Aragiliath et ses hommes étaient montés en haut de la Colline d'Erech. Autour d'eux la nuit était tombée et la brume cachait l'horizon de leur vue. Aragiliath frôla du bout de ses doigts la froide pierre. Elle était ronde et aussi haute qu'un homme. De son centre s'émanait une étrange énergie. La rôdeuse posa ses deux mains dessus et ferma les yeux un instant. Il lui semblait que tout la force accumulée de ces rois et de ces capitaines entrait en elle. Peut être que cela importait au peuple qu'elle soit une femme mais pas à ses ancêtres.

On racontait d'étranges histoires sur cette pierre. Certains disaient qu'elle était tombée du ciel, envoyée par Manwë pour rappeler la chute de Númenor et maudire les hommes. Mais Aragiliath connaissait l'histoire de ses ancêtres, elle savait que c'était Isildur qui avait apporté cette pierre après la fin de Númenor... Et elle savait que les Valar leur avait pardonné, ils ne les avaient pas maudits...

Puis la rôdeuse s'avança vers Elrohir et ensemble ils jetèrent un regard autour d'eux... Il faisait trop sombre pour voir si quelqu'un les avait suivit et le silence était très profond. Mais l'elfe pouvait sentir une présence, comme si une énorme armée les attendait au pied de la colline. Il tendit un cor d'argent à sa soeur. Et elle mit pied à terre. Elle souffla dans le cor et l'appel alla se perdre dans les collines environnantes. Les hommes autour de la rôdeuse pouvaient entendre une réponse... C'était le son d'un cor qui venait de très loin, qui venait du passé. Et un courant d'air glacial se glissa entre leurs vêtements, comme si la mort venait rôder entre eux...

Aragiliath avança vers la pierre et fit face au vide empli de présences devant elle. Scrutant les ombres elle s'écria d'une voix forte:

- Parjures, Pourquoi êtes vous venus?

Une rafale glaciale accueillit ce cri et de la profondeur de la nuit montait une rumeur, comme si des milliers de guerriers murmuraient. Aragiliath s'avança encore plus vers la nuit et d'une voix plus forte elle hurla:

- Parjures!!!!!! Pourquoi êtes vous venus? Répondez!

Alors la rumeur cessa pour laisser place au silence. Puis une voix venant de très loin répondit... Elle était sifflante mais résonnait profondément:

- Pour accomplir notre serment et trouver la paix!

Aragiliath rendit le cor à son frère et baissa le ton de sa voix:

- L'heure est enfin venue. Je me rends maintenant à Pelargir sur l'Anduin et vous allez me suivre. Quand le pays sera débarrassé des serviteurs de Sauron. Je considérerai le serment comme accompli; vous aurez la paix et partirez à jamais. Car je suis Elessar héritière d'Isildur de Gondor!!!!

Elladan qui était derrière elle sortit une grande bannière. Elle semblait noire et se cachait dans les ténèbres. Aragiliath secoua la tête d'un air étonné. Mais Elladan lui murmura:

- C'est Arwen qui a tenu à t'offrir cela en souvenir de ton enfance à Imladris.

La rôdeuse sourit et murmura pour elle-même:

- Merci ma soeur...

Puis les hommes campèrent autour de la pierre. Mais personne n'arrivait à dormir... Ils sentaient les mots qui se tenaient autour de la colline. Un vent glacial venait les emporter dans un sommeil agité. Mais Aragiliath s'allongea pendant quelques heures sur l'herbe sèche et s'endormit. Peu avant l'aube elle se leva et alla réveiller son cousin Halbarad.

- Cousin, nous devons reprendre la route le plus tôt possible. Le chemin est long et le temps presse.

Le rôdeur hocha la tête:

- Oui Capitaine, je vais réveiller les autres...

Aragiliath aussi enjoignait les hommes à se lever. Elle n'avait pas pu se reposer longtemps mais elle savait qu'il fallait forcer le pas. Alors qu'on levait le camp et préparait les chevaux, Aragiliath s'occupait de Roheryn en l'encourageant:

- Allez ma grande, il nous reste une grande course et bientôt nous aurons face à nous cette bataille tant attendue.

La jument hennit d'approbation. Aragiliath lui sourit mais se retourna brusquement elle avait perçu la présence d'Elladan:

- Tu es prêt, Elladan?

L'elfe sourit et posa sa main sur celle de la rôdeuse:

- J'attends ce moment depuis des siècles... Ma vengeance sera enfin accomplie. L'honneur de ma mère sera sauf et cet impie Ennemi sera détruit à tout jamais! Et toi, ma chère capitaine?

- Pourquoi ne serais-je pas prête? Je n'ai plus le choix...

Sa voix était vibrante de courage et de puissance. Alors Elladan inclina la tête:

- Oui ma reine... Quoi qu'il arrive, moi je crois en toi.

Elle ne lui répondit pas mais monta sur Roheryn. Elle s'adressa à ses hommes:

- Hâtez vous car un long chemin nous attend!

Avant que les premières lueurs de l'aube puissent leur montrer la voie, les dúnedain et les compagnons d'Aragiliath la suivirent loin de la colline d'Erech... La rôdeuse soupira alors qu'elle ordonnait à ses hommes de se dépêcher, déjà la présence de ses ancêtres qu'elle avait sentie dans la pierre d'Erech lui manquait... Cette énergie qui lui avait donné cette force alors qu'elle faisait face aux morts...

Puis un étrange sourire éclaira son visage, elle venait de se rendre compte que ce n'était pas cette pierre qui lui donnait la force... Non c'était la réalisation que le test ultime était arrivé qui lui donnait la force de devenir la reine Elessar.

Cela faisait des heures qu'ils chevauchaient ainsi. Aucun des hommes ne flanchissait. Gimli les regardait avec étonnement et il finit par demander à Legolas:

- Comment peuvent-ils continuer comme ça? Vous autres les elfes je comprends, mais la petite et les siens...

Legolas ne rit pas et ne sourit même pas tellement son esprit était fixé vers le but. Il répondit simplement:

- C'est toute la volonté d'Aragiliath qui les pousse à continuer... Elle semble peut-être petite mais elle connaît très bien sa puissance cachée et sa force.

Puis il se tut et Gimli contempla d'un air rêveur ce paysage qui filait si vite. Jamais il n'avait vu une telle vitesse dans un chemin si difficile. Il ne pouvait pas imaginer d'autres mortels à part ces dúnedain faire une telle course. Il sentait lui aussi ce courage grandissant autour de lui et cet esprit de victoire... Mais il avait du mal à imaginer que c'était la petite qui arrivait à faire cela.

Mais il savait aussi qu'elle était incomparable... C'était une vraie fille des rois.

Alors qu'ils arrivaient au Lamedon, Aragiliath senti une bouffée d'air glacial la transpercer alors elle fit halte en levant une main. Elle fit tourner son cheval et fit face au reste des hommes et de l'armée des morts qui tentait de les dépasser:

- Parjures, hommes de l'ombre, restez en arrière...

Et à l'étonnement des hommes l'armée grise qui tentait de les dépasser retomba. C'était des ombres qui marchaient ou chevauchaient des chevaux du passé. Elles paraissaient comme des lambeaux d'un temps révolu mais pleines de terreur. Les elfes voyaient que ces morts n'avaient aucun pouvoir sur eux, ils ne voyaient que des tristes spectres qui n'avaient emprise sur rien mais qui par leur déchéance rappelait à l'Homme qu'un jour leur heure viendra. Peut être pour cela les hommes craignaient ces ombres. , Gimli, le fier nain, tremblait presque de peur. Son compagnon ne put s'empêcher de sourire. Gimli marmonna dans sa barbe:

- Même les morts obéissent à sa volonté! Je ne l'aurais pas cru de cette petite!

Ils arrivèrent en trombe à l'embouchure du Gilrain. Le matin ne venait pas, l'Ombre était descendu sur la terre du milieu. Elrohir qui chevauchait aux côtés de sa soeur, murmura :

- L'ultime bataille est arrivée... La lumière du jour ne viendra plus.

Le regard toujours fixé vers l'horizon, la rôdeuse avait tout son visage tiré par la volonté qu'elle nourrissait de son espoir. Elle ne flanchissait pas une seule seconde. Les mots de son frère ne la firent qu'encourager Roheryn à aller encore plus vite.

Alors qu'ils s'approchaient des gués on pouvait voir des hommes se battre. Il y avait les haradrim avec leurs habits colorés et leurs regards féroce et les corsaires d'Umbar. Ils se battaient contre les hommes du Lamedon. Les défenseurs comme les ennemis s'enfuirent à la vue de cette terrible armée.

Le seigneur du Lamedon vit ses hommes s'enfuirent en hurlant:

- La dame des morts! La déesse des morts vient nous punir!

Il se tourna et se retourna pour attirer leur attention. Mais pour la première fois de sa vie, il voyait ses hommes lui désobéir. C'est à ce moment que la compagnie grise arriva à sa hauteur, Les yeux fixés sur la brume meurtrière qui suivait cette compagnie il sursauta quand il entendit une voix féminine:

- A Pelargir, l'héritière d'Isildur aura besoin de vous... Seigneur Angborn, rassemblez vos hommes et suivez-nous, si vous l'osez quand l'Armée Grise sera passée!

L'homme fixa longuement la silhouette de la dame s'éloigner. Il avait entendu des rumeurs et il voyait enfin la vérité. Le coeur glacé par les ombres qui le dépassèrent pour suivre fidèlement l'héritière d'Isildur, Angborn s'adossa contre un mur. L'heure était arrivée, une heure sombre mais qui pouvait mener à la lumière. Alors il reprit son épée et disparut dans cette étrange nuit pour réunir ses hommes et suivre cette monstrueuse armée.

Aragiliath continuait sa course à travers les plaines du Lebennin. Ces mêmes plaines que, d'après les légendes, Nimrodel avait traversées. Le vert qu'avaient décrit les elfes dans leurs chansons n'était que gris et sombre dans la nuit de Mordor. Ils étaient très proche de la mer. Et les elfes présents pouvaient entendre son appel mélancolique.

Ils s'arrêtèrent dans les plaines pour reprendre haleine. Les morts retombèrent autour d'eux comme un étau. Courbaturé et éreinté les hommes se couchèrent à même sol pour trouver un peu de repos. Mais Aragiliath se releva après une demi-heure. Legolas et les jumeaux étaient assis en silence autour d'un feu et la regardèrent se lever. Elle ne vint pas vers eux, elle se tourna vers le Nord-Est. Elle resta quelques instants ainsi puis alla secouer un des hommes qui dormait. Elle lui murmura quelque chose et celui-ci, avec la force des dúnedain se leva tout de suite et s'appliqua à réveiller les autres. La rôdeuse vint rejoindre les elfes. Elle sourit énigmatiquement puis se rembrunit:

- Il n'y a plus de temps. Minas Tirith est attaquée...

Puis se tournant vers les hommes qui se levaient l'un après l'autre. Elle s'écria avec une voix tonnante:

- Levez-vous tous car Minas Tirith est assaillie et si nous ne nous hâtons pas elle tombera avant que l'on puisse venir la sauver!

Alors tout le monde remonta en selle et ils reprirent leur course désespérée... Les plaines grise filaient sous leur regard. Les chevaux continuaient à galoper, comme si une étrange force les aidait à tenir le coup. Aragiliath, l'esprit aiguisé par la fatigue et la pression avait l'impression que des autres hommes chevauchaient à ses côtés... Des rois oubliés et des capitaines courageux mais évanouis par le temps. Elle voyait Elendil, puis ses fils... Elle voyait son père tel qu'elle l'avait imaginé. Elle voyait un semi elfe au même visage que son père adoptif: Elros. Il lui semblait dans son esprit emplit d'espoir et de volonté, que ses ancêtres lui tenaient compagnie. Elle n'était pas seule à faire face à Sauron, ils étaient tous là....

Après quelques instants elle se tourna à sa gauche mais ils n'étaient plus là... Il y avait Elrohir à sa gauche et Elladan à sa droite. Son regard incrédule fit réagir Elrohir qui demanda:

- Ma sur? Qu'y a –t-il?

Elle secoua la tête et elle murmura:

- Je croyais qu'ils étaient tous là... Tous ces hommes qui m'ont précédé. Pendant un instant j'ai cru qu'ils étaient tous là.

Elrohir ne dit rien tout d'abord puis il murmura très doucement:

- Moi je les vois... Je vois chacun d'entre eux d'Elros à Arathorn. Même si certains sont morts avant ma venu et que je ne peux que deviner leurs visages.

Avant qu'Aragiliath puisse dire quelque chose, Elladan continua la tirade de son frère. Malgré le bruit et la douce voix d'Elrohir et d'Estel, son ouïe d'elfe lui avait permis de suivre la conversation.

- Ils sont là entre nous deux, nous qui représentons la jeunesse des elfes et leur automne. C'est dans ton visage que nous les voyons. Dans ton regard aussi gris que celui de notre père.

Elle ne répondit pas et replongea dans le silence. Mais dans sa tête, tournaient leurs mots. Ses ancêtres... C'était eux qu'elle avait senti près d'Erech et c'est eux qui l'accompagnaient à travers l'obscurité. Oui, ses frères avaient raison, ses ancêtres étaient en elle, il se miroitaient dans son regard et dans sa force...

Ils arrivèrent non loin de Pelargir. La mer était si près qu'ils pouvaient sentir son odeur saline et entendre son chant. Legolas, le visage figé, repensait aux mots de la Dame de la Lorien, Elladan et Elrohir aussi pendant quelques intrants fixèrent avec intensité l'horizon. Le grand fleuve de l'Anduin menait à la mer et la mer vers l'Ouest... vers Valinor.

Mais il n'eurent pas trop le temps de méditer. Aragiliath se tourna vers ses hommes puis vers la flotte principale d'Umbar. Il y avait cinquante grands vaisseaux et plein d'autres navires plus petits. Les haradrim avaient appris la venue d'une armée de morts et certains petits navires brûlaient mais les autres guerriers fixaient la compagnie grise avec dédain. Les hommes riaient de voir cette femme à l'apparence si jeune et fragile qui menaient une armée. Mais quand ils virent les morts arriver, leur regard illuminé d'une lueur sauvage. Les haradrim perdirent espoir. Aragiliath leva Anduril vers le ciel:

- Venez à présent! je vous appelle au nom de la Pierre Noire! Je vous appelle au nom de mes ancêtres!

Sa voix porta très loin ses mots. Ils résonnèrent comme un défi à cette étrange obscurité qui grandissait. Alors une rumeur grandit, des voix se levèrent des profondeurs du temps et des pâles épées se levèrent. Des anciennes batailles se relevaient les parjures pour accomplir leur devoir.

Leur seule arme qui avait résisté aux morsures du temps était la peur qui s'émanait d'eux. Les haradrim fou de terreur se jetèrent dans l'eau mais leurs prisonniers ne pouvaient pas s'échapper. Alors quand les morts eurent achevé leur besogne. Aragiliath envoya des dúnedain sur chaque navire qui réconfortèrent les prisonniers qui étaient bel et bien des hommes du Gondor ou des terres libres.

La flotte fut rapidement entre ses mains. Elle choisit le plus grand des navires pour elle-même et y fit sonner un grand rassemblement avec les trompettes e l'ennemi. Puis elle se tourna vers les rives où se tenaient les morts. Ils étaient silencieux, humbles face à elle. Seule une lueur inquiétante brûlait leur regard. Alors elle releva Anduril comme pour rappeler qui elle était:

- Entendez les paroles de l'héritière d'Isildur! Votre serment est accompli. Retournez d'oú vous venez et ne troublez plus jamais les vallées!

A ces mots, le roi des morts s'avança et posa sa lance par terre. Puis il s'inclina profondément. Il se détourna et l'armée grise à ses pas disparut des berges.

Aragiliath leva encore plus haut Anduril et cria:

- Allez en paix!

L'Ombre avait été battu par l'ombre... Aragiliath remit Anduril dans son fourreau, elle brillait trop dans l'obscurité. Legolas se tourna vers son amie et pendant un instant il vit dans son regard redoutable quelle terrible Dame elle aurait pu devenir sous l'emprise de l'Unique. Sa volonté aurait pu asservir l'anneau... Ce n'était pas pour rien que Mordor l'avait tant crainte. La rôdeuse se tourna vers Elladan et lui murmura quelque chose. Son regard était redevenu plein de lumière et de grâce et Legolas soupira... Mais Sauron n'avait pas pu comprendre que c'était une des enfants de Lúthien et que jamais cette femme issue d'une telle Beauté aurait pu se tourner vers l'Est.

La brume qui avait accompagné la compagnie grise se dissipa, les ténèbres de Mordor restaient encore présente mais enfin les dúnedain et leurs compagnons pouvaient se reposer. Car les hommes étaient venus du Lebennin, Ethir et Angborn de Lamedon chevauchaient avec leurs cavaliers à la tête de cette troupe. La rumeur avait couru dans la région, l'héritière était venue... Tous se pressaient pour venir la voir et sentaient une lueur d'espoir naître. Ils voulaient reprendre la bataille aux côtés de cet espoir.

La compagnie grise put se reposer alors que les autres organisaient pour remonter le fleuve. Mais Aragiliath ne tenait pas en place, elle continuait à fixer l'horizon et encourager les hommes qui ramaient... C'était des hommes libres qui ramaient pour rejoindre Minas Tirith. Si Elladan n'était pas intervenu la rôdeuse aurait elle-même prit sa place avec les rameurs. Alors qu'elle guettait les ombres vers le nord il s'arrêta à ses côtés:

- Estel, tu ne sers à rien dans cet état... Vas te reposer!

Elle se retourna et d'une voix glaciale répondit:

- Il ne reste pas de temps... Minas Tirith brûle!

Puis elle soupira et sa voix se fit moins rude:

- Cela fait six jours que nous avons quitté Dunharrow. Il faut compter quarante-deux lieux de Pelargir à Harlond. Pourtant il nous faut arriver là bas demain, sinon tout cela sera un échec!

Elladan ne dit rien, il avait l'air lui-même fatigué... Un semi-elfe fatigué, cela était bien rare. Jamais de toutes leurs quêtes communes, la rôdeuse l'avait vu ainsi. Il semblait abattu, comme vidé de toute lumière. Alors laissant leur destin entre les mains des Valar et d'Eru, elle se tourna vers lui. Très doucement, comme une brise elle murmura:

- Qu'y a-t-il, Meleth nîn?

L'elfe ne répondit pas tout de suite. Il scrutait le Sud qui disparaissait derrière eux. Puis d'une voix las il répondit:

- Le grand fleuve, Anduin qui mène à l'Océan et l'océan vers l'horizon doré... Nous l'avons entendu cet appel... La mer nous appelle, Valinor nous appelle. Legolas aussi l'a entendu, Elrohir de même...

- Elladan...

Sa voix était tendre, mais elle gardait sa posture de guerrière. Elle ne fit aucun mouvement vers lui. L'elfe ne lui tenait pas en vigueur. Il savait qu'ici elle était seulement l'héritière des rois. Et lui était un des derniers-nés des Eldars...

- Mais tu vois moi aussi j'ai livré une bataille. Alors que toi tu te battais pour devenir celle que tu devais être. Moi je me battais pour accepter l'amertume de mon choix. Non... ne dis rien, laisse moi terminer. J'ai fais mon choix et maintenant je réalise le sacrifice que c'était. Pourtant je sais que je préfère me lier à la Dame du Gondor que me tourner vers l'ouest.

Alors pour la première fois elle ne contesta pas son choix. Dans la profondeur de cette nuit elle avait réalisé qu'elle était mais aussi surtout elle avait réalisé sur qui elle comptait le plus...

Puis elle ne parla à personne. Son visage tiré était tourné vers le Nord. Ce ne fut qu'aux premières lueurs sombre de l'aube qu'elle sourit enfin. Mais ce n'était pas un sourire de bonheur, plutôt un sourire de conquérante qui se rendait compte qu'elle tenait le Destin entre ses mains. Car elle venait de voir apparaître une lueur rougeâtre à l'horizon. Après un instant de satisfaction elle se tourna vers Halbarad pour déclarer:

- Il faut déployer la bannière... Nous allons bientôt arriver.

Ils avaient depuis minuits utiliser le vent favorable avec les voiles pour faciliter cette remontée. A présent ils étaient très proches de la bataille...

Aragiliath croisa Legolas alors qu'elle préparait ses armes. Anduril à la main elle lui demanda:

- Qu'en pense-tu Legolas?

L'elfe, malgré la gravité de la situation, sourit:

- De toi avec une épée? aussi maladroite que toujours... De ton exploit? Tu es certes fille des rois...

Aragiliath secoua la tête:

- Non je pensais juste que ça sera un grand jour et une grande heure qui suivra ce débarquement...

L'elfe hocha la tête:

- Et même si personne ne restera pour chanter la gloire du Gondor, cette heure restera pleine de valeur et de bravoure... Quoi qu'il arrive.

Ils échangèrent un regard de connivence:

- Quoi qu'il arrive!