais prit pour mon petit frère, j'avais même pensé plusieurs fois que, si un jour je repassais la Porte, ce serait sans regret et sans tristesse, que Alphonse Heiderich n'était qu'un remplacement, une copie de mon véritable frère… Et pourtant, maintenant, je me rendais compte qu'il comptait beaucoup pour moi et que je ne voulais pas l'abandonner. J'avais peur de le laisser derrière moi parce que je savais qu'il serait en danger. A présent, Eckart devait certainement les considérer, lui et mon père, comme des traîtres et elle n'hésiterai pas à les poursuivre sans relâche.
Pourtant, malgré les paroles d'Envy, avais-je vraiment le choix ? Que fera-t-il si je refusais ? Il me tuera ou bien me forcera à aller avec lui. Dans les deux cas, il me ferait payer et je mettrai les vies de Al et Hoenheim en danger. Cette pensée me fit paniquer et je me sentis encore plus piéger. La soudaine douleur dans mon corps et dans ma tête n'arrangeait rien.
Je pris un grand souffle et dit assez fort pour qu'Envy entende.
'C'est d'accord…J'accepte…'
Et c'est à ce moment là que mon cœur se serra et que j'eus l'impression d'avoir commis une énorme erreur mais, alors qu'Envy sourit et me toisa de ses yeux inhumains, je sus que c'était trop tard.
Je ne pouvais plus revenir en arrière.
'Ed ? Ed ! Tu vas pas partir !'
Al avait compris…
'Ecoute, Alphonse…' commençai-je, baissant mes yeux sur nos mains enlacées. 'C'est ma seule chance… Ma seule chance de retrouver mon frère…Je ne peux pas la laisser passer, tu comprends ?'
Il ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Il libéra ses mains des miennes et tout ce que je voulu à cet instant était essuyer les larmes apparaissant au coin de ses yeux.
'Ca va trop vite…' murmura-t-il.
'Je sais, Al, je sais…'
Mais Envy m'interrompit, s'adressant à moi avec une impatience non dissimulé.
'Bon, dépêches-toi, le nabot ! Il faut y aller !'
'Attendez !' lui cria Al. 'Il doit encore se reposer, ses blessures ne sont pas encore guéries et…'
'Et alors ? Je peux pas attendre ici que cette bande de tarés me retrouve !'
Il baissa les yeux, le visage rouge de honte. Envy s'agenouilla et commença à tracer un cercle de transmutation au sol.
Je posai une main sur l'épaule de Al, ne sachant à nouveau que faire, espérant qu'il dirait quelque chose de rassurant à ma place. Soudain, une idée me vint à l'esprit. Une idée folle certes, mais les mots sortirent tout seul de ma bouche avant que je ne puisse les arrêter.
'Et si tu venais avec moi ?'
Mais je regrettai tout de suite cette proposition, me rappelant les paroles d'Hoenheim à propos de la Porte, du changement de monde et du risque que tout cela encourait... Mais je n'eus pas besoin de dire quoi que ce soit ou de décevoir Al à nouveau…
'Non, Ed, désolé, je peux pas…Moi aussi je suis à la recherche de quelqu'un…'
Malgré mon étonnement, je ne demandai pas qui était ce quelqu'un ou bien pourquoi il était à sa recherche. Après le doux sourire que celui-ci me lança pour me rassurer, je sus d'hors et déjà que la discussion était close.
Al passa un bras autour de ma taille et m'aida à me lever. Comme je m'y attendais, tous les muscles de mon corps, après être restés si longtemps sans bouger, me firent souffrir et je faillis tomber plusieurs fois. J'avais l'impression d'être un nouveau né qui apprenait à marcher et cette comparaison me fit sentir vulnérable.
Mais heureusement, quelques instants après, je pus me tenir debout sans l'aide de Al, qui me murmura une dernière fois de faire attention à mes blessures. Je prit la chemise et la veste soigneusement pliées sur le petit tabouret et me rhabilla lentement, observant l'homonculus qui finissait juste de dessiner le petit cercle sur le sol.
'Où est-ce que tu as appris à faire ça ?' demandai-je d'une voix fatiguée et totalement désintéressée.
Il haussa les épaules.
'Vivre avec Dante pendant quatre cent ans, ça permet d'apprendre des trucs…'
Je poussai un soupir et regardait autour de moi, espérant trouver quelque chose pour attacher mes cheveux. Une fois que j'eus trouvé le petit élastique posé sur la table de chevet, je me fis mon habituel queue de cheval. Envy se tenait maintenant debout, les bras croisés, se balançant d'un pied sur l'autre d'un air impatient. Je me rendis alors compte que j'allais voyager avec mon pire ennemi, que j'allais même l'aider à atteindre son but. Vu le tempérament de feu que nous avions tous les deux, ça allait certainement être la galère… Les disputes allaient certainement faire grande partie de notre quotidien jusqu'à ce qu'on arrive à Rizembul... Mais au moins, je ne risquai rien jusqu'à ce que l'on retrouve Dante...
'Comment allons nous faire quand on sera à Amestris ? Nous n'avons pas d'argent et…'
Envy ouvrit la bouche pour me répondre mais Hoenheim, que je n'avais plus entendu pendant un long moment, l'interrompit.
'J'ai un peu d'argent que je gardais ici en cas d'urgence et je peux également vous donner des vivres !'
Puis sur ses paroles précipitées, il disparut à nouveau dans l'obscurité.
'Pfff, quel idiot !' grogna Envy. 'Comme si on avait besoin de ça ! Il a oublié le pouvoir que j'avais !'
'Ecoute, Envy ! On va tout de même pas se faire remarquer et avoir des problèmes dès notre arrivée !'
Il éclata de rire et posa ses yeux teintés de moquerie sur Al.
'Je me demande ce qu'il va faire du gamin…'
Al sursauta quand il s'aperçut qu'on parlait de lui, ses joues s'empourprant quand il croisa le regard hautain de l'homonculus. Je ne dis rien mais ce n'était pas l'envie qui me manquait de remettre froidement le monstre à sa place. A vrai dire, moi aussi je me demandais ce qu'allait fairemon pèreaprès notre départ. Allait-il continuer à se cacher ici avec Al pour échapper à la colère d'Eckart ?
Le vieux revint, un grand sac à la main. Il me le tendit, m'expliquant qu'il y avait là de quoi nous nourrir (ou plutôt me nourrir puisque les homonculus ne semblait pas avoir les mêmes besoins que les humains.). Il y avait également de quoi voyager jusqu'à Amestris car nous ne savions pas où nous allions atterrir. On pouvait se retrouver à Central aussi bien qu'en dehors d'Amestris. J'espérai tout de même que nous n'aurions pas autant de malchance vu que les populations en dehors d'Amestris n'étaient pas très amicales vu toutes les batailles que le Furher King Bradley avait menées pour les conquérir et agrandir son armée et sa puissance.
'Le vieux, vous allez rester ici ? La société de Thulé est sûrement après vous aussi…'
Il hocha la tête d'un air grave.
'Ne t'inquiètes pas. Alphonse et moi allons quitter l'Allemagne. J'avais déjà cette idée en tête depuis un bon moment puisque un jeune homme assez avide de pouvoir et dangereux commence à prendre une place importante dans cette société. Il est même devenu le bras droit d'Eckart d'après ce que j'ai entendu.'
'Qui ça ?'
'Un certain Adolf Hitler (1). Il dirige un parti politique et leurs méthodes violentes contre l'Etat semblent étrangement plaire au peuple allemand. Il est préférable de partir.'
Je lui souris de la manière la plus rassurante que je pus, posant ma main droite sur son épaule, lui montrant de mon mieux que je le soutenais.
'D'accord, prends soin de Al…Et de toi...'
Je m'apprêtais à me tourner vers Envy quand Hoenheim m'arrêta et fit une chose qui me surprit au plus haut point. Il me prit dans ses bras. J'étais tellement surpris que je ne savais pas comment je devais considérer la situation. C'est alors que je m'aperçus qu'Envy, qui se trouvait juste derrière moi il y a quelques instants, avait lui aussi été attiré dans l'étreinte, sa tête reposant sur l'autre épaule d'Hoenheim. Devais-je rire ou trouver tout cela gênant ?
Envy et moi, nous nous fixâmes et, même si cela semblait incroyable, nous nous comprenions pour la première fois. Je pouvais voir qu'il était aussi mal à l'aise que moi. Bien que je m'attendais plutôt à ce qu'il blesse Hoenheim pourlui montrer une telle marque d'affection plutôt que de le laisser l'étreindre ainsi. Pourtant, il restait là, aussi immobile que moi bien que l'énervement était bien présent sur son visage.
'Faîtes attention à vous aussi…' murmura mon père, puis il nous relâcha avec une dernière tape sur l'épaule.
'T'inquiètes surtout pas pour moi, le vieux.' Marmonna Envy.
Même si je n'étais pas habitué à cette marque d'amour paternel, si on pouvait appeler ça comme ça, cela m'avait un peu remonté le moral. Je savais que je pouvais faire confiance à Hoenheim. Le vieux avait sûrement plus d'une cachette dans ce monde dont il avait certainement visité tous les recoins. Avant, quand il partait sans prévenir, je ne pouvais m'empêcher de penser au fond de moi que je ne le reverrai pas, je mentirai si je disais que ça ne me surprenait pas quand il revenait, toujours en pleine forme…Même avec son corps qui pourrissait. Oui, Al était sûrement en sécurité avec lui.
Et ce fut justement àAl qui je fit mes derniers adieux, le prenant dans mes bras comme Hoenheim l'avait fait. Je pouvais sentir qu'il essayait toujours de retenir ses larmes. Mais il n'était pas idiot. Même si je ne disais rien, il savait sûrement que j'étais aussi peiné que lui. Etait-ce encore l'échange équivalent ? Je devais laisser derrière moi une personne que j'aimais pour en retrouver une autre… Cette règle était apparemment toujours encrée dans mon esprit même si Hoenheim et Dante m'avaient tous les deux dit qu'une telle chose n'existait pas…Que le monde était injuste…
'J'espère que tu trouveras cette personne, Al…'
'Oui…Et j'espère que tu retrouveras ton petit frère très vite…'
Puis, nous nous séparâmes avec un dernier sourire. Je me tournai vers Envy qui attendait toujours près du cercle de transmutation. Je hochai la tête et alla me placer près de lui. Je prit un grand souffle et ferma les yeux quand je le vis joindre ses mains. Quelques secondes après, je sentis une énergie impressionnante m'entourer. L'énergie de l'alchimie. L'énergie que je n'avais pas ressentie depuis deux ans.
Quand j'ouvris les yeux, La Porte était là, devant moi. J'étais tellement choqué que je ne sentis même pas qu'Envy était toujours près de moi. Je ne me retournai même pas pour voir si mon père et Al étaient toujours derrière moi. La vue de cet œil de pierre gigantesque et de ces statues tendant leurs bras vers moi ramena en moi tous ces affreux souvenirs. Mon maître, Izumi, avait raison...On avait vraiment l'impression de se retrouver devant les Portes de l'Enfer.
La Porte s'ouvrit doucement, dans un grincement sonore. Des milliers de petits êtres aux yeux violets me fixaient maintenant avec un sourire à me glacer le sang.
'C'est là d'où je viens…et eux, ils sont comme moi…' J'entendis Envy murmurer d'une voix mystérieuse.
De longs bras noirs sortirent de l'ombre, s'approchant lentement de moi. Il me fallut tout mon sans froid pour ne pas me retourner et m'enfuir le plus vite possible. Les mains caressèrent mon visage et d'autres agrippèrent ma taille et m'entourèrent les bras. Je fus doucement soulever de terre et transporter dans le gigantesque trou noir. Je ne quittais pas la minuscule lumière qui brillait dans l'obscurité pour voir si Envy, lui aussi, avait été emporté. J'espérai juste qu'il ne m'arriverait rien, que la Porte n'allait pas encore m'enlever quelque chose de précieux.
Cette minuscule lumière grandit jusqu'à m'aveugler complètement. Je me laissai porter tranquillement et de plus en plus loin, espérant voir bientôt la fin du tunnel. Jusqu'à ce que j'entende un cri perçant derrière moi. Je tournai la tête mais je ne vis que l'obscurité la plus complète. D'autres bras se dirigèrent vers moi à une vitesse folle. Je cru qu'ils venaient pour me prendre une autre partie de mon corps ou pire me tuer. Mais non, ils me dépassèrent et je les vis disparaître derrière moi. Je n'eus pas le temps de déceler la nature de ce phénomène que les ténèbres m'entourèrent à nouveau.
(1) Quoi! Vous saviez pas qu'Hitler apparaissait dans le film? C'est pas vrai! O.o
J'éspère que vous avez aimé ce chapitre! Moi franchement, j'ai trouvé que j'aurai pu faire beaucoup mieux mais c'est juste que c'était un passage important donc j'ai eu du mal... Mais je promet que le prochain chapitre arrivera plus tôt et avec plus d'explications!
