Le cavalier blanc galopait tout devant. Illuminant ceux qui le voyaient et même ses compagnons...
Il était revenu. Gandalf était revenu. Le coeur d'Aragiliath était léger à présent. Un seul regard de l'Istari avait fait envolé tout ses regrets. A présent ils chevauchaient vers Edoras comme elle l'avait promis au jeune Eomer.
Maintenant qu'elle ne devait plus être à la tête de ses compagnons et prendre les grandes décisions. Pour quelques instants elle se laissa aller. Elle laissa son esprit vagabonder. Mais sans cesse elle le revoyait... Le fier rohirrim... Et elle repensait au déchirement que seul peuvent sentir les elfes en perdant un être cher. Ils ne connaissaient que très peu la mort. Alors voir son propre fils, son propre frère jumeaux laissé seul pour mourir, était un test terrible. Elle devait le laisser partir, l'enjoindre de quitter la terre du milieu. Quand s'en iront les porteurs des anneaux...
Elle ne pouvait pas vivre l'esprit tranquille en pensant au mal qu'elle faisait à celui qui l'avait protégée comme un père. Et celui qui l'avait aimé comme un frère...
Legolas se retourna. Pour une raison étrange le cheval d'Aragiliath avait perdu de l'allure. L'elfe contempla pendant un instant le visage troublé et mélancolique de la dúnadan... Malgré ses qualité pour voiler ses pensées, elle laissait paraître ses sentiments... Legolas voyait très clairement à qui elle pensait. Elladan... Il savait que le fils d'Elrond avait fait son choix et qu'il ne partira pas. Il restera ici, même si Aragiliath lui tournerait le dos. Il resterait près d'elle même si elle le délaissera pour un autre homme. Et il périra.... Quelqu'un devait expliquer à Estel qu'elle ne pourrait pas y changer quelque chose. Qu'elle ne devait pas constamment porter sur ses épaules déjà tellement chargé le chagrin que pourront ressentir le frère et le père... Mais qui pouvait convaincre une femme habitué à la solitude et à faire ses propres choix?
Legolas tourna son beau visage vers l'avant. Ce n'était pas à lui d'aider la fille des rois. L'elfe se plongea dans le paysage. Et il pouvait apercevoir de ses yeux perçant au loin une ville sur une colline et un château d'or...
La rôdeuse soupira très doucement et reprit de l'allure pour revenir aux côtés de Gandalf. L'istari tourna légèrement son visage vers elle. Il devait lui transmettre un message de grande importance. Mais le temps pressait tant qu' il avait préféré prendre la route avant de longuement discuter:
- Aragiliath! Je vous amènes un message de Dame Galadriel:
Où donc sont les dúnedain, Elessar, Elessar?
Pourquoi les tiens errent-ils au loin?
Proche est l'heure où devraient revenir les Egarés
Et du Nord descendre la Compagnie Grise.
Mais sombre est le chemin qui t'es réservé:
Les Morts surveillent la route qui mène à la Mer.
Tous les fardeaux que tu portes ne sont pas nécessaire
Ne porte plus ceux des autres, car tu as tes propres choix
à faire
Puis il semblait à Aragiliath que Gandalf se tournait vers Legolas pour lui parler. Mais tout ce qu'elle pouvait voir était Cerin Amroth et entendre la voix de la dame dans sa tête... Alors que Gandalf avait prononcé ces mots, la rôdeuse avait cessé de l'entendre et c'était la voix de Galadriel qui lui murmurait ces mots.
Longuement la dúnadan resta silencieuse. Méditant sur ces mots, elle décida de cesser de se tourmenter pour Elrond et ses fils. Elle devait garder espoir et continuer sa toute.... Les morts, quels morts? Elle ne craignait certainement la mort, mais qui voulait prendre un chemin que les morts surveillent? Quelqu'un qui n' a plus le choix... Enfin elle verra en temps voulu ce qui était attendu d'elle.
Leva la tête et serrant ses dents elle se rappela qu'elle ne craignait pas ce futur incertain. Elle fera son devoir, même si pour cela elle devait perdre sa vie comme son pauvre père...
Ses yeux remarquèrent enfin la ville qui se dressait en face d'eux.
Ils étaient arrivés à Edoras. Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas revenue ici. Si le paysage avait peu changé, les maisons et les gens semblaient bien gris. l'or de leur cheveux semblait délavé et le bleu ciel de leur yeux brouillé... Quelque chose de maléfique ternissait leur joie... Eomer avait dit de sombres paroles... Et Aragiliath s'attendait au pire.
Après de longues tergiversations, ils furent conduit au roi. La salle du trône était très sombre et poussiéreuse. Pas un son ne troublait le silence de mort et la lourde odeur musquée de la négligence rendait l'atmosphère encore plus insoutenable. Leurs pas résonnaient dans la grande salle. Aragiliath soupira intérieurement, elle se sentait nue sans ses armes, surtout sans Andúril.
D'un regard distant elle regarda toute la scène. Gandalf qui chassait Grima et cette belle jeune femme qui s'empressait près du roi. Aragiliath était une observatrice pour une fois et c'est avec admiration qu'elle contemplait la sagesse de Gandalf.
Enfin Theoden se tint fièrement sur son trône. La jeune femme, Eowyn, s'agenouilla à ses côtés. Tandis que le roi remercia Gandalf. L'istari sagement lui conseilla:
- Avant toute parole libérez Eomer, que je présumes est dans le cachot...
La jeune femme sourit et Aragiliath reconnut les traits du fier rohirrims dans ce visage. C'était la soeur d'Eomer, la nièce du roi.
Theoden hocha la tête en disant:
- Oui on l'avait emprisonné car il avait menacé Grima de mort dans mon château. Se rebellant ainsi à mes ordres...
Aragiliath prit enfin la parole, se rappelant de la ferveur d'Eomer:
- Un homme peut vous aimer sans pour cela aimer Langue de Serpent ou ses conseils.
- Hama aller chercher Eomer et rendez moi mon épée!
Le roi la remarqua enfin et la dévisagea étrangement. Dans ce pays les femmes savaient se battre mais il n'était pas coutume qu'elles le fassent souvent. Mais Gandalf déjà entraînait Theoden à sa suite.
Aragiliath, Gimli et Legolas s'assirent sur un banc de pierre,non loin des deux hommes. Ils virent Eomer venir, accompagné de Hama et de Grima qui s'avançait en tremblant. Son visage trop pâle se tordait sous la lumière du soleil. Le maréchal gardait son épée pointée sur le misérable conseiller.
Theoden se leva à l'approche de son neveu:
- Mon fils-soeur.... Pardonnez moi d'avoir été ainsi aveugle! Et c'est en toi que je porterait à tout jamais ma confiance!
Eomer s'inclina et déposa son épée à ses pieds. Grima tenta de s'enfuir mais il était encerclé par Gimli et Legolas. De peur, il tomba et se recroquevilla par terre. Aragiliath lui tendit la main pour le relever mais le serpent cracha sur la main de la rôdeuse.
- Grima, sortez votre épée et soyez prêt à aller en guerre!
Le conseiller se tortilla et gémit:
- Ne m'envoyez pas loin de vous mon maître!
Theoden leva son épée vers le soleil et regarda la douce lumière qu'elle émanait:
- Mais au contraire Grima, vous m'accompagnerez à la guerre si vous m'aimez tant...
- Non-non! On vous a ensorcelé! Combien de fois vous ai je dis que votre neveu est malfaisant...
Eomer l'agrippa et glissa la lame de son épée sur la gorge du conseiller:
- A plat ventre! Quand est ce que Saruman t'a acheté? Quel était la récompense promise? Vermine! Quand tout les hommes seront mort tu ramassera ta part du trésor! Trop longtemps tu as guetté les pas de ma soeur, trop longtemps tu l'as contemplée!
Theoden s'approcha et Eomer relâcha sa prise. Le roi déclara:
- Tu as deux choix Grima. Ou bien tu me suis à la guerre, ainsi je verrai ta fidélité au combat... Ou alors va t'en, retourne vers ton vrai maître!
Le perfide conseiller dévoila enfin la malice dans ses yeux et sachant qu'il devait, pour garder sa vie sauf, fuir. Il s'élança en hurlant:
- Laissez moi passer!
Eomer se retourna pour le regarder partir... Puis se tournant vers son oncle il cria:
-Westu Theoden hal!
Et tout le monde s'inclina.
Puis Gandalf continua la conversation que la venue de Grima avait interrompu:
- Envoyez ceux qui ne peuvent pas se battre dans des refuges. Leur vie est en jeu, il reste très peu de temps...
Theoden hocha lentement la tête, dans ses yeux on pouvait enfin voir un lueur profonde de sagesse.
- Votre conseil me parait bon... Mais à présent je vais donnez des ordres pour que vous et vos hommes puisse se reposer au moins une semaine. Après de tels périls...
Aragiliath l'interrompit:
- Non mon seigneur. Vos cavaliers partiront à l'aube et nous les suivrons. J'ai promis à Eomer que mon épée et la sienne seront tirées ensemble...
Theoden s'étonna:
- Mais qui êtes vous...?
Gandalf rapidement expliqua:
- Vous avez devant vous Aragiliath, fille d'Arathorn. Héritière des rois et futur reine du Gondor.
Eomer, souriant légèrement s'avança vers elle et posa sa main sur son bras:
- A présent il y a l'espoir de la victoire!
Theoden n'émit aucune réticence. Ce n'était pas après tout une femme de sa suite qui allait en guerre. Ce n'était pas son affaire. Et il avait bien d'autres préoccupations:
- J'enverrai mes sujets à Dunharrow.... Mais moi j'irai à la bataille, car mon devoir est avec mes cavaliers!
Ils rentrèrent dans le château et la table avait été préparée avec un bon repas. Aragiliath remarqua Eowyn qui se tenait dans l'ombre et qui la regardait étrangement. La rôdeuse lu dans son regard de l'envie et une noblesse réprimée.
Après le repas, Theoden fit de nombreux cadeaux à ses hôtes. La Dame Eowyn vint avec une coupe, la coupe de l'adieu. Elle la bu puis elle la passa à son oncle:
- Ferthu Théoden hal! Que la santé vous accompagne à l'allé et au retour!
Theoden se tourna avec la coupe vers Gandalf et ainsi de suite. Ce fut finalement Eomer qui avait la coupe dans ses mains, les yeux brillants il la tendit. La rôdeuse plongea son regard dans celui d'Eomer et sourit. Mais alors qu'elle prenait la coupe, elle fuit le regard du rohirrim. Elle pouvait voir dans ses yeux une admiration sans fin et une lueur de désir. Un regard que de nombreuse femme aimeront attirer d'un homme si noble... La rôdeuse cessa de sourire et c'est avec trouble qu'elle quitta la pièce pour aller prendre l'air.
A l'extérieur un silence sans fin s'étendait. Ainsi elle entendit un pas léger et féminin la suivre.
- Vous allez vous battre?
Aragiliath cherchait à calmer les élans de son coeur et de son corps. Mais la dame du Rohan troublait ces quelques instants solitaires. Inspirant profondément elle fit face à son hôte:
- Oui. C'est mon devoir.
Eowyn secoua les épaules d'un air contrit:
- Vous avez bien de la chance! Moi mon devoir m'appelle à rester en arrière... Et attendre que les hommes reviennent pour leur préparer des couches et un bon repas. Ne sachant pas si ceux que j'aimes pourront revenir.
Elles observaient tout deux l'horizon en silence. Dans toute la ville on se préparait à partir: à la guerre ou dans la protection des collines.
- Ma Dame, votre roi et votre frère reviendront...
- Couvert de gloire! Alors que moi....
Eowyn tourna les talons et s'en alla, avant que la rôdeuse puisse lui répondre. Mélancoliquement la dúnadan resta quelques instants plongé dans la tristesse de la voix de la dame du Rohan. Puis elle secoua les épaules, que pouvait elle faire? Elle comprenait son désarroi, mais à présent qu'elle passait sa vie dans les routes. Elle ne voyait plus la gloire qu'un homme pouvait avoir à tuer sans relâches...
La nuit fut agitée pour tous: Car on sentait venir l'heure du destin. Aragiliath se glissa hors de la pièce commune pour aller dormir dehors malgré l'air frais et vivifiant. Elle désirait être près de la nature pour cette nuit. Pour trouver encore plus de repos.
Après leur promesse. Elladan et Estel se rencontrèrent souvent. Mais elle continua ses errances.
Un jour, sans avertir, elle revint à Imladris.
Elrond la salua gravement mais était complètement perturbé par quelques étranges pensées. Alors elle se trouva seule. Elrohir et Elladan étaient partis pour quelque expédition inconnu.
Longuement elle parcourut la demeure d'Elrond. Sa robe grise argentée lui donnait l'aspect d'un fantôme. Finalement elle s'assit dans la chambre d'Elladan. Elle remarqua tout de suite quelqu'un qui était posté à la fenêtre. Elle connaissait très bien le dos de cette personne et sa longue chevelure. Elle savait le différencier de son frère. La rôdeuse pouvait imaginer pourquoi il se tenait solitairement ici. Mais ignorait pourquoi il était rentré et pas son frère.
Tranquillement elle avança, étrangement pour un elfe, il ne fit pas un mouvement qui puisse montrer qu'il avait remarqué qu'elle était derrière lui.
- Elladan...
Son murmure était très doux. Elle caressa ses cheveux et lui baisa la nuque.
Il restait immobile et ne soufflait pas un mot.
- Elladan, meleth nîn...
Il se tourna enfin et la pris dans ses bras. Cherchant à le troubler encore plus, elle caressa de ses lèvres ses joues et plus haut... Ignorant ses lèvres à lui, explorant les traits de son visage. De ses doigts elle caressa ses oreilles, jusqu'à leur pointe. Elles étaient si douce, si délicate pour un être tellement sage... Fougueusement il lui baisa les lèvres, elle fut tellement surprise qu'elle faillit tomber à la reverse. Jusqu'à alors c'était comme s'il était une statue qu'elle caressait de ses doigts.
Elle le connaissait très bien, si bien...
Puis vaincu il posa son front contre son épaule. Et tendrement elle caressa de ses lèvres la pointe si délicate de ses oreilles. Elle l'aimait tant...
L'écrasant dans ses bras il éleva enfin la voix, mais comme elle sa voix était comme une brise: douce mais grave:
- Estel, tu es revenue.... Je le savais. Je suis resté pour te revoir seule... Hûn nîn, cuil nîn, Calad nîn ( mon coeur, ma vie, ma lumière) darthan lîn taen lû (je t'ai attendu longtemps) a Telich dan (et tu revenue)...
- Elladan...
Un rêve, une chimère.... Juste un souvenir...
Elle était si loin dans des régions éloigné du refuge elfique... Loin de chez elle, si on pouvait l'appeler son foyer.
- Ma Dame! Aragiliath!
La forte voix du Rohirrim la fit sursauter, elle se releva d'un bond la main sur la garde de son épée. Eomer sourit:
- Excusez moi, je voulais juste vous dire qu'il fait bien froid à Edoras pour dormir à la belle étoile...
Le robuste guerrier était un contraste face au souvenir sensuel qui la hantait. Mais ses traits certes brutes comparés à ceux d'un elfe avaient leur attrait et dans ses yeux brillait une fière lueur.
- Merci Eomer. Mais Je connais très bien les humeurs du pays du Rohan. J'y suis venue bien des fois... Je préfères dormir dehors...
Le rohirrim s'adossa au mur et admira les plaines qui entouraient sa ville. Il ne le savait pas mais très bientôt il en sera roi...
- On dit que vous êtes venu, il y a longtemps, vous battre aux côtés de Thengel. Une femme d'origine inconnue...
La rôdeuse sourit face à l'incrédulité du rohirrim:
- Oui effectivement, votre oncle était bien jeune en ce temps là. Mais je peux vous dire que ressemblez beaucoup à votre grand père...
Eomer fronça les sourcils et s'avança:
- Mais; Cela veut dire que...
- Oui je suis bien plus âgé qu'il ne parait. Même si je peux vous sembler aussi jeune que votre soeur. J'ai 87 ans...
Eomer secoua légèrement la tête et posa une de ses mains rugueuse sur la joue de la rôdeuse:
- Vous êtes une dúnadan... Pourtant moi je vous vois très jeune... Très fragile...
Aragiliath recula:
- Vous vous trompez Eomer fils d'Eomund! Bien que d'autres personnes m'appellent jeune. Mais ceux-ci étant des elfes savent de quoi ils parlent.
Elle eut un rire jaune en sortant sa pipe et de l'herbe:
- Et vous ne voyez qu'un songe quand vous dites que je suis jeune et fragile... Vous ne connaissez pas toutes les batailles auquel j'ai pris part et vous ignorez bon nombre de choses... Ne le prenez pas mal cher frère d'armes mais je ne suis pas cette chimère que vous voyez: fragile et demandant à être protégée... Je suis une capitaine.
Lui tournant le dos elle alluma sa pipe et se mit à fumer. Oui elle était attiré par cet homme. Il avait tout d'un guerrier et un bon coeur. Mais avant tout elle aimait Elladan. Même si au fond d'elle, Estel désirait le laisser partir pour qu'il puisse rester avec les siens. Le rohirrim s'en alla. Et elle put sentir plus qu'entendre la présence de Legolas. Il avait eut raison après tout de venir avec elle. Perdue face à tout ces hommes elle désirait quelque fois être avec des être aussi sage et calme que les dúnedain ou les elfes. Il avait eut raison Boromir, ce pauvre fils du Gondor mort dans l'honneur, quand il avait dit qu'elle préférait les elfes aux hommes...
Legolas et Aragiliath regardèrent l'aube pointer dans l'horizon puis, aux côtés des hommes ils s'apprétèrent à quitter la ville déjà déserté des civiles qui avaient déjà commencé leur voyage jusqu'à Dunharrow...
