Disclaimer : Les personnages de cette histoire, ainsi que le monde qui les entoure, ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété de J.K. Rowling.

Chapitre 4

Perdus

Je sais que je ne suis pas une lumière, mais ça ne veut pas dire que je suis un idiot pour autant. Lorsque j'ai commencé à parler à Morag suite au retour des vacances, j'avais dans l'idée qu'elle s'ouvrirait à moi petit à petit, qu'elle allait baisser sa garder qu'elle tenait constamment alerte et, que finalement, elle allait consentir à devenir mon amie. En fait, j'espérais que nous devenions un peu plus que des amis, mais je ne voulais pas l'effrayer non plus.

Toutefois, je me suis heurté à un mur. Un mur en béton pour être plus exact. Je n'ai jamais vu de ma vie une personne aussi solitaire et aussi antisociale. Mon amitié, elle n'en voulait pas. Elle ne me l'a pas dit explicitement, mais ses regards et ses paroles, qu'elle crachait comme du venim, parlaient pour elle.

J'ai failli abandonné. Savez-vous ce qui m'a retenu? C'est un évènement. Un évènement qui pouvait sembler anodin pour bien des personnes, mais qui m'a ouvert les yeux.

Nous étions en cours de botanique et j'avais demandé à Morag d'être ma partenaire pour un projet. À ma grande surprise, elle a accepté. Je suppose qu'elle ne pouvait pas se permettre de refuser de faire équipe avec le meilleur dans le domaine, non que j'aime me vanter, mais il faut dire les choses telles qu'elles sont. Au moment même où nous allions débuter notre travail, Harry s'est dirigé vers moi et m'a demandé s'il pouvait être mon coéquipier. Bien sûr, je lui ai répondu que non, puisque j'étais déjà avec Morag, que je me suis empressé de présenter.

Et c'est alors que j'ai vu ce que j'avais voulu voir pendant des semaines : ses yeux pétillaient de vie et de joie. Jamais auparavant elle n'avait paru aussi belle. Harry l'a remarqué, car il s'est aussitôt mis en mode "charmeur", ce qui a semblé encore plus plaire à Morag. Finalement, après quelques secondes, Harry s'en est allé et est parti dans la direction d'Ernie McMillan.

En regardant la brunette assise à mes côtés, j'ai vu qu'elle continuait à suivre Harry du regard. Devant cette scène, mon coeur tiraillait entre deux sentiments : la tristesse, car j'aurais voulu que ce soit moi qu'elle regarde ainsi, et l'espoir, puisque je venais d'avoir la preuve que Morag n'étais peut-être pas si heureuse d'être seule qu'elle voulait bien le faire croire.

Après cela, Morag se mis à être plus gentille avec moi, souriant en me voyant et riant à mes blagues stupides. Je voyais qu'elle se forçait, car je ne voyais pas l'étincelle dans ses yeux. Cette étincelle qui s'allumait que lorsque Harry n'était pas loin. Comme je l'ai déjà dit, je reconnaît ne pas être le garçon le plus intelligent de la planète, mais je ne suis pas aveugle. Je savais bien à quel jeu jouait Morag : elle se servait tout simplement de moi pour se rapprocher d'Harry.

Au début, cela me peina, et j'avoue avoir pleurer un peu - mais juste un peu -, mais finalement, je me suis repris en me disant que moi aussi je l'utilisais d'une certaine manière. Après tout, je désirais la sauver pour me sauver moi-même. Le degré d'égoïsme n'était peut-être pas le même, mais il était là.

Ça a pris un certain temps, mais j'ai commencé à m'habituer à la gentillesse feinte de Morag. En fait, je la prenais presque pour acquise. Pour une fois dans ma vie, j'avais une amie, aussi fausse soit-elle, qui n'était pas là que parce que son meilleur ami l'avait abandonnée. Dans un sens, l'amitié de Morag était sûrement pire, mais je préférais me voiler la face et rester dans mon petit monde imaginaire.

Mais comme toute bonne chose a une fin, j'ai été vite ramené sur terre, et de façon brutale en plus, par nul autre que...Harry.

Cela s'est passé en avril. Les ASPICs approchaient à grands pas, nous laissant, les septième année, submergés de devoirs et de sept ans de notes à réviser.

J'étais dans la salle commune de Griffondor, essayant tant bien que mal d'assimiler ce que j'étais en train de lire, tâche plutôt difficile, puisque Ron et Hermione avait décidé de s'engueuler dans la même pièce. Comme je savais qu'il ne me restait plus beaucoup de temps avant qu'ils ne cessent de se crier dessus et ne commencent à s'embrasser et à enlever leurs vêtements - quoique l'idée de voir Hermione nue ne me dérangeait pas -, j'ai préféré m'éclipser discrètement, mes nombreux livres dans les mains, tout en espérant trouver la tranquilité tant désirée à l'extérieur.

Vous savez, pendant tout le temps que j'ai connu Harry, je l'ai rarement aperçu seul. Il était toujours accompagné d'au moins une personne, chuchotant et riant, le visage conspirateur.

Et pourtant, cette journée-là, il était complètement seul. Il était assis par terre, sous un arbre, qui devait être son préféré, car il s'y habritait souvent, et il avait l'air de fixer quelque chose. Ses traits étaient sérieux et anxieux. Je ne sais pas ce qui m'a pris de faire ça mais, avant même que je m'en rende compte, mes pieds se sont mis à avancer dans sa direction... avant d'être interrompu par Morag.

"Tu fais quoi, Neville?" m'a-t-elle demandé, un sourire angélique aux lèvres. Elle savait parfaitement ce que je faisais, car ses yeux l'ont trahie : ils brillaient trop.

"Je vais voir Harry," avais-je répliqué de ma voix la plus confiante.

"Je peux venir avec toi, j'aimerais connaître mieux tes amis?"

Elle était définitement très forte. Elle avait déjà des excuses toutes faites, mais je voulais désespérement parler seul à Harry.

"Non," répondis-je tout simplement.

J'ai crû que sa mâchoire allait tomber sous la surprise.

"Mais...pourquoi pas?"

J'ai failli flancher à ce moment, car je pouvais entendre la déception percée dans sa voix.

"Parce que j'ai envie de parler à Harry tout seul," et comme pour rajouter à mon soudain accès de courage et de volonté, j'ai levé la tête bien haute, comme pour essayer de l'écraser par ma taille - qui n'était pas négligeable -et de la faire sentir inférieure. "Alors, je te prierais de me laisser s'il-te-plaît," ajoutai-je de manière un peu plus délicate - je n'avais quand même pas envie qu'elle pleure. "On se voit plus tard, d'accord?"

Elle avait opiné de la tête. J'avais pu voir la tristesse dans ses yeux et ses épaules s'affaiser sousla déception qu'avait engendrée ma décision. Je l'ai regardé un instant, alors qu'elle s'éloignait, le poids de la culpabilité sur mon estomac. Vous savez, je dis rarement non, mais à chaque fois, je ne peux pas m'empêcher de me sentir mal, comme si j'étais le pire humain qui soit.

Lorsque Morag entra dans le château, je détournai finalement le regard pour le fixer sur Harry. Il n'avait même pas bougé d'un poil. Au moins, j'avais la certitude qu'il n'allait pas partir précipitamment dans les prochaines secondes. Je suis donc allé vers lui, les mains profondément enfouis dans mes poches : j'ignorais totalement ce que j'allais lui dire. N'oubliez pas que j'avais décidé d'aller le voir sur un coup de tête.

"Hé Harry!" l'avais-je simplement interpellé.

Harry a levé les yeux vers moi. Je crois que la dernière fois où j'avais vu ce regard sur lui, c'était peu après que son parrain soit mort au département des mystères à la fin de notre cinquième année. Il arborrait un air de quelqu'un de perdu et d'effrayé. Pas de l'effroi comme lorsqu'il en ressentait quand Vous-savez-qui était vivant, mais de l'effroi qu'on ressent lorsqu'on ne sait pas ce qui va nous arriver.

"Salut Neville," m'a-t-il répondu, "qu'est-ce que j'peux faire pour toi?"

En guise de réponse, j'ai pris place à côté de lui, mes pieds à plats sur le sol et mes mains pendantes entre mes genoux.

On est restés silencieux pendant quelques minutes, chacun attendant que l'autre dise quelque chose. Au bout du compte, c'est moi qui ait craqué en premier.

"Qu'est c'qui ya, Harry?"

Il a fait un énorme soupir, comme pour se préparer mentalement à ce qu'il allait me dire, et puis, il s'est lancé.

"T'as pas l'impression des fois qu'on perd le contrôle de notre vie, Neville?"

"Euh...ça dépend de ce que tu veux dire pas 'perdre le contrôle'..." Je voyais vraiment pas où il voulait en venir.

Autre grand soupir...

"Perdre le contrôle, c'est quand tu sais qu'un évènement que tu n'as pas prémédité va complètement chambouler ton existence et que tu ne peux absolument rien y changer...tu comprends ce que j'veux dire?"

Aussitôt, j'ai pensé à Morag, et aux sentiments que j'avais pour elle. Je n'avais pas voulu tomber amoureux d'elle, mais c'était tout de même en train de se passer. En pensant à elle, mes yeux se sont automatiquement dirigés vers le lieux où elle se trouvait : le château.

"Elle va te faire souffrir, Neville," a tristement soufflé Harry.

À ce moment, Morag est sortie. Je pouvais voir ses magnifiques cheveux bruns voler derrière elle. La lumière du soleil couchant y faisait ressortir des éclats dorés et enflammés, la rendant encore plus belle à mes yeux. Puis, elle a levé la tête et ses yeux ont rencontré les miens. Je pouvais presque sentir le parfum de sa peau et la chaleur irradier de son corps. J'étais perdu.

"Je sais, Harry. Je sais."


Pour le moment, j'hésite sur "l'événement" dont parle Harry, c'est pour ça que j'ai préféré rester mystérieuse sur le sujet pendant ce chapitre. Mais si vous avez une suggestion, je vous invite à m'en faire part.

Nick-avec-une-tête