- Et voilà le dernier chapitre. Je sens une grosse boule dans ma gorge et l'envie de continuer cette aventure. Mais il faut savoir clore une histoire. Pour avoir réussit à écrire toute cette histoire et la terminer j'ai eu besoin de l'aide de certaines personnes. Tout d'abord Elysabeth sans qui je ne pense pas que j'aurai réussi à écrire et surtout terminer cette fic. Sans la justesse de ses critiques et de son encouragement , j'aurai eu du mal. Merci pour tout ma béta béton. Et puis les jumelles d'Imladris, qui ont été parfois une source d'inspiration pour les fils d'Elrond.(On se demande d'où vient l'humour d'Elrohir). Pour tous leurs encouragements, conseils, critiques... Merci à la communauté du Poney Fringant©.
C'est difficile de terminer une fic, mais bon... Il faut tourner la page. J'espère que ce dernier chapitre vous plaira, j'y ai beaucoup travaillé. Et Merci à vous lecteurs (même si vous n'êtes pas beaucoup, vous êtes très précieux) de me lire. A bientôt dans mes autres fics! -
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- La chanson citée et traduite dans ce chapitre est tiré de la bande originale des Brumes d'Avalon et se nomme I will remember you still. Traduite par moi et améliorée par Lylla
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Le soleil illuminait le blanc de la cité et à l'Est le ciel était clair. Ces années de paix s'étaient écoulées dans la douceur et le bonheur. Certes, il lui avait fallu des années de combat pendant son règne, pour que la paix puisse durer. Mais ce n'était rien comparé au temps où elle avait oeuvré contre l'Ombre.
Minas Tirith était glorieuse dans les couleurs éclatantes de l'Automne. Son blanc éternel contrastait avec les arbres qu'avaient amenés les elfes.
Enfin, la cité des rois resplendissait, encore plus belle que d'antan.
Aragiliath pouvait être fière.
Elle regardait par la fenêtre, son corps à la fois frêle par l'âge, mais fier et droit comme une reine. Ses long cheveux, parsemés d'argent et d'ombre, couvraient son dos. Mais elle ne portait pas encore sa couronne.
Ses habits étaient désormais de couleur sobre, laissant les mauves et les bleus pâle au passé. Cela lui donnait un air plus sérieux et royal.
Le coeur d'Elladan se brisait à la voir ainsi: où était partie sa petite Estel? La jeunesse une fois envolée ne revenait jamais plus?
Son visage était encore éclatant de jeunesse, mais son épouse portait les traits du temps qui passe. Il la trouvait aussi belle que sa jeune fiancée, mais elle persistait, en silence, à souffrir de son corps qui perdait sa fermeté et son visage qui s'usait.
Il se leva aussi et se dressa à côté d'elle silencieusement.
- C'est une belle journée qui se lève, une très belle journée. J'espère qu'Elrohir arrivera avant ce soir.
Et la terrible réalité revint faire face à l'elfe:
- Tu ne veux toujours pas me dire pourquoi tu insistes à ce qu'il arrive aujourd'hui?
Elle se tourna vers lui, les yeux secs, mais sans éclat:
- Elladan, meleth nîn... Tout commence à s'éteindre à présent. Ne le vois-tu donc pas? Le temps de la rétribution est arrivé.
Elladan lissa de ses doigts ce visage tant aimé. Il le savait, elle avait raison. Mais il ne pouvait pas l'accepter:
- Law, heryn nín, ú dollen i Rîw. Anirach, nui lû, gwaith lín?
(Non, ma dame, l'hiver n'est pas arrivé. Voulez vous quitter votre peuple avant votre temps?)
Elle serra sa main contre son coeur:
- Tu sais bien que ce n'est pas avant mon temps. Eldarion est plus que prêt pour son rôle de roi.
Alors que Minas Tirith se réveillait à peine, un destrier traversa la ville au pas de course. Un seigneur elfique qui ressemblait comme deux gouttes d'eau au Roi semblait en hâte de rejoindre la citadelle.
Des gardes, impassibles malgré la situation, l'envoyèrent vers la maison des Rois, Rath Dínen.
On le laissa entrer sans questions. Il croisa Legolas et Gimli. Tous deux semblaient brisés par la peine.
Et il s'arrêta à bout de souffle à côté de son frère et regarda tristement Eldarion agenouillé devant la couche où était allongée sa mère. Elle lui avait déjà donné sa couronne ailée et le sceptre. Puis, le futur roi quitta la pièce, la tête baissée.
Ce fut, après cela, le tour de Gilraen et Celebrían de prendre congé de leur mère. Elles pleuraient toutes deux, mais Estel souriait: les enjoignant de profiter de leur vie et des enfants qu'elles avaient.
Et enfin elles sortirent aussi. Elrohir, cachant sa peine derrière un masque ironique, rétorqua:
- Alors petite soeur, tu essayais d'être plus agée que nous? Tu sais bien que tu ne peux pas me surpasser.
Elle sourit et lui prit la main:
- Je suis contente que tu sois venu à temps Elrohir. Tu te rappelles de la promesse que tu m'avais faite?
L'elfe hocha la tête et elle continua:
- Hannon le Elrohir. Tu vois, cette fois je vais faire quelque chose que tu n'as pas déjà fait: mourir.
Et dans ce lieu où un silence de mort régnait, Elrohir éclata de rire:
- Voyons Estel tu sais bien que je suis mort pour revenir.
Il se baissa pour poser ses lèvres sur son front déjà si froid. Lui adressant une dernière fois la parole, il sortit:
- Namarië petite soeur: ne fais pas trop de bêtises.
- Namarië.
Il ne restait qu'Elladan. Il n'avait plus la prétention de cacher sa peine. Il s'assit à côté de sa couche, elle était allongée toute droite.
- Elladan, tu te souviens encore de Cerin Amroth? Lorsque nous renonçâmes tout deux à l'Ombre?
Il hocha la tête:
- Cette fois, c'est la même chose. Nous devons rennoncer au désespoir. Si tu savais à quel point mon coeur se serre à l'idée de te quitter, ne serait-ce que pour un instant... Tu ne voudrais pas, quand même, que je reste vautrée sur mon trône Trop usée pour lever la main ou parler. Voudrais-tu me voir ainsi?
- Non.
- Tu sais bien l'erreur qu'on fait les rois d'antan: ils ont voulu être immortels alors que ce n'était pas leur destin. Je ne fuierai pas le mien. Je suis la première reine de ma lignée... Et la dernière des númenoriennes. Eru m'a donné une vie trois fois plus longue que celles des gens de la terre du milieu. Et j'ai pour cela le devoir de lui rendre ce présent en temps voulu.
Il s'agenouilla, tout comme son fils, pour embrasser les lèvres de son épouse.
- Estel...
- Je n'ai pas de mots pour te réconforter mon amour. J'aimerais que tu t'en ailles avec Elrohir à Valinor. Que vous retourniez vers votre mère. Et garder dans ton coeur toutes ces belles années que nous avons partagées. Ce n'est pas à toi de subir le destin des hommes... Tu es un elfe Elladan et c'est vers Valinor que tu dois aller.
Une dernière fois il glissa ses doigts dans sa chevelure sombre:
- Non Ma Dame, j'ai déjà fais mon choix. Tu le sais Estel. Je vais prendre la même route que toi. J'ai vu, années après années, mes compagnons de guerre tomber. J'ai connu tes pères et je n'ai jamais oublié leurs rêves, leurs vies et leurs visages. Crois-tu qu'il me reste une raison pour rester en vie? Après avoir vu l'outrage de ma mère...
Elle secoua la tête:
- Tu te souviens pendant la guerre de l'anneau? Quand nous avons cru perdre Elrohir? Ne lui fais pas ça... Vous ne devez pas être séparé. Ne te laisse pas abattre face au désespoir, mon amour.
Son regard se fit lointain et Elladan lui serra la main:
- Estel!
- Je suis encore là mon aimé, mais je sens le froid s'étendre dans mon corps. Elladan: nous ne sommes pas voués à errer dans les méandres de ce monde, et au delà: il y a plus que le souvenir...
Ils échangèrent leur dernier baiser: à la fois long et trop bref. Après cela, elle se laissa aller sur sa couche, gardant dans sa main celle d'Elladan.
- Namarië...
Il ne put dire un mot, mais tremblante sa voix se leva pour accompagner l'âme de sa bien aimée avec un ancien chant:
Perdus sont mes rêves
Avec les feuilles de l'Automne
Songes dorés tombant en ton souvenir.
Les brumes de Valinor couvrent mon cur
Ma voix est emportée par le vent
A travers les océans qui nous séparent
Je ne t'oublierai pas
Mon cur retourne vers les doux jours qu'étaient le printemps de notre amour
Ô ma vie, je pleure sur les années passées
Et pour mon âme qui se languit de ta lénifiante présence
Les brumes de Valinor couvrent mon cur
Ma voix est emportée par le vent
À travers les océans qui nous séparent
Je ne t'oublierai pas
Et il baissa la tête
Il resta ainsi pendant un bon moment, puis il se leva. Délicatement, il mit de l'ordre dans la chevelure de la défunte et il l'admira longuement. Elle était chargée de beauté ; à la fois jeune, sage et elfique... Mais elle n'était plus là.
L'elfe sortit pour trouver son frère, ses enfants, ses amis qui attendaient la sombre nouvelle.
Elrohir baissa la tête, Legolas et Gimli se regardèrent tristement, puis Elladan s'arrêta devant son fils. Il lui baisa paternellement le front et lui murmura:
- Fais en sorte que ta mère soit fière de toi...
Et les cloches commencèrent à sonner et le long défilé des gens venus donner leurs respects à la défunte reine.
La famille royale restait dignement debout, pour accepter les condoléances des gens. Gilraen et Celebrían entouraient leur père avec leurs enfants. Leurs époux se tenaient un peu plus loin. Eldarion gardait la tête haute, mais ses yeux gris étaient plein de larmes contenues.
Legolas, Gimli et Elrohir étaient figés: ils ne voulaient pas laisser leurs proches rester seuls. Legolas semblait comme transpercé par une flèche, ses yeux normalement si vifs étaient voilés de gris. Gimli ne cachait pas ses larmes. Elrohir restait impassible, mais son visage parfait ne portait aucune expression.
Au milieu de ses enfants, Elladan ressemblait qu'à une ombre de lui même. Toute sa beauté elfique et la lumière de ses sourires avaient disparues... Comme si Estel les avait emporté dans sa tombe avec elle.
Comme un zombi, Elladan s'occupa des divers arrangements. C'était la présence d'Elrohir qui le soutenait. Quand enfin Eldarion sembla prêt à porter son devoir sur ses épaules, Elladan prit congé de ses enfants.
Personne n'assista à ce départ. Mais beaucoup de gens de la citadelle remarquèrent l'ancien roi quitter la cité.
Elladan sortit du long couloir, il sortit de la citadelle, il sortit de la cité...
Elrohir le suivait en silence.
Il semblait qu'Elladan incarnait l'Ombre de leur visage et Elrohir la Lumière.
- Viens, retournons à Imladris et après nous réfléchirons sur quoi faire. Allez Elladan.
Le lien indestructible qui existait entre eux s'était fragilisé avec le temps. Elladan avait vécu quelque chose qu'Elrohir n'avait jamais connu. Pourtant leur peine les rapprochait. Quand Celebrían avait été détruite, c'était ensemble qu'ils avaient enduré.
Quand. jours après jours, ils s'étaient battus contre l'Ennemi toujours plus grandissant, c'était ensemble qu'ils avaient enduré.
Quand ils avaient dû apporter la dure nouvelle de la mort d'Arathorn à Gilraen, c'était ensemble qu'ils l'avaient fait.
Et à présent...
C'était ensemble qu'ils galopaient vers leur dernier refuge qui tombait en ruine.
Même si Elrohir n'avait pas connu Estel comme Elladan l'avait connu, il partageait cette peine.
Et Elladan le savait.
On vit passer à grande vitesse deux seigneurs elfiques. En ce temps, où les elfes commençaient à disparaître dans le tiroir des légendes ce fut une très belle image.
Deux elfes qui galopaient, les cheveux dans le vent et le regard tel un matin d'orage.
Elladan se perdait dans la vitesse, il ne voulait plus réfléchir... Plus se souvenir.
Il voulait juste sombrer dans l'inconscience et tout oublier.
- C'est comme Ada et Elros. Elros a laissé sa descendance comme seul souvenir de sa présence.
- Et tu as vu ce qu'est devenu Ada? Il a beau essayer, mais c'est évident... Ce n'est qu'une demi personne. Il a perdu une partie de son être.
Elladan hocha la tête, il évitait le regard de son frère.
Assis sur un fauteuil il regardait la brume envelopper Imladris. Elrohir était debout devant la grande fenêtre.
- Nous devons partir Elladan. Imladris disparaîtra bientôt... il ne restera qu'une légende et des pierres en ruine. A Valinor est notre seule place, auprès des nôtres ou auprès de Mandos... Avec les dúnedain; nos frères.
Elladan se leva aussi.
Tous deux pensaient la même chose.
Qui les accepterait à Valinor après tant d'années de sauvagerie, de tuerie et de haine?
Ils n'avaient pas de coeurs purs.
C'était des errants, des tueurs.
Ils avaient oublié les valar au départ de leur mère, pour ne plus jamais tourner leur visage vers eux.
Allaient-ils les supplier pour pouvoir entrer dans le royaume béni?
Non.
Ils étaient les jumeaux d'Imladris.
A présent, silencieusement, ils sortirent de leur dernière demeure et préparèrent leurs montures pour un long voyage.
Ils n'avaient plus besoin de mots: le mur était tombé.
Leurs visages portaient la douleur qui ne les quittaient jamais. Mais un gris plus profond s'ajoutait à leurs anciennes peines. Ils ressemblaient déjà à des fantômes d'un passé révolu.
Le départ des elfes et le début du monde des hommes s'annonçait.
Ils avaient vécu en marge des autres elfes. Pourtant, ils représentaient la nature elfique. Une nature pas seulement douce et féerique, mais aussi sauvage et redoutable. Les elfes d'antan, alors que l'Ombre de Melkor était omniprésente.
Impuissant et silencieux, le dernier refuge des elfes laissa partir ses fils.
Leurs chevaux filaient dans l'ombre croissante, laissant derrière eux l'écho de leurs sabots.
