Bonjouuur,

Comme d'hab, désolée pour le retard. Je pensais pouvoir publier ce chapitre il y a environ un mois. Mais bon, la vie, ça se passe pas comme prévu. Normalement le prochain ne devrait pas trop tarder...

Merci beaucoup pour le soutien que vous avez montré au premier chapitre ! ça m'a fait très plaisir et je suis contente si cette idiotie vous a divertie. C'est le seul et unique but! J'espère que vous aurez aussi du plaisir avec cette deuxième partie. N'hésitez pas à me laisser un mot, ça me fait toujours très plaisir et me motive de dingo!


Partie 2


Quelle émotion étrange que la confiance. Quand rien ne la remet en question, elle semble invincible. Mais il suffit du moindre doute, du plus petit questionnement, pour que celle-ci ne fonde pour révéler un squelette donc chaque os n'est qu'angoisse.

En se réveillant, en tout cas, elle était encore délicatement étalée sur lui. C'était rare qu'il se réveille avec un sourire et pourtant, il se redressa comme s'il venait de passer la nuit la plus agréable de sa vie. Voldemort était absolument certain de sa victoire. Cerise sur le gâteau : Potter allait désormais consacrer toute son énergie à ce plan ridicule. Ses facultés d'attention ne seraient plus en mesure de noter tous ses impairs.

Qui étaient d'ailleurs plus nombreux que prévu. Heureusement Potter était manifestement né de la dernière pluie. Quelqu'un d'un peu plus observateur aurait réalisé que quelque chose ne tournait pas rond chez « Drago Malfoy ».

Le sourire qui déformait les lèvres du blond, un rictus peu flatteur, disparût soudainement. Incrédule, il s'arrêta. Son linge au bras, Voldemort s'apprêtait à prendre son habituelle douche matinale. Une vision qu'il ne pouvait qualifier que d'horreur l'attendait dans la salle de bain. Potter était devant le miroir. Il était manifestement en train… d'essayer d'arranger ses cheveux. Des produits divers étaient étalés devant lui.

Un rire escaladait laborieusement sa gorge. C'était sans aucun doute la chose la plus absurde qu'il lui ait été donné de contempler. Potter en train de se faire beau ? Il se retourna prestement mais regretta aussitôt son choix : Drago ne se serait sans doute pas gêné pour faire comprendre à Potter qu'il était ridicule. Il changea à nouveau de direction.

…Il venait de faire un tour sur lui-même. Cette journée ne commençait finalement peut-être pas si bien.

-Tu imagines que ça va t'aider ? demanda-t-il.

Le ton méprisant de sa voix n'était pas mauvais. Potter ne l'avait pas quitté des yeux depuis son entrée dans la pièce. Seule lueur positive dans ce vaste désert d'horreur : il devait simplement se dire que Malfoy était bizarre. Pas Voldemort. Jamais Voldemort.

Il lui sourit.

-Oui, je pense que ça va m'aider.

Et il exsudait de lui une telle confiance, une assurance à ce point inébranlable qu'un doute s'insinua en Voldemort. D'où provenait cette confiance ? Pourquoi Potter était-il persuadé qu'une simple…amélioration dans le domaine capillaire pourrait l'aider ? C'était à n'y rien comprendre…en plus d'être très flippant. À nouveau cette sale impression d'avoir un train de retard.

Il haussa des épaules et se dirigea vers la cabine de douche qu'il préférait. Tout ce qui arrivait s'était de toute façon déjà passé et Potter ne parvenait pas à lui adresser la parole. Même si son attitude était déroutante, il avait la preuve formelle que le garçon ne parviendrait jamais jamais à son but.


Ils rejoignirent ensemble la grande salle. Voldemort constata que la version de lui-même de dix-sept ans était déjà attablée, ce qui n'était pas une surprise. L'assiette vide devant lui témoignait qu'il était arrivé depuis longtemps déjà et qu'il avait terminé de manger. Il ne leur jeta pas le moindre regard, absorbé comme il l'était par la Gazette du Sorcier.

Brave garçon, pensa Voldemort avec affection. C'était qu'il faisait preuve d'une discipline de fer, ce garçon ! Lire ce ramais de conneries le matin, c'était admirable. Il confessait qu'il donnerait beaucoup pour pouvoir s'avancer vers… Tom (puisqu'il portait encore ce nom affreux) et le féliciter chaleureusement.

Conscient qu'il était en train de le fixer, il s'arracha à cette glorieuse contemplation et suivit Harry qui s'était déjà assis à la table des Poufsouffles. Pas la moindre idée de ce qu'il avait foutu dans ses cheveux mais, en tout cas, le résultat n'était pas probant. Il n'y avait pour ainsi dire aucune différence par rapport à la veille. Une perte de temps totale.

Voldemort pourrait lui donner quelques conseils. Il avait perfectionné l'art de se coiffer alors qu'il avait à peine douze ans. Enfin – il n'allait tout de même pas aider Potter dans sa quête, sa dignité souffrait déjà suffisamment.

Le garçon se servit un petit déjeuner copieux qu'il entama avec entrain. Il commenta ensuite le fait que Voldemort - enfin que Drago ne mangeait rien. C'est-à-dire que Voldemort avait l'estomac noué. Jamais un bon signe. Amusant que cette angoisse resurgisse parce qu'il s'imaginait aider Potter avec des sorts cosmétiques. C'était pour ça que faire des horcruxes était une bonne idée : une façon de lutter contre l'imprévisibilité de la vie.

Le garçon haussa simplement des épaules et continua à beurrer ses toast. Grand bien lui fasse. Grand. Bien. Lui. Fasse.

À l'autre bout de la salle, Tom Riddle fermait son journal d'un geste impérieux et se redressait avec la même dignité, le même panache. Personne, à la table, ne lui accordait la moindre attention. Cette constatation vexa profondément Voldemort mais il se consola en pensant au futur. Tous ces gens qui le méprisaient ouvertement seraient bientôt à genoux devant lui. Comme il avait aimé l'écrire dans son journal intime jadis : « rirait bien qui rirait le dernier ».


Le premier cours de la journée était celui de Défense contre les Forces du Mal. C'était l'une des seules périodes pendant laquelle les Poufsouffles étaient mélangés aux Serpentard. Ce qui voulait dire qu'Harry pourrait reluquer sans vergogne Tom Riddle sans pour autant oser lui adresser la parole. C'était risible, vraiment, cette situation. Et elle le titillait méchamment, l'envie de lui dire qu'il ne parviendrait à rien.

Ils attendaient devant la porte : le professeur (un incapable) n'était pas encore arrivé. Les élèves bavardaient entre eux sans qu'aucune animosité ne transparaisse. Le seul avantage d'être à Poufsouffle si Potter s'était fait répartir à Gryffondor, nul doute que l'ambiance aurait été plus explosive.

Il fallait être reconnaissant des petites choses. C'était le seul moyen de survivre à cette terrible situation. Il jeta un regard à la dérobée en direction de lui-même. Appuyé contre un mur, Tom Riddle avait un livre entre les mains (qui l'absorbait complètement) et son badge de préfet en chef brillait un hasard : un rayon de soleil tapait justement sur sa poitrine. (Ou peut-être qu'il s'était placé là consciemment afin d'obtenir ce petit effet chatoyant. Voldemort devait reconnaître qu'il n'hésitait jamais à se mettre en valeur).

Il lui adressa d'ailleurs un regard compatissant. Il n'était pas sorti de l'auberge, ce pauvre jeune homme. Il allait connaître des années très difficiles avant d'accéder à la moindre branche de pouvoir. Une escalade compliquée sur un arbre qui ne désirait que le faire tomber.

Mais il y parviendrait, c'était le principal. Et peu importait si ça impliquait diverses humiliations. Il en sortirait victorieux comme, d'ailleurs, c'était déjà la preuve. Potter ne se doutait de rien et il était complètement à sa merci. Amusant que cette merci, justement, retienne actuellement sa main. Il était décidemment trop bon.

Potter se plaça soudainement devant lui, interrompant sa contemplation. Il lui lança un regard entendu puis, sans attendre qu'il ne réagisse à cette soudaine irruption, lui tourna le dos et s'avança vers le Serpentard. Il s'appuya devant lui contre le même mûr, la nonchalance incarnée. Son double leva la tête, suspicieux. C'était ridicule et l'antithèse du moindre charme, inutile d'imaginer ce que Potter s'était dit, il n'avait pas envie de plonger dans le néant de ses pensées.

Il était trop loin pour entendre la conversation. Mais Voldemort faillit lâcher sa baguette en le voyant sourire. La version de lui-même de dix-sept ans venait de sourire à Potter.

Surprenant. Inquiétant. Monstrueux. Très surprenant parce que Tom Riddle n'avait jamais dispensé ses sourires à qui-mieux-mieux. Très inquiétant parce qu'il ne se rappelait pas avoir eu la moindre conversation avec Potter. C'était théoriquement impossible. Le passé s'était déjà produit et il devrait fatalement avoir le souvenir de cet échange. Ce qui l'amenait sur le très monstrueux : parce que peut-être, pour une raison qui le dépassait totalement, que Potter avait le moyen de réécrire l'histoire. Si c'était le cas, il était sur le point de disparaître. Pas que Potter puisse avoir une telle influence sur sa vie avec une seule conversation mais purement théoriquement, il n'existait déjà plus…

La surprise lui coupa le souffle, l'horreur lui entrava la gorge et –

Rien ne se produisit.

Il ne se dissolut pas devant ses camarades. Il réalisa qu'il était toujours bien en vie, bien là, sous les traits de Drago et qu'il se tenait le cœur d'une façon dramatique. Personne n'avait remarqué. Parfait.

Mais son existence restait au moins aussi alarmante qu'un inopiné trépas.

Interroger Potter et s'en débarrasser venait de (re)devenir sa priorité. Il allait l'attraper par sa robe pour le traîner dans un coin discret et en finir lorsque leur professeur apparût soudainement. Il ouvrit la porte d'un geste théâtral et Voldemort pénétra dans la salle l'estomac glacé d'horreur. Il avait souri à Potter. Il n'était pas de ces gens naïfs qui se croyaient supérieur (enfin, il savait garder une certaine mesure). C'était bien lui qui avait souri. Cinquante ans plus tôt, certes, mais lui quand même. Machinalement, il s'assit à sa place habituelle. Potter devrait venir le rejoindre ils s'asseyaient toujours l'un à côté de l'autre. Il pourrait potentiellement lui tirer les vers du nez ou abandonner son dégoût originel et le soumettre à la légilimancie.

-C'est libre ?

Il se retourna brusquement. Un geste peut-être un peu trop dramatique.. mais bingo. Potter était devant le banc où s'asseyait… où il s'asseyait. Et Tom Riddle poussa simplement ses affaires.

Non, pensa Voldemort. Non. Non.

Impossible. Qu'est-ce qu'il est en train de faire ? Cette question ne concernait pas Potter qui était bien libre de faire ce qu'il voulait. Cette question concernait la version adolescente de lui-même qui ne semblait absolument pas déconcertée à l'idée voir Potter s'asseoir à côté de lui. Potter qui ne perdit pas une seconde pour lui chuchoter quelque à l'oreille.

Et quelle que soit cette déclaration idiote, Tom rit.

Voldemort s'arracha à cette contemplation. C'était trop horrible. Et Potter lui avait lancé un regard clairement moqueur. Il semblait… absolument persuadé que… charmer Tom Riddle serait un jeu d'enfant.

Il serait peut-être bien qu'il réfléchisse sérieusement à la situation plutôt que de partir du principe qu'il avait raison. C'était un exercice difficile car il avait généralement toujours raison. Mais bon. S'il devait avoir tort une fois dans sa vie, il serait sans doute mieux que cela ne concerne pas…quelle que soit la chose en train de se passer derrière lui.

Il se mit donc à réfléchir à son adolescence. Des groupes furent formé et il se trouva bientôt opposé à une jeune fille qui ne se débrouillait pas si mal. Mais impossible d'ignorer le duel qui se déroulait au fond de la classe. Potter et lui-même semblaient jubiler. Des sorts de plus en plus complexes s'échappaient de leur baguette.

Au point où, comme tous les autres gosses de la classe, lui et la fille interrompirent leur exercice pour les observer.

Quel spectacle. Il pouvait l'admettre. Potter était bon. Pas meilleur que lui à dix-sept ans, mais suffisamment pour être un challenge. Oh et il était en train de jubiler. C'était évident dans ses mouvements et l'éclat de ses yeux.

Merde.

Il ne se souvenait définitivement pas de ce moment-là non plus.


Potter ne mangea pas avec lui, ni avec leurs camarades de Poufsouffle, le soir. Et Tom Riddle était absent de la table des Serpentards.

Voldemort avait eu l'intention de repousser l'introspection à un futur prochain (c'est-à-dire jamais, pourquoi s'emmerder quand on peut ne pas se remettre en question). Mais en réalisant que Potter était en train de manger (dieu savait où) avec lui… Il était évident qu'il ne pouvait pas se permettre de repousser l'échéance.

Le problème, c'est qu'il savait parfaitement quel serait le fruit de son introspection. Il se leurrait en prétendant qu'il avait besoin de longues heures de réflexion pour entrevoir ce qui était en train d'arriver.

La vérité, l'horrible, l'abominable vérité… c'était que Tom Riddle malgré ses défauts, ses ambitions démesurées et sa propension à se prétendre au-dessus des autres, avait surtout… toujours espéré que quelqu'un le verrait.

Pas tel qu'il se présentait, oh non. Pas en tant qu'élève studieux et parfait. Ni, comme Dumbledore le croyait, comme un sociopathe dépourvu de la moindre empathie. Parce qu'il n'était ni l'un ni l'autre. Qu'on ait pu le croire totalement bon était aussi ridicule qu'on ait pu le croire totalement mauvais.

Il était en colère et répugné par la façon dont il était traité. Il éprouvait une véritable haine envers ses camarades qui le traitaient comme un moins que rien à cause de son sang … mais éprouvait une rancœur peut-être encore plus forte contre tous ceux qui ne voyaient en lui qu'un parfait petit sang-de-bourbe.

Et Voldemort craignait que Potter saurait – que Potter saurait comment lui parler. Comment lui faire comprendre qu'il le voyait comme un être humain complexe et pas simplement comme quelqu'un de si insignifiant qu'il n'avait pas de personnalité. Hypothèse dérangeante parce que selon toute logique, Potter devrait avoir la même opinion de lui que Dumbledore. Et pourtant il lui parlait comme s'il était normal – comme s'il n'était pas l'assassin de ses parents.

C'était extrêmement dangereux. Il le voyait clairement maintenant – alors qu'il avait absolument refusé d'entrevoir cette possibilité la veille. Il y avait un risque… que Potter parvienne à le persuader que la vengeance complexe qu'il préparait ne servait à rien.

Ce qui mettait sa propre existence, à lui Voldemort, en danger.


Cette pensée l'obséda pendant de longues minutes. À un point tel que sa respiration lui sembla soudainement très difficile. Comme si le destin était déjà en train de le répandre en atomes. Moins, en fait, puisqu'il n'était tout simplement pas censé exister. Il disparaissait et il ne resterait plus rien de lui que l'uniforme seconde-main de Poufsouffle et – fausse alerte, il se trompait complètement. C'était son angoisse qui lui donnait cette impression, pas la réalité. Il respirait parfaitement bien, merci pour lui et ce n'était pas une conversation et apparemment une soirée avec Potter qui allait complètement le changer.

Il restait toujours l'épineux problème… le fait qu'il ne se souvienne pas de ces interactions. La seule explication plausible était qu'elles avaient bel et bien eu lieu. Et qu'il ne s'en rappelait pas.

Et la solution lui apparût. Il était un crétin, tout de même. S'il y avait bien une personne, dans ce foutu château, capable d'intercepter Tom Riddle et de lui lancer un « oubliette » bien senti, c'était lui. Et potentiellement Dumbledore mais cette idée n'était pas autorisée à pénétrer son cerveau.

Les événements prirent un tout autre sens. Un sens inquiétant parce qu'il ne comprenait pas pourquoi il avait décidé de s'effacer la mémoire. Mais c'était une solution qui n'impliquait pas sa disparition. Ce dont il était tout simplement ravi. Rien de pire que la menace d'un démembrement à l'échelle cellulaire pour réaliser qu'on tient à son existence.

Voldemort supposait que le moment où il devrait effacer la mémoire de son double lui semblerait évident. Il allait soit attendre un moment particulièrement important ou attendre que la situation ne dégénère. Ce qui était toujours possible vu les deux protagonistes de cette connerie. Harry Potter et Tom Riddle. Plutôt que se demander ce qu'il pouvait mal se passer, il ferait mieux de se demander ce qui pouvait bien se passer.


Et la réponse était : « rien ». Quant à la raison pour laquelle il avait décidé de trafiquer ses propres souvenirs, elle commençait à devenir évidente. Parce que plus les jours passaient, plus la situation sortait complètement de ce qui pouvait être admis comme plausible pour entrer dans le cauchemardesque.

Le garçon et Tom Riddle semblaient vraiment avoir trouvé l'un dans l'autre un ami parfait. C'était à vomir. À s'inoculer du désinfectant par intraveineuse. Voldemort n'avait jamais eu d'amis. Il ne s'était jamais dit que c'était une bonne idée et d'ailleurs avait toujours refusé qu'on essaye de se lier à lui. Qu'Harry Potter y parvienne sans le moindre effort…

Ça voulait largement dire que Voldemort était un peu moins fier qu'il ne l'avait auto-supposé jusqu'à présent. Le pire, c'était qu'il parlait d'amitié pour ne pas heurter sa propre sensibilité. Nul doute qu'un observateur innocent utiliserait un autre terme. Un terme ressemblant salement à – il n'allait même pas le penser. La seule chose certaine, c'était que ces deux-là étaient parfaitement heureux de passer du temps ensemble.

À un point tel qu'Harry le délaissait complètement. Ce qu'il n'aurait jamais cru possible, après tout on ne pouvait décemment pas le délaisser, il était plus brillant, plus drôle et plus astucieux que n'importe qui d'autre !

Problème : son rival était justement lui-même. Et il devait reconnaître que le physique de Tom Riddle était supérieur à celui de Drago Malfoy. Plus inquiétant encore, Potter avait l'air malicieux de quelqu'un qui sait pertinemment qu'il joue un sale tour, en l'ignorant.

Voldemort ne l'accusait pas d'être… comment dire, hypocrite. Quand il les observait ensemble (et, il fallait l'avouer, c'était 99% de son temps libre), il voyait que Potter souriait sincèrement, qu'il était réellement intéressé par peu importe ce qu'une version de dix-sept ans de sa modeste personne pouvait avoir à dire. Les faits étaient là, ils s'entendaient comme larrons en foire.

Cela n'empêchait pas Potter de lui lancer des regard entendus. Des regards clairement provocateurs qui avaient pour but, Voldemort le savait, de lui faire comprendre qu'il était absolument certain de remporter la victoire.

Plus les jours passaient, moins cette victoire paraissait absurde. Et plus elle paraissait probable.


Le lendemain, Voldemort fut une nouvelle fois témoin des bourgeons de cette belle amitié. Quoi de plus beau que des camarades de Maison différentes en train de découvrir à quel point ils sont proches ? De toute beauté. Il aurait presque envie de composer un poème. Ces pensées étaient ironiques.

Parce qu'il était à nouveau seul, attablé à la table des Poufsouffles, alors qu'Harry, qui avait retrouvé Tom Riddle à l'entrée de la grande salle, conversait joyeusement avec lui. C'était à vomir. Que pouvaient-ils bien se dire ? Qu'est-ce qu'il pouvait trouver d'intéressant à Potter ? Son physique ? Laissez-le rire, il n'était pas superficiel à ce point. Les talents du garçon étaient limités. Défense, d'accord, mais ça s'arrêtait là. Potter n'avait rien pour lui à part un physique avantageux et un mauvais caractère. Une impertinence à faire pâlir d'horreur toute figure d'autorité. Un humour – stop.

Ce moins que rien, cet imbécile, cet -

Bon, autant l'admettre : Voldemort ressentait de la jalousie. Pas une jalousie amoureuse qui aurait réellement été problématique au vu de la situation mais une jalousie plus – comment dire. En fait, il était jaloux de ne pas être l'unique bénéficiaire de l'attention de Potter.

Et c'était dangereux. Il suffisait qu'une pensée nouvelle ne traverse le cerveau de son double, quelque chose du genre de « je veux m'enfuir avec Potter » et il serait instantanément réduit à néant. C'était peu probable, en fait il n'était même pas sûr que ça soit possible, mais ça n'empêchait pas que l'idée était très angoissante.

Il lui apparût soudainement qu'il était Tom Riddle en mieux. Sauf le physique. Mais Potter était sûrement… un adolescent mature qui… se foutait royalement des apparences. Peut-être. Il l'espérait. Il allait donc tout naturellement récupérer Potter et ensuite effacer sa mémoire. C'était d'une intelligence rare avec un risque d'échec très faible. Exactement le genre de plan qu'il aimait.

Qu'est-ce que Potter appréciait. Les cours de défense et le Quidditch. Bon, c'était hors de question de réitérer l'humiliation due au Quidditch. Les cours de défense feraient très bien l'affaire puisque c'était, comme par un divin hasard, son sujet favori aussi.

Il se tourna vers Potter dès que celui-ci se fut assis à côté de lui :

-Est-ce que tu veux qu'on fasse un duel ? je pense que je pourrais t'apprendre deux – trois trucs

Sa voix sonnait désespérée même à ses oreilles. Il prit cette implication, en fit métaphoriquement une boule, et la jeta immédiatement dans la poubelle métaphorique qu'il avait installé dans son cerveau.

Harry semblait surpris :

-Tu penses que tu peux m'apprendre des choses que Tom Riddle ne connait pas ?

Oui, avait-il envie d'hurler, il a dix-huit ans, c'est un gamin, je connais des choses dont il n'a jamais entendu parler j'ai –

Mais c'était impossible. Ce serait tout révéler d'une façon prématurée. Et il avait de grandes ambitions à propos de cette révélation. Elle impliquait une mise en scène astucieuse et franchement assez remarquable. Il ravala donc ses pensées et soupira. Il pouvait toujours avouer à Potter qu'il se sentait… abandonné. De toute manière, Harry le trouverait pathétique mais, subtilité importante, il se dirait que c'était Drago, qui était pathétique. Son plan était génial sur toute la ligne. Et quand il pourrait le défaire de cette idée et bien… Et bien il ne resterait que quelques secondes à Potter avant de trépasser.

En d'autres termes, il se trouvait donc dans une situation où il sortirait victorieux quelle que soit l'issue.

-Tu sais, entama-t-il : ce n'est pas très… c'est-à-dire que je n'ai pas d'autres amis.

Voldemort réalisa son erreur au moment où les mots quittèrent sa bouche. Potter et lui ? Amis ? C'était une proposition complètement absurde. Ils n'étaient pas amis – et Harry ne l'était pas non plus avec Drago.

-Je veux dire, je n'ai personne avec qui parler, se corrigea-t-il rapidement.

-Et tu préfères me parler à moi que de ne parler avec personne ?

Potter était la personnification de l'incrédulité. Comme si réellement un tel état de fait ne lui avait tout simplement jamais traversé l'esprit. Et pourtant – pourtant – Voldemort avait quand même la sensation qu'il y avait quelque chose de… moqueur. Mais impossible d'identifier d'où venait cette impression. Cachée dans la hauteur comique de ses sourcils ? la surprise dans ses yeux ? dans l'intonation de sa voix ?

Il ne le savait tout simplement pas. Mais, dans tous les cas, c'était extrêmement désagréable et indigne. Il soupira et haussa des épaules. Ça ne servait à rien d'essayer de raisonner avec des idiots. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était finir son petit-déjeuner et vaquer à ses occupations. Ce qu'il fit avec une résolution sincèrement admirable et sans accorder la moindre pensée ni à Potter ni à Tom Riddle qui jetait des regards

Extrêmement peu discrets

À la table des Poufsouffle.

Bon dieu, il n'était pas sorti de l'auberge.


Fugace pensée qui se révéla néanmoins tout à fait vraie pendant les deux semaines qui suivirent. Potter faisait un effort pour venir le trouver… au moins une fois par jour. Il s'asseyait vers lui et lui demandait des nouvelles. C'était embarrassant, malaisant et honnêtement Voldemort s'en voulait presque de s'être plaint.

Le reste de son temps, Potter le passait avec Tom Riddle. Il avait le privilège de les apercevoir ensemble à divers moments de la journée. Ils marchaient ensemble au bord du lac, merde Potter avait même commencé à faire ses devoirs et il passait une bonne partie de ses après-midi dans la bibliothèque à bénéficier de ses connaissances.

Voldemort savait que jusque-là, il les avait jalousement gardées, ses connaissances. Qu'il s'autorise à les dispenser librement, c'était – tout simplement contre-nature. Il aurait dû rire au nez de Potter lorsqu'il lui avait demandé de l'aide.

Ou alors il aurait dû lui transmettre de mauvaises informations. Histoire de l'humilier. Mais non, les notes d'Harry étaient en train de s'améliorer considérablement. Et dire qu'il avait refusé son aide à lui ! C'était injuste et grossier.

En résumé, cette situation était réellement problématique et Voldemort commençait même à se demander s'il n'était pas en danger de voir sous ses yeux se dérouler un terriblement événement. Il n'était pas aveugle. Il voyait que les joues de Tom Riddle prenait parfois une teinte rosée immonde. Il constatait la même couleur chez Harry.

Ils riaient ensemble et partageaient des moments manifestement très agréables.

Ils avaient tout simplement l'air transi.

C'était inacceptable.

Voldemort décida donc d'intervenir. Il ne voyait qu'un seul moyen de le faire : confronter Potter.

D'habitude, il fermait les rideaux de son lit dès qu'il s'y couchait et les enchantait de sorte à ce qu'aucun bruit ne le dérange et qu'aucun bruit ne puisse transparaitre de son côté. Très astucieux comme stratagème. Mais il n'en ferait rien pour la nuit. Il allait s'asseoir, prendre un livre, et attendre la venue de Potter.

Ce qu'il fit avec beaucoup de dignité. Il ignora les bonnes nuits de ses « camarades ». Guillemets nécessaires car il ne ressentait strictement rien pour ces adolescents. Désintérêt total. Ils se couchèrent tous avec une variation d'horaire légère. Ils étaient manifestement des étudiants studieux. Quelle pensée idiote, soupira-t-il. C'était donc à ça qu'il en était réduit ? à réfléchir au comportements sociologiques d'étudiants de dix-sept ans ? C'était risible.

En tout cas, Potter n'en faisait pas partie. Il n'était pas là.

Et, une heure plus tard, il n'était toujours pas là. Inconcevable et de plus en plus inquiétant. Que lui et Tom Riddle décident de vagabonder quelques minutes, d'accord, il pouvait concevoir que des amis puissent vivre ce genre d'aventures et à plus forte raison des amis adolescents. Mais le couvre-feu était largement passé.

Et malgré l'effort de volonté qu'il dédiait à sa propre persuasion qu'il n'y avait strictement rien de suspect, il ne pouvait pas totalement faire taire cette impression, dans le fond de son esprit, qui lui susurrait que ce qu'il se passait entre Potter et Tom Riddle n'avait rien d'amical.

Il attendit et attendit encore. Son horreur ne faisait que croitre de minutes en minutes. Elle était passée, l'heure de l'innocence. L'heure était désormais résolument coupable. Il ne pouvait tout simplement pas le croire. Et que ça soit si facile ? Lui qui s'était toujours senti infiniment supérieur à ses congénères parce qu'il n'avait jamais éprouvé le besoin de se lier (physique ou sentimentalement) à quelqu'un d'autre ?

Apparemment, il suffisait que Potter se pointe pour que tous ses principes volent par la fenêtre.

Il ne pouvait que prendre la décision d'interrompre définitivement ce qui était en train d'arriver. Il allait effacer ces souvenirs honteux de sa propre mémoire (bien qu'indubitablement plus jeune) et tuer Potter. Son plan de base paraissait, en plus, beaucoup moins savoureux. Il n'était plus sûr de l'effet que ça ferait à Potter, d'apprendre qu'il était en réalité Lord Voldemort et non pas Drago Malfoy.

Ce qui était horrible, c'était qu'il avait réellement l'impression d'être à nouveau en train de perdre. Alors qu'il était précisément venu pour mettre un terme à ce conflit idiot et revenir victorieux de cette petite incursion.

Trois heures venaient de sonner quand Harry Potter pénétra dans la chambre. Voldemort avait essayé de s'occuper en l'attendant. Mais lire était impossible : il ne parvenait pas à arracher ses pensées à l'aberration qui se déroulait sous ses yeux. Il avait essayé d'écrire dans un journal. C'était une activité qu'il adorait quand il en avait encore le temps. Impossible d'écrire la moindre phrase. Ou plutôt, impossible de ne pas écrire son ressenti sur la situation. Et plutôt mourir que de coucher sur papier le contenu de ses pensées.

Il s'était ensuite dit qu'il pouvait dessiner. Se rappela pourquoi il ne s'était jamais investi dans ce passe-temps pour lequel il n'avait aucun talent en contemplant un serpent qui ressemblait plus à un ver de terre difforme. Ce qui était un exploit en sachant ce à quoi ressemblaient les vers de terre.

Et finalement, alors qu'il se demandait si dessiner un ver-de-terre donnerait comme résultat un majestueux serpent, Potter se pointa comme une fleur. Il posa brusquement son parchemin et sa plume.

-Pourrais-je avoir le privilège de savoir où tu étais ?

Merde, même à ses oreilles ça sonnait jaloux. Ça n'échappa pas à Potter, qui lui sourit d'une façon éminemment condescendante.

-Oh, on s'est promenés un peu partout.

Voldemort manqua de s'étouffer. Inutile de demander qui se cachaient derrière le « on ». Il ne ferait pas ce plaisir à Potter. Le garçon s'approcha de son lit avant de s'asseoir dans l'un des coins avec un soupire à faire fendre l'âme. Que quelqu'un – non, effaçons cette pensée – que POTTER décide de s'asseoir dans SUR son lit ? Comme s'il s'agissait de n'importe quel vulgaire banc publique ?

Sa main tressauta. Et pourtant il n'attrapa pas sa baguette et n'assassina pas le garçon. Il méritait d'être couronné comme le roi des crétins, à ce stade.

-Je suis au regret de t'annoncer, Drago, que tu vas perdre ton pari. En fait, je pense qu'on peut même dire que tu l'as déjà perdu.

Voldemort eut une nouvelle quinte de toux tout à fait incongrue en sachant qu'il prenait extrêmement soin de son corps.

-Pardon ? hoqueta-t-il, le cœur remplit d'effroi et l'estomac de bile.

-Voldemort, ou plutôt Tom, en fait, difficile de faire le lien, m'a demandé un rendez-vous demain. Je pensais qu'il oserait m'embrasser ce soir mais je suppose que je dois encore patienter jusqu'à demain.

Potter soupira et glissa dans sa direction un regard positivement mauvais.

Sa colonne vertébrale frémit. Ce qui n'était pas une sensation plaisante. C'en était trop, trancha-t-il. Cette farce grotesque prendrait fin le soir même.


Il arrêta son geste à la dernière seconde. Machinalement il avait sortit la fiole qu'il avait sur lui et l'avait portée à ses lèvres. Polynectar pour garder l'apparence de Malfoy. Mais imaginer effacer sa propre mémoire avec l'apparence de cet idiot de gamin, c'était inconcevable. Une insulte à sa propre personne. Non, il se révélerait en tant que Voldemort à Tom Riddle.

Il avait une dizaine de minutes avant que la potion ne fasse plus effet. Heureusement, Harry Potter était endormi dans son lit il avait pris soin de le vérifier en sortant. Potter ne serait pas méfiant de voir que Riddle semblait soudainement moins intéressé par lui (par moins intéressé, Voldemort entendait « complètement indifférent »).

Il n'aurait qu'à divertir l'attention de Potter pendant toute la journée. Ou lui faire croire que si Riddle ne le remarquait pas et évitait ses regards, c'était simplement parce qu'il était timide et que la perspective de leur rendez-vous l'angoissait.

Supposition ridicule mais Potter n'aurait pas d'autre choix que de le croire.

Il marchait dans les couloirs vides, sa baguette à la main. S'introduire dans la salle commune des serpentards serait un jeu d'enfant : il se souvenait encore du mot de passe.

Voldemort ne croisa personne. Pas le moindre fantôme. Les tableaux l'ignoraient. Sa peau se mit à le picoter. Ses jambes et son torse s'allongèrent. Ses mains aussi.

Il lui apparût soudainement que l'uniforme de Poufsouffle ajusté à la carrure de Drago Malfoy serait bientôt trop petit pour son corps d'adulte. D'un geste agacé, il le transforma en robe noire. C'était libérateur d'évoluer à nouveau dans son corps. Comme s'allonger dans un bain chaud après une rude journée – la sensation que tout se trouve exactement à sa place.

Le tableau le laissa passer sans commentaire. Il avait évidemment lancé un sort de dissimulation mais s'était dit que les tableaux en viendraient à bout. Ce n'était pas le cas. Poudlard était, au final, bien moins protégée qu'il ne l'avait cru.

Personne dans la salle commune. Le lac faisait danser des traits de lumière glauque contre les murs. Jamais il n'avait imaginé qu'il gravirait à nouveau ces escaliers. Ni qu'il reverrait les dortoirs dans lesquels il avait grandi. Parce que c'était effectivement ce qu'il avait fait à Poudlard, grandir.

C'était ridicule.

Tom Riddle dormait dans son lit. Aucun sort ne le protégeait. À quoi aurait-il servi ? Il se pensait en sécurité. Qui aurait osé s'en prendre à lui maintenant ? Ses camarades, s'ils n'avaient pour lui ni affection ni intérêt, le respectaient (voire le craignaient) suffisamment pour le laisser vivre.

Il pointa sa baguette. Hésitation ridicule. Une curiosité idiote de savoir ce qu'il adviendrait s'il laissait les choses suivre leurs cours. Mais il ne le pouvait pas. Car tout ce qu'il se passait actuellement s'était déjà produit.

-Oubliette, murmura-t-il, satisfait de reconnaître sa voix plutôt que celle, traînante, de l'héritier Malfoy.

C'était facile. Trop facile de lui effacer ses souvenirs. De ne laisser que ce dont lui-même se rappelait. Les regards courroucés de Potter. Un peu de Drago Malfoy, pour qu'il parvienne aux mêmes conclusions que lui, quelques cinquante ans plus tard.

Et voilà. Silencieusement, subrepticement, c'était fait. La facilité de cette destruction lui sembla terriblement criminelle. Il n'avait même pas donné l'occasion à Riddle d'exprimer ce qu'il voulait. Ces moments secrets avec Potter étaient définitivement détruits. Plus personne ne s'en souvenait, désormais.

…Sauf Potter.

Avec qui Riddle avait un rendez-vous le lendemain. Quelle meilleure occasion pour lui révéler le pot-aux-roses ? C'était d'une délicieuse cruauté. Il n'avait même pas besoin de polynectar. Les sorts de dissimulations étaient son fort depuis toujours. Il pouvait créer une illusion quant à son physique et passer pour son double. Et, alors que Potter imaginerait triompher…

Il dévoilerait la vérité une bonne fois pour toute.

Mais d'abord…

Il pointa une nouvelle fois sa baguette sur la forme endormie : Riddle serait alité pour les prochaines vingt-quatre heures. Hors de question qu'une soudaine apparition ne dérange ses plans.


Réponse aux commentaires anonymes :

Anonymes92: Hey, merci pour ton commentaire ! Je suis contente si tu as apprécié.e cette chose et j'espère que cette deuxième partie ne t'a pas déçu.e :)

Cha: Hello, merci d'avoir pris la peine de me donner ton avis ! Contente si ça t'a plu haha !

Guest: Merci beaucoup !J'espère que la suite est à la hauteur de tes attentes (emoji qui chiale)


Evidemment mille fois merci à toutes les personnes qui ont pris la peine de me laisser un commentaire, normalement j'ai répondu à tout le monde ! N'hésitez surtout pas à me laisser votre avis non seulement ça me motive mais en plus ça me motive ! gagnant-gagnant ! haha