Disclaimer : Harry Potter et le monde qui l'entoure ne sont aucunement ma propriété. Ils sont celles de J.K. Rowling
Chapitre 5
Secret révélé
Les confidences d'Harry me laissèrent songeur pendant plusieurs jours, surtout lorsque je remarquai que Ron et Hermione n'avaient pas l'air d'être au courant d'un quelconque problème. La seule idée qu'Harry ait pu me raconter un véritable secret me fit l'effet d'une douche froide. Tout à coup, je me sentais immensément coupable : j'avais crû être utilisé comme ami de remplacement et qu'aucun griffondor de mon année ne me considérait vraiment comme l'un des leurs. Et pourtant, Harry s'était confié uniquement à moi.
Je pensais beaucoup à ce qu'il m'avait dit : comment un événement peut-il bouleverser toute une vie? En fait, j'imaginais tout un tas de situations les plus improbables les unes que les autres. En même temps, je me disais que le plus petit détail pouvait totalement changer le cours des choses. Après tout, si Vous-savez-qui n'avait pas tuer les parents d'Harry, serait-il encore en vie? Le serions-nous? Bref, je me sentais immensément philosophique. Même Morag me le fit remarquer. Selon elle, j'étais trop songeur et cela ne lui plaisait pas du tout : il semblerait que ce genre de comportement ne reflétait pas ma véritable personnalité. Vous pouvez comprendre que cette déclaration de sa part m'a fait croire pendant un long moment qu'elle devait me prendre pour un imbécile fini qui n'avait absolument rien dans la tête.
Étrangement, autant le problème d'Harry me préoccupait-il, autant j'étais obsédé par la dernière phrase qu'il m'ait dite ce jour-là. Soudainement, ma relation avec Morag ne me semblait plus aussi saine que je l'avais crû de prime abord. Je savais que je devais lui parler, et mettre les points sur les "i", mais je n'arrivais pas à trouver ce fameux courage dont tous les griffondors sont supposés être dotés. Mais je savais une chose...
Morag allait me faire souffrir.
Il ne fallait pas être génie pour s'en rendre compte. Elle pouvait me mener par le bout du nez et elle en était parfaitement consciente. Avez-vous déjà compris l'expression "esclave de son plein gré"? Et bien, je crois que j'en suis l'exemple parfait. Toutefois, je continuai de la voir, préférant faire taire la petite voix dans ma tête qui me disait de lui parler.
Plusieurs chances de discuter avec Morag se présentèrent à moi, mais je ne sut en saisir aucune. Un jour, alors que nous étions en train d'étudier des notions de potion, je décidai de lui parler.
"Morag?"
Elle ne releva même pas la tête, continuant de gribouiller sur son parchemin.
"Quoi?"
"Je...je..."
Je ne terminai jamais ma phrase, car à cet instant, Harry traversa la bibliothèque à la vitesse de la lumière, ouvrit la porte et s'engouffra dans le couloir. Ron et Hermione restèrent à leur table, complètement inconscients de ce qui venait de se passer.
Je savais que quelque chose n'allait pas, et comme j'étais résolu à me faire pardonner d'avoir penser ne pas avoir d'ami, je me levai aussitôt, dit un faible mot d'excuse à Morag et me dirigeai dans la même direction qu'avait pris Harry trente secondes plus tôt. En sortant de la bibliothèque, je le vis au bout du couloir. Soudainement, il tourna à gauche et disparut de ma vue.
Discrètement, mais rapidement, je me suis empressé de le rejoindre. Cependant, nous fûmes séparés par un escalier qui changea de direction. Heureusement pour moi, j'eu le temps de voir où il allait : le septième étage. Il n'y avait qu'un seul endroit où il pouvait aller sur cet étage : la salle sur demande.
Je pris environ quinze minutes à retrouver mon chemin et à trouver la fameuse porte qui disparaissait qu'au moment où elle était vide. Hors, elle était tout ce qui a de plus visible à ce moment. Mes mains étaient à quelques millimètres de la poignée, quand je m'arrêtai sec. J'admets que je n'étais pas certain que déranger Harry ne soit une très bonne idée. Je veux dire, que se passerait-il s'il se trouvait en compagnie d'une fille dans une situation compromettante? D'un autre côté, Harry avait le moral si bas ces temps-ci que cela ne m'aurait pas surpris qu'il fasse quelque chose qu'il regretterait plus tard. Finalement, la peur que mon ami se fasse lui-même du mal prit le dessus et je tournai la poignée.
Le premier son qui parvint à mes oreilles fut celui d'un sanglot. Harry était en train de pleurer. Je jetai un oeil dans la pièce.
Elle avait l'allure d'un salon très accueillant, avec deux canapés de cuir couleur crème, sur lesquelles il y avait de jolies coussins brodés, une table basse avec un vase et des fleurs en son centre. Tout le mur de droite était recouvert de fenêtres : de longs rideaux blancs y étaient accrochés. Au fond, il y avait un grand foyer encadré de deux bibliothèques qui atteignaient le plafond. Je pouvais voir de la porte que plusieurs photographies de famille et d'amis reposaient au milieu des livres des bibliothèques ainsi que sur le mur de gauche, qui se trouvait à être un escalier qui menait à un étage supérieur imaginaire.
Harry n'était pas assis sur l'un des canapés. Il s'était recroquevillé entre le foyer et la table basse, le visage enfoui dans ses genoux. Je ne pense pas qu'il m'ait entendu entrer, et si c'était le cas, il ne m'a rien dit.
Tranquillement, mais sûrement, pour ne pas l'effrayer, je suis allé m'asseoir à côté de lui, comme cette journée sous l'arbre, là où toute cette histoire avait commencé. Comme cette fois-là, j'ai gardé le silence, attendant qu'Harry s'ouvre à moi que lorsqu'il serait prêt.
Près d'une heure fila avant qu'Harry ne se décide à lever la tête et à rencontrer mon regard.
"Nev..vville," hoqueta-il entre deux sanglots, "j..j'ai fait u..une gros..se con..connerie."
Puis, il se remit à pleurer, cette fois-ci sur mon épaule. J'avoue avoir été pétrifié. J'ignorais totalement quoi faire. Vous savez, ce n'est pas tous les jours qu'un de ses amis, masculin de surcroît, pleure, et encore moins dans vos bras. C'est le genre de situation très embarassante pour un garçon, et c'est pire lorsque cela arrive devant un autre garçon. Mais, je l'ai laissé faire. Harry avait besoin d'évacuer la pression. Donc, pour essayer de le réconforter le plus possible, j'ai passé mon bras droit autour de ses épaules et j'ai effectué une pression de ma main, mais attention, j'ai tout fait cela de façon très virile, il n'y avait rien d'homosexuel à mon geste.
Au bout d'un moment, Harry se calma : il devait être épuisé. Je retirai mon bras et je me mis à scruter son visage, espérant trouver des réponses à mes questions.
"M..merc..ci Neville," me dit Harry, tout en essuyant ses larmes et son nez. Tout à coup, il émit un petit rire, "Dit, tu n'aurais pas un mouchoir sur toi, par hasard?"
"Oui, tiens," répondis-je en lui tendant mon mouchoir que je gardais dans ma poche arrière droite.
"Merci." Il se moucha bruyamment et disposa du mouchoir en le lançant dans l'âtre du foyer.
"J'peux te poser une question, Harry?" demandais-je prudemment. Après tout, je ne voulais pas qu'il prenne peur et qu'il décide de ne rien me dire.
Le survivant me lança un bref coup d'oeil avant de retourner à la contemplation des flammes, puis, il hocha la tête.
"Ce salon...il appartient à qui?"
Dans le fond, je connaissais la réponse à ma question, mais je voulais l'entendre de la bouche d'Harry.
"À mes parents...j'ai vu des photos de cette pièce dans un vieil album."
Il s'arrêta un instant, le temps de remettre de l'ordre dans ses idées. Il soupira longuement et abaissa la tête vers ses pieds.
"Quand j'ai vu ce salon, je me suis dit..non...en fait... jamais je n'avais tant voulu qu'ils ne se soient pas fait tués. J'aurais voulu vivre mon enfance et mon adolescence dans ce salon. Tu comprends?"
Je comprenais que trop bien. Ce salon, ces meubles et ces petits objets familiers qui le décoraient, représentaient la sécurité et l'amour qu'Harry avait manqués.
"Oui, je comprends très bien."
Le silence suivit ma réponse, nos passés malheureux flottant au-dessus de nos têtes.
"J'ai mis une fille enceinte, Neville," laissa finalement tomber Harry, avant de prendre une grande respiration, comme pour s'empêcher de pleurer à nouveau.
C'était la dernière chose à laquelle je me serais attendu.
"Quoi? Mais qui?" Je cherchais désespérément à rencontrer le regard d'Harry, je voulais qu'il ait confiance en moi.
"Tu..tu ne la connais pas. Elle est plus vieille que nous. Je...dis-moi Neville, t'as fait ton testament toi?"
J'étais complètement déboussolé. Quel était le rapport, vous voulez bien me le dire?
"Bien sûr que non. J'ai seulement dix-sept ans."
"Et bien, moi non plus. Et pourtant, j'avais le mage noir le plus puissant à mes trousses. Mais quel jeune de dix-sept ans pense à ça? Candy...elle s'appelle Candy...et bien, c'est ce qu'elle a pensé."
Il me regarda à ce moment d'une façon très intense, comme si tout ce qu'il venait de dire était clair.
"Je comprends rien à c'que tu racontes, Harry," lui dis-je avec franchise.
Il se passa une main nerveuse dans les cheveux, les ébouriffant encore plus que d'habitude.
"Se..selon les lois magiques - j'ignore si elles sont pareilles dans le monde moldu - enfin... quand quelqu'un meurt et qu'il n'a pas fait de testament, tout son argent et ses biens reviennent aux membres les plus proches de sa famille et tous les membres reçoivent une part égale. Quand je parle de membres les plus proches, je veux dire maman, papa, frère, soeur et enfant," il fit une pause de quelques seconde, " Est-ce que tu comprends à présent?" me demanda-t-il, l'air plus désemparé que jamais.
Malheureusement, je ne comprenais que trop bien.
"Est-ce que...est-ce que t'as beaucoup d'argent, Harry?"
En réponse à ma question, il me fit un sourire las.
"Quelques millions de galléons d'or, c'est suffisant pour toi?"
C'était suffisant, oui. Candy avait fait exprès de tomber enceinte pour que son enfant hérite de tout l'argent d'Harry, jusqu'à la dernière noise. Elle avait espéré qu'il meurt.
"Qu'est-ce qu'elle compte faire maintenant?" murmurai-je faiblement, "J'veux dire, maintenant que tu es encore en vie."
Harry émit un faux rire, qui ressemblait plutôt à un ricanement.
"Je dois lui verser une pension alimentaire extravagante. Tu sais, ça ne me dérangerais pas de payer tout cet argent, si j'avais au moins la certitude qu'il irait à mon enfant, mais je sais parfaitement bien qu'elle va tout garder pour elle."
Puis, soudainement, Harry se leva d'un bond, et entreprit de faire tomber tous les livres, photos et objets, qui se trouvaient sur les étagères.
"Tout ça, c'est la faute de ma foutue célébrité! rugit-il, tout en donnant un coup à la table basse. "À cause d'elle, mon propre gamin va vivre avec une écervelée égoïste qui va probablement le gâter en lui disant qu'il peut tout faire parce qu'il est l'enfant de cet idiot d'Harry Potter, qui a été assez sot pour croire qu'une belle femme de vingt-six ans était suffisamment atirée par lui pour vouloir coucher avec lui." Il termina son furieux monologue en arranchant les rideaux des fenêtres, qu'il roula en boule, avant de les jeter dans le feu.
Et il reprit sa place à côté de moi, haletant, le visage cramoisi par l'effort et la colère.
"Il va devenir un vrai Drago Malefoy," souffla-t-il, entre deux respirations, "j'en suis certain."
Et avant même que je m'en empêche, je me suis entendu lui dire :
"C'est pas obligé, tu sais."
Harry m'observa, les yeux remplis d'espoir et de méfiance.
"Qu'est-ce que tu veux dire?"
"Et bien, tu pourrais demander la garde légale de l'enfant," et avant qu'il n'émette une quelconque objection, je m'expliquai davantage, "je veux dire, quel est le juge ou le ministre, ou peu importe la personne qui se chargera de l'affaire, qui refusera de te donner la garde. C'est toi qui as sauvé le monde, c'est toi qui as plein d'amis influents, c'est toi qui possède des millions de galléons d'or..."
"Mais...je suis pas prêt à prendre soin d'un enfant...j'ai juste dix-sept ans. C'est la première fois que j'entrevois un avenir pour moi..je peux pas...je peux tout simplement pas," finit-il lamentablement.
"Peut-être que tu peux pas, mais si tu ne le fais pas, ton enfant va être malheureux, tout comme tu l'as été, et il va t'en vouloir de n'avoir rien fait. Et toi aussi, tu vas être malheureux, parce que tu vas te sentir coupable de n'avoir rien fait."
Je savais que là, j'avais touché un point sensible. Harry en avait toujours voulu à Dumbledore de l'avoir abandonné chez les Dursley où il n'avait pas eu d'enfance, il n'allait tout de même pas faire la même erreur, j'en étais certain.
Je le regardai réfléchir pendant quelques minutes, observant ses yeux qui allaient et venaient, comme s'il regardait plusieurs choses dans le salon. Il se mordillait la lèvre inférieure et il respirait très fort, révélant ainsi sa nervosité.
Je décidai d'abattre mes dernières cartes.
"Écoute Harry, tu n'es plus seul à présent. Depuis le moment où tu as couché avec cette fille, tu es devenu père. Tu as de la famille, tu vas avoir un bébé."
Il me regarda intensément, pesant mes mots.
"Ne voudrais-tu pas que ton enfant vive dans ce salon?" rajoutai-je, en écartant les bras et en regardant autour de moi.
Lentement, un sourire se dessina sur les lèvres d'Harry. Un vrai sourire.
"T'as raison, Neville. T'as tout à fait raison."
Il prit sa cravate qu'il avait enlevé sur la rampe d'escalier et ouvrit la porte à la volée. Il était en train de partir, et moi je restais là, sans savoir ce qu'il allait faire.
"Hey! Où est-ce que tu vas?"
Il tourna sa tête dans ma direction et me répondit, le sourire toujours présent :
"Voir Rémus. Je vais lui demander ce que j'dois faire pour obtenir la garde de mon gamin."
Puis, il marqua un temps d'arrêt. Il avait l'air ne pas trop savoir quoi faire.
"Merci Neville... de m'avoir aidé, j'veux dire.Personnellement, le seul conseil que j'ai à te donner en ce qui concerne ton problème, c'est de l'obliger à être franche avec toi. Je sais que c'est un conseil plutôt faible comparé à celui que tu viens de me donner, mais je crois que c'est la meilleure solution. Salut."
Et il quitta le salon.
Harry avait raison. Je devais absolument jouer franc jeu avec Morag, et elle également.
Précipitamment, j'ouvris la porte à mon tour et j'allai en courant à la bibliothèque. Je l'y trouvai, lisant dans le même livre et écrivant quelques mots sur le même parchemin. En me voyant, elle afficha l'un de ses petits sourires qui me faisaient grincer des dents tellement ils étaient faux. Je décidai de ne pas aller par quatre chemins.
"Il faut qu'on parle Morag. Maintenant."
J'ai décidé de donner une dimension tout ce qui a de plus ordinaire au problème d'Harry, tout en gardant dans l'esprit que cela devait avoir rapport avec sa popularité ou ses pouvoirs. Je voulais démontrer ainsi qu'Harry, aussi puissant soit-il, demeurait un jeune garçon qui commet des erreurs comme tous les autres et qu'il devait en assumer les conséquences.
Il ne reste qu'un chapitre à cette histoire.Ce dernier sera vu du point de vue de Morag.
J'espère que vous passez de bonnes vacances
Nick-avec-une-tête
