Minas Tirith, Cité des rois...

Le soleil venait à peine de se lever et les voilà à Minas Tirith. Leur lent voyage depuis l'Ithilien se terminait dans une note de gloire.

On les attendait avec impatience.

L'étendard des Intendants était levé sur la Tour Blanche: pour une dernière fois.

Fièrement et avec splendeur, les capitaines de l'Ouest menaient leur Armée vers la cité. Ils étaient tous émus, même les yeux d'Eomer billaient avec intensité.

Aragiliath gardait son regard braqué vers cette cité qui représentait tant.

Elle regrettait l'absence d'Elrond qui était reparti pour Imladris. Il allait revenir avec Arwen et d'autres elfes pour venir la féliciter au nom du monde elfique. Et il allait surtout venir lui donner le sceptre d'Annúminas de manière officielle.

Elle aurait voulu que son père adoptif soit à ses côtés pour voir son jour de Gloire.

Mais elle savait qu'il sentait que la place des elfes n'était plus ici.

Le jeune soleil faisait étinceler leurs armes et leurs armoiries. La blondeur des rohirrims était devenue or et il semblait que l'Armée était entourée d'un halo de lumière.

Devant la cité, les hommes et les femmes qui étaient restés en arrière les attendaient. Leurs habits étaient colorés et de la musique invitait les valeureux guerriers à les rejoindre.

Ils étaient blonds, bruns et autres. Tous attendaient ce moment qui semblait sortir d'une légende.

Sous la voûte où s'était autrefois dressée la porte, se tenaient l'Intendant Faramir, Húrin Garde des Clefs, d'autres capitaines gondoriens ainsi que des chevaliers de la Marche, Elfhelm le maréchal et Dame Eowyn.

Etrangement, Eowyn se tenait à côté de Faramir. Comme si, à présent, un étrange lien les unissait.

Alors qu'Aragiliath descendait de sa monture, une allée se forma entre elle et les portes de la cité. Les divers soldats et gardes créaient une haie. Les gondoriens, les rohirrims et autres badauds s'étaient massés derrières celle-ci.

La gorge sèche, la capitaine commença à s'avancer. Elle était entourée de ses frères qui avaient l'air plus qu'impressionnant. A côté d'Elrohir s'avançait Eomer du Rohan, à la gauche d'Elladan marchait Imrahil de Dol Amroth. Derrière eux, souriaient timidement quatre hobbits. Sam gardait les yeux fixés sur l'ourlet de la cape d'Aragiliath, Merry et Pippin avaient l'air sérieux comme jamais auparavant et Frodon semblait presque étonné par cette foule massée autour d'eux.

Ils étaient suivis de Gandalf, tout de blanc vêtu, de Legolas habillé d'une tunique pâle et avec un cercle argenté sur la tête, et finalement de Gimli qui s'était paré de son armure, de sa hache et d'un grand sourire.

Une unique et claire trompette sonna et un silence de mort s'installa.

Alors, Faramir et les autres dignitaires s'avancèrent vers les capitaines. Quatre gardes de la citadelle les accompagnaient avec un coffret cerclé d'argent.

Faramir s'arrêta en face d'Aragiliath et s'agenouilla:

« Le dernier Intendant du Gondor sollicite l'autorisation de remettre son mandat. »

Avec ces mots, il tendit une verge blanche à la reine. Celle-ci la tint un instant dans ses mains, puis la lui rendit en disant:

« Ce mandat n'est pas terminé et il sera vôtre et celui de vos héritiers, tant que durera ma lignée. Remplissez à présent votre office. »

Faramir se releva respectueusement et sa voix se leva dans le silence:

« Peuple du Gondor, écoutez maintenant l'Intendant de ce Royaume! Voyez! L'héritière est enfin venue revendiquer de nouveau la royauté. Voici Aragiliath, fille d'Arathorn, chef des dúnedain d'Arnor, Capitaine de l'Armée de l'Ouest, porteuse de l'Etoile du Nord, maîtresse de l'Epée Reforgée, victorieuse au Combat, dont les mains apportent la guérison, la Pierre Elfique, Elessar de la lignée de Valandil, fils d'Isildur, fils d'Elendil de Númenor. Sera-t-elle reine et entrera-t-elle dans la Cité pour y demeurer? »

Certains ne pouvaient pas ôter de leur esprit que c'était une reine et non un roi. D'autres ne supportaient pas la présence de ces elfes à ses côtés.

Mais ce n'était que de rares mauvaises langues, les autres savaient que c'était à elle que l'on devait cette victoire.

Un Oui clair et éblouissant accueillit la question de l'Intendant. L'Armée et le peuple rassemblés ouvraient leur coeur à leur Reine.

Puis, une nouvelle fois, le son de la trompette réclama le silence et Faramir reprit la parole. Il rappela la tradition d'antan: quand la couronne passait d'une génération à l'autre, alors que le défunt monarque rejoignait le Rath Dínen, c'était des mains de l'ancien roi que le nouveau monarque prenait sa couronne.

Les quatre gardes s'avancèrent avec leur précieux coffre et Faramir l'ouvrit.
Il leva vers le soleil la couronne d'Eärnur. Elle était blanche et ses ailes ressemblaient à celle d'un oiseau de Mer, ornées de perles et d'argent.

Sept joyaux de diamant étincelaient sur le bandeau et au sommet se trouvait un unique joyau dont la lumière rappelait celle d'Anduril.

Aragiliath prit la couronne et la laissa un instant briller au soleil. Puis, se tournant vers Gandalf, elle expliqua:

« Ce jour là est arrivé grâce à l'aide et au courage d'autres. J'aimerais que l'on n'oublie pas ceux qui ont longtemps oeuvré en la faveur de la Paix. Pour cela, je désire que l'honorable Frodon, fils de Drogon, apporte cette couronne à Mithrandir et que celui-ci me couronne. Car cette victoire est la sienne; sans lui notre quête aurait été vaine. »

Gandalf inclina la tête face à ces belles paroles. Puis, Frodon prit la couronne et la porta jusqu'à Gandalf. Aragiliath s'était agenouillée, ainsi l'istar la couronna. Et alors qu'elle se relevait, il déclara:

« Que commencent les jours de la Reine et puissent-ils être bénis tant que dureront les trônes des valar! »

On applaudit cette bénédiction et Aragiliath leva la voix. Et alors qu'elle parlait, dans son visage se révélaient les traits de tous ces hommes, toutes ces femmes qui étaient venus avant elle. Ces nobles gens qui avaient oeuvré et patienté pour qu'un jour l'Ombre soit terrassé et que la Royauté puisse revenir à Minas Tirith.

Elrond aurait pu y contempler son frère, perdu il y a tant d'éternités. Et tout ces nobles capitaines qui avaient vécu à Imladris et ces courageuses femmes qui avaient fait en sorte que l'Espoir ne s'éteigne pas.

« Et Eärello Endorenna utúlien. Sinoma maruvan ar Hildinyar tenn' Ambar-metta! »

C'était les mêmes mots qu'avait prononcé Elendil quand il était venu de la Mer sur les ailes du vent.

De la Grande mer je suis venu. En ces lieux, je me fixerai, moi et mes héritiers, jusqu'à la fin du monde.

Gandalf recula et on put voir la splendeur de la reine. Son visage n'était ni usé ni trop jeune... Une Grande Beauté se révélait en elle, comme si la lumière même des valar l'enveloppait. Elle dominait son entourage tels les anciens rois qui étaient venu de la Mer et de ce lointain Royaume. La sagesse brillait dans ses yeux, mais une douceur et une grâce se révélaient sur son visage et son sourire.

Ses mains aussi étaient pleines de lumière. Comme si on pouvait y lire ses dons de guérisseuse et de guerrière.

Une Puissance et une Douceur sans fin.

« Vive la Reine! »

Et un gracieux vacarme de trompettes déchira le silence.

La reine Elessar s'avança à travers la Porte de la cité. Húrin des Clefs s'inclina et la laissa passer. Et la Reine commença à monter la rue qui menait à la citadelle. Partout, la musique et les sourires l'accompagnaient.

Jamais la Cité n'avait parue aussi belle et étincelante. Comme un soyeux écrin blanc et pur qui tenait en son creux un joyau inestimable.

Les fontaines coulaient à flots, les rires et les chants s'élevaient des cours et partout les visages étaient emplis de bonheur.

La félicité semblait avoir pris ses racines dans cette Cité de marbre blanc. Le Troisième âge paraissait s'envoler pour laisser place au Quatrième Age. Un souvenir étouffé par la poussière se levait dans le soleil du matin. L'Ancienne Gloire et Beauté du Royaume reprenaient le contrôle de la Cité des rois.

La Reine était revenue...Et la paix avait repris place sur le trône des Hommes.