C'était certainement une compagnie grise qui filait ainsi dans la brume matinale. A leur tête galopait une femme à la noble stature, derrière elle deux elfes semblables de regard et de visage et après eux suivaient des hommes au visage noble mais aux vêtements usés... Les rares personnes qui croisèrent cette compagnie sentirent une certaine puissance et noblesse de cette compagnie qui filait à la vitesse de l'éclair...
Très rapidement ils arrivèrent à Dunharrow et furent accueillis par Dame Eowyn. Aragiliath remarqua le regard admiratif et timide que lançait la dame sur les dúnedain et les fils d'Elrond.
Alors que les autres installaient un camp à l'extérieur, Aragiliath conversait avec Eowyn. Legolas qui parlait avec Gimli remarqua soudain que la dame du Rohan semblait blême et il pu entendre sa voix. Elle semblait désespérée et pleine d'émotions:
- Mais c'est de la folie! Vous qui avez la chance de pouvoir aller vous battre, vous choisissez une mort certaine! Il y a des hommes de renom et de courage avec vous, allez là où vos armes peuvent triompher... Ne vous rendez vous pas compte de la chance que vous avez d'aller vous battre?
Aragiliath leva les yeux vers le ciel et répondit évasivement:
- Ce n'est pas de la folie c'est mon destin. J'irai même seule, mes hommes ont fait leur choix. C'est mon seul espoir pour sauver Minas Tirith.
Eowyn voyait en cette femme les mêmes valeurs qu'elle détenait et désirait utiliser pour son peuple. Pourquoi cette femme pouvait elle aller ainsi à la guerre alors qu'elle dame blanche du Rohan devait rester en arrière, toujours en arrière?
- Alors laissez moi vous suivre car je ne veux plus rester derrière à attendre...
- Ma Dame, votre devoir n'est pas là bas. N'avez vous pas accepté de vous occuper de votre peuple jusqu'au retour de votre Seigneur?
Aragiliath posa une main sur l'épaule d'Eowyn, tenant de lui donner le courage de continuer. Car il n'y avait rien de plus difficile que d'attendre inlassablement.
Eowyn baissa les yeux mais resta debout tel une statue de marbre. Puis très doucement elle demanda:
- Vous êtes une femme comme moi, alors pourquoi m'interdisez-vous comme un homme le ferait? Vous êtes consciente qu'une femme peut être aussi forte qu'un homme.
Aragiliath secoua la tête:
- Ce n'est pas à moi de vous interdire quoi que ce soit. Mais je suis obligé de refuser votre présence car vous désobéirez ainsi au roi. Nous avons tous un devoir ma Dame. Si je ne suivais que mon coeur je ne serais pas ici ni sur aucun champ de bataille... Je serai dans la douce demeure d'Elrond. Mais mon devoir me pousse sur les chemins que peu mortels osent suivre.
Eowyn avait l'air bouleversé et tordait ses mains.
- Mon devoir est ainsi de rester à dépérir ici... Quelle injustice!
Elle laissa Aragiliath ainsi, s'engouffrant dans ses appartements. Les rôdeurs mangèrent dans leurs précaires camps en silence. Gimli les observait avec intérêt. Ils étaient vraiment étranges... Silencieux mais avec une très grande volonté. A côté d'eux Aragiliath avait l'air même plus bavarde. Mais elle aussi ce soir là semblait grave et troublée. Elle resta avec ses deux frères adoptifs sans parler à qui ce soit d'autre.
Le lendemain ils se levèrent avant l'aube et se préparèrent à reprendre la route. Au milieu de la confusion de la levée du camp, Eowyn sortit enveloppée d'une mante blanche. Elle rejoignit Aragiliath qui observait l'horizon.
- Alors vous ne reviendrez pas sur votre choix?
La rôdeuse secoua la tête et commença à marcher vers son cheval:
- Si c'est vraiment votre désir et que vous aviez l'autorisation de votre roi je vous aurais emmenée. Mais à présent le temps est compté et je ne peux pas attendre l'autorisation de votre seigneur...
Eowyn ne dit pas un mot mais elle s'en alla sans prendre congé. Dans ses yeux brûlait sa passion et ses désirs refoulés.
Aragiliath ne dit pas un mot mais rejoignit Roheryn et commença à galoper. Les rôdeurs étaient tous près et la suivaient. Mais Gimli était encore en train de manger, Legolas lui jeta un regard indigné et le pauvre nain avala précipitamment sa saucisse grillée. Puis les deux derniers cavaliers s'éloignèrent de Dunharrow où la dame Eowyn attendait impatiemment que vienne un espoir de bataille pour elle.
Aragiliath se taisait et tout son visage était crispé. Elle était une femme qui avait grandi avec des hommes et elle connaissait le désespoir que la jeune Eowyn ressentait. Mais que pouvait elle faire? Ce n'était pas son droit de détourner une personne de son devoir.
Après tout chacun avait un devoir à accomplir... Et même si on ne désirait pas le faire, il fallait le faire avec dignité et courage. Estel connaissait très bien cette litanie, c'était celle qu'elle se répétait. Quand son coeur la tourmentait et quand ses mains étaient trop souillées, elle repensait au paradis perdu d'Imladris.
Puis secouant sa longue chevelure elle se replongea dans le chemin à faire.
La journée n'était pas encore achevée quand la compagnie arriva au Dimholt. Le long du chemin ils avaient longés des rangés d'anciennes pierres. Elles étaient dressées vers le ciel, comme si ceux qui les avaient posées ici désirait atteindre le ciel. Peut être désiraient ils atteindre la clémence que seul le Ciel peut donner...
Il y avait des étranges formes gravées sur leurs surfaces mais on ne pouvait pas vraiment les voir clairement car les sombres arbres bloquaient la faible lumière du soleil.
Même Legolas de la forêt ne pouvait supporter la présence de ces arbres. Ils n'étaient pas bienveillants mais plutôt emplis d'un souffle néfaste qui les faisait grandir.
Aragiliath pouvait observer au fond de cette étrange brume une ouverture, telle une sombre bouche qui aspirait la vie. Mais soudain les chevaux se cabrèrent et hennirent. Ils refusaient d'avancer. Ils ne voulaient pas s'approcher de cette pierre dressée qui les séparait de la porte du passage des morts.
La rôdeuse, suivit de ses compagnons, descendit de sa monture et lui flatta la crinière. A mi voix elle parla à Roheryn. Puis tenant sa bride, Aragiliath commença à s'avancer vers la porte ténébreuse. Elle continuait à murmurer des paroles conciliantes à Roheryn:
Ils arrivèrent face à la porte. C'était une ouverture dans le pied de la montagne d'où sortait des courant d'air glacial. Sur son embrasure des formes étranges étaient peintes mais on ne pouvait plus les déchiffrer. Halbarad, qui se tenait aux côtés de la capitaine, murmura très doucement:
- C'est une porte bien néfaste... Je la suivrai sans crainte capitaine mais les chevaux ne viendront pas...
Aragiliath hocha la tête et tout en caressant du bout de ses doigts le toupet de Roheryn.
- Mais nous n'avons pas le choix, ils devront nous suivre car la course ne fait que commencer.
Les rôdeurs s'occupaient toujours avec amour de leurs chevaux, ils les dressaient avec toute leur âme et patience. Ainsi malgré leur réticence ceux-ci suivirent leur maîtres.
La voix d'Aragiliath semblait soudainement plus forte et profonde:
- Suivez moi!
Et puis comme pour elle-même, elle murmura très doucement:
- Je ne crains pas la mort...
Enfin elle s'engouffra la première dans l'obscurité la plus totale. Elrohir alluma une des torches qu'ils avaient apportées de Dunharrow et rejoignit sa soeur. Un à un les rôdeurs et leurs chevaux disparurent de la vue de Gimli. A côté de lui, Legolas calmait Arod, le seul cheval du Rohan a accomplir cette quête. Puis suivant Elladan, le prince de Mirkwood aussi disparut. Il ne restait que Gimli fils de Gloin, et c'est en traînant les pieds que le nain s'apprêta à suivre le chemin le plus sombre et terrifiant qu'il connaîtra.
Elrohir tendit la torche à Aragiliath et puis elle prit la tête de ses hommes. En silence ils s'avançaient dans l'obscurité qui s'approfondissait. Un silence tout d'abord assourdissant les rendaient presque aveugle. Il leur semblait que seul existait leur présence et au lointain devant eux la flamme de la torche. Mais quand ils s'arrêtaient, ils pouvaient entendre des murmures et une rumeur augmenter.
Aragiliath entra dans une grande place. Elle était vide mais emplie de silence et d'obscurité. Gimli restait en retrait, de peur de tomber dans le vide... S'il y avait un vide...
Tout semblait tellement confiné mais tout autant immense.
Dans un coin un cadavre gisait. Il avait été extrêmement bien conservé et à ses côtés était échue une épée brisée... Aragiliath abaissa sa torche vers lui et murmura une prière. Puis elle se tourna brusquement vers les ombres. S'avançant vers les murmures, derrière Elladan et Gimli, elle s'écria:
- Gardez vous trésors! Gardez vos secrets des Années Maudites! Je ne vous demandes que la rapidité! Je vous appelle à la Pierre d'Erech, moi Aragiliath, héritière d'Isildur!
Il semblait à Gimli que des ombres se formait dans l'obscurité, des êtres sans vie ou des esprit. Il pouvait ressentir leur haine et leur maléfisme au point où il ne pouvait plus respirer. Mais Aragiliath restait figée, son regard plein de défi et sa main sur la garde de son épée.
Puis d'une voix tonnante, en dégainant son épée et la levant très haut, elle répéta:
- Je vous appelle à la pierre d'Erech!
Sa voix résonna et puis un grand silence s'abattit. Un étrange silence qui étranglait le coeur de tous. Aragiliath avait repris la tête de sa troupe. Derrière Elladan Gimli trébuchait et tentait de se battre contre cette terrible peur qui avançait derrière lui. L'elfe, distrait par ses pensés, ne prêtait pas gare au nain. Elladan fermait la marche avec dessein. Aragiliath lui avait demandé fermement de ne pas marcher à ses côtés, de la laisser seule accomplir son devoir. Car elle craignait de flancher en le sentant si près, elle craignait se sentir fragile aux côtés de son aimé.
Puis enfin ils sortirent de la profondeur de la terre et à la suite d'Aragiliath, les hommes remontèrent sur leurs chevaux. Gimli reprit sa place près de son compagnon. Il réalisait que tout ce long chemin les unissait. Étrangement les paroles de l'elfe lui paraissaient aussi familière que le rire d'autres nains alors qu'ils dévoraient de la viande rouge et crue, en buvant de la bière sans se préoccuper de l'était de leur barbe.
Legolas se tourna pour ajouter quelque chose à son ami nain, quand il aperçut derrière eux des hommes qui avançaient... Il y avait des étendards brumeux et des visages effacés par le temps. Alors oubliant ce qu'il voulait dire, Legolas finit par murmurer:
- Les morts nous suivent...
Elladan qui chevauchait juste derrière eux sourit et renchérit:
- Oui ils nous suivent, ils ont été appelés...
Puis l'elfe poussa son cheval à aller plus loin et rejoignit la tête de la troupe. Aragiliath gardait le visage vers l'horizon et une posture rigide. Elladan galopa quelques instants à côté d'elle en silence et finit par murmurer:
- Aphadar aen ammen na fern (nous somme suivis par les morts)!
Aragiliath hocha la tête et força l'allure. Ils s'engageaient dans la vallée de Morthond. Et alors que sous leurs pieds s'étalaient une riche terre ornée de nombreuses maisonnettes, la capitaine éleva sa voix et sans se retourner enjoignit ses hommes à garder le courage et l'endurance:
- Oubliez votre fatigue mes amis! Hâtez vous, hâtez vous! Il nous faut être à la pierre d'Erech avant la fin de ce jour et le chemin est encore long.
Alors, avec rapidité, la capuche sur la tête et la cape volant au vent, les rôdeurs forcèrent l'allure. Aucun d'entre eux ne se retourna et Legolas fermait la marche... Leurs sabots résonnaient comme le tonnerre et la brume qui les suivait emplissait les villageois de crainte. Les portes claquaient, les volets se fermaient et toujours le même cri accueillait la compagnie grise:
- La déesse de la Mort est sur nous! La Dame de la mort!
La nuit tombait mais Aragiliath ne baissait pas l'allure et bientôt, aux alentours de minuit ils gravirent la colline d'Erech. Roheryn grimpait courageusement et la chevelure sombre d'Aragiliath s'était détachée. Jamais auparavant ses compagnons ne l'avait vue si à la fois sauvage et noble. Tout son visage était tiré mais aucune brume de fatigue ne cachait la brûlante passion de son regard. Elle sentait une puissance grandir en elle, elle devenait celle qu'appelait son destin.
*** Avant toute chose, j'aimerais remercier Chibi Eladiel qui est ma béta -readeuse (ce dont j'ai bien besoin entre ns ;-) ) Et puis ne vous inquiétez aps j'ai pas encore finit de parler de la compagnie grise, qui est ma partie préférée ds sda!!! donc enjoy.... Et merci de me lire ***
