Disclaimer : Rien n'est à moi. JKR et Robin4 ont tout inventés...

Chapitre quatorze : Anticipation

Sirius Black, presque tout au long de sa vie, avait agi sur deux modes autour des étrangers : blagueur ou dangereux. Avec ses amis, il y avait plus d'options et de traits de personnalité qui oscillaient entre ces deux pôles, mais la plupart des étrangers le voyaient inévitablement comme un blagueur insouciant, parfois même dépourvu de tact. Le peu de gens ayant rencontré les phases les plus dangereuses de son caractère étaient soit morts, soit encore à Azkaban. Leur haine pour lui ne s'était pas atténuée du tout lorsqu'il était devenu leur compagnon à l'intérieur de la version sorcière de l'enfer, ce qui ne l'avait jamais dérangé – après tout, il les avait mis là. Ils avaient tous les droits de le haïr. Mais, mis à part ceux qui étaient emprisonnés ou décédés, les gens ne voyaient généralement que le clown.

En ce moment par contre, alors qu'il entrait dans les quartiers généraux du Ministère, il était tout sauf un clown. Les pas de Sirius étaient longs et assurés à l'approche du bureau de la réceptionniste ; la sorcière releva la tête et le regarda sans le reconnaître (ces photos d'Azkaban ne lui donnaient pas aucunement justice) et, avec entrain, leva un sourcil et lui sourit poliment. Il parla avant qu'elle ne puisse demander ce qu'il désirait.

"Sirius Black pour rencontrer le ministre de la Magie."

L'effet de ses mots fut indescriptible. La sorcière se recula derrière son bureau sous le choc et sembla aux prises avec un débat intérieur à propos des vertus possibles d'un hurlement. Elle se rappela sans doute juste à temps que le Ministère avait déclaré son innocence ; cela n'empêcha toutefois pas ses yeux bruns de doubler leur taille normale. Elle le fixa pendant un long moment. Apparemment, elle superposait l'homme bien bâti et de belle allure à celle maigrelette et miteuse d'une de ses images que les journaux avaient publiée depuis au moins un an. Sirius remarqua la surprise sur son visage alors qu'elle évaluait les changements de son apparence, mais en même temps, la peur ne quitta pas ses yeux. Il supposa que le regard glacial qu'il lui donnait était exactement celui qu'elle aurait pu espérer recevoir d'un tueur en série – ou d'un Mangemort. Ou d'un ex-auror assez irrit, se dit-il en sachant que ce n'était pas quelque chose à laquelle elle pensait en ce moment. Mais pourquoi s'embarrasser de la vérité ?

"J'ai... j'ai bien peur que le ministre soit occupé présentement," articula-t-elle enfin.

Sirius haussa un sourcil et la laissa se tortiller, mal à l'aise pendant un long moment. Plusieurs personnes n'avaient jamais compris comment il pouvait devenir quelqu'un d'aussi opposé à la personne normale et joyeuse qu'il est, mais Sirius Black était un homme d'extrêmes. C'était pourquoi il avait été un si bon auror. Le temps des jeux et celui des affaires étaient deux mondes différents – même si aucun de ses professeurs n'aurait jamais pu croire qu'il savait faire la différence.

"Et pendant combien de temps sera-t-il occupé ?" demanda Sirius de glace, puis laissa paraître un léger sourire. "Ou est-ce simplement votre manière polie de dire qu'il ne me rencontrera pas ?"

"J'ai bien peut qu'il soit occupé toute la journée," dit doucement la sorcière, complètement incertaine à propos de la façon dont le traiter.

"J'ai bien peur que ce ne soit inacceptable," dit-il nonchalamment, et il regarda son visage complètement sous le choc comme si la secrétaire s'attendait à une menace. "J'apporte un urgent message de Poudlard. J'ai besoin de parler directement avec le ministre."

Ça devrait la convaincre, pensa Sirius en regarda son visage soudainement alarmé. Au lendemain de l'attaque – la destruction – de Beauxbâtons, tout le monde craignait sans aucun doute que Poudlard soit la prochaine sur la liste. Durmstrang était peut-être une cible plus facile, mais l'école européenne enseignait la magie noire, ce qui voulait dire que Voldemort avait de bonnes chances de s'y faire des alliés. D'un autre côté, Poudlard était le domaine d'Albus Dumbledore, celui craint par plusieurs sorciers s'alliant aux forces du Mal, ce qui signifiait que Poudlard serait attaquée tôt ou tard. En évaluant le visage de la sorcière en face de lui, Sirius sut qu'il ne s'était pas trompé et que le ministère craignait pour le sort à court terme de Poudlard – et il ne fit rien pour la dissuader de ses croyances. C'était peut-être rude, mais Sirius n'avait pas vraiment le goût de jouer dans les règles.

En y repensant, il n'avait présentement pas le goût de jouer à rien du tout.

"Je vais vous annoncer," lui répondit-elle rapidement. En l'espace de trois secondes, la sorcière était passée de l'indifférence à la collaboration presque totale (voire écoeurante). Sirius la regarda impassiblement lorsqu'elle sauta de sa chaise et se rua dans le bureau de Fudge. Il n'y eut pas trente secondes avant qu'elle ne revienne en laissant la porte ouverte derrière elle.

"Le ministre vous reçoit immédiatement M. Black."

"Merci."

Il la salua d'un mouvement de tête, mais la présence de la sorcière était bien loin dans ses pensées lorsqu'il entra le bureau de Fudge. Il y avait au moins un millier de choses que Sirius aurait préféré faire en ce moment, et parler avec Cornelius Fudge avait été rayé de sa liste de choses à faire pendant sa vie à peu près au moment où Fudge était arrivé avec Barty Croupton pour l'arrêter. Les deux salauds, ambitieux et arrogants tels qu'ils étaient, avaient décidé qu'un procès serait une chose trop généreuse à donner au bras droit de Voldemort – et ça l'avait amené en enfer. Des deux, Croupton était celui que Sirius haïssait légèrement le plus, surtout parce qu'il le comptait parmi ses collègues professionnels et qu'il avait assumé que Croupton l'aurait au moins écouté et lui aurait donné la chance de s'expliquer. Fudge, par contre, Sirius le voyait comme un monstre politique seulement intéressé à garder sécuritaire la place qu'il se bâtissait au Ministère de la Magie.

Il était cependant là et Dumbledore comptait sur lui. Il avait du travail à faire. Sirius avait appris longtemps auparavant que l'échec ou encore une erreur de sa part n'étaient pas des moments qu'il aimait vivre donc, il n'échouerait pas. Réunion d'affaires. Il s'efforça d'effacer la haine de sa voix. "Monsieur le ministre."

Étonnamment, Fudge se leva de sa chaise et contourna son grand bureau en chêne, pour l'accueillir. "M. Black. Vous venez de Poudlard ?"

"En effet." Lorsqu'il rencontra le regard de l'homme plus âgé, il ne put s'empêcher de remarquer que Fudge tremblait légèrement. La peur se lisait clairement dans les yeux du ministre de la Magie, et Sirius savait qu'il s'attendait au pire. Ce ne fut cependant pas la seule chose qu'il remarqua. Il fit un léger mouvement de tête en direction de la porte encore ouverte où la secrétaire regardait la scène dans le cadre de la porte, les yeux agrandis par l'anticipation. "Vous voudriez certainement fermer la porte. J'ai l'impression que vous ne voudriez pas que les autres entendent ce que j'ai à vous dire."

Le ministre alla fermer la porte en lançant un regard perçant à la sorcière, qui fila vers son bureau. Fudge avala difficilement et s'assit lentement dans sa chaise derrière son bureau, comme si ses jambes ne pouvaient soudainement plus le supporter. La voix de Fudge devint un murmure rauque.

"Poudlard n'est plus, n'est-ce pas ?"

"Non," répondit Sirius, prenant place dans la chaise que le ministre ne lui avait pas offerte. "Je vous assure que l'école de sorcellerie de Poudlard est parfaitement intacte et le restera pour encore assez longtemps. Il faudra plus de pouvoir que Voldemort – pendant un instant Sirius crut que le ministre allait s'évanouir - possède présentement pour briser les défenses."

"Mais vous avez dit que vous apportiez un urgent message de – "

"Et c'est le cas. Ce n'est cependant pas de ma faute si votre secrétaire vous a mal informé." Ou du moins, ce n'est pas de ma faute si elle a imaginé des choses que je n'ai pas dites. Secouer Fudge était probablement la meilleure solution pour accomplir sa mission, en assumant qu'elle pouvait être accomplie, ce qui voulait dire que Sirius ne se souciait pas du tout de protéger les tendres sentiments du ministre et d'être rude. "Je suis venu au nom du directeur, qui regrette de ne pouvoir présentement quitter l'école. De plus importantes choses demandent présentement son attention."

"Comme quoi ?" le visage de Fudge s'empourpra à cette subtile insulte.

"La sécurité de Poudlard. La guerre contre Voldemort." Sirius laissa son regard pénétrer celui du ministre. "Et le futur de notre monde."

" Écoutez Black –"

"Non." Alors que Fudge criait presque, Sirius restait calme et en contrôle. Mais, son ton sans expression fit immédiatement taire le politicien, qui fixa le professeur de Poudlard sans y croire, avec un visage de plus en plus rouge qui ne révélait que trop bien sa colère. Avant que l'autre ne puisse répondre, Sirius poursuivit avec la même voix sans émotions, refusant de commencer un match d'engueulade avec Fudge.

"Si vous voulez bien m'écouter, M. le ministre. Je suis ici au nom d'Albus Dumbledore et de l'Ordre du Phénix. Je viens, pour la dernière fois, vous demander de reconsidérer vos politiques et de dire la vérité derrière ces attaques. Vous ne pouvez plus nier que le monde est en guerre encore longtemps. Vous ne pouvez pas cacher le danger qu'est devenu Voldemort. C'est un acte criminel de le faire et de mettre en danger les personnes que vous devriez le plus protéger." Sirius regarda le visage furieux de l'homme sans ciller. "Il est temps de dire la vérité. La population mérite de le savoir."

"Vous n'avez aucunement le droit de venir ici et de me dire comment diriger mon propre ministère !" répliqua sèchement Fudge, trop furieux de la franchise derrière les mots de Sirius pour en comprendre les nuances.

"Je n'en ai peut-être pas le droit," approuva-t-il froidement. "Mais je viens ici avec un avertissement et une déclaration : si vous continuez à nier la vérité, Dumbledore annoncera publiquement que Voldemort est vivant et demandera du support contre le Seigneur des Ténèbres."

Sous n'importe quelles autres circonstances, l'expression sur le visage de Fudge aurait pu être amusante ; présentement cependant, c'était assez déprimant. Le ministre semblait réellement être sur le point d'exploser (à défaut d'avoir une crise cardiaque), mais ce n'était pas dans les moindres soucis de Sirius. Il n'y avait aucune approche douce possible, donc il avait frappé Fudge au visage avec la vérité. Ce n'était peut-être pas l'approche la plus diplomatique qui soit, mais si le directeur avait voulu de la diplomatie, il aurait envoyé Remus. Et le sourire sur son visage me disait qu'il voulait tout sauf de bonnes manières de ma part, pensa Sirius. En tout et pour tout, je pense que je me suis très bien comporté jusqu'à présent.

"Il n'oserait pas," articula enfin Fudge.

"Ce n'est pas une question de culot," répondit Sirius. "C'est une question de faire ce qui doit être fait. Allez-vous annoncer la vérité et diriger la bataille contre Voldemort ou allez-vous laisser un autre le faire à votre place ?"

"Dumbledore ne s'opposerait jamais au Ministère," répliqua rapidement le politicien, essayant de se convaincre lui-même plus que Sirius. "Nous avons travaillé ensemble depuis tant d'années..."

"Depuis les cinq derniers mois, monsieur le ministre, vous avez tout fait sauf travailler avec lui," répondit sèchement Sirius, incapable de croire que les illusions du ministère étaient si grandes. Oh, il le savait, mais de le voir en personne était totalement autre chose. "Depuis cinq mois, Dumbledore s'est combattu dans une guerre sans aucune aide ni de vous, ni du Ministère – vous avez, à la place, persister à mentir aux gens que Voldemort poursuit. Vous n'avez rien fait pour arrêter le Seigneur des Ténèbres et le temps des mensonges est terminé. L'Ordre du Phénix ne peut combattre cette guerre seul. Nos batailles ne peuvent plus se construire dans l'ombre. Nous devons nous unir sinon Voldemort nous détruira un par un.

"Mais pour faire cela, la communauté magique doit connaître la vérité que vous lui avez cachée. Faîtes une annonce ou Dumbledore le fera."

Fudge le fixa. Sirius soutint son regard, ayant donné son ultimatum et n'ayant plus rien à dire. Il se sentait contaminé juste à être assis dans la même pièce que l'homme. Un silence extrêmement inconfortable emplit le bureau pendant plusieurs minutes, mais Sirius demeura parfaitement immobile. Aussi incontrôlé pouvait-il agir, Sirius Black était en fait un homme très discipliné, et il savait que son immobilité énervait grandement Fudge. En conséquence, il confronta le ministre, attendant sa réponse, même s'il savait combien elle serait décevante. Ils le savaient – mais ils devaient essayer. S'il n'avait pas essayé de convaincre et de travailler avec le ministère une dernière fois, l'Ordre du Phénix ne se serait pas prouver mieux que Cornelius Fudge. Le minuscule ministre de la Magie parla enfin.

"Je ne peux croire que Albus Dumbledore peut prendre des décisions si irréfléchies M. Black," dit Fudge avec un semblant de contrôle. "En conséquence, je ne peux qu'interpréter que vous êtes ici sans l'accord du directeur et que vous ne rechercher que vos répréhensibles propres fins. Je vous demande donc de quitter mon bureau maintenant avant que quelque chose... de regrettable se produise."

Lorsque Fudge se leva, Sirius le fixa avec curiosité. Ce n'était certainement pas ce à quoi il s'était attendu... Et attend une seconde, est-ce qu'il vient juste de me menacer ? Presque sans y croire ses oreilles, le professeur-devenu-messager demanda calmement, "Je vous demande pardon ?"

"Vous n'êtes pas le bienvenu ici M. Black," commença Fudge. "Vous pouvez garder vos mensonges –"

La pièce trembla et tout devint soudain hors de contrôle.

"Alors, qu'est-ce vous pensez que c'était ?"

Remus prit son temps avant de répondre. "De toute évidence, ce n'est pas un accident."

"Dîtes-moi quelque chose que je ne sache pas Lupin," répliqua sèchement l'autre professeur impatient, ce qui lui valut un regard noir du professeur d'histoire de la Magie.

"Vous m'avez demandé de l'aide Severus." Remus Lupin lutta pour ne pas élever sa voix ; il pouvait comprendre l'irritation de Rogue et les inquiétudes que le maître de potions essayait de cacher. Rogue avait beaucoup sacrifié dans la guerre contre Voldemort, mais était, selon Remus, encore en train de lutter et de chercher comment vivre avec sa nouvelle liberté. Remus soupçonnait que Rogue avait été un espion pour si longtemps, avait passé tellement d'années à mentir autant à lui-même qu'aux autres en cachant sa vraie personnalité, que même Rogue n'était plus certain de savoir se présenter ou réagir. Donc, même si son attitude pouvait parfois lui donner des maux d'estomac, Remus essaya de comprendre que Rogue utilisait pour cacher son inquiétude.

"Je sais," soupira Rogue, puis sauta soudainement sur ses pieds, en marchant dans le bureau de Remus comme un animal en cage. Remus remarqua que sa main droite s'agrippait férocement à son avant-bras gauche, mais il doutait que Rogue ne le réalise. Le maître de potions s'arrêta abruptement, se forçant à rester en place avec un effort évident. "Je m'excuse."

"Aucune excuse n'est nécessaire," répondit doucement Remus, quelque peu surpris pas la sincérité de l'autre homme. "J'ai cherché dans tout ce que j'ai pu trouver depuis que tu as mentionné le problème, mais je n'ai pas trouvé grand chose. Il semble que la Marque des Ténèbres soit unique à Voldemort. Nos informations sur les sorciers du Mal sont, au mieux, vagues, mais je n'ai rien trouvé qui ne ressemble qu'un tant soit peu à la Marque. Personne n'en a utilisé une auparavant, pas même Grindelwald, qui semble avoir influencé plusieurs actions de Voldemort. Il n'est pas nécessaire que je te dise que je n'ai aucune idée des raisons qui motivent ses actions présentement. Je ne suis pas un expert dans ce domaine non plus."

Rogue grogna. "Malheureusement," répliqua-t-il sèchement," tous les experts sur la Marque des Ténèbres ne sont pas des individus que je souhaite rencontrer en ce moment, merci."

"Je ne peux pas te blâmer pour ça." Remus sourit légèrement. "Présentement, je pensais cependant à toi. Tu as certainement des soupçons Severus ou tu ne m'aurais pas demandé ce que je pouvais trouver. Qu'est-ce que tu penses ?"

Pendant un moment, le maître des potions fixa le mur en réfléchissant, mais Remus regarda avec intérêt lorsque les yeux de Rogue se posèrent involontairement plus bas. Seulement à ce moment-là, sembla-t-il, que Rogue réalisa qu'il agrippait son avant-bras gauche, et il enleva rapidement sa main droite dessus. La grimace sur son visage était difficile à manquer et la frustration et la colère dans ses yeux firent Remus le prendre en pitié, quelque chose qu'il n'avait jamais pensé faire. Il savait toutefois que Rogue ne voulait pas de pitié ; en fait, l'homme détestait demander de l'aide – sa vie n'avait été que solitude et soupçons, rien qui n'aide à faire confiance facilement. Remus supposait qu'il aurait du se sentit flatté dans ce cas, que Rogue se soit tourné vers lui. Il savait que ce n'était pas facile.

"Je pense," dit lentement Severus, "que c'est un message." Il fixait encore son bras. "Mais elle n'a jamais fait cela auparavant. C'est difficile d'expliquer les différentes façons la Marque peut brûler – les ordres sont intuitifs, vraiment. Tu ne peux pas décrire comment ça se sent ; tu sais seulement ce que ça veut dire. Mais jamais ça n'a été comme ça."

"Comment c'était après que Voldemort a su que tu le trahissais ?"

"Au début c'était l'enfer," répondit sincèrement Rogue. "La Marque brûlait toujours douloureusement en présence du Seigneur des Ténèbres, comme lorsqu'il n'était pas content de ton boulot." Il y eut une légère hésitation, comme si Rogue revivait des moments qu'il préférait oublier, et Remus regretta de lui avoir rappelé l'enfer qu'il a du endurer aux mains de Voldemort. Ayant vu Rogue à son retour, Remus savait qu'il y avait pratiquement laissé sa vie – seulement de l'entêtement pur lui avait de rester envie assez longtemps pour atteindre Poudlard. L'ancien Mangemort continua finalement.

"Puis, tout s'arrêta."

"Qu'est-ce que tu veux dire ?" Remus détestait le demander, mais il savait qu'il le devait.

"Il n'y avait rien – je sentais, au début, comme si une croissance cancéreuse avait été enlevée de mon âme, et comme s'il me manquait une partie intégrale de moi-même. C'était un étrange sentiment de liberté, mais inhabituel, quelque chose que je n'avais pas ressenti depuis très longtemps... mais la Marque ne s'effaça pas. Je ne pense pas qu'elle le fera."

La voix de Rogue était remplie de résignation. Remus le fixait pendant qu'il parlait, pris au dépourvu par l'ouverture de l'autre. C'était un côté de Severus Rogue qu'il n'avait jamais vu auparavant, dont il n'avait jamais soupçonné l'existence – mais il supposait qu'il avait du être toujours là, car la force morale qui avait conduit Rogue à trahir Voldemort et suivre Albus Dumbledore devait être accompagné par une sorte de courage très spéciale. Pour la première fois, Remus comprenait pourquoi Dumbledore avait toujours fait confiance à Rogue : l'homme à l'intérieur était totalement différent de l'image projetée au reste du monde. C'était un don que Dumbledore semblait avoir ; son habileté à voir à l'intérieur de l'âme d'une personne était incomparable et le directeur était rarement dans l'erreur. Dans le cas de Rogue, il ne s'était pas trompé du tout.

"Mais elle a recommencé à brûler ce matin."

Remus fronça les sourcils. "Et est-ce que tu peux t'imaginer pourquoi."

"Non." Le maître de potions hocha la tête. "Ce n'est pas un appel. Je suis la dernière personne qu'il veut retrouver en sa présence présentement, à moins qu'il ne veuille me tuer, et il sait que je ne répondrai pas. Mais ce n'est pas comme Voldemort de faire ça par dépit. Il n'est pas si insignifiant – ou peut-être qu'insignifiant est un mot mal choisi. Au contraire, j'aurais pensé qu'en tant que traître, je ne fais pas parti de ses avertissements, jusqu'à ce qu'il décide que je devrai mourir."

L'absence d'émotion dans la voix de Rogue était pratiquement épouvantable. Remus se demanda comment pouvait-il faire face à une horrible more avec autant d'acceptation – malgré que, n'était-ce pas ce qui attendait chaque membre de l'Ordre du Phénix s'ils devaient perdre la guerre ? Tout comme Rogue, Remus n'avait pas peur de la mort, même s'il ne la recherchait pas nécessairement non plus, il savait que la mort viendrait. C'était l'acceptation de sa mort qu'avait Rogue, qui l'horrifiait le plus, même s'il réalisait que ce n'aurait pas du le faire. Il a été un agent double pendant des années, se rappela Remus. Il a vécu la moitié de sa vie en sachant que Voldemort allait le tuer. En vérité, Rogue était probablement surpris d'avoir vécu aussi longtemps.

"Je pense qu'elle brûle pour une autre raison."

"Est-ce qu'il peut te forcer à le rejoindre grâce à elle ?" se demanda soudainement Remus.

Rogue répondit par la négative d'un mouvement de tête. "Si j'étais n'importe où, sauf à Poudlard peut-être. Faire ça, c'est comme faire transplaner quelqu'un d'autre – c'est techniquement impossible, même si la Marque des Ténèbres est brûlée dans mon bras. Je suppose cependant, que s'il avait assez de pouvoir – plus qu'il ne pourrait lui-même en posséder, donc il aurait, évidement, à l'attirer sur quelqu'un ou quelque chose – il pourrait le faire. Même contre mon gré."

Remus frissonna. Ce n'était pas une pensée agréable. "Alors, est-ce que c'était un avertissement ?" spécula-t-il. "Est-ce que ta Marque agit de la même manière que la cicatrice de Harry maintenant que tu as été coupé de Voldemort ?"

"Je n'en serai jamais libre si c'est ce que tu veux dire," le corrigea sombrement Severus. Puis, il hocha la tête. "Mais je ne pense pas que ce soit un avertissement. La brûlure me fait plus sentir de l'anticipation... comme si quelque chose allait bientôt arriver."

Le verre trembla jusqu'à se casser. Le pouvoir crépitait dans l'air. Le plancher flanchait et secouait sous lui, même lorsque Sirius plongea instinctivement de sa chaise au sol. La poussière emplissait ses poumons, et pour la première fois depuis plusieurs années, Sirius ressentit en fait de la douleur. Il ressentait la mort.

Il entendit Fudge crier à distance, mais Sirius n'avait pas le temps pour le ministre. Il avait l'impression de vivre son propre tremblement de terre privé ; le monde vibrait et semblait au bord du gouffre. Ses perceptions du haut et du bas devinrent soudainement mauvaises et ce qui était auparavant à sa droite devint en bas – Sirius atterrit dans un lointain mur avec un bruit sourd et vit le bureau de Fudge glisser à sa rencontre à travers l'air pollué du bureau. Quelque part, semblant très très lointain, il entendit plus de cris provenant d'autres voix. Il essaya trop tard de s'enlever de la trajectoire du bureau, mais Sirius réalisa qu'elle allait le frapper et savait qu'une fois fait, il mourrait et ce serait terminé.

Puis, le monde bascula de nouveau, l'envoyant d'un autre sens. Sortant désespérément une main pour amortir sa chute, Sirius rebondit sur la même chaise qu'il avait occupée quelques secondes auparavant. Il enfouit sa tête sur sa poitrine et réussit à tout éviter, sauf un transperçant coup à l'épaule, mais il n'avait pas le temps de se préoccuper de la douleur à venir. Sa conscience s'aiguisait, se définissant pendant qu'il essayait de comprendre ce qui se passait, mais l'ancien auror n'avait pas trop le temps de disséquer toute la situation. Il se dit idiotement qu'il aurait amplement le temps pour cela plus tard ; il devait se concentrer sur le moment présent. Roulant hors du chemin du bureau qui avait failli lui coûter la vie, Sirius commença à se relever sur ses pieds, mais ne trouva rien sur quoi se tenir puisque le plancher céda soudain sous lui.

Tomber. La sensation s'apparentait à celle de voler, mais était moins vivifiante, et l'atterrissage promettait être beaucoup moins amusant. Ça va être laid – il percuta. Crounch. Sirius ne savait pas si le son provenait de ses os cassés ou du panneau de bois qui avait été dans le bureau de Fudge, mais il n'avait pas vraiment le goût de le savoir non plus. Quelque chose de dur et de lourd atterrit sur lui. Douleur. La noirceur commençait à s'installer en lui, mais il savait instinctivement que le réveil serait bien pire que de rester conscient. Des années d'entraînement et de dur labeur entraient en action. La masse au-dessus lui était inflexible et il n'avait aucune idée si elle cachait sa présence. En vérité, il ne savait pas s'il avait besoin de se cacher, mais son instinct et son entraînement lui criait d'agir avec que quelqu'un d'autre ne le fasse à sa place. Bouge.

Avec un grognement, Sirius enleva le plancher, les tuiles de plafond et les restants de la chaise (en plus de dieu-sait-quoi) qui étaient sur son corps et se releva. Il cligna des yeux, lançant des coups d'oeil autour et essayant de se faire des repères à travers le nuage de poussière qui s'était formé au-dessus de lui. Une vague lumière l'atteignit soudain à travers les débris, et il aperçut qu'elle provenait d'une petite fenêtre à sa droite. Bien. Cela voulait dire qu'ils étaient encore au-dessus de la terre, et il se rappela que le bureau de Fudge était au quatrième étage des spacieux quartiers généraux du ministère de la Magie – la mort.

Sa tête tourna brusquement autour de la pièce alors qu'il la sentit. La sensation était près de lui, peut-être cent cinquante mètres plus loin : vers l'entrée principale du bâtiment. Il y avait un crépitement magique, un léger élancement de ténèbres que les aurors étaient entraînés à rechercher – mais très peu pouvait vraiment le ressentir. La plupart n'avaient seulement pas la sensibilité appropriée, mais Sirius l'avait toujours eue. Habituellement, il en ressentait seulement ses traces passées, les résidus laissés derrière la magie Noire, la douleur et la mort. Celui-ci était frais, présent, il était en train de se produire, mais il le reconnaissait tout aussi bien. C'était le même pouvoir, les mêmes ténèbres et la mort qu'il avait ressenti presque quinze ans auparavant à Godric's Hollow lorsqu'il s'était incliner au-dessus des corps de son meilleur ami et de sa femme. Il l'avait ressenti plusieurs autres fois, bien sur, avant et depuis ce moment, mais ce jour-là avait toujours été le plus fort. Et il savait pourquoi.

Voldemort est ici.

Soudain, un grognement lui rappela qu'il n'était pas seul. "Fudge ?" appela Sirius. Sa voix semblait étouffée dans l'air anormalement lourd, même à ses oreilles. Il écouta attentivement, mais il n'y eut aucune réponse. Le seul son provenait du bruit du saccage des étages au-dessus d'eux.

"Fudge ?"

NdA : Bonjour à tous ! Hé oui je suis finalement en vacances! Après un mois de travail intense et une tendinite aux bras droit (ce qui est très pratique pour taper !) je m'en suis sortie! Hé hé ! Je commence la traduction du prochain chapitre qui devrait arriver la semaine prochaine au maximum. Au programme : encore Sirius, Rogue et Lupin, et même un peu Harry! Bonne semaine et écrivez-moi un mot! Izabel –xx-