Merci à Nessa de m'avoir prêter main forte alors que ma béta adorée est loin et mon coeur plein d'impatience. C'est la fin sans être la fin, il y aura deux autres épilogues et ça sera tout. Et bon voyage à Ly, c'est une toute petite surprise pour son retour

Tout au long du mois de Mai, Estel s'occupa de ses premières fonctions de reine et le soir elle méditait.

Elle réfléchissait sans cesse à ce qui l'attendait.

Le regard qu'on lui portait était toujours respectueux, mais quelques fois elle pouvait voir le dégoût dans les yeux de certains hommes simples.

Une femme était au pouvoir.

Alors qu'elle s'occupait de ses diverses tâches, elle trouvait toujours un moyen d'aller voir l'arbre. Vers la fin du mois, il avait commencé à fleurir et pendant des heures la reine le fixait.

Puis, un soir, peu avant le solstice d'été, Estel s'arracha à sa contemplation pour placer des guetteurs sur les murs.

La distance entre Imladris et Minas Tirith s'était envolée et elle sentait, comme si elle se serait trouvait là bas, qu'une procession s'approchait de sa Cité.

La veille du solstice, alors qu'Estel discutait avec un de ses conseillers, des messagers vinrent d'Amon Dîn pour avertir qu'il y avait une chevauchée de belles gens du Nord et qu'elle s'approchait de la Cité.

Le visage de la reine s'éclaira d'un sourire.

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Quelqu'un se glissa dans ses appartements et Estel pâlit. Elle posa une main sur la dague qu'elle gardait toujours sur elle.

On n'entrait pas dans les appartements de la reine sans être annoncé.

Elle se tourna vers la fenêtre, elle se tenait droite comme si elle admirait le paysage étoilé. Mais sa main était prête à sortir sa dague et faire face à son assaillant.

Une silhouette enveloppée d'une longue cape et d'une capuche sombre s'immobilisa derrière elle. Et Estel se retourna tranquillement.

Elle savait qui était entré ainsi.

- Elladan.

- Estel.

Elle s'arrêta devant lui et il repoussa sa capuche :

- J'ai laissé notre compagnie prendre son temps et j'ai décidé de les devancer. Je voulais te parler avant leur arrivée. Ils viennent tous te féliciter et t'adresser des adieux. Peu d'entre eux se demandent s'il y aura un mariage ou non.

Son visage était impassible. Une expression détachée, si semblable à son père, cachait ses pensées :

- Alors, Dame du Gondor... Je suis venu vous poser une question.

Il lui prit la main droite et l'enferma dans les siennes.

Il ne disait pas les mots et elle ne les attendait pas.

Elladan finit par sourire et Estel éclata de rire. Il l'enlaça et elle continua à rire. Puis, elle s'arrêta pour lui adresser un éloquent sourire.

- La seule chose que l'on peut faire, c'est de ne pas penser à l'avenir.

Pendant un instant, il la regarda avec des yeux d'elfe, des yeux plein d'amour, de sagesse, de profonde joie et aussi une pincé de peine. Puis, il s'approcha d'elle et leurs lèvres se rencontrèrent, rappelant toutes ces promesses enfouies dans leurs corps et leurs âmes.

Il s'écarta d'elle et remit sa capuche sur sa tête :

- Je dois retourner rejoindre la compagnie et demain j'entrerai dans la ville...

Elle hocha la tête, mais avec un sourire malicieux ajouta :


- Vous ne m'avez toujours pas posé votre question...

- Parfois, les mots sont inutiles.

Il se retourna et sortit aussi discrètement qu'il était entré, laissant Estel rêveuse.

Serrant les dents, Estel regardait le soleil filtré par les rideaux en ignorant le doux son de la voix de Galadriel.

Cela faisait une heure que la merveilleuse procession d'elfes était entrée. Elladan avait à présent averti le cortège de ses intentions et Aragiliath avait fait de même à Minas Tirith.

Depuis une bonne demi-heure, Galadriel et ses suivantes résonnaient avec Estel.

- ... Estel, je comprends que ton armure représente beaucoup pour toi... Mais tu ne peux pas la porter pour ton mariage. Tu es une femme. Ils vont croire de terribles choses si tu commences à t'habiller ainsi !

Pour la première fois de sa vie, Estel lâcha un sourire ironique à sa grand-mère :

- Quelles horribles choses ?

Mais celle-ci leva son terrible regard sur la jeune reine et murmura :

- Ils vont tout simplement croire que vous êtes un homme

- Ce n'est pas

- Ne m'interrompez pas, jeune mortelle ! J'ai fais apporter une robe tissée par Arwen elle-même.

Aragiliath posa un lourd regard sur sa future belle-soeur qui la regardait avec un sourire digne des valar. Et, se souvenant de l'air qu'Arwen prenait quand elle dénonçait ses frères, Estel ne put s'empêcher de rire.

Son rire était clair et vif. Et Elrohir entra. Il avait un léger sourire qui jouait dans ses lèvres :

- Elladan voulait savoir ce qui se passait ici. Mais je lui ai dis que le marié ne doit pas voir la tenue de son épouse avant le mariage.

Galadriel soupira presque et rétorqua évasivement :

- Elrohir avait raison, Elladan. Mais maintenant que tu es là, tu pourrais dire à ta future épouse qu'il est préférable qu'elle porte une robe.

Estel riait de plus belle et Elladan haussa les épaules :

- Grand-Mère, vous vous trompez... Je suis Elrohir !

Galadriel leva les yeux au ciel, puis dit d'un air sombre :

- Combien de fois dois vous ai-je expliqué que vous ne pouvez pas vous jouer de mes sens ? Elladan, si tu es incapable d'être sérieux... Sors ! J'ai toujours dis à ton père qu'il était trop souple avec vous... Et regardez vous à cet âge !

Elladan sortit, non sans avoir lancé un sourire à Estel. Quand il ferma la porte derrière lui, le visage de Galadriel s'éclaira d'un air amusé.

- Bon, revenons à notre affaire.

Après une heure, Estel finit par se plier aux volontés de la Grande Galadriel.

Et on put sortir la délicate robe brodée de mithril et de pierres précieuses. Même Estel eut le souffle coupé : elle n'avait jamais vu une toilette plus délicate et précieuse. Elle dût l'enfiler pour vérifier si les mesures étaient exactes.

Le tissu était très fin, différentes couleurs étaient superposées. Le mauve clair et le bleu pâle s'alliaient gracieusement. La robe était lourde mais paraissait aussi fine qu'une aile de papillon. On plaça un long miroir devant Estel et elle se regarda.

Son regard était critique et elle n'osait pas bouger.

- Cette robe est trop délicate pour moi. J'ai l'air étrange. Non, Dame Galadriel, il est préférable que je mette mon armure.

Elle secoua la tête :

- Je suis une guerrière... Pas une dame de cours ! J'ai l'air ridicule avec cette robe sur le dos !

La Dame des Galadhrim regardait la reine à travers le miroir. Les autres elfes n'osaient pas se mêler à cette silencieuse discussion. Arwen restait immobile, avec son éternel sourire. Elle était heureuse de quitter la Terre du Milieu avec les siens. Mais elle en voulait un peu à Estel de leur avoir usurpé la présence des jumeaux.

Estel finit par baisser ses mains et murmurer :

- Très bien... Je porterai cette robe demain.

La tête haute, elle prit congé des elfes ; elle avait passé trop de temps avec eux, ses devoirs l'attendait.

Galadriel adressa un sourire triomphal à sa petite fille. Personne ne résistait au désir de la Grande Galadriel... Pas même la puissante reine du Royaume Réunifié.

Ce soir là, Estel n'arrivait pas à dormir. Le lendemain serait le solstice d'été et elle deviendrait l'épouse d'Elladan.

Toutes ces années de labeur allaient finalement porter leurs fruits.

Elle avait des appréhensions, bien sûr, mais la trouvaille du nouvel Arbre Blanc lui donnait espoir.

Scrutant l'obscurité de cette chambre presque inconnue, elle replongeait dans les souvenirs du passé. Elle repensait à ces choix qu'elle avait fait, elle n'en regrettait aucun.

Pourtant, dans son coeur elle gardait encore ce doux rêve qu'elle avait fait à vingt ans : un rêve d'amour et de simplicité. Vivre toute une vie dans le refuge d'Imladris, loin du monde des Hommes et loin de tout ce malsain pouvoir. Mais cela n'avait pas été son destin. Elle savait bien qu'au fond de ce rêve se cachait sa peur de la mort.

Mais où qu'elle soit elle devrait lui faire face... Et elle le fera avec courage.

Elle se remémora cette mère qui n'avait jamais été proche d'elle, trop consumée par l'amour qu'elle avait perdu. Et de ce père qu'elle avait presque oublié qui n'était qu'une silhouette digne et tragique.

Elle se força à garder les paupières closes : elle ne pouvait pas se permettre d'avoir l'air lasse demain.

Arwen se présenta dans sa chambre aux premières lueurs de l'aube et Estel la suivit silencieusement. La citadelle dormait encore, les elfes erraient tels des silencieuses statues.

La future mariée dût enfiler la délicate robe et dans la douce lumière du petit matin elle semblait tissée du pâle ciel. Estel remarqua la présence des princesses de Dol Amroth et d'autres nobles femmes du Gondor. Mais c'était les elfes qui la préparaient.

Galadriel était absente.

Assise sur un tabouret, Aragiliath laissait Arwen et une autre elfe lui coiffer les cheveux. Elle tenait dans ses mains la boîte où était contenue l'Etoile du Nord.

Cette chevelure qu'elle avait tellement longtemps contenue en des sobres queues de cheval ou en tresses s'illuminait sous les doigts magiques des deux elfes. Elles étaient en train d'accrocher des pierres précieuses et du mithril dans le somptueux chignon qu'elles avaient confectionné. Quelques mèches entouraient son visage. On agrafa un délicat collier de mithril autour de son cou.

L'étoile d'Eärendil brillait sur son front.

Elle avait l'impression que ses vêtements et ses bijoux pesaient très lourd. Mais ils ne devaient certainement pas être moins léger que son armure, sa cotte de maille, sa couronne et ses armes.

Elle se leva et tenta de se reconnaître dans le miroir devant elle. Elle avait l'air d'avoir soudainement beaucoup vieillie, mais tout en étant féminine comme jamais auparavant.

Majestueusement, Galadriel entra dans la pièce et tout le monde s'inclina. Les dames du Gondor et de Dol Amroth étaient complètement fascinées par cette dame elfique. C'était bien la dernière fois que Dame Galadriel apparaissait ainsi devant des mortels.

Habillée d'un simple blanc étincelant, elle paraissait plus royale et impressionnante qu'Aragiliath, même si elle avait tenue à ne pas mettre d'apparat.

Elle s'arrêta devant sa protégée et un mystérieux sourire se dessina sur ses lèvres :

- Tollen i lû. (il est temps)

Elle lui prit la main et annonça en langue commune :

- On nous attend. Les demoiselles d'honneur, veuillez ouvrir la marche.

Lothíriel de Dol Amroth s'avança la première. Superbement parée et gracieuse comme une elfe, elle attirait les regards. Quand elle leva timidement les yeux sur les gens assemblés dans la sale du trône elle remarqua le roi des Rohirrim qui n'ôtait pas son regard d'elle.

Elle fut suivie par d'autres jeunes filles de la noblesse gondorienne. Le passage d'Arwen suscita des murmures d'admiration. Car elle était bien l'image de Lúthien la Belle. Malgré la simplicité de son accoutrement, elle resplendissait.

Mais quand Aragiliath fit son entrée, aux côtés de Galadriel, un grand silence admiratif l'accueillit. Elle gardait le regard digne et un léger sourire jouait sur ses lèvres.

Le hall qui menait jusqu'aux marches du trône était rempli de gens de haut rang. Ils formaient une allée. Ils étaient tous émus par l'occasion. Ils avaient connu Aragiliath comme capitaine de guerre et c'était avec fascination qu'ils regardaient la femme en elle.

Car ce jour ne fêtait pas la gloire de la reine qu'elle était. Non, ce jour appartenait à Estel la dúnadan. En ce jour béni, Elrond allait aussi donner le sceptre d'Annúminas.

Parmis ces hauts dignitaires il y avait aussi quatres simple hobbits, un nain et un prince elfique. C'était sans doute eux qui étaient les plus ravis de voir leur compagne de route si rayonnante.

Dehors, les gens du peuple, trop nombreux pour prendre place dans la citadelle, attendaient leur part dans les festivités.

Au bout de la pièce, sur les marches du trône, se tenaient Elladan, Elrohir et Elrond. Les jumeaux étaient accoutrés de leurs vêtements de guerriers Ils portaient une bannière argentée et leur regard était fier.

Si peu de gens savaient les reconnaître.

Mais Estel avait les yeux levés vers son futur époux et rien d'autre n'existait. Elle ne voyait pas les gens s'incliner à son passage, elle ne voyait pas les gens l'admirer... Elle ne voyait que lui.

Et il ne voyait qu'elle.

Elrond cachait avec adresse son émotion. Tant d'idées se bousculaient dans sa tête. La joie et une profonde peine le déchiraient. Il avait tant voulu protéger ses fils : ne pas les laisser face à un tel choix. Mais il se rendait compte que malgré ses efforts, il ne pouvait pas contrecarrer le destin.

Celle qui portait sur elle les traits d'Elros, était celle qui venait briser le foyer d'Elrond.

Mais ce n'était pas seulement la descendante d'Elros. C'était Estel, la petite orpheline qui avait grandi sous ses yeux. C'était la jeune femme qui avait quitté Imladris en rage, pour revenir pleine d'amour. La femme qui l'appelait encore Ada. La reine qui avait sauvé la Terre du Milieu.

Elle s'arrêta au pied des marches et Elladan descendit à sa rencontre.

Il lui prit la main et la guida à ses côtés. Ils s'arrêtèrent, tout d'abord, au niveau d'Elrond. Le Seigneur d'Imladris baisa le front de sa fille adoptive et lui tendit le sceptre en inclinant légèrement la tête.

Elrohir inclina aussi doucement la tête, tout en gardant dans ses mains sa bannière.

Puis, Elrond et Elrohir reculèrent, pour laisser la place à Gandalf qui allait officier le mariage.

Et alors que le soleil d'été inondait la salle, que dehors les enfants jouaient et qu'un nouvel âge commençait, Gandalf lia avec les serments sacrés du mariage Elladan des elfes gris et Estel des dúnedain.

Leurs voix prononçaient solennellement les serments et résonnaient dans la salle du trône.
Quand Gandalf clama :

- Je vous déclare mari et femme.

Un tonnerre d'applaudissements accueillit la nouvelle. Et une volée de cloches et des hérauts annoncèrent la nouvelle dans tout Minas Tirith.

Lentement, Elladan et Aragiliath descendirent l'allée et acceptèrent les voeux de bonheur qui fusaient de toute part. Ils formaient un couple resplendissant, un bon présage pour le début d'un âge.

Main dans la main, ils traversèrent la salle du trône. Lentement, ils prenaient le temps de saluer les illustres personnes qui avaient assisté à leurs épousailles.

Ils ne s'arrêtaient que pour un instant devant chaque invité de haut rang. Pourtant, arrivée devant les membres de la communauté, Estel s'arrêta pour de bon. Tout d'abord elle resta silencieuse.

Legolas inclina gracieusement la tête et murmura :

- Le estelian arnediad glass (je vous espère un bonheur éternel)

Elladan hocha la tête :

- Hannon le.

Mais Aragiliath ne pu que sourire avec beaucoup d'émotion et articuler :

- Mellon nîn

Elle repensait à toutes ces années de luttes commune. Le Prince de Mirkwood avait toujours été un ami, plus qu'un ami... Un frère. La reine cherchait un mot de remerciement mais elle n'en trouvait pas, ses yeux brillaient de gratitude Mais avant qu'elle puisse s'exprimer, une voix chantante l'interrompit :

- Que sont ils en train de dire ?

- Pippin !

C'était bien évidemment Pippin, vêtu de son uniforme de garde. Et Merry qui ne pouvait pas s'empêcher de réprimander son jeune cousin. A leurs côtés, plus discrets, se trouvaient Frodon et son fidèle Sam. Eux aussi vêtu de fins vêtements et souriant. Retenant un rire, Aragiliath demanda, d'un ton faussement autoritaire :

- Un garde de la citadelle ? Ici ?

Pippin était sur le point de bredouiller quelque chose mais la reine prit la parole :

- Merci mes amis d'être resté pour fêter avec moi ce jour si important

- Ah Petite ! Pas besoin de nous remercier ! On ne manquerait pas cela pour tout le mithril de la terre !

Gimli laissait tomber ses grognements pour une voix teintée d'affection. Il avait toujours été très protecteur envers Aragiliath, même en sachant qu'elle pouvait facilement le surpasser en art de guerre.

Elle jeta un regard vers le reste des invités qui attendait patiemment que la reine passe en les saluant. Avec un imperceptible soupir, elle déclara :

- Et bien mes invités d'honneurs... Je vous reverrai pendant les festivités. Mon devoir m'attend.

Ces mot furent accueillis par des rires et des sourires parmi les membres de la Communauté. Ils l'avaient vu, après tout, loin de tous ces fastes et ces honneurs.

Quand enfin ils sortirent, ils s'arrêtèrent sur les marches qui menaient à la terrasse où se tenait l'Arbre Blanc.

Les rescapés de la guerre, peuple de Minas Tirith, accueillirent avec des vivas le couple royal.

Les gardes de la citadelle veillaient sur l'Arbre Blanc.

Le couple royal s'arrêta en face de celui-ci et se recueillit quelques instants. Car la lignée du Limloth était plus ancienne que celle des rois et elle méritait tout leur respect. Le jeune mais solide arbre représentait cette union... Et sous la grâce elfique des mots d'Elladan il fleurissait.

Car l'Espoir réside même là où tout semble stérile.