Auteur : Midou-kun (que je remercie de m'avoir permis de traduire sa fic)

Traductrice : Saturne (c'est moi) C'est ma première traduction. J'ai fait de mon mieux, alors j'espère ne pas avoir fait trop de bourdes et que l'ensemble n'est pas trop maladroit...

Base : Alors la base c'est le manga Hikaru no Go pour l'auteur... Et moi je traduis...

Genre : C'est pas un slash et c'est pas super joyeux... (j'ai oublié de le dire avant, mais attention au spoilers, là y'en a jusqu'à la fin du manga !)

Disclaimer : Rien n'est à moi. Ni les persos, ni l'histoire... Enfin si, peut-être la traduction, mais bon ça compte pas.. Et ni moi ni l'auteur ne recevons de l'argent

NDT : Vraiment, vraiment navrée pour le retard ! J'ai été prise par mes études, et je dois avouer que j'avais mis mes traductions inachevées de côté… J'ai bientôt les partiels, mais je reprends là où j'avais laissé mes traductions. J'avais oublié à quel point ça défoule de traduire. Après tout, je veux devenir traductrice… :p Encore pardon pour le retard, voilà la suite !

Alana chantelune : Merci d'avoir lu et d'avoir reviewé ! Voilà la suite :)

Anyssia : Pas de souci, je suis moi-même particulièrement à la bourre… J'espère que la suite va te plaire, je vais m'activer pour la suite !

BONNE LECTURE !

OOO

CHAPITRE 4 : ILLUSION

"Merci !" cria Waya par-dessus son épaule à la femme au comptoir. "Je vais juste imprimer ces feuilles, OK ?"

La femme le regarda avec curiosité. "C'est une pile de papier rudement épaisse… qu'est-ce que c'est exactement ?"

Waya retourna la page du dessus de la pile face au comptoir, montrant le graphique d'un damier et de pierres. "Kifu," dit-il simplement.

"Est-ce que c'est du… go ?" devina-t-elle. Waya acquiesça, et saisit encore trois feuilles imprimées sortant du plateau, en attendant que la quatrième arrive. "Pourquoi as-tu besoin d'autant de parties ?" demanda-t-elle.

"Elles ont toutes été jouées par la même personne. Un joueur qui s'appelle Sai."

"Il est bon ?"

Waya tira avec impatience la dernière feuille de l'imprimante, l'ajouta à la pile chancelante, et ouvrit son sac à dos. "Le meilleur joueur du Japon, si ce n'est du monde entier."

La femme l'observa alors qu'il fourrait la pile géante dans son sac à dos, et le balançait sur ses épaules. "Encore une chose, est-ce que vous vendez des boissons sucrées ici au cybercafé ? Je ne viens pas souvent ici, alors je ne suis pas sûr."

"Ouais, on en vend," la caissière montra du doigt un volumineux distributeur contre le mur d'en face. "Elles sont à 200 yen chacune."

"Merci," dit Waya alors qu'il passait devant elle. Il introduisit deux pièces dans la machine, et récupéra sa boisson. Il attendit d'être sorti du café pour l'ouvrir à une distance de bras, de peur qu'elle ne lui explose au visage. Tout en l'avalant avec avidité, il se mit en route pour la maison de Shindô, portant sur ses épaules le lourd fardeau dans son sac à dos.

"Heh," se dit Waya entre deux gorgées, "ça lui fera plaisir. Il avait réellement l'air de s'intéresser à Sai lors de notre dernière rencontre." Plus que par égards pour Hikaru, toutefois, Waya lui-même était très intéressé par le lien de Shindô avec le légendaire Sai. Depuis que Hikaru avait deviné le message de Sai à Waya sur internet, avant qu'ils ne se soient rencontrés en tant que Insei, il y avait eu un soupçon subsistant entre eux que ni l'un ni l'autre n'avait tenu à aborder. Bien que Waya avait accepté l'idée que Shindô n'était pas Sai lui-même, chose assez simple à reconnaître, étant donné l'abîme entre eux pour le talent, il refusait de croire qu'il n'avait aucun lien entre eux—que, au moins, ils ne se connaissaient pas.

La nouvelle réapparition du nom de Sai dans leur conversation avait attisé son intérêt une fois de plus. Il espérait que les kifu, toutes les parties que Sai avait jouées sur internet, y compris celle contre Tôya Koyo, donnerait à Waya quelque idée, quelque indication, sur ce que Hikaru et Sai étaient l'un pour l'autre.

Il s'arrêta une seconde et leva les yeux vers la plaque (NdT : là où il y a marqué le nom) de la rue, louchant pour la voir dans le soleil couchant. C'était une rue qu'il ne reconnaissait pas. Il n'était jamais entré dans un cybercafé auparavant, et avait dû compter sur la sœur de Morishita pour lui donner les directions pour trouver l'endroit. Il laissa le sac à dos tomber au sol et fouilla dans ses poches pour trouver le bout de papier qui avait servi de carte. Le dépliant, il essaya de trouver la rue inconnue sur la carte tracée à la hâte, mais elle n'était pas là. Elle n'avait fait attention qu'aux rues qu'il avait besoin de prendre pour aller de sa maison jusqu'au café, et Waya n'avait pas envie de faire demi-tour, faire tout le chemin pour retourner chez lui, juste pour pouvoir trouver son chemin jusqu'à Shindô.

Il leva les yeux. Un homme était en train d'attendre en face du feu de signalisation, en regardant sa montre. Waya lui tapa l'épaule, et attendit qu'il se retourne.

"Ano, excusez moi, mais savez-vous où je pourrais trouver la rue Nerai ?" L'homme jeta un coup d'œil rapide à la carte puis à la plaque de la rue. Voyant que la carte ne lui servirait à rien, il leva les yeux vers le ciel, une main sur son menton. "Je pense… si vous allez par là," il montra du doigt la rue inconnue, "après la gare, il y a le parc. Si vous le traversez, vous trouverez la rue Nerai sans aucun problème."

Waya sourit. "Merci, vous venez juste de me faire gagner plein de temps !"

L'homme lui rendit son sourire alors que le feu tournait au vert, et il commença à traverser la rue. "Il n'y a pas de problème, Waya-kun."

Le garçon regarda derrière lui avec une expression légèrement amusée sur son visage. "Au moins quelqu'un lit le Weekly Go," marmonna-t-il avant de prendre la rue que l'homme lui avait indiquée. Il regarda nerveusement à gauche et à droite, comme s'il se pouvait qu'il manque accidentellement un gigantesque parc. Alors qu'il s'approchait juste de la gare, il regarda à sa droite et vit l'allée qui y menait.

Le parc miroitait d'orange et d'or. Bien que ça soit encore le milieu de l'été, les teintes de l'automne semblaient ne jamais quitter les arbres. Les jaunes et rouges étaient si brillants qu'il sembla à Waya, alors qu'il entrait, que même s'il faisait nuit à l'extérieur, dans la voûte d'arbres dorés, tout était aussi lumineux qu'un matin d'été.

Un hurlement perça le silence extatique et la paix. La tête de Waya se tourna brusquement vers la droite, en direction de la source du bruit. Quelqu'un, un garçon, criait à plusieurs reprises, hystériquement. Laissant tomber son sac à dos et sa canette, il s'élança en courant. Il se faufila entre les épais feuillages, en esquivant les larges troncs. Le bruit se fit plus distinct, et Waya s'aperçut avec quelque amusement, qu'il était tellement pris dans le mystère de Sai, qu'il lui semblait presque que la voix était en train de crier ce nom précisément.

Comme il s'approchait, cependant, il n'y avait plus à s'y tromper, c'était exactement ce qui était crié. Waya accéléra l'allure, parcourut les dernières couches d'arbres, et déboucha dans un espace dégagé. Le hurlement était juste au-dessus de lui.

"SAI !" cria la voix une fois de plus. Bien qu'abîmée par le cri prolongé, son timbre ne prêtait à aucune erreur. Waya leva les yeux vers l'un des arbres qu'il venait de dépasser.

"Hikaru !"

Le garçon baissa les yeux. Il se tenait sur l'une des plus épaisses branches du grand arbre, appuyé contre le tronc qu'il agrippait avec ses mains en support. Il regardait en direction de la clairière, mais le cri de son ami lui fit faire une pause temporaire dans son hurlement, et il tourna sa tête. Son visage était recouvert par ses mèches de cheveux, mais la peur et l'hostilité semblait encore irradier de lui. "Waya-kun !" s'étrangla-t-il en le reconnaissant. "Ecarte-toi !"

Effrayé, Waya se tourna complètement, cherchant la source de l'alerte de Hikaru, mais ne put rien trouver. Il ramena son regard sur l'arbre. "Pourquoi tu cries ?"

Hikaru tourna sa tête en direction de la clairière, offrant à Waya une bonne vue sur son visage. La transpiration s'était mêlée avec le sang coulant de son nez et de sa lèvre, ce qui lui donnait un air vraiment terrifiant. Ses yeux affolés firent un mouvement rapide, comme s'ils suivaient le déplacement de quelque chose. "C'est Sai," répondit Hikaru, "Il a un sabre et il va te tuer si tu ne bouges pas vite !"

Pour le coup, Waya observa plus complètement la clairière. Mais en-dehors de ceux hystériques de Hikaru, il n'y avait pas un mouvement et pas un bruit. "Où ?" demanda-t-il, toujours en examinant les alentours.

"IL T'ATTAQUE !"hurla Hikaru à pleins poumons, des larmes ruisselant sur ses joues.

Waya tournoya sur lui-même, mais il n'y avait rien. Il allongea le cou pour voir s'il y avait quelqu'un dans les bois.

Soudainement, de haut, quelque chose tomba sur lui. Waya s'effondra sur le sol, et tout devint noir.

OOO

Pour la première fois depuis aussi longtemps que Tôya pouvait se souvenir, il avait décliné une partie proposée par son père. Si entendre le premier mensonge de Shindô avait suffi à légèrement déséquilibrer son jeu, écouter ses justifications pour ses mensonges lui aurait probablement valu de se faire révoquer de sa licence professionnelle (NdT : pas simple à traduire ça…).

Son père avait su ne pas être offensé ou bouleversé par le refus de son fils. A la place, il avait simplement remis dans le bol noir les deux pierres de handicap qu'il avait sorties, et les bols sur le goban.

Tôya marcha sur son futon et prit le téléphone qui sonnait de manière démentielle près de lui, comme pour crier qu'il y avait urgence. Il appuya sur le bouton et le porta à son oreille.

"Résidence Tôya."

"Tôya Akira ?" une voix étouffée parla à l'autre bout, et Akira la trouva vaguement familière. "Oui, c'est moi-même." Répondit-il.

"Tu sais où est l'hôpital Yomiuri ?" demanda la voix.

"Qui est-ce ? Qui parle ?" demanda Tôya. Aussi familière que lui était la voix, il ne pouvait s'en rappeler.

"Waya Yoshitaka. Le 3ème dan."

Tôya se rappela vaguement de Waya et Shindô comme étant de très bons amis, et son pouls s'accéléra. "Oui, je sais où est l'hôpital. Qu'est-ce qu'il y a ?"

Il y eut une pause à l'autre bout de la ligne, et il put entendre Waya soupirer. "Eh bien, c'est, euh… un cas plutôt intéressant. Hikaru semblait croire que quelqu'un était en train de nous attaquer, et a trouvé nécessaire de me plaquer au sol en sautant du haut d'un arbre. Aucun de nous d'eux ne s'en est sorti très bien."

"Attaquer ?" La respiration de Tôya se coinça dans sa gorge. "Par qui ?"

"Hum, ouais. C'est là que c'est devenu bizarre. Il croyait que Sai… avec un sabre… essayait de me tuer."

OOO

Tôya pédalait avec force dans les rues de Tôkyô, ce qui lui valut bien des mauvais regards de la part des piétons et des motards qui étaient obligés de l'esquiver. Le voile d'obscurité ne lui rendait la tâche que deux fois plus difficile et dangereuse. Le vent fouettait ses cheveux sombres derrière sa tête non protégée, et son visage était un masque de détermination. Il n'interrompit son parcours enragé que lorsque l'hôpital fut en vue. Sautant de son vélo et le laissant tomber sur le trottoir, il se précipita dans le bâtiment. Il connaissait bien l'hôpital Yomiuri, puisque son père y avait passé deux semaines, une fois, après une crise cardiaque. C'est ici qu'il avait joué sa légendaire partie sur internet contre Sai.

Il se rua sur le bureau d'accueil, et demanda à l'homme, "Shindô Hikaru !"

Choqué par la brusquerie de Tôya, l'homme regarda un bloc-notes. Tôya était penché sur le comptoir. "Chambre 255" dit-il, les yeux toujours rivés sur le bloc. Immédiatement, Tôya se retira et s'en alla courir à nouveau dans les halls, puis entra dans l'ascenseur. Tout en appuyant à plusieurs reprises sur le bouton du deuxième étage, il profita du court trajet en ascenseur pour rassembler ses pensées.

"Tu ne mentais pas, Shindô," haleta Tôya. "Tu es seulement fou."

L'ascenseur ralentit pour un arrêt. Dès que les portes s'ouvrirent, Akira continua de courir dans les halls. Il aperçut Waya se tenant près d'une chambre.

Waya tourna la tête quand il vit la silhouette se rapprocher en courant. Il fronça les sourcils quand il vit qui c'était, et se remit à regarder à travers la fenêtre de la porte. Tôya put voir que le bras gauche de Waya était emplâtré.

"Il est dans celle-là ?" demanda Akira.

Waya acquiesça tristement. "C'est une chambre capitonnée."

Pendant une seconde, Tôya pensa qu'il plaisantait, jusqu'à ce que la gravité de la condition de Hikaru ne le frappe. Il se précipita contre la porte, et regarda à l'intérieur. En effet, les murs étaient blancs et bosselés, leur texture étant très douce. Hikaru lui-même était coupé et saignait à quelques endroits, son bras lui aussi plâtré. Tôya ne put supporter cette vision de lui, et se retourna vers Waya. "Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ?"

"Je t'ai dit le principal. Je l'ai trouvé en haut d'un arbre dans un parc, criant que Sai avait un sabre et allait le tuer. Quand il m'a vu, Il m'a plaqué au sol depuis le haut de l'arbre. Avec les meilleures intentions, j'en suis sûr." ajouta-t-il loyalement.

Il ne savait pas quoi ressentir. Hikaru avait dit la vérité. Du moins, la vérité telle qu'il la voyait. Dans son esprit, il y avait en effet eu un "Sai." Mais ça voulait dire que Hikaru avait joué toutes les parties de Sai. Et ça n'était pas possible non plus.

"Isumi !" lança tout à coup Waya, en se retournant. Tôya suivit son regard, et vit un grand homme brun, d'environ vingt-trois ans, se ruant dans le hall, suivit par une infirmière.

Les trois garçons regardèrent en sa direction avec attention. Elle marcha vers la porte, et se leva sur la pointe des pieds pour voir à travers la fenêtre. Elle prit quelques notes avant de lever les yeux sur les trois personnes disposées autour d'elle. "C'est votre ami ?"

Ils acquiescèrent tous rapidement. Elle jeta une dernière fois un coup d'œil à son calepin avant de continuer. "Eh bien, je ne sais pas comment vous apprendre ça, mais nous pensons qu'il est schizophrène."

Ces mots semblèrent résonner dans l'esprit de Tôya pendant une éternité. L'espace d'une seconde, il lui sembla que le monde tournoyait, et qu'il allait être malade.

"Qu'est-ce que ça veut dire, exactement ?" demanda Isumi.

"En résumé, il voit des choses qui n'existent pas, entend des choses qui n'ont pas lieu d'être, et d'autres choses encore," dit-elle. "Dans son cas, il semble persuadé qu'un homme nommé Sai le recherche. On n'en sait pas grand-chose, mais Sai pourrait être une personne de son enfance, ou un personnage qui lui inspire une profonde frayeur. Ou peut-être juste un fragment de son imagination. En tout cas, ça le terrifie profondément, jusqu'à le rendre fou."

"Non…" Tôya brisa son silence. "Il a pensé à Sai pendant des années. Il l'a imaginé il y a cinq ou six ans."

La femme le regarda curieusement. "Vraiment ?"

"Ca n'a pas de sens," dit Tôya, plus pour lui-même que pour les autres. "Comment pouvait-il jouer si bien ? Un style de jeu de Shûsaku aussi clair sans l'avoir jamais étudié…"

L'infirmière le dévisagea d'un air fatigué, comme si elle pensait que Tôya aurait bien sa place dans la chambre capitonnée avec Shindô. "De quoi parlez-vous exactement ? Il a déjà mentionné Sai auparavant ?"

"Ouais, il m'a dit il y a quelques jours… Il pense qu'il est possédé par un fantôme nommé Sai depuis la 6ème," admit Akira.

L'infirmière griffonna frénétiquement. "Merci pour cette information… y a-t-il autre chose que nous devrions savoir sur lui ? Comment est-il à l'école ?"

"Il ne va pas à l'école," précisa Waya. "Il est joueur professionnel de Go."

Elle écrivit ça aussi. "Aucun… trouble comportemental dont nous devrions être avertis ?"

"Non !" cria Tôya, effrayant les trois personnes. "Il n'est pas schizophrène ! Il ne peut pas l'être ! Il ne peut pas jouer comme ça !"

Isumi le regarda d'un air incrédule. "De quoi tu parles ?"

"La première partie qu'il ait jamais jouée—et la seconde et la quatrième—il m'a battu. Hikaru n'aurait pas pu faire ça. C'était Sai." Tôya ne pouvait pas croire qu'il prenait le parti de Shindô. En son for intérieur, il se traitait de fou. Ce qu'il disait n'avait aucun sens, mais rien d'autre n'en avait.

"Je ne sais pas de quoi vous parlez," dit l'infirmière, avec une voix qui trahissait son aversion, tout en désignant la chambre avec son stylo, "mais jetez un coup d'oeil dans cette chambre et dites-moi si vous pensez que ce garçon va bien."

Avec un grognement, Tôya tourna les talons et sortit de la pièce, furieux.

OOO

Hikaru se balançait nerveusement d'avant en arrière, sans se soucier d'à quel point il avait l'air du stéréotype du fou. Il avait froid, il était seul, et effrayé, et ça lui pesait bien plus que ce que les imbéciles en blouses blanches pensaient de lui.

Il pouvait encore le voir, parfois. L'éclair de métal. Hikaru tournait la tête, entrevoyait son vieil ami ; mais ça disparaissait, instantanément.

Hikaru savait qu'il était en train de devenir fou. Qui ne le deviendrait pas ? Son ami, qui lui avait manqué pendant plus de trois ans, revenait et essayait de le tuer. Il n'y avait pas à s'y tromper. Le chapeau, les étoffes, les yeux. Les yeux, autrefois emplis de compréhension et de compassion, à présent creux et pleins de vengeance.

"Qu'est-ce que j'ai fait, Sai?" murmura-t-il, ses dents s'entrechoquant, tentant de se réchauffer avec son bras libre. "Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? C'est parce que j'ai joué au Go ? Parce que je ne t'ai pas assez laissé jouer ?"

La sombre chambre ne répondit pas.

"DIS MOI !" cria-t-il. Les murs capitonnés ne lui renvoyèrent pas d'écho—sa supplication fut immédiatement absorbée.

Sai en voulait-il à ses amis, sa famille ? La colère et la vengeance allaient-elles si loin ? Les questions empêchaient Hikaru de dormir, ses yeux restant ouverts des heures d'affilée.

Click

Hikaru leva brusquement la tête, alors qu'un éclair de douleur provenant de son bras traversait sa vue. La poignée de la porte tournait. Il se leva précipitamment de son siège, le seul meuble dans la chambre, et se recula vers le mur élastique.

La porte s'ouvrit légèrement, déversant dans la pièce un mince rayon de lumière artificielle. Elle s'ouvrit plus amplement, révélant la silhouette familière du fantôme. Le hurlement de Hikaru s'étrangla dans sa gorge ; il ne pouvait rien faire.

Le bras de Sai vola vers le sabre à sa hanche, et Hikaru se raidit. Avec une petite chiquenaude du pouce, le sabre fut dans son poing, prêt à être dégainé à l'instant.

Paralysé par la peur, c'est à peine si Hikaru parvint à se glisser lentement le long du mur. Sai reflétait ses mouvements, et ils tournaient comme deux boxeurs sur un ring. Il regarda avec espoir en direction de la porte, la sphère de lumière. Il ne détachait pas ses yeux de Sai, de peur d'alerter le fantôme de son plan.

­"Plus près," Hikaru se glissa vers la lumière. "Juste encore un peu—"

Sai plongea vers lui avec son sabre, et il parvint de peu à réagir à temps, se jetant sur le sol, et roulant au-dessous de lui.

Maintenant !

Le sabre de Sai était encore pointé droit sur l'endroit où avait été le corps de Hikaru quelques secondes auparavant. Il sauta sur ses pieds et courut vers la porte. Sans se retourner pour voir comment son agresseur avait réagi, Hikaru poussa la porte derrière lui pour qu'elle se referme, espérant le retarder ne serait-ce que momentanément. Il se retrouva dans un couloir très éclairé, avec trois passages possibles. Il ne pouvait se rappeler par quel chemin il avait été amené, alors il courut vers la gauche—un choix purement instinctif.

Alors qu'il commençait à courir, gêné par son bras cassé, il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir, ce qui le fit accélérer. Il pouvait voir, au bout du couloir, une porte avec indiqué "ESCALIERS." Il pouvait entendre et sentir les pas de Sai se rapprocher dangereusement. D'une secousse violente il ouvrit la porte, la passa, et la fit claquer derrière lui.

Il dévala les marches trois par trois. La porte s'était ouverte depuis, et la poursuite silencieuse de Sai continuait. Hikaru risqua un rapide coup d'oeil par-dessus son épaule, et vit le fantôme bien plus proche de lui qu'il ne l'avait pensé, le sabre en main, un air solennel sur son visage. Sans réfléchir, avec son bras valide, Hikaru sauta par-dessus la rampe d'escalier et atterrit à l'étage inférieur, deux mètres plus bas.

Il heurta violemment le sol de côté, et roula sur lui-même dans la cage d'escalier. La douleur, en particulier celle que lui causait son bras, traversa ses sens, manquant de le rendre immobile, si ce n'était pour la poursuite spectrale. Aussi vite qu'il le pouvait, Hikaru se remit sur pieds et recommença à dévaler les marches, soulagé par le fait que Sai était à présent presque à une cage d'escalier entière derrière lui.

Il pouvait voir la dernière flopée de marches devant lui. Franchissant les cinq dernières marches d'un bond, il ouvrit la porte et passa en courant, sans se soucier de la refermer derrière lui cette fois-ci. Il était dans le couloir de l'hôpital, la double porte donnant sur l'extérieur était clairement visible. Deux docteurs venaient juste de sortir de l'ascenseur. Hikaru attira leur attention, et il déguerpit vers la porte, progressant une fois de plus dans l'air froid de la nuit. C'était presque l'aube, et la circulation dans les rues était à son minimum.

Sans prendre un instant de plus pour y réfléchir, Hikaru traversa la rue en courant, fuyant l'hôpital.