Chapitre douze : Vigilance
Messieurs Lunard et Patmol
Professeurs au Collège Poudlard, École de sorcellerie
Sont fiers de vous présenter
Le Guide du gardien des portes
En l'honneur de Cornedrue
Il n'y avait rien d'autre. Aucune ligne, aucun château, aucun passsage secret, aucun petit point représentant les gens, et certainement aucune carte des maraudeurs. Les mots rouges étaient tout simplement affichés en haut de la page, brillants faiblement et semblant insupportablement satisfaits d'eux-même.
Harry cligna des yeux, ne quittant pas les mots écrits et se demanda ce que ce morceau de parchement (qui s'avérait avoir été sur un bureau de Sirius pendant que les jumeaux faisaient distraction) pouvait bien être. Ce n'était apparemment pas la carte des maraudeurs, mais... Ce qui était autant évident c'est que Fred et George ne comprennaient pas encore ce qui se passait.
Ils avaient encore moins que Harry, la plus petite idée de ce qui se passait, puisque aucun des deux jumeaux ne savaient qui étaient messieurs Lunard et Patmol – mais même cette connaissance n'aidait pas beaucoup Harry. Alors, il regarda les autres, curieux, attendant de voir ce qui se passerait.
" Mais qu'est-ce c'est que ça ? " demanda finalement George, bougon.
" Éfface-la et recommence, " suggéra Fred.
" D'accord. " George haussa les épaules. " Méfait accompli. "
Mais les mots ne disparurent pas. En fait, après une courte pause, une autre ligne de texte apparut lentement. Celle-ci était noire.
" Le professeur Lunard présente ses compliments aux jumeaux Weasley, et voudrait poliment leur demander comment ils sont entrés en possession de ce guide. "
Ils ne quittèrent pas le parchemin des yeux. L'esprit de Harry allait à toute vitesse alors qu'il assimilait l'information – était-il possible qu'il y ait une autre carte ? Ou, si ce n'était pas une carte, quelque chose d'aussi utile que Sirius et Remus ont inventé ? Mais si c'était le cas, pourquoi était-ce seulement eux deux ? Qu'arrivait-il à son père et à Queudver ? Il n'eut pas le temps d'y penser plus, car soudainement, la carte – guide – continuait à écrire.
" Le professeur Patmol voudrait demander aux Weasley, s'ils pensaient vraiement que nous serions assez stupides pour utiliser le même mot de passe deux fois. "
Harry entendit un son étouffé alors qu'à sa gauche, Ron essayait de se contrôler. Harry, de son côté, mordait sa lèvre inférieure très fort, pour s'empêcher d'éclater de rire et ainsi ruiner la blague. Il pouvait presque entendre les mots sortir de la bouche de Sirius ; c'était difficile de résister à la tentation et de ne pas jeter un regard par-dessus son épaule pour voir si son parrain était là. Hermione, pour sa part, avait commencé à faire la liste mentale de chaque sortilège qu'elle avait appris, comme s'il s'agissait d'un devoir, pour contrôler ne serait-ce qu'un léger rire. Fred et George se remirent finalement de la surprise qui les avaient rendus muets.
" Ce doit être une farce, " réussit à dire Fred.
" C'est quelque chose d'autre ! " s'exclama George.
Harry et Ron échangèrent un regard amusé, alors que Harry regarda son ami lever les yeux au ciel et lu sur ses lèvres Ça leur en a pris du temps. Harry sourit pour approuver, et retourna son attention vers les deux frères de Ron. Malgré leurs commentaires précédents et lègèrement lents, personne ne pouvaient dire que les jumeaux Weasley étaient stupides. Ils étaient en fait, assez intelligents, surtout lorsqu'il s'agissait de jouer des tours ou de préparer un plan d'attaque.
" Ils sont deux maraudeurs ! " s'écria Fred. Ses yeux s'aggrandirent d'anticipation. " Je me demande ce que celle-ci fait... peut-être y-a-t-il plus de passages secrets dans le château ? Ou quelque chose dans le parc que nous n'avons jamais vu ? "
"Attends une minute, " dit George, réfléchissant. " Pourquoi sont-ils " professeur Lunard et professeur Patmol " ? Est-ce qu'ils enseignent présentement ici ? "
"Pas avec McGonagall dans les parages. " Fred leva les yeux. " Elle ne laisserait jamais quelqu'un d'aussi cool –" Fred s'arrêta de parler alors que le guide continua.
" Le professeur Lunard aimerait suggérer que les Weasley retournent ce guide avant qu'ils aient de graves ennuis. "
" Beurk ! Ils parlent même comme des professeurs ! " Le dernier commentaire était de trop pour George; après tout, les ennuis n'avaient jamais été un problème pour les jumeaux Weasley. " Ah, merde, maintenant nous alons devoir trouver le mot de passe pour celle-ci en plus. La carte des maraudeurs nous a pris des mois ! "
" Le professeur Patmol aimerait ajouter que le châtiment qu'ils subiront s'ils ne retournent pas le guide sera incroyablement horrible. "
Fred leva les yeux au plafond. " Bien sur, " rétorqua-t-il. " Vous êtes probablement morts de toute façon. "
Quelque chose n'allait pas. Harry le savait. Quelque part, il eut l'idée qu'ils n'étaient vraiment pas supposés trouver le guide du gardien des portes (peut importe ce que c'était). Même s'il pouvait voir Sirius faire comme si c'était une blague, quelque chose lui dit que ceci n'en était pas une. Il commença, " Euh, Fred, George - "
" Le professeur Lunard voudrait vous dire (pour la dernière fois) que ceci n'est pas un jouet. "
" Le professeur Patmol voudrait simplement vous rappeler que vous étiez avertis tous les deux. "
" Je pense vraiment que vous devriez remettre le guide à sa place, " dit rapidement Hermione.
Si ça avait été quelqu'un d'autre qui l'avait suggéré, les jumeaux auraient peut-être écouté. Mais Hermione était fondametalement celle qui s'en faisait toujours, et les deux jumeaux lui répondirent en levant les yeux vers le plafond. " Cette chose a un sens de l'humour pourri, " commenta George. " Ils étaient beaucoup mieux lorsqu'ils étaient plus jeunes, " ajouta Fred. " Et en plus, le professeur Black ne sait même pas que nous avons – "
Le trou du portrait s'ouvrit, faisant voir la silouhette du professeur Lupin dans l'entrée.
" Professeur Lupin ! " s'étonna Hermione. Elle fut la première à parler, mais tout juste – Harry toutefois, regarda rapidement vers Fred et George, et nota que le guide du gardien des portes avait mystérieusement disparut. Personne n'avait jamais dit qu'ils n'étaient pas comptents.
" Euh... qu'est-ce que vous faites ici professeur ? " demanda Ron.
Mais les yeux de Remus étaient sur les jumeaux. " Je crois que vous avez récemment fait une acquisition ? " demanda-t-il le visage impassible.
" Une acquisition ? " répéta Fred.
" De quoi ? " demanda George.
" De quelque chose que vous deux, avez sortis de mon bureau. " Sirius Black apparut derrière Lupin, tous les deux, ensemble, entrèrent dans la salle commune des Griffondors, quelque chose que les professeurs faisaient rarement – même ceux qui, eux-même, étaient des Griffondors. La grosse dame referma la porte derrière eux, ayant apparament pardonné Sirius pour sa conduite passée, pour lui permettre d'entrer. Fred et George se regardèrent, confus, et avec une trace de culpabilité ; le visage de Sirius était impassible, mais ses yeux ne riaient pas comme Harry s'y était attendu, si ça aurait été une blague. Il revint encore sur la pensée que Fred et George n'étaient vraiment pas supposés avoir trouvé le guide.
" Sortis de votre bureau ? " répéta innocemment Fred, et si Harry n'avait pas mieux su, il l'aurait peut-être cru.
" Lorsque vous pensiez que je ne regardais pas, " répliqua sombrement Sirius. " Vous cherchiez la carte des maraudeurs, je suppose, mais vous avez trouvé autre chose. "
" Vous connaissez l'existence de la carte ? " demanda George.
" Bien sur que oui, " répondit Sirius. Un sourire apparut sur son visage, reconnaissant la tentative un peu désespérée de George pour changer le sujet. " Et bien que j'admette que cela eut été une distraction assez unique – particulièrement la suite d'armures dansantes – ce ne fut pas assez efficace. "
" Pourquoi pas ? " Fred avait l'air indigné ; il devenait évident de savoir qui avait planifié la distraction cette fois-ci. Même s'il semblait momentanément oublier qu'il parlait à un professeur, Harry savait que ça ne dérangerait pas Sirius.
Il savait aussi que les jumeaux Weasley ne voulaient pas faire de mauvais coups – mais même en sachant cela, la curiosité de Harry demeurait. Qu'est-ce qu'était le " guide du gardien des portes " ? Qu'est-ce qu'il faisait ? Pourquoi Sirius et Remus l'avaient créé ? Harry était impatient de connaitre toutes les réponses à ces questions et commençait à être impatient de tous ces détournements de questions, et il pouvait dire la même chose en regardant le visage d'Hermione qui se demandait apparemment les mêmes choses. Ron, d'un autre côté, avait l'air très joyeux et semblait positivement apprécier l'incomfort de ses frères. Il ne semblait pas se préoccuper de rien d'autre.
" Les jeunes de nos jours, " soupira Sirius, secouant la tête vers les jumeaux et lançant un bref regard à Lupin. L'autre professeur approuva gravement d'un signe de tête.
" En effet. "
" Aucun respect. "
" Aucune imagination, " ajouta tristement Remus. Il sembla subitement à Harry que ces deux-là sonnaient presque comme Fred et George – mais avec tellement plus d'années de pratique.
"Je suis quand même obligé de devoir vous demander de me redonner le guide, " continua Sirius en tendant la main. Fred et George échangèrent un regard ; Harry pouvaient voir qu'ils ne pensaient plus très bien s'en sortir en agissant innocemment. Les jumeaux haussèrent finalement les épaules, et George rendit le guide. " Savez-vous comment il fonctionne professeur ? " demanda-t-il.
Sirius grogna et sembla essayer très fort de ne pas faire voir le rire qui commençait à vouloir sortit. Harry eut un sourire en voyant son parrain lutter pour garder un visage impassible; lorsque Remus s'avança et vola la carte des mains de Sirius, l'expression soudaine d'indignation sur le visage de son parrain ne fit que rendre la situation encore plus amusante. Malgré cela, leur professeur d'histoire lança un regard noir et grogna en regardant le guide.
" Vous avez essayé l'ancien mot de passe n'est-ce pas ? " demanda-t-il.
George semblait soudain méfiant, et Harry ne pouvait pas vraiment le blâmer. S'il n'avait pas su ce qu'il sait au sujet de ses professeurs, il aurait été suspicieux aussi. " Quel ancien mot de passe ? "
" Celui de la carte des maraudeurs bien sûr, " répondit nonchalemment Sirius en se déplaçant pour regarder par-dessus l'épaule de Remus. " Oh, non, bordel. Vous aviez vraiment à essayer de l'effacer ? "
" Euh... bien oui. " Fred haussa les épaules.
" Cela va prendre du temps. " grogna encore Remus.
" Vrai, " répondit Sirius. " Mais au moins – hey, ça, c'était une remarque assez rude. "
Pendant un moment, les cinq Griffondors regardèrent leur professeur de défense contre les forces du Mal comme s'il était devenu fou, mais ce leur prit qu'un moment pour réaliser que le guide devait avoir dit quelque chose de méchant à Sirius. Harry ricana, incapable de se contrôler ; il semblait que soit le guide ne connaissait pas ses concepteurs, ou qu'il s'en foutait royalement. Ron et Hermione, à côté de lui, souriaient aussi, et Sirius leur lança un regard mauvais qui n'était seulement que farçeur, avant de retourner son attention vers le parchemin dans les mains de Lupin.
" La bouilloire réclame son pot, " murmura le professeur entre les dents. Ses sourcils se haussèrent alors qu'aparamment plus de mots d'insultes apparurent sur la page.
" Sois bon joueur, Lunard; ton alter-ego n'est pas vraiment plus poli, non plus. "
" Au moins je ne me suis pas dit de me la fermer, " répliqua Remus.
" Je ne t'ai jamais dit que tu manquais de tact, " Sirius sortit sa baguette de la poche de sa robe avec un léger sourire. " À qui l'honneur ? "
" Allons-y "
Les baguettes des deux professeurs touchèrent le plein centre du parchemin, et ils dirent ensemble. " C'est ce qui arrive quand vous ne faîtes pas attention. "
Harry n'avait pas une bonne vue du guide d'où il était, mais il lui semblait qu'un arc-en-ciel géant avait commencé à tourbillonner sur la page comme une mini tornade. Lupin soupira.
" Les boutons sont crevés. "
La série de couleurs s'intensifia. Le parchemin brillait maintenant, illuminant les visages des deux professeurs qui fixaient la page, attendant un signal qu'eux seul connaissaient. Il était évident que c'est ce qu'ils avaient prévu, parce que le guide redevint blanc lorsque Sirius dit soudain. " Sardines. "
Remus roula le parchemin sans dire un mot, et souleva un sourcil en regardant Sirius. Le professeur de DCFM hocha la tête et se retourna vers Harry et ses amis. " Asseyez-vous. "
Les curieux Griffondors s'exécutèrent. Harry remarqua que Fred et George échangeaient des regards intéressés et semblaient être très difficilement capable de se contenir. Leur contrôle s'effondra finalement lorsque les deux professeurs furent confortablement installés dans des fauteuils leur faisant face.
" Comment connaissez-vous la carte des maraudeurs ? " demanda Fred.
" Et qu'est-ce que le ça signifiait ? " continua George.
" Est-ce que –"
Lupin leva la main pour interrompre la question de Fred. " Nous allons vous expliquer, " dit-il doucement. " Mais tout d'abord, je vous que vous me promettiez – tous les deux – que vous n'essaierez plus de retrouver ni la carte des maraudeurs, ni le guide du gardien des portes. "
Le visage des jumeaux s'effondra de déception. Ils se regardèrent un moment, puis regardèrent les visages sévères de Sirius et Remus, et hochèrent la tête. " Nous le promettons. "
" Très bien. " Sirius s'avança un peu, prit le guide et le leva. " Ceci est le petit-fils de la carte des maraudeurs, une nouvelle génération, si vous voulez. Au lieu de montrer le château et le terrain de Poudlard, le guide du gardien des portes est une réplique de Pré-au-Lard. "
Ils laissèrent tous échapper un son de surprise.
" Toutefois, à l'inverse de la carte des maraudeurs, le guide ne fut pas créé dans le but de jouer plus facilement des tours, même s'il va peut-être finir par le devenir, " expliqua Sirius. " Le guide du gardien des portes est l'une des nombreuses étapes de défense sur lesquelles nous avons travaillé depuis le début du semestre. Puisque le transplanage est possible à Pré-au lard, nous avons créé le guide pour nous indiquer qui entre et sort du village. "
" N'est-ce pas illégal ? " demanda Hermione.
Le professeur Lupin haussa les épaules. " Probablement. Ce qu'il nous permet de savoir est cependant beaucoup plus important. "
" Il vous permet de savoir s'il y a des Mangemorts à Pré-au-lard, " dit doucement Harry. " Ou...n'importe qui. " Il ne voulait pas penser à d'autres possibilités, maintenant que Voldemort avait retrouvé son corps et qu'il pouvait se déplacer à sa guise...
" Oui, en effet, " approuva Sirius. " Et tout comme la carte des maraudeurs, ce guide a été intégré aux défenses du château. J'apprécierais donc si vous ne disiez rien à propos de ce que vous savez. Présentement, vous êtes les seuls étudiants qui connaissent l'existence de l'une ou l'autre carte, et nous voudrions qu'il en reste ainsi. "
Ils approuvèrent tous d'un signe de tête, mais George affichait un sourire. " Alors comment fonctionne-t-elle ? "
" Peut-être qu'un jour nous allons vous le montrer. " Les yeux de Sirius pétillaient, alors que Remus faisait non de la tête en signe d'exaspération (amical bien entendu !).
" Vous devez au moins nous dire comment vous avez fait pour en comprendre le fonctionnement, " supplia Fred.
" Honnêtement ! " Hermione leva les yeux au ciel et poursuivit avant que l'un des professeurs le puisse. " N'avez-vous pas encore compris ? Bien entendu qu'ils savent comment ça fonctionne ! Ce sont les créateurs ! "
" Vous l'avez fabriqué ? " dirent les deux Wealey, estomaqués.
Harry ne pouvait plus s'en empêcher. Il explosa de rire. L'expression de stupeur stupide que les jumeaux arboraient était incroyable – comment pouvaient-ils manquer tous les indices ? Est-ce que c'était tellement difficile de croire que des professeurs puissent faire cela ? Il répondit à sa question rapidement, par contre. Oui, se dit-il. De plus, c'est difficile de voir n'importe quel de nos professeurs avoir un jour notre âge. Il ne faut pas que j'oublie que je connais Sirius et Remus différemment... ils étaient les meilleurs amis de mes parents. Ron et Hermione comprennent aussi, mais Fred et George n'avaient aucune raison de le savoir. Pendant un moment, Harry fut surpris par son regard extérieur et mature de la situation, mais après, il recommença à rire de plus belle. C'est tout de même drôle.
" Bien évidemment que nous l'avons créé. " sourit finalement le professeur Lupin.
" Vous êtes Lunard et Patmol ? " demanda Fred.
" À votre service, " répondit joyeusement Sirius.
" Wow. " La voix de George était solonelle – mais encore ici, les créateurs de la carte des maraudeurs étaient les héros de Fred et George Weasley... des héros qui étaient maintenant leurs professeurs.
" Incroyable. "
" Je gage que vous avez eus des tonnes de problèmes et de retenues. "
Les deux professeurs échangèrent des regards amusés. Lupin répondit sèchement. " Vous n'avez pas idée... "
Sirius se leva, affichant un léger un sourire en coin. " Malgré que je déteste couper abruptement cette conversation, nous avons du travail à faire, et à moins que je ne me trompe, vous avez tous les quatre – à l'exception de Hermione, bien sûr – encore des devoirs à faire. Donc si vous voulez bien nous excuser, je crois que c'est le moment d'aller noter quelques travaux. Vos travaux. "
Tous grognèrent, mais les Griffondors firent poliement leurs aurevoirs aux deux professeurs qui se dirigeaient vers la sortie. Alors que la porte commençait à se refermer, Harry bondit sur ses pieds. Il venait soudainement de penser à quelque chose, et ce n'était pas vraiment quelque chose qu'il aimait considérer. Il sauta dans l'ouverture de la porte juste avant qu'elle ne se referme. " Est-ce que je peux te poser une question Sirius ? "
" Bien sur Harry. "
Il prit une profonde respiration alors que les deux meilleurs amis de son père se retournèrent pour lui faire face. " Est-ce que vous pensez vraiment que Voldemort va venir ici ? "
" Non, " réponda immédiatement Remus.
" Oui, " dit Sirius au même moment.
Les deux derniers maraudeurs se regardèrent. Lupin fronça les sourcils et demanda. " Est-ce que tu penses qu'il est assez idiot pour cela Sirius ? "
" Non, " répondit sérieusement le parrain de Harry. " Je pense seulement qu'il est assez puissant. "
La peur s'emparut de Harry. " Mais Poudlard est supposé être sécuritaire, " dit-il doucement. " Je veux dire, est-ce que Dumbledore n'est pas le seul sorcier que Voldemort ait jamais craint ? "
" Je ne dis pas que Poudlard n'est plus sécuritaire Harry, " rassura Sirius, en mettant une main sur l'épaule de Harry. " En fait, au fur et à mesure que cette guerre avance, Poudlard pourrait sans doute devenir l'endroit le plus sécuritaire dans le monde magique. Et que, à la fin, c'est ce qui va amener Voldemort à venir ici. Nous devrons lui faire façe, s'il est sur le chemin de la victoire. "
" Est-ce que tu penses qu'il va gagner ? "
" Je ne te mentirai pas. C'est possible. " Sirius pressa son épaule. " Mais je suis convaincu, tout comme le directeur, que ça vaut la peine de nous battre pour cette guerre, que nous gagnions ou non. Et je crois que nous pouvons gagner Harry. Ce ne sera pas facile, mais nous le pouvons. "
" Nous devons le faire, " répondit-il doucement, essayant de combattre le malaise de sa gorge serrée.
" Oui, nous le devons, " approuva son parrain. " Est-ce que ça va Harry ? "
Harry regarda Sirius, et remarqua son visage inquiet. Il y avait des fois où il trouvait encore cela étrange d'avoir de la famille, mais en d'autres occassions, comme celle-ci, il en était heureux. Sirius comprennait; son parrain savait que ce n'était pas un oui ou un non qui pouvait répondre à cette question – les choses n'étaient pas vraiment toutes blanches ou toutes noires. Le monde s'assombrissait, mais il y avait encore quelques parties où c'est le gris qui se faisait voir. " Je ne sais pas, " dit-il lentement. " Je me sens juste... bizarre. Comme si quelque chose allait arriver. Depuis le dernier mois, depuis le début des classes, ça semble trop tranquille. Je veux dire que je sais qu'il a de sombres choses qui se passent dans le monde, mais à Poudlard, tout semble tellement éloigné de nous. "
" Tu as peur que ça ne dure pas, c'est ça ? "
" Ouais. " Harry frissonna. " Je pense que c'est moi que Voldemort veux. "
Le visage de Sirius se referma abruptement. " Allons jaser un peu Harry. "
Hochant la tête, Harry avança dans les corridors, Sirius à ses côtés. Même s'ils marchaient en silence, il se sentait rassuré par la présence de son parain; Harry avait découvert dans le dernier mois, ce que ça signifiait avoir une famille. Même s'il ne passait pas autant de temps ensemble qu'il ne l'aurait voulu, Harry et Sirius avaient quand même été capable de trouver du temps à passer ensemble, à se rapprocher. Il y avait des moments où Harry, ayant passé une majeure partie de sa vie à se sentir seul, n'était pas vraiment certain de savoir quoi faire de cette nouvelle relation, mais en même temps, il l'appréciait énormément. Surtout dans des moments comme ceux-ci, lorsqu'il doutait et (même s'il détestait l'admettre, même à lui-même) avait peur.
Ils arrivèrent dans les appartements de Sirius, un endroit où Harry savait qu'il était le seul étudiant à visiter. Pour des raisons évidentes, les étudiants de Poudlard ne se ramassaient jamais dans les quartiers personnels de leurs professeurs, mais encore là, Harry n'était pas ce que l'on pouvait appeler un étudiant normal, pas plus que l'on pouvait qualifier Sirius de professeur normal. Et Sirius était la personne la plus près d'un père pour lui.
" Tu es préoccuppé Harry, " dit Sirius alors qu'il s'installait dans un divan et qu'il invitait Harry s'asseoir à ses côtés. Harry répondit par l'affirmative d'un signe de tête alors qu'il s'asseyait, sachant que ce que venait de dire son parrain n'était pas une question, mais sentant qu'une réponse était quand même nécessaire. Il ne savait pas encore comment mettre des mots sur ses peurs, ou comment expliquer le soudain sentiment que Voldemort viendrait le chercher à nouveau. La main de Sirius se posa à nouveau sur son épaule.
" Tu as peur ? " demanda-t-il gentiment.
" Oui, " murmura Harry. Il ne voulait pas l'être, mais c'était la vérité.
" Tu as tout à fait le droit d'avoir peur, " dit doucement son parrain. " Tu as porté de très lourds fardeaux à un si jeune âge... ce que tu es, Harry, aurait détruit plusieurs autres personnes. Et juste de savoir que Voldemort est à leur poursuite aurait suffi pour faire flancher beaucoup de sorciers. "
" Donc, tu penses qu'il l'est encore ? "
" Il le doit, " répondit franchement Sirius. " Pour prouver à ses partisans qu'il est aussi puisssant qu'il l'a déjà été, il se doit de te tuer. Tu es le seul qui ne l'ait jamais vaincu. "
" Je n'étais qu'un bébé, " s'objecta Harry.
" Ça lui importe très peu. "
" Donc, tu penses qu'il va venir ici à cause de moi ? " Ce n'était pas une question qu'Harry voulait poser, mais il le devait. Il ne pouvait pas supporter la pensée de mettre Poudlard, ses amis, et ses camarades de classe en danger. Personne ne méritait de mourir simplement parce que Voldemort, le voulait, lui.
" Non. Je pense qu'il viendrait ici parce que l'autre personne qu'il se doit de vaincre, est Albus Dumbledore, " répondit son parrain. " Si le monde entre définitivement dans des temps sombres Harry, Poudlard sera le dernier endroit à tomber. Même présentement, la résistance contre le Seigneur des Ténèbres est centrée ici. Dumbledore, et par conséquent Poudlard, est le coeur de l'Ordre du Phénix, et pour gagner, Voldemort doit percer ce coeur. Il viendra, mais pas seulement à cause de toi. Ne te blâme pas. Poudlard n'est pas une cible par ta faute. "
" L'école est une cible ? "
" Elle le deviendra, " répondit Sirius, convaincu. " Mais pas encore. "
" Quand ? " demanda Harry, sachant très bien que son parrain était un privilégié du cercle interne de l'Ordre du Phénix et que, par conséquent, il savait ce qui se passait dans la bataille contre les forces du Mal.
" Personne ne peut en être certain, " admit Sirius. " Tout ce que nous pouvons faire est d'essayer de deviner – mais surtout de nous préparer. C'est l'autre raison pour laquelle je voulais te parler. "
" Qu'est-ce que je peux faire ? " demanda rapidement Harry. Tout était mieux que de se cacher. Il savait qu'il n'avait que quinze ans, mais il voulait agir, il voulait se battre. C'était peut-être du à son statut du garçon qui a survécu, mais Harry sentait qu'il avait une responsabilité envers le monde sorcier. Il sentait qu'il devait faire quelque chose, mais jusqu'à présent, personne ne lui en avait laissé la chance.
Sirius dut s'appercevoir de son impatience, car il sourit gentiment. " J'ai peur que ce ne soit rien d'excitant, " dit-il. " Ce que tu dois faire, est d'être prudent. Je sais que tu détestes entendre cela, mais ne va pas fouiner dans les alentours la nuit. Ne quitte pas le parc du château, même en compagnie de Ron et d'Hermione. Et avertis les Weasley que tous les passages sont bloqués. "
Harry fut très déçu. " Est-ce que ça veux dire que je ne peux plus aller à Pré-au-Lard ? " demanda-t-il.
" Il y a une raison pour laquelle nous avons conçu ce guide tu sais, " dit joyeusement Sirius. " Lorsque tes camarades iront au village la fin de semaine prochaine, tu pourras y aller aussi. Sois prudent par contre, d'accord ? "
" Je le serai, " promis Harry.
" Je sais que tu le seras, " répliqua son parrain. " Et je suis désolé si je sonne comme une vieille dame quand je te dis d'être prudent, mais c'est mon devoir de m'en faire. "
Harry sourit. " Ça ne me dérange pas. "
Et c'était vrai. Les étrangers ne s'en faisaient pas – mais la famille, oui. La famille le faisait toujours.
