Rogue transplana. Son coeur battait à tout rompre. Il n'avait jamais prié mais en ce moment il en était sérieusement tenté. Dumbledore, vous êtes mieux d'avoir réussi... Lorsque Queudver l'apperçut, il sursauta, ce que Rogue prit pour un bon signe. Rogue lui lança des regards noirs et lui grogna. " Où est le garçon ? "
" Il... il n'est pas là. " cria Pettigrew d'un cri aigu.
" Quoi ? " Le visage déformé par la colère, Rogue louangeait Dumbledore. Cet homme ne cessera jamais de m'étonner. Maintenant il ne lui restait plus qu'à se garder en vie.
Queudver vascilla au regard de Rogue. Même s'il avait été puni sévèrement pour son dernier échec, Severus Rogue avait regagné rapidement sa position habituelle dans la hiérarchie des Mangemorts : troisième. Juste après Lucius Malfoy et Voldemort lui-même. Sa froideur et son efficacité lui ont permis de le faire dans un incroyable cours laps de temps. Il savait que beaucoup de ses confrères Mangemorts le méprisaient pour cela, mais personne ne concoctait des potions aussi facilement, aussi rapidement et aussi parfaitement que lui et peu pouvaient tuer sans pitié, même s'il évitait de le faire le plus souvent possible. Encore une fois, il avait prouvé que le Seigneur des Ténèbres était partisan de la cruauté et favorisait tout particulièrement ceux qui agissaient sans aucune émotion.
Queudver par contre, misérable et piteuse créature qu'il était, venait de découvrir qu'un être sans émotions n'était pas nécessairement sans fureur.
" Eux.. les Dursley sont partis... Severus " murmurra Queudver.
" Ne m'appele pas comme ça. " répliqua-t-il hargneusement. " Où ? "
" Je ne sais pas... "
" Tu ne le sais pas ? " rédiculisa Rogue.
" Qu'est-ce qu'il ne sait pas ? " Lucius Malfoy venait de transplaner dans la pièce et avait entendu la dernière phrase. Rogue se tourna lentement vers son vieux camarade de classe et laissa l'irritation et la colère monter en lui. " Les gardiens de Potter sont partis. Et le garçon aussi. " répliqua-t-il.
Queudver croula à nouveau sous la fureur que dégageait Malfoy. Rogue se contentait de se tenir à ses côtés sans le moindre signe de peur. C'était en quelque sorte sa marque de commerce. Personne ne l'avait jamais soupçonné car il n'avait jamais montré un quelcontre signe de peur ou de faiblesse, même devant Voldemort. Ou, du moins, pas plus qu'il ne devait en montrer dans un cas particulier.
" Tu as perdu Potter ? " demanda Lucius.
" Ils ont dû partir hier. " chuchota Queudver. " Je ne les ai pas vus partir... "
Rogue regarda Lucius qui était bouche-bée. C'était l'une des rares fois où il voyait le mieilleux Serpantard à cours de mots. Il savait que l'esprit de Malfoy tranvaillait anxieusement afin de trouver un moyen d'enlever le blâme de ses épaules, lui, le Mangemort le plus haut placé assigné à cette mission.
Pendant ce silence, d'autres Mangemorts apparaissaient : Crabbe, Goyle, Nott, Macnair et Avery. Ils dévisageaient Malfoy, Rogue et le tremblant Queudver, sachant que quelque chose n'allait pas, mais effrayés de le demander. Alors que la tranquillité commençait à s'installer, Queudver parla, prenant sans doute le silence de Malfoy pour de l'hésitation.
" Pitié, s'il vous plait... je ne pouvais rien fai... "
" Crucio ! " Rogue ne lui dit même pas de se taire. Il leva seulement sa baguette et jeta le sort sans toute la colère ou la jubilation que les autres auraient démontrées. C'était du " Rogue le Mangemort " tout craché, mais c'était douloureux pour lui, même en détestant Queudver, et s'il se l'était permis, aurait peut-être regretté ce qu'il venait de faire. Il l'avait tellement souvent subi qu'il ne le souhaitait à personne. Mais dans les circonstances...
Plusieurs frisonnaient silencieusement alors que Queudver se tordait au sol, hurlant de douleur. Queudver subissait le sort encore plus longtemps que Malfoy le lui aurait fait souffrir. Finalement, Malfoy se râcla la gorge.
" Severus... vous allez réveiller le voisinage. " dit Lucius avec plus d'amusement que de réprimandes dans la voix.
Rogue lui lança des regards noirs et attendit un quart de seconde de plus avant de libérer Queudver du sort. " Depuis quand est-ce que ça me préoccupe ? "
En deux pas, il rejoignit Queudver. Rogue l'attrapa par l'épaule et remit sur pied le Mangemort gémissant. Il le poussa plus loin, et cracha ses mots avec mépris. " Allons-y Queudver. "
" Où... ? " sanglota-t-il.
" Tu vas aller raconter à notrre Maître ton échec. "
" Non... "
Rogue attrapa le visage de Queudver et lui souffla directement ces mots dans le visage. " Oh, oui. Certainement. Ton échec, ton explication. Est-ce que tu veux vraiment argumenter avec moi ? "
" Non... ! "
Abruptement, il se défit du Mangemort tremblant. " Devrions-nous, Lucius ? "
" En effet. " Malfoy ne semblait pas heureux, mais approuvait, du moins. " Vous allez tous nous accompagner. "
Des murmures se firent entendre, mais ce n'était pas des murmures de déappropation. La seule personne qui osait contredire Malfoy était Rogue, et c'était celui qui l'avait proposé donc... De toute façon, personnellement, le Maître des Potions de Poudlard n'éprouvait aucune pitié pour aucun d'eux : ils avaient choisi Voldemort. Ils pouvaient s'arranger avec son inévitable perte de contrôle.
Quelques heures plus tard, Rogue se retrouva seul avec Voldemorrt, une situation qu'il n'appréciat pas tout particulièrement. Il tremblait un peu, mais se contrôlait. La douleur n'était pas comparable à ce qu'il avait enduré auparavent. Ce qu'il avait subi aujourd'hui était extrêment infime comparé à ce qu'il avait expérimenté le jour auparavent, lorsqu'il avait fait échouer, subtilement, le plan pour convaincre Dumbledore de se diriger dans un piège du Seigneur des Ténèbres. Voldemort n'espérait évidement pas le succès de cette demande, mais la punition n'avait pas été moindre. En fait, Severus se demanda même si ça n'avait pas été pire.
Le Seigneur des Ténèbres avait libéré les autres : la plupart était des incompétents, et Lucius devait découvrir où était Potter. Queudver, évidemment, gisait finalement inconscient sur le plancher à environ dix mètres de Voldemort et son serviteur. Même s'il n'éprouvait aucune pitié pour lui, Rogue savait que l'étât dans lequel il gisait ainsi que ce qu'il avait subi étaient une bénédiction en comparaison avec sa propre expérience vingt-quatre heures auparavent.
" Dumbledore... " tenta doucement Voldemort. " Comment supposez-vous qu'il le savait, Severus ? "
" Je n'en suis pas sûr, Maître, " répliqua attentivement Rogue. " Mais je pense qu'il a reçu une lettre de Potter... " Il pointa Queudver de la tête avec un air méprisant. " Cet imbécile ne fut pas aussi prudent qu'il l'aurait dû. " Merci Merlin.
C'était une excellente chose que Dumbledore lui ait montré la lettre que Remus Lupin lui avait envoyée, celle dans laquelle Harry avait raconté à Black ses soupçons... Heureusement, comme le directeur lui avait dit, ça lui donnait un avantage pour mettre le blâme sur Queudver.
" Je vois... " Rogue attendit silencieusement que Voldemort continue, et se concentrait à contrôler sa respiration et à apparaître aussi normal que n'importe quel Mangemort loyal et dévoué aux plans de son maître. Il ne s'en faisait pas particulièrement pour sa propre sécurité – il savait qu'éventuellement il serait découvert, et était également convaincu qu'il mourrait alors en agonie – mais il était préoccupé à propos de la trahison. Sa propre trahison. Ayant renié Voldemort pour la cause de Dumbledore il y a très longtemps, il ne pouvait qu'avoir peur de toute l'information que le Seigneur des Ténèbres pourrait lui torturer. Et il ne pouvait qu'espérer faire du mieux qu'il pouvait et aider Dumbledore pendant qu'il était encore en vie.
" Donc il est à Poudlard. "
" Non, Maître. " répliqua honnêtement Rogue. " Il n'était pas là quand je suis parti, et je doute qu'il y soit maintenant. Dumbledore n'est pas allé le chercher lui-même. Il est présentement en réunion avec le Ministre de la Magie. Je ne pense pas que Potter est avec lui, Maître. "
" Où est-il, alors ? "
Rogue frissonna au contact des deux yeux rouges qui le fixait et étudia intensément le bout de ses bottes. " Je ne sais pas, Maître. "
Voldemort siffla alors que Rogue se prépara à la douleur qui ne vint pas. " Retourne à Poudlard. Apprends tout ce que tu peux de cet amoureux des Moldus lorsqu'il reviendra. "
" Oui, Maître. "
" Dumbledore a toujours confiance en toi, Severus ? "
" Sans aucun doute, Maître. " rétorqua Rogue. Il émit un sourire méprisant et dit d'un ton à la fois de dégoût et d'amusement. " Il croit que je suis un nouvel homme. " Voldemort ria et Rogue était heureux qu'il ne puisse pas lire dans ses pensées. Je suis un nouvel homme. " Bien... excellent... " souria le Seigneur des Ténèbres. " Lucius m'a dit que vous étiez un tantinet trop enthousiaste avec Queudver ce soir ? "
Rogue baissa la tête. " Je ne vis que pour vous servir Maître et je suis déçu lorsque les autres ne le font pas. "
" Très bien. " Il ria encore tout bas. " Va-t'en. "
Rogue s'agenouilla pour embrasser le pan de la robe de Voldemort et se retira.
***
"Harry ?"
Sirius se pencha vers son filleul espérant qu'il ne faisait pas encore nuit dehors et sachant qu'ils devaient partir très bientôt. Ils avaient passé la nuit dans un hôtel moldu après avoir transfiguré leurs vêtements en ceux de moldus et leurs balais en d'innocentes valises. Fuir la loi avait aidé Sirius à respecter solonellement, car il avait acquis une forte connaissance en elles, les lois et habitudes du monde "normal" pour ne pas se faire repérer. Il aurait même très bien pu utiliser un téléphone ou aurait pu agir sans laisser croire à Vernon Dursley qu'il était un sorcier.
Ça lui avait également appris que la rapidité de réaction ou d'action pouvait très bien faire la différence en la liberté ou la prison, ou encore, dans ce cas, la vie ou la mort. Gentiment, il secoua à nouveau le garçon.
"Harry ?"
"Mmm ?"
"Il est temps de te lever. Nous devons partir."
Soudainement les yeux d'Harry s'ouvrirent. "Sirius ?"
"Oui." Il souria.
"Je pense que j'ai rêvé que tu venais me chercher… mais je suppose que ce n'était qu'un rêve ?" Harry souria et s'assis dans son lit. "Le visage qu'avait tante Pétunia lorsque tu as rapetissé le téléphone…"
Sirius souria. "J'ai pensé faire rapetisser ton cousin aussi, mais je me suis rendu compte que c'était plutôt un service à lui rendre."
Ils s'esclafèrent et après un long moment, Harry redevient calme. "Est-ce que je peux te poser une question Sirius ?"
"Bien sur."
"Est-ce que tu les aurais vraiment tués ? Les Dursley je veux dire ?" lui demanda-t-il sérieusement.
Sirius savait que cette question allait venir. Heureusement par contre, la vérité était celle que Harry voulait et avait besoin d'entendre. "Non." Répondit doucement Sirius. "Je ne pouvais pas t'enlever la seule famille qu'il te reste. Même s'ils sont aussi misérables et dégoûtants que les Dursley."
"Oh. Je suis content d'entendre ça."
"C'est parce que tu es mieux qu'eux." Leurs regards se croisèrent et Sirius ne le lâcha pas des yeux."Je suis capable de tuer Harry, mais pas sans bonne raison. Par contre, je ne les laisserai pas te faire du mal."
"Merci." répondit doucement Harry.
Harry demeura silencieux pendant un long moment et Sirius le regarda avec appréhension et inquiétude, effrayé que quelque chose lui échappe, ou encore pire : qu'il y ait vraiment de très bonnes raisons d'éloigner les Dursley de la vie de Harry. De manière permanente. Il s'asseya au côté de son filleul sur le lit. "Est-ce que ça va aller ?"
"Oui oui."
"Et à propos de ceci ?" demanda-t-il en pointant l'évidente ecchymose sur la joue droite de Harry.
"Ce n'est rien. Pas grand chose." Harry haussa les épaules. Sirius l'étudia consciencieusement, et réalisa que Harry ne lui mentait pas. Il ne pensait vraiment pas que c'était quelque chose de grave.
"Est-ce qu'il te frappe souvent ?" lui demanda-t-il tranquillement.
"Parfois." lui admit Harry. "Seulement lorsque je le fais enrager."
Une pensée affreuse martelait l'esprit de Sirius. "Tu sais que ce n'est pas correct ? Tu réalises que ce n'est pas ce qu'une famille est normalement, hein Harry ?"
"Oui." lui répondit-il doucement. "Je veux dire, je pense que oui. Je n'ai jamais vraiment eu une famille… normale."
La tristesse contenue dans la voix du garçon serra le cœur à Sirius. Il n'est qu'un enfant… Inconsciement, Sirius enveloppa les épaules de Harry avec son bras droit. Harry se raidit et Sirius, inquiet, le regarda. "Je ne vais pas te faire mal Harry." chuchota-t-il. "Je ne te ferai jamais aucun mal."
"Je le sais." Ses grands yeux verts le regardèrent doucement et étaient chargés d'émotion. "Je ne suis juste pas habitué à… tu sais… les gens qui me serrent dans leurs bras."
Non je le sais pas. Je ne le sais pas comme toi. Sirius hésita pendant un instant avant de lui demander, mais il devait le faire. "Est-ce quelqu'un l'a déjà fait ?"
Harry relaxa tranquillement et posa sa tête sur l'épaule de Sirius. "Une fois." murmura-t-il. "Mrs. Weasley, après le Tournoi des Trois Sorciers."
"Oh Harry…" Sirius se tut, incapable de prononcer autre chose. Il enveloppa ses deux bras autour de son filleul et le serra très fort. Il entendit le chagrin dans sa voix et sut qu'il y avait des démons incontournables qui hantait son passé Peu importe la force qu'avait Harry Potter, il sera toujours hanté par le retour de Voldemort et tout ce qui s'était passé ce jour là. Pire, Harry avait vécu tout l'été seul, séparé de ses amis ou de ceux qui pourraient le comprendre. Faire face à tout cela et essayer de s'en tirer, avait, sans aucun doute, été encore plus difficile pour lui. Sirius savait que Dumbledore avait parlé avec Harry en long et en large de ce qui s'était passé. Il avait réussi à le convraincre presque totalement que la mort de Cédric Diggory n'était pas de sa faute. Mais il savait que Harry allait toujours sentir la douleur d'une mort qu'il ne pouvait prévenir. Il savait trop bien qu'il existait des cicatrices que presque personne ne pouvait voir.
Pendant un long moment ils restèrent assis ensemble, silencieux, et enlacés. Harry ne pleurait pas. Sirius n'avait pas pensé qu'il le ferait, mais il sentit de la tension et un poids qui disparaissaient, et sentit Harry réellement relaxé, ce qui était probablement la première fois depuis des mois. Sirius ne sut jamais combien de temps ils passèrent ainsi avant qu'Harry parle.
"Tu sais," dit-il doucement, "les Dursley ne sont pas ma seule famille."
" Qu'est-ce que tu dis ?" Sirius le regarda intensément, incrédule.
"Tu es là."
Note de l'auteur : Bonjour à tous! Je suis extrèmement désolée pour cet énorme retard. Je vais essayer de vous poster un chapitre aux 2 semaines maximum. J'espère que vous avez apprécié ce chapitre et j'attends vos reviews avec impatience !
