Chapitre onze : Le rire est le meilleur remède

On pouvait entendre des mots à peine audibles provenant de l'intérieur, alors que Minerva McGonagall ouvrit la porte de la salle des professeurs. Elle espérait avoir un peu de paix et de quiétude avant sa partie d'échec hebdomadaire avec le directeur – la seule chose à laquelle elle était certaine d'avoir une chance de le battre – mais il semblait que son voeu ne serait pas exaucé.

"Je ne peux pas croire que tu as fait ça, Sirius," disait Remus Lupin, alors qu'elle entrait. "Je sais que tu as toujours blagué à propos des chiens qui chassent toujours les chats, mais je n'aurai jamais cru que tu le ferais pour de vrai !"

"Tu aurais du t'en douter," répliqua Black d'un air suffisant.

Minerva referma la porte et les deux professeurs se retournèrent la tête en direction du son. De la culpabilité et de l'amusement s'affrontèrent sur les deux visages, mais il en résulta finalement une semi-forme d'embarras. Sirius, nota-t-elle, regardait la pièce rapidement comme s'il calculait les possibilités d'issues, mais Minerva bloquait la seule porte. Ses grands yeux bleus revinrent finalement sur elle, avec, ce que ses amis appelaient son petit air de chien battu – Cette description s'avère de circonstance plus que ne l'aurais jamais imaginé, pensa-t-elle. Minerva le laissa languir un moment avant de parler d'un air sévère.

"Ne me donnez pas ce regard suppliant, Mr. Black ! Vous devriez avoir honte de vous-même. Vous comporter de la sorte devant l'école tout entière. Mais à quoi avez-vous pensé ?" demanda-t-elle.

"Eh bien, j'admets que je ne pensais pas," répondit Sirius.

"Mais bien sur que vous ne pensiez pas !" rétorqua Minerva. "Vous êtes un professeur maintenant pour l'amour de Merlin ! Vous devez apprendre à agir en tant que tel, du moins ici, même si vous êtes encore un maraudeur adolescent dans votre coeur !"

Sirius haussa les épaules sans le moindre signe de regret. "Ça me semblait amusant à ce moment-là."

McGonagall le regarda attentivement. Elle n'avait pas revu Sirius depuis la mort de Lily et James, mais il n'avait pas changé une miette ! Il agissait encore sans penser une minute aux possibles conséquences, et sautait encore la tête première dans la mare aux canards sans même en regarder la profondeur. Il n'avait pas vieilli du tout. Et l'engueuler ou lui crier après n'allait certainement pas changer quelque chose. Après tout, cette méthode n'avait certainement jamais fonctionné auparavant. Soupirant, elle se laissa tomber dans un fauteuil qui faisait face à celui où Lupin et Black étaient installés. "Tu ne vas donc jamais vieillir," murmura-t-elle, défaite. "Peu importe ce que je vais faire de toi ?"

"Vous devriez essayer d'en rire Minerva," dit une voix provenant d'un autre fauteuil. Celui-ci faisait face à la cheminée et son dossier était assez haut pour cacher son occupant, mais elle aurait pu reconnaître cette voix n'importe où.

"Albus !" dit-elle sèchement. "Vous avez entendu ce qu'il a fait !"

Dumbledore se leva et se retourna vers eux, les yeux pétillants. "Oui, en effet, et il se trouve que j'ai trouvé cela particulièrement amusant," répondit-il. Il prit une chaise à ses côtés en souriant. Minerva lui lança un regard furtif à cette phrase, mais le directeur continua avant qu'elle n'eut la chance de parler. "Ce dont je suis curieux de savoir, par contre, est ce qui l'a poussé à le faire." Il se retourna. "Sirius ?"

Le professeur de métamorphose marmonna mécontente, "Parce qu'il pensait qu'il pourrait s'en sortir sans problèmes, voilà pourquoi."

Sirius éclata de rire. "Il est vrai que le fait que vous ne puissiez pas me donner de retenue ne m'a pas échappé," admit-il. "Et peut-être aussi pour prouver que j'étais encore capable de le faire." À ce moment, Lupin lança un rapide regard inquiet en direction de son ami que Minerva ne comprit pas, mais Sirius continua.

"La raison principale, par contre, provient de l'atmosphère, ici, à Poudlard." Sa voix se fit soudainement sérieuse. "Depuis les quatre derniers jours, nous avons fait un remarquable travail en convainquant les jeunes que le monde avait changé. Ils commencent à comprendre ce à quoi nous voulons les préparer, ce qui est excellent car ils doivent être prêts."

"Toutefois, puisqu'ils le comprennent, ils sont devenus très sérieux dans leurs études – trop sérieux. Ils sont en train d'oublier de s'amuser, et nous en oublions quelques-unes des facettes les plus importantes de l'éducation à Poudlard : l'amitié et la jeunesse. Le rire est un bon remède. Ils ont besoin d'une pause."

Minerva le regarda fixement, stupéfaite, mais ne manqua pas le signe de tête approbateur de Dumbledore. Lupin aussi souriait tendrement à son ami. "Eh bien, ce n'était certainement pas ce à quoi je m'attendais," dit-elle honnêtement. "Il semble que je doive retirer ce que j'ai dit Sirius. Tu as vieilli. Le temps a finalement réussi à le faire."

"Douze ans à Azkaban ont réussi," répliqua-t-il avec acharnement. Ses yeux s'assombrirent et se hantèrent. Elle n'avait jamais vu cet air auparavant chez lui.

"Je suis si désolée," dit rapidement Minerva. Elle se sentait terriblement mal. Bien évidemment que douze ans dans cet affreux endroit changeait quelqu'un, même s'il était innocent. On pouvait brièvement lire de la douleur dans les yeux du jeune homme. Elle commença, "Je ne voulais pas te faire remémorer – "

D'un signe de la main, Sirius fit taire ses excuses. "Ça va," répliqua-t-il. "Je ne fais plus d'aussi mauvais cauchemars maintenant."

À ses côtés, Remus arborait le même regard concerné qu'il avait eu quelques minutes auparavant, qui faisait maintenant beaucoup de sens. Sirius avait vécu avec lui avant le début du semestre, et, si quelqu'un pouvait savoir à propos de ses souvenirs, ou encore de la façon dont ses expériences lui étaient encore blessantes, c'était Remus. En ce moment toutefois, Sirius montrait un visage rassurant à Remus. Ces mots non-dits étaient clairs, même pour que Minerva les comprenne – Je vais bien, disait-il. Son regard hanté se dissipa et il sourit.

"De plus," dit-il sur une note plus légère, "même si la majorité des étudiants croit en mon innocence, ça ne peut pas nuire de réaffirmer mon image à leurs yeux. Après tout, je doute que plusieurs meurtriers insensibles courent dans un château déguisé en chien, en essayant de fuire la colère de l'incroyablement menaçante professeur de métamorphose de Poudlard ! " Tout le monta rit. C'était en effet bien dur à imaginer.

"C'est facile à dire pour toi !" répliqua-t-elle un sourire aux lèvres. "Tu n'étais pas la chatte qui a été surprise et pourchassée par un énorme chien qui avait l'air d'avoir faim ! Je n'ai jamais été aussi traumatisée de ma vie !"

Cette fois-ci, il fallut encore plus de temps avant que les quatre professeurs contrôlent leur fou rire. N'importe quel étudiant qui aurait aperçut la scène (ce qui heureusement leur était présentement impossible) aurait cru qu'ils étaient devenus tous fous. Dumbledore avait passé très près de tomber de sa chaise mais c'était rattraper à temps, Lupin essayait désespérément de reprendre son souffle, Black essayait de grogner comme un chien entre deux bouffées d'hilarité mais n'était que très peu convaincant, et McGonagall elle-même s'étaient presque évanouie tellement elle riait de bon coeur. Remus réussit finalement à parler.

"Oh, je ne sais pas," dit-il à Minerva. "Ça va peut-être porter atteinte à ta réputation !"

"Ça j'en doute," ricana-t-elle. "Tous les étudiants parlent encore du culot et du courage que ça prend pour faire ça à ton ancien professeur. Sans compter toutes les filles qui t'ont fait les yeux doux très explicitement, et qui chuchotent entre-elles à propos de ton joli minois et qui te trouvent séduisant Sirius. Après que tu sois retourné sous ta forme humaine, j'imagine."

Black avait l'air horrifié, mais Lupin avait l'air de s'en réjouir. Mais avant qu'il ne puisse taquiner son ami à ce sujet, Minerva continua malicieusement. " Et ces mêmes filles Remus, ne tarissent plus d'éloges pour dire à quel point tu avais été héroïque lorsque je t'ai pris au piège !" déclara-t-elle. "À vous deux seulement, vous avez donné de quoi rêver à la population féminine de Poudlard jusqu'à ce qu'elles atteignent mon âge !"

Elle pensa qu'Albus allait s'étouffer de rire en avalant la cuillère de sucre qu'il venait de prendre.

Remus semblait terrifié. "Oh, non..."

"Mais qu'est-ce que j'ai fait ?" murmura Sirius, se laissant tomber la tête dans les mains. Pendant un court instant, Minerva fut effrayé qu'il soit malade et qu'il n'aille vraiment pas bien.

Elle les laissa mijoter cela encore un moment, puis elle fit un sourire espiègle à Dumbledore qui lui retourna. Aucun des jeunes professeurs ne le remarqua ; ils étaient tous les trop préoccupés. Chaque mot était vrai évidemment. Elle avait marché dans les corridors tout l'après-midi et on ne parlait que de la blague de Sirius. Il avait certainement attiré l'attention de tout le monde, pensa-t-elle, donc il méritait toutes les sortes de conséquences qui venait avec ça.

"En parlant de choses que tu as faites," continua-t-elle vivement, "qu'est-ce qui t'a poussé à lancer ces deux bombabouses de toute façon ? Je n'allais pas réellement faire mal à Remus, tu sais, et puis maintenant je ne serai jamais capable de faire disparaître cette atroce odeur sur ces robes-là !"

Sirius lui lança un regard, qui devina-t-elle, était supposé être chevaleresque. Il entoura les épaules de Remus avec un bras et souria. "Je ne pouvais pas laisser un ami dans le besoin."

"C'est ça que vous appellez de l'amitié ?" ricana-t-elle. "Et bien, je suppose donc que vous vous méritez l'un l'autre. Tu as sans aucun doute gagné le coeur des étudiants en un temps record, Sirius." Minerva lui souria gentiment.

"Si tu continues comme ça, tu seras bientôt le prochain Gilderoy Lockhart !"

***

Une semaine plus tard, l'hilarité générale avait disparue, mais Sirius était rapidement devenu le professeur favori de tout le monde. Évidemment, les Serpentards se plaignaient sans cesse, mais encore, ils avaient eu parfois de la difficulté à trouver quelque chose de potable. Malfoy avait tout d'abord essayé de faire valoir à quel point le professeur Black était non-professionnel et immature, mais à mesure que les leçons avançaient et qu'ils commencèrent à véritablement entrer dans le vif du sujet, cette excuse ne se révéla plus valable. Le cours de défense contre les forces du Mal était devenu aussi captivant que l'avait été celui du professeur Lupin, et, même si ce n'était pas toujours une partie de plaisir, c'était toujours un cours pratique.

Les étudiants s'aperçurent très rapidement que Sirius Black ne leur laissait aucune surprise. Il leur disait exactement comment fonctionnaient les choses et leur expliquait en vérité ce qu'il se passait, sans jamais répondre à un groupe qu'ils "étaient trop jeunes pour ce genre de chose." Cette abrupte franchise amenait parfois quelques silence de malaises ; les natures plus faibles auraient parfois espérées ne pas avoir appris la vérité, mais jamais n'essayèrent de leur dire que le monde était juste. Sirius Black était une preuve vivante de cela.

L'aspect le plus étrange de leur cours, selon Harry, était que les étudiants de cinquième, sixième et septième années recevaient exactement les mêmes classes de défense contre les forces du Mal. Lorsque Hermione demanda à Sirius à raison de ce choix, Sirius la regarda dans les yeux et lui demanda si elle pensait qu'un Mangemort allait s'arrêter pour lui demander son âge avant de l'attaquer. Hermione avait été un peu embarrassée, mais l'idée avait été comprise. Le monde était en guerre et n'importe qui pouvait devenir une cible. Ce n'était qu'une question de temps.

"Dépêche-toi Ron !" dit Hermione alors qu'ils se dépêchaient à traverser le corridor. Ils étaient à un cheveu d'arriver en retard à leur cours favori.

"Je m'en viens," grogna Ron. "Calme-toi un peu. Ce n'est pas comme s'il y avait des chances que le professeur Black nous donne une retenue ou quelque chose !"

"Comme peux-tu le savoir," rétorqua-t-elle. "Ce n'est pas parce qu'il ne l'a pas encore fait, qu'il ne le fera jamais, et je ne veux pas être la première à le découvrir."

Harry roula les yeux vers le plafond et ouvrit la porte. Ils entrèrent en trombe dans la classe et furent soulagés de voir que Sirius n'était pas encore arrivé ; les étudiants de Poudlard avaient remarqué au fur et à mesure que le semestre avançait, que leur nouveau professeur était de moins en moins du genre à arriver à l'avance. Sirius n'était jamais vraiment très en retard, mais Harry se disait qu'il aimait arriver juste. Cette pensée à propos de son parrain le fit sourire, mais son sourire se figea lorsqu'il remarqua le troupeau d'étudiants à la droite de la classe. Ses compagnons de cinquième année de Griffondor était à gauche, séparés des autres par une rangée de bureaux vides et lançaient des regards furieux aux nouveaux arrivants.

"Qu'est-ce que tu fais ici Malfoy ?" demanda Harry alors que le blond lui lança un regard noir.

"J'ai un cours ici figure-toi donc Potter," répliqua Draco Malfoy l'air hautain. "À moins que ce ne soit quelque chose de trop compliqué à comprendre pour toi."

Hermione s'avança vers lui. "Ce que l'on veut comprendre c'est pourquoi tu es ici. C'est notre heure de cours, pas la tienne."

"Comme si nous voulions passer du temps avec une bande de Griffondors ! " rétorqua Malfoy, en prenant bien soin de prononcer leur nom de maison avait le plus de dégoût possible, comme s'il était empoisonné. Il pointa la tête vers ses compagnons de cinquième année Serpentard. "Nous n'avons pas plus le choix que vous autres. Ils ont changé notre horaire."

"Et pourquoi ?" demanda Hermione.

"Comme si je le savais, Sang-de-bourbe." Malfoy roula les yeux. "Je ne suis pas un chouchou du professeur, moi."

Harry ferma les yeux quand Malfoy lança l'insulte habituelle à son amie. Malfoy et ses amis étaient devenus de plus en plus odieux ce semestre, mais puisque Harry les avaient soigneusement évités avec une surprenante habileté (à l'exception du cours de potions bien sûr, mais puisque c'était McGonagall qui l'enseignait, Malfoy n'avait rien pu faire du tout), il n'avait pas encore eu l'opportunité de voir à quel point Malfoy avait empiré. Furieux, Harry ouvrit la bouche pour répliquer, mais Ron parla plus vite que lui.

"Comment peux-tu oser ?" rétorqua Ron devenant rouge de colère. "Tu penses que tu es plus important parce que tu es un sang pur et que tu es riche. Et bien, laisse-moi te dire que tout le monde pense que tu n'es qu'un fils de parents consanguins dégoûtant."

Hermione aussi était devenue rouge, mais à présent, c'était ses yeux qui grandissaient d'étonnement alors qu'elle oubliait sa propre colère et son embarras. Harry aussi fixait son ami, ressentant un grand sentiment de fierté pour Ron. Ron n'hésitait jamais à tenir tête à Malfoy, mais son habituelle tactique de défense consistait en ses poings. Ici maintenant, Ron adoptait une différente méthode – méthode que Malfoy n'appréciait particulièrement pas.

Le Serpentard se leva en un éclair. Il rétorqua, l'air hautain, "Tu souhaites juste que ta famille soit comme la mienne."

"Pas pour tout l'or du monde !" répliqua Ron.

Cela aurait pu aller plus loin si Sirius n'était pas entré dans la pièce à cet instant, et ni Ron ni Malfoy étaient assez stupide pour se battre devant un professeur. Ils s'assirent tous les quatre, et Harry sortit rapidement ses notes. Il n'allait pas laisser Malfoy ruiner son cours favori, la défense contre les forces du Mal. Il prit toutefois un bref moment pour échanger un sourire espiègle avec Ron ; ce n'était pas tous les jours que quelqu'un arrivait à insulter la famille de Malfoy. Habituellement, c'était plutôt le contraire, et Harry était heureux de voir que Ron avait repris du poil de la bête en insultant directement Malfoy. Après avoir pris les présences, Sirius alla droit au but de ce qui embêtait tout le monde. "Je suis certain que vous avez remarqué que votre classe a soudainement doublé en nombre. Bien que je m'excuse des quelques difficultés que ça puisse vous causer, je suis obligé de vous annoncer que ce changement sera permanent. J'ai en effet du refaire mon horaire afin de me donner plus de temps pour un projet sur lequel le professeur Lupin et moi sommes en train de travailler. Toutefois, je vous assure que les cours continueront comme à l'habitude."

Sirius prit une courte pause et continua avant que les Serpentards n'aient le temps de s'objecter.

Jusqu'à présent dans ce semestre, nous avons couvert les méthodes défensives de base qui fonctionnent contre une variété de créatures obscures. Toutefois, vos ennemis ne se situeront pas tous dans cette catégorie. Quelques-uns d'entre-eux seront des humains."

Un frisson parcourut la classe.

"Je ne vous mentirai pas," dit doucement Sirius. "Pas plus que je ne vous cacherai pas la vérité à propos des dures réalités seulement parce que vous êtes jeunes. Les attaques deviennent de plus en plus fréquentes. Des gens meurent. Beaucoup d'entre vous avez, sans aucun doute, des amis et de la famille qui sont présentement en danger. Malgré tout, vous êtes en sécurité à Poudlard. Si vous le désirez, vous pouvez prétendre que les attaques ne vous affectent pas du tout. Et peut-être que c'est vrai. Elles ne vous affecteront peut-être jamais."

"Aujourd'hui nous allons commencer une nouvelle matière : la défense contre les Mangemorts. Je vais vous enseigner quelques-unes des tactiques de base que les aurors utilisent et nous allons également couvrir les sortilèges impardonnables plus en profondeur que l'an dernier. Plus important encore, je vais vous enseigner comment rester en vie si vous avez à faire face à un Mangemort un jour, ce que, sincèrement, je ne vous souhaite pas. Mais si c'est le cas, vous serez préparés."

Harry sentit une vague d'anxiété parcourir la salle de classe. Plusieurs d'entre-eux avaient de l'expérience avec les adeptes de Voldemort : les parents de Neville lui avaient étés enlevés à cause d'atrocités des Mangemorts, et Ron, Hermione et lui en avaient tout récemment rencontré au Terrier cet été. Sans mentionnez le fait que la moitié des Serpentards ont probablement des Mangemorts comme parents, Harry se dit-il, s'empêchant de faire une grimace. Ce n'était peut-être pas une juste estimation ; après tout, il savait seulement que Malfoy, Crabbe, Goyle et Nott avaient des parents du côté des forces du Mal, et quatre n'était pas vraiment la moitié des Serpentard de cinquième année. C'était juste très près.

Ces pensées en tête, il n'en crut pas ses oreilles lorsque Malfoy prit la parole.

"Vous parlez comme si n'importe qui, qui pratique la magie noire est mauvais," dit le blond d'un ton hautain. "Mais est-ce vous pouvez le prouver ?"

La classe au grand complet retint son souffle. Harry cligna des yeux, fixant son rival de toujours, en essayant de savoir si Malfoy avait vraiment osé poser cette question. L'arrogant Serpentard provoquait constamment les professeurs qu'il ne respectait pas (ce qui signifiait, tous à l'exception de Rogue, bien entendu) mais n'avait jamais osé parler de manière si près de la confrontation. Malfoy n'avait jamais osé supporter ouvertement Voldemort. Ce qui n'est pas, dut se rappeler Harry. Pas encore. Mais il aurait fallu qu'un homme soit aveugle pour ne pas comprendre le message sous-entendu de la question de Malfoy.

Même Sirius semblait pris par surprise. Pendant un long moment il regarda simplement Malfoy, le visage complètement fermé et l'expression illisible. Il regarda finalement la question sérieusement. "Est-ce que vous voudriez nous démontrer que c'est faux, Mr. Malfoy ?"

"Comme vous le dites toujours professeur, c'est la guerre," répondit mielleusement Malfoy. Malheureusement, Harry réalisa que l'autre garçon pesait soigneusement ses mots. "Il est certain qu'il y aura toujours un côté qui dépréciera l'autre. Je ne faisais juste que me demandiez pourquoi nous n'avons jamais entendu l'histoire complète. Des deux côtés, je veux dire."

"Vous voulez dire du côté des Mangemorts," répondit Sirius, la voix sans expression.

Harry ne manqua pas le rapide éclair de triomphe que Malfoy lança à ses compagnons Serpentards, et il doutait que Sirius l'ait aussi manqué. Il était toutefois surpris que leur professeur ait laissé continuer Malfoy ; même si Sirius se conduisait de façon très relax avec ses étudiants, il ne laissait jamais les choses lui échapper. Il ne donnait pas de retenues parce qu'il n'en avait pas de besoin. Sirius était le genre d'homme qui gagnait facilement le respect et le pouvoir dont il émanait signifiait qu'aucun étudiant ne voulait découvrire ce qui arriverait s'il franchissait la limite. Ce fait n'avait pas empêché que la question du Serpentard ait donné clairement un sentiment de victoire à Malfoy. Celui-ci souria et continua.

"Eh bien, je pensais juste que pas tout ce que font les Mangemort est mauvais," répondit Malfoy. "Et qu'ils ont certainement des raisons pour le faire. En fin de compte, qui sommes-nous pour savoir ce que l'histoire qualifiera plus tard de mauvais ? Et qui êtes-vous pour nous dire quel est le bon et quel est le mauvais côté ?"

Cette fois, Sirius répondit aussi nonchalamment qu'auparavant, mais même si sa voix n'avait pas changé, son attitude, oui. Il n'y avait rien d'apparent dans ce changement ; c'était quelque chose plus ressenti que de vu, mais il semblait soudainement plus dur et plus intense. Il semblait soudainement dangereux.

"Vous pouvez croire ce que vous voulez à propos du pouvoir et à savoir comment la fin justifie les moyens, Mr. Malfoy. J'ai entendu toutes ces excuses auparavant. Mais je l'ai vu. J'ai sorti des corps d'épaves et de massacres, des corps d'amis, de famille, et d'innocents. J'ai vu des adultes et enfants morts, qui pour la plupart ne comprendront jamais pourquoi ils sont morts. Peut-être que vous ne vous souciez pas d'eux. Certaines personnes ne le font pas.

"Pour répondre à votre question, personne ne peut décider quel camp prendre sauf vous. Toutefois, les lignes entre ce qui est bien et ce qui ne l'est pas ne peuvent pas être effacées en prenant des désirs pour des réalités ou en pensant à son importance personnelle."

Malfoy se leva d'un bond, rouge de colère. "Comment osez-vous !"

"Asseyez-vous Mr. Malfoy." Sirius n'éleva pas la voix.

"Non ! Vous ne pouvez pas -"

"Je peux dire ce qui me plait, jeune homme, spécialement lorsque c'est la vérité," continua Sirius de la même voix dure. "Vous allez peut-être me prouver le contraire dans le futur. Si ce jour vient, je m'excuserai, mais jusque là, je vous recommande de ne plus poser de questions auxquelles vous ne voulez pas savoir la réponse. Asseyez-vous."

À partir de ce moment, le semestre commença à s'écouler rapidement. L'histoire à propos de Sirius ayant fait taire Malfoy se répandit dans le château plus rapidement que l'annonce du plus récent modèle de balai qui allait bientôt être disponible, le Phénix de course. La première réaction de Malfoy fut d'essayer de bluffer pour cacher son embarras et de blâmer toute la situation sur le professeur Black, mais ce fut rendu difficile lorsque le Ministère annonça l'innocence de Sirius. Harry n'avait pas vraiment compris pourquoi le Ministère de la magie ait attendu si longtemps avant de le faire, mais accepta la vague réponse de Sirius qui parlait de n'être seulement que quelque chose de politique. Il était très surpris que le Ministère dénie encore le retour de Voldemort, malgré le fait que, comme Sirius l'avait dit en classe, les Mangemorts devenaient de plus en plus actifs. Aussi, depuis que le Ministère de la magie ne pouvait plus mettre les attaques sur le compte de Sirius, la Gazette du Sorcier s'interrogeait énormément, et Harry se retrouva plus d'une fois à rire des théories absurdes qui étaient publiées. En rétrospective, il supposa que Cornélius Fudge représentait la communauté magique - il préférait croire n'importe quoi, peu importe combien c'était loin d'une possible vérité, que d'accepter le fait que Voldemort soit en vie.

En ce moment par contre, ces évènements étaient loin dans son esprit. Il était préoccupé par quelque chose beaucoup plus près de lui.

"Pouvez-vous le croire ?" demanda une Hermione colérique, qui pour une fois se sentait aussi surchargée de devoir que tout le monde. "Quatre rouleaux de parchement pour professeur Rogue, et nous avons en plus à faire cette autre potion pour le prochain cours !"

"Je crois qu'il nous hait," se lamenta Ron.

"Je sais qu'il nous hait," rétorqua Hermione.

"On penserait qu'il serait de meilleure humeur après avoir finalement sorti de l'infirmerie," ronchona Ron, "mais non !" En fait, il est tout aussi désagréable que d'habitude, sinon pire."

Harry haussa les épaules. Vrai, le professeur Rogue était pire que d'habitude et le cours de potions avait été absolument lamentable, mais certaines choses ne changeraient jamais. Une partie de lui se demanda ce que Poudlard aurait l'air si Rogue n'avait pas été cet habituel, mauvais caractère, professeur. De plus, avoir à faire face avec le maître de potions avait été beaucoup plus tolérable maintenant qu'il savait que Rogue n'avait pas l'intention de le tuer. Il ne faisait que le détester, et Harry pouvait supporter ça.

"Au moins il était autant désagréable avec les Serpentards," remarqua-t-il. "Si ce que raconte Malfoy est vrai…"

"Malfoy est toujours en train de se plaindre," dit Ron en levant les yeux au ciel.

"Mais jamais à propos de Rogue," dit Hermione. "Harry a raison. Il n'embarque presque plus dans leurs petits jeux, et c'est différent. Il les favorise toujours, mais l'avez-vous vu dans l'entrée ce matin lorsque Goyle lui fonça dedans ? Malfoy essaya de mettre le blâme sur Ginny, mais Rogue passa à un cheveu de donner une retenue à Malfoy et Goyle - je pense que seulement le fait que Lupin soit arrivé l'en ait empêcher, et il ne jeta même pas un regard à Ginny."

"C'est vraiment bizarre." approuva Ron.

"Plusieurs choses changent par ici," dit doucement Harry alors qu'ils se dirigeaient vers la salle commune des Griffondors. "Avez-vous remarqué qu'ils renforcissent les barrières autour du château ? J'ai entendu Sirius et Rogue en parler plus tôt."

"Ils sont actuellement en terme de se parler ?" demanda-t-elle.

"Pas de très bon gré, je te gage," ajouta Ron. "Rogue regarde Sirius comme s'il voulait le tuer."

Sans compter le fait que Sirius lui ait sauvé la vie, pensa Harry, mais il ne dit rien. Après tout, Sirius ne semblait pas se préoccuper des sentiments de Rogue une miette ; il avait sourit et dit à Harry qu'il aurait senti que ça avait été un échec si Rogue ne le haïssait pas. Mais ils semblaient travailler convenablement ensemble, et Harry se demandait seulement ce dont le professeur Dumbledore les avait menacés pour les faire agir de la sorte. Il haussa seulement les épaules en réponse alors qu'il arrivèrent à l'entrée de la salle commune.

"Gare aux secousses," dit-il, et tous les trois se glissèrent à travers le trou de l'entrée. Toutefois, avant que la porte puisse se refermer derrière le trio, une autre paire d'étudiants vint se heurter à eux.

"Hey !" cria Harry en essayant de se tourner pour sortir du passage, alors qu'un corps le heurta par derrière. Malheureusement, son mouvement emporta Hermione, qui trébucha sur Patenrond (de quelque façon que ce soir, ce chat venait toujours compliquer les choses) et tomba sur le plancher. Ses jambes devinrent soudain emmêlées à celles d'Harry qui tomba à son tour. Il atterrit sur le dessus de son bras gauche, et malgré l'exclamation de surprise de Hermione, il entendit quand même Ron répliquer :

"Regarde où tu mets les pieds veux-tu - AH !"

Le deuxième étudiant fonça dans Ron alors qu'il entrait à toute vitesse par le trou avant que l'entrée ne se ferme. Ni Ron, ni son attaquant tomba ; toutefois les deux perdirent pieds et presque l'équilibre. Soudainement, la vision qu'Harry avait de la scène fut bloquée alors que des mains l'attrapèrent et le remettirent sur pieds lui et Hermione.

"Désolé Ron, Harry, Hermione, " dit immédiatement Fred Weasley. "Nous ne voulions pas vous rentrer dedans."

"Alors pourquoi c'est arrivé ?" demanda Hermione regardant fixement leurs visages rouges. "Ce n'est pas comme si vous ne connaissiez pas le mot de passe. Pourquoi ne pouviez-vous pas juste attendre ?"

"Parce que nous l'avons trouvée," répondit George comme si ça expliquait tout.

"Et nous ne voulons pas qu'il sache que nous l'avons." sourit George.

"Si jamais il sait ce que c'est."

"C'est trop précieux pour que ça demeure entre de mauvaises mains, après tout - "

"Ça a extrêmement de valeur."

"On ne peut pas se fier à certaines personnes, c'est tout - "

"Et nous sentions que c'était dans notre devoir de la sauver," termina George. "En l'honneur des plus grands étudiants que Poudlard n'ait jamais eus.

"De quoi est-ce que vous parlez ?" demanda Ron, juste au moment où Hermione poussa un cri de stupeur.

"Vous n'avez pas !"

"Pas quoi ?" demanda innocemment Fred.

"Vous avez encore volé la carte des Maraudeurs n'est-ce pas ?" demanda-t-elle sur un ton de reproches.

Les jumeaux sourirent, mais Harry fronça les sourcils. "Mais le professeur Moody - ou Croupton, en tout cas - me l'a prise l'année dernière," dit-il. "Comment avez-vous pu l'avoir ?"

"Oh, c'est facile," répondit Fred pompeux. "En fait, nous avons récupéré la carte de la même manière que nous l'avions prise à Rusard, il y a de nombreuses années. L'un de nous a réussi à pénétrer dans le bureau du professeur Black - "

"C'était moi," répondit joyeusement George.

Fred approuva son jumeau d'un signe de tête gracieux avant de poursuivre. "Pendant que l'autre faisait distraction - une très belle, je me permets d'ajouter, consistant en une bombabouse et une suite d'armures dansantes enchantées - il s'empara tout simplement de la carte. Elle était droit sur le dessus d'une de ses étagères. Je ne pense même pas que le professeur Black savait qu'elle existait."

Le trio échangea un regard. Immédiatement, un sourire apparut sur le visage de Ron, et Harry sut ce que son ami pensait avant que Hermione ouvre la bouche pour corriger Fred.

"Ouch !" lança-t-elle au lieu de parler. Ron l'avait frappée, fort, à la cheville. Hermione lui lança un regard, mais Ron sourit.

"Non," dit-il avec un énorme sourire. "Je ne pense pas qu'il ne sache quoique ce soit à propos de la carte."

Hermione le regarda étrangement, mais Harry réussi à l'attraper son regard et lui fit un bref signe de tête. Leurs années d'amitié comprirent le message : pour une fois, la blague était faite à Fred et George - ni l'un ni l'autre ne savait que Sirius était Patmol, alors pourquoi leur dire ? Il était inutile de ruiner l'inévitable moment d'hilarité qui viendrait lorsque Sirius découvrira la carte manquante et se vengera avec sa panoplie de méfaits et de tours sur les jumeaux Weasley. Ça sera tellement drôle de rire d'eux pour une fois !

Hermione soupira, mais demeura silencieuse. Fred et George, évidemment, étaient visiblement trop satisfaits d'eux-mêmes pour remarquer le jeu entre les trois jeunes Griffondors. Ils étaient maintenant côte à côte, regarda affectueusement la carte, et pendant un moment, Harry se demanda s'ils n'allaient pas embrasser le parchement. C'était difficile de ne pas sauter de joie en anticipant le moment, mais Harry garda son calme et demeura immobile alors que George soupira de joie.

"C'est bon de te revoir," dit-il à la carte.

"Nous nous sommes ennuyés de toi," approuva Fred.

"Hé bien, sans plus attendre," continua George, "Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises."

"Jamais si bien dit - quoi ?" sursauta Fred et fixa la carte. Curieux, les trois autres se rassemblèrent autour et eux aussi regardèrent la carte, étonnés. Lorsque George avait touché le parchement avec sa baguette, aucune ligne n'était apparue. À la place, seulement des mots émergèrent de nulle part. Même s'ils étaient écrits dans le même style, large et courbé que les fauteurs de troubles de Griffondors avaient déjà vu auparavant, les mots étaient écrits en rouge, au lieu de vert, et étaient bien différents de ceux auxquels ils s'attendaient.