Hello, encore en retard, mais ce chapitre est plus long et puis je vais en mettre plein (je prépare un concours, c'est compliqué niveau temps depuis septembre).
Mille mercis pour vos retours, c'est pour vous que je mets en ligne ce que j'écris et que je finis par y penser hihi. Merci Titou Douh et trop heureuse de te retrouver ici et que ça te plaise ! Tes compliments sur mon écriture me font devenir toute rouge hihi, merci (coeur). Ahhh et la logique de mail ff on la trouvera jamais hihi ! Merci Miss MPERG pour ton retour, très heureuse de savoir que tu compatis à Melania... 18 ans, la situation et tout... heureusement que tout le monde ne cherche pas à profiter d'elle, oui !Ui ui ui Barnabas est a la médaille d'or du plus horrible, mais j'epsère que cette médaille n'existe pas (pleurs) ! Ohh j'espère que les prochains chapitres te feront moins mal au coeur, promis, il y aura plus d'Arcturus que de Barnabas ! PS : Noooon Barnabas ne deviendra pas le directeur de la Gazette ahahah, promis !
Bonne lecture :D
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Chapitre 7 : Où Amitié est douce
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Singulier destin que celui de Melania Black.
Saviez-vous qu'elle séduisit immédiatement ses futurs beaux-parents ?
Que cette après-midi fut décisive ?
Qu'elle décida même du reste de sa vie ?
Et qu'Arcturus se fit définitivement une place dans son cœur ?
Remarquez, elle reprend seulement goût à l'amitié.
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J'aurais pu m'arrêter ici et vous laissez rêver d'une belle histoire d'amour entre notre douce Melania et ce cinglé d'Arcturus Black. J'aurais pu vous laisser imaginer leurs rendez-vous au 12, Square Grimmaurd et ceux à la Villa Caledonia. J'aurais même pu réécrire la fin d'Orgueil et Préjugés avec les noms d'Arcturus et Melania.
Mais la vie avait trop abîmé Melania pour qu'elle tombe si rapidement et si facilement amoureuse d'Arcturus Black comme son cœur autrefois d'artichaut était tombé pour Garrick Harper, pour Archi Rosier, pour Alexander Twain bien sûr, pour ce Moldu de John Swift et un peu aussi pour Aristote Parkinson.
« Hesper, voici Melania Macmillan, l'amie d'Irma, la réintroduisit Mr Sirius Black une fois qu'ils furent sur le seuil du grand salon. Je crois que la vivacité de son esprit te plaira. »
Après l'instant d'étonnement passé quant à ce tutoiement entre Hesper et Sirius Black, Melania salua Mrs Hesper Black d'un hochement de tête volontaire. Barnabas n'était plus ici et un poids s'envola de ses épaules aussitôt. Elle était sans surveillance pour la première fois depuis le mariage d'Irma et Pollux, et encore, ce jour-là, elle avait seulement pu s'échapper une petite heure dans les bras d'Aristote.
« Et pourquoi dis-tu cela, Sirius ? s'étonna Hesper en faisant signe à Melania de s'asseoir à côté d'elle sur le canapé.
— Découvre-le par toi-même, Hesper. »
Il y avait une forme de complicité plus que maritale entre les époux et héritiers de la Maison des Black. Il y avait une complicité conjugale, amicale et même amoureuse que tout le monde repérait facilement. Et c'était sûrement ce qui faisait leur force et qui liait bien mieux leurs mains avides de pouvoir qu'un mariage incité par des raisons financières ou parentales.
Il y avait une confiance absolue de l'un pour l'autre.
Je ne prétends pas savoir ce qu'il se passait entre eux dans l'intimité, mais ce ne pouvait être une façade basée sur rien. Le sceau de Sirius Black faisait aussi peur que le sceau d'Hesper Gamp-Black aux débiteurs, aux locataires, aux employés du ministère ou même à leurs amis qui n'avaient pas la conscience tranquille. Comme son grand-père Cygnus avant lui, Sirius avait épousé une héritière non pour son argent mais par inclination. Il avait pris l'argent au passage, mais il n'y touchait pas pour en laisser la pleine main à Hesper. Il n'en avait, certes, pas besoin, de toute façon.
Melania ignorait tout cela. Ce qu'elle vit ce jour-là, fut la complicité entre les parents d'Arcturus Black, et le respect doux et taquin qu'ils se portaient, le même qu'elle avait pu avoir avec ses camarades à Poudlard. Il n'y avait pas de rapport de force entre eux, et elle passa une après-midi qui lui vida complètement la tête de l'ambiance pesante de la Villa Caledonia.
Elle apprécia immédiatement Mrs Hesper Black, malgré tout ce que lui en avait dit Irma. Mrs Hesper Black était plus vive et spirituelle qu'autoritaire selon Melania. C'était un véritable délice de l'écouter raconter des anecdotes et des bons mots.
« Sirius, te souviens-tu de ce voyage à Venise ? La salle de bal du Palace était immense et d'une splendeur… J'en ai encore une quantité astronomique d'étoiles dans les yeux.
— Décris-leur la salle mieux que cela, Hesper, lui proposa son mari avec un sourire en coin. Ne vois-tu pas que Miss Macmillan brûle de te poser des questions ?
— Laisse-moi la mettre en appétit, Sirius, lui répondit-elle d'un ton faussement contrarié. À l'entrée du Palace… quel est son nom déjà, Sirius ?
— Le Palace de l'Espoir, lui répondit-il de cette voix calme et apaisante.
— Il Palazzo della Speranza, c'est cela, répéta Mrs Hesper Black avec un hochement de tête pour remercier son époux. Aux portes du Palazzo, donc, il y avait toujours deux à six majordomes pour vous mener à travers le Palazzo… »
Elle prononçait l'italien comme une enfant aurait dégusté un bonbon au chocolat.
« … et puis dans la salle de restaurant… Sirius, te souviens-tu ?
— Pourquoi racontes-tu toujours ce moment lorsque tu parles de notre séjour à Venise, Hesper ? lui reprocha gentiment son époux.
— Parce qu'il me plaît de te taquiner, Sirius, répondit-elle avec évidence en lui tendant sa main. »
Il était à côté d'elle, et même s'ils avaient plus de cinquante ans, Mr Sirius Black prit la main gantée de son épouse pour y déposer un baiser au moins aussi respectueux et amoureux que l'aurait fait un jeune marié.
Melania ne pensa pas immédiatement au baisemain que lui avait accordé Arcturus Black quelques heures plus tôt. Mais Arcturus, lui, avait reproduit ce geste qu'il avait si souvent vu son père faire. C'était un code explicit pour lui, une façon de dire à Melania qu'elle avait son cœur et qu'il attendait seulement un signe de sa part pour mettre un genou à terre devant elle. Il attendait qu'elle trouve sa cour assez longue et convenable parce qu'il savait que Melania deviendrait sa femme dans peu de temps.
Elle s'appelait Melania. Et le prénom Melania venait directement du grec melanos qui signifiait noir, sombre, black. Elle était la princesse qu'il attendait.
« Et que s'est-il passé dans la salle de restaurant ? osa insister Melania, les joues rouges d'impatience.
— Irma, dites à votre amie qu'il n'est jamais bon de presser Hesper lorsqu'elle raconte une histoire, ponctua Sirius Black avec amusement.
— Je dois avouer que j'ai bien envie de connaître la suite, moi aussi, reconnut Irma en jetant un coup d'œil nerveux à Melania.
— Vous voilà toutes contre moi, se désespéra faussement Mr Sirius Black. Arcturus, mon fils, quel parti prenez-vous ?
— Celui de Mère, Père. Je trouve cette anecdote bien trop savoureuse pour en priver notre invitée, répondit-il en essayant de sourire. »
Le sourire d'Arcturus était à l'image de sa personne : instable et tremblant. Il pouvait toujours compter sur ses parents pour le préserver. Mais ce jour-là, ses parents se faisaient hôtes conviviaux non seulement pour Arcturus mais aussi pour la Maison des Black.
Sirius et Hesper Black étaient comme Pollux : ils avaient bien compris que leur fils aîné ne supporterait jamais une quelconque intimité avec une femme. Leur second fils n'était pas paranoïaque, mais sa sociabilité était encore plus dans les négatifs que celle de son frère et il ne supportait pas de sorciers autres que ceux de sa famille. C'était l'exact opposé de leur fille sur ce point. Lycoris avait une réputation désastreuse qui était toujours le point de départ des disputes entre les deux époux, et aussi le point final.
Quoi qu'il en soit, Sirius et Hesper Black n'espéraient plus voir marié aucun de leurs trois enfants… Jusqu'à ce qu'ils voient Arcturus demander à Melania Macmillan de danser avec lui. Ils mirent d'abord à l'aise la douce Melania par intérêt. Arcturus n'accepterait qu'une seule femme dans son lit, et ce serait Melania. Il les prévint peut-être, ou bien ils le comprirent d'eux-mêmes. Ils voulaient quelqu'un pour veiller sur leur fils lorsqu'ils viendraient à mourir, ils voulaient quelqu'un aussi pour porter l'enfant d'Arcturus et l'Héritier ou l'Héritière de la branche aînée de la Maison des Black.
Ce qu'ils n'avaient pas prévu, fût qu'ils appréciassent véritablement Melania, autre que pour le souffle paisible qu'elle répandait sur leur fils. Elle était belle, elle avait de la douceur et, même si sa spontanéité soulignait son enfance libérée sur les terres écossaises de ses parents, elle avait de l'esprit. Sirius l'apprécia plus que sa propre fille. Hesper retrouva un peu d'elle-même dans sa belle-fille. Et ils comprirent, au long regard qu'ils échangèrent durant cette après-midi, qu'ils avaient trouvé l'épouse qu'il fallait à Arcturus pour administrer soigneusement la Maison des Black lorsqu'ils ne seraient plus de ce monde.
Melania était l'épouse qui conviendrait à Arcturus, l'épouse qui conviendrait à l'Héritier des Black et une femme qu'ils pourraient considérer comme leur fille. C'était plus que tout ce qu'ils avaient pu espérer pour leur fils, leur Maison et eux-mêmes.
Melania était loin de toutes ces machinations de pouvoir. Elle redécouvrait simplement une après-midi pleine d'amitié, sans drame ni malheurs à la clé, avec des gens qu'elle pensait bons, gentils, et sincères avec elle. Et il est vrai qu'ils finirent tous par être sincères cette après-midi-là avec elle. Ils n'étaient peut-être pas entièrement bons et gentils, mais personne n'est parfait, n'est-ce pas ?
« Nous étions donc assis, Sirius et moi, à notre table, reprit Mrs Hesper Black avec sa voix souple et ronde. Les couverts en argent et les verres en cristal de Baccarat brillaient sous les flammes des bougies du chandelier en verre de Murano, la musique de l'orchestre était délicieuse. Sirius, tu étais d'une élégance qui avait dépassé jusque là mon imagination…
— Tu étais plus que ravissante toi aussi, Hesper, se permit de commenter Mr Sirius Black avec un sourire amusé.
— Je le sais bien, puisque le prince sorcier du Royaume grec en personne s'est présenté à notre table. Il voulait savoir si mon frère acceptait que je vienne dîner avec lui. Très flattée par la proposition, j'ai néanmoins précisé au prince grec que j'étais en voyage de noces non avec mon frère, mais avec mon époux. Le pauvre, il en a eu le cœur brisé, se moqua gentiment Mrs Hesper Black.
— Tu oublies de préciser qu'il t'a tout de même proposé de devenir sa maîtresse, ajouta Mr Sirius Black avec un ton clairement désapprobateur et offusqué. Il s'en est fallu de peu que je le défisse en duel.
— Tu étais nonobstant très flatté que l'on reconnaisse la beauté de ton épouse, rappela Hesper, un regard insistant et un sourire taquin aux lèvres. »
Ils ne sur-jouaient pas leur complicité. Mais ils la dévoilaient comme rarement. C'est du moins ce que crut comprendre Melania plus tard.
« Qu'est-ce qui vous a retenu de défier ce sorcier en duel ? demanda avidement Melania. »
Elle le demanda avidement parce qu'elle rêvait un peu cette après-midi-là.
Le sourire de Sirius Black s'accentua. Il jeta un bref coup d'œil à son épouse. La réponse était évidente – défier un prince sorcier, quelle folie ! – et comme elle était si évidente, personne n'avait jamais pris la peine de poser cette question. Mais Melania ne la posait pas naïvement, puisqu'elle précisa immédiatement son propos.
« Il me semble que vous êtes un grand sorcier, Mr Black, et l'un des plus influents d'Angleterre, vous auriez eu assez de soutien pour oser défier le prince sorcier grec.
— C'est lui qui m'a défié, avoua Sirius, l'œil pétillant d'amusement.
— Je te demande pardon, Sirius ? s'horrifia son épouse. »
Arcturus, quant à lui, regarda plus encore intensément Melania et admira plus encore son esprit. Elle était la seule à avoir eu assez d'esprit pour relever la faille et reconnaître la puissance de la Maison des Black. La seule après lui, lorsqu'il avait six ans, et qu'il avait posé la question à son père.
« Il m'a défié lorsque tu discutais avec sa sœur, avoua-t-il pour la première fois à son épouse avec un plaisir évident. Le prix était bien évidemment ta main. Je l'avais déjà, mais j'ai accepté son gant. Je n'ai pas été malade à cause des crustacés ce soir-là, Hesper, je suis sortie l'affronter sur la place Saint-Marc.
— Sirius, mais que t'a-t-il pris ? s'horrifia un peu plus son épouse.
— Le duel n'a pas duré plus de dix minutes, avoua-t-il tout de suite sans perdre son sourire. Je l'ai battu d'un simple Expelliarmus, et nous avons convenu de ne jamais parler de ce duel à quiconque. Il est rentré chez lui blessé à l'ego mais définitivement loin de toi, tout ce que je désirais.
— Sirius, définitivement, je me demande ce qu'il t'a pris, ne trouva qu'à dire Mrs Hesper Black confuse et dépassée.
— Ne m'en veux pas, nous étions de jeunes mariés et mon honneur dictait mes actions.
— Père, il est déjà dix-huit heures, intervint Arcturus. Puis-je raccompagner Miss Macmillan chez elle ? J'aimerais m'assurer que le départ de son frère n'entraînera aucune méprise.
— Faites, mon fils, accepta aussitôt Mr Sirius Black en se levant du fauteuil. Pensez à bien vous présenter et à vous excuser de l'heure tardive.
— Je sais ce que je dois faire, répondit abruptement Arcturus Black avec un geste nerveux pour lisser sa robe de sorcier. »
Melania était en admiration devant le couple et l'harmonie qui semblait se dégager entre Sirius et Hesper Black. Elle était aussi émerveillée devant le moment paisible et enchanteur que Mrs Black lui avait permis de vivre en lui racontant les souvenirs de ses voyages. Car c'était exactement ce dont Melania avait besoin à cette époque, de voyager loin de l'atmosphère pesante qui s'était installée autour d'elle. De découvrir qu'autre chose existait. C'est si paradoxal, quand j'y pense, que ce soit cet horrible 12, Square Grimmaurd et ces cinglés de Black qui aient redonné le sourire et un peu de légèreté à sa vie. Peut-être l'atmosphère de la Villa Caledonia était-elle devenue pire que celle du 12, Square Grimmaurd.
« Ne vous donnez pas cette peine, Mr Black, vraiment, je…
— Ce n'est pas une peine », se permit d'insister Arcturus en la contemplant une fois de plus.
Melania était un peu honteuse lorsqu'elle se souvenait de la situation embarrassante dans laquelle Arcturus Black l'avait trouvée, dans la petite pièce carrelée de noir. Elle se rappelait aussi combien elle était faible et fragile. C'était au moins un pas, un début de remontée. Elle avait compris qu'elle avait été affaiblie et fragilisée par ces derniers mois, et elle était à nouveau prête à relever la tête. Un peu, du moins.
Elle était honteuse, mais très touchée et heureuse de voir Arcturus Black essayer de prendre soin d'elle et de la protéger des mauvaises idées qu'aurait pu cultiver son père à son sujet. Alors elle acquiesça en lui offrant un sourire discret mais sincère que ne manquèrent pas une seule seconde ses futurs beaux-parents. Et après des salutations de départ et la promesse auprès d'Irma de revenir rapidement la voir, Mr et Mrs Sirius Black gagnèrent le bureau de Mr Sirius Black avec satisfaction et soulagement.
Melania prit la première de la poudre de Cheminette, inconsciente de la tension qui devait habiter le moindre petit morceau de chair et d'os d'Arcturus Black à l'idée de devoir confronter des sorciers extérieurs à sa famille, et notamment, le frère de Melania. Il se savait instable et paranoïaque, il savait qu'il pouvait s'emporter même s'il ne s'en rendait compte qu'après coup. Un simple mot, un simple geste ou même juste un regard pouvait le faire partir en vrille. Il le savait et il se méfiait de lui-même, plus encore qu'il se méfiait des autres lorsqu'il partait en crise.
« Pour l'adresse de la demeure de ma famille, dites simplement Villa Caledonia, c'est suffisant », lui annonça-t-elle en faisant un pas de plus vers lui.
Elle était un peu plus proche de lui que ce qui était convenable et de ce que supportait habituellement Arcturus Black. Et c'était un signe de plus pour Arcturus Black que Melania accepterait bientôt qu'il se déclare.
« Villa Caledonia, répéta consciencieusement Arcturus Black en essayant de sourire.
— C'est cela. Puis-je vous demander une faveur, Mr Arcturus ? »
Elle utilisa son prénom comme ils l'avaient fait tous les deux dans la petite pièce carrelée de noir du premier étage. Elle l'utilisa parce qu'il avait pris une place dans sa vie, une place encore innocente et amicale, mais la plus belle place depuis des mois. Elle ne l'avait pas fait devant Irma et ses parents, parce que cette complicité tacite, cette amitié qui s'était installée entre eux, avait une source inconnue des autres.
« Tout ce que vous voulez, Miss Melania, accepta aussitôt Arcturus. »
Lui, Arcturus, se permit sûrement d'utiliser son prénom à nouveau comme un signe supplémentaire de son admiration et de son respect pour elle. Romantique comme il l'était, cette exception secrète devait l'émerveiller.
« Pourriez-vous éviter de parler de ce que vous avez pu voir tout à l'heure ? Mon père…
— Votre père doit savoir que votre frère vous a traitée comme une vulgaire Sang-de-Bourbe, appuya Arcturus Black en fronçant brièvement les sourcils. »
L'insulte ne choqua pas Melania. Elle ne choquait pas autant à l'époque d'une part. Nous étions en 1924, Grindelwald n'était pas encore d'une idéologie ouvertement raciste mais plutôt dite « libératrice ». Je l'ai dit, c'était l'abolition du secret magique qu'il voulait, et la reconnaissance de la suprématie sorcière. L'origine des sorciers lui importait peu. Alors le mot, quoique sale et dégradant, n'était pas autant chargé d'histoire.
Et puis de toute façon, Melania commençait à rejeter la moindre chose moldue en même temps qu'elle rejetait l'idée de l'amour qu'elle avait pu porter à ce Moldu de John. Elle associait tout ce qui était moldu à John Swift et donc à quelque chose de négatif, violent et malsain. Quoi qu'il en soit, l'insulte ne la choqua pas.
« Mon père… Mon père aussi me…
— Votre père aussi vous frappe ? demanda Arcturus Black avec horreur.
— Il me bat seulement pour me corriger quand j'ai manqué à…
— À quoi aviez-vous donc manqué tout à l'heure, Miss Melania ? »
Peut-être que cette nouvelle information rendit Arcturus Black définitivement méfiant envers Barnabas et Sileas Macmillan. C'était une bonne chose, bien sûr.
« À rien, reconnut Melania dans un souffle avec un sourire tordu. Je passe la première ?
— Je vous rejoins aussitôt après, Miss Melania, lui promit-il en attrapant de lui-même la main de sa très future promise pour la baiser avec amour et dévotion. »
Il se sentit peut-être pousser des ailes. On ne sait jamais vraiment avec Arcturus Black.
Melania ne prit pas garde au geste – au grand dam d'Arcturus s'il l'avait su ! – et lâcha la poudre de Cheminette pour partir dans le réseau des cheminées du Royaume-Uni.
Elle retrouva son père, sa mère et ses deux frères dans le salon de la maison de ferme de sa famille. Son père, assis sur son fauteuil, avait le visage fermé, le sourire de Tomas était crispé, sa mère faisait une fois de plus les cent pas, et Barnabas était dans un coin de la pièce, les bras croisés devant lui. Elle ne sentit pas l'habituelle boule d'angoisse qu'elle avait pu ressentir dans sa gorge ou entre ses côtes ces dernières semaines et elle se contenta de se retourner vers l'âtre sans avoir eu le temps de dire un seul mot. Le crépitement des bûches annonçait déjà l'arrivée d'Arcturus Black. Elle l'accueillit avec un vrai sourire. Elle ne voyait déjà plus les tocs de nervosité du sorcier.
« Je ne sais si vous vous souvenez de mon père et de ma mère, Mr Black. Ils étaient présents au mariage d'Irma et Pollux, ainsi que mes deux frères aînés, Tomas et Barnabas », dit-elle sans entendre sa voix trembler pour la première fois depuis des mois.
Arcturus se contenta d'hocher la tête et de faire un pas pour se placer à côté de Melania, mais juste un peu plus en avant. Il laissa son regard insistant se fixer sur Barnabas Macmillan. Les frémissements de dégoût qui agitaient sa bouche finirent de révéler à Sileas Macmillan combien la situation était empêtrée et combien Barnabas avait perdu toute limite.
« Je me suis permis de raccompagner votre fille, Mr Macmillan, afin de m'assurer qu'elle puisse rentrer saine et sauve chez vous, et se coucher sereine », commença Arcturus Black d'une voix froide, posée et impériale.
C'était cette attitude et ce ton nobles, inflexibles et chargés de quelque chose d'indéfinissable, qui avaient permis à la Maison des Black de s'imposer parmi la société sorcière au fil des siècles. Arcturus devait protéger sa princesse, et il usa du statut royal que s'était octroyé sa famille sur la terre britannique.
Barnabas s'apprêtait à répondre de manière virulente à Arcturus mais heureusement pour sa vie, son père parla avant lui.
« Mr Black, je vous remercie de l'attention que vous avez portée à ma fille, se trouva à ramper plus qu'à répondre Sileas Macmillan en se levant de son fauteuil pour aller serrer la main de son invité.
— C'est plus que de l'attention, Mr Macmillan, c'est de l'amitié et de l'affection », insista Arcturus Black en tournant son regard vers lui et en ignorant la main de son interlocuteur.
Sileas Macmillan n'en menait pas large et Melania observa ce manque d'assurance avec soin.
« Melania, Jane, montez vous préparer pour le dîner. Mr Black restera bien avec nous, n'est-ce pas ? »
Ceci, Arcturus ne l'avait pas prévu. Il se retrouva sacrément déstabilisé, et ce fut visible. Il ne mangeait jamais autre part qu'au 12, Square Grimmaurd mise à part pour les rares réceptions auxquelles il prenait le risque de se rendre. Cette marque de faiblesse redonna un instant de l'aplomb à Sileas Macmillan.
Arcturus commençait déjà à s'en remettre à Melania pour tout : il se tourna vers elle pour lui demander non son désir, mais ce qu'il convenait de faire. Le sourire qu'elle lui retourna avant de quitter la pièce à la suite de sa mère lui redonna toute sa confiance.
« J'accepte avec plaisir, Mr Macmillan. »
Il ne se priverait jamais de contempler Melania une paire d'heures supplémentaires et de s'apaiser sous son regard.
« Que dois-je comprendre à votre sollicitude envers ma fille, Mr Black ? » reprit aussitôt Mr Macmillan lorsque la porte se referma derrière sa femme et sa fille.
Sileas retourna s'asseoir dans son fauteuil et invita d'un geste Arcturus à s'approcher de lui. Arcturus sembla évaluer son environnement et l'autre frère de Melania avant d'accepter de s'asseoir face à Sileas Macmillan.
« Que pensez-vous devoir en comprendre, Mr Macmillan ? demanda posément Arcturus Black sans baisser sa vigilance.
— Pour être honnête, je ne sais qu'en penser, reconnut Sileas Macmillan. »
Je crois qu'il était perplexe et inquiet. Perplexe qu'un homme aussi riche et bien né qu'Arcturus Black s'attarde sur sa fille, certes de Sang-Pur, mais loin d'être élevée comme une dame de salon. Inquiet parce qu'Arcturus Black était cinglé mais qu'on ne refusait rien aux Black sans y risquer sa tête.
« Moi j'ai très bien compris qu'il avait culbuté Melania et…
— Je ne te permets pas ! »
Arcturus Black avait bondi sur ses pieds aux mots de Barnabas, et s'était déplacé plus vite qu'un lynx jusqu'au frère de Melania pour le menacer de sa baguette. C'était une baguette en bois d'ébène, noir, dur et tordue. Elle était inflexible et terriblement instable.
« J'ai… beaucoup de… respect et… d'admiration… pour ta sœur… contrairement à toi, Macmillan ! siffla laborieusement Arcturus Black qui retenait toutes les malédictions les plus noires qu'il connaissait. Un sorcier qui lève une ceinture contre une sorcière a vraiment peu d'estime pour elle ! C'est un comportement de Bourbeux et c'est réduire une sorcière à…
— Répète un peu, Black ! s'emporta Barnabas.
— Tu te comportes comme un Sang-de-Bourbe avec elle !
— Tu préférerais que je lui lance des maléfices peut-être ?
— Essaie une seule fois de lever ta baguette sur elle et…
— Baisse ta baguette, Barnabas ! les coupa Sileas Macmillan. »
Il devait être horrifié de voir Barnabas tenir tête à un membre de la Noble et Très Ancienne Maison des Black, devant leur Héritier direct, qui en plus avait vu et dénoncé le comportement violent dont Barnabas avait usé contre sa sœur.
Barnabas baissa lentement sa baguette pour se retrouver seulement menacé par celle de son très futur beau-frère. Tomas prit sa décision au même moment.
« Je te remercie, Black, intervint-il en tendant la main à Arcturus Black qui ne la serra pas. Je n'avais pas vu Melania sourire de manière aussi sincère depuis des mois. J'imagine que tu as su l'écouter comme Barnabas n'a pas su le faire. »
Tomas n'avait pas beaucoup plus confiance en Arcturus Black, mais il pensait avant tout aux yeux à nouveau vivants de sa sœur, sans savoir qu'il n'y avait pas qu'Arcturus à l'origine de son regain de vie. La pique destinée à Barnabas et la mention de l'attention qu'Arcturus Black portait à Melania durent suffire à Arcturus pour accorder provisoirement sa confiance à Tomas Macmillan. Il baissa sa baguette en hochant la tête d'un geste sec.
« J'ai laissée parler Melania, confirma Arcturus Black en remettant un distance convenable et essentielle entre lui et les Macmillan. Melania a seulement besoin qu'on la laisse parler, insista-t-il. »
Melania avait dû se changer plus vite que d'habitude puisqu'elle toquait déjà à la porte. Elle ne perçut pas la tension entre les quatre hommes lorsqu'elle s'approcha d'Arcturus pour glisser sa main dans le creux de son coude en lui souriant avec sincérité. Sa robe d'une blancheur merveilleuse lui donnait l'air d'une mariée.
« Je vous mène à la salle-à-manger, Mr Black ? proposa-t-elle. Ma mère s'apprête à servir la dinde que nous avons farcie en début d'après-midi. J'espère que vous aimerez. »
Arcturus Black se contenta d'un hochement de tête.
Je l'ai déjà dit, il s'en remettait désormais à Melania.
À Melania qui sentait doucement son cœur se remettre à battre.
