J'avais l'intention de poster en début de mois... Je n'ai malheureusement pas eu le temps de le faire. Je m'en excuse platement !
Trêve de blablas, je vous laisse lire la suite :)
Un vendredi après-midi, alors qu'il se rendait au bureau de Snape, il croisa Draco.
— Tu vas encore voir Severus ? demanda le blond. On va finir par croire que vous faites des choses pas très éthiques pour un prof et son élève…
— En quoi cela te concerne, au juste ?
— Je ne tiens pas à ce qu'il ait des ennuis à cause de toi. Tu ne t'en rends peut-être pas compte, perdu dans ton petit monde, mais les gens commencent à se poser des questions sur ce que vous faites tous les deux seuls, aussi souvent.
— Je ne vois vraiment pas où est le problème qu'un professeur discute avec l'un de ses élèves pour l'aider à aller mieux.
— On pourrait croire que vous ne faites pas que discuter. Des rumeurs commencent à circuler sur ce qu'il te fait pendant vos… "discussions". On sait tous qu'un vampire peut faire prendre du plaisir à la personne qu'il mord, ce qui expliquerait que tu sembles toujours plus joyeux le lendemain.
— Ne sois pas stupide. Même si je le voulais, je ne pourrais pas donner mon sang aussi souvent.
Harry commença à reprendre son chemin sous le regard mauvais du Serpentard. Mais après quelques pas, il s'arrêta et se retourna à demi pour lancer :
— Au fait, Malfoy. Tu devrais faire attention. On pourrait croire que tu es jaloux…
Avec un petit sourire victorieux – ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait lire le choc sur le visage de Draco –, il se dirigea vers le bureau du professeur de potions. Mais arrivé devant la porte, il hésita. Malgré lui, ce que lui avait dit Malfoy le faisait réfléchir. Est-ce que ça le dérangeait que les gens pensent qu'il entretenait une relation malsaine avec Snape ? Non, parce qu'ils ne faisaient rien de mal ensemble. Ils discutaient et ça s'arrêtait là. Mais, au fond, serait-il vraiment contre, aujourd'hui, d'aller plus loin ? À sa grande surprise, la réponse fut "peut-être pas". Il avait plus ou moins laissé de côté l'idée de la transformation en vampire jusque-là, car il ne pensait pas possible qu'il couche avec le maître des potions. Mais, plus il y réfléchissait et plus il se disait que ce n'était pas un problème, finalement. Ce n'était pas comme s'il ne savait pas comment ça se passait entre deux hommes. Ce n'était pas non plus comme si Snape était vraiment hideux au point de tuer la moindre once de désir juste par son évocation. D'accord, c'était peut-être le cas pour certaines personnes, soyons honnêtes. Mais le Survivant avait appris, au cours de ces dernières semaines, à apprécier l'homme pour ce qu'il était, sa personnalité, sa façon d'être… Et il en était venu à ne plus du tout regarder son physique. Du coup, si on lui reposait aujourd'hui la question de savoir s'il serait vraiment prêt à coucher avec le vampire pour obtenir sa transformation tant désirée... Il répondrait sans doute que cela demandait encore quelques réflexions. Mais ce ne serait pas un non catégorique.
Il finit néanmoins par secouer la tête pour chasser tout ça de son esprit et se décida à frapper à la porte du bureau de son professeur. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Une voix l'invita à entrer. Et Harry ne put s'empêcher de se dire que cette voix pourrait être agréable à écouter, dans le creux de l'oreille, pendant un moment intime. Non, il venait de dire que ce n'était pas le moment de penser à ça ! Chassant ces idées de sa tête, il entra et alla directement s'asseoir sur la chaise face à son professeur.
— Bonsoir, Harry.
— Bonsoir, Severus.
Cela faisait quelques jours que Severus l'appelait par son prénom et le tutoyait pendant leurs séances. Et s'il appelait également son professeur par son prénom, il n'avait jamais pensé à le tutoyer.
— As-tu envie de parler de ce qui te perturbe ?
— Ce qui me perturbe ? répéta le Gryffondor sans comprendre.
— Tu es resté près de dix minutes devant ma porte, comme si tu hésitais.
Ah oui… Il avait tendance à oublier que l'homme avait une ouïe beaucoup plus fine que la sienne et qu'il savait donc quand quelqu'un venait le voir avant même que cette personne ne frappe à sa porte. Il avait maintenant le choix entre lui dire la vérité ou refuser de répondre. Car il était bien évidemment exclu de mentir. Il avait déjà pu constater que ça ne passait pas. Ou alors, il pouvait aussi dire une partie de la vérité.
— J'ai croisé Draco sur le chemin. Il m'a dit que les gens commençaient à se poser des questions sur nos entrevues et qu'ils risquaient de s'imaginer des choses.
— Quel genre de choses ?
— Que vous me mordez… de façon à ce que j'en retire du plaisir. Et que ce serait grâce à ça que j'ai l'air mieux après nos rencontres.
Severus n'était pas vraiment étonné de cette réponse. Outre la peur qu'il vide les élèves de leur sang, Minerva avait également craint cet aspect de la morsure. Mais après un mois, Pomfresh avait fini par le mettre à la porte en disant qu'elle perdait son temps à le surveiller alors qu'il se tenait très bien. Il avait alors promis à la directrice qu'il continuerait à faire attention. Offrir du plaisir à la personne mordue n'était pas un problème en soi. C'était plutôt l'aspect sexuel qui allait avec, sachant que la plupart des donneurs étaient des élèves. Question éthique, ça ne le faisait pas vraiment. Donc, même s'il recevait maintenant les volontaires dans son bureau, il faisait son maximum pour que ce soit sans douleur, mais aussi sans plaisir. Pas plus désagréable qu'un don du sang standard, mais pas vraiment plus plaisant non plus.
— Et que penses-tu de tout ça ?
— J'ai appris à me moquer de ce que les autres pensent, répondit le Gryffondor en haussant les épaules. Mais je me demande, du coup, ce que, vous, vous en pensez. Est-ce que ça vous dérange ?
— Comme toi, j'ai appris à laisser parler les gens et à ne pas m'en soucier. Donc, non, ça ne me dérange pas.
— Ça ne risque pas non plus de vous créer des problèmes ?
— Minerva pourrait me poser des questions. Elle pourrait aussi exiger que je la laisse vérifier que je ne fais rien d'inapproprié.
Harry se tendit à ces mots. Le seul moyen pour vérifier serait qu'elle soit présente. Et il était hors de question qu'il révèle à qui que ce soit son désir profond de devenir un vampire.
— Bien évidemment, je ne le ferais pas, reprit Snape, ayant parfaitement remarqué la tension de son élève. Mais elle pourrait alors m'interdire de te voir à nouveau seul à seul.
— Vous n'hésitiez pas à tenir tête à Dumbledore lorsque c'était nécessaire.
— L'une des conditions pour que je revienne enseigner et que je reste ici est que je fasse ce qu'elle me demande sans discuter.
Un silence s'allongea durant plusieurs minutes avant que la question ne fuse enfin de la bouche du Survivant.
— Si vous deviez choisir entre nos… discussions et rester ici, que choisiriez-vous ?
Snape eut un petit sourire. Cette interrogation était prévisible. Et il savait parfaitement quoi répondre.
— Rester ici, évidemment.
Il attendit de voir la réaction de son élève. Comme il s'en doutait, celui-ci eut l'air extrêmement déçu. Au fond de lui, il en fut satisfait. Il n'avait jamais particulièrement eu l'impression de compter pour quelqu'un, d'être important, voire indispensable. Et il semblait l'être aujourd'hui pour Harry. C'était sans doute égoïste, mais cela lui faisait plaisir.
— Je choisirais de rester ici, parce que je suis persuadé que tu trouverais un moyen de détourner l'interdiction qu'on se voit en tête à tête pour parler.
— Vous surévaluez probablement mes capacités à outrepasser les règles, répondit le plus jeune avec un petit sourire.
— Tu as pourtant su trouver le moyen d'aller à Pré-au-Lard sans autorisation. Tu as également réussi à voler la coupe d'Helga Poufsouffle dans le coffre de Bellatrix Lestrange chez Gringotts. Et tu es aussi parvenu à défaire le plus grand mage noir de ce dernier siècle. Tout cela en brisant bien plus de règles que doit en contenir le règlement de l'école. Peu de gens peuvent s'en vanter. Alors non, je ne pense pas te surévaluer.
Harry regarda son professeur avec surprise.
— Comment vous savez pour Pré-au-Lard ?
— Les secrets ne restent jamais longtemps secrets à Poudlard. Plus encore pour un vampire. Tu n'imagines pas tout ce que je peux entendre dans les couloirs. Les tableaux sont de véritables commères.
— Qu'avez-vous appris d'intéressant depuis que vous êtes revenu, alors ?
Le maître des potions prit le temps de la réflexion, souhaitant certainement ne pas donner d'information trop compromettante.
— As-tu déjà remarqué que ton ami Londubat a tendance à disparaître de la circulation pendant l'heure qui précède le dîner ? Notamment les mardis et les jeudis.
Harry réfléchit un instant. Il eut beau chercher dans sa mémoire, il était effectivement difficile de trouver un mardi ou un jeudi où il avait pu croiser Neville entre 18h et 19h.
— La raison à cela est qu'il va tous les mardis et jeudis dans les toilettes des filles du deuxième étage depuis environ trois ans.
— Mais… C'est là où est Mimi Geignarde.
— En effet.
— Pourquoi va-t-il là-bas ?
Le Gryffondor ne comprenait pas. Était-ce pour voir Mimi ? Non, il ne pouvait concevoir qu'on puisse volontairement vouloir voir cette fille. Il voulait bien être un minimum sociable, mais c'était vraiment compliqué avec ce fantôme.
— Pour être sûr que personne ne le dérangera. Il préfère apparemment être surpris par un fantôme que par ses camarades de dortoir.
— Surpris ? Mais surpris à faire quoi ?
Severus le regarda en haussant un sourcil suggestif. Qu'est-ce qu'un adolescent pourrait bien vouloir cacher à ses amis ? Le Survivant sentit ses joues chauffer en comprenant.
— Vous voulez dire… Qu'il se…
— Masturbe, oui.
Le vampire avait pris en pitié son pauvre élève qui ne semblait décidément pas en mesure de pouvoir sortir ce mot.
— Il est plutôt bruyant dans ses… activités solitaires. Et Mimi est tellement contente d'avoir la compagnie d'un garçon qu'elle n'hésite pas à faire fuir toute personne qui tenterait d'entrer alors qu'il est là. Moi y compris.
— Elle vous a empêché d'entrer ? demanda Harry, incrédule.
— J'avais entendu des gémissements plaintifs. Je me suis dit qu'un élève était peut-être blessé. J'ai voulu aller voir, elle m'a tout bonnement barré la route et fermé la porte des toilettes au nez. J'ai eu ensuite la confirmation par d'autres fantômes : elle peut rester et se rincer l'œil si elle le protège de tout autre voyeur.
Après cette révélation qui montrait à Harry un Neville très différent de ce à quoi il était habitué, ils continuèrent de discuter un moment. Puis, ils mirent fin à leur séance et en programmèrent une nouvelle, quelques jours plus tard. Mais celle-ci n'arrivait pas assez vite au goût du plus jeune. Les paroles de Malfoy l'avaient bien plus perturbé qu'il ne voulait bien l'admettre.
En effet, depuis ce jour, il ne pouvait s'empêcher de détailler Snape et il faisait des rêves sur lui presque toutes les nuits. Pourtant, si on lui avait demandé s'il trouvait le vampire sexy, il aurait évidemment répondu "non". Mais il y avait un petit quelque chose qui faisait qu'il se sentait irrémédiablement attiré. Plus il y pensait et cherchait à connaître l'origine de cette attirance, plus il se sentait comme le papillon captivé par la lumière et prêt à se brûler les ailes.
— Y a-t-il quelque chose dont tu voudrais me parler ? demanda Severus au début de leur discussion suivante. Quelque chose te tracasse ?
— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
— Tu es nerveux.
Le premier réflexe du jeune homme fut de vouloir nier. Mais, alors qu'il avait déjà ouvert la bouche, il se rappela que c'était totalement inutile lorsqu'on avait un vampire en face de soi. Il la referma donc en poussant un long soupir.
— Si tu ne souhaites pas en parler, rien ne t'y oblige.
— Ce n'est pas ça.
— Qu'est-ce que c'est, alors ?
— Je ne veux pas qu'on arrête de se voir.
— Nous n'arrêterons pas, dans ce cas.
— Même si je vous dis que j'ai fait un rêve érotique avec vous la nuit dernière ?
Severus fut tellement abasourdi qu'il en devint muet pendant plusieurs minutes, mimant à la perfection le poisson hors de l'eau avec ses yeux exorbités et sa bouche grande ouverte. Quand il se reprit enfin, il demanda :
— Tu plaisantes, n'est-ce pas ?
— Oui, répondit simplement son élève.
Il le regarda avec scepticisme.
— Vas-tu m'expliquer ou vais-je devoir te tirer les veracrasses du nez ?
Harry prit un instant pour remettre ses idées en ordre et se lança :
— Je n'arrête pas de repenser à ce que m'a dit Draco la dernière fois. Et… Vous vous souvenez lors de notre première discussion, quand vous m'avez expliqué comment on devient un vampire ?
Le maître des potions hocha la tête. En effet, il était difficile d'oublier ce moment.
— Eh bien, j'ai changé d'avis.
— Changé d'avis ? À propos de quoi ?
— Du fait que vous puissiez ou non avoir une vie sexuelle.
Harry détourna le regard tandis qu'un silence gênant s'installait entre eux. Au bout d'un moment, il n'y tint plus et le brisa.
— S'il vous plait, dites quelque chose…
— Je ne suis pas sûr de ce que je dois comprendre. Es-tu en train de me dire que tu peux désormais m'imaginer avoir des relations sexuelles ?
Les joues d'un rouge soutenu, le Gryffondor hocha la tête.
— Très bien… Et donc ?
— Comment ça "et donc" ? Vous le faites exprès ?
— J'avoue que te voir patauger dans la gêne est amusant. Mais non, je ne vois vraiment pas où tu veux en venir.
— Je veux en venir au fait que je ne suis plus contre le fait de coucher avec vous.
Snape soupira.
— Je croyais que nous en avions fini avec ça, Harry. Je ne te transformerai pas en vampire.
— Je n'ai jamais abandonné cette idée.
Devant le refus de Severus de le prendre au sérieux dans sa demande et sa détermination, le Survivant mit fin prématurément à leur entrevue. C'était la première fois qu'il sortait du bureau de son professeur plus mal qu'il n'y était entré. Et apparemment, ça se voyait.
— Harry, ça va ? demanda Ron en le voyant débarquer dans le dortoir.
Il était en train de jouer à un jeu de cartes magiques avec Neville, Dean et Seamus. Harry ne leur jeta pas un regard et se contenta de s'enfermer dans la salle de bains. Oui, il avait grand besoin d'une douche pour se rafraîchir les idées.
oOoOo
Deux jours plus tard, Severus reçut une lettre. Il en reconnut immédiatement l'écriture.
Severus,
Je suis désolé pour la dernière fois.
Seriez-vous d'accord pour que nous nous voyions ce soir ?
Harry.
La chouette blanche du jeune homme attendait visiblement une réponse à remettre à son propriétaire. Alors, le maître des potions prit sa plume et inscrivit un simple "D'accord" suivit de ses initiales avant de rendre le parchemin à l'oiseau.
oOoOo
— Bien. De quoi as-tu envie de parler, Harry ?
— Vous savez que c'est bientôt Halloween. Et vous savez ce que signifie cette date.
En effet, Severus ne le savait que trop bien. C'était la date anniversaire de la mort de Lily et James Potter. Il fit un léger signe de tête, invitant ainsi son élève à continuer.
— La seule fois où j'ai été les voir, c'était… C'était l'année dernière. Alors que Voldemort me traquait. J'aimerais y retourner.
Un silence s'installa, ni gênant ni lourd, simplement apaisant.
— Je pense que c'est une excellente idée.
— Venez avec moi.
Snape fut légèrement décontenancé par cette demande. Mais il accepta. Peut-être qu'à lui aussi ça lui ferait du bien d'aller rendre visite à la seule véritable amie qu'il ait jamais eue.
Ainsi, le jour venu, ils sortirent ensemble de l'enceinte du château et transplanèrent à Godric's Hollow, juste devant le cimetière. Il n'y avait personne en cette heure matinale, et c'était tant mieux. Lorsqu'ils trouvèrent la tombe des Potter, ils restèrent de longues minutes devant, en silence. Severus ignorait s'il devait ou non montrer clairement son soutien à Harry. Il n'avait nullement besoin de le voir pour savoir que celui-ci pleurait. Il décida finalement qu'il n'y aurait aucun mal à poser une main sur son épaule. Mais il ne s'était pas attendu à la réaction du jeune homme. Ce dernier, comme s'il avait attendu le signal, laissa sortir ses sanglots et s'appuya contre le vampire, reniflant bruyamment dans sa chemise.
N'importe quel être humain se serait plaint de voir sa chemise ainsi malmenée. Mais pour Severus, le véritable problème était tout autre : depuis qu'il était un vampire, il n'avait jamais été aussi proche physiquement de quelqu'un. Hormis pour boire du sang.
— Harry… Nous devrions rentrer.
Avec un dernier reniflement, le jeune homme s'éloigna légèrement.
— Merci.
Ce ne fut qu'à ce moment que le Gryffondor remarqua le regard appuyé de son professeur sur son cou dont l'écharpe avait glissé.
— Vous avez soif.
Ce n'était évidemment pas une question, mais bel et bien une constatation.
— Je n'ai pas eu le temps de boire aujourd'hui. Ce n'est rien.
Severus avait déjà fait demi tour, s'apprêtant à quitter le cimetière pour retourner à Poudlard. Mais il fut stoppé par une main attrapant son bras.
— Mordez-moi.
— On doit retourner à l'école.
— Mordez-moi avant.
— Enfin, Harry, je ne vais pas faire ça en plein milieu de la rue.
— Bien sûr que non.
Le plus jeune eut un sourire et, sans prévenir, transplana. Sous la surprise, Severus tituba légèrement en regardant autour de lui pour voir où ils avaient atterri. Il reconnut sans mal l'endroit.
— Pourquoi nous as-tu emmenés chez Black.
— Ce n'est plus chez mon parrain, dit Harry en entrant dans la maison. C'est chez moi depuis que Sirius est mort. Il me l'a léguée.
— Ça ne répond pas à la question.
— Vous avez soif. Je vous offre mon sang et un lieu pour le boire en toute tranquillité.
— Harry…
Ce n'était pas une bonne idée. Vraiment, ce n'était pas une bonne idée du tout.
— Harry, nous devons retourner à Poudlard, tenta-t-il alors que son élève l'entraînait dans le salon et le poussait à s'asseoir sur le canapé.
— Pourquoi ? Vous avez dit à Mcgonagall qu'on partait voir la tombe de mes parents. Elle ne s'attend sans doute pas à ce qu'on rentre avant plusieurs heures. Ce serait normal, après tout, que j'ai besoin de temps, de prendre l'air.
Tout en disant cela, le Survivant avait retiré son manteau et son écharpe. Le vampire aurait voulu détourner les yeux de ce spectacle, mais il n'y parvenait pas. Son regard était irrémédiablement attiré par l'artère qu'il voyait palpiter sous la peau gracile du cou découvert. Il n'était pas affamé. Mais ce qu'il prenait aux volontaires ne lui permettait que de tenir, pas de se rassasier. C'était comme ne jamais manger à sa faim, juste de quoi survivre. En temps normal, cela ne lui posait pas vraiment de problème. Mais avoir quelqu'un à califourchon sur ses cuisses, le nez si proche de ce cou tentateur qu'il pouvait sentir l'odeur de la peau qui le composait, était une véritable torture à ignorer.
Une minute. Depuis quand Potter était assis sur lui, lui offrant ainsi sa gorge ?
Dans un élan de lucidité, il prit le jeune homme par les épaules et l'éloigna vivement, le tenant à distance à bout de bras.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je veux que vous me mordiez. Sans vous retenir. Je veux savoir ce que ça fait.
— Tu es complètement inconscient, répondit Snape dans un murmure. Je pourrais te tuer si je perds le contrôle. Il n'y a personne aux alentours pour te venir en aide si je vais trop loin.
— Vous ne perdrez pas le contrôle. J'ai confiance en vous.
Le pire dans tout ça, c'était qu'Harry disait vrai. Les battements de son cœur étaient parfaitement réguliers. Rapides, certainement d'appréhension et d'excitation, mais réguliers. Le Survivant se dégagea de sa poigne et s'approcha à nouveau, offrant une nouvelle fois son cou. Severus perdit alors toute lucidité et se laissa aller : il planta ses canines dans la chair tendre, plaqua sa bouche autour de la plaie qu'il venait de créer et aspira.
Même s'il s'y attendait, Harry eut un sursaut au moment où les dents transpercèrent sa peau. En réponse, les bras puissants du vampire l'entourèrent, le maintenant contre lui, de gré ou de force. L'instant de la morsure était toujours un peu douloureux. Mais après, c'était désagréable sans être insupportable. Là, il avait l'impression qu'on le forçait à jouir sans pour autant y arriver. Ce n'était pas douloureux, bien au contraire. Mais c'était en fait trop bon pour être vraiment agréable.
Il ne sut combien de temps cela dura, mais il sut que Severus n'avait pas perdu le contrôle. Il avait la tête qui tournait un peu, mais rien d'alarmant. Il n'avait même pas de fourmis dans les extrémités.
— Harry ? Harry, ça va ?
La voix inquiète de Severus le ramena un peu à la raison. Il rouvrit les yeux et se rendit compte qu'il était allongé sur le canapé, le vampire penché au-dessus de lui, les sourcils froncés. Quand avaient-ils changé de position ? Il n'en avait aucune idée.
— Oh oui ! Ça va très bien. Ça va vraiment très très très bien !
— Super, il est drogué à l'endorphine… Bois ça, dit-il en tendant une fiole.
Sans se poser de question, Harry en avala le contenu d'une traite.
— Heureusement que je garde toujours une potion de régénération sanguine sur moi, au cas où. Les désagréments physiques devraient très bientôt s'estomper. Concernant ton humeur, ça risque de mettre beaucoup plus de temps.
— Si ça part pas, c'est pas grave. J'me suis jamais senti aussi bien !
— Je n'en doute pas…
Snape soupira.
— Harry, pourquoi as-tu fait ça ? Est-ce que tu te rends compte des ennuis que nous aurons si quelqu'un venait à découvrir ce qu'il vient de se passer ?
— Pourquoi quelqu'un le saurait ? On n'était pas à Poudlard, personne n'a pu nous voir. Il n'y aucune raison que qui que ce soit se rende compte de quelque chose.
— Tu as une marque de morsure dans le cou, Harry !
— Oh, c'est bon. Ça faisait trois semaines que je ne vous avais pas offert mon sang.
— Je ne mords jamais dans le cou…
— On dira que vous avez fait une exception parce que je ne voulais pas de douleurs dans les bras pour l'entraînement de Quidditch de demain matin.
— Tu as réponse à tout, hein ?
— Le digne fils de mon père ! répondit le Gryffondor avec un immense sourire.
oOoOo
Ils furent finalement de retour en milieu d'après-midi. Severus avait décrété qu'il était plus prudent de rester le plus longtemps possible au Square Grimmaurd pour que les effets de la morsure se soient dissipés au maximum. Harry en profita donc pour se faire à manger. Ce serait là une excellente excuse pour avoir mis autant de temps. Bien leur en prit.
Lorsque Snape passa la porte de son bureau, il fut accueilli par une missive lui demandant de se rendre expressément dans le bureau directorial dès son retour. Il s'y rendit donc et entra quand il en fut invité.
— Vous souhaitiez me voir, Minerva ?
— En effet, Severus, dit-elle d'un air sévère, assise derrière son bureau, les mains croisées devant elle. Où étiez-vous ?
— Je vous l'ai dit dans le message que je vous ai fait parvenir hier soir : j'ai accompagné Potter sur la tombe de ses parents.
— Je vous en prie, Severus, ne me prenez pas pour une idiote. Il ne faut pas autant d'heures pour cela.
— Nous avez été au manoir des Black après. Il ne souhaitait pas rentrer immédiatement et a préféré manger là-bas. Nous avons également discuté.
— L'avez-vous mordu ?
— Oui. Il s'est proposé pour être le volontaire du jour.
La directrice le regarda un instant, le sondant comme si elle cherchait une quelconque trace de culpabilité ou de quoique ce soit montrant qu'il s'était passé quelque chose qui n'aurait pas dû avoir lieu. Finalement, elle soupira et se leva, se mettant à faire les cents pas, comme Albus Dumbledore en avait jadis l'habitude.
— Je suis parfaitement consciente que si Potter va mieux c'est grâce à vous. J'ignore ce qu'il se passe quand vous êtes tous les deux, mais j'espère que vous savez ce que vous faites, Severus. Une relation entre un étudiant et l'un de ses professeurs, de surcroît si celui-ci est un vampire, entraînerait un scandale. Les parents nous font confiance.
— J'en suis parfaitement conscient.
Severus se retint de justesse de mentionner que, de toute façon, Harry n'avait plus aucun parent qui pourrait se scandaliser d'une telle chose. Il ne comptait bien évidemment pas les Dursley, étant donné ce que le jeune homme lui en avait dit.
— Si vous avez terminé, j'ai des copies à corriger.
— Bien sûr, allez-y. Severus ! l'appela-t-elle au moment où il s'apprêtait à passer la porte. Je vous fais confiance. Vous savez que ce n'est pas le problème. Mais comprenez que le Ministère me met la pression. Je n'ai pas la carrure d'Albus…
— Je comprends très bien Minerva. Je regrette de vous poser des soucis supplémentaires à la gestion de cette école. Sachez néanmoins que vous pourrez toujours compter sur moi. Y compris si je devais quitter Poudlard.
Sans lui laisser le temps de répondre, il sortit et se dirigea à grands pas vers son bureau. Cette journée était décidément bien éprouvante.
oOoOo
Le lendemain, Harry frappa à la porte du bureau du maître des potions. Celui-ci l'invita à entrer. Le Gryffondor le trouva alors affairé à rougir d'encre des parchemins.
— Harry, que puis-je pour toi ? demanda l'homme sans relever la tête de sa copie.
— Je pense que nous devrions en parler.
— Parler de quoi ?
— Ce qu'il s'est passé hier.
Snape arrêta sa plume, soupira et leva enfin les yeux sur son élève qui venait de s'asseoir face à lui.
— Très bien. Alors commence par me dire ce qui t'es passé par la tête pour faire quelque chose d'aussi stupide. Non ! continua-t-il, coupant court à la réponse qu'allait lui donner Harry. Avant ça, dis-moi : avais-tu planifié cela ? Est-ce pour cette raison que tu m'as demandé de venir avec toi ?
— Non ! s'exclama le plus jeune, outré par de telles accusations. Je n'avais rien prévu du tout ! Enfin… Je veux dire… Pas avant de remarquer que vous aviez soif. C'est à ce moment-là que…
Il soupira à son tour et détourna les yeux.
— J'en ai eu envie, c'est tout. J'ai pensé que ça nous ferait du bien. À vous parce que vous pourriez enfin vous nourrir pour de vrai. Et à moi parce que je ressentirais enfin autre chose qu'une peur stupide de ne pas arriver à mettre correctement un pied devant l'autre et provoquer une catastrophe.
Un long silence suivit cette réponse.
— Harry, le professeur Mcgonagall m'a convoqué dans son bureau hier soir. Je pense qu'elle se doute de quelque chose. C'est pourquoi j'estime que nous devrions arrêter de nous voir.
Cette annonce eut l'effet d'une bombe sur le Gryffondor qui reporta toute son attention sur le vampire.
— Vous ne pouvez pas… Je pensais que vous vouliez m'aider.
— C'est le cas. Mais je ne suis pas la personne qu'il te faut pour ça, à l'évidence. Et je refuse de te mettre davantage en danger. Sans compter que tu aurais certainement des ennuis toi aussi si ce que nous avons fait hier venait à se savoir.
— Votre raisonnement est complètement stupide.
— Pardon ?
Severus était estomaqué par ce que venait de lui dire son élève. C'était bien la première fois que quelqu'un osait lui dire une chose pareille.
— Si Mcgonagall a des soupçons, que croyez-vous qu'elle pensera quand elle saura que vous avez décidé d'arrêter nos entrevues ? C'est comme un prisonnier qui tente de s'échapper : ça ne fait qu'alourdir les soupçons, voire prouver sa culpabilité aux yeux des autres.
Il dut admettre que le gamin avait raison : s'il mettait fin à leurs sessions, c'était comme signer ses aveux. Il vit un petit sourire triomphant se dessiner sur les lèvres du Survivant et il n'aima pas du tout cela.
— Vous n'avez donc pas le choix, Severus. Vous devez continuer à me voir.
— Tu ressembles à un Serpentard, là, tu sais ?
Harry haussa les épaules et répondit avec désinvolture :
— Le Choixpeau a hésité à m'envoyer à Serpentard mais je l'ai supplié de ne pas le faire. Vous avez failli être mon directeur de maison.
Je remercie à nouveau toutes les personnes qui me suivent dans cette nouvelle aventure et qui m'encouragent :)
La chapitre 8 n'a pas beaucoup avancé depuis la dernière fois. Mais on y croit !
