Chapitre 9 : Où Tendresse caresse

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Singulier destin que celui de Melania Black.

Saviez-vous qu'elle fut enfin paisible durant ses quatre mois de fiançailles ?

Qu'elle respira librement ainsi protégée par la main de pouvoir d'Arcturus ?

Qu'aucun des membres de sa famille ne se serait risqué à contrarier ?

Dès lors qu'elle leur avait annoncé qu'elle avait choisi ce fiancé ?

Remarquez, à part les après-midi passées à organiser ce mariage face à un Arcturus extatique, contemplatif et silencieux, il y aurait peu à dire.

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Je vous l'ai dit, la peur happa Melania et elle ne vit plus l'amour sur l'instant.

Si Melania ne parla pas beaucoup durant ses fiançailles, elle n'en eut pas besoin pour montrer qu'elle était heureuse : elle resplendissait, à nouveau, enfin.

Pendant quatre mois, elle avait mis un soin particulier à préparer ce jour. Les cartons d'invitation, la robe qu'elle avait fait faire blanche et en dentelle de calais, le plan de table, le menu, le mage, les décorations… Elle avait tout choisi avec soin sous le regard amoureux d'Arcturus qui lui disait oui à tout. Il ne se passa pas un jour sans qu'il vienne la voir ou bien qu'elle se rende au 12, Square Grimmaurd.

Si Melania n'avait pas pensé à l'amour qu'elle avait commencé à développer pour Arcturus Black en lui disant oui, il ne s'éteignit cependant pas. Il était toujours là, mais un peu gelé. Elle regardait Arcturus toujours de la même manière, avec tendresse, attention et douceur, mais rien de plus. Peut-être pensa-t-elle qu'Arcturus était trop pudique pour oser faire plus que lui tenir la main et la lui embrasser tant qu'ils n'étaient pas mariés. C'est fort probable. Son regard pétillait quand ils étaient ensemble et c'était déjà bien compte tenu de ce que lui avait fait subir sa famille et John Swift.

Elle aimait Arcturus, pas passionnellement, mais au moins un peu. Et puis elle lui faisait confiance. Confiance pour la protéger, confiance pour être fidèle, confiance pour qu'ils parlent toujours ensemble. Elle pouvait vraiment construire quelque chose avec lui et fonder une famille. Le sentiment était simplement bloqué dans sa poitrine. La peur l'avait gelé. L'amour était là mais elle avait surtout besoin de confiance à présent.

Elle m'a peut-être menti. Peut-être la peur la tenaillait-elle toujours et ne s'autorisait-elle simplement pas à être amoureuse trop vite ou du moins à le reconnaître. Ou peut-être avait-elle peur de voir Arcturus s'enfuir si elle se montrait trop tendre ou entreprenante, comme avec Aristote Parkinson. Ou peut-être son orgueil n'a-t-il pas voulu m'avouer avoir aimé quelqu'un de fou sans en avoir connaissance.

Dans tous les cas, ce fut une journée spéciale.

On était en juillet. L'herbe des vergers avait été ou fauchée ou broutée par les bêtes. Les invités étaient tous là, sous le soleil qui avait miraculeusement percé les nuages écossais. C'était Sirius Black qui avait défini quelle serait la date du mariage après avoir consulté les planètes pour être sûr qu'il fasse beau ce jour-là. Et il avait eu raison.

Arcturus ne lâcha pas la main de Melania. Il avait trouvé sa princesse et la seule en qui il pouvait avoir confiance ; elle était devenue ses yeux et sa raison.

Il la contemplait avec une fierté absolue. Et Melania aussi était très fière de ce mariage qu'elle avait mis quatre mois à préparer.

« Vous êtes très belle, Melania, avoua enfin Arcturus, au bout d'une heure de valse.

— Vous êtes très élégant aussi, Arcturus », dit-elle enfin.

Elle aimait ce silence qu'il y avait entre eux. C'était calme et paisible. Elle était dans une bulle lorsqu'elle était avec lui. Et il semblait lui aussi être dans une bulle lorsqu'il était avec elle. C'est sans doute pour cela que tout le monde s'est émerveillé devant ce mariage d'amour.

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Hesper Black décida que la fête touchait à sa fin lorsqu'il fit noir dans le ciel. Les lanternes n'éclairaient plus assez pour qu'on puisse éviter les arbres fruitiers et une large partie des invités de la Maison des Black s'en était déjà allée. Il ne restait plus que les McKinnon, plusieurs fois cousins avec les Macmillan et qui vivaient dans le même village, et aussi les Black, bien sûr.

« Nous sommes très heureux de cette alliance, Mr Macmillan, lui assura Sirius Black pour engager les discussions de départ.

— Nous aussi, Mr Black, rampa une fois de plus Sileas Macmillan. Melania a été élevée d'une manière stricte et exigeante, elle est économe et…

— Nous connaissons Melania et son potentiel, Mr Macmillan, le coupa de sa voix grinçante Phineas Nigellus Black, le directeur de Poudlard et véritable patriarche de la Noble et Très Ancienne Maison des Black. Elle est des nôtres à présent. »

Melania souriait encore à Arcturus lorsque ses frères s'approchèrent d'elle. Barnabas restait toujours à un mètre d'elle depuis l'incident, mais Tomas n'en avait rien cru lorsqu'il avait été mis au courant par Barnabas lui-même. Il ne voyait que le sourire de sa sœur, et c'était seulement ce qui le rassurait.

« Melania, souffla-t-il en venant prendre ses mains.

— Oui, Tomas ? répondit-elle avec toute sa douceur.

— Je te souhaite tout le bonheur de monde », lui murmura-t-il avant de venir lui embrasser le front.

Il la serra contre lui et se rassura en entendant encore sa voix ronde de bonheur le remercier.

Une dizaine de minutes plus tard, les membres de la Maison des Black empruntèrent chacun leur tour le réseau de Cheminette. D'abord Phineas et son épouse. Puis dans l'ordre d'héritage : Sirius et Hesper, Arcturus et Melania, Regulus, Lycoris, Cygnus et Violetta, Pollux et Irma, Marius, Cassiopeia, Dorea, Arcturus et Lysandra, Callidora, Cedrella, Charis et enfin Mrs Elladora Black qui se contenta d'un sourire supérieur en direction des Macmillan.

Melania ne se rendit pas compte de tout le cercle cérémonieux dans lequel elle entrait. Cette mécanique était si bien huilée dans la Maison des Black qu'elle en était devenue naturelle et évidente. Elle laissa Arcturus les tirer dans le petit salon, persuadée qu'il ne réussissait plus à se retenir pour découvrir son corps. Elle étouffa aussitôt son pouffement impatient – car oui, elle désirait impatiemment être pleinement l'épouse de son mari – en voyant Arcturus se crisper de tout son être et s'asseoir sur l'un des fauteuils de la pièce. Il avait la respiration sifflante et il sursautait au moindre éclat de voix en provenance du grand salon par lequel les membres de sa famille entraient les uns après les autres.

« Arcturus ? » l'appela-t-elle en venant doucement s'agenouiller devant lui.

L'incompréhension la plus totale s'emparait de Melania. Elle savait qu'il était considéré comme étrange, bizarre et solitaire. Il aimait le calme. Mais jamais elle n'avait pensé que le bruit l'importunait autant.

« Tout va bien, Arcturus, je suis là », souffla-t-elle en dessinant de petits cercles avec ses pouces sur ses genoux.

Car oui, Arcturus avait prit sur lui comme cela ne lui était jamais arrivé, durant toute la soirée pour rester calme, se raisonner et ne pas entrer en crise. C'était bien pour cette raison qu'il n'avait pas lâché une seule fois Melania de la soirée. Il avait simplement besoin de croiser son regard et de sentir sa main dans la sienne pour savoir qu'il était lui aussi protégé. La main de Melania était pleine de ce pouvoir apaisant. Elle avait aussi une main de pouvoir, même si elle l'ignorait.

« Tout va bien, Arcturus », répéta-t-elle en se relevant doucement.

Elle essaya de s'asseoir à côté de lui, sur l'accoudoir du fauteuil, il l'attira pour la première fois contre lui et referma ses bras autour de son corps.

Elle n'avait pas été proche d'un homme de manière charnelle depuis environ cinq mois et à cet instant, elle ne désira plus seulement être l'épouse de son mari, elle désira être la femme de son homme : elle désira simplement qu'il lui fasse du bien.

Elle chercha sa joue rasée de près avec sa bouche et vint y déposer un baiser léger pour apaiser Arcturus et aussi pour lui montrer qu'elle voulait ce contact et qu'elle ne le craignait pas.

Arcturus se contenta de profiter de tout ce que Melania acceptait de lui offrir. Je vous l'ai dit, il lui laissait désormais toutes les décisions. Tout était entre les mains de Melania pleines de pouvoir.

Mais Melania manqua de rester dans l'incompréhension en voyant Arcturus ne rien faire pour l'encourager à part sourire doucement, fermer les yeux et rester immobile. Si elle n'avait pas eu quelques notions d'amour, pour sûr que leur mariage aurait tourné à la catastrophe. Ou bien Mrs Hesper Black s'en serait mêlée, et la gêne aurait été immense pour Melania.

Melania vint une nouvelle fois embrasser la joue d'Arcturus, un peu plus longuement cette fois. Il resserra un petit peu ses bras autour d'elle.

Peut-être auraient-ils passé la nuit ainsi, une nuit très lente, à se découvrir seulement la bouche, si Sirius Black n'avait pas ouvert la porte en appelant son fils.

Melania se remit aussitôt sur ses pieds, extrêmement gênée d'avoir été vue dans cette position par son nouveau beau-père.

« Vous êtes là, se contenta de dire Mr Sirius Black avec soulagement. Hesper, ils sont dans le petit salon, apprit-il à son épouse qui devait se trouver derrière lui. Melania, montez avec Hesper, elle vous montrera la chambre d'Arcturus qui est aussi la vôtre, à présent. J'ai quelques mots à dire à Arcturus avant de le laisser vous rejoindre. »

Ce que Sirius Black n'avoua pas, c'était qu'il avait cru qu'Arcturus était parti en crise et qu'il avait transplané loin d'ici avec Melania. Je vous l'ai dit, Sirius et Hesper Black n'étaient pas les meilleures personnes du monde. Ils avaient des mains avides de pouvoir. Melania avait seulement du pouvoir dans les mains.

« Melania, venez, ma fille », se réjouit Hesper avec le même soulagement que son époux.

Arcturus lui retint la main pour la lever à sa bouche et l'embrasser doucement. Elle croisa brièvement son regard amoureux et lui répondit avec un sourire lumineux :

« Je vous attends. »

Elle était déjà dans les escaliers quand Mr Sirius Black referma la porte du petit salon. Il dut rappeler deux ou trois choses à son fils pour sa nuit de noces, peut-être lui demanda-t-il aussi de parler avec Melania pendant l'union de leur corps. Car Sirius Black n'était pas idiot. Il ne savait peut-être pas tout ce qui se passait au 12, Square Grimmaurd au contraire de ce qu'il prétendait, mais il savait que ce n'était pas Arcturus qui avait pris de lui-même Melania sur ses genoux dans une pièce où tout le monde pouvait entrer. Il avait tort. En partie. Il a toujours sous-estimé son fils de toute façon.

Il était certain en tout cas que Melania n'était plus innocente. Le registre de Miss Selwyn, qu'il avait grassement payée, le lui avait bien dit. Mais ceci le rassurait d'une certaine manière, finalement.

« Votre chambre est au deuxième étage, en face de celle de Sirius et moi. Si vous avez le moindre souci, n'hésitez-pas à frapper, s'empressa de la mettre à l'aise Mrs Hesper Black. Attention, la chambre à côté est occupée par mon beau-père et son épouse. Vous vous souviendrez ? »

Melania n'osa pas lui dire qu'elle savait depuis sa deuxième venue ici quelle était la chambre de Mr et Mrs Sirius Black. Elle n'osa pas non plus lui dire qu'il n'y aurait aucun souci cette nuit parce qu'Arcturus et elle seraient bien occupés.

« Préparez-vous afin qu'Arcturus n'ait plus qu'à vous rejoindre. Bonne nuit », conclut abruptement Mrs Hesper Black.

Après l'instant de stupeur passé, Melania se détourna de la porte et s'avança au milieu de la pièce. Le lit était fait avec les draps de son trousseau, jaune et vert. Ses malles avaient été vidées et leur contenu rangé dans l'une des deux armoires de la pièce. Elle hésita à ouvrir la penderie d'Arcturus, juste par curiosité puis le fit. Il n'avait que des robes noires, en velours, brodées ou simplement en flanelle. Tout était rangé impeccablement, au millimètre près. Ceci l'amusa et elle se promit d'ajouter elle-même des broderies de couleur aux poignets de ses manches.

Elle se déplaça dans la pièce, impatiente et hésitante à la fois. Elle n'était plus vierge, elle le savait, et elle craignait qu'Arcturus s'en rende compte. Sa mère lui avait vaguement conseillé de se tortiller sous lui au moment crucial comme si l'instant était désagréable, et de surtout attendre qu'il lui dise quoi faire de bout en bout. Mais Melania n'était pas sûr d'abord de pouvoir retenir les envies de son corps, et ensuite que ce serait judicieux. Parce qu'il semblait vraiment attendre qu'elle vienne à lui.

Elle sauta sur ses pieds et laissa les draps verts et jaunes derrière elle pour s'avancer vers Arcturus, à l'entrée de leur chambre.

Il semblait si tendu et inquiet qu'elle se demanda un instant ce qu'avait pu lui dire son père. Elle s'arrêta au milieu de la pièce pendant qu'il fermait la porte à clé derrière lui avec plusieurs sortilèges. Elle distinguait vaguement les muscles de son dos et de ses bras rouler sous la robe et elle avait envie de les voir et de les toucher.

Arcturus se retourna lentement vers elle. Il la détailla sans sourire, sans même essayer de faire son sourire tremblant et instable. Il était plus dans l'évaluation et elle se sentit faire un pas en arrière. Qu'est-ce que lui avait dit son père ?

« Vous allez bien Arcturus ? » demanda-t-elle avec incertitude.

D'abord cette panique dans le petit salon, ensuite cette tension dans leur chambre…

« Tu… Nous sommes en tête à tête, tu… » murmura-t-il en se remettant à essayer de sourire.

Melania refit un pas vers lui avec soulagement. Il était simplement impatient et inquiet de sa réaction. Il la contempla encore et elle en fit de même.

Puis ils se fixèrent dans les yeux de longues secondes qui parurent durer des heures à Melania. Pourquoi ne venait-il pas à elle ?

« Arcturus, tu… tu viens ? demanda-t-elle en faisant un pas de plus vers lui.

— Tu peux rester là », l'interrompit-il en faisant un pas en arrière.

Il était dos à la porte, loin d'elle, et elle se demanda un peu plus ce qui lui prenait.

Si elle n'avait pas eu d'autres expériences avant lui, elle n'aurait rien comparé et tout lui aurait paru normal. Là, elle était un peu plus déstabilisée.

« Tu peux te déshabiller, finit-il par lui demander en rougissant comme un enfant.

— Ne veux-tu pas le faire ? » s'étonna-t-elle sans pouvoir se retenir.

Il secoua négativement la tête, et elle s'étonna un peu plus de son attitude.

Puis elle se retourna et entreprit de dénouer sa robe de mariée. Le lien était magique, aussi ce fut fait sans difficulté. Ce fut plus fort qu'elle, elle ne pensa plus aux recommandations de sa mère et à ses propres craintes lorsqu'elle fut coquine à laisser doucement sa robe glisser le long de ses épaules, sa poitrine, son ventre, sa taille et ses jambes, puis à l'enjamber d'un pas souple sur le côté. Elle écouta une quelconque réaction chez Arcturus, mais elle n'entendit rien. Elle tourna la tête vers lui en fronçant les sourcils.

Il la fixait, elle et sa légère tunique de soie qui cachait à peine son bustier et ses dessous en dentelle. Ses yeux étaient écarquillés et son visage écarlate. Mais…

Il avait certes été très respectueux et chaste avec elle jusqu'à maintenant… mais il avait vingt-trois ans. Jamais elle n'aurait prétendu…

« Arcturus ? demanda-t-elle avec hésitation.

— Tu n'enlèves pas le reste ? » demanda-t-il sans cesser de la détailler avec curiosité et fébrilité.

Elle attrapa un court instant son regard grisé de désir et d'envie et se rassura au moins sur ce point.

« Veux-tu que je garde quelque chose ? » demanda-t-elle avec hésitation.

Elle préférait ne pas être vêtue mais sa mère lui avait dit que les époux…

« Est-ce nécessaire ? demanda-t-il avec concentration en fronçant les sourcils.

— Seulement si tu le veux.

— Tu peux tout enlever », la pria-t-il.

Elle le vit passer sa langue sur ses lèvres pour les humidifier, ses paupières cligner démesurément vite, puis ne plus cligner du tout. Son torse se soulevait rapidement, ses bras et ses mains tremblaient de chaque côté de son corps. Enfin une vraie réaction. Enfin du désir.

Elle s'assit sur leur lit, dénoua les boucles de ses escarpins et fit glisser ses bas sans lâcher Arcturus des yeux. C'était un plaisir nouveau pour elle, pouvoir prendre le temps de contempler son homme la désirer alors qu'elle se déshabillait. C'était merveilleux de le voir perdre le contrôle de lui-même et être parcouru de spasmes comme s'il se retenait du moindre geste. Lorsqu'il ne lui resta plus que sa culotte en dentelle, elle se releva et resta devant le lit, debout, et elle le contempla à son tour.

Il avait les yeux fixés sur sa poitrine menue et ronde. Elle en fut amusée et légèrement inquiète. Elle n'avait jamais été contemplée par un homme avec autant d'insistance et d'application. Aristote en avait à peine vue, John avait préféré la toucher, Alexander l'embrasser.

« Je te plais ? demanda-t-elle avec hésitation. »

Elle était bien moins confiante que tout à l'heure mais plus intimidée que mal à l'aise.

« Je m'emploie à te lire, bafouilla Arcturus. À te retenir… à te compr… à te regarder parce que tu es belle, réussit-il à dire en secouant fébrilement la tête.

— Merci », souffla-t-elle en souriant timidement.

Elle attendit encore, en se sentant rougir sous son regard qui passait méthodiquement sur toute sa peau.

« Je commence à avoir froid », avoua-t-elle en frissonnant.

Il tira sa baguette de sa manche et lança un sortilège de réchauffe pour la plus grande perplexité de Melania.

« C'est mieux ? » s'inquiéta Arcturus en jetant un autre sortilège pour attiser les flammes de la cheminée.

Elle pensait ne pas avoir été si subtile pourtant. La gêne commençait à se faire sentir et elle se demandait de plus en plus si Arcturus n'était pas plus qu'un peu bizarre.

Melania se résolut à venir à lui. Elle le fit poser sa baguette sur une commode, et décrocha sa cape pour la poser négligemment sur le fauteuil. Il cessa aussitôt de s'agiter pour la fixer longuement.

« Je suis ta femme, Arcturus, tu peux me parler et me toucher », lui dit-elle doucement.

Elle le lui dit doucement parce qu'elle était douce et aussi parce qu'Arcturus semblait vraiment perdu. Les traits de son visage s'immobilisèrent, se crispèrent puis se défirent lentement.

« Arcturus ? s'inquiéta-t-elle en posant ses mains à plat sur son torse.

— Je ne veux pas te faire mal, je… bredouilla-t-il en venant poser ses mains sur les siennes. Pollux dit que ceci peut faire mal et… Je ne veux pas…

— Mais tu ne vas pas me faire de mal, l'interrompit-elle en se rapprochant de lui. Si nous en avons envie et que nous prenons notre temps, en douceur…

— Tu es certaine ? l'interrompit-il à son tour avec réticence. Pollux est marié depuis cinq mois, il sait… il… »

Melania se demanda vaguement ce que Pollux avait pu raconter de si horrible ou s'il avait voulu parler de cette première fois qui était certes moins facile que les autres mais certainement pas douloureuse. Du moins, la sienne ne l'avait pas été. Irma lui en dirait peut-être autre chose.

Et elle se retrouva à rassurer Arcturus, chose qu'elle n'aurait jamais imaginé devoir faire, mais qu'elle prendrait l'habitude de faire quotidiennement au fil des années.

Il finit par la laisser défaire les boutons de sa robe de cérémonie et par enfin toucher sa peau nue. Alors, elle osa avancer sa bouche vers la sienne, et doucement, déposer ses lèvres contre les siennes. Ce fut chaud, doux et tendre, comme Melania en avait rêvé depuis des semaines. Et ceci sembla détendre totalement Arcturus qui reprit pendant un moment sa vie en main, et se concentra uniquement sur Melania, non plus dans l'attente des décisions de son épouse, mais pour partager quelque chose avec elle.

Il perdit à nouveau toute allégresse lorsqu'il se retrouva nu au-dessus d'elle sur leur lit. Il resta appuyé sur ses mains à la contempler sans plus oser la toucher ou l'embrasser.

Alors elle fit tout. Elle le guida d'abord, sans lâcher sa bouche de la sienne et elle en avait tant envie qu'elle fut incapable de retenir les soupirs de bien-être qui la traversèrent lorsqu'elle se sentit enfin l'épouse de son mari. Arcturus paniqua encore, mais Melania n'était plus apte à patienter.

Il la laissa définitivement tout diriger.

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