Disclaimer : Les personnages et le monde décrits dans la série "Harry Potter" sont les propriétés de J.K. Rowling et non les miennes.
Contrairement aux deux derniers chapitres, j'ai décidé d'écrire celui-ci à partir du point de vue de Neville et non de celui de Morag.
Chapitre 3
Deux faces
Avez-vous déjà eu l'impression d'être invisible, que les gens vous voient mais sans vraiment vous voir? Et bien, bienvenue dans mon monde. Vous savez, peu de personnes savent à quel point il est difficile de subir ce genre de situation. On dit qu'on est habitué et qu'on s'en fiche, mais ce n'est pas le cas. Le fait est qu'on ne s'en fiche pas du tout. Nous espérons toujours que quelqu'un nous remarque, nous parle, nous sourit. Et je ne parle pas de conversation axée sur ce que nous avons fait pendant les vacances ou de celles sur la pluie et le beau temps, non, je parle d'une vraie conversation, où on fait mention de ses peurs et de ses joies, de ses angoisses et de ses passions.
Lorsque je suis arrivé à Poudlard, j'avais crû avoir trouvé ce genre de relation. En fait, j'ai eu l'audace de penser que je m'étais fait de véritables amis.
J'étais si naïf. Qui aurait voulu être ami avec moi, je vous le demande? Alors, bien vite, je suis devenue ce qu'on pourrait appelé "l'ami de remplacement". Par exemple, s'il y avait une dispute entre deux personnes, j'étais celui avec qui l'un des deux amis allait passer son temps, et j'étais également celui qui allait être oublié aussitôt les réconciliations faites. Et malgré le fait que j'avais l'air de bien m'incommoder de ce statut qu'on m'octroyait, je ne pouvais m'empêcher de rêver qu'il n'y ait pas de réconciliation. Vous pouvez dire que je suis égoïste, je ne vous en voudrais pas, après tout, c'est ce que je pense aussi. Lorsque ces pensées se faisaient lumières dans ma tête, j'essayais immédiatement de l'y en chasser. J'avais tellement honte de moi que j'aurais pu courir me cacher dans la forêt interdite, et pourtant, tout le monde sait que je craint cet endroit.
Toutefois, je tentais de dissimuler ces émotions au plus profond de moi. Pour être franc, je préfère cacher toute émotion qui pourrait embarrasser ou incommoder les autres. Je n'ai pas envie que mes camarades de classes se sentent obligés d'être triste lorsque je suis triste ou qu'ils me prennent en pitié quand j'ai un problème, ce qui arrive assez souvent, je vous l'accorde.
D'ailleurs, si je ne faisais pas cela, les gens risqueraient de voir le vrai moi, et il y aurait de fortes chances qu'on réattribut mon rôle "d'ami de remplacement" à quelqu'un d'autre, ce que je ne veux absolument pas.
Je ne suis pas heureux, vous savez. Non, vous ne le saviez probablement pas, car c'est la première fois que je l'admets. Toute ma vie, j'ai maquillé mon visage réel en érigeant une façade qui n'est connue que de moi seul. Vous avez peut-être l'impression que je suis hypocrite? Vous pouvez le croire. Mais vous devez comprendre que ce mur est important pour moi ; il me permet de continuer sans avoir l'air de m'effondrer d'une minute à l'autre, ce qui est pourtant le cas.
Parfois, je me dis que ça pourrait être pire, et que je pourrais avoir vécu la même existence qu'Harry : la mort de mes parents, passer mon enfance dans une famille qui me hait, avoir un psychopathe à mes trousses, etc. Et d'autres fois, je me dis que ça ne pourrait pas être pire, car ce l'est déjà.
Mes parents ne sont pas morts, ils sont fous. Ils sont là et pas là en même temps. Je crois que c'est encore plus atroce que s'ils avaient été tués, car je peux voir à quel point ils ont souffert. Et non seulement Bellatrix Lestrange leur a enlevé la vie, elle a également transformé leur mort en enfer, car nous les voyons. D'ordinaire, lorsqu'une personne meurt, on se dit qu'elle est à présent dans un monde meilleur et, un jour, avec le temps, la souffrance de la perte de l'être cher s'estompe et est remplacée par les nombreux bons souvenirs que nous avons de lui. Mais je vois mes parents, ma grand-mère les voit, et mon grand-père les voyait, alors la souffrance ne cesse de continuer et il nous est impossible de passer à autres choses, car leur corps toujours présent nous les remémore
Cela me rappelle une phrase que j'ai lu une fois : mes parents et moi, "c'est comme le soleil et la lune : toujours ensemble et pourtant, éternellement séparés". Enfin, il me semble qu'elle ressemblait à ça.
Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire. Je dois avouer que pour un personne qui n'est pas dans cette situation, cela doit être plutôt difficile à comprendre.
Vous vous dites sûrement en ce moment que le destin de mes parents est peut-être plus horrible que celui des Potter, mais que moi, au moins, j'ai eu une enfance heureuse et que je n'ai pas eu de meurtrier prêt à m'occire à chaque coin de rue. J'avoue que pour ce qui est de Voldemort, j'étais au même point que la plupart des élèves de l'école, c'est-à-dire en danger, sans pourtant être le numéro un de la liste noire. Mais pour ce qui est de l'enfance, c'est une autre histoire.
Être constamment comparé à un fantôme n'a rien d'heureux, croyez-moi sur paroles. Harry aussi s'est souvent fait comparé à son père, c'est lui-même qui me l'a dit, mais il s'agissait de comparaisons positives. Quant à moi, tous les membres de ma famille, ma grand-mère principalement, n'ont jamais arrêté de me dire que j'étais "un bon garçon, mais que je n'avais malheureusement pas l'intelligence de mon père". Ma grand-mère m'a une fois demandé si la raison pour laquelle je ne parlais pas du sort de mes parents était parce que j'avais honte. Je lui ai répondu que non. La véritable raison est que, oui j'ai honte, mais pas de leur situation actuelle, mais de moi. Comment dire aux autres que mes parents étaient des sorciers exceptionnels, alors que leur unique fils a de la difficulté à réaliser une potion toute simple? Jamais je ne pourrais supporter les regards accusateurs des gens qui verraient bien que je ne fait rien pour honorer la mémoire de mes parents.
Cela fait-il du sens? Non. Rien de ce que dit ne fait de sens. Je ne suis pas intelligent, je le sais. Ni drôle, ni sportif, ni passionné. Je ne suis personne. C'est ce que j'ai répondu il y quelques années à Luna Lovegood. Je le pensais alors, et je le pense toujours, peu importe ce que peut en dire Ginny Weasley. De toute façon, que peut-elle savoir? Elle est belle, intellgente et populaire. Elle a de véritables amis et sa famille ferait tout pour elle. Moi, il y a longtemps que j'ai appris que si j'ai un problème, je dois m'en sortir tout seul, sans aide. Bon, j'admets que quelquefois, j'ai reçu de l'aide d'Hermione Granger, mais je ne lui ai jamais rien demandé. Je serais mort avant de le faire. Je ne suis peut-être pas aussi brillant qu'elle, mais j'ai tout de même ma fierté, et ça, personne ne pourra me l'enlever.
Alors, quand je l'ai vue, aussi belle et fière, et pourtant aussi seule, j'ai su que finalement ma vie avait peut-être un sens.
Elle était assise toute seule dans un compartiment du Poudlard Express. Nous retournions à l'école après les vacances de Noël et du jour de l'An. Au début, j'avais voulu aller m'asseoir avec Harry, Ron, Hermione et Ginny, mais en voyant les regards gênés qu'ils me lançaient, signes qu'ils ne voulaient pas que j'entende ce qu'ils racontaient, je les ai simplement salué, en leur disant que j'allais retourner à mon compartiment. Bien sûr, j'en n'avais pas, et je croyais que j'allais devoir faire le trajet debout dans le couloir, mais, en marchant dans le train, j'ai remarqué ce compartiment vide à l'exception d'une personne que je n'avais jamais vue auparavant.
C'était une fille qui devait être en sixième ou septième année. Elle avait des cheveux châtain, retenus en queue de cheval, un visage en forme de coeur et elle portait des lunettes. En somme, elle était plutôt jolie, mais sans plus. Le genre de fille qui peut facilement passer inaperçue. Elle regardait par la fenêtre et semblait perdue dans ses pensées, complètement inconsciente de ma présence.
Après un long moment d'hésitation, je me suis décidé à entrer et je lui ai demandé si cela la dérangeait que je partage ce compartiment avec elle. Lorsque j'avais ouvert la porte, elle avait brusquement tournée la tête pour voir d'où venait le bruit, mais après lui avoir fait part de ma requête, elle est tout doucement retournée à la comtemplation du paysage qui défilait dehors. Habitué à ce genre deréaction, je ne me suis pas laissé abattre et je suis allé prendre place devant elle. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais extrêmement nerveux. Je la regardai du coin des yeux, tappant des pieds et faisant des bruits avec ma bouche qui auraient réussi à exaspérer la plus patiente des personnes.
Toutefois, elle n'a rien dit. Elle n'a même pas soupiré. Non. Elle a souri.
Jamais je n'aurais cru que je pouvais faire sourire quelqu'un, et pourtant c'est ce que j'avais fait bien malgré moi. Et là, je me suis dit que quelque chose clochait et qu'elle devait probablement rire de moi en fait. Pour être certain, je lui ai demandé.
Elle m'a dit que ce n'était pas de mes affaires et ensuite elle m'a appelé "Nulville". Ce que je n'ai pas apprécié. Elle pouvait m'insulter si elle en avait envie, mais elle n'avait pas le droit de rire du nom que mes parents avaient choisi. J'ai donc rétorqué que c'état "Neville". Puis, essayant de sauver le peu de chance que j'avais d'être ami avec cette fille, j'ai pointé sa robe du doigt en disant qu'elle venait de Poufsouffle et que je ne la connassait pas. Je voulais par là l'emmener à me dire son nom et à me parler d'elle. Encore une fois, j'ai été surpris.
Elle a soufflé de façon presque inaudible "comme tout le monde".
Et là, j'ai cliqué. Cette fille était comme moi. Invisible aux yeux de tous et tout comme moi, elle jouait la carte de l'indifférence pour ne pas s'effondrer. J'ai su à ce moment que ma vie avait un sens, car j'ai finalement vu que je n'étais pas seul et que peut-être, peut-être, j'avais le pouvoir de changer quelque chose pour cette fille. Et l'idée qu'au moins l'un de nous deux allaient avoir la chance de sortir de l'ombre alluma un soupçon d'espoir en moi. Peut-être que moi aussi j'allais pouvoir être sauvé...
Il est probable que cette histoire se termine au prochain chapitre. Si vous avez des idées de comment elle pourrait se terminer, n'hésitez pas à me les dire, ce serait même très apprécié.
